arnaudus a écrit 5258 commentaires

  • [^] # Re: Écoutons les Échos à 7h48, il tombe parfois très juste

    Posté par  . En réponse au journal Covid-19 vaccins: Biden soutient la suspension des brevets face à des « circonstances extraordinaire. Évalué à 2.

    The process is cell-free and scalable.

    C'est quand même pas très détaillé. Le paragraphe parle surtout de la rapidité et de la versatilité du processus. Mais sur le fond, on est d'accord : c'est tout à fait faisable de passer à une production massive, c'est même que ce Pfeizer et Moderna ont fait en quelques mois, en investissant quelques centaines de M€ et en construisant et en agrandissant des usines.

    On a des médicament a arn depuis 2018 en Europe

    Mais de toutes manières, on est d'accord que c'est industrualisable; d'ici fin 2021 on aura produit des milliards de doses de vaccins. Mais c'est juste qu'en un an, il fa fallu multiplier les capacités de production par quoi, 1000 ou 10000? C'est un vrai défi industriel, et les acteurs principaux du marché s'en tirent plutôt honorablement. Ça ne veut pas dire que le monsieur directeur d'usine au Bengladesh n'est pas en train de pipeauter quand il prétend pouvoir démarrer la synthèse dans la semaine et produire un milliard de doses dans l'année—c'est du même genre qu'Elon Musk qui voulait aller sur Mars en 5 ans. Et idem pour Monsieur Twitter qui veut produire 1000 fois plus vite avec 0.1% des moyens de production existants. Tous les voyants sont au vert, tout ça est faisable, mais toutes ces prétentions sont 10 ou 100 fois trop ambitieuses.

  • [^] # Re: Écoutons les Échos à 7h48, il tombe parfois très juste

    Posté par  . En réponse au journal Covid-19 vaccins: Biden soutient la suspension des brevets face à des « circonstances extraordinaire. Évalué à 4.

    c'est marrant, selon nature, c'est justement facilement scallable

    L'article de Nature liste tout un tas de problèmes potentiels de nature biologiques ou pharmaceutiques, mais ils ne parlent pas de la production industrielle (ou alors je n'ai pas trouvé le passage).

    Tu as un papier disant que cet arn est difficile à produire? Car en biochimie c'est déjà pas mal utilisé, donc la production d'arn c'est pas vraiment quelque chose de nouveau et c'est déjà massivement utilisé.

    Le problème n'est pas de produire de l'ARN, c'est de produire de l'ARN en quantité (littéralement) industrelle.

    We can manufacture bulk antigen using almost all technology platforms.

    Qu'est-ce qu'il en sait? Personne n'a jamais fait ça. Je ne dis pas que c'est impossible, je dis juste que ce type c'est un marchand de tapis. Il essaye de te vendre une production de masse pour une technologie qu'il ne maitrise pas.

    Voir par exemple https://blogs.sciencemag.org/pipeline/archives/2021/02/02/myths-of-vaccine-manufacturing pour une liste de tous les problèmes qui peuvent se poser.

    À noter que Pfeizer et Moderna ont dû investir et agrandir leurs usines pour augmenter leur production, ce qui met complètement à mal l'argument du 99.9% de gain d'échelle.

    Les vaccins à ARN restent quelque chose d'hyper-intéressant. La pandémie de COVID a d'ailleurs peut-être fourni un coup de boost essentiel à la généralisation de cette technologie. On peut rêver à voir toute notre panoplie de vaccins mise à jour, avec des efficacités supérieures, une réactivité supérieure (typiquement, c'est ce qui manque pour la grippe), et des effets secondaires plus maitrisés. On peut imaginer des vaccins efficaces contre le HIV, contre Zika, contre Ebola, peut-être même contre le palu. Et à moyen terme, peut-être de nouveaux traitements contre le cancer. C'est génial.

    Mais, ça ne va pas se faire demain. Même si c'est rapide, il va falloir quelques années pour inventer des processus industriels efficaces et moins coûteux. Si deux kékés dans leur garage pensent avoir inventé une machine à produire des kilos d'ARN purifié en 15 minutes, alors qu'ils le fassent; ils n'ont pas besoin de lever des brevets ou quoi que ce soit, ils pourront même vendre leurs machines aux boites pharma.

  • [^] # Re: Écoutons les Échos à 7h48, il tombe parfois très juste

    Posté par  . En réponse au journal Covid-19 vaccins: Biden soutient la suspension des brevets face à des « circonstances extraordinaire. Évalué à 2.

    certains concurrents qui disent qu’ils pourraient commencer très rapidement.

    Je crois que ce monsieur est en train de monter un énorme pipeau.

    "If we get the antigen then the production can start immediately, as we have two and a half production lines sitting idle."

    Il faut comprendre : si on me file l'ARN, je peux mettre en bouteille des millions de vaccins. Bah oui, c'est probablement vrai. Sauf que c'est bien la production de masse d'ARN qui est problématique!

    "If we have access to mRNA technology, we believe we can easily adapt this technology. We have all the reactors and purification tools required for mRNA vaccine production."

    Il faut comprendre : on ne sait pas faire, mais si on nous explique comment, on va bien se débrouiller. Bah oui, c'est probablement vrai aussi. Mais Pfeizer et Moderna ne sont pas de gros débiles : s'il avait été aussi facile que ça de trouver des sous-traitants pour produire des milliards de doses par mois, ils l'auraient fait! D'ailleurs, il me semble que Pfeizer sous-traite le conditionnement en Europe, donc ils font déja ce qui est suggéré (envoyer l'ARN fabriqué à des sous-traitants). C'est juste que le conditionnement n'est pas le point bloquant.

    Après, il faudrait voir avec quelqu'un de spécialisé dans la synthèse des ARN à l'échelle industrielle pour savoir réellement ce qui est possible ou non, dans un contexte où la technologie évolue très très vite (il y a 2 ans, il n'avait jamais été question de fabriquer de l'ARN à très grande échelle).

  • [^] # Re: Écoutons les Échos à 7h48, il tombe parfois très juste

    Posté par  . En réponse au journal Covid-19 vaccins: Biden soutient la suspension des brevets face à des « circonstances extraordinaire. Évalué à 3.

    Du coup on peut se demander si c’est juste par principe et peur du précédent, ou par peur de perdre l’exclusivité, ou parce que les concurrents pourraient faire la R&D et la montée en charge plus vite qu’ils ne pourront le faire par eux mêmes.

    J'imagine que c'est une pure question de principes : les brevets font partie des actifs de la boîte. C'est un peu comme si on disait "à partir d'aujourd'hui, les voitures d'occasion valent 0€". Ça ne t'empêche pas d'utiliser ta voiture exactement comme hier, mais cette décision a juste fait baisser ton patrimoine mécaniquement, et que personne n'aime voir son patrimoine diminuer.

    Théoriquement, ça pourrait même entrainer des faillites comptables (je ne dis pas du tout que les géants pharma sont proches de la faillite hein, c'est juste un raisonnement théorique). Si d'un coup une décision administrative diminue la valeur de ton portefeuille de brevets, tes actifs peuvent mécaniquement passer sous tes dettes, et paf! Faillite du jour au lendemain.

    Au fond, ce qui est anormal, c'est de changer les règles en cours de route. Les efforts de R&D sont calibrés par rapport à l'estimation de la valorisation de tes brevets. Il serait beaucoup plus logique de prévoir un rachat des brevets après une évaluation juste, plutôt qu'une annulation arbitraire. Ou bien un grand coup de balai dans la propriété intellectuelle, histoire que les règles soient claires dès le début.

  • [^] # Re: Écoutons les Échos à 7h48, il tombe parfois très juste

    Posté par  . En réponse au journal Covid-19 vaccins: Biden soutient la suspension des brevets face à des « circonstances extraordinaire. Évalué à 2.

    C'est très très inexact (voire complètement faux). Disposer de capacités de production d'ARN synthétique à cette échelle demande un très gros investissement; d'une manière générale, seul un très gros concurrent pourrait envisager de produire un clone du vaccin.

    Quoi qu'il en soit, il faudra également investir dans les essais cliniques avant la mise sur le marché du clone (on parle de centaines de M$).

    Ces histoires de levées de brevet, c'est un mythe. Et croire que c'est les brevets qui limitent l'accès actuel à la vaccination, c'est un fantasme : la limite est la capacité de production.

    En plus, le marché n'est pas si important que ça. Le chiffre d'affaire de l'industrie pharma en France c'est 60 Mrd €; un vaccin par personne en France (30€ pour les 2 doses) c'est < 2 Mrds €, donc 3% du marché. Je ne pense pas que l'enjeu stratégique des vaccins soit si important, surtout quand on prend en compte la concurrence. On peut se monter autant d'histoires qu'on veut sur Big Pharma et les vaccins, mais en réalité, il n'y a pas vraiment matière à renverser la table à cause des vaccins, surtout si on compare à d'autres secteurs de l'industrie pharma où il y a en effet des pratiques scandaleuses.

  • [^] # Re: Dommage

    Posté par  . En réponse au lien Facebook bloque une campagne de pubs de Signal sur Instagram. Évalué à 5.

    C'était une idée amusante (et très intéressante, parce que j'aimerais bien savoir exactement quelles informations Facebook possède sur moi), mais je pense que la belle histoire qu'on nous raconte est probablement pipeautée.

    Belle histoire : on est des lanceurs d'alerte et on voulait informer le public de la politique de collecte et d'analyse des données personnelles par Facebook; on a mis en place cette campagne, et Facebook, qui ne veut pas que les gens sachent qu'on a des informations sur eux, a bloqué nos publicités.

    Histoire crédible : le contrat conclu pour l'accès aux informations personnelles exclut très très très probablement la communication des données à des tiers. Fuite des données -> contrat non respecté -> blocage immédiat.

    On peut quand même remarquer que le ciblage des publicités reste quand même très aléatoire. Rien que la localisation est foireuse; sur un abonnement perso, on peut avoir une granularité de 5 à 10 km, et sur une IP pro, on peut facilement être à 500km. Quand on voit la qualité du ciblage des pubs de Google dans gmail quand on désactive l'anti-pub, c'est un peu pathétique… Du style une pub pour Peugeot quand le mail contient "J'ai pris des places de TGV, on est en voiture 16", ou des pubs pour Pampers quand l'email contient "j'ai eu 12/20 au TP de chromatographie sur couche mince". Bref, big brother connait "tout" de vous, mais il y a une grosse quantité d'infos moisies ou inexactes, des problèmes d'homonymie ou de duplication de profils… L'objectif reste d'enrichir les destinataires des pubs en profils plus à même d'être attirés par les trucs vendus, mais je pense qu'on est très très loin de cibler précisément.

    Pour l'exemple des pubs Signal, ça serait bien de connaitre le taux d'exactitude pour les différentes informations, et le taux de profils complètement exacts. Et parmi ces profils exacts, combien d'entre eux possèdent des informations que l'utilisateur n'a pas lui-même données dans son profil Facebook.

  • [^] # Re: Normalisation

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 2.

    Je pense que c'est une bonne comparaison. Mais je trouve que le législateur n'a pas du tout les bonnes pratiques. Pour des lois aussi techniques, je pense qu'une approche similaire à un bug tracker serait très efficace : on identifie une faille, on propose un patch, on commite, et il sera dans la prochaine version. On peut aussi auditer pour trouver les failles en amont. S'interfacer avec les autres législations européennes, c'est un peu comme se débrouiller avec des bibliothèques ou des OS dont on ne maitrise pas le fonctionnement, il faut être imaginatif et prévoir les problèmes en amont.

    Mais comme tu le dis, il faudrait une vraie volonté. Créer des groupes de travail techniques qui épluchent la fiscalité des grandes entreprises et répertorient les astuces, etc. C'est sûr que si on passe son temps à organiser des dîners de travail, le côté technique n'avance pas.

  • [^] # Re: Normalisation

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 3.

    aussi une évasion fiscale massive

    Je n'ai jamais dit le contraire. Note qu'"évasion fiscale" est ambigü, c'est un concept qui mélange fraude fiscale et optimisation fiscale. Or, l'optimisation fiscale n'est pas illégale, c'est difficile de leur reprocher. Il faut plutôt reprocher à nos juristes et politiques leurs lois fiscales obscures et complexes qui laissent des failles partout.

    le non respect d'un grand nombre de réglementations et législations

    C'est vague quand même… et ça dépend complètement de la lettre du GAFAM qu'on considère.

    Je trouve que cela relativise beaucoup le discours sur le "service inégalé".

    Je ne vois pas pourquoi. Je n'ai jamais dit que ces grandes entreprises étaient exemplaires ou que c'était le modèle à suivre. J'ai juste dit que c'était un mensonge de prétendre qu'elles n'avaient pas consuit leur succès en proposant des services nouveaux et utiles.

    Il me semble que les Gafam profitent surtout d'une distorsion manifeste de la concurrence

    Pour maintenir leur position dominante, certes, mais ils sont bien partis de zéro à un moment. Et de la concurrence sur Internet, entre 2000 et 2010, il y en avait un max : il existait déja des moteurs de recherche avant Google, il existait déja du commerce en ligne avant Amazon, etc. La position dominante, elle a été acquise "à la régulière". Après, la maintenir, c'est plus compliqué. D'une manière générale, l'abus de position dominante me semble complètement constitutif de la position dominante. Comment peux-tu gérer une entreprise dominante sans faire en sorte que tes concurrents ne percent pas?

    une absence totale de prise en compte des externalités négatives de leur fonctionnement.

    Tu touches un problème majeur de l'économie de marché, mais je ne sais pas si c'est aux grandes entreprises de le gérer. Tu sembles avoir un point de vue à l'américaine sur la question ; ça serait aux grandes entreprises d'être "raisonnables" et de jouer collectif, sans autre incitation que la morale de leurs dirigeants et leur image de marque. C'est comme ça que fonctionne le mécénat ou les dons à des oeuvres de charité, les riches sont censés prendre du recul par rapport aux inégalités et de se charger d'une forme de redistribution.

    Honnêtement, je ne pense pas que ça puisse réellement fonctionner comme ça, ou que si ça fonctionne, c'est un coup de change et rien ne dit qu'un actionnaire un peu plus gourmand ne va pas renverser l'équilibre. Et puis, quand les externalités négatives, c'est par exemple la disparition du commerce de proximité, comment tu fais? Est-ce que la généralisation des réseaux d'électricité n'a pas provoqué la faillite des fabricants de bougies?

  • # Confidentialité

    Posté par  . En réponse au message Statistiques des sinistres automobiles ?. Évalué à 3.

    or, leur transparence laisse à désirer

    Le problème, c'est qu'ils ne vont pas te fournir de données internes; il s'agit d'un secteur concurrentiel et ils ne peuvent pas s'amuser à te dire combien ils payent par expertise ou détailler le coût de la gestion d'un sinistre…

    Je rejoins complètement un autre commentaire : si tu as l'impression que tu payes trop, fais quelques devis chez les concurrents. Ça te donnera une idée du décalage éventuel, et confirmera si tes doutes sont légitimes.

    En théorie, les mutuelles ne font pas de bénéfices, mais c'est une fallacie habituelle de partir du principe qu'elles sont moins chères : si leurs coûts de fonctionnement sont plus élevés par exemple, elles peuvent très bien être plus chères.

    Une hausse de 11% me parait aussi assez énorme; est-ce qu'il n'y aurait pas un rattrappage quelconque (par exemple après plusieurs années de stagnation?). Encore une fois, les devis de la concurrence te permettront de savoir ce qu'il en est.

  • [^] # Re: La vie est un combat…

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 3.

    Avec la fin de l'Union Soviétique, il me semble que les coco d'aujourd'hui sont plutôt de tendance libertaire que autoritaire en France. Perso je ne connais aucun stalinien dans mon entourage, et c'est tant mieux

    Je ne suis pas certain qu'il y avaient beaucoup de Staliniens en France, même à la grande époque. Par contre, par aveuglement idéologique, beaucoup de communistes défendaient l'indéfendable (en refusant de reconnaitre que le régime soviétique n'avait pas grand chose de communiste).

    J'ai quand même l'impression qu'une grosse partie des groupes qu'on pourrait appeler "communistes" en France sont des groupes Trotskystes/syndicalistes (j'avoue que les sous-nuances de Trotskysme m'ont toujours paru très opaques), qui ne sont pas du tout des libertaires (historiquement, il s'agit même de groupes révolutionnaires). Après, la seule force politique réelle est LFI, mais je ne sais pas trop ce qu'il y a de communiste dans leur programme (ni même libertaire). Ils sont d'ailleurs souvent plus anti-libéraux (opposition au libre-échange et protectionnisme) qu'anti-capitalistes. La dimension écologie politique, aussi bienvenue soit-elle, n'est carrément pas communiste non plus.

  • [^] # Re: Streaming

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 4.

    C'est justement ça que je n'aime pas, payer pour quelque chose qui ne m'appartient pas,

    Bah ça ne change pas grand chose, puisque le contenu du DVD ne t'appartenait pas non plus.

    Le propriétaire du bien à tout pouvoir sur la personne qui loue

    Non, bien sûr que non.

    le propriétaire m'interdisait de mettre des cadres sur les murs

    C'est illégal. Ton seul devoir est de remettre en état quand tu pars.

    et d'avoir un animal de compagnie

    C'est illégal aussi (sauf dans un meublé de tourisme).

    https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2693

  • [^] # Re: Streaming

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 3.

    Sans compter que quand tu achetais un DVD, le bout de plastique était à toi, mais pas le contenu. C'était donc une sorte de droit à vie de regarder le contenu qui ne t'appartenait pas stocké sur le bout de plastique qui t'appartenait. Le jour où le plastique est rayé, fini, ta location à vie était terminée.

    En fait, quand on y pense, le streaming, le leasing, etc., c'est du communisme 2.0 : l'abolition de la propriété privée. Tu n'as rien qui est à toi. C'est juste qu'au lieu de l'État, ce sont les grosses boîtes qui possèdent le monde et qui t'en prêtent une partie.

  • [^] # Re: La vie est un combat…

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 5.

    Bah sur ce coup, permet-moi d'être pragmatique. Il y a eu une petite dizaine d'instaurations indépendantes de régimes communistes (ou d'inspiration communiste) dans le monde. Sans aucune exception, ces régimes ont mis en place progressivement ou dès le début un mode de fonctionnement totalitaire : parti unique, pas d'éléctions libres, pas d'opposition politique, pas de sortie démocartique possible du régime communiste. Dans une très large majorité des cas (à l'exception de Cuba, et encore), le régime devient quelque chose qui n'est plus vraiment communiste (disons que l'abolition de la propriété privée marche bien pour les pauvres, mais pas pour tout le monde).

    Quand on fait une expérience 10 fois et qu'elle foire 10 fois, on peut avoir toutes les raisons du monde de penser que ça pourrait peut-être marcher la 11ème fois, ça n'est pas très convainquant. Surtout quand on n'a aucune idée de pourquoi ça a foiré 10 fois et de ce qu'il faudrait changer pour que ça marche la 11ème. Du coup, pragmatiquement, jusqu'à preuve du contraire, 1) la mise en place d'un régime communiste se termine toujours par un régime totalitaire, et 2) de nouvelles expériences coûtant des millions de vies humaines, on peut légitimiment douter du rapport coût/bénéfices de toute nouvelle tentative.

  • [^] # Re: La vie est un combat…

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 3.

    Justement, c'est ce que je dis : les seuls concepts qui ont survécu aux puissances communistes, c'est l'absence de démocratie. C'est plus une blague qu'autre chose pour les US, puisque je ne pense pas que Guantanamo ait une parenté idéologique avec les goulags sibériens (c'est plutôt de la convergence évolutive dans ce cas là), mais par contre c'est carrément vrai pour le système politique de la 1ere puissance mondiale.

  • [^] # Re: Normalisation

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 2.

    Sauf que le logiciel (libre ou non) fait figure d’exception dans le droit d’auteur à de nombreux égards.

    Le logiciel libre utilise le droit d'auteur de manière originale, mais complètement conforme au cadre légal. Je ne vois pas où tu veux en venir exactement ; tu veux dire qu'il y a des bons droits d'auteur et des mauvais droits d'auteur? Et qui décide de ce qui est bien ou pas? Où est la limite, est-ce que c'est l'argent qui rend le droit d'auteur sale?

    L’un d’eux est justement l’absence de sociétés d’auteurs et de maisons de production.

    Les maisons de production sont des investisseurs sans qui l'auteur ne pourrait diffuser son oeuvre. Les arts graphiques (peinture, sculpture, etc) sont souvent diffusés sans société de gestion des droits d'auteur, parce que la copie est interdite ou impossible.

    La « liberté gigantesque aux auteurs » est en fait donnée à une société privée.

    Une société privée à but non lucratif, mieux vaut le préciser quand même. La SACEM trempe dans un tas de magouilles pas jolies (y compris par un lobbying très puissant pour garantir son monopole, ou un système de redistribution douteux), mais il ne faudrait pas qu'on puisse penser que la SACEM exploite les artistes, ça serait absurde.

    On peut tout à fait se passer de la SACEM, de nombreux artistes le font. Après, du coup, il faut se débrouiller pour négocier directement, et aucun acteur du système de veut ça (les radios ne veulent pas négocier directement avec X ou Y pour chaque morceau passé). Le système SACEM a aussi des avantages…

    Au final, le « droit d’auteur » et ses protection sont dévoyées depuis un moment, effectivement dès avant Internet.

    C'est un jugement moral? Dévoyé par rapport à quoi? On parle encore du "bon" et du "mauvais" droit d'auteur? Pour le cinéma par exemple, il y a plusieurs gros acteurs, il y a donc une forme de concurrence. Pour toi, c'est aussi "dévoyé"? Comment dans un monde non dévoyé, un producteur pourrait espérer rentrer dans ses frais? Produire un film ou un album de musique est un investissement parfois très conséquent; toucher un pourcentage sur les ventes (et donc partager les droits patrimoniaux entre l'auteur et le producteur) ne semble pas malsain par défaut, si? Après, ces ayant-droit embauchent des avocats et des employés pour collecter ce que la loi les autorise à collecter et poursuivre en justice ceux qui n'ont pas respecté les licences et contrats… On ferait pareil pour un logiciel libre, et on trouverait ça normal… Non, je ne comprends pas.

    Par rapport à la licence globale tout le monde y perd, les artissssss et les consommateurs aussi, mais c’est une forme d’implémentation plus capitalo-libéro-compatible que la licence globale qui fournit le service que n’ont jamais fourni les gros acteurs.

    La licence globale semble une généralisation d'un système SACEM que tu sembles dénoncer deux phrases plus haut, donc je ne comprends pas trop. Si elle est intégrée à l'abonnement Internet, elle devient même obligatoire en plus d'être monopolistique, et elle interdit à un acteur de faire valoir ses droits d'auteur différemment que de la manière capitalistico-jenesaispasquoi imposée par le système. Imagine qu'il existe une licence globale logicielle, quelle serait ta position en tant que libriste? Tu ne trouverais pas que la situation est écoeurante, puisque soit le libriste entre dans le système (et abandonne le libre) pour être rémunéré, soit il voit "son" argent lui passer sous le nez et aller vers les acteurs du logiciel propriétaire?

    Bref, ton discours me semble assez contradictoire. Tu sembles vouloir opposer les gentils artistes et les gentils consommateurs et les gros acteurs intermédiaires, mais les solutions que tu proposes (licence globale) sont une généralisation d'un système que tu sembles détester (un énorme intérmédiaire monopolistique et incontournable). L'état des lieux actuels (quelques gros acteurs qui ont un gros catalogue et qui gèrent les droits d'auteurs le plus globalement possible en faisant payer une sorte de licence globale pour accéder à leur catalogue) ne semble pas te convenir non plus, mais visiblement payer à l'utilisation non plus.

  • [^] # Re: La vie est un combat…

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 3.

    D'autres mouvements ont connu des défaites : penses aux communistes par exemple

    Tu as l'air d'insinuer que le Communisme peut envisager des victoires dans un avenir par trop lointain? À part la surveillance de masse, l'État policier, et le goulag, je ne vois pas trop quelles idées communistes ont de l'avenir dans notre société. Même le concept de classe sociale en tant que grille de lecture de la société est malmené…

    J'ai plutôt l'impression que les avancées sociales envisagées (revenu universel, relance par la monnaie hélicoptère, …) sont plutôt d'inspiration libérale (on vous donne X, vous en fait ce que vous voulez) que communiste (on met en place une ressource commune et les règles pour que tout le monde puisse l'utiliser).

  • # Normalisation

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie d'Internet des années 2000.. Évalué à 9.

    J'ai plutôt l'impression que ce qu'on vit, c'est simplement la "normalisation" d'Internet, qui rentre peu à peu dans le cadre législatif du quotidien.

    Il faut quand même réaliser que le droit d'auteur et les lois sur la liberté de la presse prédatent Internet de beaucoup. Ces lois ayant été établies avant internet, elles ne prenaient pas en compte la possibilité de partager des fichiers numériques. Il y a donc eu une période au cours de laquelle "on" a pensé que ces lois pouvaient ne pas s'appliquer. Or, c'est mal connaitre le fonctionnement d'une société : après un temps plus ou moins long, les lois s'adaptent. C'est même plutôt sain, je trouve, qu'il n'existe pas à terme de zones de non-droit.

    Après, on peut ne pas aimer certaines lois, souhaiter les changer, etc. Mais en soi ça n'a pas grand chose à voir avec l'application des lois.

    Le principe du droit d'auteur donne une liberté gigantesque aux auteurs (et aux personnes que les auteurs choisissent pour faire appliquer leurs droits). L'auteur décide presque de tout : qui peut lire/regarder une oeuvre, les conditions de sa rémunération éventuelle, les conditions de la redistribution de l'oeuvre, etc. Les sociétés d'artistes "uniformisent" un peu ces droits, en collectant et redistribuant l'argent selon certaines règles, mais ça n'est pas une obligation. D'ailleurs, il est assez ironique que le logiciel libre doive justement son existence à cette force du droit d'auteur—il faut quand même réaliser que l'auteur d'un logiciel peut imposer les conditions de redistribution à quelqu'un qui l'a acquis légalement, y compris par un achat.

    Pendant une vingtaine d'années, Internet a été de facto une zone où le droit d'auteur n'a pas été respecté. On peut toujours considérer ça comme un "espace de liberté", mais c'est assez réducteur comme vision : pour les auteurs qui souhaitaient simplement faire valoir leurs droits, ça ne l'était pas du tout. C'est un peu comme si on considérait une cité de banlieue comme une zone de liberté : pour les dealers, certainement, pour les autres, peut-être moins.

    Encore une fois, tout ça, c'est bien indépendant de ce qu'on peut penser du droit d'auteur, ce n'est pas qu'Internet avait des règles différentes, c'est juste qu'on pouvait y faire des choses illégales sans qu'il n'y ait aucune conséquence.

    D'ailleurs, c'est loin d'être fini. Il est encore très facile d'accéder à une infinité de fichiers sans l'autorisation des auteurs, et sans risque de poursuite. C'est devenu un peu moins facile peut-être, et moins centralisé qu'au temps de megaupload, mais c'est loin d'avoir changé radicalement.

    En ce qui concerne la censure, il faut distinguer ce qui ressort des décisions administratives (qui, en effet, sont du ressort de la censure, comme par exemple le blocage des sites faisait la propagande du terrorisme, etc), et les blocages ordonnés par la justice. Pour de nombreux exemples cités, les blocages sont issus d'une décision de justice, c'est un fonctionnement acceptable et normal dans un État de droit (à moins de ne mettre aucune limite à la liberté de publication). Je trouve d'ailleurs qu'il reste très facile de publier n'importe quoi sans aucune conséquence. Je pense que malgré tout l'arsenal législatif, il n'a jamais été aussi facile de publier et de lire n'importe quoi, y compris des écrits racistes, négationnistes, des mensonges, des propos diffamatoires, de la retape pour les sectes, pour des contenus interdits aux mineurs, des insultes, bref, toute la panoplie de trucs illégaux qui seraient immédiatement censurés dans la presse écrite.

    D'ailleurs, les États sont mis devant le fait accompli de l'impossibilité de contrôle, que ça soit par l'exécutif, le législatif, ou le judiciaire. La seule parade est de mettre les hébergeurs devant des responsabilités de filtrage, mais ça va de pair avec une grosse responsabilité, ainsi qu'à des retraits injustifiés.

    Ceci dit, au final, il ne faut pas oublier qu'être hébergé par Youtube n'est pas un droit. Le droit fondamental, c'est de ne pas être censuré par l'État. Tant qu'il y a une possibilité d'héberger un contenu et de le diffuser, il n'y a pas d'atteinte à la liberté d'expression. La liberté d'expression n'a rien à voir avec le fait d'ouvrir toutes les plateformes à tout le monde, autrement, les journaux papier devraient publier tout ce que leurs lecteurs leur enverraient, c'est absurde. On a tout a fait le droit de créer un site où tous les contenus parlant de Windows, de vibromasseurs, ou de Rachmaninov sont interdits, et ça n'est pas une atteinte à la liberté d'expression. De même, Youtube a le droit de supprimer les vidéos montrant de courts extraits de films : ces extraits sont probablement légaux (dans un cadre législatif donné et à une date donnée), mais il n'existe pas d'obligation de publier tout ce qui est légal. Ça arrange Youtube pour plein de raisons (se mettre dans la poche des partenaires commerciaux, éviter les procédures, encourager la production de contenus originaux plutôt que les compilations, éviter de se faire reprocher de valider une vidéo et pas une autre, etc); il existe tout plein de plateformes sur lesquelles ont peut diffuser ses vidéos. Ah oui, on ne beneficie plus de la visibilité qu'apporte Youtube. Mais c'est complètement paradoxal de vouloir bénéficier des GAFAM et de critiquer leur monopole de fait.

    Bon, bref, au lieu de se plaindre tout le temps de ce que fait Google, du fait que ça devienne plus dur de télécharger, que des acteurs privés s'emparent du marché à coup de services et d'investissements ,on peut aussi se demander pourquoi ces acteurs sont devenus incontournables. Il existe des belles exceptions à cet Internet des GAFAM (Wikipédia est un super exemple) : ça n'est pas une question d'argent, c'est une histoire de service et d'innovation. Le fait est que Youtube est un service inégalé, Google search est un service inégalé, Twitter offre un service inégalé, Amazon offre un service inégalé. D'ailleurs, derrière tous ses services, il y a de réelles innovations algorithmiques, logicielles et logistiques. On peut courrir derrière et rêver à des simili-clones libres, mais je ne comprends pas dans quel monde ça pourrait marcher (à moins que les gens soient prêts à utiliser un service moins bon pour protéger leurs données privées, ce qui me semble peu probable à grande échelle (1: les gens s'en foutent, 2: les données sont déja diffusées).

    Bon, bref, je trouve que le problème principal d'Internet aujourd'hui est plus de limiter la visibilité des trucs toxiques pour la société, plutôt que de favoriser la liberté d'expression. Ça n'a pas à passer par la censure, mais plutôt à proposer des algorithmes éthiques qui ont des objectifs utilitaristes—pas facile à imposer à des boîtes privées pour de bonnes raisons, d'ailleurs.

  • [^] # Re: Intérêts

    Posté par  . En réponse au journal La Bourse ou la vie ?. Évalué à 4.

    L'économie est une science humaine, pas une science dure. […] Donc tout le monde a sa théorie, mais au final, il est très très dur de savoir quelles mesures engendrent quel résultat,

    Le constat est probablement vrai, mais je te trouve très défaitiste. L'histoire des sciences a montré que certains champs disciplinaires noyautés et pourris par une culture non-scientifique pouvaient à terme devenir des voies de recherche tout à fait crédibles. Souvent, ça passe par un remplacement de la communauté par des scientifiques externes qui se reconvertissent. Typiquement, la psychologie a suivi cette voie-ci, grâce notamment aux apports des neurosciences. Malheureusement, il y a souvent un gros décalage entre la réalité d'une discipline et l'image que les gens et les institutons s'en font (par exemple, les experts auxquels la justice fait appel sont encore issus des anciennes pratiques).

    Pour l'économie, 1) il semble que notre principale source d'information (média et politiques) soit très déconnectée des travaux universitaires, et 2) ce n'est pas parce que ça patine en France que c'est le cas partout. Par exemple, de ce que je connais des prix Nobels d'économie, ça vole un peu plus haut que l'analyse politique traditionnelle.

  • [^] # Re: Intérêts

    Posté par  . En réponse au journal La Bourse ou la vie ?. Évalué à 4. Dernière modification le 02 avril 2021 à 15:28.

    C'est aussi ce que j'ai cru comprendre. Mais en plus, il y a un truc pas clair sur le sens d'"inflation", puisque la planche à billet crée bien de l'inflation monétaire (il y a plus de monnaie); c'est juste que ce "plus de monnaie" ne se traduit pas forcément par une augmentation des prix, contrairement aux théories économiques orthodoxes. Je n'ai pas compris où va la nouvelle monnaie par contre (dans les bulles spéculatives?).

    Si j'ai bien compris, cette théorie de l'inflation liée à la planche à billets est fondatrice du modèle Européen, sous pression des Allemands à cause de l'hyperinflation -> Hitler (et paf, point Godwin).

    D'ailleurs, le rôle principal de la BCE est de maintenir l'inflation à un niveau désiré (~ 1 ou 2%). Le paradoxe, c'est que certains semblent penser que l'action de la BCE n'a absolument aucun effet sur l'inflation. Il est en effet tout à fait possible que la BCE joue le rôle du gamin qui joue 10 minutes à une démo de jeu vidéo avant de s'apercevoir que c'était une démo et que ses actions sur la manette n'avaient aucun effet; dans un monde aussi complexe, on peut avoir l'illusion qu'une politique économique a une relation de cause à effet (on fait X et ça cause Y), alors que la politique économique ne fait que répondre à une autre cause (il se passe Z qui cause Y, et la BCE répond à Z en faisant X, et croie ainsi que X a causé Y).

    J'ai cru comprendre que les politiques économiques en Europe étaient assez éloignées des travaux universitaires, ce qui fait qu'il est tout à fait possible qu'on fasse en fait n'importe quoi tout en étant persuadés de contrôler quelque chose.

  • [^] # Re: Journal vide…

    Posté par  . En réponse au journal La Bourse ou la vie ?. Évalué à 3.

    Je ne sais pas si c'est surprenant, mais il semble que les gens qui trouvent le système financier révoltant sont ceux qui comprennent le moins comment il fonctionne. Ce n'est pas toujours le cas; par exemple, les gens qui sont anti-religieux connaissent souvent mieux les textes religieux que les croyants, la plupart des végétariens connaissent bien le fonctionnement de l'élevage et de l'industrie qui va avec, etc. Mais la finance, c'est toujours "J'y comprends rien c'est révoltant".

  • [^] # Re: Intérêts

    Posté par  . En réponse au journal La Bourse ou la vie ?. Évalué à 3.

    Je m'auto-réponds, mais j'ai oublié d'écrire que l'idée ordo-libérale (sur laquelle est basée le fonctionnement de l'Europe) repose sur l'hypothèse que l'obligation d'emprunter aux banques est censée réguler l'envie d'utiliser trop la planche à billets pour les États. Avec une monnaie commune et des politiques économiques indépendantes, il y a un problème de contrôle : si un État se mettait à faire marcher la planche à billets à fond, la dévaluation serait subie par tout le monde. Du coup, on impose de passer par les marchés, qui sont censés jouer un rôle de régulateur : les marchés ne prêteraient pas à un État qui emprunterait trop pour pouvoir faire rouler sa dette. (Bon, en plus, il y a les règles budgétaires, les 3% du PIB et tout). C'était le compromis pour fonctionner tous ensemble malgré des gouvernements indépendants.

    Ça a "bien" marché pour la Grèce : en effet, les marchés ont arrêté de prêter. Par contre, ça a donné l'impression que la suite n'a pas été anticipée : l'effet domino et les conséquences pour tous les pays de la zone Euro. La BCE a rectifié le coup, mais ça a pris du temps, et les Grecs s'en sont pris plein les dents. Au passage, les marchés aussi, parce que la dette a été restructurée (mais quand on prête à des taux d'intérêt de 20%, on accepte les risques).

  • [^] # Re: Intérêts

    Posté par  . En réponse au journal La Bourse ou la vie ?. Évalué à 5.

    Disons qu'elles ont la confiance des acteurs du système pour prêter de l'argent qu'elles n'ont pas. C'est quand même pas à la portée de tout le monde, et c'est pour ça qu'on ne peut pas monter une banque en auto-entreprise.

    Et puis, elles n'ont pas besoin d'argent pour prêter, mais elles ont besoin de clients qui ont des comptes sur lesquels il y a de l'argent prêté par les autres banques, sinon ça ne marche pas.

    Ça ne fonctionne quand même pas comme une planche à billets, puisque si tu ne rembourses pas, la banque l'a dans l'os et elle doit couvrir les pertes avec du vrai pognon.

    J'ai dû écrire "le fait de pouvoir prêter de l'argent donne du pouvoir" tout court, ça suffit en fait :-)

  • [^] # Re: Intérêts

    Posté par  . En réponse au journal La Bourse ou la vie ?. Évalué à 3.

    Je pense que tu évoques deux choses qui n'ont pas grand chose à voir : l'État Grec n'a pas été insolvable parce que les riches ont échappé à l'impôt, les problèmes sont arrivés parce que les banques ont eu un doute sur la capacité de l'État à rembourser les prêts. Ça aurait pu être réglé très facilement si la BCE avait dit "OK, on couvre", par exemple.

    Au passage, j'ai l'impression que ce qui était reproché à la Grèce sur la perception de l'impôt, ce n'était pas seulement l'évasion fiscale des riches, c'était l'évasion fiscale tout court. Au moment où elles accordent leurs prêts, les banques se foutent pas mal de savoir si le pognon vient des riches ou des pauvres, elles veulent avoir la certutitude que l'État sera capable de faire rentrer du pognon s'il a des difficultés à faire rouler sa dette. Là, comme les banques centrales disaient "niet", que les autres États européens étaient mous, que l'État Grec était réputé pour ne pas savoir collecter l'impôt, et que les perspectives de croissance étaient mauvaises, le doute s'est installé, et dès qu'un prêteur doute, c'est un effet boule de neige : il y a encore moins de chance de pouvoir refinancer sa dette dans le futur, donc on ne prête pas, donc il y a encore moins de chance de pouvoir refinancer sa dette, etc.

    Au final, avec du retard, la BCE a accepté de couvrir (donc finalement les États européens ont accepter de mutualiser une partie de la dette Greque), et ça s'est "arrangé".

  • [^] # Re: Intérêts

    Posté par  . En réponse au journal La Bourse ou la vie ?. Évalué à 5.

    Je suis d'accord sur un point : les intérêts ne participent pas à l'augmentation de la masse monétaire.

    Par contre, les intérêts correspondent à la rémunération d'un service (et à la couverture du risque associé). Si tu vas par là, payer un médecin ou un avocat, c'est aussi un mécanisme pour transférer de l'argent des pauvres aux riches :-) Ou plus généralement, toute entreprise qui réalise une partie de ses bénéfices en vendant quelque chose au public est une machine à transférer l'argent des pauvres vers les actionnaires. Il y a quelque chose de tordu dans ton raisonnement. Considère juste que prêter du pognon, c'est comme prêter une voiture; tu peux profiter de la chose prêtéé le temps du prêt, parce que tu en as besoin, et en échange, tu payes quelque chose.

    Note que la banque a travaillé pour gagner ces intérêts : elle a installé des agences, payé des agents, des comptables, des logiciels, (corrompu des politiciens ou des concurrents—eh, quoi, c'est du travail aussi), et pris un risque (puisque si tu ne rembourses pas, le trou dans la caisse de la banque est réel—les autres banques sont d'accord pour accepter l'argent magique, mais ça ne marche que si l'argent magique ne disparait pas).

    Le fait est quand dans notre monde actuel, le fait d'avoir de l'argent et de pouvoir le prêter donne du pouvoir, puisqu'il y a plus de gens qui ont besoin d'argent que de gens qui peuvent le prêter. De même que dans un monde où tout le monde crève la faim, avoir des stocks de bouffe donne du pouvoir, c'est un principe d'offre et de demande.

    D'ailleurs, ça marche à toutes les échelles. Si tu as un prêt en cours, ta banque a en effet un certain pouvoir sur toi. Si tu es à découvert de 2000€, elle en a encore plus. Si par contre tu as rempli des comptes rémunérés, alors tu as du pouvoir sur ta banque, tu peux négocier des trucs sous la menace de partir à la concurrence.

  • [^] # Re: La bourse n'est pas un jeu à somme nulle

    Posté par  . En réponse au journal La Bourse ou la vie ?. Évalué à 5.

    C'est l'une des interprétations possibles sur le sujet, mais ça n'est généralement pas celle qui est utilisée lorsque l'on estime le patrimoine d'un particulier ou d'une entreprise.

    Je ne pense pas qu'il y ait plusieurs interprétations, il y a juste des problèmes de définition.

    Le patrimoine, ce n'est pas ton solde. Par exemple, si tu achètes un appart 100000€ et que pour le financer, tu empruntes 70000€, alors ton patrimoine augmente de 70000€ le jour de l'achat. Si par contre tu finances les 100000€ à partir de tes économies, alors ton patrimoine ne change pas. Il n'y a pas plusieurs manières d'interpréter ça, c'est juste que la définition du patrimoine ne correspond pas du tout à ce que certains essayent de lui faire dire.

    Le taux de réserve obligatoire imposé par la BCE est de 1%

    Sur les dépots à vue? Ça m'étonnerait, ça doit être plus. De toutes manières, les réserves des banques sont toujours supérieures aux réserves obligatoires (je n'ai jamais compris pourquoi, c'est toujours compliqué, la finance). Il ne faut pas non plus oublier que les banques peuvent emprunter aux banques centrales également, ce qui élimine une grosse partie des problèmes liés aux positions qui ne sont pas liquides.

    Il s'agit entre-autres des prêts accordés aux particuliers et entreprises.

    Ah non, ça ce n'est pas vrai. C'est parfois ce que les banquiers croient, mais je pense que tous les économistes sont d'accord pour dire que les prêts correspondent à de l'argent «magique»(1) créé par un jeu d'écriture au moment où le prêt est accordé, et détruit au fil des remboursements. Ça fonctionne parce que les banques se font confiance, et que l'argent «magique» devient «réel» au moment où il sort de la banque émettrice du prêt.

    C'est un peu pour ça que ça ne change pas grand chose que les États empruntent aux banques où à la BCE, puisque l'argent des banques n'est pas plus ou moins magique que celui de la BCE (2), et que les intérêts seront payés aussi avec de l'argent magique. Emprunter aux banques permet d'injecter des € dans l'économie via les intérêts et à sécuriser les banques avec des avoirs sûrs, alors qu'emprunter à la BCE n'a aucun effet sur l'économie puisque les intérêts reviennent dans la poche des actionnaires des banques centrales (les états).

    Après, savoir s'il vaut mieux injecter le pognon par le haut (les actionnaires des banques) ou par le bas (les pauvres), c'est juste politique. J'ai l'impression que le préjugé que les riches savent mieux dépenser leur argent que les pauvres n'est pas confirmé par les faits. À ma connaissance, il n'est pas non plus établi que les pauvres dépenseraient leur pognon de manière optimale pour l'économie et pour l'écologie, donc ce n'est pas non plus comme si une des deux options était rationnellement réfutée (c'est juste qu'on a rarement tenté de donner directement des billets neuf aux pauvres). Peut-être que le plus proche, c'est ce qu'on fait en France, avec l'État qui s'endette et un système social plutôt protecteur par rapport aux autres pays, mais il n'a échappé à personne que les performances économiques de la France n'étaient pas extraordinaires…

    (1) mauvais vocabulaire puisque tout l'argent est «magique». Il y en a juste une partie un peu moins magique de l'autre :-)
    (2) enfin si, l'argent de la BCE est quand même un peu plus magique, dans le sens où la BCE fabrique le pognon officiel et qu'elle ne peut pas faire faillite.