il est strictement impossible qu'une nouvelle idée soit jugée pertinente par les experts de la discipline
Bien sur que si, sinon la science ne progresserait jamais ! Bien sur que les idées nouvelles finissent par adoptées, si elles sont justes.
Il y a une étude sortie il y a quelques années qui montre que les papiers qui ont le plus gros impact sur un domaine donné ont souvent dû être soumis/modifiés plusieurs fois. Alors que beaucoup de fois, un papier qui est accepté à la première soumission n'a qu'un impact modéré sur le domaine de recherche considéré. Et quelque part c'est normal : le papier qui est accepté direct, c'est souvent qu'il confirme une tendance observée par les scientifiques, et ne fait « qu'ajouter » à la somme de preuves qui confirme cette tendance. Alors que le papier qui est soumis plusieurs fois est souvent un papier qui remet en cause des idées ou hypothèses que les scientifiques du domaine semblent accepter en majorité (pas forcément une large majorité, mais suffisamment pour que les papiers qui confirment ces idées soient acceptés en première lecture par exemple…).
la grande majorité des découvertes scientifiques ne se fait-elle pas avec 1% d'intuition et 99% de vérification rigoureuse ?
Non non, je ne pense pas que les découvertes soient liées à la vérification. La découverte en elle-même, c'est de l'intuition et de l'observation de qualité. Ensuite, la vérification, c'est pour être sûr de ne pas publier n'importe quoi et pour convaincre le reste de la communauté. C'est très important, mais ça n'entre pas en compte dans le processus de découverte, je pense.
Je plussoie cet avis. Je n'ai pas de source à donner, mais dans un cours d'histoire des sciences il y a ~10 ans, un professeur nous avait dit que lorsqu'on regardait les plus grands génies depuis ~500 ans (en gros : les scientifiques qui ont laissé suffisamment de traces sous une forme ou une autre), la plupart des grandes découvertes qu'ils faisaient étaient liées à une vision singulière dans un sujet, vision qui était fondamentalement différente de celle du reste de la communauté. En gros, il y avait une certaine « foi » en une intuition qui leur disait que les choses étaient différentes de ce que le reste des scientifiques pensait.
La conclusion de l'expérience est qu'on ne peut rien déduire, sans évaluer l'influence des paramètres supplémentaires (météo, température etc.)
Tu peux aussi passer par le crible statistique (i.e., refaire la même expérience plein plein plein plein de fois, avec un gros échantillon à chaque fois). Le problème, c'est que certaines expériences sont coûteuses en temps et en argent — surtout en temps en fait : un salaire de thésard, c'est pas bien gros. :) Aussi, il peut être intéressant de faire refaire une expérience avec un thésard tout neuf, mais ça ne mènera sans doute qu'à un rapport technique (et pas une publi avec comité de relecture). Or, un thésard, ça doit publier pour pouvoir passer sa thèse « confortablement ».
Popper n'était pas un scientifique. C'était un mec qui passait sa vie le cul sur une chaise à imaginer des situations idéales. La science en marche, c'est le merdier.
Malgré tout, Popper avait raison. Ce que tu décris (et tu le fais très bien par ailleurs) n'infirme pas le fait que, une fois que tu as donné les limites de ta recherche (expérience faite dans une forêt spécifique, pour une espèce d'oiseaux spécifique) devrait être reproductible. Je suis parfaitement d'accord pour dire que des phénomènes externes peuvent avoir influé sur les observations, même si on refait les expériences avec les mêmes paramètres initiaux (cf. l'exemple du camion Phildar). Ceci étant dit, ce que dit Popper, c'est qu'il doit être possible de formuler une hypothèse qui contredit celle qu'on est en train d'étudier, par exemple en donnant une autre explication possible pour un phénomène, et qu'ensuite on doit pouvoir la mettre en œuvre et observer les résultats.
La notion de démarche scientifique de Popper n'est qu'un idéal à atteindre : on fait du mieux qu'on peut. Mais la vérité, c'est que même en informatique qui (comme je l'ai écrit ailleurs dans ce journal) est effectivement plus « déterministe » que beaucoup d'autres domaines de recherche, on a quand même un nombre impressionnant de résultats qui sont du genre « voilà notre super algorithme de la mort. Et voilà nos résultats obtenus sur une machine X. On a juste omis tous les résultats qui étaient moins bons, mais on dit quand même que notre méthode est généralisable. Ah oui aussi, on montre les bons résultats, mais on est infoutu d'expliquer en quoi notre algorithme permet d'aller plus vite que les autres. On ne fait que constater. » À la décharge de beaucoup de ces papiers, lorsqu'on a 10-15 pages pour décrire (1) l'algo, (2) l'état de l'art, (3) la méthodologie expérimentale, (4) potentiellement, fournir une version abrégée d'une preuve formelle, etc., il ne reste plus beaucoup de place pour faire une étude approfondie de « pourquoi ça marche ». D'ailleurs il m'est déjà arrivé d'écrire un papier qui utilisait une méthode empirique pour accélérer un type de calcul parallèle, puis de passer ~6 mois à comprendre pourquoi ça marche bordel, et d'écrire un deuxième papier sur le sujet.
En informatique, sauf cas exceptionnel, le système est déterministe
Ça, c'est la théorie. En pratique, c'est juste « plus » déterministe que les sciences du vivant. Il y a plusieurs raisons:
Un système informatique, même s'il est composé de pièces qui individuellement sont bien comprises, est composé de milliards de ces dernières (transistors, fils pour connecter les composants, etc.)
Tout un tas de choses sont cachées aux chercheurs. Par exemple, dans le domaine de l'informatique haute-performance, aucun fondeur/constructeur de processeur ne donnera les specs exactes de ses puces, et ce, même si on est officiellement partenaire avec.
Au niveau des OS, non seulement il faut composer avec la version du système utilisé, mais aussi, même avec un système donné, il y a des comportements qui changent. Par exemple, utiliser Ubuntu server ou RedHat/CentOS ou Scientific Linux, ça mène à de subtils changements dans le comportement du noyau, car des patchs différents sont appliqués.
Un même OS sur des machines différentes aura souvent certains comportements différents.
Quelques exemples :
Le système de caches des Core 2 était non-inclusif, c'est-à-dire que si une ligne de cache se trouvait en cache de niveau 2 (L2), on ne savait pas si elle se trouvait en niveau 1 (L1). Jusque là, tout va « bien ». Sauf qu'on ne savait pas non plus si elle se trouvait en L2 quand elle était présente dans (un des) L1.
Le système de caches des Nehalem (première génération des Core i7) était inclusif : si une ligne est présente dans un L1, alors elle l'est aussi au moins dans un L2, et dans le L3 (partagé par tous les cœurs).
Avec le Sandy Bridge (Core i7 de 2nde génération), on repasse en non-inclusif
L'implémentation du protocole de cohérence de cache dans les processeurs est opaque : si on n'a pas de contact officieux chez le constructeur, on ne sait pas forcément pourquoi la bande-passante théorique est parfois jusqu'à deux fois plus grande que la bande-passante observée.
Un cache peut-être configuré en "write-through" (c'est-à-dire : si j'écris en mémoire et que la ligne n'est pas présente en cache, je me contente d'envoyer le mot dans le tampon d'écriture), ou "write-back" (c'est-à-dire : si la ligne de cache qui contient l'adresse à écrire n'est pas présente, il faut d'abord la charger, puis écrire la ligne). Le cas du write-back est celui rencontré le plus souvent, car dans le cas moyen, c'est celui qui est le plus utile. Mais du coup, lorsqu'on mesure la bande-passante effective en lecture et en écriture, on se retrouve avec une asymétrie.
Le modèle mémoire (au-delà de la cohérence de cache) varie d'une version de processeur x86 à une autre, et entre les constructeurs. Au point qu'Intel ne fait que de vagues descriptions dans ses manuels. À comparer avec le manuel de SPARC v9, qui avait dans une annexe la formulation mathématique de son modèle de constance mémoire.
Les compilateurs optimisent bien mieux que les humains, mais ça a un coût : parfois, une fonction sera inlinée, et du coup, en passant par un logiciel de profilage, il semblera que certaines fonctions prennent beaucoup de temps et que la vraie fonction « intensive », étant inlinée, coûtera « 0 ».
Les compilateurs proposent plusieurs centaines d'options de compilation. Chercher à déterminer la meilleure combinaison d'options de compil pour un code donné revient à faire une recherche exhaustive, soit des millions de combinaisons possible (et une phase de compilation pour chaque). Du coup, il existe tout un pan de la recherche en compilation qui passe par des algos d'apprentissage (réseaux de neurones et algos génétiques). Et du coup, on « perd » une partie de l'information 1.
Le compilateur est souvent au courant de certaines choses concernant le système. Par exemple, si je compile avec -fopenmp ou -lpthread, le compilateur va d'office supprimer certaines optimisations qu'il ne peut pas garantir correctes dans le cadre d'une exécution parallèle. Résultat : débugger un code purement séquentiel ou bien qui contient ne serait-ce qu'un thread qui appelle le même code va potentiellement avec un comportement différent niveau perfs. De plus, bon courage pour savoir quelles optimisations ont été désactivées, et lesquelles seront réactivées d'une version à l'autre d'un compilateur.
Les processeurs proposent des « grandes pages » depuis un bon moment (sur x86, une page mémoire normale vaut 4kio; une grande page vaut 2Mio ou 4Mio). Mais Linux utilisent un vilain hack pour faire fonctionner le bousin, ce qui fait qu'en pratique, on n'a pas forcément de garanties pour obtenir des grandes pages même quand on demande gentiment, surtout si on mélange allègrement les deux.
Je ne parle même pas de ce qui se passe quand on commence à rajouter des niveaux d'indirection (utilisation de CLI ou JVM, utilisation d'hyperviseurs, etc.). Attention, l'informatique reste 1000 fois plus « déterministe » que les phénomènes naturels qu'on cherche à isoler et observer. Mais dire que l'informatique est en gros déterministe, c'est plus ou moins comme si on disait « on a observé et compris les règles de combinaison entre deux atomes, du coup comprendre comment des organismes vivant interagissent est déterministe. » : il y a trop de niveaux d'indirection pour pouvoir l'affirmer avec certitude.
À noter que des anciens collègues avaient commencé « pour le fun » à jouer avec un jeu restreint de ces options de compilation (en sélectionnant celles qui auraient sans doute le plus d'impact sur un code de calcul intensif), et leur conclusion était que « -O3 est suffisant dans 90% des cas ». ↩
L'accès au net et la multiplicité des sites fait que, comme tu le dis, les idées « alternatives » peuvent circuler plus facilement, mais c'est aussi sans tenir compte des SEO et en règle générale des spécialistes des médias qui peuvent aider à gonfler artificiellement certaines idées. En d'autres termes, « multiplicité » ≠ « visibilité ».
J'ai parlé de Bernie Sanders dans un autre commentaire. Je ne pense pas qu'il ait une chance contre H.Clinton aux primaires démocrates. Pourtant, il a un passif dont peu de candidats peuvent se vanter : (1) il est cohérent et constant dans son message politique, (2) il veut montrer que même sans super PAC, il est possible de faire entendre son message, en parlant à la base, et (3) il est extrêmement franc et ne cherche pas à faire plaisir aux gens à qui il parle.
Il assume complètement son discours populiste et populaire, et petit à petit il monte dans les sondages. Malgré tout, je ne pense pas qu'il remportera la primaire. En face de lui, on a une candidate qui change son accent en fonction de l'état qu'elle visite, qui dispose de fonds colossaux pour l'aider à communiquer à la télé ET sur le net.
Sanders est le meilleur candidat, et il a compris la puissance d'Internet, mais malheureusement aux US, les « vieux » restent ceux qui votent le plus en proportion, et ce sont ceux qui matent le plus la télé aussi.
Il ne suffit pas d'avoir de bonnes idées, encore faut-il que la voix pour les énoncer porte assez loin. Aux US, les débats pour les primaires et les présidentielles sont assurés par des chaînes privées, qui dictent les règles de qui elles invitent. C'est pour ça qu'en 2000, quand Ralph Nader s'est présenté pour les Verts, et alors qu'il avait ~3-5% d'intentions de vote, n'a pas pu participer ni même assister1 aux débats entre les deux candidats des partis républicain et démocrate. Il a fini par obtenir 2,74% des voix (et on l'a accusé d'avoir gâché les chances de Gore de gagner contre Bush, ce qui est extrêmement contestable : 25% des gens qui avaient voté pour Nader auraient voté pour Bush sinon, 38% pour Gore, et les 27% restant n'auraient pas voté).
Pour info, Ralph Nader est aussi l'un de ces extraterrestres qui a passé sa vie à lutter contre la corruption2 et professer un message clair et cohérent au fil du temps.
Les organisateurs avaient peur qu'il fasse un scandale… ↩
Incidemment, aux USA, il est l'un des principaux acteurs qui a permis l'installation de ceintures de sécurité dans toutes les automobiles dans les années 70. ↩
Aux USA, le candidat à la primaire démocrate Bernie Sanders est l'un des seuls à dire explicitement qu'il veut renverser le jugement concernant Citizens United.
Il y a quelques années (2011/2012), Jon Stewart et Stephen Colbert avaient monté un SuperPAC et démontré à quel point les SuperPAC, qui ne sont pas censés être pilotés par ceux qui en bénéficient, pouvaient en réalité servir à financer à peu près tout et n'importe quoi, avec en plus l'avantage que ceux qui financent le (super) PAC restent anonymes jusqu'à une date postérieure aux élections.
Dans ce cas précis (« Charlie Coulibali ») c'était clairement une condamnation politique. N'importe quel autre comédien (même relativement connu) qui aurait sorti cette phrase n'aurait sans doute pas été inquiété.
Il y une différence entre écrire un truc du genre :
Salut,
Je ne comprends pas pourquoi en C getc lit un unsigned char depuis le flux d'entrée, mais renvoie un int. Quelqu'un peut-il m'expliquer ?
Merci,
Tartempion
et :
Salutations, vénérés membres du dépassement de pile.
Ma question, comme l'indique les nombreux tags ajoutés, concerne une fonction de la bibliothèque C: getc. Je ne comprends pas pourquoi en C getc lit un unsigned char depuis le flux d'entrée, mais renvoie un int. Quelqu'un peut-il m'expliquer ?
Merci de m'éclairer de vos lumières soyeuses et douces, ô maîtres du C.
Tartempion
Et surtout, il y a une différence entre les forums LinuxFR et stackoverflow qui est un site directement destiné à poser des questions, chercher du contenu/des réponses parmi les questions, etc.
Je pense que les exemples que j'ai donnés sont considérés comme positifs. Ce qui n'était pas bien vu, c'était le côté « il passe sont temps sur un ordinateur plutôt que socialiser avec les autres. Quel geek ! » Bref, je pense qu'au pire un mec qui est/était passionné de mécanique par exemple, c'était vu comme acceptable ou neutre.
Mais même sans être geek, c'était quand même celui qui savait régler le magnétoscope, ou l'alarme, ou qui, en fonction du budget (qui lui pouvait bien entendu provenir d'un compromis avec sa moitié) choisirait la voiture, ou…
Juste un truc. J'en parle ailleurs, mais si tu as raison d'affirmer qu'il y a un fossé entre le salaire moyen des hommes et des femmes, à poste égal, le salaire d'un homme ou d'une femme est globalement le même. Donc pour répéter ce que je disais ailleurs, le problème est systémique, et a sans doute deux causes :
Dès leur plus jeune âge, on pousse les femmes à choisir des voies professionnelles moins valorisées financièrement (je pense que même maintenant, ça reste vrai), et
il est possible que des métiers « d'avenir » au départ considérés comme féminins aient été noyautés par la population masculine une fois le potentiel réel établi (je pense notamment à l'informatique, où les premiers programmeurs étaient des programmeuses). Par contre ce dernier point est pure spéculation de ma part (mais s'appuie sur les maigres recherches que j'avais effectuées sur le sujet pour le XXè siècle).
Oui, mais comme maintenant il est (globalement) accepté qu'une femme puisse faire carrière, la notion de « ramener le fric » est moins présente lorsqu'on pense aux hommes je pense (quelque part c'est mécanique : si on accepte que les femmes puissent faire carrière, alors on accepte qu'elle puissent rapporter du fric au ménage). Du coup il y a bien une « double peine » : la femme a (enfin !) le droit d'avoir un boulot à responsabilités, qui rapporte, etc., mais reste malgré tout la personne qui s'occupe principalement du ménage à la maison (une sociologue m'avait rapporté qu'en 30 ans, les hommes ont augmenté leur participation d'environ 5% dans les tâches ménagères en France).
Ah? Lesquelles, vivant en France, je n'ai pas remarqué qu'on avait plus de liberté.
Bon je vais quand même réagir là-dessus : mes parents étaient beaucoup moins chiants quand j'avais 17 ans et que je sortais à Paris et rentrait le soir tard (ou le lendemain matin très tôt), mais que souvent je passais une partie de la soirée sur les quais de Seine, que lorsque ma sœur allait chez une amie (certes dans une banlieue pas considérée comme super sûre), et qui pourtant n'allait pas bouger de l'appart de ladite amie.
Bref : mes parents, un peu par pragmatisme (Argenteuil c'est pas toujours la joie il faut bien l'avouer), mais aussi sans doute pas mal par construction sociétale, s'engueulaient clairement plus avec ma sœur qu'avec moi au sujet de nos sorties. En fait, dans mon cas, on m'engueulait surtout car je ne prévenais pas quand je rentrais tard, alors que ma sœur le simple fait de vouloir aller quelque part tard pouvait déclencher des réactions.
plus de confiance en soi,
Non, j'ai un manque de confiance chronique, qui accessoirement associé au fait que c'est "aux hommes de faire le premier pas", n'aide pas à faire des rencontres.
Je vois très bien ce que tu veux dire (nous avons ceci en commun), mais honnêtement, dans l'immense majorité des cas, de ce que je peux observer (j'enseigne en fac depuis 8 ans, dans 2 pays différents), oui, il y a une très grande différence entre la façon dont les hommes se comportent et ont tendance à être (relativement) sûrs d'eux pour ce qui est des interactions sociales comparés aux femmes. Certes mon témoignage reste anecdotique, mais je commence à avoir un échantillon pas si petit que ça à force.
Je passe sur le reste de tes commentaires. Pour faire court : tu parles de ta situation (que je comprends très bien, et que notre domaine d'activité n'aide pas à contrecarrer 1), mais c'est anecdotique comparé à l'immense majorité des hommes, et aux comportements de ces derniers en tant que « groupe » comparé à celui des femmes.
un meilleur salaire
Dans ma boite à responsabilité équivalente, c'est le même salaire, alors on peut ensuite parler promotion, mais pour ça faut se faire mousser un minimum et pas être timide.
Ça par contre, c'est quelque chose qui en effet m'énerve pas mal. Je ne peux pas parler en France car je n'ai pas les chiffres, mais pour les USA je peux. On constate que le salaire féminin moyen est 30% plus bas que celui des hommes. Jusque là, la statistique est correcte. Cependant, aux USA, un poste avec des responsabilités données aura comme conséquences la même paie (± le pouvoir de négociation du/de la candidat(e)). La différence de salaire moyen entre hommes et femmes aux USA est d'origine systémique : on pousse les femmes très tôt vers des métiers qui sont peu valorisés financièrement, mais si une femme arrive à surmonter les incitations à lui faire dévier de la voie qu'elle s'est initialement choisie, si elle postule pour un poste donné et qu'elle l'obtient, elle aura en moyenne le même salaire qu'un homme pour les mêmes responsabilités.
Je suppose que tu as un métier dans l'informatique; j'ai peut-être tort. ↩
Note que je suis tout à fait d'accord avec toi sur le côté « ne soyons pas manichéens » concernant le sexisme.
Ceci étant dit : oui, il existe un tas de préjugés véhiculés par les deux sexes, parce qu'ils font partie du système. Je ne pense pas que quiconque nie cela. Mais il reste que globalement s'il est désormais accepté qu'une femme puisse avoir une carrière, beaucoup de gens continuent de demander à une employée de parler à leur manager (alors qu'en fait, le manager, c'est elle), et en règle générale d'imaginer que le boss est forcément un homme. Sur cette partie, je crois qu'on arrive doucement à faire changer les mentalités (et c'est très bien). Cependant, la société dans son ensemble attend d'elle qu'elle reste la maîtresse de maison en plus de son job « normal ». Alors oui ça donne des situations inconfortables pour les hommes qui font leur boulot de père (les exemples que toi et d'autres ont cités sont édifiants), et bien entendu il faut lutter contre cette mentalité. Mais je pense qu'il y a une disproportion énorme comparé aux femmes dont on attend d'elle qu'elles soient femmes de ménage, mères, aient un job « de jour », etc., dans le sens où la pression est là bien avant qu'elles soient mères, ou qu'elles soient en ménage où que ce soit. Je pense que c'est en cela que certains disent qu'il faudrait « d'abord » régler ce problème.
Encore une fois je suis d'accord avec toi, ce que je viens de décrire ne peut pas changer si on n'accepte pas que les hommes puissent participer plus à la vie de famille et aux corvées quotidiennes. Mais je crois que c'est aussi ce qui fait dire à certains que devant une telle disproportion, la souffrance des hommes mis dans une position inconfortable pâlit en face de celle des femmes (et honnêtement, sans vouloir minimiser quoi que ce soit, je pense que c'est en partie vrai1).
Note bien que je ne parle pas du viol des hommes. Un viol est un viol est un viol : c'est une agression, souvent accompagnée de violence, ou au moins de menaces, qui marque quelqu'un à vie, quel que soit le sexe (et oui, il y a en plus les stygmates du mec qui « devrait s'estimer heureux, il a pu tirer un coup facilement »). D'ailleurs, je partage régulièrement des articles liés au féminisme sur des réseaux sociaux bien connus, et si tout un tas de gens « aiment » (ou plussoient, ou …) le contenu très souvent, lorsque j'ai lié vers une vidéo dont le titre disait que le viol était hilarant, bizarrement je n'ai eu aucun « like », aucun partage, etc. (et comme d'hab sur YouTube, il ne faut pas lire les commentaires sauf si on a envie de nourrir son envie de génocide). ↩
Non mais sérieusement, pas la peine de rabaisser "c'est profane"
Pour le coup, l'expression « profane » ne m'a pas choquée, et je trouve pas que ce soit péjoratif. D'après le Larousse, sorti du contexte religieux, « profane » signifie « Personne qui n'est pas initiée à telle science, à tel art, etc. »
Ça me semble être exactement le terme recherché : « sexisme » pour le profane, c'est-à-dire celui qui n'étudie pas le domaine de la sociologie par exemple, se rapporte à la discrimination en fonction du sexe.
Je trouve ça rigolo. La seule « réputation » que je connaisse à ce site, c'est lorsque certains renomment LinuxFR en TrollFR (ce qui est assez juste, surtout le vendredi, il faut bien avouer).
Donc oui, ça discute-de-comptoir-ise pas mal sur LinuxFR, mais je trouve que globalement c'est très souvent du troll de compèt avec des gens qui essaient malgré tout de convaincre leur auditoire le plus souvent.
Cependant, ḑu point de vue du sexisme, je n'ai jamais entendu que LinuxFR avait une réputation d'héberger les propos de gens plus sexistes que sur d'autres sites par exemple.
J'oubliais que linuxfr.org c'était pareil que je ne sais quel site (jeuxvideo.com ?) qui avait plus ou moins clamé explicitement que bon quand même, ils étaient sexistes et ne comptaient pas changer d'un iota.
Et je maintiens : même s'il y a (comme partout sur internet) des énervés pas fichus d'écouter/lire ce que les gens à dire parce que c'est en contradiction avec ce qu'ils pensent, il y en a malgré tout un tas (dont la personne initialement visée-mais-pas-visée) qui ont répondu posément, en exposant leurs arguments. Ils n'ont pas forcément « raison »1, mais ils sont disposés à discuter.
Et d'ailleurs au final, je pense qu'il y a eu plus de personnes (je ne parle pas en termes de commentaires en nombre absolu, mais de commentateurs) qui ont dit être de l'avis de Zenitram concernant le terme « WAF » (i.e., c'est un terme sexiste) que le contraire (je me trompe peut-être). ↩
C'est un peu con quand même. Quelqu'un se plaint de sexisme sur LinuxFR sur Twitter, mais tes amis sont trop occupés pour donner leur avis face à un nombre impressionnant de commentaires ici qui se veulent détaillés et essaient de répondre point par point à ton analyse ? C'est dommage, car comme je l'ai dit ailleurs, si tu veux réellement changer les mentalités ici, il faut faire preuve de pédagogie, et ça passe entre autres par expliquer la même chose plusieurs fois, différemment (avec des exemples différents, etc.).
Non, c'est sinma qui a utilisé le terme de capitulation. Jeff a dit « so be it ».
EDIT: j'oubliais : je te critique souvent, mais je dis aussi souvent que tu as des propos pertinents (mais que parfois la forme fait oublier le fond). Et aussi, il m'arrive souvent de plussoy^Wpertinenter tes propos (du coup si je trouve qu'ils sont justes et que je n'ai rien à rajouter, ben… je ne dis rien. :-)).
L'école d'où Jeff vient met l'accent sur une éducation post-bac réellement pluri-disciplinaire, avec un groupe d'enseignants chercheurs en sciences cognitives et philosophie assez gros. Les UV vont de « science de l'ignorance » (UV d'épistémologie qui s'est peu à peu transformée en cours de philo sur la connaissance) aux sciences cognitives, ce qui inclue une intro à la phénoménologie, à l'étude des sens en termes de phénomène biologique, mais aussi des conséquences sur notre façon de raisonner et philosopher (on y étudie entre autre les dispositifs de Bach-y-Rita pour la suppléance perceptive), en passant par des cours d'éthique et morale (où l'on aborde les philosophes grecs antiques, Kant, mais aussi des philosophes plus récents tels que Steven Singer). Tous les ans, un séminaire d'une semaine est organisé où un panel de chercheurs potentiellement internationaux (mais il faut bien avouer, principalement francophones) expose de nouvelles idées et concepts résultant des recherches des intervenants. Bref, il y a de quoi faire.
Indépendamment de ce que tu penses en ton fort intérieur (je ne suis pas là pour faire des procès d’intention), ici tu t’es appuyé (consciemment ou non) sur un préjugé qui est vraiment très prégnant dans ces milieux là.
Non, là tu lui fais un procès d'intention. Jeff n'a absolument pas mentionné la dichotomie science dure/mole, ce sont ses interlocuteurs qui ont abordé ce sujet par la suite. S'il y a une chose de dangereuse avec les statistiques, c'est bien qu'ont leur fait dire un peu n'importe quoi pour soutenir un point de vue (et c'est ce que Jeff dénonçait en parlant de « pseudo-science »).
[chipotage]
Tout article sérieux ne commence pas nécessairement avec un état de l'art. Ça dépend de la publication, du public visé, etc.. Par exemple, la plupart des articles que j'ai écrits mentionnent le « related work » juste avant la conclusion.
[/chipotage]
C'était du chipotage pour rigoler, mais ça a malgré tout une conséquence : souvent la section « Related Work » n'est pas forcément très épaisse, car les contraintes d'espace forcent à condenser l'état de l'art. De plus, sans parler de mauvaise foi intellectuelle1, il y a plusieurs fois où un article est cité car on ne peut l'éviter, et où on explique en quoi ce dernier ne s'applique pas exactement au cas qui nous intéresse car notre étude tient compte de X, et du coup, ces études ne sont pas directement comparables. C'est parfois vrai, note bien, mais souvent, c'est une façon de se dédouaner (et encore une fois, c'est souvent parce qu'on n'a pas la place de faire mieux).
Enfin, il ne faut pas oublier toutes les fois où un (groupe d')auteur(s) va faire une rechercher à la va-vite, lire l'abstract, l'intro et la conclusion, et lire en diagonale le reste de l'article, puis faire des extrapolations (imprécises voire fausses) sur ce que l'article cité dit.
Qui se traduirait par savoir qu'une étude contredit ce qu'on affirme mais ne pas la citer, par exemple, chose qui arrive plus souvent qu'à son tour : c'est pour ça qu'il faut des reviewers sérieux (ce qui malheureusement n'est pas toujours le cas). ↩
(disclaimer : freejeff/Jeff est quelqu'un que je connais personnellement, que j'ai côtoyé un bon nombre d'années, et oui, on peut sans doute le dire, un pote)
[Briaeros007] Si elle avait fait un journal en indiquant par exemple qu'au détour d'un journal, elle avait vu WAF, et qu'elle en avait été choqué, (pourquoi, …) et essayait de voir comment on pouvait améliorer la communication
[sinma] J’ai lu récemment un journal sur Linuxfr. Je réagis ici à l’utilisation d’un terme sexiste et des réactions dans les commentaires. Il s’agit évidemment d’un cas d’étude et non d’une attaque personnelle.
(l'emphase est de moi dans les deux cas; je me suis aussi permis de prolonger la citation de Briaeros007 car la suite est importante dans sa phrase, de même que la suite de ce que dit sinma dans la sienne l'est tout autant)
Tu cites la fin de la phrase de Briaeros plus loin:
[Briaeros007] essayait de voir comment on pouvait améliorer la communication
… Et tu estimes que la citation de sinma qui suit y répond :
[sinma] Et après on se plaindra du manque de diversité… Je ne peux que vous encourager à vous documenter sur le sexisme/le féminisme, mais également sur les autres oppressions. Il ne suffit pas d’être «gentil·le» pour ne pas être oppresseur.
Je ne vois pas en quoi elle répond en quoi c'est une incitation à communiquer. Au contraire, je n'y vois qu'un ton condescendant qui dit en gros « espèces de nazes, quand c'est-y que vous allez ouvrir vos esgourdes bandes de machos qui vous ignorez ? Lisez un livre, renseignez-vous sur le féminisme, bande d'incultes ! »
[…] je peux comprendre que les qualification d'oppresseur aient dilué le propos initial et engendré les problèmes dont on parle.
Pas que. Si sinma veut réellement faire réagir les gens sur les problèmes de sexisme sur ce site (et il y aurait en effet beaucoup à dire, y compris sans doute dans ma propre prose), alors dire « je fais un cas d'étude sur une personne, mais faut surtout pas le prendre personnellement hein ! », puis faire suivre ça de (je cite depuis le texte du journal) :
Dans son journal, la personne écrit:
(…) le WAF de ma compagne n'est pas très élevé (…)
Le lien vers Wikipédia est de l’auteur, et le contenu de la page montre bien la connotation sexiste de l’expression, à croire que l’auteur ne l’a pas lu?
(l'emphase est encore de moi)
On ne peut pas faire un cas d'étude (qui se veut donc relativement analytique et « froid ») tout en se permettant ce genre de commentaires. Signaler une contradiction, oui; mais cette tournure est une attaque contre Jeff.
Plus loin, sinma écrit :
Peu importe de ne pas avoir eu d’intention sexistes. Ce n’est pas la personne écrivant la phrase qui décide du caractère oppressif d’une phrase.
Là, ce n'est pas propre à sinma elle-même : c'est un argument utilisé par tous ceux qui veulent discuter de l'oppression systémique dans une société. Je comprends parfaitement la logique derrière ces propos : un esclavagiste aura toujours l'impression de bien traiter ses esclaves; après tout, il ne les fouette que s'ils essaient de s'échapper ! Cependant j'ai quand même du mal lorsque des propos sont posés sans une mise en contexte. Je sais que beaucoup de ce même contexte est implicitement supposé par les gens qui abordent ces sujets (c'est un thème qui a été discuté dans un autre fil dans ce journal), mais la pédagogie c'est l'art de la répétition et de la reformulation. Donc : dire à quelqu'un « ce n'est pas parce que tu n'a pas l'impression d'être oppressif (même involontairement) que tu ne l'es pas » est peut-être vrai dans beaucoup de cas, mais il faut malgré tout étayer. Le problème est que pour ce faire, sinma explique en substance que « non, ta gueule, tu opprimes même si c'est sans le vouloir, et en tant qu'opprimée, moi seule (et les autres opprimées) pouvons décider si nous sommes justifier de te le dire » (j'exagère évidemment le trait). Cela ne laisse aucun jeu, aucun espace pour trouver une conciliation, ce que Briaeros expliquait : il faut pouvoir trouver un terrain d'entente où une fois qu'on a communiqué sa gêne, les deux parties concernées trouvent un compromis. sinma n'a laissé aucune ouverture. Son journal était entièrement à charge.
Elle cite Jeff, qui effectivement se défend un minimum (j'y reviens juste après), puis annonce :
Réflexe typique d’oppresseur (dans le sens de personne ayant des comportements oppressifs, que ça soit volontaire ou non): se mettre sur la défensive. Déclarer qu’on est gentil·le et que l’interlocuteur/trice s’invente des problèmes, mais surtout restreindre le caractère sexiste (ou son abscence) au cadre de son propre commentaire alors que le problème est bien plus large: le sexisme ordinaire.
Là, je me porte complètement en faux avec sinma. Je passe vite-fait sur le fait qu'elle ne fait « qu'un case d'étude, rien de personnel », mais qu'elle qualifie Jeff d'oppresseur, comme si lui était systématiquement en train d'avoir des propos sexistes1, c'est un peu fort de café.
Non, je pense que sinma a occulté un fait très important : sur LinuxFR, il y a un nombre important de gens qui n'aiment pas avoir tort, et qui seront sur la défensive par défaut, qui ont un fort esprit de contradiction, etc. Bref, Zenitram a fait remarquer (à raison) l'aspect sexiste d'un acronyme tel que « WAF » sans rien expliquer. Jeff a réagi en disant qu'il n'avait aucune intention sexiste, donc oui, il s'est défendu d'avoir ce genre d'intentions. Sur LinuxFR c'est assez courant : quelqu'un dit quelque chose, quelqu'un d'autre critique ce quelque chose sans étayer, et le premier intervenant se défend, surtout si la critique est une affirmation sans explication. Rien que de très normal.
Alors, est-ce que ce besoin d'avoir raison (parfois poussé à l'extrême), de se défendre, et cet esprit de contradiction en général est lié au fait que nous sommes sur un site qui est fréquenté à 95% par des hommes pour la plupart informaticiens (ingénieurs ou assimilés) ? C'est tout à fait possible, et oui, c'est améliorable. Mais affirmer que Jeff s'est défendu parce que c'est un mécanisme typique des sexistes oppresseurs lorsqu'on fait remarquer qu'ils ont dit quelque chose de sexiste, ça reste à démontrer dans le cas précis de Jeff. J'ai eu assez de conversations et d'engueulades avec le monsieur IRL pour savoir que parfois il s'agit simplement d'une bataille d'ego et de refuser de lâcher du terrain (et pour jouer à ce jeu, il faut être deux : je refusais aussi). :-)
Reprenons le texte de sinma :
(…). Bon si tu veux faire plaisir et penser que je suis un macho fais le, je t'en prie !
Encore une fois mécanisme classique: la victimisation.
Le problème étant qu'on ne peut pas dire à quelqu'un que ce qu'il dit est offensant, le lui dire de façon assez crue et directe, et ensuite penser que cette personne va l'accepter gentiment sans jamais réagir. Je trouve que la réponse que Zenitram a eue ensuite (celle où il donne des expressions que beaucoup trouveraient « neutres » mais qui ont des relents homophobes, sexistes, ou racistes) est excellente, mais est venue un peu tard dans la discussion initiale (c'est de ça dont je parle quand je dis qu'il faut étayer lorsqu'on fait des affirmations que quelque chose est raciste/sexiste/…). C'est juste dommage que juste après, dans le même commentaire, lorsque Jeff utilise MAF, Zenitram qualifie cela de sexisme inverse, alors qu'au final c'était juste une façon pour Jeff d'essayer d'expliquer qu'homme ou femme ça ne faisait aucune différence, mais là, Zenitram dit en gros « parce que tu a rajouté un autre terme pour distinguer hommes et femmes ça fait de toi quelqu'un de sexiste ».
Reprenons avec l'analyse de sinma :
[freejeff] J'ai utilisé ce terme à des fins simplificatrice sans arrière pensées. Je connais aussi des geekettes qui ont des super-installations, personnellement j'ai un MAF (Ndlr: équivalent masculin de WAF «inventé» lors de la discussion) assez élevé au bordel, à la HiFi, au "truc de filles" comme le jeûne, le yoga et tout un tas de choses que tu ne soupçonnes pas. Allé il va bientôt falloir que j'ai un site expliquant à quel point je suis un type qui marche dans tous les clous et que j'aime tout le monde ?
[sinma] «Je ne suis pas homophobe j’ai des amis gays», «Bientôt il va falloir être pédé pour ne pas être traité d’homophobe», «Dès que je dis un truc je me fais engueuler», etc.
Le fait est que Jeff connaît et est pote avec des geeks de tous genres qui ont des installations. Si je comprends l'intention de sinma, les phrases « exemples » qu'elle utilisent montrent surtout qu'elle a usé et abusé du procédé de « déformation/amplification » des propos de Jeff.
Puis elle analyse une autre réponse (je me garderai de recopier la citation de l'intervenant cette fois-ci) :
Ahlala, le sexisme anti-homme, nous hommes oppressés. Non sérieusement si des commentaires «dans l’autre sens» sont courants (ce qui reste à démontrer…), c’est une conséquence du système patriarcal et non du sexisme anti-homme.
Encore une fois, si on veut faire avancer les choses, on ne peut pas à la fois faire une analyse critique des comportements qu'on attribue à toute une communauté et y mêler du sarcasme comme elle le fait. En d'autres termes, je préfère l'approche Ghandi ou Martin Luther King à l'approche Malcolm X. Ça ne veut pas dire que Malcolm X n'avait pas raison lorsqu'il dénonçait le racisme, la ségrégation, les injustices, etc.; juste que la violence de ses propos a sans doute autant fait de bien que de mal (et si je me souviens bien, il fut assassiné après s'être assagit et avoir pris un chemin plus raisonnable et raisonné — ce n'est pas une coïncidence).
Reprenons. Un des intervenants invoque l'humour. sinma répond (à juste titre) que
L’humour, éternelle excuse pour justifier tout et n’importe quoi.
Oui. Ceci étant dit, encore une fois, l'humour est quelque chose qui dépend fortement du contexte où il est exprimé (et c'est pour ça que Desproges était contre la venue de Le Pen en 1982 au tribunal des flagrants délires).
[à propos de l'utilisation de « WAF »] C'est vrai, il n'y a pas trop d'intérêt, je l'ai déjà confessé, je me projetais dans le prochain combat du 5.1 qui lui n'est clairement pas gagné. Et du coup j'ai été un peu vite en besogne, l'idée étant juste de parler du fait que je suis le technophile et que je ne serais pas trop suivi dans des délires ayant trait à ce goût pour la techno, ni plus ni moins. Il arrive à tous d'être maladroit mais la chasse aux sorcières que tu mènes envers moi sur le sexisme me semble stupide. Je fais un point d'humour avec le MAF et tu trouves encore un argument "à la con" de psy à deux balles pour me qualifié de sexiste. En fait, quoi que je te dise sur mes intentions tu sauras mieux que moi ce que je ressens et ce que je veux dire, je pense donc que la discussion est close.
On pourrait bien entendu considérer que le déroulement de cette discussion est dû au fait que l'humour, à moins d'être balisé par des [ironie][/ironie], [humour][/humour], utilisation de smileys, etc., est parfois difficile à déceler à l'écrit. Mais je pense que la vérité est plutôt que certains (kof kof Zenitram kof kof — mais pas que) se mettent parfois en mode « argumentation à tout prix » et du coup prennent les choses littéralement quand ça les arrange pour faire avancer leurs arguments. J'ai des exemples de discussion où il me semblait évident étant donné la teneur de mes propos dans tout un fil de discussion qu'il s'agissait d'humour ou d'ironique. Par exemple, dans un fil de discussion, j'avais utilisé l'expression « se comporter en homme ». C'était ironique/une critique de ce qu'on attendait des femmes dans des postes haut-placé dans de grandes boites; et pourtant, comme je n'avais pas mis des guillemets, on m'a reproché « tiens tu vois, même toi tu as des propos sexistes » (j'en tiens certainement, mais dans ce cas précis le contexte était clair).
sinma finit sur la proposition de compromis de Jeff :
[freejeff] OK, So be it, j'éviterai ce terme à l'avenir. La vie c'est une histoire de compromis et ce terme pour moi mettait juste en évidence qu'il faut parfois en faire. Allé je propose le TAF pour Technology Acceptance Factory, cela fonctionne pour les couples homo pour la geekette technophile et dont conjoint naturopathe et tout ce que vous pouvez imaginer. Cela vous convient ?
[sinma] Il est dommage que ça se conclue sur ça. En effet, j’utilise volontairement le terme «capituler» car il semblerait que l’auteur n’ait pas été franchement convaincu par les arguments avancés. Il est néanmoins important que le climat social décourage l’utilisation d’expressions sexistes afin de rendre le cadre plus agréable pour tout·e·s.
C'est là qu'on voit que finalement, il s'agit plus de régenter et formater la pensée d'autrui qu'autre chose. C'est con, je suis d'habitude plutôt d'accord avec les interventions de sinma, mais là, c'est n'importe quoi. Jeff propose de lui-même un compromis, il propose de ne plus utiliser le terme WAF (qu'il avait employé parce qu'il avait trouvé ça rigolo, mais que visiblement les interventions ont fait changer d'avis et comprendre qu'au moins certains2 trouvaient cela sexiste). Mais ce n'est pas suffisant pour sinma, non. Il faut qu'en plus il recâble son cerveau dans les 24 ou 48 heures qui ont suivi cette discussion (hors sujet avec le thème du journal lui-même3).
Je ne sais pas vous, mais lorsqu'on me soumet une nouvelle idée, un nouveau concept, etc., qui entre en conflit directement avec ce que je ressens (que ce soit à cause de ce que la société m'a inculqué, de mes propres expériences personnelles, etc.), je ne change pas d'opinion tout de suite, là, maintenant. Le fait que Jeff ait proposé de ne plus utiliser ce terme, et propose même un nouveau terme, neutre celui-là, devrait être tout à son honneur, car il montre une certaine ouverture d'esprit, et une volonté de progresser et faire des compromis.
La raison pour laquelle en France on punit la parole raciste en public n'est pas pour faire changer les racistes de personnalité, mais d'éviter d'exposer les esprits « vierges » à la pensée raciste. Dans le cas de Jeff, oui, il semble évident qu'il n'est pas complètement convaincu par les arguments, mais il essaie malgré tout de trouver un compromis, tout en restant courtois avec ses interlocuteurs. Ce qui signifie qu'en pratique, il y aura une personne de moins qui utilisera un terme considéré par beaucoup (dont moi) comme sexiste. Ça signifie aussi que peut-être, dans quelques jours, ou quelques semaines, avec le recul, il se dira que oui, quand même, je vois où ils voulaient en venir.
C'est quand même incroyable que quelqu'un qui effectivement (je suis encore une fois d'accord avec Jeff là-dessus) se pose en autorité qui a lu les études de socio et psycho associées à l'impact du langage et du choix de vocabulaire sur les gens sur le long terme ne soit pas capable de voir en quoi la réaction de Jeff était sans doute l'une des meilleures possibles, car il a montré que malgré ses réserves il était prêt à changer son comportement après en avoir discuté avec d'autres intervenants. À moins d'avoir déjà un esprit qui doute de certains termes qu'elle utilise, une personne va très rarement changer d'opinion sur le coup, après avoir discuté avec trois personnes.
J'ai déjà dit ailleurs dans ce journal que j'estime qu'en effet que « WAF » est par essence sexiste, mais de même qu'employer des mots qui pourraient être considérés comme racistes ou sexistes ou discriminatoires, etc. sont parfois employés par des individus dans un contexte donné, ça ne fait pas de ces personnes des racistes patentés, ou des immondes oppresseurs du genre féminin. ↩
Je refuse de rajouter des 'e' partout où on pourrait féminiser. Le neutre et le masculin se confondent au pluriel et souvent au singulier, et je suis assez intelligent pour comprendre que ça ne veut pas dire qu'on en écarte les femmes du lot pour autant. Je renvoie à Desproges sur ce sujet, lorsqu'il parle du « Françaises, Français » présidentiel. On va dire que j'ai la faiblesse de croire qu'au moins sur ce site, la grande majorité est suffisamment intelligente pour savoir faire la part des choses. ↩
Ça ce n'est pas grave, ça arrive tout le temps sur LinuxFR. ↩
[…] faut arreter de prétendre à une égalité absolue du style on fait chacun 50% de chaque activité/tache.
Personne (mais alors vraiment, personne) ici, que ce soit dans ce journal, ou en règle générale sur LinuxFR n'a proposé cela à ma connaissance.
C'est aussi que j'ai le ressenti qu'avec les féministes d'aujourd'hui c'est: 'il faut que les hommes fassent ce qu'on fait parce qu'ils le peuvent, par contre nous on ne vas pas faire ce qu'ils font parce qu'on ne le peut pas (surtout en rapport avec la force physique)'
C'est rigolo que tu aies cette impression, parce que les études sociologiques « récentes » (<10 ans) montrent que si les femmes obtiennent en effet plus facilement des postes à responsabilités que lors des dernières décennies, la contribution du conjoint pour les tâches usuelles/ménagères (dans le cas de couples hétérosexuels, qui somme toute, est la grande majorité des couples en France) n'a augmenté que de 5 à 10 % en moyenne.
Donc par exemple : si tu répartis « tondre la pelouse » vs. « faire la vaisselle » par exemple, tu vas vite t'apercevoir qu'à moins d'avoir un jardin aussi grand qu'un champ, tu vas rarement passer la tondeuse plus d'une fois ou deux par mois en moyenne (et je ne te parle pas des mois d'hiver où il n'y a pas grand chose à tondre). Donc ça va peut-être prendre une ou deux heures de ton temps à chaque fois, soit quatre heures par mois, si cette tâche t'es dévolue, alors que celui ou celle qui va faire la vaisselle devra sacrifier 10 à 20 minutes par jour à faire la vaisselle tous les jours.
Bref: les femmes commencent (enfin) à avoir accès à plus de postes à responsabilités, mais gardent aussi celui de la « maîtresse de maison », ce qui en pratique fait qu'elles bossent plus que leur mec (encore une fois, si on considère les couples hétéro).
[^] # Re: Pas spécialement stressant
Posté par lasher . En réponse au journal Psychologie, science et reproductibilité. Évalué à 3.
Il y a une étude sortie il y a quelques années qui montre que les papiers qui ont le plus gros impact sur un domaine donné ont souvent dû être soumis/modifiés plusieurs fois. Alors que beaucoup de fois, un papier qui est accepté à la première soumission n'a qu'un impact modéré sur le domaine de recherche considéré. Et quelque part c'est normal : le papier qui est accepté direct, c'est souvent qu'il confirme une tendance observée par les scientifiques, et ne fait « qu'ajouter » à la somme de preuves qui confirme cette tendance. Alors que le papier qui est soumis plusieurs fois est souvent un papier qui remet en cause des idées ou hypothèses que les scientifiques du domaine semblent accepter en majorité (pas forcément une large majorité, mais suffisamment pour que les papiers qui confirment ces idées soient acceptés en première lecture par exemple…).
[^] # Re: Pas spécialement stressant
Posté par lasher . En réponse au journal Psychologie, science et reproductibilité. Évalué à 4.
Je plussoie cet avis. Je n'ai pas de source à donner, mais dans un cours d'histoire des sciences il y a ~10 ans, un professeur nous avait dit que lorsqu'on regardait les plus grands génies depuis ~500 ans (en gros : les scientifiques qui ont laissé suffisamment de traces sous une forme ou une autre), la plupart des grandes découvertes qu'ils faisaient étaient liées à une vision singulière dans un sujet, vision qui était fondamentalement différente de celle du reste de la communauté. En gros, il y avait une certaine « foi » en une intuition qui leur disait que les choses étaient différentes de ce que le reste des scientifiques pensait.
[^] # Re: Pas spécialement stressant
Posté par lasher . En réponse au journal Psychologie, science et reproductibilité. Évalué à 4.
Tu peux aussi passer par le crible statistique (i.e., refaire la même expérience plein plein plein plein de fois, avec un gros échantillon à chaque fois). Le problème, c'est que certaines expériences sont coûteuses en temps et en argent — surtout en temps en fait : un salaire de thésard, c'est pas bien gros. :) Aussi, il peut être intéressant de faire refaire une expérience avec un thésard tout neuf, mais ça ne mènera sans doute qu'à un rapport technique (et pas une publi avec comité de relecture). Or, un thésard, ça doit publier pour pouvoir passer sa thèse « confortablement ».
[^] # Re: Pas spécialement stressant
Posté par lasher . En réponse au journal Psychologie, science et reproductibilité. Évalué à 7.
Malgré tout, Popper avait raison. Ce que tu décris (et tu le fais très bien par ailleurs) n'infirme pas le fait que, une fois que tu as donné les limites de ta recherche (expérience faite dans une forêt spécifique, pour une espèce d'oiseaux spécifique) devrait être reproductible. Je suis parfaitement d'accord pour dire que des phénomènes externes peuvent avoir influé sur les observations, même si on refait les expériences avec les mêmes paramètres initiaux (cf. l'exemple du camion Phildar). Ceci étant dit, ce que dit Popper, c'est qu'il doit être possible de formuler une hypothèse qui contredit celle qu'on est en train d'étudier, par exemple en donnant une autre explication possible pour un phénomène, et qu'ensuite on doit pouvoir la mettre en œuvre et observer les résultats.
La notion de démarche scientifique de Popper n'est qu'un idéal à atteindre : on fait du mieux qu'on peut. Mais la vérité, c'est que même en informatique qui (comme je l'ai écrit ailleurs dans ce journal) est effectivement plus « déterministe » que beaucoup d'autres domaines de recherche, on a quand même un nombre impressionnant de résultats qui sont du genre « voilà notre super algorithme de la mort. Et voilà nos résultats obtenus sur une machine X. On a juste omis tous les résultats qui étaient moins bons, mais on dit quand même que notre méthode est généralisable. Ah oui aussi, on montre les bons résultats, mais on est infoutu d'expliquer en quoi notre algorithme permet d'aller plus vite que les autres. On ne fait que constater. » À la décharge de beaucoup de ces papiers, lorsqu'on a 10-15 pages pour décrire (1) l'algo, (2) l'état de l'art, (3) la méthodologie expérimentale, (4) potentiellement, fournir une version abrégée d'une preuve formelle, etc., il ne reste plus beaucoup de place pour faire une étude approfondie de « pourquoi ça marche ». D'ailleurs il m'est déjà arrivé d'écrire un papier qui utilisait une méthode empirique pour accélérer un type de calcul parallèle, puis de passer ~6 mois à comprendre pourquoi ça marche bordel, et d'écrire un deuxième papier sur le sujet.
[^] # Re: Pas spécialement stressant
Posté par lasher . En réponse au journal Psychologie, science et reproductibilité. Évalué à 10.
Ça, c'est la théorie. En pratique, c'est juste « plus » déterministe que les sciences du vivant. Il y a plusieurs raisons:
Quelques exemples :
-fopenmp
ou-lpthread
, le compilateur va d'office supprimer certaines optimisations qu'il ne peut pas garantir correctes dans le cadre d'une exécution parallèle. Résultat : débugger un code purement séquentiel ou bien qui contient ne serait-ce qu'un thread qui appelle le même code va potentiellement avec un comportement différent niveau perfs. De plus, bon courage pour savoir quelles optimisations ont été désactivées, et lesquelles seront réactivées d'une version à l'autre d'un compilateur.Je ne parle même pas de ce qui se passe quand on commence à rajouter des niveaux d'indirection (utilisation de CLI ou JVM, utilisation d'hyperviseurs, etc.). Attention, l'informatique reste 1000 fois plus « déterministe » que les phénomènes naturels qu'on cherche à isoler et observer. Mais dire que l'informatique est en gros déterministe, c'est plus ou moins comme si on disait « on a observé et compris les règles de combinaison entre deux atomes, du coup comprendre comment des organismes vivant interagissent est déterministe. » : il y a trop de niveaux d'indirection pour pouvoir l'affirmer avec certitude.
À noter que des anciens collègues avaient commencé « pour le fun » à jouer avec un jeu restreint de ces options de compilation (en sélectionnant celles qui auraient sans doute le plus d'impact sur un code de calcul intensif), et leur conclusion était que « -O3 est suffisant dans 90% des cas ». ↩
[^] # Re: Vidéo
Posté par lasher . En réponse au journal Lawrence Lessig "candidat" aux présidentielles américaines. Évalué à 7.
L'accès au net et la multiplicité des sites fait que, comme tu le dis, les idées « alternatives » peuvent circuler plus facilement, mais c'est aussi sans tenir compte des SEO et en règle générale des spécialistes des médias qui peuvent aider à gonfler artificiellement certaines idées. En d'autres termes, « multiplicité » ≠ « visibilité ».
J'ai parlé de Bernie Sanders dans un autre commentaire. Je ne pense pas qu'il ait une chance contre H.Clinton aux primaires démocrates. Pourtant, il a un passif dont peu de candidats peuvent se vanter : (1) il est cohérent et constant dans son message politique, (2) il veut montrer que même sans super PAC, il est possible de faire entendre son message, en parlant à la base, et (3) il est extrêmement franc et ne cherche pas à faire plaisir aux gens à qui il parle.
Il assume complètement son discours populiste et populaire, et petit à petit il monte dans les sondages. Malgré tout, je ne pense pas qu'il remportera la primaire. En face de lui, on a une candidate qui change son accent en fonction de l'état qu'elle visite, qui dispose de fonds colossaux pour l'aider à communiquer à la télé ET sur le net.
Sanders est le meilleur candidat, et il a compris la puissance d'Internet, mais malheureusement aux US, les « vieux » restent ceux qui votent le plus en proportion, et ce sont ceux qui matent le plus la télé aussi.
Il ne suffit pas d'avoir de bonnes idées, encore faut-il que la voix pour les énoncer porte assez loin. Aux US, les débats pour les primaires et les présidentielles sont assurés par des chaînes privées, qui dictent les règles de qui elles invitent. C'est pour ça qu'en 2000, quand Ralph Nader s'est présenté pour les Verts, et alors qu'il avait ~3-5% d'intentions de vote, n'a pas pu participer ni même assister1 aux débats entre les deux candidats des partis républicain et démocrate. Il a fini par obtenir 2,74% des voix (et on l'a accusé d'avoir gâché les chances de Gore de gagner contre Bush, ce qui est extrêmement contestable : 25% des gens qui avaient voté pour Nader auraient voté pour Bush sinon, 38% pour Gore, et les 27% restant n'auraient pas voté).
Pour info, Ralph Nader est aussi l'un de ces extraterrestres qui a passé sa vie à lutter contre la corruption2 et professer un message clair et cohérent au fil du temps.
Les organisateurs avaient peur qu'il fasse un scandale… ↩
Incidemment, aux USA, il est l'un des principaux acteurs qui a permis l'installation de ceintures de sécurité dans toutes les automobiles dans les années 70. ↩
[^] # Re: Vidéo
Posté par lasher . En réponse au journal Lawrence Lessig "candidat" aux présidentielles américaines. Évalué à 7.
Aux USA, le candidat à la primaire démocrate Bernie Sanders est l'un des seuls à dire explicitement qu'il veut renverser le jugement concernant Citizens United.
Il y a quelques années (2011/2012), Jon Stewart et Stephen Colbert avaient monté un SuperPAC et démontré à quel point les SuperPAC, qui ne sont pas censés être pilotés par ceux qui en bénéficient, pouvaient en réalité servir à financer à peu près tout et n'importe quoi, avec en plus l'avantage que ceux qui financent le (super) PAC restent anonymes jusqu'à une date postérieure aux élections.
Bref. Patrick_g a raison.
[^] # Re: Euh...
Posté par lasher . En réponse au journal La communauté Open Source Américaine et la liberté d'expression. Évalué à 2.
Dans ce cas précis (« Charlie Coulibali ») c'était clairement une condamnation politique. N'importe quel autre comédien (même relativement connu) qui aurait sorti cette phrase n'aurait sans doute pas été inquiété.
[^] # Re: Sujet du commentaire
Posté par lasher . En réponse au journal Et la politesse bordel !!!. Évalué à 7.
Plus d'une fois il m'est arrivé ce genre de dialogue:
Moi : « Salut ! »
Lui/Elle : « Bien, et toi ? »
[^] # Re: Autre meurs...
Posté par lasher . En réponse au journal Et la politesse bordel !!!. Évalué à 9.
Il y une différence entre écrire un truc du genre :
et :
Et surtout, il y a une différence entre les forums LinuxFR et stackoverflow qui est un site directement destiné à poser des questions, chercher du contenu/des réponses parmi les questions, etc.
[^] # Re: tldr mais pas complètement
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 3.
Je pense que les exemples que j'ai donnés sont considérés comme positifs. Ce qui n'était pas bien vu, c'était le côté « il passe sont temps sur un ordinateur plutôt que socialiser avec les autres. Quel geek ! » Bref, je pense qu'au pire un mec qui est/était passionné de mécanique par exemple, c'était vu comme acceptable ou neutre.
[^] # Re: tldr mais pas complètement
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 2.
Mais même sans être geek, c'était quand même celui qui savait régler le magnétoscope, ou l'alarme, ou qui, en fonction du budget (qui lui pouvait bien entendu provenir d'un compromis avec sa moitié) choisirait la voiture, ou…
[^] # Re: PRÉCISION(S)
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 7.
Juste un truc. J'en parle ailleurs, mais si tu as raison d'affirmer qu'il y a un fossé entre le salaire moyen des hommes et des femmes, à poste égal, le salaire d'un homme ou d'une femme est globalement le même. Donc pour répéter ce que je disais ailleurs, le problème est systémique, et a sans doute deux causes :
Concernant le fossé des salaires, ce post est très intéressant, et fournit tout plein de sources à la fin : My verdict on gender bias in the workplace.
[^] # Re: On n'y arrivera jamais
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 2.
Oui, mais comme maintenant il est (globalement) accepté qu'une femme puisse faire carrière, la notion de « ramener le fric » est moins présente lorsqu'on pense aux hommes je pense (quelque part c'est mécanique : si on accepte que les femmes puissent faire carrière, alors on accepte qu'elle puissent rapporter du fric au ménage). Du coup il y a bien une « double peine » : la femme a (enfin !) le droit d'avoir un boulot à responsabilités, qui rapporte, etc., mais reste malgré tout la personne qui s'occupe principalement du ménage à la maison (une sociologue m'avait rapporté qu'en 30 ans, les hommes ont augmenté leur participation d'environ 5% dans les tâches ménagères en France).
[^] # Re: gentil·le
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 5.
Bon je vais quand même réagir là-dessus : mes parents étaient beaucoup moins chiants quand j'avais 17 ans et que je sortais à Paris et rentrait le soir tard (ou le lendemain matin très tôt), mais que souvent je passais une partie de la soirée sur les quais de Seine, que lorsque ma sœur allait chez une amie (certes dans une banlieue pas considérée comme super sûre), et qui pourtant n'allait pas bouger de l'appart de ladite amie.
Bref : mes parents, un peu par pragmatisme (Argenteuil c'est pas toujours la joie il faut bien l'avouer), mais aussi sans doute pas mal par construction sociétale, s'engueulaient clairement plus avec ma sœur qu'avec moi au sujet de nos sorties. En fait, dans mon cas, on m'engueulait surtout car je ne prévenais pas quand je rentrais tard, alors que ma sœur le simple fait de vouloir aller quelque part tard pouvait déclencher des réactions.
Je vois très bien ce que tu veux dire (nous avons ceci en commun), mais honnêtement, dans l'immense majorité des cas, de ce que je peux observer (j'enseigne en fac depuis 8 ans, dans 2 pays différents), oui, il y a une très grande différence entre la façon dont les hommes se comportent et ont tendance à être (relativement) sûrs d'eux pour ce qui est des interactions sociales comparés aux femmes. Certes mon témoignage reste anecdotique, mais je commence à avoir un échantillon pas si petit que ça à force.
Je passe sur le reste de tes commentaires. Pour faire court : tu parles de ta situation (que je comprends très bien, et que notre domaine d'activité n'aide pas à contrecarrer 1), mais c'est anecdotique comparé à l'immense majorité des hommes, et aux comportements de ces derniers en tant que « groupe » comparé à celui des femmes.
Ça par contre, c'est quelque chose qui en effet m'énerve pas mal. Je ne peux pas parler en France car je n'ai pas les chiffres, mais pour les USA je peux. On constate que le salaire féminin moyen est 30% plus bas que celui des hommes. Jusque là, la statistique est correcte. Cependant, aux USA, un poste avec des responsabilités données aura comme conséquences la même paie (± le pouvoir de négociation du/de la candidat(e)). La différence de salaire moyen entre hommes et femmes aux USA est d'origine systémique : on pousse les femmes très tôt vers des métiers qui sont peu valorisés financièrement, mais si une femme arrive à surmonter les incitations à lui faire dévier de la voie qu'elle s'est initialement choisie, si elle postule pour un poste donné et qu'elle l'obtient, elle aura en moyenne le même salaire qu'un homme pour les mêmes responsabilités.
Je suppose que tu as un métier dans l'informatique; j'ai peut-être tort. ↩
[^] # Re: On n'y arrivera jamais
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 2.
Note que je suis tout à fait d'accord avec toi sur le côté « ne soyons pas manichéens » concernant le sexisme.
Ceci étant dit : oui, il existe un tas de préjugés véhiculés par les deux sexes, parce qu'ils font partie du système. Je ne pense pas que quiconque nie cela. Mais il reste que globalement s'il est désormais accepté qu'une femme puisse avoir une carrière, beaucoup de gens continuent de demander à une employée de parler à leur manager (alors qu'en fait, le manager, c'est elle), et en règle générale d'imaginer que le boss est forcément un homme. Sur cette partie, je crois qu'on arrive doucement à faire changer les mentalités (et c'est très bien). Cependant, la société dans son ensemble attend d'elle qu'elle reste la maîtresse de maison en plus de son job « normal ». Alors oui ça donne des situations inconfortables pour les hommes qui font leur boulot de père (les exemples que toi et d'autres ont cités sont édifiants), et bien entendu il faut lutter contre cette mentalité. Mais je pense qu'il y a une disproportion énorme comparé aux femmes dont on attend d'elle qu'elles soient femmes de ménage, mères, aient un job « de jour », etc., dans le sens où la pression est là bien avant qu'elles soient mères, ou qu'elles soient en ménage où que ce soit. Je pense que c'est en cela que certains disent qu'il faudrait « d'abord » régler ce problème.
Encore une fois je suis d'accord avec toi, ce que je viens de décrire ne peut pas changer si on n'accepte pas que les hommes puissent participer plus à la vie de famille et aux corvées quotidiennes. Mais je crois que c'est aussi ce qui fait dire à certains que devant une telle disproportion, la souffrance des hommes mis dans une position inconfortable pâlit en face de celle des femmes (et honnêtement, sans vouloir minimiser quoi que ce soit, je pense que c'est en partie vrai1).
Note bien que je ne parle pas du viol des hommes. Un viol est un viol est un viol : c'est une agression, souvent accompagnée de violence, ou au moins de menaces, qui marque quelqu'un à vie, quel que soit le sexe (et oui, il y a en plus les stygmates du mec qui « devrait s'estimer heureux, il a pu tirer un coup facilement »). D'ailleurs, je partage régulièrement des articles liés au féminisme sur des réseaux sociaux bien connus, et si tout un tas de gens « aiment » (ou plussoient, ou …) le contenu très souvent, lorsque j'ai lié vers une vidéo dont le titre disait que le viol était hilarant, bizarrement je n'ai eu aucun « like », aucun partage, etc. (et comme d'hab sur YouTube, il ne faut pas lire les commentaires sauf si on a envie de nourrir son envie de génocide). ↩
[^] # Re: On n'y arrivera jamais
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 3.
Pour le coup, l'expression « profane » ne m'a pas choquée, et je trouve pas que ce soit péjoratif. D'après le Larousse, sorti du contexte religieux, « profane » signifie « Personne qui n'est pas initiée à telle science, à tel art, etc. »
Ça me semble être exactement le terme recherché : « sexisme » pour le profane, c'est-à-dire celui qui n'étudie pas le domaine de la sociologie par exemple, se rapporte à la discrimination en fonction du sexe.
[^] # Re: gentil·le
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 9.
Je trouve ça rigolo. La seule « réputation » que je connaisse à ce site, c'est lorsque certains renomment LinuxFR en TrollFR (ce qui est assez juste, surtout le vendredi, il faut bien avouer).
Donc oui, ça discute-de-comptoir-ise pas mal sur LinuxFR, mais je trouve que globalement c'est très souvent du troll de compèt avec des gens qui essaient malgré tout de convaincre leur auditoire le plus souvent.
Cependant, ḑu point de vue du sexisme, je n'ai jamais entendu que LinuxFR avait une réputation d'héberger les propos de gens plus sexistes que sur d'autres sites par exemple.
[^] # Re: gentil·le
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 2.
J'oubliais que linuxfr.org c'était pareil que je ne sais quel site (jeuxvideo.com ?) qui avait plus ou moins clamé explicitement que bon quand même, ils étaient sexistes et ne comptaient pas changer d'un iota.
Et je maintiens : même s'il y a (comme partout sur internet) des énervés pas fichus d'écouter/lire ce que les gens à dire parce que c'est en contradiction avec ce qu'ils pensent, il y en a malgré tout un tas (dont la personne initialement visée-mais-pas-visée) qui ont répondu posément, en exposant leurs arguments. Ils n'ont pas forcément « raison »1, mais ils sont disposés à discuter.
Et d'ailleurs au final, je pense qu'il y a eu plus de personnes (je ne parle pas en termes de commentaires en nombre absolu, mais de commentateurs) qui ont dit être de l'avis de Zenitram concernant le terme « WAF » (i.e., c'est un terme sexiste) que le contraire (je me trompe peut-être). ↩
[^] # Re: gentil·le
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 9.
C'est un peu con quand même. Quelqu'un se plaint de sexisme sur LinuxFR sur Twitter, mais tes amis sont trop occupés pour donner leur avis face à un nombre impressionnant de commentaires ici qui se veulent détaillés et essaient de répondre point par point à ton analyse ? C'est dommage, car comme je l'ai dit ailleurs, si tu veux réellement changer les mentalités ici, il faut faire preuve de pédagogie, et ça passe entre autres par expliquer la même chose plusieurs fois, différemment (avec des exemples différents, etc.).
[^] # Re: tldr mais pas complètement
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 7. Dernière modification le 14 juin 2015 à 22:09.
Non, c'est sinma qui a utilisé le terme de capitulation. Jeff a dit « so be it ».
EDIT: j'oubliais : je te critique souvent, mais je dis aussi souvent que tu as des propos pertinents (mais que parfois la forme fait oublier le fond). Et aussi, il m'arrive souvent de plussoy^Wpertinenter tes propos (du coup si je trouve qu'ils sont justes et que je n'ai rien à rajouter, ben… je ne dis rien. :-)).
[^] # Re: gentil·le
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 3.
Qu'est-ce qu'on en a à faire, sérieusement ?
L'école d'où Jeff vient met l'accent sur une éducation post-bac réellement pluri-disciplinaire, avec un groupe d'enseignants chercheurs en sciences cognitives et philosophie assez gros. Les UV vont de « science de l'ignorance » (UV d'épistémologie qui s'est peu à peu transformée en cours de philo sur la connaissance) aux sciences cognitives, ce qui inclue une intro à la phénoménologie, à l'étude des sens en termes de phénomène biologique, mais aussi des conséquences sur notre façon de raisonner et philosopher (on y étudie entre autre les dispositifs de Bach-y-Rita pour la suppléance perceptive), en passant par des cours d'éthique et morale (où l'on aborde les philosophes grecs antiques, Kant, mais aussi des philosophes plus récents tels que Steven Singer). Tous les ans, un séminaire d'une semaine est organisé où un panel de chercheurs potentiellement internationaux (mais il faut bien avouer, principalement francophones) expose de nouvelles idées et concepts résultant des recherches des intervenants. Bref, il y a de quoi faire.
[^] # Re: gentil·le
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 4.
Non, là tu lui fais un procès d'intention. Jeff n'a absolument pas mentionné la dichotomie science dure/mole, ce sont ses interlocuteurs qui ont abordé ce sujet par la suite. S'il y a une chose de dangereuse avec les statistiques, c'est bien qu'ont leur fait dire un peu n'importe quoi pour soutenir un point de vue (et c'est ce que Jeff dénonçait en parlant de « pseudo-science »).
[chipotage]
Tout article sérieux ne commence pas nécessairement avec un état de l'art. Ça dépend de la publication, du public visé, etc.. Par exemple, la plupart des articles que j'ai écrits mentionnent le « related work » juste avant la conclusion.
[/chipotage]
C'était du chipotage pour rigoler, mais ça a malgré tout une conséquence : souvent la section « Related Work » n'est pas forcément très épaisse, car les contraintes d'espace forcent à condenser l'état de l'art. De plus, sans parler de mauvaise foi intellectuelle1, il y a plusieurs fois où un article est cité car on ne peut l'éviter, et où on explique en quoi ce dernier ne s'applique pas exactement au cas qui nous intéresse car notre étude tient compte de X, et du coup, ces études ne sont pas directement comparables. C'est parfois vrai, note bien, mais souvent, c'est une façon de se dédouaner (et encore une fois, c'est souvent parce qu'on n'a pas la place de faire mieux).
Enfin, il ne faut pas oublier toutes les fois où un (groupe d')auteur(s) va faire une rechercher à la va-vite, lire l'abstract, l'intro et la conclusion, et lire en diagonale le reste de l'article, puis faire des extrapolations (imprécises voire fausses) sur ce que l'article cité dit.
Qui se traduirait par savoir qu'une étude contredit ce qu'on affirme mais ne pas la citer, par exemple, chose qui arrive plus souvent qu'à son tour : c'est pour ça qu'il faut des reviewers sérieux (ce qui malheureusement n'est pas toujours le cas). ↩
[^] # Re: tldr mais pas complètement
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 10.
(disclaimer : freejeff/Jeff est quelqu'un que je connais personnellement, que j'ai côtoyé un bon nombre d'années, et oui, on peut sans doute le dire, un pote)
(l'emphase est de moi dans les deux cas; je me suis aussi permis de prolonger la citation de Briaeros007 car la suite est importante dans sa phrase, de même que la suite de ce que dit sinma dans la sienne l'est tout autant)
Tu cites la fin de la phrase de Briaeros plus loin:
… Et tu estimes que la citation de sinma qui suit y répond :
Je ne vois pas en quoi elle répond en quoi c'est une incitation à communiquer. Au contraire, je n'y vois qu'un ton condescendant qui dit en gros « espèces de nazes, quand c'est-y que vous allez ouvrir vos esgourdes bandes de machos qui vous ignorez ? Lisez un livre, renseignez-vous sur le féminisme, bande d'incultes ! »
Pas que. Si sinma veut réellement faire réagir les gens sur les problèmes de sexisme sur ce site (et il y aurait en effet beaucoup à dire, y compris sans doute dans ma propre prose), alors dire « je fais un cas d'étude sur une personne, mais faut surtout pas le prendre personnellement hein ! », puis faire suivre ça de (je cite depuis le texte du journal) :
(l'emphase est encore de moi)
On ne peut pas faire un cas d'étude (qui se veut donc relativement analytique et « froid ») tout en se permettant ce genre de commentaires. Signaler une contradiction, oui; mais cette tournure est une attaque contre Jeff.
Plus loin, sinma écrit :
Là, ce n'est pas propre à sinma elle-même : c'est un argument utilisé par tous ceux qui veulent discuter de l'oppression systémique dans une société. Je comprends parfaitement la logique derrière ces propos : un esclavagiste aura toujours l'impression de bien traiter ses esclaves; après tout, il ne les fouette que s'ils essaient de s'échapper ! Cependant j'ai quand même du mal lorsque des propos sont posés sans une mise en contexte. Je sais que beaucoup de ce même contexte est implicitement supposé par les gens qui abordent ces sujets (c'est un thème qui a été discuté dans un autre fil dans ce journal), mais la pédagogie c'est l'art de la répétition et de la reformulation. Donc : dire à quelqu'un « ce n'est pas parce que tu n'a pas l'impression d'être oppressif (même involontairement) que tu ne l'es pas » est peut-être vrai dans beaucoup de cas, mais il faut malgré tout étayer. Le problème est que pour ce faire, sinma explique en substance que « non, ta gueule, tu opprimes même si c'est sans le vouloir, et en tant qu'opprimée, moi seule (et les autres opprimées) pouvons décider si nous sommes justifier de te le dire » (j'exagère évidemment le trait). Cela ne laisse aucun jeu, aucun espace pour trouver une conciliation, ce que Briaeros expliquait : il faut pouvoir trouver un terrain d'entente où une fois qu'on a communiqué sa gêne, les deux parties concernées trouvent un compromis. sinma n'a laissé aucune ouverture. Son journal était entièrement à charge.
Elle cite Jeff, qui effectivement se défend un minimum (j'y reviens juste après), puis annonce :
Là, je me porte complètement en faux avec sinma. Je passe vite-fait sur le fait qu'elle ne fait « qu'un case d'étude, rien de personnel », mais qu'elle qualifie Jeff d'oppresseur, comme si lui était systématiquement en train d'avoir des propos sexistes1, c'est un peu fort de café.
Non, je pense que sinma a occulté un fait très important : sur LinuxFR, il y a un nombre important de gens qui n'aiment pas avoir tort, et qui seront sur la défensive par défaut, qui ont un fort esprit de contradiction, etc. Bref, Zenitram a fait remarquer (à raison) l'aspect sexiste d'un acronyme tel que « WAF » sans rien expliquer. Jeff a réagi en disant qu'il n'avait aucune intention sexiste, donc oui, il s'est défendu d'avoir ce genre d'intentions. Sur LinuxFR c'est assez courant : quelqu'un dit quelque chose, quelqu'un d'autre critique ce quelque chose sans étayer, et le premier intervenant se défend, surtout si la critique est une affirmation sans explication. Rien que de très normal.
Alors, est-ce que ce besoin d'avoir raison (parfois poussé à l'extrême), de se défendre, et cet esprit de contradiction en général est lié au fait que nous sommes sur un site qui est fréquenté à 95% par des hommes pour la plupart informaticiens (ingénieurs ou assimilés) ? C'est tout à fait possible, et oui, c'est améliorable. Mais affirmer que Jeff s'est défendu parce que c'est un mécanisme typique des sexistes oppresseurs lorsqu'on fait remarquer qu'ils ont dit quelque chose de sexiste, ça reste à démontrer dans le cas précis de Jeff. J'ai eu assez de conversations et d'engueulades avec le monsieur IRL pour savoir que parfois il s'agit simplement d'une bataille d'ego et de refuser de lâcher du terrain (et pour jouer à ce jeu, il faut être deux : je refusais aussi). :-)
Reprenons le texte de sinma :
Le problème étant qu'on ne peut pas dire à quelqu'un que ce qu'il dit est offensant, le lui dire de façon assez crue et directe, et ensuite penser que cette personne va l'accepter gentiment sans jamais réagir. Je trouve que la réponse que Zenitram a eue ensuite (celle où il donne des expressions que beaucoup trouveraient « neutres » mais qui ont des relents homophobes, sexistes, ou racistes) est excellente, mais est venue un peu tard dans la discussion initiale (c'est de ça dont je parle quand je dis qu'il faut étayer lorsqu'on fait des affirmations que quelque chose est raciste/sexiste/…). C'est juste dommage que juste après, dans le même commentaire, lorsque Jeff utilise MAF, Zenitram qualifie cela de sexisme inverse, alors qu'au final c'était juste une façon pour Jeff d'essayer d'expliquer qu'homme ou femme ça ne faisait aucune différence, mais là, Zenitram dit en gros « parce que tu a rajouté un autre terme pour distinguer hommes et femmes ça fait de toi quelqu'un de sexiste ».
Reprenons avec l'analyse de sinma :
Le fait est que Jeff connaît et est pote avec des geeks de tous genres qui ont des installations. Si je comprends l'intention de sinma, les phrases « exemples » qu'elle utilisent montrent surtout qu'elle a usé et abusé du procédé de « déformation/amplification » des propos de Jeff.
Puis elle analyse une autre réponse (je me garderai de recopier la citation de l'intervenant cette fois-ci) :
Encore une fois, si on veut faire avancer les choses, on ne peut pas à la fois faire une analyse critique des comportements qu'on attribue à toute une communauté et y mêler du sarcasme comme elle le fait. En d'autres termes, je préfère l'approche Ghandi ou Martin Luther King à l'approche Malcolm X. Ça ne veut pas dire que Malcolm X n'avait pas raison lorsqu'il dénonçait le racisme, la ségrégation, les injustices, etc.; juste que la violence de ses propos a sans doute autant fait de bien que de mal (et si je me souviens bien, il fut assassiné après s'être assagit et avoir pris un chemin plus raisonnable et raisonné — ce n'est pas une coïncidence).
Reprenons. Un des intervenants invoque l'humour. sinma répond (à juste titre) que
Oui. Ceci étant dit, encore une fois, l'humour est quelque chose qui dépend fortement du contexte où il est exprimé (et c'est pour ça que Desproges était contre la venue de Le Pen en 1982 au tribunal des flagrants délires).
Je cite Jeff sur ce sujet, car je trouve que sa réponse est juste et mesurée pour le coup :
On pourrait bien entendu considérer que le déroulement de cette discussion est dû au fait que l'humour, à moins d'être balisé par des [ironie][/ironie], [humour][/humour], utilisation de smileys, etc., est parfois difficile à déceler à l'écrit. Mais je pense que la vérité est plutôt que certains (kof kof Zenitram kof kof — mais pas que) se mettent parfois en mode « argumentation à tout prix » et du coup prennent les choses littéralement quand ça les arrange pour faire avancer leurs arguments. J'ai des exemples de discussion où il me semblait évident étant donné la teneur de mes propos dans tout un fil de discussion qu'il s'agissait d'humour ou d'ironique. Par exemple, dans un fil de discussion, j'avais utilisé l'expression « se comporter en homme ». C'était ironique/une critique de ce qu'on attendait des femmes dans des postes haut-placé dans de grandes boites; et pourtant, comme je n'avais pas mis des guillemets, on m'a reproché « tiens tu vois, même toi tu as des propos sexistes » (j'en tiens certainement, mais dans ce cas précis le contexte était clair).
sinma finit sur la proposition de compromis de Jeff :
C'est là qu'on voit que finalement, il s'agit plus de régenter et formater la pensée d'autrui qu'autre chose. C'est con, je suis d'habitude plutôt d'accord avec les interventions de sinma, mais là, c'est n'importe quoi. Jeff propose de lui-même un compromis, il propose de ne plus utiliser le terme WAF (qu'il avait employé parce qu'il avait trouvé ça rigolo, mais que visiblement les interventions ont fait changer d'avis et comprendre qu'au moins certains2 trouvaient cela sexiste). Mais ce n'est pas suffisant pour sinma, non. Il faut qu'en plus il recâble son cerveau dans les 24 ou 48 heures qui ont suivi cette discussion (hors sujet avec le thème du journal lui-même3).
Je ne sais pas vous, mais lorsqu'on me soumet une nouvelle idée, un nouveau concept, etc., qui entre en conflit directement avec ce que je ressens (que ce soit à cause de ce que la société m'a inculqué, de mes propres expériences personnelles, etc.), je ne change pas d'opinion tout de suite, là, maintenant. Le fait que Jeff ait proposé de ne plus utiliser ce terme, et propose même un nouveau terme, neutre celui-là, devrait être tout à son honneur, car il montre une certaine ouverture d'esprit, et une volonté de progresser et faire des compromis.
La raison pour laquelle en France on punit la parole raciste en public n'est pas pour faire changer les racistes de personnalité, mais d'éviter d'exposer les esprits « vierges » à la pensée raciste. Dans le cas de Jeff, oui, il semble évident qu'il n'est pas complètement convaincu par les arguments, mais il essaie malgré tout de trouver un compromis, tout en restant courtois avec ses interlocuteurs. Ce qui signifie qu'en pratique, il y aura une personne de moins qui utilisera un terme considéré par beaucoup (dont moi) comme sexiste. Ça signifie aussi que peut-être, dans quelques jours, ou quelques semaines, avec le recul, il se dira que oui, quand même, je vois où ils voulaient en venir.
C'est quand même incroyable que quelqu'un qui effectivement (je suis encore une fois d'accord avec Jeff là-dessus) se pose en autorité qui a lu les études de socio et psycho associées à l'impact du langage et du choix de vocabulaire sur les gens sur le long terme ne soit pas capable de voir en quoi la réaction de Jeff était sans doute l'une des meilleures possibles, car il a montré que malgré ses réserves il était prêt à changer son comportement après en avoir discuté avec d'autres intervenants. À moins d'avoir déjà un esprit qui doute de certains termes qu'elle utilise, une personne va très rarement changer d'opinion sur le coup, après avoir discuté avec trois personnes.
J'ai déjà dit ailleurs dans ce journal que j'estime qu'en effet que « WAF » est par essence sexiste, mais de même qu'employer des mots qui pourraient être considérés comme racistes ou sexistes ou discriminatoires, etc. sont parfois employés par des individus dans un contexte donné, ça ne fait pas de ces personnes des racistes patentés, ou des immondes oppresseurs du genre féminin. ↩
Je refuse de rajouter des 'e' partout où on pourrait féminiser. Le neutre et le masculin se confondent au pluriel et souvent au singulier, et je suis assez intelligent pour comprendre que ça ne veut pas dire qu'on en écarte les femmes du lot pour autant. Je renvoie à Desproges sur ce sujet, lorsqu'il parle du « Françaises, Français » présidentiel. On va dire que j'ai la faiblesse de croire qu'au moins sur ce site, la grande majorité est suffisamment intelligente pour savoir faire la part des choses. ↩
Ça ce n'est pas grave, ça arrive tout le temps sur LinuxFR. ↩
[^] # Re: Où est le sexisme
Posté par lasher . En réponse au journal Sexisme ordinaire sur Linuxfr. Évalué à 1. Dernière modification le 12 juin 2015 à 22:31.
Personne (mais alors vraiment, personne) ici, que ce soit dans ce journal, ou en règle générale sur LinuxFR n'a proposé cela à ma connaissance.
C'est rigolo que tu aies cette impression, parce que les études sociologiques « récentes » (<10 ans) montrent que si les femmes obtiennent en effet plus facilement des postes à responsabilités que lors des dernières décennies, la contribution du conjoint pour les tâches usuelles/ménagères (dans le cas de couples hétérosexuels, qui somme toute, est la grande majorité des couples en France) n'a augmenté que de 5 à 10 % en moyenne.
Donc par exemple : si tu répartis « tondre la pelouse » vs. « faire la vaisselle » par exemple, tu vas vite t'apercevoir qu'à moins d'avoir un jardin aussi grand qu'un champ, tu vas rarement passer la tondeuse plus d'une fois ou deux par mois en moyenne (et je ne te parle pas des mois d'hiver où il n'y a pas grand chose à tondre). Donc ça va peut-être prendre une ou deux heures de ton temps à chaque fois, soit quatre heures par mois, si cette tâche t'es dévolue, alors que celui ou celle qui va faire la vaisselle devra sacrifier 10 à 20 minutes par jour à faire la vaisselle tous les jours.
Bref: les femmes commencent (enfin) à avoir accès à plus de postes à responsabilités, mais gardent aussi celui de la « maîtresse de maison », ce qui en pratique fait qu'elles bossent plus que leur mec (encore une fois, si on considère les couples hétéro).