Journal Hacking d'une machine à pain

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sept.
2022

Sommaire

Bonsoir,

Voici un journal pour partager mon expérience de "hacking" d'une machine à pain.

Le problème (ma vie en 3D)

On a acheté une machine à pain il y a un peu plus d'un an. Comme on ne savait pas si on serait assez motivés et satisfaits du résultat, on a opté pour une machine assez basique (20 € d'occasion). Finalement, on s'en sert pas mal pour faire des pains et brioches avec notre levain maison. Le souci c'est que les programmes prédéfinis de la machine ne conviennent plus très bien à notre levain ces derniers temps. Il y a bien un programme spécifique pour le pain au levain, mais notre levain a tendance à monter un peu trop rapidement et le pain retombe avant la cuisson… Les autres programmes sont au contraire trop courts et la machine à pain ne permet pas de définir un programme personnalisé.

La solution temporaire qu'on a trouvé c'est de lancer un programme long et de l'arrêter avant la fin pour lancer la cuisson plus tôt (heureusement il y a un programme cuisson seule). Mais l'intérêt d'une machine à pain c'est de pouvoir mettre les ingrédients, lancer le programme et récupérer le pain à la fin… C'est moins pratique de devoir intervenir au milieu du programme.

L'idée utopique

J'ai ouvert une première fois la machine avec la naïveté d'espérer que :

  • il y ait une puce genre eeprom quelque part,
  • je réussisse à lire le contenu de la puce et extraire / décompiler le code,
  • je puisse modifier les recettes, recompiler et réécrire sur la puce.

Bon, c'est très naïf, je sais (même si j'aurais pu, en bonus, espérer trouver un port usb en ouvrant la machine et le code en open source sur le site du constructeur). Et pour être honnête, je n'y croyais pas beaucoup.

En ouvrant le capot, j'ai vu principalement deux puces (outre les résistances, condensateurs, etc.) :

  • Une puce avec l'inscription "74HC164", qui semble être un composant assez standard. C'est visiblement un registre à décalage SIPO (serial-in/parallel-out shift register). Si j'ai bien compris ça permet de réduire le nombre de câblages dans le circuit en utilisant une seule liaison série plutôt que 8 liaisons en parallèle. Ce n'est donc probablement pas ce que je cherchais.
  • Une puce avec l'inscription "RD8P01BS1008". Pour celle-la mes recherches internet n'ont rien donné. Je suppose que c'est le cerveau de la machine mais c'est probablement une puce sur mesure, donc encore plus difficile à bidouiller…

Bref, j'ai vite abandonné l'idée de reprogrammer la machine. Une autre possibilité aurait été d'enlever complètement la carte de contrôle de la machine et de tout refaire moi-même. Mais ça me semblait assez complexe à mettre en place et j'ai finalement opté pour une solution un peu moche mais plus facile à réaliser…

L'idée moins élégante mais qui marche

J'ai donc décidé de hacker la machine simplement en me greffant sur les boutons. L'idée est d'avoir une carte programmable (genre arduino) qui simule un appui sur un bouton de la machine à pain en faisant contact entre les deux bornes de l'interrupteur correspondant. Avec ça on peut lancer/arrêter un programme de la machine à pain quand on veut, ce qui est largement suffisant pour notre problème puisqu'en combinant les différents programmes déjà existants on peut choisir l'enchaînement de mélange, fermentation et cuisson pour faire la recette qu'on veut.

J'ai recyclé une carte teensy 3.1 que j'avais sous la main (mais n'importe quelle carte arduino aurait probablement fait l'affaire). J'ai investi dans deux commutateurs analogiques (analog switches) HEF4016B (44 centimes l'unité). En vrai, quitte à payer les frais de port, j'en ai acheté 5, en me disant que ça pourrait me resservir plus tard, et je ne l'ai pas regretté… Chacun de ces composants peut contrôler quatre interrupteurs et la machine à pain a 6 boutons (j'en ai mis 3 sur chaque commutateurs).

Le montage est ensuite relativement simple (dans la théorie du moins). La première chose à faire est d'alimenter le teensy et les commutateurs en 5V. Petit coup de bol, j'ai rapidement vu avec mon multimètre que la carte de contrôle de la machine à pain était elle-même alimentée en 5V et j'ai identifié les bornes ground et Vcc que j'ai reliées aux bornes correspondantes de mes puces. Ensuite pour chaque bouton qu'on veut contrôler, le commutateur analogique à trois bornes : les deux bornes à mettre en contact et la borne de contrôle. Lorsque la tension de la borne de contrôle est proche de 0, l'interrupteur est ouvert (pas de contact). Lorsque la tension de la borne de contrôle est proche de Vcc, l'interrupteur est fermé (contact). J'ai donc relié les bornes de contrôle des commutateurs à des broches du teensy et les bornes de contact aux bornes des boutons de la machine à pain.

C'est relativement simple dans l'idée, mais les commutateurs analogiques font à peu près 8mm x 4mm et ont 14 pattes. Et je ne suis pas particulièrement doué de mes mains. J'ai donc bien bien galéré avec les soudures… J'ai bousillé un des commutateurs à force d'enchaîner les fausses manips (j'étais content d'avoir pris du rab). Et à un moment, j'ai même cru avoir flingué la machine à pain. Mais j'ai fini par réussir à faire tout le montage à peu près correctement :

schéma int.

schéma ext.

Avec ce montage le teensy peut être programmé pour envoyer le signal aux commutateurs au bon moment pour simuler des appuis sur les boutons de la machine à pain. J'ai défini différentes "recettes" personnalisées, qui sont en fait des successions d'actions du type "appuyer sur tel bouton", "attendre x heures"… J'ai ensuite installé de nouveaux boutons (capacitifs) sur le capot de la machine à pain qui sont reliés au teensy et qui permettent de lancer les recettes personnalisées (et aussi de les arrêter si besoin).

Pour les curieux, j'ai mis le code (pas super propre mais qui marche) sur framagit. Et voilà une petite vidéo pour voir ce que ça donne en pratique.

Conclusion

C'est moche mais ça marche :-)

Et vous, vous auriez fait comment ? Je précise si besoin que des réponses comme "je serais allé à la boulangerie" ou "j'aurais acheté une nouvelle machine avec l'option programme personnalisé" ne sont pas acceptées.

Je vous laisse avec une photo du premier pain obtenu grâce à ce hack :

pain

  • # Félicitations

    Posté par  . Évalué à 10.

    Bravo pour ce journal!

    Je trouve l'idée excellente, et je ne considérerais pas la solution choisie comme étant "un peu moche", surtout vu l'intégration que tu as fait dans la coque de la machine!

  • # Bravo !

    Posté par  . Évalué à 10.

    Pour moi c'est vraiment l'esprit hacker !

    Et au final vu à quoi ça ressemble du côté utilisateur ben c'est peut-être moche sous le capot mais dessus c'est top !

    eric.linuxfr@sud-ouest.org

    • [^] # Re: Bravo !

      Posté par  . Évalué à 4.

      Bien d'accord. Accessoirement, le "l'intérieur est propre" des machines industrielles, je me demande si c'est pas surtout pour empêcher ou rendre difficile les modifications, justement. Par exemple, les blocs de glue qu'ils foutent la-dedans pour empêcher de remplacer des condo et autres puces… Ca fait "propre", mais c'est surtout pour emmerder le monde.

    • [^] # Re: Bravo !

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4.

      Génial !
      J'adore les boulons-boutons capacitifs. Ça marche bien ça ? Même quand on a les mains pleine de pâte/eau/… ?

      J'ai plus qu'une balle

      • [^] # Re: Bravo !

        Posté par  . Évalué à 4. Dernière modification le 08 septembre 2022 à 10:45.

        Ça marche bien oui.
        J'ai pas testé avec de la pâte ou de l'eau sur les doigts par contre ;-)

        En fait, au départ j'avais acheté le teensy pour faire un EWI (electronic wind instrument). Et les boulons-boutons capacitifs me servaient pour les touches. Au début j'avais des petits soucis de touches qui restent bloquées on ou off, parce que le seuil de détection du doigt n'était plus bon après quelques minutes d'utilisation.

        J'ai résolu le problème en faisant une moyenne glissante du niveau de capacité à vide (sans le doigt) et j'ai défini un seuil relatif à cette moyenne glissante pour détecter le doigt. Avec ça je n'ai plus eu de problème. Du coup j'ai récupéré ce bout de code pour la machine à pain.

  • # Admiratif

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

    Étant un sacrée brelle en bricolage et en électronique, je suis super admiratif quand je vois ça. Quand je pense aux nombres d'appareils mal fichus qui m'entourent et que j'aimerais bien hacker de la même manière, ça me laisse songeur… Bravo !

  • # Autre solution

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    Utiliser un four ou un cuit vapeur.

    Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.

    • [^] # Re: Autre solution

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

      Bonjour, devnewton.
      Sauf que ta recette utilise de la levure et le pain à la levure, ce n’est pas bon.
      Le levain maison, c’est top, c’est vivant.
      Tous les jours on prend ce qu’on a besoin qu’on remplace par de la farine et c’est bon.
      Il faut juste de la place pour la bassine d’eau avec une résistance d’aquarium pour mettre le bocal ou il y a le levain, mais c’est top.
      On peut plus partir un mois en vacances, mais manger du bon pain tous les jours ça mérite bien un petit sacrifice.

      • [^] # Re: Autre solution

        Posté par  . Évalué à 8.

        Oui, c'est bien avec du levain maison. Et ça ne demande pas tant de place/soin que ça.

        On le met dans un petit verre doseur. On en garde toujours à peu près 50g, et quand on en a besoin on le nourrit avec 55g d'eau et 55g de farine (mélange froment/seigle) pour récupérer 100g de levain (il y a toujours un peu de perte sur les couverts etc.). On le pose simplement au dessus du ballon d'eau chaude quand on veut le faire monter (pas besoin d'une résistance d'aquarium).

        On peut le mettre au frigo sans le nourrir pour qu'il dorme quelques jours. Et quand on part plusieurs semaines, on le fait sécher sur la plaque du four et on met le levain sec au congélateur. Ensuite il suffit de le décongeler et de le nourrir un coup et ça repart (déjà fait plusieurs fois sans souci).

        • [^] # Re: Autre solution

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

          À toutes fins utiles, il est également possible d'acheter du levain sec, notamment dans les boutiques bio. J'utilise de temps en temps cette recette, qui permet de se passer de pétrissage (et donc de machine à pain), et qui fait un excellent pain (meilleur, d'après moi, que celui des machines à pain) :

          Pain sans pétrissage

          Ingrédients

          • 550g de farine T80 (ou un mélange de diverses farines comprenant au moins 300g de farine T65)
          • 1 cuillère à soupe de sel fin
          • 15 g de levain sec
          • selon l'envie : graines, noix, épices, herbes, voire dés de fromage, tomates séchées, olives, etc.
          • 450 à 480ml d'eau tiède à chaude.

          Instructions

          • Mélangez tous les ingrédients secs.
          • Ajoutez l'eau, juste assez pour que l'ensemble des ingrédients soit humide.
          • Couvrez avec une serviette éponge mouillée et laissez lever pendant 12h (minimum 8h, maximum 16h).
          • Faites chauffer au four, à 220°C, un plat avec couvercle, vide et bien fariné.
          • Quand le four est chaud, sortez le plat chaud du four et à l'aide d'une spatule, décollez la pâte des bords du saladier et versez-la directement dans le plat. Incisez le pain (facultatif). Recouvrez avec le couvercle encore chaud.
          • Enfournez pour 1h.
          • Après l'heure de cuisson, retirez le couvercle du plat et poursuivez la cuisson pendant 15 min, four éteint.
          • Sortez le pain du plat immédiatement à sa sortie du four et laissez-le refroidir sur une grille.

          Cette recette fonctionne certainement avec du levain vivant, mais il doit falloir adapter les quantités.

          Bravo pour le journal !

          • [^] # Re: Autre solution

            Posté par  (Mastodon) . Évalué à 6.

            À part ça, ça prend 15-20 minutes de pétrir un pain à la main, c'est une activité qui se fait facilement en regardant une vidéo, un film en ayant une converaation, etc. Ce n'est pas du temps perdu.

            Et ça a plus de charme que ces pains en forme de cube pas vraiment croustillants qui sortent des machines.

            • [^] # Re: Autre solution

              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1. Dernière modification le 08 septembre 2022 à 15:08.

              Tout à fait ! Mais je comprends, notamment pour celles et ceux, habitant loin d'une boulangerie, qui font leur pain tous les jours, qu'on préfère s'en passer.

              En aparté, j'utilise un plat en céramique circulaire muni d'un couvercle, ce qui permet de donner au pain une forme plus « naturelle ». Il ressemble à un pain de campagne qu'on trouve dans les boulangeries (et il est très croustillant).

            • [^] # Re: Autre solution

              Posté par  . Évalué à 2.

              À part ça, ça prend 15-20 minutes de pétrir un pain à la main

              J'ai des souvenirs lointain de ma maman pétrissant le pain, avant de le laisser monter.

              Une table, massive, de la farine et la sueur de ma mère à pétrir la pâte à la main…

              Je me souviens des premiers pains que j'ai vu faire, bien montés et bien larges et l'odeur du pain fraîchement cuit, la croûte un peu brûlée parfois. Et le goût du pain encore chaud…

              C'était il y a plus de 35 ans.

              J'en ai gardé de très beau souvenirs et il m'arrive parfois, ayant appris à faire le pain avec ma maman, d'en faire pour le dimanche, du pain frais ou une tresse, juste pour le plaisir de sentir la miche chaude sortir du four et mordre dans les premières tranches, avec un peu de beurre et du miel.

              0. Assume good faith 1. Be kind to other people 2. Express yourself 4. Apply rule 0

              • [^] # Re: Autre solution

                Posté par  (Mastodon) . Évalué à 5. Dernière modification le 09 septembre 2022 à 09:17.

                J'en ai gardé de très beau souvenirs et il m'arrive parfois, ayant appris à faire le pain avec ma maman, d'en faire pour le dimanche, du pain frais ou une tresse, juste pour le plaisir de sentir la miche chaude sortir du four et mordre dans les premières tranches, avec un peu de beurre et du miel.

                Swiss detected =)

                Il n'y a pas de meilleur réveil que celui avec l'odeur du pain fraichement sorti du four.

                • [^] # Re: Autre solution

                  Posté par  . Évalué à 3.

                  Swiss detected =)

                  Pour l'État français, je suis un Français de l'étranger, mais mon accent et mon passeport à croix blanche te ferait dire que je suis Romand en effet. :)

                  0. Assume good faith 1. Be kind to other people 2. Express yourself 4. Apply rule 0

            • [^] # Re: Autre solution

              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4. Dernière modification le 11 septembre 2022 à 10:32.

              On a expérimenté une recette sans pétrissage (ou presque), ça fonctionne super bien.
              Si jamais vous êtes fatigué de pétrir :) La recette qu'on nous a passé semble inspiré de la technique "No Knead Bread" de Jim Lahey, au moins dans le principe; je vous la met là.

              Ingrédients:
              100g de levain liquide actif; 250g de T65; 250g de farine de seigle; 350g d'eau tiède; 10g de sel;

              1. Fraisage et autolyse (parce qu'on est des gens cultivés) :
                Mélanger lentement et grossièrement les farines avec l'eau. Repos 20 mins.

              2. Pétrissage :
                Ajouter le levain et le sel, mélanger grossièrement.

              3. Pointage :
                Repos de 3h, avec un rabat toutes les 30 mins.

              4. Pré-façonnage :
                Faire une boule avec le pâton. Attendre 15 mins.

              5. Façonnage:
                Mettre dans un banneton (ou dans un cul de poule bien fariné) et laisser encore pousser deux heures à 24°C ou une nuit au frigo.

              6. Préchauffer le four à 250°C avec la cocotte dedans.

              7. Reverser le pain dans la cocotte (je met un papier cuisson au fond, mais la recette ne le précisait pas), scarifier le pain.

              8. Laisser cuire 30 mins à couvert puis 20 mins sans couvercle, en baissant à 230°C.

              Et normalement à la fin y a un joli pain dans la cocotte !
              Par contre c'est sans pétrissage mais faut avoir de la dispo (surtout pour la partie 3), je travail depuis chez moi donc ça n'est pas un problème mais faut prévoir.

    • [^] # Re: Autre solution

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.

      Avec une cocotte minute plutôt qu'un cuit vapeur ça marche aussi ?

      J'ai plus qu'une balle

  • # les joies du levain naturel

    Posté par  . Évalué à 3.

    Bonjour et félicitations pour ce hack magnifique!

    D'après votre expérience, quelle est la température idéale pour faire lever la pâte avec du levain naturel?
    Pour avoir essayé de le faire à la machine j'ai eu des résultats un peu décevants, mais j'avais l'impression que la température de la machine n'était pas adaptée pour faire lever une pâte au levain naturel. Une amie biologiste qui bosse avec des levures m'a expliqué que si c'est trop chaud, il y a trop de lactobacilles et pas assez de levures (qui commencent à crever au dessus de 30°) qui se développent, et ça donnerait un pain plus acide et moins bien levé. Mais bon tout ça c'est la théorie, rien ne vaut le retour d'expérience!

    Il y a une autre question que je me pose, comment faites-vous pour ne pas avoir le problème des gros trous créés par les pales de la machine?

    Pour ma part faute de mieux j'en suis resté au moyen-âge, le pétrin dans récipient que je laisse en haut d'une armoire, avec des grosses différences de temps de levée selon la température de la pièce (4h en été, plus de 8h en hiver…). L'hiver je pétris le matin, et le soir quand c'est pas encore assez levé je mets le bouzin sur la box ou au dessus d'un radiateur, mais c'est pas idéal.
    Aussi votre idée m'intéresse beaucoup, et j'adore l'esprit de la débrouille (au sens noble) derrière tout ça, c'est l'origine même du terme "hacking" il me semble!
    Merci pour le partage!

    • [^] # Re: les joies du levain naturel

      Posté par  . Évalué à 1.

      Bonjour,

      Je n'ai aucune idée de la température à l'intérieur de la machine pendant les cycles de fermentation. Comme dit plus haut, pour réveiller le levain une fois nourri je le pose au dessus du ballon d'eau chaude, donc ce n'est pas une température très contrôlée.

      Les temps de levée ont changé depuis qu'on a le levain (un peu plus d'un an). Au début le programme par défaut de la machine était parfait pour notre levain et maintenant il est trop long. Difficile de savoir si c'est une question de sélection progressive des levures, ou si c'est dû aux variations de températures de la pièce.

      On essaie de s'adapter à notre levain au fur et à mesure, mais on a des ratés de temps en temps…

      • [^] # Re: les joies du levain naturel

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

        D'après votre expérience, quelle est la température idéale pour faire lever la pâte avec du levain naturel?

        Le levain est content entre 20 et 25°C, mais en dessous ou au dessus, il pousse aussi. Au delà d'une certaine température, effectivement certaines bactéries meurent, et à un moment elles meurent toutes…

        Je faisais mon pain (quand j'avais plus de temps) une fois par semaine. Entre les deux, le levain était au frigo, recouvert d'un linge humide, pour éviter de trop s'agiter. La veille d'une fournée, je le sors, je fais la poolish (qui consiste à lui ajouter de l'eau et de la farine pour le réveiller, en obtenant une texture plus proche d'une pâte à pancake que d'une pâte à pain) et le lendemain matin il est prêt à faire la panification.

        L'été, pas besoin de se prendre la tête, la température est bonne pour le levain. Peut-être que c'est trop chaud dans les apparts urbains l'été mais je n'ai pas souvenir que ça m'aie posé souci plus que ça, probablement parce que je fais la poolish la nuit, et qu'au matin quand je fais mon pain je remet un peu de levain au frigo, il n'avait pas le temps de traîner à 40°C.

        L'hiver, il fait entre 14 et 16°C dans mon appart, c'est un peu froid pour ce pauvre levain… Du coup mon astuce lors de la poussée du pain lui-même, c'est de le mettre dans le four, avec de l'eau chaude dans la lèche-frite. La vapeur et l'atmosphère confinée permettent d'élever assez la température, sans détruire le levain.

        Difficile de savoir si c'est une question de sélection progressive des levures, ou si c'est dû aux variations de températures de la pièce.

        À 3°C près, ça ne change pas grand chose à la vitesse de levée (+∕- 30 minutes). À 10°C de différence, définitivement oui. Donc, si la température est globalement la même, c'est probablement que les levures ont changées.

        Un levain maison est composé de levures lactiques et alcooliques. Si les alcooliques prennent le dessus, le pain lève plus vite mais se conserve moins bien et fait une mie qui sèche plus vite. À l'inverse les lactiques aiment prendre leur temps et donnent un goût plus acide au pain, et plus de moelleux. L'équilibre est une affaire de goût mais on peut tricher :
        - Ne pas nourrir assez son levain favorise les levures alcooliques. On peut aussi bêtement ajouter de la levure de boulanger (la sèche) qui est généralement composée de levures alcooliques. Ou rajouter du sucre (hérésie !).
        - Rajouter un peu de produit laitier fermenté (genre : la croûte de bûche de chèvre, c'est magique) réensemence en levures lactiques. Un peu, on ne fait pas un fromage de levain…

        L'équilibre dans le levain se modifie au fil du temps, suivant l'environnement, donc parfois il faut l'aider à repartir dans un sens ou un autre. On peut simplement refaire un levain de zéro en lui mettant un peu (pas beaucoup ! ) de l'ancien pour hâter le processus, aussi. Sur un levain oublié et trop alcoolisé je préfère repartir de zéro, mais je triche avec la méthode "une rognure de bûche de chèvre dans le levain".

        Quand à la façon dont le pain est structuré, il y a aussi vraiment un tour de main dans le pétrissage. Avec les machines c'est plus facile d'avoir un résultat de base correct mais, même là, il y a un "truc" entre la texture de la pâte et le temps de pétrissage, qui ne se transmet que par l'observation en direct ou se trouve par les tâtonnements et l'expérience. Mes premiers pains étaient un peu trop friables, avec le temps j'ai réussi à leur donner une texture dense et ferme que j'apprécie beaucoup, et ça ne tient ni au levain, ni à la farine. On retrouve la même chose quand on fait de la brioche, en encore plus marqué : la texture dépend de la façon dont on pétrit et il y a un geste vraiment particulier à faire pour avoir ces longues fibres moelleuses. En tout cas, on peut avoir un pain avec une mie dense, mais très souple, ou un pain avec des grosses bulles mais sans tenue, et inversement. La taille des bulles (lié au temps à lever et à la composition du levain) a peu à voir avec la tenue du pain.

        • [^] # Re: les joies du levain naturel

          Posté par  . Évalué à 2.

          Ah ?! Donc j'aurais pu m'épargner toutes ces soudures avec un peu de croute de fromage :-)

          J'essaierai à l'occasion. Merci pour toutes ces explications.

          • [^] # Re: les joies du levain naturel

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8.

            Certains fromages s'y prêtent mieux que d'autres. La bûchette de chèvre a donné les meilleurs résultats chez moi. Il ne faut pas en mettre beaucoup, c'est un petit copeau de la croûte dans le levain.

            Je démarre les levains neufs de cette façon aussi. Dans l'absolu, seul l'eau non chlorée et la farine sont nécessaires mais en pratique c'est aléatoire et plus ou moins long. Ça m'est déjà arrivé d'avoir des démarrages de levains qui prennent trop de moisissures de l'air ambiant et font… du moisi. Ce n'est pas ce qui est recherché ! Par contre avec la technique d'ajouter un copeau de bûchette, le levain est prêt en quelques jours et comme il y a eu rapidement des levures lactiques pour prendre la place, les moisissures n'ont pas le temps d'arriver.

            Un truc aussi pour l'entretien du levain et la réussite de la panification : il faut vraiment de l'eau non chlorée. Laisser reposer l'eau à l'air libre une nuit améliore un peu les choses, mais il y a encore trop de chlorines. Chez moi, où l'eau est très chlorée, j'ai eu pendant un moment des soucis de levain, jusqu'au moment où j'ai investi dans un filtre à eau. Ça a été spectaculaire, après ça mon levain a été plus stable dans le temps et mon pain levait mieux. Pourtant avant, je faisait bien reposer l'eau… par contre, sur les farines, j'ai essayé tout et n'importe quoi et, si cela change l'odeur du levain, ça ne l'empêche pas de vivre et de faire son job.

            Quand à ton bricolage, c'est juste hyper chouette ! Pouvoir choisir précisément ses programmes est une bonne chose. Le levain est "vivant", il faut forcément s'adapter au fil du temps, et il n'y a pas les mêmes conditions en été et en hiver ; les bidouilles permettent de prendre ça en compte. Sans compter que cela permet aussi de s'adapter à d'autres recettes : un pain blanc ne lève pas comme un pain complet ou un pain ensemencé au kéfir.

  • # Le levain, c’est beaucoup plus facile qu’on pourrait le croire

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 10.

    J’ai fait mon levain pendant le confinement, et c’est beaucoup plus facile qu’on pourrait le croire ou que ce que prétendent beaucoup de sites à ce sujet.

    J’ai fait ici un retour d’expérience détaillé sur la création et l’utilisation d’un levain à partir de farine blanche et d’eau du robinet.

    La connaissance libre : https://zestedesavoir.com

  • # déçu !

    Posté par  . Évalué à 3.

    je pensais que tu allais prendre un analyseur logique pour détecter comment fonctionne le composant mystère et nous donner sa référence :).

    bravo dans tous les cas, trés intéressant ces switch analogique

    • [^] # Re: déçu !

      Posté par  . Évalué à 2.

      On trouve des machines à pain d'occasion pour 20 € donc fais-toi plaisir ;-)
      Si tu y arrives je suis intéressé !

      • [^] # Re: déçu !

        Posté par  . Évalué à 2.

        ton journal ma donné l'envie d'en faire un sur ma pompe de relevage avec son rpi et arduino :)

  • # Long mais mieux : open-hardware

    Posté par  . Évalué à 3. Dernière modification le 08 septembre 2022 à 20:59.

    Moi j'aurais tenté de développer une machine à pain "open-source". Perso j'en rêve. L'idée est de virer la carte et de la remplacer par un arduino comme tu le dis.

    En sois une machine à pain n'est pas plus complexe que les robots qui tournent sous arduino. (d'ailleurs la carte original est assez simple)

    Tu as 1 moteur (2 reliées par une courroie) et une resistance en sortie et seulement un afficheur 7 segments et quelques boutons à gérer. Que du standard. La difficulté (pour un informaticien) n'est pas la programmation juste l'électronique…

    • [^] # Re: Long mais mieux : open-hardware

      Posté par  . Évalué à 2.

      PS : et au moins tu peux tout réparer en cas de panne…

      • [^] # Re: Long mais mieux : open-hardware

        Posté par  . Évalué à 2.

        Oui ce serait clairement sympa et plus satisfaisant de refaire complètement la carte de contrôle en open-hardware. Mais c'est quand même le niveau du dessus ! Ça demande un peu plus d'investigations pour comprendre comment la carte de contrôle "communique" avec le moteur et la résistance. Et il doit bien y avoir une sonde de température aussi pour ne pas tout faire cramer… J'aurais eu un peu plus peur de faire une boulette en me lançant là-dedans, en plus de la flemme et du manque de temps :-)

    • [^] # Re: Long mais mieux : open-hardware

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5. Dernière modification le 09 septembre 2022 à 09:07.

      Le problème c'est aussi comment tu construis la coque, et tout ce qui est au contact de la chaleur et des aliments ? L'impression 3D dans l'état actuel, j'éviterais pour tout ce qui touche à des aliments. Ou alors y'a des gens qui ont déjà essayé ?

      Sinon ça doit pouvoir se sous-traiter avec des organismes qui ont l'équipement nécessaire, mais là encore, aucune idée de comment s'y prendre, et j'imagine que ça n'est pas simple.

      Ou peut-être qu'il existe des récipients standards qui peuvent être utilisés ? Et si on part sur autre chose (un robot pour couper par exemple), comment on fait ou trouve des lames par exemple ? Il faut aussi calculer les contraintes mécaniques, pour pas que le couvercle casse au bout de 2 utilisations par exemple, et que la chaleur ne soit pas dissipée en pure perte.

      Et puis il y a la question de la sécurité. Je suppose que ce qui fini dans nos cuisines passe par des tests pour être sur le marché européen.

      Honnêtement ça n'est pas la première fois que je pense à de l'électroménager en open hardware, mais aucune idée de comment il faudrait s'y prendre pour faire ça de manière sécurisée. Le principe de fonctionnement de la plupart des appareils n'est pas hyper compliqué à reproduire, mais de là à arriver au même niveau que ce que font les boîtes spécialisées…

      Edit: en fait tu parlais de "seulement" remplacer la carte de contrôle, c'est plus faisable. Moi ce qui me titille c'est faire un robot électroménager entièrement, mais ça me semble vraiment énorme comme tâche, même pour des robots "simples" comme une machine à râper/découper. Mes questions sont toujours valables ceci-dit, et si quelqu'un a des pistes je suis preneurs…

      • [^] # Re: Long mais mieux : open-hardware

        Posté par  . Évalué à 2.

        L'impression 3D dans l'état actuel, j'éviterais pour tout ce qui touche à des aliments. Ou alors y'a des gens qui ont déjà essayé ?

        Il existe des filaments spécifiques pour le contact avec la nourriture. Par contre je n'ai jamais essayé.

      • [^] # Re: Long mais mieux : open-hardware

        Posté par  . Évalué à 3.

        Tu peux faire de l'open hardware avec des moules à injection, en diffusant leur modèle 3D, par exemple. C'est plus pour un projet industriel que DIY, mais des moules pour une ou quelques petite séries, ce n'est pas complétement inabordable…

      • [^] # Re: Long mais mieux : open-hardware

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4. Dernière modification le 09 septembre 2022 à 17:05.

        Pour le bol je ne l'aurais pas imprimé en 3D, mais j'aurais acheté un bol chez Ikeo (Au hasard )
        Ca se fait beaucoup les hack de trucs Ikea car on trouve les mêmes articles dans le monde entier…

      • [^] # Re: Long mais mieux : open-hardware

        Posté par  . Évalué à 3.

        On est pas obligé de faire le moule, les pales et la coque. Il existe tout plein de machine a pain en bonne état qui partent à la déchetterie. Dans un 2° temps si une entreprise veux le faire pourquoi pas.

        Open-Source / Open-Hardware ne veux pas dire fait maison. Mais au moins bricolable mais chacun la bricole selon ce qu'il dispose (Bois, vielle machine, poste à souder, impression 3D métal… ).

  • # Commutateur analogique

    Posté par  . Évalué à 3.

    Super cette transformation, bravo !

    Tu es très courageux, les soudures sur CMS c'est une horreur. Ça devient difficile de trouver des CI traversants, une malédiction pour les makers.

    À propos tu m'as fait découvrir le HEF4016. Si je comprends bien, ça remplace des relais ou des transistors, en plus simple à mettre en œuvre. Par contre si j'interprète bien la datasheet, l'intensité maximale en sortie n'est que de 10 mA ? Ça suffira pour ton dispositif ?

    Autre question : comment as tu percé aussi proprement l'emplacement pour le connecteur USB ?

    • [^] # Re: Commutateur analogique

      Posté par  . Évalué à 1. Dernière modification le 09 septembre 2022 à 11:04.

      Pour le commutateur analogique, ça remplace effectivement un relais (il y a peut-être d'autres utilisations possibles, je ne sais pas).

      Je n'ai pas fait très attention à l'intensité max. J'imagine que le principal risque quand on dépasse la limite est que le composant chauffe ? Ce qui me sauve peut-être est que je n'ai pas besoin de maintenir le contact sur des durées très longues… On verra si ça tient le coup dans la durée.

      Pour le port usb, j'ai fait un petit trou à la perceuse et je l'ai agrandi en coupant le plastique au cutter (c'était finalement plus facile que ce que je craignais).

      • [^] # Re: Commutateur analogique

        Posté par  . Évalué à 1.

        Je n'ai pas fait très attention à l'intensité max. J'imagine que le principal risque quand on dépasse la limite est que le composant chauffe ?

        Le risque est qu'il grille, ce qui aurait été le cas si le commutateur avait piloté le moteur. Mais en fait tu commandes les boutons qui sont lus par le microcontrôleur de la machine, donc en effet ce sont des intensités très faibles.

  • # Pareil

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

    J'aurais fait pareil (d'ailleurs je l'ai fait avec mon four et avec la machine à laver de mon frère) mais en moins propre pour la partie "physique".

    Bravo pour l'intégration qui me paraît vraiment réussie.

  • # Des indices pour le microntrôleur

    Posté par  . Évalué à 2.

    Il semble que ce le RD8P01CS1002 soit un microcontrôleur de Holtek Semiconductor:

    https://www.censtry.com/product/holtek/rd8p01cs1002.html

    Si c'est bien ça, leur site semble fournir vraiment des docs détaillées, dont les schémas de fonctionnement et les composants utilisés : https://www.holtek.com/applications

    Mais j'ai trouvé plaque à induction et mixer, mais pas cuiseur à pain sur le site.

  • # Autant faire un nouveau PCB

    Posté par  . Évalué à 2.

    Je viens de lire ce poste que j'avais raté.
    C'est du beau boulot !

    Pour ma part, en tant qu'électronicien et après avoir réalisé la modification filaire, j'aurais routé et réalisé une nouvelle carte électronique avec Kicad.
    On peut faire des CI double face trous métallisés avec sérigraphie pour une centaine d'Euros en Europe et une dizaine en Chine.

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