arnaudus a écrit 5317 commentaires

  • [^] # Re: Creative Commons ?

    Posté par  . En réponse au journal Une cuite de Schrödinger. Évalué à -3.

    "Ça ne veut rien dire"

    Bah c'est là que je ne suis pas d'accord. Même la plus restrictive des licences CC (CC-BY-NC-ND, je pense) offre de nombreuses libertés à l'utilisateur, beaucoup plus qu'une oeuvre commerciale habituelle (et notamment le droit d'en faire des copies privées et non-privées). Certes, ce n'est pas une oeuvre libre, mais personne n'a prétendu ça de toutes manières.

    Du coup, on est d'accord, "CC" tout court est imprécis. Mais l'analogie avec le prix est assez foireuse, puisque là, on ne te dit pas "c'est entre 10 et 1000€", on te dit "c'est 0€". Donc OK, on ne sait pas si c'est 0€ et en plus tu as un mars, ou 0€ mais tu donnes ton adresse email, ou 0€ mais tu nettoies le pare-brise de l'auteur. Mais l'info principale, tu l'as eue.

  • [^] # Re: Creative Commons ?

    Posté par  . En réponse au journal Une cuite de Schrödinger. Évalué à 9. Dernière modification le 26 novembre 2020 à 09:27.

    Alors, tu peux utiliser les services d'une vilaine entreprise qui commence par "Goo" et qui finit par "Gle" ou n'importe quelle alternative plus ou moins respectrice de ta vie privée, taper "Valery Bonneau Creative Commons", et sans même cliquer sur quoi que ce soit d'autre, tu pourras lire "mes textes sont également (sauf rares exceptions) mis en ligne directement sous licence Creative Commons BY-SA" dès la deuxième ligne.

    Un peu de bienveillance, ça ne fait de mal à personne. Même si la licence était CC-ND, il y a toujours moyen d'expliquer poliment.

  • [^] # Re: Histoire de savoir de quoi on parle vraiment...

    Posté par  . En réponse au journal Projet de loi "Sécurité Globale". Évalué à 2.

    bein non, des gens ont été condamnés parce qu'ils étaient près du groupe qui lançait des pavés, sans preuve.

    Exactement comme cette affirmation, en fait?

    Je ne vais pas répéter ce que j'ai écris plus haut. Le témoignage des FDO a valeur de preuve, donc ça n'est pas "sans preuve". C'est "sans preuve matérielle", comme dans beaucoup d'affaires jugées. Le juge évalue la crédibilité de tous les éléments, preuves matérielles et témoignages, il y a des preuves matérielles plus ou moins fiables, et des témoignages plus ou moins fiables.

    à partir du moment où une personne diffuse ces images, le procureur a tout loisir de renvoyer devant un tribunal correctionnel en disant “je ne sais pas quelle est l’intention, ce sera au juge de le déterminer” »

    Ah mais oui, les procureurs passent leur vie à envoyer au tribunal des gens qui seront relaxés. C'est comme ça que ça se passe, ils s'ennuient les procs, et ils savent bien que les juges apprécient qu'on leur fasse perdre leur temps.

    Sans déc, le manque d'indépendance des procureurs est un problème en France, on se fait d'ailleurs régulièrement affichés par la justice Européenne pour ça. Mais sur le fond, être convoqué au tribunal n'est pas une atteinte aux droits fondamentaux. Ça arrive, on peut prendre des contraventions non-valables, on peut être mis en garde à vue puis relâché, etc. Si ça n'arrive pas tous les 15 jours aux mêmes personnes, c'est censé faire partie des inconvénients de l'État de droit.

    Gérald Darmanin exposait clairement ses intentions

    À la télé. Jusqu'à preuve du contraire, les déclarations à la télé du ministre de l'intérieur n'ont pas valeur de loi.

    Eh, oh, c'est un ministre. Il ment comme il respire. Surtout lui. Comment peut-on lui accorder le moindre crédit?

    De toutes manières, il n'est pas évident du tout qu'une version du texte "à la Ciotti" passerait le conseil constitutionnel. Après la censure de la loi Avia, ça m'étonnerait que le gouvernement tente un coup pareil.

  • [^] # Re: Histoire de savoir de quoi on parle vraiment...

    Posté par  . En réponse au journal Projet de loi "Sécurité Globale". Évalué à 2.

    Cette affirmation me semble totalement gratuite.

    La justice condamne parfois sans preuve matérielle. C'est très différent. Un témoignage, encore plus quand il s'agit du témoignage d'un agent assermenté, peut avoir valeur de preuve. On peut contester le principe, puisque les exemples de faux témoignage, y compris de fonctionnaires de police, abondent largement.

    Les preuves matérielles sont également falsifiables. Un document peut être un faux, une photo peut être truquée, un expert peut se tromper… Le juge va prendre en compte la crédibilité des preuves, des témoins, la cohérence des arguments de l'accusé. C'est toujours subjectif, au final.

    Et même aux assises, c'est subjectif. Le critère, c'est l'intime conviction! Ça n'est pas un critère scientifique ou rationnel. Si le jury est intimement convaincu que l'accusé est coupable, alors il est condamné. On peut évidemment penser que la qualité des preuves a quelque chose à voir avec la conviction du jury, mais pas nécessairement. On peut penser à quasiment toutes les affaires de viol sur mineur, jugées parfois des décennies après les faits; aucune preuve matérielle, seulement des témoignages dont la valeur de preuve est très faible…

    À ma connaissance, on peut de toutes manières faire appel, même en cas de procédures rapides.

    Ça ne change en rien l'idée que les procédures rapides ne respectent probablement pas tout le temps les droits de la défense, que la valeur des témoignage des FDO est plus douteuse que l'institution aimerait le faire croire, que la comparution immédiate est une forme de justice pour les pauvres et les gueux (SDF, étrangers en situation irrégulière…) qui ont peu de ressources pour faire valoir leurs droits, et que les condamnations sont parfois lourdes. Je ne connais pas les statistiques sur les résultats des appels, ça serait intéressant.

    Il faudrait aussi vérifier de quoi les gens sont vraiment accusés. Par exemple, pour les violences en réunion, on peut être complice quand on a participé à la "réunion", sans preuve directe d'avoir commis l'acte. Typiquement, quand un groupe lance des pavés sur des CRS et qu'un CRS est blessés, on peut être condamné si on a une preuve qu'on a lancé des pavés, sans prouver que c'est bien un des pavés qu'on a lancé qui a blessé le CRS (je ne sais pas si je suis clair…).

  • [^] # Re: Histoire de savoir de quoi on parle vraiment...

    Posté par  . En réponse au journal Projet de loi "Sécurité Globale". Évalué à 4.

    Il peut y avoir des abus pour moi à cause de ce flou.

    Des abus de la part de qui? Des juges? C'est quand même douteux, non? Du genre, le policier se fait virer à cause de la vidéo et il fait une dépression, ça me semble implaidable (puisque la vidéo n'a pas été diffusée dans le but de nuire, la dépression a été une conséquence de la diffusion mais pas son objectif).

    L'amendement d'Éric Ciotti… Oui, bon, il y a des gens qui osent tout, voila. Il ne fait pas partie de la majorité, les amendements farfelus il y en a un paquet.

    Pas besoin d'une loi supplémentaire

    On est complètement d'accord. Mais la gesticulation politique est devenue la norme.

    Dans le fond, il me semble complètement idiot de limiter cette loi aux policiers et gendarmes, et même d'ailleurs aux fonctionnaires. Il me semblerait sain que d'une manière générale, il soit interdit de diffuser quoi que ce soit dans le but de nuire à l'intégrité physique ou psychique de qui que ce soit. Et ça tombe bien, parce que c'est déja plus ou moins le cas (même si je pense qu'il faut une qualification différente : atteinte à la vie privée, diffammation (qui inclut la volonté de nuire), etc).

  • [^] # Re: Histoire de savoir de quoi on parle vraiment...

    Posté par  . En réponse au journal Projet de loi "Sécurité Globale". Évalué à 6.

    D'ailleurs, ça me fait penser qu'il est interdit de diffuser sur un réseau social la vidéo d'une bavure policière :

    Article 222-33-3 du Code pénal:
    « Est constitutif d'un acte de complicité des atteintes volontaires à l'intégrité de la personne prévues par les articles 222-1 à 222-14-1 et 222-23 à 222-31 et 222-33 et est puni des peines prévues par ces articles le fait d'enregistrer sciemment, par quelque moyen que ce soit, sur tout support que ce soit, des images relatives à la commission de ces infractions.

    Le fait de diffuser l'enregistrement de telles images est puni de 5 ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende.

    Le présent article n'est pas applicable lorsque l'enregistrement ou la diffusion résulte de l'exercice normal d'une profession ayant pour objet d'informer le public ou est réalisé afin de servir de preuve en justice

    Du coup, si le principe était de condamner les gesn qui filment et diffusent les bavures, il semblerait beaucoup plus adéquat d'utiliser une loi existante (diffuser une agression revient à être complice de l'agression) plutôt que d'en inventer une qui ne permet pas du tout de poursuivre les gens qui diffusent les bavures.

  • # Histoire de savoir de quoi on parle vraiment...

    Posté par  . En réponse au journal Projet de loi "Sécurité Globale". Évalué à 10.

    Pour le coup, je me sens assez neutre sur la question. Cependant, je trouve que les détracteurs de cette loi préfèrent partir sur des grands discours («interdire au public de diffuser l’image de policiers»), qui ne me semblent pas correspondre au contenu du projet de loi. Donc, histoire qu'on sache de quoi il en retourne réellement:

    « Art. 35 quinquies. – Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police. »
    D'après ce que je comprends:
    * Il n'est pas interdit de filmer
    * Il est interdit de diffuser l'image "dans le but qu'il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique". Toutes les autres diffusions sont donc autorisées.

    Du coup, je ne vois pas en quoi ça aurait changé quoi que ce soit pour Benalla, puisque 1) Benalla n'est pas un fonctionnaire de police, 2) à ma connaissance, les images n'ont pas été diffusées pour porter atteinte à son intégrité.

    Comme c'est l'intention qui est sanctionnée ici, il me semble qu'aucune condamnation ne puisse être prononcée sans preuve de cette intention. Si la vidéo est accompagnée d'un commentaire du style «Dites-moi si vous connaissez ce keuf, on va lui faire la peau», alors oui, ça tombe sous le coup de la loi. Si vous diffusez avec un message qui dit «regardez ce que les Keufs ont fait à mon poto quand ils l'ont arrêté», il n'y a visiblement aucune volonté de nuire à l'intégrité des policiers, et ça me semble inattaquable.

    C'est sûr que c'est beaucoup plus facile de rebondir tout de suite sur l'idée qu'on est en train de voter une loi qui interdit aux gens de reporter des violences policières, mais ça ne me semble pas être le cas.

  • [^] # Re: Appliquer les règles de politesse habituelles?

    Posté par  . En réponse au journal Comment et quoi répondre aux invitations Zoom et Microsoft Team → vs Jitsi Meet. Évalué à 4.

    Pour Zoom, il me semble que l'utilisation du client web est une solution vraiment acceptable. En tout cas, le client fonctionne avec Firefox.

    Avec le temps, j'en suis venu à être de moins en moins demandeur envers les autres. L'utilisation du logiciel libre est avant tout un choix personnel; à quelques exceptions près, le logiciel libre se "paye"; soit on s'asseoit sur des fonctionnalités qu'ont les équivalents propriétaires, soit la configuration et l'installation sont plus compliquées… Difficile d'imposer ce choix aux autres, et en tant que prescripteur, on a forcément une responsabilité sur les ennuis et les dysfonctionnements.

    Évidemment, quand il faut échanger entre le monde du libre et le monde du proprio, ça peut coincer. Par exemple, quand le seul moyen d'échange est un fichier Excel, c'est gonflant. Mais c'est inutile d'attaquer directement. On ouvre le fichier avec LibreOffice, on modifie ce qu'on doit modifier, on le ré-enregistre au format .xls, et on l'envoie. L'autre va se recevoir un .xls tout corrompu, et il va gérer. S'il n'y arrive pas, là on pourra lui expliquer le problème.

    Pour revenir au but du journal, j'imagine que le plus constructif, c'est d'utiliser une solution libre quand on organise, et d'en parler brièvement. Avec un peu de chances, ça sera réutilisé.

    Il ne faut pas non plus oublier que les solutions proprio de visioconf assurent également l'infrastructure derrière, ce que ne fait pas le ll. On a client gratuit qui fonctionne très bien la plupart du temps, et on ne se pose pas de question. Bien sûr, c'est un procédé marketting pour "capturer" des clients potentiels, mais pour l'instant, la concurrence a l'air réelle, et la qualité (des clients et des services) est souvent acceptable. Parmi les logiciels proprio, je ne pense pas que Zoom soit le plus problématique (mais bon, on ne sait jamais non plus ce que ce genre de soft fait vraiment, surtout que son unique rôle est de balancer des millions de paquets sur le réseau…).

  • # Appliquer les règles de politesse habituelles?

    Posté par  . En réponse au journal Comment et quoi répondre aux invitations Zoom et Microsoft Team → vs Jitsi Meet. Évalué à 10. Dernière modification le 26 octobre 2020 à 11:02.

    Honnêtement, je ne pense pas qu'il faille se prendre la tête plus que nécessaire. D'une part, une règle tacite de politesse professionnelle veut que ça soit l'organisateur de la visioconf qui choisisse la solution logicielle. S'il y a peu de participants, il peut, s'il le souhaite, ouvrir la question ("Est-ce que zoom va à tout le monde?"). S'il ne le fait pas, alors c'est qu'il ne le souhaite pas. En fonction du contexte, on peut parfois échanger sur des points techniques (typiquement, Skype pro qui n'a pas de client pour Linux : "Est-ce qu'il serait possible d'envisager une solutioon alternative?"). S'il s'agit d'une visioconf où on est "demandeur" (négociation d'un contrat, entretien d'embauche…) ou qu'on demande du temps sans contrepartie (sisi, dans le milieu académique, c'est très courant), alors on cherche à emprunter un ordinateur sous Windows.

    D'autre part, quand on organise une visioconf, on peut choisir l'outil. Avec quand même, encore, une règle de politesse : on minimise la charge de travail sur les participants, donc soit on propose un client qui s'installe facilement sur tous les systèmes sans galère de dépendances ou de mises à jour, soit on propose une alternative en client web, de préférence sur un serveur qu'on héberge soi-même, histoire de contrôler les problèmes techniques.

    Quand c'est du perso, on fait ce qu'on veut. Mais on ne peut rien exiger non plus, et on est souvent amenés à gérer le service après-vente. Quand on demande du temps aux gens (organisation d'une AG pour une association, réunion quelconque), on essaye de leur faciliter la vie. Quand on rend service, on peut attendre un peu plus d'efforts (mais là encore, il faut que la solution technique soit irréprochable, si ça merdoie on va tout se prendre dans la tronche).

    Et si on trouve que c'est une compromission que d'accepter d'installer un logiciel proprio sur sa machine, alors on se crée un cercle d'amis très restreint qui partage exactement les mêmes valeurs. D'une manière générale, imposer ses choix de vie aux autres n'est vraiment pas compatible avec le vivre ensemble : quand on est invité à diner, on ne refuse pas de toucher son assiette si ça n'est pas du bio, quand on covoiture, on n'accepte pas de monter parce que ça n'est pas une électrique… C'est un peu la base d'une vie en société, quoi.

  • [^] # Re: Anecdote

    Posté par  . En réponse au journal Comment et quoi répondre aux invitations Zoom et Microsoft Team → vs Jitsi Meet. Évalué à 5.

    J'ai répondu à une offre de poste, entretien proposé par la RH d'un groupe de boites (petite structure).

    Faut bien doser, hein. Pour avoir fait récemment du recrutement en visio, tu te tapes l'après-midi à auditionner tes 5 candidats, si le quatrième est un petit malin qui essaye de t'expliquer la vie en imposant sa solution logicielle, ça risque de ne pas commencer sur une note très positive. Et il y a aussi intérêt à ce qu'il n'y ait absolument aucun problème technique. Ça dépend de plein de facteurs (quel poste, quel niveau technique du recruteur, quelle personnalité recherchée), mais ça peut avant tout montrer une mauvaise connaissance du contexte professionnel (y compris l'éventualité d'une limitation des solutions techniques autorisées).

  • [^] # Re: Justifier?

    Posté par  . En réponse au journal Comment et quoi répondre aux invitations Zoom et Microsoft Team → vs Jitsi Meet. Évalué à 8.

    Ouhla. Tenter de promouvoir le logiciel libre avec un argument du style "on choisira ce qui marche mieux out of the box"? Faut avoir la foi, quand même… Je ne prétends pas que le proprio marche du premier coup, surtout sous Linux, mais il ne faut pas nier la réalité.

  • [^] # Re: Phosphine ?

    Posté par  . En réponse au journal De la vie sur Vénus ?. Évalué à 4. Dernière modification le 20 septembre 2020 à 21:11.

    Non mais oui, mais bon, OK, dans Avatar aussi il y a une forme d'intelligence non-individuelle, et dans plein de films et de bouquins il y a des formes de vie liquides, gazeuses, ou immatérielles… Le fait que ça figure dans des oeuvres de fiction ne veut pas dire que ça peut exister de manière vraisemblable…

  • [^] # Re: Règlement anti-libéral?

    Posté par  . En réponse au lien La justice européenne confirme que le «trafic gratuit» enfreint les règles sur la neutralité du net. Évalué à 2.

    Il me semble que le paiement des accords de transit n'est pas l'objet de cette décision.

    Pas directement, mais l'objet de la décision reste celui des accords entre FAI et fournisseurs de contenu. Je ne vois pas comment les accords de transit ou autres accords impliquant des investissements en infrastructure (ça doit être par exemple aussi le cas des flux vidéo pour les box, non?) ne pourraient pas être affectés; j'imagine (j'ai peut-être tort parce que je ne suis pas de la partie) qu'il y a de nombreuses contreparties financières et matérielles contre un accès "zéro rating" ou une priorité de trafic, non?

    Je ne doute pas que ça soit une bonne décision qui privilégie la "concurrence libre et non faussée" et l'intérêt du consommateur, mais elle ne doit pas plaire à tout le monde.

  • # Règlement anti-libéral?

    Posté par  . En réponse au lien La justice européenne confirme que le «trafic gratuit» enfreint les règles sur la neutralité du net. Évalué à 8.

    C'est très intéressant. Ça confirme également à quel point les règlements européens ne sont pas ultra-libéraux, contrairement à ce que beaucoup de gens répètent sans comprendre. Ils sont profondément imprégnés d'ordolibéralisme (on peut probablement invoquer la dominance Allemande).

    Il faut bien voir à quel point de tels règlements s'opposent au fonctionnement "naturel" du capitalisme. Dans une économie complètement libérale, les entreprises sont libres de signer des contrats de partenariat qui les avantagent : Microsoft avec les assembleurs de machines pour fournir un OS préinstallé, un assureur avec un constructeur de voiture pour signer une police d'assurance en même temps que l'achat d'un véhicule, etc. Il est courant de lire que ce genre de partenariats nuit au consommateur, mais ça n'est pas si évident que ça (pour les non-geeks); pour preuve, la vente liée dans certains domaines n'est pas forcément condamnée par les tribunaux de commerce, parce que la preuve de la nuisance n'est pas convaincante (en fait, on prive les consommateurs avertis d'une liberté—toute relative, puisque la concurrence peut jouer à un autre niveau --, mais on fait bénéficier aux autres d'une offre commerciale et d'une facilité des démarches, qui est un service que certains consommateurs apprécient). Bref, tout ça pour dire qu'il semblerait naturel que les FAI et autres opérateurs puissent signer des contrats avec les grands sites consommateurs de bande passante, ce qui permettrait en particulier de financer les lourds investissements de connexion entre les data centers des sites et les noeuds des opérateurs (on se souvent de la bataille entre Free et Youtube).

    Il y a quand même une lecture alternative de cette décision : elle entérine le fait que c'est au consommateur (via le FAI ou l'opérateur téléphonique) de payer l'intégralité de la connexion jusqu'aux data centers des plateformes. N'est-ce pas un cadeau aux GAFAM, indirectement?

  • [^] # Re: Cas Covid

    Posté par  . En réponse au journal Covid, ah non pardon, plus important : le RGPD. Évalué à 2.

    Je crois que l'aspect psychologique, que cela soit par une atteinte neurologique directement liée au virus et/ou lié au contexte social (qui n'est pas à sous estimé non plus, loin de là) est quelque chose dont peu parlent.

    C'est peut-être lié au fait qu'il y encore beaucoup plus de gens qui n'ont pas eu le COVID que de gens qui l'ont eu. Du coup, l'angoisse de ceux qui ont peur de tomber malades prévaut sur l'angoisse des malades.

    Je n'avais pas réalisé, mais en effet, attrapper une maladie qui tue 1 malade sur 200, ça n'est pas forcément très rassurant. Bien sûr, rationnellement, quand on est plutôt jeune et en bonne santé, on devrait plutôt bien s'en sortir. Mais le cerveau humain a parfois du mal avec la rationnalité…

  • [^] # Re: Garde le papier !

    Posté par  . En réponse au journal Covid, ah non pardon, plus important : le RGPD. Évalué à -2.

    Je préfère vivre dans un monde où les gens meurent, plutôt que dans un monde où on aurait réformé la police. C’est criant d’égoïsme.

    Il a peut-être dépassé les 14 ans et a renoncé à s'épuiser à changer le monde? Je veux dire, c'est bien les gens qui veulent changer le monde, il y en a même parfois (de temps en temps, voire exceptionnellement) un qui réussit (un peu). Ça ne change pas le fait qu'il semble plutôt sain d'analyser sa place dans la société en partant du principe qu'on ne changera pas le monde, puisque c'est la situation la plus probable, et de loin.

    Ce n'est pas en traitant les gens rationnels d'égoïstes que tu soulageras ta frustration de vivre dans un monde dont tu n'aimes pas tous les aspects.

  • [^] # Re: Phosphine ?

    Posté par  . En réponse au journal De la vie sur Vénus ?. Évalué à 4.

    Honnêtement, je suis perplexe. Comment discuter de notre capacité à reconnaitre quelque chose sans discuter de l'apparence de cette chose?

    Il faut aussi évacuer le problème de notre capacité à observer cette autre forme de vie. Si c'est trop petit, transparent, dilué dans un liquide, bref, si on ne voit rien de spécial, alors on ne pourra pas la reconnaitre parce que simplement on n'a pas vu qu'il y avait quelque chose, mais c'est trivial et ça n'était probablement pas le sens de ta question.

    Il y a bien sûr la possibilité qu'une autre forme de vie soit très camouflée, par exemple par mimétisme pour échapper aux prédateurs. Mais là encore, il s'agit de passer à côté sans rien voir, ça n'est pas particulièrement étrange.

    Au contraire, j'aurais tendance à penser qu'en cas d'exploration, toute structure particulière qu'on n'a jamais vu ailleurs risque d'être étudiée avec beaucoup d'attention. On sait ce qu'il y a sur des planètes telluriques dépourvues de vie : des cailloux, du sable, etc. Si on tombe sur n'importe quoi qui ne ressemble pas à des cailloux ou du sable, ça va sauter aux yeux.

    Et dans l'autre sens, je n'arrive pas à concevoir qu'une civilisation qui disposerait d'une technologie permettant les voyages interstellaires puisse atterrir sur terre et ne pas voir quelque chose de bizarre. Genre "ah tiens c'est quoi ce truc vert par terre et c'est quoi ces trucs qui bougent partout". Voire, "ah tiens, pourquoi notre vaisseau rouille, il n'y aurait pas un truc oxydant dans l'atmosphère?". Alors on ne peut être sûrs de rien, mais je prends les paris qu'il est peu probable pour une civilisation qui explore une galaxie d'atterrir sur une planète foisonnant de vie macroscopique et de passer à côté, et ce, quelle que soit la chimie sur laquelle les extraterrestres reposent.

  • [^] # Re: Phosphine ?

    Posté par  . En réponse au journal De la vie sur Vénus ?. Évalué à 10.

    Mouais, c'est quand même pas gagné pour l'absence de carbone… Même en absence de vie, les molécules basées sur le carbone sont partout; le carbone est un des éléments les plus abondants dans l'univers, et c'est le seul à pouvoir faire 4 liaisons stables, des cycles aromatiques… On peut se demander comment n'importe quelle forme de chimie complexe pourrait éviter le carbone alors qu'il est très réactif et qu'il y en a partout.

    De toutes manières, on ne sait pas comment on pourrait reconnaitre une vie qui n'est pas apparentée à la seule forme de vie qu'on connait, donc pas besoin de se demander à quoi ressemblerait une vie sans carbone, sans oxygène, ou sans hydrogène.

    Après, on peut prendre le problème à l'envers. Si un ET atterrissait sur Terre, comment pourrait-il louper la vie? À moins d'atterrir en Antarctique ou dans un endroit vraiment étrange, il va atterrir sur de l'herbe, sur des arbres (ou sur une autoroute, mais on va dire qu'il arrive avant la civilisation humaine). Je veux dire, sur la seule planère qu'on connait où il y a de la vie, il y a de la vie absolument partout, on ne peut pas faire un mètre sans voir une forme de vie, marcher dessus, voire se faire bouffer ou parasiter. Même si on est très grand ou très petit, même si on atterrit en mer… Bref, tout ça pour dire qu'on se prend certainement la tête pour rien, si un jour on arrive sur un monde vivant, il est tout à fait possible qu'il y en ait partout et que la question ne se pose même pas.

  • [^] # Re: Je ne sais pas

    Posté par  . En réponse au journal Un expert en sécurité poursuivi en justice pour des articles sur des dysfonctionnements réels !. Évalué à 6.

    Le passage d'une certification n'est théoriquement qu'une formalité pour lui.

    Et du coup, ça lui donnerait une sorte de droit supérieur à ne pas devoir répondre de ses propos devant la justice? Je pense que personne ici ne peut affirmer qu'il n'y a pas de problème avec la certification; par contre, il a essayé de résoudre ça en envoyant une lettre mais en se plantant sur la forme (c'est son employeur le client, donc c'est à son employeur de faire appel), ça l'a foutu en rogne et il s'est vengé en racontant plein de trucs (vrais ou faux, ça n'est pas la question) pour nuire à la boîte de certification.

    Ça n'est ni le premier ni le dernier à se foirer sur un oral considéré comme "tout cuit"; il a le droit de ne pas être content, mais il a choisi une voie dangereuse pour le manifester, en partant dans une confrontation inéluctable et probablement pas à son avantage. En tout cas, il risque de se retrouver à payer encore plus. Comme il est parti sur une stratégie qui vise à crier à l'injustice, il ne peut plus s'arrêter : s'il est condamné, il va trouver que c'est encore plus injuste; si son employeur en a marre du bazar qu'il met, il va crier au harcèlement et à la censure… Ça va quand même très, très loin, pour au départ pas grand chose.

  • [^] # Re: Je ne sais pas

    Posté par  . En réponse au journal Un expert en sécurité poursuivi en justice pour des articles sur des dysfonctionnements réels !. Évalué à 3.

    Il me semble qu'on peut échapper à la condamnation, mais pas aux poursuites, c'est bien ça? C'est le juge qui décide.

  • [^] # Re: Je ne sais pas

    Posté par  . En réponse au journal Un expert en sécurité poursuivi en justice pour des articles sur des dysfonctionnements réels !. Évalué à 4.

    Mouais, bon, l'auteur du journal cite, très clairement, en italique, et demande "est-ce que vous avez des informations?", ce que je comprends comme une suspension du jugement.

    Au final, on ne lui fournit pas plus d'informations, mais on lui donne notre avis :-) Ce n'est pas ce qu'il demandait, mais il devra s'en contenter.

    Sur le fond, je maintiens que ce qu'il dénonce peut très bien être vrai (ou faux, je n'en sais rien), mais que la diffamation est manifeste : non seulement il dénigre la boîte, mais en plus il assume l'aspect malveillant (c'est en représailles). Après, on peut décider ou non de lui payer ses frais d'avocat, c'est une décision personnelle. Ça n'empêche pas que la version qu'il présente est un peu… orientée, et qu'à mon avis il risque de devoir payer plus que ses frais d'avocat.

    On peut regretter qu'en France la diffamation soit constituée indépendament du caractère véridique des faits dénoncés, mais c'est comme ça. C'est comme les insultes, si on traite de "gros débile" un obèse aux capacités mentales limitées, ou de "vieille pu*e" une péripapéticienne retraitée, on commet un délit quand même.

  • [^] # Re: Fascinant

    Posté par  . En réponse à la dépêche Stockfish 12 est sorti. Évalué à 3. Dernière modification le 10 septembre 2020 à 08:57.

    Suite à cette discussion, j'ai parcouru le papier publié dans Science en 2007 qui annonçait la résolution du jeu de dames (en nulle). Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris; c'est basé sur une analyse à l'envers (ils partent d'une base de fins de partie et remontent le jeu). J'imagine que tu dois pouvoir analyser les collisions entre les trajectoires nulles et les trajectoires de victoire pour les blancs par exemple, dès que ta trajectoire de victoire blanche rencontre une nulle, alors tu sais qu'à un moment, les noirs ont un coup qui fait nulle, et ça élimine la branche "victoire blanche". Ils ont de nombreuses ouvertures qui sont classées "nulle ou perte", ce qui semble confirmer qu'ils ont validé la résolution en nulle en montrant que les branches "gain blanc" rencontrent une nulle quelque part en remontant le jeu (et du coup, on ne peut pas savoir si c'est nul ou perdant).

    Notez que les dames sont "résolues" dans le sens où on connait le résultats quand les deux joueurs jouent parfaitement, mais je ne pense pas qu'il existe un programme parfait (qui joue parfaitement dans toutes les positions), parce que la stratégie de résolution est basée sur l'élimination de nombreuses branches.

    Pas sûr qu'on puisse utiliser cette stratégie pour les échecs, parce qu'aux échecs une partie peut se terminer avant la finale (et il existe donc de nombreuses fins de partie qui ne sont pas dans les tables), alors qu'aux dames, par définition, tous les gains se terminent quand il n'y a plus de pièces pour un camp. Pour les nulles, je pense que ça n'arrive également que lorsqu'il reste peu de pièces.

  • [^] # Re: Se faire l'avocat du diable...

    Posté par  . En réponse au journal Les pratiques commerciales de BouyguesTelecom. Évalué à 4.

    C'est un argument super-intéressant, parce que dans notre système moral la cupidité est "contagieuse", n'importe quelle action motivée par la cupidité est entâchée. Le meilleur exemple que je connaisse (que j'ai entendu par Mr Phi sur Youtube—super chaîne de philo au passage), c'est celui de l'action sur l'environnement. Si une entreprise relâche des cochonneries dans la nature pour gagner plus d'argent, on va dire qu'elle détruit l'environnement volontairement. Par contre, si une entreprise a son modèle économique basé sur quelque chose qui est favorable à l'environnement (par exemple une chaine de production de n'importe quoi qui, au passage, capture du CO2), alors on va penser que son action bénéfique sur l'environnement est involontaire (elle reste motivée par la cupidité). Cette asymétrie est quand même un peu problématique; soit les conséquences de la cupidité sont volontaires (et donc, typiquement, les emails publicitaires mentionnant en tout petit un changement de tarif sont à la fois motivés par la cupidité et malveillants), soit elles sont involontaires (la cupidité en elle-même justifie ces actions, pas besoin d'invoquer la malveillance). Mais si on considère que la malveillance est réelle, alors il faut aussi considérer qu'une action publicitaire respectueuse des droits des consommateurs est bienveillante (et c'est pas facile).

  • [^] # Re: Se faire l'avocat du diable...

    Posté par  . En réponse au journal Les pratiques commerciales de BouyguesTelecom. Évalué à 9.

    Situation idéale pour appliquer le rasoir de Hanlon : ne jamais tenter d'expliquer par la malveillance quelque chose qui peut s'expliquer par la stupidité.

    Je n'avais jamais réalisé que le rasoir de Hanlon se basait sur une hypothèse fondamentale : il y a plus de gens stupides que de gens malveillants. Et cette hypothèse m'a l'air d'une robustesse à toute épreuve; en fait, on connait peu de gens réellement malveillants (je veux dire, dont la malveillance n'est pas une conséquence de leur stupidité).

  • [^] # Re: Article L224-33

    Posté par  . En réponse au journal Les pratiques commerciales de BouyguesTelecom. Évalué à 4. Dernière modification le 09 septembre 2020 à 15:48.

    la non réponse devrait impliquer la rupture du contrat et non l'acceptation des modifications ;

    Alors là, bon courage, parce que les prix qui augmentent, c'est quand même courant. Du coup, tu vas te retrouver avec un abonnement résilié tous les deux ans (assurance, mobile, internet, électricité, eau, journal…) parce qu'il faut que tu confirmes à chaque fois?

    De toutes manières, l'imagination des commerciaux est sans limite quand il s'agit de t'empêcher de faire un choix éclairé en tant que consommateur. Conformément à la loi, ma banque m'envoie tous les ans ses conditions tarifaires, une liste de plusieurs centaines d'éléments dont j'ignore la signification pour la plupart, et dont je ne sais même pas s'ils me concernent (prix de l'offre A, de l'offre B, de l'offre AB, de l'offre AB+, de l'offre AB+famille…). Sans y passer trois ou quatre heures, aucun moyen de faire le bilan des frais bancaires de l'année précédente, et de comparer avec une estimation de l'année qui vient. Le choix éclairé est quasiment impossible, et pourtant, la loi est scrupuleusement respectée…

    une égalité de moyen entre la question et la réponse

    Si c'est juste une augmentation de prix inévitable, associée ou non à une modification de l'offre, on ne te demande pas ton avis. On te dit "les prix changent", et tu fais ce que tu veux avec ça. Si ça te va, tu restes, si ça ne te va pas, tu résilies.

    Je suis bien d'accord que la situation qui est la plus préoccupante est quand l'offre initiale reste disponible. Dans ce cas, j'ai l'impression qu'il y a une marge de manœuvre. Mais elle n'est pas grande, il suffit d'embrouiller un peu le chaland en renommant les offres, et paf, l'embrouille est difficilement détectable. Si on te dit "votre offre A à 5€ passe à l'offre B à 8€" mais que l'offre A à 5€ est toujours disponible, alors oui, l'opérateur a modifié ton contrat sans ton consentement. Mais ce qui va se passer, c'est que l'offre A à 5€ va devenir l'offre A+ à 8€ destinée aux clients privilégiés. Il existe aussi une offre C à 5€ pour les clients non-privilégiés, mais vous êtes sur le contrat A; pour passer à C, il faut résilier A.

    Pour bien remettre la complexité des choses à leur place, il faut se rappeler qu'un certain nombre d'opérateurs de téléphonie mobile s'étaient fait allumés il y a quelques années (avant l'arrivée de Free sur le marché, il me semble) pour ne pas avoir proposé à leurs clients des offres plus adaptées (en gros, ils facturaient énormément de hors-forfait alors qu'un changement de forfait aurait pu bénéficier aux clients). Du coup, les opérateurs doivent faire quoi? Basculer les clients automatiquement vers de nouvelles offres plus "avantageuses" (plus chères mais avec plus de services), ou les laisser sur des contrats anciens, quitte à leur faire payer plus cher les dépassements?

    (je ne veux pas défendre la pratique détestable de l'opt-out, mais simplement mettre en avant le fait qu'on n'est pas clairs sur ce qu'on demande aux opérateurs).