Mouais, j'ai du mal à détecter une quelconque idéologie libérale dans la réponse du ministère, mais plutôt un abandon argumenté de l'idée de contrôler la chaine logicielle, y compris pour les applications militaires. OK, avec du logiciel libre, tu as le code, mais qui va auditer le code? Entre les applications métier, les logiciels dédiés au matériel militaire, et toute l'administration et les services de communication, il doit y avoir des milliards de lignes de code à auditer, des milliers de logiciels à recompiler et à redistribuer… Sans compter que, pour être tout à fait pragmatique, auditer la chaîne logicielle ne te met pas à l'abri de failles matérielles qui sont encore plus difficiles à auditer, surtout quand la France n'a pas la capacité industrielle de produire ce matériel.
Du coup, la solution du logiciel propriétaire "standard" est un constat d'échec, mais ça serait se voiler les yeux de croire qu'en passant à du logiciel libre la situation serait plus contrôlée du point de vue de la sécurité.
Le reste (passage progressif au logiciel libre, désengagement vis-à-vis des grands industriels de l'informatique…) est le discours ambigü classique des gouvernements successifs, qui se donnent des objectifs idéalistes mais qui ne se donnent pas les moyens de les atteindre, avec en toile de fond l'idée que personne parmi les technocrates décideurs ne comprend réellement les enjeux.
Encore une fois, l'objectif principal de la SACEM est de veiller à ce qu'il soit impossible pour le plus grand nombre possible de demander une rétribution inférieure à ce qu'ils considèrent comme un «minimum syndical». Une vision «moderne» et libérale où chacun déciderait à sa sauce de ce qu'il faut payer pour écouter ou utiliser une œuvre, y compris ne rien payer du tout, est en opposition totale avec ce système. Je pense que pour les syndicats d'auteurs, le combat de la SPRE contre Jamendo/Saint Maclou est un combat profondément syndical et anti-libéral, et contre les «jaunes» qui bradent leur travail en dessous du minimum syndical. La musique libre pour la SACEM, c'est Über pour la CGT.
Mais du fait de l'évolution des modes de communication et de rémunération, la SACEM s'adapte lentement et fait peu à peu sauter quelques contraintes, sous pression de ses sociétaires qui ne comprennent pas forcément ces règles. Tout en restant profondément conservatrice quand même.
sachant qu'une licence libre n'est pas "libre de droit".
«Libre de droit» n'a pas de définition légale, on lui donne le sens qu'on veut bien. Et ça fait 30 ans que certains libristes font semblant de ne pas comprendre que le reste du monde utilise cette expression pour dire «peut être réutilisé sans payer l'auteur». Peut-être l'expression est-elle mal choisie, mais je trouve ça un peu ridicule de faire semblant de ne pas savoir que c'est l'expression consacrée pour dire que l'ayant droit ne veut/peut pas être rétribué pour ses droits patrimoniaux, soit parce que l'œuvre est dans le domaine public, soit parce que la licence de l'œuvre le permet.
Si j'ai bien compris, c'est encore moins «grave» que ça : c'est la redevance SPRE (rémunération équitable) que doit payer Saint Maclou, pas la rémunération au titre des droits d'auteur (la SACEM ne collecte pas ça quand aucun artiste n'est affilié au catalogue SACEM). Cette redevance serait aussi due par exemple si on ne diffusait que de la musique classique du domaine public.
C'est donc vraisemblablement Jamendo qui a merdé quand ses juristes ont estimé que cette redevance n'était pas d'actualité quand les artistes n'étaient pas au catalogue SACEM.
Ce que je ne comprends pas, c'est que la SACEM (société privée) collecte cette redevance pour la SPRE (société publique), qui en reverse une partie à la SPEDIDAM (société publique) qui est censée la redistribuer… Mais à qui, et selon quelles modalités? Est-ce que ça repasse systématiquement par la SACEM? Quel système bordélique quand même, où des sociétés publiques délèguent le sale boulot (comme de «convaincre» les commerçants à payer) à une société privée, la SACEM, qui a aussi pour tâche de redistribuer cet argent qu'elle a collecté aux auteurs qui y sont affiliés… Il y a des gros conflits d'intérêt bien moisis dans ce système.
Bah, l'adhésion à la SACEM est un contrat "classique" avec des clauses, si tu n'es pas d'accord avec ces clauses alors tu ne signes pas. Tu peux trouver ces clauses archaïques et rigides, mais la SACEM évolue aussi, par exemple en autorisant la diffusion de tes œuvres sur un site internet, ce qui n'était pas possible avant.
Est-ce qu'il y a des exemples de gens qui ont été radiés de la SACEM pour ne pas avoir respecté ces clauses? Je pense qu'encore une fois, à la base, ce n'est pas forcément une mauvaise intention : si par défaut toutes les œuvres des adhérents sont dans le catalogue SACEM, il est beaucoup moins probable d'avoir une mauvaise surprise (du style, un artiste a oublié de mettre une œuvre majeure dans le catalogue et paf, sous le nez les droits d'auteur). En plus, tu imagines le bordel s'il fallait identifier chaque œuvre du catalogue; ça parait quand même plus simple avec l'auteur, qui correspond directement à la personne à rétribuer. Ça n'est pas souple, mais ça correspond à un fonctionnement historique.
Tu as une source pour ça ? J'ai toujours vu le contraire !
Le site de la SACEM lui-même :
Si vous renoncez à votre contrat Sacem au profit d'un fournisseur de musique libre de droit, vous vous restreignez à l'utilisation exclusive de ce répertoire réduit et vous ne pourrez plus utiliser aucune autre source de diffusion de musique
Note que tu dois toujours payer la redevance SPRE (dont on parle ici). Pareil pour la musique classique : plus d'auteurs-compositeurs (domaine public), mais redevance SPRE (pour les droits voisins associés à l'enregistrement). C'est la SPEDIDAM qui les redistribue, et je ne sais pas comment on fait pour éventuellement récupérer cet argent sans passer par la SACEM.
Factuellement, c'est faux : tu n'es pas obligé d'adhérer si tu ne veux pas récupérer de l'argent.
Moi je ne trouverais pas ça normal.
Moi non plus, mais c'est très libéral de penser ça (chacun est libre de faire respecter ou non son droit d'auteur pas qui il veut). Le système de rémunération des auteurs a été conçu de manière à verrouiller le système pour qu'il ne soit pas possible d'y couper et ainsi protéger les auteurs de toute tentative de libéralisation du marché, et ça date de la fin du XIXe siècle.
Vois les systèmes de droits d'auteur comme un syndicat d'auteurs-compositeurs : il définit un prix minimum de rémunération de la musique, et tout individu qui se «vend» dans des conditions plus favorables est un traitre qu'il faut empêcher de nuire. C'est un peu équivalent à interdire à quelqu'un de toucher moins que le salaire minimum même s'il est d'accord : de quel droit l'État t'empêche de conclure un contrat de travail dans lequel tu trouves ton intérêt? On accepte quelque part un tel système ou la société sait «mieux que toi» ce qui est bon pour toi.
Le logiciel est venu bien plus tard, à un moment où la pensée libérale s'était suffisamment imposée pour que les éditeurs de logiciels ne ressentent pas le besoin de mettre en place un système étatique de redistribution du pognon : chaque boite, chaque éditeur défend ses fesses.
D'ailleurs, je m'autoréponds après avoir vérifié : depuis le début on raconte beaucoup de mer**. La question dont on discute sont les droits à payer à la SPRE (une société publique qui collecte la fameuse rémunération équitable). Il n'y a pas besoin de payer la SACEM (une société privée) quand on diffuse de la musique provenant d'artistes qui ne sont pas affiliés SACEM (ils sont chiants, il faut envoyer la liste des œuvres diffusées à l'avance etc, mais c'est possible).
Sur quelle base les artistes sont-ils lésés? La collecte de la rémunération équitable est déconnectée de la redistribution aux artistes, donc la SACEM ne pique pas l'argent qui aurait dû normalement revenir aux artistes (on dit la SACEM pour simplifier, mais la nuance est importante : la logistique de la collecte des droits pour les musiques d'ambiance etc se fait par une société privée, la SACEM, pour le compte de sociétés publiques(SPRE, SPEDIDAM, etc) qui les redistribuent aux auteurs).
Saint-Maclou est-il lésé? Un peu, mais ce n'est pas la SACEM qui l'a arnaqué, c'est plutôt Jamendo. Saint Maclou a probablement cru de bonne foi pouvoir payer moins que le tarif SACEM en faisant confiance à Jamendo.
Jamendo est-il lésé? Certainement, mais de la faute à qui? De ses juristes qui sont incapables de lire le code de la propriété intellectuelle? L'erreur est peut-être de bonne foi, mais elle est quand même assez grossière. Ou alors, Jamendo est parti volontairement sur une interprétation risquée, en imaginant ne jamais avoir de problème, ou en imaginant gagner ses procès. Visiblement, c'est raté.
Au final, dans l'affaire, on a juste mieux compris que la licence d'une œuvre ne permettait pas d'échapper à un système global de taxation de la diffusion de la musique. Mais je ne vois pas en quoi les artistes sont lésés : ils ont diffusé une œuvre sous une licence libre, cette licence a été respectée par toutes les parties prenantes. Les termes d'une licence ne permettent pas de se soustraire aux obligations légales, dont la réutilisation de ces œuvres a été soumise à la collecte d'une taxe au bénéfice des sociétés de gestion des droits. Les artistes n'avaient de toutes manières pas prévu de récolter cette taxe pour eux-mêmes, donc au final ça ne change rien pour eux. Comme le précise la cour de cassation, s'ils changent d'avis et veulent récupérer du pognon, ils peuvent toujours le faire en s'inscrivant à la SACEM.
Par contre, on a aussi appris qu'il était impossible pour une entreprise comme Jamendo de fonctionner en parallèle de la SACEM. Jamendo a le droit de fonctionner en plus de la SACEM (vendre ses catalogues et rétribuer éventuellement ses artistes), mais ça ne dispense pas les diffuseurs de cotiser. Du point de vue du droit, Jamendo s'est comporté comme une société de gestion des droits d'auteur, alors que cette activité est encadrée.
Je ne suis pas certain d'avoir la même interprétation du problème.
Au cœur de la discussion, il y a bien sûr le fait que la SACEM est en état de monopole sur la redistribution des droits. En particulier, elle collecte la "rémunération équitable" et la redistribue.
Au plan juridique, j'ai l'impression que l'interprétation de la cour de cassation est très solide. Comme on le dit depuis des dizaines d'années, le libre n'est pas incompatible avec le commerce. Ça l'est d'autant moins dans le cas présent que Jamendo proposait de rétribuer les artistes avec une partie de l'argent collecté par le contrat avec Saint Maclou. La licence, libre ou non, des œuvres, n'est donc pas un aspect substantiel du problème.
La légalité de l'activité de Jamendo n'a jamais non plus été remise en cause. Il est tout à fait légal de réaliser des catalogues de musiques, libres ou non, venant d'artistes affiliés ou non à la SACEM. Il est aussi légal de revendre ces catalogues. L'erreur de droit vient juste du fait que Jamendo avait pensé que le fait de diffuser des artistes non-affiliés à la SACEM dispensait de payer la "rémunération équitable". Quand on lit le code de la propriété intellectuelle, on peut se demander sur quelle base a été réalisée cette hypothèse : il est bien dit que la rémunération équitable est due dès qu'on diffuse ou utilise des enregistrements publiés à des fins de commerce. Ça donne presque l'impression que Jamendo a simplement pensé qu'il était logique que de diffuser des artistes non-affiliés SACEM les préservait de payer, ce qui me semble équivalent à imaginer, par exemple, que de ne jamais sortir ses poubelles rendait facultatif le payement de la taxe sur les poubelles, par exemple. Ça n'est pas illogique en soi, mais ça n'est juste pas prévu par la loi, et la logique juridique n'a pas grand chose à voir avec la logique quotidienne.
Sur le fond, la SACEM n'est qu'un syndicat monopolistique et très bien organisé, à la manière des grands syndicats du début du XXe siècle par exemple. Ces syndicats bloquaient toute possibilité de se passer d'eux, en faisait pression sur les employeurs et sur les pauvres gusses qui osaient demander moins que le tarif syndical. Et c'était très violent, on parle d'intimidations physiques, voire simplement d'élimination. La SACEM a le même mode de fonctionnement, elle défend les ayant-droits, et elle les défend même contre leur volonté, en rendant la vie impossible à ceux qui oseraient prétendre se passer d'eux.
C'est plus au niveau constitutionnel qu'il faudrait attaquer cette situation, par exemple en mettant en place un système parallèle et en constatant l'impossibilité de le faire. Pas évident face à un système aussi bien organisé…
Après une multitude d'expériences paranormales depuis l'enfance et un éveil étant jeune adulte servant d’électrochoc ( https://youtu.be/EVJ1vyH00RE?t=2752 ), j'ai créé le site ExoPortail pour traiter les informations les plus sensibles afin de participer à éclairer les gens sur le plus de thématiques possibles
Qui pourrait se traduire par:
«Ayant depuis l'enfance une imagination fertile et une incapacité à distinguer la réalité de la fiction, j'ai créé un site internet pour diffuser des informations fantaisistes et invérifiables de manière à contribuer à la dissémination de fausses nouvelles anxiogènes et de théories du complot dans tous les domaines».
À noter que ces pénuries sont dues, au moins en partie, au fait que certains tarifs négociés sont trop bas pour les industriels (c'est par exemple le cas des vaccins DTP trivalents, que plus personne ne veut plus produire). C'est quand même assez paradoxal de trouver des excuses à l'industrie pharmaceutique, qui reste une des industries les plus cyniques qui soient, mais quand on décide collectivement qu'une activité économique ne doit pas suivre les lois du marché pour des raisons éthiques ou de santé publique, il faut derrière faire super attention à la politique de fixation des prix et aux conditions dans lesquelles les exclusivités et les modalités de distribution sont négociées. Quand l'État est trop exigeant et a mal calculé son coup, le risque est que les produits ne soient plus vendus. À moins d'aller réquisitionner les unités de production, on voit mal comment on pourrait forcer un industriel à vendre un médicament s'il juge sa production pas assez rentable.
Pourquoi tant de haine envers les cours TED et MT180 ?
Parce que ça transforme la connaissance en un bien markettable comme un autre. Le but n'est pas de présenter une thèse intéressante, c'est de faire une présentation intéressante. Le fond n'a aucune importance, c'est seulement une question de forme.
MT180, c'est un casting TV, une sorte de danse avec les stars version étudiante. C'est pas grave, il y a tellement le temps de se livrer à de telles pitreries pendant la thèse, la science attendra…
Par ailleurs je ne vois pas très bien le rapport entre un cours magistral (le début de la conversation) et les conférences TED.
Le rapport, c'est que si le public attend des confs TED-like et que le prof se pointe et fait un vrai cours, les téléphones portables vont sortir et Facebook va chauffer. Ça ne serait pas grave si au final, tout le monde considérait que ces étudiants sont des veaux, qu'on leur a donné la chance d'apprendre des choses, et qu'ils ne l'ont pas saisie. Le problème, c'est que maintenant, c'est de la faute du prof : il ne fait pas de blagues, il ne fait monter personne sur scène, on reste deux heures à prendre des notes, c'est chiant, etc.
On a formé des générations de scientifiques brillants avec des cours chiants; qu'est-ce qu'on va former avec des TED talks?
Ceci dit, ne pourrait-on pas plutôt percevoir le premier paragraphe du journal comme une forme d'humour geignard, inscrit quelque part entre le complainte et l'auto-dérision. C'est du moins ce que laisse entendre l'hyperbole de cabale. Non ?
Je l'ai interprété de la même manière, mais je suis beaucoup moins bienveillant que toi sur les conséquences. Techniquement, ce que tu décris, c'est un comportement passif-agressif, ça met une ambiance très désagréable.
Concernant les rares MOOC que j'ai vus, grosso modo, c'est du cours magistral, ni plus ni moins, même s'il y a de la mise en scène. Bref, c'est une forme d'enseignement vieillie et complètement dépassée habillée des habits neufs de la technologie.
Pourquoi tant de haine envers les cours magistraux? Il s'agit d'une manière éprouvée de transmettre des connaissances qui a fait ses preuves pendant des siècles, je trouve ça assez prétentieux de les écarter d'un revers de la main sous prétexte que c'est une forme d'enseignement ancienne.
Suivre un cours magistral demande en effet un certain nombre de compétences : prise de note, concentration, motivation, travail personnel à côté du cours pour combler les lacunes sur les bases et répondre aux questions de curiosité. Mais le cours magistral reste d'une efficacité redoutable : excellent ratio élèves/maître, grosse densité d'informations, couverture cohérente et exhaustive d'un sujet à chaque cours, accès possible à des enseignants de grande qualité.
J'observe avec pas mal de tristesse un changement de paradigme sur la qualité de l'enseignement ; non seulement mettre l'accent sur la forme dessert forcément le fond (on le voit pas mal sur les fameuses vidéo Youtube, qui sont très distrayantes,fabriquées par des communicants, mais qui contiennent souvent des erreurs ou approximations, et qui ne vont jamais dans le fond des choses ou les détails techniques), mais surtout, on reproche aux enseignants l'incompétence de leur public à faire la seule chose qu'ils sont censés faire en cours : écouter et apprendre. Un cours chiant, ça reste un cours. Pourquoi faudrait-il veiller à satisfaire un public qui ne sait pas s'asseoir et écouter même quand il n'y a pas un rebondissement ou un effet visuel toutes les 30 secondes? Un cours d'amphi, ce n'est pas de la télé réalité, après tout. Cette boulimie de forme amène à des absurdités comme les TED Talks ou les présentations de style «ma thèse en 180 secondes», comme si s'adresser à un public érudit et intéressé était devenu impossible, et que le règne du spectacle avait aussi infecté le monde académique.
Il ne faut pas se le cacher, il y a un risque sérieux qu'une idéologie de classe se profile derrière ça. Aux pauvres (d'esprit) les TED talks et les formations Disney superficielles qui donnent l'impression de connaitre des concepts, afin de réserver la formation réelle (la vraie, avec des formules, des détails, des questions ouvertes) à une "élite" qui occupera les postes qui ne sont pas des bullshit jobs.
lorsque le match a eu lieu on savait deja que c’était pas de l'ia….
Tu n'as pas compris ce que j'ai écris. Dans les années 1960, on considérait qu'un ordinateur capable de battre un humain aux échecs serait une intelligence artificielle (un programme informatique capable de simuler une intelligence humaine). Quand tu dis «c'est de l'IA, ce n'est pas de l'IA», tu utilises une définition moderne de l'IA, basée sur des critères modernes (et périssables). Dans la définition initiale de l'IA (celle qui transparait du test de Turing, par exemple), seul le résultat compte (la capacité de donner les apparences de l'intelligence), pas la manière. Les gens qui ont bossé sur Deep Blue étaient des spécialistes de l'intelligence artificielle à l'époque.
deep blue analysait 200 millions de coups par seconde stockfish c'est 70 Millions et pourtant stockfish écraserait deep blue
Je ne vois pas où tu veux aller…
pour gary récemment lors d'un stream en direct dorfman secondant de kasparov a dit qu'a l'analyse ils avaient trouver comment annuler la 23ieme partie du match de 1987 et pourtant gary l'a perdue
Bon, alors tu fais probablement référence à la 2e partie du match de 1997 (pas facile de trouver des sources si les refs sont fausses), et je ne trouve rien sur Wikipédia qui n'atteste ton histoire. Kasparov rate bien le coup qui mène à l'échec perpétuel (il abandonne alors qu'il y avait possibilité de faire nulle), mais rien ne prouve qu'il n'a pas fait une erreur (un truc que les humains font parfois). S'il y a controverse sur cette partie, c'est que Kasparov a accusé l'équipe DeeperBlue d'avoir fait appel à un vrai joueur pour certains coups, sans pouvoir le prouver. Et un coup dans la partie (le coup 36) a énormément destabilisé Kasparov, parce qu'il s'agissait d'un bug dans le programme. Mais de toutes manières, même si la partie était truquée, ça n'aurait fait reculer la date fatidique que de quelques mois, et vu que Kasparov avait gagné le match d'avant et qu'un nouveau match lui aurait rapporté des sous, c'est difficile de comprendre pourquoi il aurait triché. En tout cas, la théorie de la tricherie est tout sauf établie, et ne semble pas très étayée ni crédible…
C'est le recul qui permet de dire ça. Pendant une période allant de 1950 à 1980, le jeu d'échec était considéré comme l'était le jeu de go depuis 1990 : trop profond et stratégique pour être à la portée d'un ordinateur. Depuis, le progrès matériel a permis des progrès immenses sur le calcul, et pouf, magiquement, on peut décider que ça n'est pas vraiment de l'IA. Mais bon, les limites de l'IA reculent au fur et à mesure des progrès matériels et logiciels—typiquement, des techniques de base de data mining ne sont plus considérées comme de l'IA, mais c'est juste parce qu'on repousse les limites de l'IA au fil des progrès…
certains pensent que garry ce serait fait payer pour perdre le match
Certains pensent qu'on n'a pas été sur la Lune…
il aurait mieux fallut mettre la victoire de alpha zero sur stockfish
Selon une définition moderne de l'IA, qui va probablement changer dans les prochaines années.
Après tout, un chatbot qui passerait le test de Turing à partir d'une immense bdd de conversations, on ne considèrerait pas ça comme de l'IA non plus, maintenant.
J'ai l'impression que si j'avais 11 ans et que je voulais un nouveau téléphone, j'aurais du mal à accepter tes arguments.
Tu commences avec l'argument d'autorité : les parents ont dit non, et il faut lui expliquer pédagogiquement. Ce n'est pas un débat dans lequel on échange des arguments, puisqu'il n'est pas question que les parents changent d'avis. Il suffit que les parents lui expliquent pourquoi ils ont dit non, et c'est comme ça. Le présenter comme un échange d'arguments est complètement fallacieux.
l'enfant semble du mal à comprendre l'importance de l'objet qu'il a dans les mains au quotidien.
J'ai l'impression que c'est le contraire : les parents semblent mal comprendre l'importance de l'objet. Il s'agit probablement de l'objet le plus important pour le gamin, il a une importance sociale (j'ai le nouvel iPhone et les copains ne l'ont pas), c'est avec cet objet qu'il joue, qu'il s'informe, qu'il communique, qu'il regarde l'heure; s'il est comme tous les gamins de 11 ans, il le consulte des centaines de fois par jour. Du coup, en effet, c'est l'objet le plus important qu'il possède. Souhaiter un téléphone avec de meilleures performances semble une demande assez légitime, étant donné l'importance de cet objet, et je ne vois pas comment tu pourrais le convaincre que ça n'est pas important de changer de téléphone.
un iPhone 6 d'occasion dont il prend soin, mais espère un iPhone 10 à Noël
Attention ici encore au raisonnement fallacieux. Il en prend soin, donc il n'a pas besoin d'un nouveau modèle, ça me semble assez injuste comme argument, et probablement insupportable pour un enfant de 11 ans. Ça sous-tend que s'il n'avait pas pris soin de son ancien téléphone, la demande de remplacement serait plus acceptable.
au moins les renseigner avec pédagogie
De les renseigner sur quoi, exactement? La plupart des adultes changent leur téléphone à une fréquence déraisonnable, et tu voudrais qu'un pré-ado se comporte de manière moins capricieuse qu'un adulte? Il faut se fixer des objectifs atteignables, par exemple, de choisir un modèle moins coûteux. Mais de prendre exemple sur tonton barbu Stinouff qui a encore son Motorola d'il y a 15 ans, c'est beaucoup en demander. Je trouverais plus pédagogique de lui montrer ton téléphone et de lui expliquer pourquoi tu ne l'as pas changé, plutôt que d'essayer de justifier une décision qui de toutes manières lui est imposée : il est jeune, il n'est pas stupide.
Est-ce que, par "organisation différente", tu insinues assuré par le privé ? Parce que si c'est le cas je ne suis pas d'accord avec toi.
Est-ce qu'une association, tu considères ça comme "le privé"? C'est de droit privé, en tout cas. Une association, ça pourrait bien marcher pour un certain nombre de missions de l'État (et d'ailleurs, c'est déja le cas pour un grand nombre de missions sociales).
Il y a une partie de cette réalité qui est biaisée par le fait que le secteur privé a droit à des avantages fiscaux (typiquement, baisses de charges sur les bas salaires, convention collective…), et qui font qu'à salaire égal, un fonctionnaire coûte plus cher. Mais tu peux retourner le problème dans tous les sens, les contraintes du fonctionnement d'une administration (typiquement, les comptes doivent être à zéro mi-novembre, et restent à zéro jusqu'à mi-février, absence de comptabilité analytique…) font que même avec la meilleure volonté du monde, tu ne peux pas être efficace : tu ne connais souvent pas ta masse salariale, et quand tu la connais ,tu ne la maitrises pas; tu ne connais souvent pas tes coûts d'infrastructure et tu ne les maitrises pas non plus, tu n'as souvent pas le contrôle de tes recrutements ni de la promotion de tes agents; avec les marchés publics tu n'as même pas le contrôle de tes fournisseurs. L'administration n'est juste pas conçue pour être efficace; le système date d'une époque où le coût et la qualité d'un service n'était pas pris en compte.
Ou encore comme la casse du service public en baissant son financement, qui le rend mauvais, qui justifie auprès de la population de tout privatiser.
Le problème, c'est que ça n'est qu'une hypothèse, qui est très très loin d'être démontrée, à ma connaissance. Ça demanderait des planifications machiavéliques sur plusieurs décennies, qui traversent les alternances des majorités politiques, de la part de "gens" non-identifiés qui sont à la tête d'un complot, et que tu appelles "on": les "politiques"? les "riches"? les "capitalistes"? Dans l'argumentaire contemporain anticapitaliste, tu remplaces "capitaliste" par "juif", et tu as exactement les arguments antisémites des années 1930. Si le raisonnement était moisi en 1930, ce n'est pas en remplaçant un mot qu'il n'est pas aussi moisi en 2020.
L'idée que l'État n'ait pas à assurer un service commercial qui pourrait être assuré par le secteur privé est une position politique et/ou idéologique, elle est assumée par le courant libéral. Le service public n'a pas besoin de baisse de financement pour être médiocre, ses problèmes sont avant tout organisationnels (cadres incompétents et recrutement inadapté, pas d'évaluation sur les résultats ni sur la qualité de service, lourdeur des règles administratives, chaine de commandement complexe et redondante…), et il est assez logique que toute activité non-régalienne pourrait être assurée à moindre coût avec une organisation différente. La position qui consisterait à vouloir augmenter éternellement le financement des services publics en espérant magiquement une augmentation de la qualité de service est au moins aussi absurde que l'idée que tu critiques. Il n'y a pas de solution facile pour que les services publics survivent au XXIe siècle, sinon ça se saurait. Mais en tout cas, pour bien connaitre le service public de l'intérieur, je peux t'assurer qu'il n'y a pas besoin qu'un complot de capitalistes le "rende mauvais" ; les cadres de la fonction publique arrivent très bien à le bousiller de l'intérieur, et ce, avec la meilleure volonté du monde.
Posté par arnaudus .
En réponse au journal Payez vos journaux.
Évalué à 10.
Dernière modification le 25 octobre 2019 à 18:03.
--> le problème vient des médias
Pas certain. Je ne suis pas certain du tout que le public souhaite une information neutre et factuelle. Pire encore : je pense que les gens qui crient le plus après les médias sont ceux qui souhaitent le moins possible une information neutre et factuelle.
Alors oui, il y a probablement un marché pour les journaux qui vont publier des enquêtes documentées qui montrent que le glyphosate ne pose pas de problème de santé publique, que les vaccins sont efficaces, que le nucléaire est probablement bien moins pire que les alternatives, que le chômage baisse quand on diminue la dépense publique, et que l'économie Américaine s'est rarement mieux portée que depuis que Trump est au pouvoir. Mais je ne pense pas que tu vendes beaucoup de journaux comme ça, simplement parce que la vérité(*) est souvent bien trop dérangeante pour qu'on accepte de s'y voir confronté quotidiennement.
Pour vendre des journaux, il faut vendre des journaux d'extrême droite qui sélectionnent des faits divers pour montrer que les étrangers sont violents, des journaux d'extrême gauche qui montrent à quel point les riches sont cyniques et que les entreprises trompent les citoyens, des journaux libéraux qui affirment que le réchauffement climatique n'est pas inquiétant et qu'il sera bien temps de changer de modèle économique quand ça sera rentable de vendre des voitures électriques… Bref, pour vendre des journaux, il faut vendre ce que les gens ont envie d'entendre.
Du coup, imaginer que les médias puissent fournir des informations factuelles et documentées, c'est imaginer que les gens sont prêts à payer pour lire ce qu'ils n'ont pas envie de lire. C'est pas gagné…
(*) je ne prétends pas que tout ce que j'ai écrit soit la vérité, bien entendu, c'est juste une liste d'exemple d'éléments probablement assez factuels et qui sont vraisemblablement vrais pour une partie d'entre eux. Je préfèrerais d'ailleurs que certains soient faux, mais c'est bien ça le problème, c'est que la réalité se fout pas mal de l'opinion des gens.
Tu te méprends complètement : il ne peut pas y avoir de moteur alternatif dans le monde de la recherche, au sens où tu auras toujours 95% de la population sur le même moteur, qui aura un pouvoir démesuré.
Et alors? Comment Google a-t-il acquis cette position dominante? Tu as connu l'époque où Google n'existait pas encore? Il y avait plein de moteurs de recherche, c'était l'époque de la première bulle internet, où tu levais des millions dès que tu avais réservé un nom de domaine avec deux oo qui se suivaient. Et ces moteurs, c'était de la m*** en branche. Lycos te ramenait n'importe quelle page sans aucun rapport avec ta requête, et il fallait rajouter "-$ -Pamela Anderson" dans altavista pour avoir quelque chose d'intéressant avant la 12e page de résultats. Sans déconner, Google s'est imposé parce qu'il arrivait avec une solution technique très supérieure à la concurrence, ainsi qu'une interface utilisable, et un modèle économique totalement nouveau.
Du coup, tout le monde cherche maintenant à atténuer les effets de la position monopolistique de Google, mais ce monopole n'a pas été construit sur rien. À l'heure actuelle, Google reste supérieur techniquement à beaucoup de ses concurrents. Et tout concurrent a le droit d'émerger. Tu veux être le moteur par défaut sur Firefox? Tu fais un gros chèque à Mozilla. Tu veux aggréger des contenus de presse? Tu fais une application sur mobile et tu fais un gros chèque aux opérateurs pour qu'ils l'installent par défaut sur les smartphones qu'ils distribuent à leurs abonnés. Tu veux que la loi te garantisse une part de marché que tu n'arrives pas à conquérir autrement? Tu fais un chèque à ton député. Tu ne veux pas payer, tu ne veux pas coder, tu veux vendre une solution pourrie et tu n'arrives pas à convaincre les gens de payer? Tu fais une campagne de dénigrement contre Google, parce que c'est certainement à cause de Google que tu coules.
Posté par arnaudus .
En réponse au journal Payez vos journaux.
Évalué à 10.
Dernière modification le 25 octobre 2019 à 17:34.
Le problème est que tout travail mérite salaire.
Balivernes. Le problème, c'est qu'il existe des gens qui pensent que «tout travail mérite salaire». Le sens originel de cette maxime est sain; quand tu demandes à quelqu'un de travailler, tu dois le payer pour ça. Mais, pour une raison que j'ai du mal à comprendre (stupidité ou mauvaise foi?), il semble que certains l'interprètent avec les pieds, en pensant qu'on doit se faire payer quand on effectue un travail que personne n'a demandé. C'est absurde, si je creuse un grand trou dans un jardin public, c'est beaucoup de travail, mais personne ne me l'a demandé, de quel droit exigerais-je un salaire?
Le deuxième point, c'est qu'on ne parle pas du tout de salaire, ici. On parle de facturation de services entre entreprises. Le salaire, c'est ce que les entreprises payent à leurs employés. Le fait que les entreprises se facturent des services, ça n'a rien à voir avec des salaires. C'est éventuellement avec ça que les entreprises payent les salaires, mais pas forcément, tout dépend du modèle économique. Typiquement, appliquer d'adage «tout travail mérite salaire» à la distribution du logiciel impliquerait qu'on doive forcément payer le logiciel libre… voire que le logiciel libre devrait être interdit. Je ne dois pas être le seul à penser ici qu'il y a quelque chose qui cloche profondément.
Dans le cas présent, la réaction de Google respecte l'esprit et la lettre de la loi, ça ne me pose aucun problème. Ce qui me pose problème, c'est l'ensemble des patrons de presse qui, dans le fond, ne souhaitent qu'une seule chose : que l'État arrive à trouver les moyens légaux de brancher une pompe à fric sur les comptes de Google pour que cette entreprise leur verse sans contrepartie le pognon qu'ils n'arrivent pas à gagner.
Est-ce que les vendeurs de voiture ont versé une partie de leurs bénéfices aux fabriquants de charettes à cheval? Pourtant, c'est bien parce qu'il y avait des voitures que personne n'achetait plus de charettes. C'est la même chose pour la presse, les journaux sont passés d'une époque où ils maitrisaient complètement leurs canaux de distribution (jusqu'à pouvoir imposer aux marchands de journaux la quantité d'exemplaires à mettre en rayon, y compris pour ceux qui ne vendaient pas un exemplaire) à une époque où ils ont complètement perdu cette maitrise en ayant loupé dans les grandes largeurs le virage d'internet. Bah voila, ils subissent, c'est uniquement leur faute et leur manque de clairvoyance, et pas la faute de Google.
Au final, on peut regretter qu'il existe des activités qui ont le potentiel d'être bénéfiques à la communauté (travail associatif, création artistique ou logicielle, aide familiale…) mais qui n'ont pas le modèle économique qui permet de payer des salaires (on peut penser à l'agriculture ou au journalisme d'investigation). Cet aspect du bénéfice à la communauté peut amener à la rétribution de ces activités par l'État; c'est par exemple le cas de la recherche scientifique. Il faut considérer les inconvénients associés (pilotage et manque d'indépendance, lourdeur et inertie de l'administration publique, charge pour le budget de l'État, évaluation de l'intérêt pour la communauté…). La presse est déja hyper-subventionnée, ils voudraient en plus que leur rôle important pour l'information du public leur donne le droit de toucher une partie des bénéfices de toute entreprise rentable? Ça me semble vraiment malsain.
Ce que je soulève (et je viens d'ailleurs de répondre à Zenitram en ce sens) c'est la débauche de moyens employés pour faire passer une information qui ne justifie que quelques lignes.
Mais la loi ne dit rien du tout sur la légitimité de la possession ou la comunication d'informations personnelles. Ils pourraient t'envoyer tes factures par un vol suborbital à 50 M$ que ça ne changerait rien.
D'abord, rien ne permet jusqu'à présent d'affirmer que l'URL est aléatoire — si ça se trouve, c'est juste un hash MD5 de mon numéro de client, ce qui ne m'étonnerait pas du tout!
Si ça se trouve c'est un hash du numéro de téléphone de la copine de la voisine de la tante du responsable informatique de la boîte additionné du nombre de secondes depuis le dernier 29 février. S'il n'y a pas moyen de le savoir, alors ça a les apparences de l'aléatoire. Et de toutes manières, tu spécules sur du vide.
On n'a visiblement pas la même perception du "risque"
Non, on n'a pas la même perception de la sécurité du dispositif. Considère que tes 32 caractères aléatoires est une sorte de mdp pour accéder à tes données personnelles.
[^] # Re: Sécurité hors de portée
Posté par arnaudus . En réponse au lien Réponse du Ministère des armées à la question écrite sur l'Open bar. Évalué à 8.
Mouais, j'ai du mal à détecter une quelconque idéologie libérale dans la réponse du ministère, mais plutôt un abandon argumenté de l'idée de contrôler la chaine logicielle, y compris pour les applications militaires. OK, avec du logiciel libre, tu as le code, mais qui va auditer le code? Entre les applications métier, les logiciels dédiés au matériel militaire, et toute l'administration et les services de communication, il doit y avoir des milliards de lignes de code à auditer, des milliers de logiciels à recompiler et à redistribuer… Sans compter que, pour être tout à fait pragmatique, auditer la chaîne logicielle ne te met pas à l'abri de failles matérielles qui sont encore plus difficiles à auditer, surtout quand la France n'a pas la capacité industrielle de produire ce matériel.
Du coup, la solution du logiciel propriétaire "standard" est un constat d'échec, mais ça serait se voiler les yeux de croire qu'en passant à du logiciel libre la situation serait plus contrôlée du point de vue de la sécurité.
Le reste (passage progressif au logiciel libre, désengagement vis-à-vis des grands industriels de l'informatique…) est le discours ambigü classique des gouvernements successifs, qui se donnent des objectifs idéalistes mais qui ne se donnent pas les moyens de les atteindre, avec en toile de fond l'idée que personne parmi les technocrates décideurs ne comprend réellement les enjeux.
[^] # Re: A mon avis, pour que ça aboutisse à ce stade ...
Posté par arnaudus . En réponse au journal Courrier à mon député : jugement rendu récemment sur la redevance sur la diffusion de musique libre. Évalué à 5. Dernière modification le 15 janvier 2020 à 08:14.
Encore une fois, l'objectif principal de la SACEM est de veiller à ce qu'il soit impossible pour le plus grand nombre possible de demander une rétribution inférieure à ce qu'ils considèrent comme un «minimum syndical». Une vision «moderne» et libérale où chacun déciderait à sa sauce de ce qu'il faut payer pour écouter ou utiliser une œuvre, y compris ne rien payer du tout, est en opposition totale avec ce système. Je pense que pour les syndicats d'auteurs, le combat de la SPRE contre Jamendo/Saint Maclou est un combat profondément syndical et anti-libéral, et contre les «jaunes» qui bradent leur travail en dessous du minimum syndical. La musique libre pour la SACEM, c'est Über pour la CGT.
Mais du fait de l'évolution des modes de communication et de rémunération, la SACEM s'adapte lentement et fait peu à peu sauter quelques contraintes, sous pression de ses sociétaires qui ne comprennent pas forcément ces règles. Tout en restant profondément conservatrice quand même.
[^] # Re: A mon avis, pour que ça aboutisse à ce stade ...
Posté par arnaudus . En réponse au journal Courrier à mon député : jugement rendu récemment sur la redevance sur la diffusion de musique libre. Évalué à 2.
«Libre de droit» n'a pas de définition légale, on lui donne le sens qu'on veut bien. Et ça fait 30 ans que certains libristes font semblant de ne pas comprendre que le reste du monde utilise cette expression pour dire «peut être réutilisé sans payer l'auteur». Peut-être l'expression est-elle mal choisie, mais je trouve ça un peu ridicule de faire semblant de ne pas savoir que c'est l'expression consacrée pour dire que l'ayant droit ne veut/peut pas être rétribué pour ses droits patrimoniaux, soit parce que l'œuvre est dans le domaine public, soit parce que la licence de l'œuvre le permet.
[^] # Re: Interprétation
Posté par arnaudus . En réponse au journal Courrier à mon député : jugement rendu récemment sur la redevance sur la diffusion de musique libre. Évalué à 10. Dernière modification le 14 janvier 2020 à 17:59.
Si j'ai bien compris, c'est encore moins «grave» que ça : c'est la redevance SPRE (rémunération équitable) que doit payer Saint Maclou, pas la rémunération au titre des droits d'auteur (la SACEM ne collecte pas ça quand aucun artiste n'est affilié au catalogue SACEM). Cette redevance serait aussi due par exemple si on ne diffusait que de la musique classique du domaine public.
C'est donc vraisemblablement Jamendo qui a merdé quand ses juristes ont estimé que cette redevance n'était pas d'actualité quand les artistes n'étaient pas au catalogue SACEM.
Ce que je ne comprends pas, c'est que la SACEM (société privée) collecte cette redevance pour la SPRE (société publique), qui en reverse une partie à la SPEDIDAM (société publique) qui est censée la redistribuer… Mais à qui, et selon quelles modalités? Est-ce que ça repasse systématiquement par la SACEM? Quel système bordélique quand même, où des sociétés publiques délèguent le sale boulot (comme de «convaincre» les commerçants à payer) à une société privée, la SACEM, qui a aussi pour tâche de redistribuer cet argent qu'elle a collecté aux auteurs qui y sont affiliés… Il y a des gros conflits d'intérêt bien moisis dans ce système.
[^] # Re: A mon avis, pour que ça aboutisse à ce stade ...
Posté par arnaudus . En réponse au journal Courrier à mon député : jugement rendu récemment sur la redevance sur la diffusion de musique libre. Évalué à 3.
Bah, l'adhésion à la SACEM est un contrat "classique" avec des clauses, si tu n'es pas d'accord avec ces clauses alors tu ne signes pas. Tu peux trouver ces clauses archaïques et rigides, mais la SACEM évolue aussi, par exemple en autorisant la diffusion de tes œuvres sur un site internet, ce qui n'était pas possible avant.
Est-ce qu'il y a des exemples de gens qui ont été radiés de la SACEM pour ne pas avoir respecté ces clauses? Je pense qu'encore une fois, à la base, ce n'est pas forcément une mauvaise intention : si par défaut toutes les œuvres des adhérents sont dans le catalogue SACEM, il est beaucoup moins probable d'avoir une mauvaise surprise (du style, un artiste a oublié de mettre une œuvre majeure dans le catalogue et paf, sous le nez les droits d'auteur). En plus, tu imagines le bordel s'il fallait identifier chaque œuvre du catalogue; ça parait quand même plus simple avec l'auteur, qui correspond directement à la personne à rétribuer. Ça n'est pas souple, mais ça correspond à un fonctionnement historique.
[^] # Re: A mon avis, pour que ça aboutisse à ce stade ...
Posté par arnaudus . En réponse au journal Courrier à mon député : jugement rendu récemment sur la redevance sur la diffusion de musique libre. Évalué à 4.
Le site de la SACEM lui-même :
Si vous renoncez à votre contrat Sacem au profit d'un fournisseur de musique libre de droit, vous vous restreignez à l'utilisation exclusive de ce répertoire réduit et vous ne pourrez plus utiliser aucune autre source de diffusion de musique
Note que tu dois toujours payer la redevance SPRE (dont on parle ici). Pareil pour la musique classique : plus d'auteurs-compositeurs (domaine public), mais redevance SPRE (pour les droits voisins associés à l'enregistrement). C'est la SPEDIDAM qui les redistribue, et je ne sais pas comment on fait pour éventuellement récupérer cet argent sans passer par la SACEM.
[^] # Re: A mon avis, pour que ça aboutisse à ce stade ...
Posté par arnaudus . En réponse au journal Courrier à mon député : jugement rendu récemment sur la redevance sur la diffusion de musique libre. Évalué à 3.
Factuellement, c'est faux : tu n'es pas obligé d'adhérer si tu ne veux pas récupérer de l'argent.
Moi non plus, mais c'est très libéral de penser ça (chacun est libre de faire respecter ou non son droit d'auteur pas qui il veut). Le système de rémunération des auteurs a été conçu de manière à verrouiller le système pour qu'il ne soit pas possible d'y couper et ainsi protéger les auteurs de toute tentative de libéralisation du marché, et ça date de la fin du XIXe siècle.
Vois les systèmes de droits d'auteur comme un syndicat d'auteurs-compositeurs : il définit un prix minimum de rémunération de la musique, et tout individu qui se «vend» dans des conditions plus favorables est un traitre qu'il faut empêcher de nuire. C'est un peu équivalent à interdire à quelqu'un de toucher moins que le salaire minimum même s'il est d'accord : de quel droit l'État t'empêche de conclure un contrat de travail dans lequel tu trouves ton intérêt? On accepte quelque part un tel système ou la société sait «mieux que toi» ce qui est bon pour toi.
Le logiciel est venu bien plus tard, à un moment où la pensée libérale s'était suffisamment imposée pour que les éditeurs de logiciels ne ressentent pas le besoin de mettre en place un système étatique de redistribution du pognon : chaque boite, chaque éditeur défend ses fesses.
[^] # Re: A mon avis, pour que ça aboutisse à ce stade ...
Posté par arnaudus . En réponse au journal Courrier à mon député : jugement rendu récemment sur la redevance sur la diffusion de musique libre. Évalué à 3.
D'ailleurs, je m'autoréponds après avoir vérifié : depuis le début on raconte beaucoup de mer**. La question dont on discute sont les droits à payer à la SPRE (une société publique qui collecte la fameuse rémunération équitable). Il n'y a pas besoin de payer la SACEM (une société privée) quand on diffuse de la musique provenant d'artistes qui ne sont pas affiliés SACEM (ils sont chiants, il faut envoyer la liste des œuvres diffusées à l'avance etc, mais c'est possible).
[^] # Re: A mon avis, pour que ça aboutisse à ce stade ...
Posté par arnaudus . En réponse au journal Courrier à mon député : jugement rendu récemment sur la redevance sur la diffusion de musique libre. Évalué à 5. Dernière modification le 14 janvier 2020 à 16:57.
Sur quelle base les artistes sont-ils lésés? La collecte de la rémunération équitable est déconnectée de la redistribution aux artistes, donc la SACEM ne pique pas l'argent qui aurait dû normalement revenir aux artistes (on dit la SACEM pour simplifier, mais la nuance est importante : la logistique de la collecte des droits pour les musiques d'ambiance etc se fait par une société privée, la SACEM, pour le compte de sociétés publiques(SPRE, SPEDIDAM, etc) qui les redistribuent aux auteurs).
Saint-Maclou est-il lésé? Un peu, mais ce n'est pas la SACEM qui l'a arnaqué, c'est plutôt Jamendo. Saint Maclou a probablement cru de bonne foi pouvoir payer moins que le tarif SACEM en faisant confiance à Jamendo.
Jamendo est-il lésé? Certainement, mais de la faute à qui? De ses juristes qui sont incapables de lire le code de la propriété intellectuelle? L'erreur est peut-être de bonne foi, mais elle est quand même assez grossière. Ou alors, Jamendo est parti volontairement sur une interprétation risquée, en imaginant ne jamais avoir de problème, ou en imaginant gagner ses procès. Visiblement, c'est raté.
Au final, dans l'affaire, on a juste mieux compris que la licence d'une œuvre ne permettait pas d'échapper à un système global de taxation de la diffusion de la musique. Mais je ne vois pas en quoi les artistes sont lésés : ils ont diffusé une œuvre sous une licence libre, cette licence a été respectée par toutes les parties prenantes. Les termes d'une licence ne permettent pas de se soustraire aux obligations légales, dont la réutilisation de ces œuvres a été soumise à la collecte d'une taxe au bénéfice des sociétés de gestion des droits. Les artistes n'avaient de toutes manières pas prévu de récolter cette taxe pour eux-mêmes, donc au final ça ne change rien pour eux. Comme le précise la cour de cassation, s'ils changent d'avis et veulent récupérer du pognon, ils peuvent toujours le faire en s'inscrivant à la SACEM.
Par contre, on a aussi appris qu'il était impossible pour une entreprise comme Jamendo de fonctionner en parallèle de la SACEM. Jamendo a le droit de fonctionner en plus de la SACEM (vendre ses catalogues et rétribuer éventuellement ses artistes), mais ça ne dispense pas les diffuseurs de cotiser. Du point de vue du droit, Jamendo s'est comporté comme une société de gestion des droits d'auteur, alors que cette activité est encadrée.
# Interprétation
Posté par arnaudus . En réponse au journal Courrier à mon député : jugement rendu récemment sur la redevance sur la diffusion de musique libre. Évalué à 10.
Je ne suis pas certain d'avoir la même interprétation du problème.
Au cœur de la discussion, il y a bien sûr le fait que la SACEM est en état de monopole sur la redistribution des droits. En particulier, elle collecte la "rémunération équitable" et la redistribue.
Au plan juridique, j'ai l'impression que l'interprétation de la cour de cassation est très solide. Comme on le dit depuis des dizaines d'années, le libre n'est pas incompatible avec le commerce. Ça l'est d'autant moins dans le cas présent que Jamendo proposait de rétribuer les artistes avec une partie de l'argent collecté par le contrat avec Saint Maclou. La licence, libre ou non, des œuvres, n'est donc pas un aspect substantiel du problème.
La légalité de l'activité de Jamendo n'a jamais non plus été remise en cause. Il est tout à fait légal de réaliser des catalogues de musiques, libres ou non, venant d'artistes affiliés ou non à la SACEM. Il est aussi légal de revendre ces catalogues. L'erreur de droit vient juste du fait que Jamendo avait pensé que le fait de diffuser des artistes non-affiliés à la SACEM dispensait de payer la "rémunération équitable". Quand on lit le code de la propriété intellectuelle, on peut se demander sur quelle base a été réalisée cette hypothèse : il est bien dit que la rémunération équitable est due dès qu'on diffuse ou utilise des enregistrements publiés à des fins de commerce. Ça donne presque l'impression que Jamendo a simplement pensé qu'il était logique que de diffuser des artistes non-affiliés SACEM les préservait de payer, ce qui me semble équivalent à imaginer, par exemple, que de ne jamais sortir ses poubelles rendait facultatif le payement de la taxe sur les poubelles, par exemple. Ça n'est pas illogique en soi, mais ça n'est juste pas prévu par la loi, et la logique juridique n'a pas grand chose à voir avec la logique quotidienne.
Sur le fond, la SACEM n'est qu'un syndicat monopolistique et très bien organisé, à la manière des grands syndicats du début du XXe siècle par exemple. Ces syndicats bloquaient toute possibilité de se passer d'eux, en faisait pression sur les employeurs et sur les pauvres gusses qui osaient demander moins que le tarif syndical. Et c'était très violent, on parle d'intimidations physiques, voire simplement d'élimination. La SACEM a le même mode de fonctionnement, elle défend les ayant-droits, et elle les défend même contre leur volonté, en rendant la vie impossible à ceux qui oseraient prétendre se passer d'eux.
C'est plus au niveau constitutionnel qu'il faudrait attaquer cette situation, par exemple en mettant en place un système parallèle et en constatant l'impossibilité de le faire. Pas évident face à un système aussi bien organisé…
[^] # Re: autre liens
Posté par arnaudus . En réponse au lien innocuité de la 5G ?. Évalué à 10.
En pied de page:
Qui pourrait se traduire par:
«Ayant depuis l'enfance une imagination fertile et une incapacité à distinguer la réalité de la fiction, j'ai créé un site internet pour diffuser des informations fantaisistes et invérifiables de manière à contribuer à la dissémination de fausses nouvelles anxiogènes et de théories du complot dans tous les domaines».
[^] # Re: 20 minutes?
Posté par arnaudus . En réponse au journal De l'importance de la précision. Évalué à 4.
Ça permet d'avoir accès gratuitement aux dépêches AFP, non?
[^] # Re: Brevets et arnaque
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Une victoire de l’éthique dans une guerre économique. Évalué à 7.
À noter que ces pénuries sont dues, au moins en partie, au fait que certains tarifs négociés sont trop bas pour les industriels (c'est par exemple le cas des vaccins DTP trivalents, que plus personne ne veut plus produire). C'est quand même assez paradoxal de trouver des excuses à l'industrie pharmaceutique, qui reste une des industries les plus cyniques qui soient, mais quand on décide collectivement qu'une activité économique ne doit pas suivre les lois du marché pour des raisons éthiques ou de santé publique, il faut derrière faire super attention à la politique de fixation des prix et aux conditions dans lesquelles les exclusivités et les modalités de distribution sont négociées. Quand l'État est trop exigeant et a mal calculé son coup, le risque est que les produits ne soient plus vendus. À moins d'aller réquisitionner les unités de production, on voit mal comment on pourrait forcer un industriel à vendre un médicament s'il juge sa production pas assez rentable.
[^] # Re: MOOC, pire forme d'éducation
Posté par arnaudus . En réponse au journal Open Education. Évalué à 8.
Parce que ça transforme la connaissance en un bien markettable comme un autre. Le but n'est pas de présenter une thèse intéressante, c'est de faire une présentation intéressante. Le fond n'a aucune importance, c'est seulement une question de forme.
MT180, c'est un casting TV, une sorte de danse avec les stars version étudiante. C'est pas grave, il y a tellement le temps de se livrer à de telles pitreries pendant la thèse, la science attendra…
Le rapport, c'est que si le public attend des confs TED-like et que le prof se pointe et fait un vrai cours, les téléphones portables vont sortir et Facebook va chauffer. Ça ne serait pas grave si au final, tout le monde considérait que ces étudiants sont des veaux, qu'on leur a donné la chance d'apprendre des choses, et qu'ils ne l'ont pas saisie. Le problème, c'est que maintenant, c'est de la faute du prof : il ne fait pas de blagues, il ne fait monter personne sur scène, on reste deux heures à prendre des notes, c'est chiant, etc.
On a formé des générations de scientifiques brillants avec des cours chiants; qu'est-ce qu'on va former avec des TED talks?
[^] # Re: Pas de Cabale, juste un état de fait
Posté par arnaudus . En réponse au journal Open Education. Évalué à 5.
Je l'ai interprété de la même manière, mais je suis beaucoup moins bienveillant que toi sur les conséquences. Techniquement, ce que tu décris, c'est un comportement passif-agressif, ça met une ambiance très désagréable.
[^] # Re: MOOC, pire forme d'éducation
Posté par arnaudus . En réponse au journal Open Education. Évalué à 10.
Pourquoi tant de haine envers les cours magistraux? Il s'agit d'une manière éprouvée de transmettre des connaissances qui a fait ses preuves pendant des siècles, je trouve ça assez prétentieux de les écarter d'un revers de la main sous prétexte que c'est une forme d'enseignement ancienne.
Suivre un cours magistral demande en effet un certain nombre de compétences : prise de note, concentration, motivation, travail personnel à côté du cours pour combler les lacunes sur les bases et répondre aux questions de curiosité. Mais le cours magistral reste d'une efficacité redoutable : excellent ratio élèves/maître, grosse densité d'informations, couverture cohérente et exhaustive d'un sujet à chaque cours, accès possible à des enseignants de grande qualité.
J'observe avec pas mal de tristesse un changement de paradigme sur la qualité de l'enseignement ; non seulement mettre l'accent sur la forme dessert forcément le fond (on le voit pas mal sur les fameuses vidéo Youtube, qui sont très distrayantes,fabriquées par des communicants, mais qui contiennent souvent des erreurs ou approximations, et qui ne vont jamais dans le fond des choses ou les détails techniques), mais surtout, on reproche aux enseignants l'incompétence de leur public à faire la seule chose qu'ils sont censés faire en cours : écouter et apprendre. Un cours chiant, ça reste un cours. Pourquoi faudrait-il veiller à satisfaire un public qui ne sait pas s'asseoir et écouter même quand il n'y a pas un rebondissement ou un effet visuel toutes les 30 secondes? Un cours d'amphi, ce n'est pas de la télé réalité, après tout. Cette boulimie de forme amène à des absurdités comme les TED Talks ou les présentations de style «ma thèse en 180 secondes», comme si s'adresser à un public érudit et intéressé était devenu impossible, et que le règne du spectacle avait aussi infecté le monde académique.
Il ne faut pas se le cacher, il y a un risque sérieux qu'une idéologie de classe se profile derrière ça. Aux pauvres (d'esprit) les TED talks et les formations Disney superficielles qui donnent l'impression de connaitre des concepts, afin de réserver la formation réelle (la vraie, avec des formules, des détails, des questions ouvertes) à une "élite" qui occupera les postes qui ne sont pas des bullshit jobs.
[^] # Re: Deep blue
Posté par arnaudus . En réponse au journal Les humains sont battus à StarCraft 2 par un logiciel qui regarde le jeu avec une caméra. Évalué à 6.
Tu n'as pas compris ce que j'ai écris. Dans les années 1960, on considérait qu'un ordinateur capable de battre un humain aux échecs serait une intelligence artificielle (un programme informatique capable de simuler une intelligence humaine). Quand tu dis «c'est de l'IA, ce n'est pas de l'IA», tu utilises une définition moderne de l'IA, basée sur des critères modernes (et périssables). Dans la définition initiale de l'IA (celle qui transparait du test de Turing, par exemple), seul le résultat compte (la capacité de donner les apparences de l'intelligence), pas la manière. Les gens qui ont bossé sur Deep Blue étaient des spécialistes de l'intelligence artificielle à l'époque.
Je ne vois pas où tu veux aller…
Bon, alors tu fais probablement référence à la 2e partie du match de 1997 (pas facile de trouver des sources si les refs sont fausses), et je ne trouve rien sur Wikipédia qui n'atteste ton histoire. Kasparov rate bien le coup qui mène à l'échec perpétuel (il abandonne alors qu'il y avait possibilité de faire nulle), mais rien ne prouve qu'il n'a pas fait une erreur (un truc que les humains font parfois). S'il y a controverse sur cette partie, c'est que Kasparov a accusé l'équipe DeeperBlue d'avoir fait appel à un vrai joueur pour certains coups, sans pouvoir le prouver. Et un coup dans la partie (le coup 36) a énormément destabilisé Kasparov, parce qu'il s'agissait d'un bug dans le programme. Mais de toutes manières, même si la partie était truquée, ça n'aurait fait reculer la date fatidique que de quelques mois, et vu que Kasparov avait gagné le match d'avant et qu'un nouveau match lui aurait rapporté des sous, c'est difficile de comprendre pourquoi il aurait triché. En tout cas, la théorie de la tricherie est tout sauf établie, et ne semble pas très étayée ni crédible…
[^] # Re: Deep blue
Posté par arnaudus . En réponse au journal Les humains sont battus à StarCraft 2 par un logiciel qui regarde le jeu avec une caméra. Évalué à 7. Dernière modification le 04 novembre 2019 à 10:56.
C'est le recul qui permet de dire ça. Pendant une période allant de 1950 à 1980, le jeu d'échec était considéré comme l'était le jeu de go depuis 1990 : trop profond et stratégique pour être à la portée d'un ordinateur. Depuis, le progrès matériel a permis des progrès immenses sur le calcul, et pouf, magiquement, on peut décider que ça n'est pas vraiment de l'IA. Mais bon, les limites de l'IA reculent au fur et à mesure des progrès matériels et logiciels—typiquement, des techniques de base de data mining ne sont plus considérées comme de l'IA, mais c'est juste parce qu'on repousse les limites de l'IA au fil des progrès…
Certains pensent qu'on n'a pas été sur la Lune…
Selon une définition moderne de l'IA, qui va probablement changer dans les prochaines années.
Après tout, un chatbot qui passerait le test de Turing à partir d'une immense bdd de conversations, on ne considèrerait pas ça comme de l'IA non plus, maintenant.
# Déja, faire le point avec tes arguments?
Posté par arnaudus . En réponse au message Enseigner à un enfant...l'obsolescence ?. Évalué à 7.
J'ai l'impression que si j'avais 11 ans et que je voulais un nouveau téléphone, j'aurais du mal à accepter tes arguments.
Tu commences avec l'argument d'autorité : les parents ont dit non, et il faut lui expliquer pédagogiquement. Ce n'est pas un débat dans lequel on échange des arguments, puisqu'il n'est pas question que les parents changent d'avis. Il suffit que les parents lui expliquent pourquoi ils ont dit non, et c'est comme ça. Le présenter comme un échange d'arguments est complètement fallacieux.
J'ai l'impression que c'est le contraire : les parents semblent mal comprendre l'importance de l'objet. Il s'agit probablement de l'objet le plus important pour le gamin, il a une importance sociale (j'ai le nouvel iPhone et les copains ne l'ont pas), c'est avec cet objet qu'il joue, qu'il s'informe, qu'il communique, qu'il regarde l'heure; s'il est comme tous les gamins de 11 ans, il le consulte des centaines de fois par jour. Du coup, en effet, c'est l'objet le plus important qu'il possède. Souhaiter un téléphone avec de meilleures performances semble une demande assez légitime, étant donné l'importance de cet objet, et je ne vois pas comment tu pourrais le convaincre que ça n'est pas important de changer de téléphone.
Attention ici encore au raisonnement fallacieux. Il en prend soin, donc il n'a pas besoin d'un nouveau modèle, ça me semble assez injuste comme argument, et probablement insupportable pour un enfant de 11 ans. Ça sous-tend que s'il n'avait pas pris soin de son ancien téléphone, la demande de remplacement serait plus acceptable.
De les renseigner sur quoi, exactement? La plupart des adultes changent leur téléphone à une fréquence déraisonnable, et tu voudrais qu'un pré-ado se comporte de manière moins capricieuse qu'un adulte? Il faut se fixer des objectifs atteignables, par exemple, de choisir un modèle moins coûteux. Mais de prendre exemple sur tonton barbu Stinouff qui a encore son Motorola d'il y a 15 ans, c'est beaucoup en demander. Je trouverais plus pédagogique de lui montrer ton téléphone et de lui expliquer pourquoi tu ne l'as pas changé, plutôt que d'essayer de justifier une décision qui de toutes manières lui est imposée : il est jeune, il n'est pas stupide.
[^] # Re: Duplicité
Posté par arnaudus . En réponse au journal Payez vos journaux. Évalué à 2.
Est-ce qu'une association, tu considères ça comme "le privé"? C'est de droit privé, en tout cas. Une association, ça pourrait bien marcher pour un certain nombre de missions de l'État (et d'ailleurs, c'est déja le cas pour un grand nombre de missions sociales).
Il y a une partie de cette réalité qui est biaisée par le fait que le secteur privé a droit à des avantages fiscaux (typiquement, baisses de charges sur les bas salaires, convention collective…), et qui font qu'à salaire égal, un fonctionnaire coûte plus cher. Mais tu peux retourner le problème dans tous les sens, les contraintes du fonctionnement d'une administration (typiquement, les comptes doivent être à zéro mi-novembre, et restent à zéro jusqu'à mi-février, absence de comptabilité analytique…) font que même avec la meilleure volonté du monde, tu ne peux pas être efficace : tu ne connais souvent pas ta masse salariale, et quand tu la connais ,tu ne la maitrises pas; tu ne connais souvent pas tes coûts d'infrastructure et tu ne les maitrises pas non plus, tu n'as souvent pas le contrôle de tes recrutements ni de la promotion de tes agents; avec les marchés publics tu n'as même pas le contrôle de tes fournisseurs. L'administration n'est juste pas conçue pour être efficace; le système date d'une époque où le coût et la qualité d'un service n'était pas pris en compte.
[^] # Re: Duplicité
Posté par arnaudus . En réponse au journal Payez vos journaux. Évalué à -1.
Le problème, c'est que ça n'est qu'une hypothèse, qui est très très loin d'être démontrée, à ma connaissance. Ça demanderait des planifications machiavéliques sur plusieurs décennies, qui traversent les alternances des majorités politiques, de la part de "gens" non-identifiés qui sont à la tête d'un complot, et que tu appelles "on": les "politiques"? les "riches"? les "capitalistes"? Dans l'argumentaire contemporain anticapitaliste, tu remplaces "capitaliste" par "juif", et tu as exactement les arguments antisémites des années 1930. Si le raisonnement était moisi en 1930, ce n'est pas en remplaçant un mot qu'il n'est pas aussi moisi en 2020.
L'idée que l'État n'ait pas à assurer un service commercial qui pourrait être assuré par le secteur privé est une position politique et/ou idéologique, elle est assumée par le courant libéral. Le service public n'a pas besoin de baisse de financement pour être médiocre, ses problèmes sont avant tout organisationnels (cadres incompétents et recrutement inadapté, pas d'évaluation sur les résultats ni sur la qualité de service, lourdeur des règles administratives, chaine de commandement complexe et redondante…), et il est assez logique que toute activité non-régalienne pourrait être assurée à moindre coût avec une organisation différente. La position qui consisterait à vouloir augmenter éternellement le financement des services publics en espérant magiquement une augmentation de la qualité de service est au moins aussi absurde que l'idée que tu critiques. Il n'y a pas de solution facile pour que les services publics survivent au XXIe siècle, sinon ça se saurait. Mais en tout cas, pour bien connaitre le service public de l'intérieur, je peux t'assurer qu'il n'y a pas besoin qu'un complot de capitalistes le "rende mauvais" ; les cadres de la fonction publique arrivent très bien à le bousiller de l'intérieur, et ce, avec la meilleure volonté du monde.
[^] # Re: Référencement
Posté par arnaudus . En réponse au journal Payez vos journaux. Évalué à 10. Dernière modification le 25 octobre 2019 à 18:03.
Pas certain. Je ne suis pas certain du tout que le public souhaite une information neutre et factuelle. Pire encore : je pense que les gens qui crient le plus après les médias sont ceux qui souhaitent le moins possible une information neutre et factuelle.
Alors oui, il y a probablement un marché pour les journaux qui vont publier des enquêtes documentées qui montrent que le glyphosate ne pose pas de problème de santé publique, que les vaccins sont efficaces, que le nucléaire est probablement bien moins pire que les alternatives, que le chômage baisse quand on diminue la dépense publique, et que l'économie Américaine s'est rarement mieux portée que depuis que Trump est au pouvoir. Mais je ne pense pas que tu vendes beaucoup de journaux comme ça, simplement parce que la vérité(*) est souvent bien trop dérangeante pour qu'on accepte de s'y voir confronté quotidiennement.
Pour vendre des journaux, il faut vendre des journaux d'extrême droite qui sélectionnent des faits divers pour montrer que les étrangers sont violents, des journaux d'extrême gauche qui montrent à quel point les riches sont cyniques et que les entreprises trompent les citoyens, des journaux libéraux qui affirment que le réchauffement climatique n'est pas inquiétant et qu'il sera bien temps de changer de modèle économique quand ça sera rentable de vendre des voitures électriques… Bref, pour vendre des journaux, il faut vendre ce que les gens ont envie d'entendre.
Du coup, imaginer que les médias puissent fournir des informations factuelles et documentées, c'est imaginer que les gens sont prêts à payer pour lire ce qu'ils n'ont pas envie de lire. C'est pas gagné…
(*) je ne prétends pas que tout ce que j'ai écrit soit la vérité, bien entendu, c'est juste une liste d'exemple d'éléments probablement assez factuels et qui sont vraisemblablement vrais pour une partie d'entre eux. Je préfèrerais d'ailleurs que certains soient faux, mais c'est bien ça le problème, c'est que la réalité se fout pas mal de l'opinion des gens.
[^] # Re: J'ai l'impression que tu mélanges un peu tout dans ton journal.
Posté par arnaudus . En réponse au journal Payez vos journaux. Évalué à 4.
Et alors? Comment Google a-t-il acquis cette position dominante? Tu as connu l'époque où Google n'existait pas encore? Il y avait plein de moteurs de recherche, c'était l'époque de la première bulle internet, où tu levais des millions dès que tu avais réservé un nom de domaine avec deux oo qui se suivaient. Et ces moteurs, c'était de la m*** en branche. Lycos te ramenait n'importe quelle page sans aucun rapport avec ta requête, et il fallait rajouter "-$ -Pamela Anderson" dans altavista pour avoir quelque chose d'intéressant avant la 12e page de résultats. Sans déconner, Google s'est imposé parce qu'il arrivait avec une solution technique très supérieure à la concurrence, ainsi qu'une interface utilisable, et un modèle économique totalement nouveau.
Du coup, tout le monde cherche maintenant à atténuer les effets de la position monopolistique de Google, mais ce monopole n'a pas été construit sur rien. À l'heure actuelle, Google reste supérieur techniquement à beaucoup de ses concurrents. Et tout concurrent a le droit d'émerger. Tu veux être le moteur par défaut sur Firefox? Tu fais un gros chèque à Mozilla. Tu veux aggréger des contenus de presse? Tu fais une application sur mobile et tu fais un gros chèque aux opérateurs pour qu'ils l'installent par défaut sur les smartphones qu'ils distribuent à leurs abonnés. Tu veux que la loi te garantisse une part de marché que tu n'arrives pas à conquérir autrement? Tu fais un chèque à ton député. Tu ne veux pas payer, tu ne veux pas coder, tu veux vendre une solution pourrie et tu n'arrives pas à convaincre les gens de payer? Tu fais une campagne de dénigrement contre Google, parce que c'est certainement à cause de Google que tu coules.
[^] # Re: Mouais
Posté par arnaudus . En réponse au journal Payez vos journaux. Évalué à 10. Dernière modification le 25 octobre 2019 à 17:34.
Balivernes. Le problème, c'est qu'il existe des gens qui pensent que «tout travail mérite salaire». Le sens originel de cette maxime est sain; quand tu demandes à quelqu'un de travailler, tu dois le payer pour ça. Mais, pour une raison que j'ai du mal à comprendre (stupidité ou mauvaise foi?), il semble que certains l'interprètent avec les pieds, en pensant qu'on doit se faire payer quand on effectue un travail que personne n'a demandé. C'est absurde, si je creuse un grand trou dans un jardin public, c'est beaucoup de travail, mais personne ne me l'a demandé, de quel droit exigerais-je un salaire?
Le deuxième point, c'est qu'on ne parle pas du tout de salaire, ici. On parle de facturation de services entre entreprises. Le salaire, c'est ce que les entreprises payent à leurs employés. Le fait que les entreprises se facturent des services, ça n'a rien à voir avec des salaires. C'est éventuellement avec ça que les entreprises payent les salaires, mais pas forcément, tout dépend du modèle économique. Typiquement, appliquer d'adage «tout travail mérite salaire» à la distribution du logiciel impliquerait qu'on doive forcément payer le logiciel libre… voire que le logiciel libre devrait être interdit. Je ne dois pas être le seul à penser ici qu'il y a quelque chose qui cloche profondément.
Dans le cas présent, la réaction de Google respecte l'esprit et la lettre de la loi, ça ne me pose aucun problème. Ce qui me pose problème, c'est l'ensemble des patrons de presse qui, dans le fond, ne souhaitent qu'une seule chose : que l'État arrive à trouver les moyens légaux de brancher une pompe à fric sur les comptes de Google pour que cette entreprise leur verse sans contrepartie le pognon qu'ils n'arrivent pas à gagner.
Est-ce que les vendeurs de voiture ont versé une partie de leurs bénéfices aux fabriquants de charettes à cheval? Pourtant, c'est bien parce qu'il y avait des voitures que personne n'achetait plus de charettes. C'est la même chose pour la presse, les journaux sont passés d'une époque où ils maitrisaient complètement leurs canaux de distribution (jusqu'à pouvoir imposer aux marchands de journaux la quantité d'exemplaires à mettre en rayon, y compris pour ceux qui ne vendaient pas un exemplaire) à une époque où ils ont complètement perdu cette maitrise en ayant loupé dans les grandes largeurs le virage d'internet. Bah voila, ils subissent, c'est uniquement leur faute et leur manque de clairvoyance, et pas la faute de Google.
Au final, on peut regretter qu'il existe des activités qui ont le potentiel d'être bénéfiques à la communauté (travail associatif, création artistique ou logicielle, aide familiale…) mais qui n'ont pas le modèle économique qui permet de payer des salaires (on peut penser à l'agriculture ou au journalisme d'investigation). Cet aspect du bénéfice à la communauté peut amener à la rétribution de ces activités par l'État; c'est par exemple le cas de la recherche scientifique. Il faut considérer les inconvénients associés (pilotage et manque d'indépendance, lourdeur et inertie de l'administration publique, charge pour le budget de l'État, évaluation de l'intérêt pour la communauté…). La presse est déja hyper-subventionnée, ils voudraient en plus que leur rôle important pour l'information du public leur donne le droit de toucher une partie des bénéfices de toute entreprise rentable? Ça me semble vraiment malsain.
[^] # Re: Objectivité
Posté par arnaudus . En réponse au journal Les cons? ça ose tout!. Évalué à 5.
Mais la loi ne dit rien du tout sur la légitimité de la possession ou la comunication d'informations personnelles. Ils pourraient t'envoyer tes factures par un vol suborbital à 50 M$ que ça ne changerait rien.
Si ça se trouve c'est un hash du numéro de téléphone de la copine de la voisine de la tante du responsable informatique de la boîte additionné du nombre de secondes depuis le dernier 29 février. S'il n'y a pas moyen de le savoir, alors ça a les apparences de l'aléatoire. Et de toutes manières, tu spécules sur du vide.
Non, on n'a pas la même perception de la sécurité du dispositif. Considère que tes 32 caractères aléatoires est une sorte de mdp pour accéder à tes données personnelles.