arnaudus a écrit 5317 commentaires

  • [^] # Re: Qu'est-ce qui justifie les frais de publication?

    Posté par  . En réponse à la dépêche Statistiques sur la vulgarisation scientifique en français sur Youtube. Évalué à 5.

    Les sites d'archive se sont multipliés et ils fonctionnent bien, c'est devenu la norme pour de plus en plus de disciplines en plus des maths et de la physique. Ceci dit, les archives restent des accès "low cost", puisque l'article n'est pas mis en forme et il ne contient pas les corrections typographiques. De nombreux journaux ou sites d'archive interdisent également d'y mettre les dernières versions (aller-retours après acceptation de l'article). Ça n'est quand même pas idéal, même si c'est mieux que rien, surtout que les journaux en font de moins en moins et que la dernière version des auteurs est de plus en plus près de la version publiée (utilisation du style Latex de la revue, etc).

    Il existe encore des journaux où l'on paye pour lire, même si on y paye aussi souvent pour écrire (ou si on veut des figures couleur ou du matériel supplémentaire à archiver en ligne).

  • [^] # Re: Qu'est-ce qui justifie les frais de publication?

    Posté par  . En réponse à la dépêche Statistiques sur la vulgarisation scientifique en français sur Youtube. Évalué à 10.

    c'est très inhabituel pour les publications scientifiques et souvent un marqueur très négatif

    Non non, c'est même le contraire. Même dans les journaux "traditionnels" où le lecteur paye, il est très courant de demander des frais de publication.

    Il faut compter de 500€ à environ 2500€ en moyenne; certains journaux demandent plus. Souvent, il faut rajouter en plus si on veut une publication en Open Access (librement téléchargeable par tous les lecteurs et/ou sous licence Creative Commons plus ou moins restructive).

    Les journaux "sérieux" proposent des réductions au cas par cas; je pense typiquement que c'est une situation où c'était pertinent de demander.

    Qu'est-ce qui justifie ces frais? Pas grand chose, c'est assez scandaleux. Les frais sont déconnectés du coût réel de la publication scientifique, ce qui fait que c'est un des business les plus «juteux» qui existent. Un journal scientifique, c'est une «marque», qui est malheureusement souvent utilisée pour évaluer rapidement la qualité des travaux des chercheurs. Du coup, plus le journal est prestigieux, plus il peut demander beaucoup.

    La règle générale, quand même, c'est que ces frais sont couverts par le budget des labos (ou des bourses de recherche), mais c'est quand même de l'argent public.

    En ce qui concerne la série des Frontiers, c'est un éditeur un peu borderline, qui n'a pas de racines historiques, et qui est connu pour ses pratiques peu conventionnelles qui l'ont valu d'être considéré à plusieurs reprises comme un éditeur «prédateur». L'idée, c'est qu'il encaisse les frais de publication et publie les papiers, avec une évaluation par les pairs qu'on peut considérer comme assez favorable aux auteurs. Aucun journal ne communique sur ses taux de rejet, mais il est probablement assez faible. Ça ne veut pas dire que l'article est mauvais, mais ça veut dire qu'il peut très bien être de faible qualité, la publication dans Frontiers ne garantit pas vraiment la qualité scientifique.

  • # Les chiens aboient...

    Posté par  . En réponse au journal TousAntiCovid Carnets, sans TousAntiCovid. Évalué à 10.

    Le débat démocratique sur les questions de société est toujours bon.

    On attribue cette citation très pertinente à Georges Patton:

    « Quand on fait quelque chose, on provoque des critiques chez trois catégories de personnes : 1) celles qui font la même chose ; 2) celles qui font le contraire ; 3) et surtout celles qui ne font rien. »

  • [^] # Re: Écoutons les Échos à 7h48, il tombe parfois très juste

    Posté par  . En réponse au journal Covid-19 vaccins: Biden soutient la suspension des brevets face à des « circonstances extraordinaire. Évalué à 2.

    Je bosse dans la recherche publique, et je doute que le financement de la recherche publique soit corrélé avec les recettes de l'État… L'État n'est pas géré comme une entreprise; les dépenses ne sont pas calibrées en fonction des revenus, et la ventilation du budget ne se fait pas sur des bases de rentabilité (ou même d'utilté publique). Si c'était le cas, l'État investirait dans les services de recouvrement des impots ou de la lutte contre la fraude fiscale, par exemple, ce qui n'est pas du tout le cas.

  • [^] # Re: Écoutons les Échos à 7h48, il tombe parfois très juste

    Posté par  . En réponse au journal Covid-19 vaccins: Biden soutient la suspension des brevets face à des « circonstances extraordinaire. Évalué à 2.

    Ce que tu peux être condescendant!

    Depuis 6 mois, il semble que le monde entier prétend pouvoir fabriquer de l'ARN en quantité industrielle dans des installations minuscules et sans investissement majeur. C'est juste ridicule, que ça vienne d'un twittos anonyme ou d'un directeur d'usine. La raison est simple : personne ne l'a jamais fait. Donc celui qui prétend savoir (et mieux, celui qui prétend savoir mieux faire que Moderna et Pfizer), c'est, au choix, un imbécile, un mythomane, ou un commercial sans scrupules.

    Par là, je ne veux pas dire du tout que c'est impossible. Je veux dire que le type n'a aucune idée des problèmes potentiels à régler, puisque ça n'a jamais été fait.

    et ça c'est la version si on lui file l'antigène (et donc se contenter de faire le packaging),

    Oui mais ça, ce n'est pas du tout ce dont on parlait. Évidemment qu'il sait faire ça, c'est son métier. Mais ça n'est pas du tout le point bloquant pour la production des vaccins à ARN. Cette ambiguité, je l'avais pointée dans ma première réponse : attention, le mec dit d'abord "si on me file l'antigène, je te sors des centaines de millions de doses", et puis "les brevets m'empêchent de produire les antigènes", en se gardant bien de chiffrer et de donner une échéance pour la deuxième partie (et pour une bonne raison : il n'en sait probablement rien).

    L'arn dans la biochimie c'est ce que l'informatique est à l'industrie, une fois le programme/séquence écrite la reproduction est peu coûteuse et 'simple'

    Ouais. C'est exactement pour ça qu'en informatique, on n'a jamais aucun problème de portabilité, de compilation, de compatibilité cassée lors d'une mise à jour ou de la mise sur le marché de nouveaux matériels.

    C'est aussi pour ça que Pfizer et Moderna ont lancé depuis 1 an la construction de nouvelles usines et que les investissements se comptent en milliards.

    L'ARN est une technologie très prometteuse, mais l'idée qu'il suffit d'une installation dans le fond de son jardin pour produire des milliards de doses est proprement ridicule (et ce n'est même pas un homme de paille, le compte Twitter mentionné ci-dessus promet vraiment quelque chose comme ça).

    Dans 5 ans, ou même peut-être 3 ans, on pourra probablement avoir de telles capacités de production dans le monde entier. L'année prochaine même, peut-être que la synthèse de l'ARN ne sera plus limitante, grâce aux investissements gigantesques que l'épidémie de COVID a pu débloquer. On a peut-être gagné 10 ans sur l'industrialisation de la synthèse d'ANR. Mais sur le fond, l'idée de "débloquons les brevets et dans 2 mois le monde entier produira des milliards de doses de vaccins", c'est juste absurde, et je ne vois pas l'intérêt de relayer de telles affirmations sans filtre.

  • [^] # Re: Écoutons les Échos à 7h48, il tombe parfois très juste

    Posté par  . En réponse au journal Covid-19 vaccins: Biden soutient la suspension des brevets face à des « circonstances extraordinaire. Évalué à 2.

    1) La situation ne pourrait être plus différente. Salk était professeur d'université, il était payé pour réaliser ses travaux (il ne s'agissait pas d'un investissement en R&D).

    2) Il a volontairement abandonné son brevet, ce qui reste tout à fait possible (si une grande boîte phrama veut laisser tomber ses brevets, elle peut le faire). Ça n'a rien à voir avec une intervention de l'état qui invaliderait un brevet légalement déposé.

    3) Paradoxalement, je pense que cet exemple démontre presque le contraire de ce que tu souhaites probablement faire passer : en effet, après ce genre de choses, on a quasiment arrêté toute recherche pharmaceutique finalisée dans le public. Je ne sais pas s'il y a un un lien de cause à effet, mais en tout cas c'est la réalité. D'ailleurs ça ne serait plus possible actuellement, en France par exemple, un employé public ne peut décider de mettre sa découverte dans le domaine public, et ça m'étonnerait fort qu'un organisme de recherche ou une université s'asseoit sur une ressource potentielle… Donc en effet, il est probable que ce genre de choses ait fini par avoir eu un impact négatif à long terme sur la recherche publique.

    Au passage, le versement de royalties des boites pharma vers d'État pourraient contribuer à un transfert de fonds bienvenu entre les utilisateurs de la recherche académique et les universités qui produisent la connaissance. Si les brevets de l'État sont libres, c'est bien pour l'économie et pour la santé publique, mais c'est beaucoup moins bien pour la perennité des organismes de recherche…

  • [^] # Re: Écoutons les Échos à 7h48, il tombe parfois très juste

    Posté par  . En réponse au journal Covid-19 vaccins: Biden soutient la suspension des brevets face à des « circonstances extraordinaire. Évalué à 2.

    Bah en fait, dès qu'il y a un investissement important avec un amortissement sur du long terme, tu risques quand même de destabiliser complètement l'économie en jouant avec les durées de protection. Si tu les raccourcis, tu peux provoquer des faillites comptables; si tu les prolonges, tu vas artificiellement permettre la survie de boîtes qui avaient mal investi, et donc pénaliser celles qui avaient bien calculé leur coup.

    Les effets secondaires peuvent être assez pervers; par exemple, s'il devient habituel de lever la protection sur les brevets en cas de nécessité sanitaire, il semble logique que les boîtes vont intégrer ce risque et augmenter les prix des médocs au début de l'exploitation d'une nouvelle molécule.

    Après, j'avoue que je ne sais pas exactement de quoi on parle. Est-ce que c'est "open bar" sur la production d'un vaccin entier, est-ce que c'est une obligation de licencier les brevets en échange de royalties calculées par un organisme neutre, est-ce que c'est un rachat du brevet par les États…

    Sur le fond, j'ai aussi l'impression que c'est un débat entre ce qui est plus important entre l'état de droit et la réparation des injustices. C'est à mes yeux un faux dilemme, et je n'aime pas du tout l'idée que la réparation des injustices sociales et économiques implique de casser l'état de droit. On oublie tellement l'importance de l'état de droit, c'est comme l'air qu'on respire, il est là, et on ne le voit pas. Du coup, s'il y a des gens qui crèvent de soif, on en vient à dire "l'air on s'en fout, on peut faire une exception, ce qui est important c'est l'eau". Et c'est le genre de trucs qu'on regrette vite…

    Bref, oui, les boîtes pharma s'en foutent plein les poches (même si ça n'est pas sur les vaccins qu'elles vont s'en foutre plein les poches), oui il y a des inégalités, mais non, la solution n'est probablement pas d'aller arbitrairement prendre des trucs aux méchants pour les redistrbuer aux gentils, parce que 1) on va vite s'apercevoir que les boites vont essayer de se mettre à l'abri de ce genre de trucs (par exemple, arrêter de travailler sur des molécules qu'on aurait envie de nationaliser, alors que c'est exactement ça qu'on voudrait qu'elles fassent et qu'elles ne font déja pas assez), et 2) parce qu'après les boîtes pharma, ça pourrait bien être d'autres boîtes, puis les particuliers riches, puis les particuliers moins riches… Si on veut redistribuer les ressources, il faut mettre au point des lois qui permettent cette redistribution de ressources, et pas permettre à des gens de s'enrichir légalement puis d'aller leur reprendre des choses après coup. Rien à voir avec pleurer sur le sort des riches (ils ne sont pas du tout à plaindre), c'est pour moi le même principe que de garantir un procès équitable aux pédophiles, c'est quelque chose qu'on se doit de faire dans une société qui fonctionne bien.

  • [^] # Re: Dommage

    Posté par  . En réponse au lien Facebook bloque une campagne de pubs de Signal sur Instagram. Évalué à 2.

    Il n'est pas non plus difficile d'imaginer que FB et consors ne veulent pas qu'on sache comment on est catalogué dans leurs systèmes.

    C'est possible, mais légalement, ils n'ont pas le choix. L'article 15 de la RGPD te donne accès à toutes les infos qu'ils ont sur toi (mais pas forcément la structure de leur base de données).

    Non, on ne peut pas le "remarquer". On est sur linuxfr, et on peut supposer que la majorité des lecteurs du site protègent un minimum leur vie privée, rendant l'établissement d'un profil correct plus difficile.

    C'est possible mais ça n'est pas garanti. D'une, à moins d'etre très, très, très prudent, il est probable que la quantité d'informations qu'ils possèdent sur la plupart d'entre nous est largement comparable à celle d'une personne "normale" qui ne passe pas sa vie sur Internet (même si on lâche moins d'infos par visite, on visite probablement beaucoup plus de sites); de deux, je suis un lecteur du site et j'utilise volontiers les produits de Google par exemple (gmail, google docs, google maps…) parce que ça juste-marche, et de trois, on peut faire attention sur un PC, mais sur un téléphone, c'est beaucoup plus compliqué d'éviter les pubs et le tracking. Donc au final, je ne suis pas certain qu'il y ait une vraie différence qualitative entre les lecteurs de Linuxfr et les gens "ordinaires".

  • [^] # Re: Dommage

    Posté par  . En réponse au lien Facebook bloque une campagne de pubs de Signal sur Instagram. Évalué à 3.

    Bah on n'en sait rien, c'est un peu le problème. Mais quand même, à quoi servirait de te balancer des pubs mal ciblées si en fait les données étaient exactes? À te rassurer et à te faire croire qu'en fait ils ne savent rien sur toi alors qu'ils savent tout?

    Prétendre qu'ils savent tout sur le gens, c'est leur argument de vente publicitaire. Facebook a tout intérêt à convaincre les annonceurs que leurs informations sont exactes. Quelque part, le discours "ils savent avant toi quand tu es malade, quand tu es enceinte, et quand tu vas changer de voiture", c'est à la fois relayé par les associations qui défendent la vie privée, et par les publicitaires! Et aucun des deux n'a intérêt à relayer un message plus nuancé.

    Quelque part, l'idée que tout ça est pilotée par le pognon, ça peut aussi, paradoxalement, être rassurant. Il y a toujours eu quelque chose qui m'a étonné par exemple, c'est qu'au vu du coût du stockage, garder autant d'informations sur autant de gens revient à une blinde. Je suis bien d'accord que l'historique de mes achats sur Amazon, c'est de l'or en barre pour chaque ko de données. Mais mes traces GPS, mes logs de connexion à tous les sites qui ont un tracker Twitter ou Facebook, les liens sur lesquels j'ai cliqué… Des Go de données brutes, avec un fort taux d'erreurs ou d'informations obsolètes, ça fait quand même des centaines de $ par an et par individu. Il faut ensuite valoriser ça sous forme de publicités, et que les consommateurs de publicité transforment ça en revenus sur les achats des gens. Il y a donc une limite, une quantité de données au-delà de laquelle le retour sur investissement est impossible. On vit certainement actuellement une sorte de bulle spéculative; typiquement, la capitalisation de Facebook est aux alentours de 500 Mrds €, ce qui représente 100€/être humain, et probablement 500€ par être humain capable de consommer. Le marché de la pub en France, c'est 12 Mrds €, donc < 200€ par personne et par an. Autrement dit, le profil d'un consommateur français chez Facebook est valorisé à 3 ans de publicité totale qu'on peut espérer refourguer à un individu. Ce n'est pas du tout mon domaine de compétences, mais je pense que rationnellement, on n'est pas loin d'une situation débile où le prix où les investisseurs valorisent la pub est supérieur aux revenus qu'on peut tirer d'une campagne publicitaire.

    Typiquement, le moindre octet utilisé pour stocker mon ascendant astrologique, c'est un octet "négatif". Un agent rationnel qui me piste suffisamment pour comprendre qu'il n'arrivera jamais à me vendre un truc ésotérique devrait donc supprimer cette information. C'est cet équilibre qui fait que je pense que ces grosses boîtes n'ont que des informations partielles et superficielles sur les gens: pas nécessairement parce que c'est impossible, mais plutôt parce que ça serait trop coûteur de tout stocker, corriger, et analyser.

  • [^] # Re: Écoutons les Échos à 7h48, il tombe parfois très juste

    Posté par  . En réponse au journal Covid-19 vaccins: Biden soutient la suspension des brevets face à des « circonstances extraordinaire. Évalué à 2.

    The process is cell-free and scalable.

    C'est quand même pas très détaillé. Le paragraphe parle surtout de la rapidité et de la versatilité du processus. Mais sur le fond, on est d'accord : c'est tout à fait faisable de passer à une production massive, c'est même que ce Pfeizer et Moderna ont fait en quelques mois, en investissant quelques centaines de M€ et en construisant et en agrandissant des usines.

    On a des médicament a arn depuis 2018 en Europe

    Mais de toutes manières, on est d'accord que c'est industrualisable; d'ici fin 2021 on aura produit des milliards de doses de vaccins. Mais c'est juste qu'en un an, il fa fallu multiplier les capacités de production par quoi, 1000 ou 10000? C'est un vrai défi industriel, et les acteurs principaux du marché s'en tirent plutôt honorablement. Ça ne veut pas dire que le monsieur directeur d'usine au Bengladesh n'est pas en train de pipeauter quand il prétend pouvoir démarrer la synthèse dans la semaine et produire un milliard de doses dans l'année—c'est du même genre qu'Elon Musk qui voulait aller sur Mars en 5 ans. Et idem pour Monsieur Twitter qui veut produire 1000 fois plus vite avec 0.1% des moyens de production existants. Tous les voyants sont au vert, tout ça est faisable, mais toutes ces prétentions sont 10 ou 100 fois trop ambitieuses.

  • [^] # Re: Écoutons les Échos à 7h48, il tombe parfois très juste

    Posté par  . En réponse au journal Covid-19 vaccins: Biden soutient la suspension des brevets face à des « circonstances extraordinaire. Évalué à 4.

    c'est marrant, selon nature, c'est justement facilement scallable

    L'article de Nature liste tout un tas de problèmes potentiels de nature biologiques ou pharmaceutiques, mais ils ne parlent pas de la production industrielle (ou alors je n'ai pas trouvé le passage).

    Tu as un papier disant que cet arn est difficile à produire? Car en biochimie c'est déjà pas mal utilisé, donc la production d'arn c'est pas vraiment quelque chose de nouveau et c'est déjà massivement utilisé.

    Le problème n'est pas de produire de l'ARN, c'est de produire de l'ARN en quantité (littéralement) industrelle.

    We can manufacture bulk antigen using almost all technology platforms.

    Qu'est-ce qu'il en sait? Personne n'a jamais fait ça. Je ne dis pas que c'est impossible, je dis juste que ce type c'est un marchand de tapis. Il essaye de te vendre une production de masse pour une technologie qu'il ne maitrise pas.

    Voir par exemple https://blogs.sciencemag.org/pipeline/archives/2021/02/02/myths-of-vaccine-manufacturing pour une liste de tous les problèmes qui peuvent se poser.

    À noter que Pfeizer et Moderna ont dû investir et agrandir leurs usines pour augmenter leur production, ce qui met complètement à mal l'argument du 99.9% de gain d'échelle.

    Les vaccins à ARN restent quelque chose d'hyper-intéressant. La pandémie de COVID a d'ailleurs peut-être fourni un coup de boost essentiel à la généralisation de cette technologie. On peut rêver à voir toute notre panoplie de vaccins mise à jour, avec des efficacités supérieures, une réactivité supérieure (typiquement, c'est ce qui manque pour la grippe), et des effets secondaires plus maitrisés. On peut imaginer des vaccins efficaces contre le HIV, contre Zika, contre Ebola, peut-être même contre le palu. Et à moyen terme, peut-être de nouveaux traitements contre le cancer. C'est génial.

    Mais, ça ne va pas se faire demain. Même si c'est rapide, il va falloir quelques années pour inventer des processus industriels efficaces et moins coûteux. Si deux kékés dans leur garage pensent avoir inventé une machine à produire des kilos d'ARN purifié en 15 minutes, alors qu'ils le fassent; ils n'ont pas besoin de lever des brevets ou quoi que ce soit, ils pourront même vendre leurs machines aux boites pharma.

  • [^] # Re: Écoutons les Échos à 7h48, il tombe parfois très juste

    Posté par  . En réponse au journal Covid-19 vaccins: Biden soutient la suspension des brevets face à des « circonstances extraordinaire. Évalué à 2.

    certains concurrents qui disent qu’ils pourraient commencer très rapidement.

    Je crois que ce monsieur est en train de monter un énorme pipeau.

    "If we get the antigen then the production can start immediately, as we have two and a half production lines sitting idle."

    Il faut comprendre : si on me file l'ARN, je peux mettre en bouteille des millions de vaccins. Bah oui, c'est probablement vrai. Sauf que c'est bien la production de masse d'ARN qui est problématique!

    "If we have access to mRNA technology, we believe we can easily adapt this technology. We have all the reactors and purification tools required for mRNA vaccine production."

    Il faut comprendre : on ne sait pas faire, mais si on nous explique comment, on va bien se débrouiller. Bah oui, c'est probablement vrai aussi. Mais Pfeizer et Moderna ne sont pas de gros débiles : s'il avait été aussi facile que ça de trouver des sous-traitants pour produire des milliards de doses par mois, ils l'auraient fait! D'ailleurs, il me semble que Pfeizer sous-traite le conditionnement en Europe, donc ils font déja ce qui est suggéré (envoyer l'ARN fabriqué à des sous-traitants). C'est juste que le conditionnement n'est pas le point bloquant.

    Après, il faudrait voir avec quelqu'un de spécialisé dans la synthèse des ARN à l'échelle industrielle pour savoir réellement ce qui est possible ou non, dans un contexte où la technologie évolue très très vite (il y a 2 ans, il n'avait jamais été question de fabriquer de l'ARN à très grande échelle).

  • [^] # Re: Écoutons les Échos à 7h48, il tombe parfois très juste

    Posté par  . En réponse au journal Covid-19 vaccins: Biden soutient la suspension des brevets face à des « circonstances extraordinaire. Évalué à 3.

    Du coup on peut se demander si c’est juste par principe et peur du précédent, ou par peur de perdre l’exclusivité, ou parce que les concurrents pourraient faire la R&D et la montée en charge plus vite qu’ils ne pourront le faire par eux mêmes.

    J'imagine que c'est une pure question de principes : les brevets font partie des actifs de la boîte. C'est un peu comme si on disait "à partir d'aujourd'hui, les voitures d'occasion valent 0€". Ça ne t'empêche pas d'utiliser ta voiture exactement comme hier, mais cette décision a juste fait baisser ton patrimoine mécaniquement, et que personne n'aime voir son patrimoine diminuer.

    Théoriquement, ça pourrait même entrainer des faillites comptables (je ne dis pas du tout que les géants pharma sont proches de la faillite hein, c'est juste un raisonnement théorique). Si d'un coup une décision administrative diminue la valeur de ton portefeuille de brevets, tes actifs peuvent mécaniquement passer sous tes dettes, et paf! Faillite du jour au lendemain.

    Au fond, ce qui est anormal, c'est de changer les règles en cours de route. Les efforts de R&D sont calibrés par rapport à l'estimation de la valorisation de tes brevets. Il serait beaucoup plus logique de prévoir un rachat des brevets après une évaluation juste, plutôt qu'une annulation arbitraire. Ou bien un grand coup de balai dans la propriété intellectuelle, histoire que les règles soient claires dès le début.

  • [^] # Re: Écoutons les Échos à 7h48, il tombe parfois très juste

    Posté par  . En réponse au journal Covid-19 vaccins: Biden soutient la suspension des brevets face à des « circonstances extraordinaire. Évalué à 2.

    C'est très très inexact (voire complètement faux). Disposer de capacités de production d'ARN synthétique à cette échelle demande un très gros investissement; d'une manière générale, seul un très gros concurrent pourrait envisager de produire un clone du vaccin.

    Quoi qu'il en soit, il faudra également investir dans les essais cliniques avant la mise sur le marché du clone (on parle de centaines de M$).

    Ces histoires de levées de brevet, c'est un mythe. Et croire que c'est les brevets qui limitent l'accès actuel à la vaccination, c'est un fantasme : la limite est la capacité de production.

    En plus, le marché n'est pas si important que ça. Le chiffre d'affaire de l'industrie pharma en France c'est 60 Mrd €; un vaccin par personne en France (30€ pour les 2 doses) c'est < 2 Mrds €, donc 3% du marché. Je ne pense pas que l'enjeu stratégique des vaccins soit si important, surtout quand on prend en compte la concurrence. On peut se monter autant d'histoires qu'on veut sur Big Pharma et les vaccins, mais en réalité, il n'y a pas vraiment matière à renverser la table à cause des vaccins, surtout si on compare à d'autres secteurs de l'industrie pharma où il y a en effet des pratiques scandaleuses.

  • [^] # Re: Dommage

    Posté par  . En réponse au lien Facebook bloque une campagne de pubs de Signal sur Instagram. Évalué à 5.

    C'était une idée amusante (et très intéressante, parce que j'aimerais bien savoir exactement quelles informations Facebook possède sur moi), mais je pense que la belle histoire qu'on nous raconte est probablement pipeautée.

    Belle histoire : on est des lanceurs d'alerte et on voulait informer le public de la politique de collecte et d'analyse des données personnelles par Facebook; on a mis en place cette campagne, et Facebook, qui ne veut pas que les gens sachent qu'on a des informations sur eux, a bloqué nos publicités.

    Histoire crédible : le contrat conclu pour l'accès aux informations personnelles exclut très très très probablement la communication des données à des tiers. Fuite des données -> contrat non respecté -> blocage immédiat.

    On peut quand même remarquer que le ciblage des publicités reste quand même très aléatoire. Rien que la localisation est foireuse; sur un abonnement perso, on peut avoir une granularité de 5 à 10 km, et sur une IP pro, on peut facilement être à 500km. Quand on voit la qualité du ciblage des pubs de Google dans gmail quand on désactive l'anti-pub, c'est un peu pathétique… Du style une pub pour Peugeot quand le mail contient "J'ai pris des places de TGV, on est en voiture 16", ou des pubs pour Pampers quand l'email contient "j'ai eu 12/20 au TP de chromatographie sur couche mince". Bref, big brother connait "tout" de vous, mais il y a une grosse quantité d'infos moisies ou inexactes, des problèmes d'homonymie ou de duplication de profils… L'objectif reste d'enrichir les destinataires des pubs en profils plus à même d'être attirés par les trucs vendus, mais je pense qu'on est très très loin de cibler précisément.

    Pour l'exemple des pubs Signal, ça serait bien de connaitre le taux d'exactitude pour les différentes informations, et le taux de profils complètement exacts. Et parmi ces profils exacts, combien d'entre eux possèdent des informations que l'utilisateur n'a pas lui-même données dans son profil Facebook.

  • [^] # Re: Normalisation

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 2.

    Je pense que c'est une bonne comparaison. Mais je trouve que le législateur n'a pas du tout les bonnes pratiques. Pour des lois aussi techniques, je pense qu'une approche similaire à un bug tracker serait très efficace : on identifie une faille, on propose un patch, on commite, et il sera dans la prochaine version. On peut aussi auditer pour trouver les failles en amont. S'interfacer avec les autres législations européennes, c'est un peu comme se débrouiller avec des bibliothèques ou des OS dont on ne maitrise pas le fonctionnement, il faut être imaginatif et prévoir les problèmes en amont.

    Mais comme tu le dis, il faudrait une vraie volonté. Créer des groupes de travail techniques qui épluchent la fiscalité des grandes entreprises et répertorient les astuces, etc. C'est sûr que si on passe son temps à organiser des dîners de travail, le côté technique n'avance pas.

  • [^] # Re: Normalisation

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 3.

    aussi une évasion fiscale massive

    Je n'ai jamais dit le contraire. Note qu'"évasion fiscale" est ambigü, c'est un concept qui mélange fraude fiscale et optimisation fiscale. Or, l'optimisation fiscale n'est pas illégale, c'est difficile de leur reprocher. Il faut plutôt reprocher à nos juristes et politiques leurs lois fiscales obscures et complexes qui laissent des failles partout.

    le non respect d'un grand nombre de réglementations et législations

    C'est vague quand même… et ça dépend complètement de la lettre du GAFAM qu'on considère.

    Je trouve que cela relativise beaucoup le discours sur le "service inégalé".

    Je ne vois pas pourquoi. Je n'ai jamais dit que ces grandes entreprises étaient exemplaires ou que c'était le modèle à suivre. J'ai juste dit que c'était un mensonge de prétendre qu'elles n'avaient pas consuit leur succès en proposant des services nouveaux et utiles.

    Il me semble que les Gafam profitent surtout d'une distorsion manifeste de la concurrence

    Pour maintenir leur position dominante, certes, mais ils sont bien partis de zéro à un moment. Et de la concurrence sur Internet, entre 2000 et 2010, il y en avait un max : il existait déja des moteurs de recherche avant Google, il existait déja du commerce en ligne avant Amazon, etc. La position dominante, elle a été acquise "à la régulière". Après, la maintenir, c'est plus compliqué. D'une manière générale, l'abus de position dominante me semble complètement constitutif de la position dominante. Comment peux-tu gérer une entreprise dominante sans faire en sorte que tes concurrents ne percent pas?

    une absence totale de prise en compte des externalités négatives de leur fonctionnement.

    Tu touches un problème majeur de l'économie de marché, mais je ne sais pas si c'est aux grandes entreprises de le gérer. Tu sembles avoir un point de vue à l'américaine sur la question ; ça serait aux grandes entreprises d'être "raisonnables" et de jouer collectif, sans autre incitation que la morale de leurs dirigeants et leur image de marque. C'est comme ça que fonctionne le mécénat ou les dons à des oeuvres de charité, les riches sont censés prendre du recul par rapport aux inégalités et de se charger d'une forme de redistribution.

    Honnêtement, je ne pense pas que ça puisse réellement fonctionner comme ça, ou que si ça fonctionne, c'est un coup de change et rien ne dit qu'un actionnaire un peu plus gourmand ne va pas renverser l'équilibre. Et puis, quand les externalités négatives, c'est par exemple la disparition du commerce de proximité, comment tu fais? Est-ce que la généralisation des réseaux d'électricité n'a pas provoqué la faillite des fabricants de bougies?

  • # Confidentialité

    Posté par  . En réponse au message Statistiques des sinistres automobiles ?. Évalué à 3.

    or, leur transparence laisse à désirer

    Le problème, c'est qu'ils ne vont pas te fournir de données internes; il s'agit d'un secteur concurrentiel et ils ne peuvent pas s'amuser à te dire combien ils payent par expertise ou détailler le coût de la gestion d'un sinistre…

    Je rejoins complètement un autre commentaire : si tu as l'impression que tu payes trop, fais quelques devis chez les concurrents. Ça te donnera une idée du décalage éventuel, et confirmera si tes doutes sont légitimes.

    En théorie, les mutuelles ne font pas de bénéfices, mais c'est une fallacie habituelle de partir du principe qu'elles sont moins chères : si leurs coûts de fonctionnement sont plus élevés par exemple, elles peuvent très bien être plus chères.

    Une hausse de 11% me parait aussi assez énorme; est-ce qu'il n'y aurait pas un rattrappage quelconque (par exemple après plusieurs années de stagnation?). Encore une fois, les devis de la concurrence te permettront de savoir ce qu'il en est.

  • [^] # Re: La vie est un combat…

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 3.

    Avec la fin de l'Union Soviétique, il me semble que les coco d'aujourd'hui sont plutôt de tendance libertaire que autoritaire en France. Perso je ne connais aucun stalinien dans mon entourage, et c'est tant mieux

    Je ne suis pas certain qu'il y avaient beaucoup de Staliniens en France, même à la grande époque. Par contre, par aveuglement idéologique, beaucoup de communistes défendaient l'indéfendable (en refusant de reconnaitre que le régime soviétique n'avait pas grand chose de communiste).

    J'ai quand même l'impression qu'une grosse partie des groupes qu'on pourrait appeler "communistes" en France sont des groupes Trotskystes/syndicalistes (j'avoue que les sous-nuances de Trotskysme m'ont toujours paru très opaques), qui ne sont pas du tout des libertaires (historiquement, il s'agit même de groupes révolutionnaires). Après, la seule force politique réelle est LFI, mais je ne sais pas trop ce qu'il y a de communiste dans leur programme (ni même libertaire). Ils sont d'ailleurs souvent plus anti-libéraux (opposition au libre-échange et protectionnisme) qu'anti-capitalistes. La dimension écologie politique, aussi bienvenue soit-elle, n'est carrément pas communiste non plus.

  • [^] # Re: Streaming

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 4.

    C'est justement ça que je n'aime pas, payer pour quelque chose qui ne m'appartient pas,

    Bah ça ne change pas grand chose, puisque le contenu du DVD ne t'appartenait pas non plus.

    Le propriétaire du bien à tout pouvoir sur la personne qui loue

    Non, bien sûr que non.

    le propriétaire m'interdisait de mettre des cadres sur les murs

    C'est illégal. Ton seul devoir est de remettre en état quand tu pars.

    et d'avoir un animal de compagnie

    C'est illégal aussi (sauf dans un meublé de tourisme).

    https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2693

  • [^] # Re: Streaming

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 3.

    Sans compter que quand tu achetais un DVD, le bout de plastique était à toi, mais pas le contenu. C'était donc une sorte de droit à vie de regarder le contenu qui ne t'appartenait pas stocké sur le bout de plastique qui t'appartenait. Le jour où le plastique est rayé, fini, ta location à vie était terminée.

    En fait, quand on y pense, le streaming, le leasing, etc., c'est du communisme 2.0 : l'abolition de la propriété privée. Tu n'as rien qui est à toi. C'est juste qu'au lieu de l'État, ce sont les grosses boîtes qui possèdent le monde et qui t'en prêtent une partie.

  • [^] # Re: La vie est un combat…

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 5.

    Bah sur ce coup, permet-moi d'être pragmatique. Il y a eu une petite dizaine d'instaurations indépendantes de régimes communistes (ou d'inspiration communiste) dans le monde. Sans aucune exception, ces régimes ont mis en place progressivement ou dès le début un mode de fonctionnement totalitaire : parti unique, pas d'éléctions libres, pas d'opposition politique, pas de sortie démocartique possible du régime communiste. Dans une très large majorité des cas (à l'exception de Cuba, et encore), le régime devient quelque chose qui n'est plus vraiment communiste (disons que l'abolition de la propriété privée marche bien pour les pauvres, mais pas pour tout le monde).

    Quand on fait une expérience 10 fois et qu'elle foire 10 fois, on peut avoir toutes les raisons du monde de penser que ça pourrait peut-être marcher la 11ème fois, ça n'est pas très convainquant. Surtout quand on n'a aucune idée de pourquoi ça a foiré 10 fois et de ce qu'il faudrait changer pour que ça marche la 11ème. Du coup, pragmatiquement, jusqu'à preuve du contraire, 1) la mise en place d'un régime communiste se termine toujours par un régime totalitaire, et 2) de nouvelles expériences coûtant des millions de vies humaines, on peut légitimiment douter du rapport coût/bénéfices de toute nouvelle tentative.

  • [^] # Re: La vie est un combat…

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 3.

    Justement, c'est ce que je dis : les seuls concepts qui ont survécu aux puissances communistes, c'est l'absence de démocratie. C'est plus une blague qu'autre chose pour les US, puisque je ne pense pas que Guantanamo ait une parenté idéologique avec les goulags sibériens (c'est plutôt de la convergence évolutive dans ce cas là), mais par contre c'est carrément vrai pour le système politique de la 1ere puissance mondiale.

  • [^] # Re: Normalisation

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 2.

    Sauf que le logiciel (libre ou non) fait figure d’exception dans le droit d’auteur à de nombreux égards.

    Le logiciel libre utilise le droit d'auteur de manière originale, mais complètement conforme au cadre légal. Je ne vois pas où tu veux en venir exactement ; tu veux dire qu'il y a des bons droits d'auteur et des mauvais droits d'auteur? Et qui décide de ce qui est bien ou pas? Où est la limite, est-ce que c'est l'argent qui rend le droit d'auteur sale?

    L’un d’eux est justement l’absence de sociétés d’auteurs et de maisons de production.

    Les maisons de production sont des investisseurs sans qui l'auteur ne pourrait diffuser son oeuvre. Les arts graphiques (peinture, sculpture, etc) sont souvent diffusés sans société de gestion des droits d'auteur, parce que la copie est interdite ou impossible.

    La « liberté gigantesque aux auteurs » est en fait donnée à une société privée.

    Une société privée à but non lucratif, mieux vaut le préciser quand même. La SACEM trempe dans un tas de magouilles pas jolies (y compris par un lobbying très puissant pour garantir son monopole, ou un système de redistribution douteux), mais il ne faudrait pas qu'on puisse penser que la SACEM exploite les artistes, ça serait absurde.

    On peut tout à fait se passer de la SACEM, de nombreux artistes le font. Après, du coup, il faut se débrouiller pour négocier directement, et aucun acteur du système de veut ça (les radios ne veulent pas négocier directement avec X ou Y pour chaque morceau passé). Le système SACEM a aussi des avantages…

    Au final, le « droit d’auteur » et ses protection sont dévoyées depuis un moment, effectivement dès avant Internet.

    C'est un jugement moral? Dévoyé par rapport à quoi? On parle encore du "bon" et du "mauvais" droit d'auteur? Pour le cinéma par exemple, il y a plusieurs gros acteurs, il y a donc une forme de concurrence. Pour toi, c'est aussi "dévoyé"? Comment dans un monde non dévoyé, un producteur pourrait espérer rentrer dans ses frais? Produire un film ou un album de musique est un investissement parfois très conséquent; toucher un pourcentage sur les ventes (et donc partager les droits patrimoniaux entre l'auteur et le producteur) ne semble pas malsain par défaut, si? Après, ces ayant-droit embauchent des avocats et des employés pour collecter ce que la loi les autorise à collecter et poursuivre en justice ceux qui n'ont pas respecté les licences et contrats… On ferait pareil pour un logiciel libre, et on trouverait ça normal… Non, je ne comprends pas.

    Par rapport à la licence globale tout le monde y perd, les artissssss et les consommateurs aussi, mais c’est une forme d’implémentation plus capitalo-libéro-compatible que la licence globale qui fournit le service que n’ont jamais fourni les gros acteurs.

    La licence globale semble une généralisation d'un système SACEM que tu sembles dénoncer deux phrases plus haut, donc je ne comprends pas trop. Si elle est intégrée à l'abonnement Internet, elle devient même obligatoire en plus d'être monopolistique, et elle interdit à un acteur de faire valoir ses droits d'auteur différemment que de la manière capitalistico-jenesaispasquoi imposée par le système. Imagine qu'il existe une licence globale logicielle, quelle serait ta position en tant que libriste? Tu ne trouverais pas que la situation est écoeurante, puisque soit le libriste entre dans le système (et abandonne le libre) pour être rémunéré, soit il voit "son" argent lui passer sous le nez et aller vers les acteurs du logiciel propriétaire?

    Bref, ton discours me semble assez contradictoire. Tu sembles vouloir opposer les gentils artistes et les gentils consommateurs et les gros acteurs intermédiaires, mais les solutions que tu proposes (licence globale) sont une généralisation d'un système que tu sembles détester (un énorme intérmédiaire monopolistique et incontournable). L'état des lieux actuels (quelques gros acteurs qui ont un gros catalogue et qui gèrent les droits d'auteurs le plus globalement possible en faisant payer une sorte de licence globale pour accéder à leur catalogue) ne semble pas te convenir non plus, mais visiblement payer à l'utilisation non plus.

  • [^] # Re: La vie est un combat…

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 3.

    D'autres mouvements ont connu des défaites : penses aux communistes par exemple

    Tu as l'air d'insinuer que le Communisme peut envisager des victoires dans un avenir par trop lointain? À part la surveillance de masse, l'État policier, et le goulag, je ne vois pas trop quelles idées communistes ont de l'avenir dans notre société. Même le concept de classe sociale en tant que grille de lecture de la société est malmené…

    J'ai plutôt l'impression que les avancées sociales envisagées (revenu universel, relance par la monnaie hélicoptère, …) sont plutôt d'inspiration libérale (on vous donne X, vous en fait ce que vous voulez) que communiste (on met en place une ressource commune et les règles pour que tout le monde puisse l'utiliser).