doit-on leur donner des armes qui vont les aider à abîmer encore plus nos sociétés?
Bah disons que quand tu publies un logiciel libre, tu donnes les mêmes armes à tout le monde. Pourquoi penser que tu ne donnes des armes qu'aux grosses entreprises?
Et puis, c'est un peu au cas par cas. Est-ce que tu veux interdire à Canonical de distribuer une version d'Ubuntu avec ton logiciel? Est-ce que tu veux interdire à Total d'utiliser et de modifier ton logiciel en interne sans jamais le redistribuer? Est-ce que tu veux interdire à Apple de distribuer une application gratuite basée sur ton logiciel? Mais surtout, pourquoi tu veux le faire? Tu veux de l'argent? Si tu veux devenir riche, il ne faut pas coder bénévolement du logiciel libre. Tu veux faire couler les grosses boites? Bah il faut militer pour un parti anticapitaliste. Tu ne veux pas que les boites utilisent ton logiciel? Il suffit de mettre une licence non-libre style CC-NC.
j'imagine que d'autres n'auront pas de problèmes avec leur agissements
Je pense plutôt que leurs agissements n'ont rien à voir avec les logiciels libres, et qu'au final le monde du LL a plus à gagner à être utilisé massivement par les entreprises qu'à être marginalisé. L'utilisation massive, c'est la crédibilité, c'est autant d'argent qui n'ira pas à Microsoft, c'est plus de bug reports et plus de contributions, et peut-être même du support de la part des équipes de dev de la boîte. C'est des gens qui rentreront chez eux le soir en se disant que les logiciels libres ça marche bien au boulot, et que ça marchera peut-être bien sur les ordis de la maison, etc.
Et puis bon, c'est plus le principe. Un principe comme la liberté, c'est toujours un bon principe même si certains utilisent leur liberté pour faire n'importe quoi (faire vroum vroum avec une bagnole hors de prix sur un circuit, se balader en forêt avec une arme pour tuer des animaux sauvages, etc). Je suis sûr qu'il y a bien des mecs en Corée du Nord qui utilisent Libre Office pour faire des listes d'opposants politiques à zigouiller, ça n'est pas contradictoire avec le fait que le logiciel libre, c'est bien.
Les grands devront participer pour "avoir". J'imagine qu'il y a pleins de trous dans cette logique, et aller y, listez les :)
Le trou dans la logique, c'est que tu n'as qu'à créer une licence qui implémente cette idée et développer des logiciels sous cette licence. Mais tu n'as pas à 'penser' pour les autres. Quand on met une licence GPL, on sait que le logiciel peut être exploité par une grosse boite, qu'il peut participer à l'entrainement des LLM, etc. Donc si je choisis la GPL, c'est parce que je veux mettre mon logiciel sous GPL, et pas sous une licence "4 libertés limitées par le CA".
Il y a une forme de pensée moderne qui considère comme un axiome que le partage du pognon est un dû. Mais si je crée un logiciel qui me convient, et qu'une grosse boîte génère des millions avec ce logiciel, moi le logiciel me convient autant. Pourquoi est-ce que je récupèrerais du pognon? La licence dit que je ne veux pas de pognon en échange du logiciel, ça n'est pas parce que le pognon se met à exister que je dois changer d'avis.
Pourquoi vouloir tout réglementer? Les gens contribuent pour un tas de raisons, qu'on les laisse contribuer comme ils veulent. Personne ne se fait exploiter, personne ne se fait voler le fruit de son travail. Bien sûr, certains peuvent ressentir une sorte de dilemme moral à abandonner un projet sur lequel d'autres logiciels reposent, mais c'est une pression morale qu'ils se créent tout seuls. C'est comme si tu disais qu'il fallait payer les gens qui jouent du piano en public dans les gares, ou les bénévoles qui donnent à manger aux SDF.
Dans "logiciel libre", il y a "libre", et ça n'est pas un gros mot.
Il me semble que de nombreuses entreprises ignorent cet aspect et se contentent d'exploiter le travail gratuit des communautés du logiciel libre.
Ça c'est n'importe quoi. Les entreprises font exactement ce que la licence autorise. C'est comme quand tu mets un bol de cacahuètes avec un panneau "servez-vous" et que tu te plains que les gens se servent.
Ces entreprises ont bénéficié du travail collectif avant de verrouiller leur code pour éviter toute concurrence, s'accaparant ainsi les contributions externes.
C'est que c'était autorisé par la licence, donc elles ne se sont rien accaparé du tout sans l'accord des auteurs.
Le seul élément qu'on pourrait éventuellement discuter, c'est l'utilisation "créative" des licences pour des cas que les auteurs n'avaient pas envisagés. Typiquement, pour entrainer les AI génératives. Apparemment, certains auteurs de LL ont publié leur logiciel sous une licence qui permet ça, mais ne sont pas contents parce que c'est arrivé et qu'ils ne l'avaient pas prévu. Mais bon, ça, c'est l'idée qu'il y a derrière les licences, il y a des utilisations interdites, et ce qui n'est pas interdit est autorisé. On a toujours su que les LL pouvaient être utilisés par des terroristes, par des crackers, par des pédo-criminels, par des capitalistes, par des régimes totalitaires, bref, par tout un tas de gens à qui on n'a pas tellement envie de faire cadeau d'un beau logiciel qui fonctionne bien. Mais c'est aussi la grandeur des licences libres.
On pourrait dès lors envisager un financement étatique plus important.
Tu veux vraiment tuer le logiciel libre, en fait :-)
Bon, en réalité, l'État contribue au logiciel libre. Dans beaucoup de services, il y a des équipes informatiques qui maintiennent et contribuent à des logiciels libres.
Avoir un système dans lequel les utilisateurices puissent lier un montant à une demande
Ça fait longtemps que les programmes de "bug bounty" existent. À ma connaissance, ça a toujours été assez marginal, c'est pas terrible comme système; il faudrait mettre de grosses sommes pour correspondre réellement au taux horaire d'un programmeur, ça encourage le travail en parallèle non-collaboratif, etc.
Doit-on améliorer le système?
Il y a tellement de diversité dans le logiciel libre, dans les aspirations des gens qui y contribuent, dans le fonctionnement des communautés, dans l'implication d'entreprises, dans les philosophies des licences libres, qu'il n'est même pas clair de comprendre de quel 'système' tu parles. Si tu veux donner des pourboires aux contributeurs des logiciels que tu aimes bien, ne te gène pas. Si tu veux embaucher une équipe de devs qui travaillent sur un logiciel indispensable à ton entreprise, ne te gène pas. Mais je ne pense pas que le monde du logiciel libre attende que quelqu'un se lève et parle pour lui.
Posté par arnaudus .
En réponse au lien En finir avec Doctolib.
Évalué à 0.
Dernière modification le 18 décembre 2024 à 10:42.
Tu serais pas du genre à construire sur des zones inondables sous prétexte qu'elles n'ont jamais été inondées jusqu'à présent?
Bah, sous prétexte que le fait d'avoir déja été innndé fait partie intégrante de la définition d'une zone inondable… Une zone inondable dans un PPRI est définie par la hauteur d'une crue de référence. Et c'est d'ailleurs possible de construire dans une zone inondable (il y a plusieurs niveaux, seules les zones les plus à risque sont interdites de construction).
Donc oui, je suis du genre à construire sur une zone classée "inondable" parce que je suis du genre à regarder les faits et les facteurs quantitatifs et d'éviter d'avoir peur de mon ombre!
Snowden nous a explicitement expliqué que si tu stockes tes données chez des boites américaines, la NSA s'y octroiera un accès illimité.
Si Snowden le dit…
Quoi qu'il en soit, ça n'a absolument rien à voir avec l'argument de la tribune (revente commerciale des données). Tu ne peux pas cautionner un argumentaire parce que tu es vaguement d'accord avec ses conclusions alors qu'il n'y a rien de vrai ou de crédible dedans.
Là il y a des points faibles ailleurs, alors ignorons ce risque là?
Un risque, c'est quantitatif. La question n'est pas de l'ignorer ou non, c'est de le quantifier correctement. L'idée d'une revente des données par l'hébergeur du cloud sans le consentement de son client me semble extrêmement faible, voire inexistant. Construire un argumentaire dessus est donc particulièrement douteux. Il y a des risques bien plus substantiels à considérer, non? C'est bien ça le problème, c'est de ne pas combattre des moulins à vent pendant que des risques bien réels existent.
Basée sur rien, ou basée sur les similitudes avec des dizaines de cas similaires qui finissent toujours avec une bonne grosse fuite et/ou monétisation de données aux quatre-vent?
Je ne vois pas le rapport entre la possibilité d'une fuite des données et l'hébergement chez Amazon. Dès qu'une donnée existe, quelqu'un de suffisamment motivé peut y accéder, et je ne pense pas que le pays d'hébergement physique des disques durs soit réellement un facteur déterminant.
Un argument que je trouve bien plus important est celui de la souveraineté. Si les relations internationales se tendent entre l'Europe et les US, les données ou le débit de connexion pourraient servir de monnaie d'échange ou de base à un chantage, et c'est absurde de prendre un tel risque. Pour des données de cette nature, il semble naturel que le client puisse avoir les moyens juridiques d'accéder physiquement aux disques durs.
Il faudra demander à un juriste. Note quand même que c'est la notion de préjudice qui est déterminante, il n'y a pas besoin que l'action soit illégale. Tu tapes dans un ballon qui fait tomber une mémé en vélo, il n'est pas illégal de taper dans un ballon, mais tu es responsable de l'accident. Là, le gars se déplace à une fausse adresse par ta faute, il subit un préjudice, il est théoriquement en droit de te demander de l'indemniser.
Par ailleurs, tous les mensonges ne sont pas illégaux, mais beaucoup le sont. La diffamation, la dénonciation calomnieuse, les appels malveillants aux secours, les fausses alertes (à la bombe, au feu, etc), l'escroquerie… Quand il est répété, le mensonge contribue au harcèlement. Bref, tu ne peux pas t'en sortir avec un vague "j'ai le droit de mentir", parce qu'il y a énormément de situations où tu n'as pas le droit de mentir.
Donc, à confirmer, mais je pense qu'un "canular" même malveillant à un centre d'appel n'est pas illégal en soi (s'il n'est pas répété), mais qu'on s'expose à devoir compenser le préjudice qu'on a causé. S'il est répété, alors ça peut constituer une forme de harcèlement. Et on n'a pas le droit de harceler un harceleur, donc "c'est lui qui a commencé" ça ne fonctionne pas.
Dans quelle mesure tout cela n'est-il pas un sophisme du vrai Écossais? Pour beaucoup, les GAFAM, c'est le diable, et on critique les gouvernements et les institutions pour y faire appel, alors qu'il existe d'autres entreprises qui pourraient très bien faire le job. Ici c'est le cas, on a une boite française qui n'est pas liée aux Gafam et qui a réussi à s'implanter sur un marché. Alors du coup on change de cible ; le problème n'est pas les GAFAM mais "une entreprise", c'est maintenant l'identité de l'hébergeur des services qui est problématique, etc.
À ma connaissance, l'idée qu'Amazon puisse "voler" les données de Doctolib pour les revendre à des assureurs semble assez fantaisiste. Si les donnée sont revendues, ça ne peut être que du ressort du propriétaire des données (un hébergeur est lié contractuellement à la confidentialité, et perdrait toute crédibilité s'il allait piocher dans les données des clients). La justice US peut bien sûr contraindre Amazon à divulguer certaines données, mais là encore il y a un cadre, et ça n'a rien à voir avec du "commercial". Dans quelle mesure est-ce que ce genre de discours n'est simplement l'expression d'une pensée anticapitaliste et anti-américaine, qui ne s'embarrasse ni des détails, ni de la réalité?
Toutes les données, même celles gérées par l'État, sont transférées, stockées, et analysées avec des technologies et des logiciels fournis par des entreprises étrangères. Les données médicales sont générées par des logiciels propriétaires, traités sur des ordinateurs sous Windows possiblement vérolés, transitent de manière pas forcément chiffrées par les tuyaux de FAI grand public, et sont stockés sur des "clouds" gérés par des entreprises ayant remporté un marché. Chacun peut régler son niveau de "pureté" où il le souhaite, mais c'est assez arbitraire.
N'allez pas me faire dit ce que je n'ai pas dit, je trouve ça aussi absurde d'héberger des données médicales sur des serveurs dont on ne contrôle pas l'accès possiblement à des milliers de km, et il n'y a pas forcément de bonnes raisons de ne pas le faire plus localement (apparemment, la raison invoquée tourne autour des perfs, mouais…). Mais je ne trouve pas ça très constructif de baser une analyse sur… rien en fait, à part la détestation de toute entreprise.
Ce n'est pas aux médecins que tu imposes les critères, mais aux fournisseurs. Ensuite, tu proposes la liste de fournisseurs aux médecins. Tu ne peux pas imaginer que les professionnels de santé vont auditer leur fournisseur de boite mail pour connaître la localisation de leurs serveurs et la conformité avec des règles qui changent tout le temps…
C'est un chouilla plus complexe que de balancer deux noms d'entreprises françaises.
Quelle serait l'alternative? Qu'une liste des fournisseurs d'email agréés pour les pharmacies et les médecins soit publiée au journal officiel? Avec des fonctionnaires dédiés pour remettre la liste à jour en temps réel quand les entreprises coulent ou se font racheter?
Il faut quand même réaliser que l'État ne fournit plus de services; non seulement c'est mal vu pour des raisons politiques et idéologiques, ça coûte de l'argent, mais en plus quand c'est fait c'est mal fait (et ça n'est pas qu'une question de ressources). Si tu veux un hébergement agréé, il va falloir que l'État passe des marchés avec des prestataires privés, et tu vas faire figurer dans le cahier des charges les conditions d'hébergement et de confidentialité que tu souhaites. Le prestataire va alors imposer les logiciels et la tarification aux professionnels de santé, qui vont être légalement liés à ce fournisseur. Est-ce que c'est mieux? Dans quelle mesure tu peux gérer une entreprise comme une pharmacie si tu n'as aucun moyen de choisir ton fournisseur mail?
ça se fait dans l'automobile, tu peux sans doute encore trouver des portes de Renault 4L
Dans l'automobile il y a rarement de compatibilité entre les constructeurs, à part pour les pièces d'usure très standardisées (essuie glaces, ampoules de phare). Du coup, le problème ne se pose pas : le constructeur fabrique et stocke ses propres pièces, il n'a pas à partager ses stocks avec les concurrents.
si le fabricant ne standardise pas, il risque de stocker rapidement des centaines de milliers de références
C'est exactement ça dans l'automobile; pour les éléments de carrosserie par exemple ça change avec le modèle, mais avec l'année du modèle puisque les voitures sont relookées tous les 3 ans. Par contre, l'automobile a une chance, c'est l'existence de filières de recyclage de pièces d'occasion organisées avec un réseau de casses.
bon après, une résistance, un condensateur, un thermocouple… c'est pas ça qui va prendre de la place
Le coût du stock ça n'est pas (que) la place. C'est la gestion du stock (référençage, personnel, entrées/sorties) et surtout l'avance de trésorerie pour fabriquer des pièces que tu garderas peut-être des années, avant même parfois de devoir les détruire parce que tu avais mal évalué les besoins.
bin oui, c'est une nomenclature
Ce que je veux dire, c'est que des lave-vaisselles, il en existe des milliers de références pour des douzaines de marques, mais il n'y a que quelques modèles de pompes de cyclage. C'est d'ailleurs surprenant à quel point les marques très différentes utilisent les mêmes pièces. Ça ne se voit que grâce aux bases de données de compatibilité proposées par les vendeurs de pièces détachées, et c'est là où je voulais en venir : les fabricants ne donnent jamais la vraie référence de la pièce qui te permettrait de l'acheter où tu veux, ils donnent une référence interne que seul leur SAV connaît. Du coup, l'éclaté et les tableaux de nomenclature ne te donnent aucune information utile, ça ne sert à rien de demander à les publier.
Pour de l'électronique ou de la mécanique (engrenages…) c'est relativement standard et les caractéristiques peuvent suffire à trouver l'équivalent.
Encore faut-il n'y connaitre un minimum! Non, je pense que la situation n'est pas acceptable. Non seulement tu n'as jamais accès aux caractéristiques des pièces (tu vas avoir "bouton de régulateur", mais tu n'as pas le diamètre, la forme et la taille de l'axe, etc), mais en plus tu ne peux pas prendre la responsabilité de choisir une pièce ressemblante en espérant que tu ne vas pas tout péter. Cette responsabilité est actuellement prise par les vendeurs de pièces détachées, qui ont l'air de disposer de bases de données pas trop mal pour l'électroménager par exemple, ou pour l'automobile. Mais les constructeurs te diraient immédiatement qu'il est interdit de monter des pièces non-homologuées, et ne t'encourageraient jamais à le faire. Et comme je le disais au-dessus, il y a des pièces pour lesquelles il n'existe aucune base de données de compatibilité, tu as besoin d'une expertise pour déterminer les caractéristiques des pièces.
Après, le principe de l'e-mail c'est que chacun a son fournisseur qu'il choisit selon ses critères, et le message est échangé entre ces fournisseurs. Tu peux choisir un hébergeur email super sécurisé, si en face ils sont chez gmail tu devras leur envoyer chez gmail, c'est le principe.
Après, en cas de fuite de données avérées, ils sont responsables.
Je pense que tout le monde dans ce pays a renoncé à la souveraineté numérique, on a l'impression qu'on est incapables d'héberger le moindre truc sans passer par un cloud US, ni même le moindre email. Quand tu as un système hébergé en local, au moindre problème ou à la moindre restriction de personnel, tu repasses à une solution "toute prête", style Outlook/Teams, donc c'est même pas que ça ne va pas assez vite, c'est qu'il y a une fuite en avant vers la centralisation des services numériques.
pourquoi supposer de la malveillance plutôt que de l'incompétence ? En outre, ça rajoute de la conception, ce qui n'est pas économiquement viable.
Si le marché des pièces détachées était amené à se développer, ça m'étonnerait que les constructeurs laissent passer cette manne financière. La "personnalisation" de la connectique, ça se fait assez couramment dans l'automobile ou en informatique (notamment par une marque avec une pomme sur le logo, je ne citerais pas de nom). Tu fais produire tes pièces détachées par le même fabriquant que les autres, sauf que tu mets ton logo dessus, tu changes l'ordre des fils dans la nappe, et paf, tu as l'exclusivité de la distribution des pièces, la garantie saute si tu achètes autre chose, etc.
Je ne suis pas convaincu du tout que les fabricants d'électroménager souhaitent que tout le monde sache qu'ils ne sont que des assembleurs, et que les pièces dans un lave-linge de marque Allemande à 500€ sont souvent les mêmes que les pièces dans une sous-marque distributeur à 200€ (pas toutes les pièces, mais beaucoup d'entre elles).
Mais en fait ils n'ont même pas besoin de personnaliser les pièces, il suffit qu'ils aient leur propre nomenclature. C'est d'ailleurs exactement ce qui est fait actuellement, la plupart du temps, chaque fabricant applique sa surcouche de nomenclature sur ses éclatés, et la pièce qui s'appelle C652624 chez Bosch c'est la même que celle qui s'appelle M37-alpha3 chez Mielle. Même le nom des pièces n'est pas standardisé (par exemple, le "joint torique de la pompe de cyclage" peut être le joint de 15mm en amont de la pompe chez un constructeur, et le joint de 45mm en sortie chez un autre, qui appellera le petit joint "joint de durite de pompe", etc.). Ceux qui prennent la responsabilité de proposer la compatibilité sont les revendeurs de pièces détachées, avec tous les inconvénients que ça comporte (les erreurs, les inversions pour les pièces qui ont le même nom mais qui correspondent à des pièces différentes, les modèles non-répertoriés, les pièces qui rentrent presque mais en fait non, etc). Il est possible que les revendeurs de pièces aient accès à plus de documentation technique, mais je ne suis même pas sûr. Par exemple, à chaque fois que j'ai acheté des touches de remplacement pour un clavier, ça a toujours été un merdier absolu (entre la taille, la couleur, la forme de la touche, le système de fixation, etc., tous les constructeurs utilisent tous les systèmes et comme les claviers changent avec la langue), c'est complètement infernal, et une fois sur deux la pièce reçue n'est pas la bonne. Il semble n'y avoir aucun moyen d'avoir une référence de pièce à partir d'informations de base (style "le A sur un DELL Latitude Machintruc").
faut rendre la fourniture de l'éclaté + références des pièces obligatoire
Tu ne les crois pas capable de coller des détrompeurs ou de changer la forme des fiches s'ils veulent vraiment t'empêcher de réparer avec du générique?
Et pour les Chinois, fabriquer des mégatonnes de petites merdouilles en plastique qui finissent dans nos décharges au bout de quelques mois a été le moyen de sortir de la misère et de devenir le plus gros PIB du monde… tu veux qu'on dise quoi, qu'on préfèrerait vivre au pays où les licornes pètent des arcs-en-ciel et où tout le monde se fait des bisous?
Y'a eu un gugusse pour parler de la main d'œuvre payée au lance-pierre à l'autre bout du monde ou bien comme d'habitude on continue d'être totalement hors-sol sur ce site ?
Être capable d'acheter des trucs faits par des gens à l'autre bout du monde payés au lance-pierre plutôt que de ne rien acheter du tout, ça s'appelle le "pouvoir d'achat", et les variations de cette capacité à exploiter le reste du monde font les gouvernements, les parlements, et les présidents de la République. Si ton programme c'est de payer les ouvriers Chinois au SMIC français, il te faut être très très fou ou très très riche, parce que tu auras de la chance si 0.1% des gens votent pour toi…
Parfois il y a des réformes qui passent mieux si on les explique, mais là ton objectif risque d'être que les gens ne comprennent pas qu'il va falloir payer 10 SMIC pour un smartphone…
Après, "hors-sol", c'est souvent celui qui le dit qui y est :-)
La question n'est pas si le coût est fabrication est plus coûteux ou pas dans le fond, la question est de combien.
Tu avais écris que je n'avais pas de preuve que c'était plus cher. Donc tu es d'accord que c'est en effet plus cher (tu bouges la cible).
"combien" est une question à laquelle on ne peut pas répondre parce qu'on n'a pas les coûts, seuls les constructeurs le peuvent. Par contre, on peut évaluer le prix de l'option "réparabilité" pour le consommateur, mais c'est pas évident parce qu'il faudrait comparer "toutes choses égales par ailleurs", ce qui est compliqué. En tout cas, les appareils réparables sont beaucoup plus chers que les non-réparables; il y a dans cette différence en effet une différence de gamme, mais peut-être pas que.
Mais si cela signifie doubler le prix du produit, effectivement, mon argumentaire ne tient pas, mais si le surcoût c'est 10% c'est le tient qui ne va plus.
Mon argument ne dépend pas énormément du surcoût, mon argument c'est que 1) les réparations ont un coût (il n'est donc pas mécaniquement économique de faire réparer), et que 2) la réparabilité a aussi un coût qu'il faut ajouter à celui des réparations. Au final, acheter un appareil réparable n'est jamais un bon plan pour le consommateur s'il ne le fait jamais réparer (il paye le coût de la réparabilité sans en avoir le bénéfice), et s'il le fait réparer, le bénéfice dépend de plein de facteurs qu'il ne contrôle pas (prix de la réparation et prolongation de la durée de vie). Donc quand tu calcules la rentabilité de la réparabilité, il faut aussi ajouter la réparabilité des appareils que tu ne feras jamais réparer.
Tu as le droit de ne pas être d'accord, mais je trouve qu'entre l'augmentation de la robustesse et l'amélioration de la réparabilité, le consommateur a tout intérêt à choisir l'augmentation de la robustesse, même si l'appareil n'est pas réparable. Il le payera moins cher à l'achat, et ne devra pas investir dans ce drôle de truc qu'est la réparabilité, qui finalement est plus rentable si l'appareil n'est pas robuste, ce que personne ne souhaite. Donc voila, je pense que la réparabilité n'est pas un indicateur très pertinent, et que la cible est mauvaise (trop de variables non-contrôlées par le consommateur, et trop d'aléatoire dans le bénéfice attendu de la réparabilité, qui peut très facilement devenir économiquement non-viable).
Si après tu réponds que tu as très bien compris ce que tu achetais quand tu choisissais un appareil réparable, alors soit. Mais tout le monde n'a pas un cerveau laser pour le calcul de probabilités, et je ne suis pas sûr du tout que les consommateurs soient bien conscients que la réparabilité puisse en fait être une charge plutôt qu'un bénéfice.
Ce serait en soi une bonne chose, et je suis sûr que pour de nombreux produits les constructeurs feraient un effort de conception pour rendre les réparations plus simples pour des pannes courantes, afin que la garantie ne soit pas un gouffre financier.
Si seulement… Tu n'as jamais eu l'expérience d'un appareil envoyé à la déchetterie et remplacé par un neuf pour un truc tombé en panne dans la période de garantie? En fait, c'est même la norme, je pense. Une fois un technicien de chez Darty s'est déplacé deux fois pour un lave vaisselle, la première fois il a remplacé une pièce, la deuxième fois il a remplacé l'appareil. Autrement, dans mon expérience, c'est échange standard dès le contact du SAV.
Du coup, je ne suis pas sûr que l'allongement de la garantie rendrait les bidules plus réparables.
Cela peut dépendre des produits, et mon argumentaire (comme celui d'arnaudus) reposent sur des hypothèques qu'on n'a pas. Je ne dis pas que le réparable se fait toujours au même prix que le non réparable, mais arnaudus n'a aucune preuve que c'est significativement plus cher.
Si, j'en ai une. Pour le low-cost, les coûts de fabrication sont tirés vers le bas. Or, le low cost est moins réparable que le haut de gamme. C'est donc que la réparabilité est coûteuse (personne ne s'amuserait à rendre le low-cost non-réparable volontairement).
Combien? Ça dépend de tout. De l'appareil, de la partie de l'appareil, du surcoût dans la conception, de la taille de la série, du nombre de pièces qu'il faut assembler, de l'automatisation de l'usine, du prix de la main d'oeuvre. Impossible de répondre à ça de manière générale, mais la réparabilité empêche souvent l'automatisation et nécessite plus de main d'oeuvre (en gros, quand il y a une vis, il y a un gus payé pour visser—bon, il y a des robots de vissage, mais je ne suis pas sûr que ça soit très courant et très rentable parce que ça prend quand même beaucoup plus de temps qu'un simple bras qui vient clipser la pièce).
Il est aussi possible que la réparabilité soit interprétée comme une qualité intrinsèque de l'appareil, qui pourrait donc être vendu plus cher, ce qui fausserait une estimation du coût basée sur le prix.
Note que c'est complètement faux car une majorité de ces technologies/fonctione pourraient être ajoutées incrémentalement au fur et à mesure des réparations/maintenances.
Tu ferais face à des coûts de maintenance explosifs… Pour les systèmes électroniques, il faut installer un ordinateur de bord, tirer des faisceaux pour mettre des capteurs à toutes les roues, changer le système de freinage… Je n'imagine même pas combien ça pourrait coûter, probablement une faction non-négligeable du prix de la voiture, et dans tous les cas, beaucoup plus cher que de monter le même système sur un véhicule neuf prévu pour ça.
les constructeurs préfèrent nous maintenir sous leasing continuellement
Bah oui mais là tu ne peux pas empêcher les constructeurs de privilégier les stratégies qui maximisent leur profit. De toutes manières, les voitures en sortie de LLD ne vont pas à la casse, elles passent sur le marché de l'occasion…
En France, l'âge moyen du parc automobile est de 11 ans : les voitures sont un bon exemple de bien durable et réparable.
Je peux aussi te dire sans justification que le lave vaisselle réparable coûte +/- le même prix que celui non réparable à gamme équivalente
Tu peux dire ce que tu veux, mais si ça n'est pas vrai ça ne sert pas à grand chose dans la discussion.
Je n'ai pas le temps de faire un rapport détaillé, mais il y a les données pour les lave-linges sur https://www.indicereparabilite.fr/appareils/electromenager/lave-linge-hubot/ par exemple (ils n'ont pas les lave-vaisselle, pour une raison que j'ignore). Il y a trop de références pour faire quelque chose de correct, mais quand tu tries par prix croissant, les trois moins chers ont des indices de réparabilité de 5.6, 5.7, et 5.8/10, alors que les trois plus chers sont à 8.7/10. Bien sûr, il faudrait normaliser par une estimation de la qualité, donc ça n'est pas facile, mais en première approximation, une note de 8.7/10 vaut 759€, une note de 5.7/10 vaut 330€, donc environ 140€ par point de réparabilité supplémentaire. Du coup je trouve que je n'étais pas complètement à la masse avec 200€ d'écart entre un truc 100% réparable et un appareil 0% réparable.
Le reste, c'est du pifomètre, mais les chiffres importent peu. Ce qui est important, c'est que tu payes la réparabilité ET les réparations, et que du point de vue économique c'est double peine. Le problème de la réparabilité n'est pas le même que celui de la robutesse et de la garantie, il faut donc les distinguer; ça n'est pas grave d'avoir un appareil non-réparable s'il est conçu pour durer très longtemps.
"réparer" et "entretenir" se fait beaucoup dans certains secteurs d'activité
Oui oui, c'est pour ça que je parlais du coût de l'amortissement. Une chaudière à 20k€ qui s'amortit sur 20 ans, ça fait 1000€/an, ce qui rend la réparation rentable (chaque année de prolongation de la vie de l'appareil te fait gagner 1000€). Un téléphone à 200€ qui s'amortit sur 4 ans (c'est généreux), seules les réparations minuscules sont éventuellement rentables, il est plus rationnel de racheter un appareil neuf que de changer l'écran au bout de 3 ans.
j'introduirais une durée de garantie différenciée par catégorie de produits.
Il existe quand même une nuance entre la qualité des biens (qu'il faut probablement améliorer) et la réparabilité. Souvent, la réparabilité a un coût (par exemple, il faut plusieurs pièces vissées pour la carcasse au lieu d'un gros bloc thermosoudé par une machine), et pour que ce coût soit compensé, il faut que les réparations soient bon marché et qu'elles permettent une extension substantielle de la durée de vie du produit. Si un lave-vaisselle réparable coûte 500€, que sa durée de vie sans panne est de 5 ans, que ça coûte 100€ de le faire réparer pour prolonger sa durée de vie de 2 ans, Avoir un appareil fonctionnel pendant 5 ans te coûte 100€/an, pendant 7 ans 85€/an, pendant 9 ans 78€ par an, etc. Si le même lave-vaisselle non-réparable coûte 300€ à l'achat (même qualité), le prix de revient est de 60€ par an, donc inférieur à celui du lave-vaisselle réparable sur toute sa durée de vie, et ce même si tu gardes le premier 20 ans (puisqu'il faut payer la réparabilité ET les réparations). Tant qu'il n'y aura pas une répercussion des coûts environnementaux sur le coût des produits, tout ceci ne peut pas fonctionner.
De toutes manières, une partie de l'obsolescence est due au progrès technologique, et c'est inévitable. Certains vont accuser l'effet de mode ou quelque chose de comparable, mais le progrès technologique est quelque chose de réel. Imaginons qu'on puisse garder les voitures 40 ans et 1M de km, on aurait dans les rues des bagnoles sans pot catalytique, qui consomment 8 à 10L/100 d'essence plombée, sans ESP, sans ABS, sans airbags, sans limiteur de vitesse. Et là, je ne parle que de la sécurité, parce que ces voitures ne pourraient pas non plus se connecter en bluetooth aux téléphones (ah bah si le téléphone a 20 ans remarquez que ça n'est peut-être pas nécessaire :-) ). Changer de téléphone tous les 15 ans c'est aussi absurde que de le changer tous les ans; on parle d'un domaine où la technologie, la connectique, les performances… évoluent très vite, et c'est tout à fait logique de concevoir ces appareils pour une durée de vie en rapport avec le moment où ils seront de toutes manières obsolètes technologiquement.
De toutes manières, pour la réparation, on ne pourra en parler que quand on aura mis au point un système qui fait que le simple fait d'ouvrir l'appareil pour diagnostiquer la panne ne coûte pas plus cher que l'appareil neuf. Évidemment, en attendant, on va shooter le secteur à coup de subventions (c'est de l'argent public, ça ne coûte rien!), mais autant je comprends l'intérêt économique d'un bon rapport qualité-prix (on garde l'appareil plus longtemps), autant l'intérêt de payer la réparabilité semble beaucoup plus douteux (on paye la réparabilité et les réparations). Quand l'appareil s'amortit à moins d'une heure de main d'oeuvre par an (c'est le cas pour tout l'électroménager par exemple), il semble falloir un alignement de planètes (et, bizarrement, un manque de fiabilité de l'appareil) pour que la réparabilité soit rentable (typiquement, une panne réparable immédiatement après la fin de la garantie?). Du coup, la réparabilité est probablement un bien pour le bricoleur (qui ne paye pas la main d'oeuvre, ou du moins qui la paye avec son propre temps de travail), mais pour le grand public, c'est pas très convainquant.
Dans le scénario du powerpoint et du wifi qui ne marche pas, ni la clé de la/le collègue en face ni la notre (pour le/la collègue) n’est envisageable
Bah il faut bien travailler, donc tu peux mettre toute la théorie sécuritaire que tu veux derrière, quand tu dois passer ta présentation sur le PC de la salle de conférence qui n'est pas branché au réseau, tu vas utiliser la clé USB que te tend le chairman… "envisageable" ou pas.
même siglée, la personne du support qui te la remet doit la déballer devant toi et la passer dans le sas de décontamination
Je n'arrive même pas à savoir si c'est du 3e degré ou pas… parce que là, en fait, tu pars du principe que les clés USB n'arrivent pas au secrétariat dans des colis Amazon et ne sont pas disponibles dans l'armoire avec la papèterie?
Ah, j'ai oublié un truc mais c'est un peu HS par rapport au topic, c'est les clés avec signature pour les applications sécurisées. Mais d'accord, là on est loin du truc trouvé dans la rue, puisqu'au contraire c'est une clé qu'on garde précieusement, mais techniquement c'est une clé USB utilisée en entreprise;
Ah si, encore une autre utilisation, il faut des bidules USB/SD card (techniquement, c'est une clé USB) pour le fablab (les imprimantes 3D et découpeuses laser fonctionnent avec des SD cards).
[^] # Re: Non soluble en gardant les 4 libertés
Posté par arnaudus . En réponse au journal Travail bénévole dans le monde du logiciel libre. Évalué à 8.
Bah disons que quand tu publies un logiciel libre, tu donnes les mêmes armes à tout le monde. Pourquoi penser que tu ne donnes des armes qu'aux grosses entreprises?
Et puis, c'est un peu au cas par cas. Est-ce que tu veux interdire à Canonical de distribuer une version d'Ubuntu avec ton logiciel? Est-ce que tu veux interdire à Total d'utiliser et de modifier ton logiciel en interne sans jamais le redistribuer? Est-ce que tu veux interdire à Apple de distribuer une application gratuite basée sur ton logiciel? Mais surtout, pourquoi tu veux le faire? Tu veux de l'argent? Si tu veux devenir riche, il ne faut pas coder bénévolement du logiciel libre. Tu veux faire couler les grosses boites? Bah il faut militer pour un parti anticapitaliste. Tu ne veux pas que les boites utilisent ton logiciel? Il suffit de mettre une licence non-libre style CC-NC.
Je pense plutôt que leurs agissements n'ont rien à voir avec les logiciels libres, et qu'au final le monde du LL a plus à gagner à être utilisé massivement par les entreprises qu'à être marginalisé. L'utilisation massive, c'est la crédibilité, c'est autant d'argent qui n'ira pas à Microsoft, c'est plus de bug reports et plus de contributions, et peut-être même du support de la part des équipes de dev de la boîte. C'est des gens qui rentreront chez eux le soir en se disant que les logiciels libres ça marche bien au boulot, et que ça marchera peut-être bien sur les ordis de la maison, etc.
Et puis bon, c'est plus le principe. Un principe comme la liberté, c'est toujours un bon principe même si certains utilisent leur liberté pour faire n'importe quoi (faire vroum vroum avec une bagnole hors de prix sur un circuit, se balader en forêt avec une arme pour tuer des animaux sauvages, etc). Je suis sûr qu'il y a bien des mecs en Corée du Nord qui utilisent Libre Office pour faire des listes d'opposants politiques à zigouiller, ça n'est pas contradictoire avec le fait que le logiciel libre, c'est bien.
[^] # Re: Non soluble en gardant les 4 libertés
Posté par arnaudus . En réponse au journal Travail bénévole dans le monde du logiciel libre. Évalué à 10.
Le trou dans la logique, c'est que tu n'as qu'à créer une licence qui implémente cette idée et développer des logiciels sous cette licence. Mais tu n'as pas à 'penser' pour les autres. Quand on met une licence GPL, on sait que le logiciel peut être exploité par une grosse boite, qu'il peut participer à l'entrainement des LLM, etc. Donc si je choisis la GPL, c'est parce que je veux mettre mon logiciel sous GPL, et pas sous une licence "4 libertés limitées par le CA".
Il y a une forme de pensée moderne qui considère comme un axiome que le partage du pognon est un dû. Mais si je crée un logiciel qui me convient, et qu'une grosse boîte génère des millions avec ce logiciel, moi le logiciel me convient autant. Pourquoi est-ce que je récupèrerais du pognon? La licence dit que je ne veux pas de pognon en échange du logiciel, ça n'est pas parce que le pognon se met à exister que je dois changer d'avis.
# Et si on laissait les gens libres?
Posté par arnaudus . En réponse au journal Travail bénévole dans le monde du logiciel libre. Évalué à 7.
Pourquoi vouloir tout réglementer? Les gens contribuent pour un tas de raisons, qu'on les laisse contribuer comme ils veulent. Personne ne se fait exploiter, personne ne se fait voler le fruit de son travail. Bien sûr, certains peuvent ressentir une sorte de dilemme moral à abandonner un projet sur lequel d'autres logiciels reposent, mais c'est une pression morale qu'ils se créent tout seuls. C'est comme si tu disais qu'il fallait payer les gens qui jouent du piano en public dans les gares, ou les bénévoles qui donnent à manger aux SDF.
Dans "logiciel libre", il y a "libre", et ça n'est pas un gros mot.
Ça c'est n'importe quoi. Les entreprises font exactement ce que la licence autorise. C'est comme quand tu mets un bol de cacahuètes avec un panneau "servez-vous" et que tu te plains que les gens se servent.
C'est que c'était autorisé par la licence, donc elles ne se sont rien accaparé du tout sans l'accord des auteurs.
Le seul élément qu'on pourrait éventuellement discuter, c'est l'utilisation "créative" des licences pour des cas que les auteurs n'avaient pas envisagés. Typiquement, pour entrainer les AI génératives. Apparemment, certains auteurs de LL ont publié leur logiciel sous une licence qui permet ça, mais ne sont pas contents parce que c'est arrivé et qu'ils ne l'avaient pas prévu. Mais bon, ça, c'est l'idée qu'il y a derrière les licences, il y a des utilisations interdites, et ce qui n'est pas interdit est autorisé. On a toujours su que les LL pouvaient être utilisés par des terroristes, par des crackers, par des pédo-criminels, par des capitalistes, par des régimes totalitaires, bref, par tout un tas de gens à qui on n'a pas tellement envie de faire cadeau d'un beau logiciel qui fonctionne bien. Mais c'est aussi la grandeur des licences libres.
Tu veux vraiment tuer le logiciel libre, en fait :-)
Bon, en réalité, l'État contribue au logiciel libre. Dans beaucoup de services, il y a des équipes informatiques qui maintiennent et contribuent à des logiciels libres.
Ça fait longtemps que les programmes de "bug bounty" existent. À ma connaissance, ça a toujours été assez marginal, c'est pas terrible comme système; il faudrait mettre de grosses sommes pour correspondre réellement au taux horaire d'un programmeur, ça encourage le travail en parallèle non-collaboratif, etc.
Il y a tellement de diversité dans le logiciel libre, dans les aspirations des gens qui y contribuent, dans le fonctionnement des communautés, dans l'implication d'entreprises, dans les philosophies des licences libres, qu'il n'est même pas clair de comprendre de quel 'système' tu parles. Si tu veux donner des pourboires aux contributeurs des logiciels que tu aimes bien, ne te gène pas. Si tu veux embaucher une équipe de devs qui travaillent sur un logiciel indispensable à ton entreprise, ne te gène pas. Mais je ne pense pas que le monde du logiciel libre attende que quelqu'un se lève et parle pour lui.
[^] # Re: Argument du vrai écossais?
Posté par arnaudus . En réponse au lien En finir avec Doctolib. Évalué à 0. Dernière modification le 18 décembre 2024 à 10:42.
Bah, sous prétexte que le fait d'avoir déja été innndé fait partie intégrante de la définition d'une zone inondable… Une zone inondable dans un PPRI est définie par la hauteur d'une crue de référence. Et c'est d'ailleurs possible de construire dans une zone inondable (il y a plusieurs niveaux, seules les zones les plus à risque sont interdites de construction).
Donc oui, je suis du genre à construire sur une zone classée "inondable" parce que je suis du genre à regarder les faits et les facteurs quantitatifs et d'éviter d'avoir peur de mon ombre!
Si Snowden le dit…
Quoi qu'il en soit, ça n'a absolument rien à voir avec l'argument de la tribune (revente commerciale des données). Tu ne peux pas cautionner un argumentaire parce que tu es vaguement d'accord avec ses conclusions alors qu'il n'y a rien de vrai ou de crédible dedans.
Un risque, c'est quantitatif. La question n'est pas de l'ignorer ou non, c'est de le quantifier correctement. L'idée d'une revente des données par l'hébergeur du cloud sans le consentement de son client me semble extrêmement faible, voire inexistant. Construire un argumentaire dessus est donc particulièrement douteux. Il y a des risques bien plus substantiels à considérer, non? C'est bien ça le problème, c'est de ne pas combattre des moulins à vent pendant que des risques bien réels existent.
Je ne vois pas le rapport entre la possibilité d'une fuite des données et l'hébergement chez Amazon. Dès qu'une donnée existe, quelqu'un de suffisamment motivé peut y accéder, et je ne pense pas que le pays d'hébergement physique des disques durs soit réellement un facteur déterminant.
Un argument que je trouve bien plus important est celui de la souveraineté. Si les relations internationales se tendent entre l'Europe et les US, les données ou le débit de connexion pourraient servir de monnaie d'échange ou de base à un chantage, et c'est absurde de prendre un tel risque. Pour des données de cette nature, il semble naturel que le client puisse avoir les moyens juridiques d'accéder physiquement aux disques durs.
[^] # Re: Si tu coupes la parole
Posté par arnaudus . En réponse au journal Démarchage robotisé. Évalué à 3.
Il faudra demander à un juriste. Note quand même que c'est la notion de préjudice qui est déterminante, il n'y a pas besoin que l'action soit illégale. Tu tapes dans un ballon qui fait tomber une mémé en vélo, il n'est pas illégal de taper dans un ballon, mais tu es responsable de l'accident. Là, le gars se déplace à une fausse adresse par ta faute, il subit un préjudice, il est théoriquement en droit de te demander de l'indemniser.
Par ailleurs, tous les mensonges ne sont pas illégaux, mais beaucoup le sont. La diffamation, la dénonciation calomnieuse, les appels malveillants aux secours, les fausses alertes (à la bombe, au feu, etc), l'escroquerie… Quand il est répété, le mensonge contribue au harcèlement. Bref, tu ne peux pas t'en sortir avec un vague "j'ai le droit de mentir", parce qu'il y a énormément de situations où tu n'as pas le droit de mentir.
Donc, à confirmer, mais je pense qu'un "canular" même malveillant à un centre d'appel n'est pas illégal en soi (s'il n'est pas répété), mais qu'on s'expose à devoir compenser le préjudice qu'on a causé. S'il est répété, alors ça peut constituer une forme de harcèlement. Et on n'a pas le droit de harceler un harceleur, donc "c'est lui qui a commencé" ça ne fonctionne pas.
# Argument du vrai écossais?
Posté par arnaudus . En réponse au lien En finir avec Doctolib. Évalué à 1.
Dans quelle mesure tout cela n'est-il pas un sophisme du vrai Écossais? Pour beaucoup, les GAFAM, c'est le diable, et on critique les gouvernements et les institutions pour y faire appel, alors qu'il existe d'autres entreprises qui pourraient très bien faire le job. Ici c'est le cas, on a une boite française qui n'est pas liée aux Gafam et qui a réussi à s'implanter sur un marché. Alors du coup on change de cible ; le problème n'est pas les GAFAM mais "une entreprise", c'est maintenant l'identité de l'hébergeur des services qui est problématique, etc.
À ma connaissance, l'idée qu'Amazon puisse "voler" les données de Doctolib pour les revendre à des assureurs semble assez fantaisiste. Si les donnée sont revendues, ça ne peut être que du ressort du propriétaire des données (un hébergeur est lié contractuellement à la confidentialité, et perdrait toute crédibilité s'il allait piocher dans les données des clients). La justice US peut bien sûr contraindre Amazon à divulguer certaines données, mais là encore il y a un cadre, et ça n'a rien à voir avec du "commercial". Dans quelle mesure est-ce que ce genre de discours n'est simplement l'expression d'une pensée anticapitaliste et anti-américaine, qui ne s'embarrasse ni des détails, ni de la réalité?
Toutes les données, même celles gérées par l'État, sont transférées, stockées, et analysées avec des technologies et des logiciels fournis par des entreprises étrangères. Les données médicales sont générées par des logiciels propriétaires, traités sur des ordinateurs sous Windows possiblement vérolés, transitent de manière pas forcément chiffrées par les tuyaux de FAI grand public, et sont stockés sur des "clouds" gérés par des entreprises ayant remporté un marché. Chacun peut régler son niveau de "pureté" où il le souhaite, mais c'est assez arbitraire.
N'allez pas me faire dit ce que je n'ai pas dit, je trouve ça aussi absurde d'héberger des données médicales sur des serveurs dont on ne contrôle pas l'accès possiblement à des milliers de km, et il n'y a pas forcément de bonnes raisons de ne pas le faire plus localement (apparemment, la raison invoquée tourne autour des perfs, mouais…). Mais je ne trouve pas ça très constructif de baser une analyse sur… rien en fait, à part la détestation de toute entreprise.
[^] # Re: Ça ne concerne pas que les coins pommés dans la ruralité profonde
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand des pharmacies demandent d’envoyer ses ordonnances sur… Gmail ou Hotmail. Évalué à 5.
Ce n'est pas aux médecins que tu imposes les critères, mais aux fournisseurs. Ensuite, tu proposes la liste de fournisseurs aux médecins. Tu ne peux pas imaginer que les professionnels de santé vont auditer leur fournisseur de boite mail pour connaître la localisation de leurs serveurs et la conformité avec des règles qui changent tout le temps…
C'est un chouilla plus complexe que de balancer deux noms d'entreprises françaises.
[^] # Re: Ça ne concerne pas que les coins pommés dans la ruralité profonde
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand des pharmacies demandent d’envoyer ses ordonnances sur… Gmail ou Hotmail. Évalué à 4.
Quelle serait l'alternative? Qu'une liste des fournisseurs d'email agréés pour les pharmacies et les médecins soit publiée au journal officiel? Avec des fonctionnaires dédiés pour remettre la liste à jour en temps réel quand les entreprises coulent ou se font racheter?
Il faut quand même réaliser que l'État ne fournit plus de services; non seulement c'est mal vu pour des raisons politiques et idéologiques, ça coûte de l'argent, mais en plus quand c'est fait c'est mal fait (et ça n'est pas qu'une question de ressources). Si tu veux un hébergement agréé, il va falloir que l'État passe des marchés avec des prestataires privés, et tu vas faire figurer dans le cahier des charges les conditions d'hébergement et de confidentialité que tu souhaites. Le prestataire va alors imposer les logiciels et la tarification aux professionnels de santé, qui vont être légalement liés à ce fournisseur. Est-ce que c'est mieux? Dans quelle mesure tu peux gérer une entreprise comme une pharmacie si tu n'as aucun moyen de choisir ton fournisseur mail?
[^] # Re: Ils se contredisent tous seuls
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les produits tech sont pensés pour tomber en panne, oui vous pouvez être furax. Évalué à 3.
Dans l'automobile il y a rarement de compatibilité entre les constructeurs, à part pour les pièces d'usure très standardisées (essuie glaces, ampoules de phare). Du coup, le problème ne se pose pas : le constructeur fabrique et stocke ses propres pièces, il n'a pas à partager ses stocks avec les concurrents.
C'est exactement ça dans l'automobile; pour les éléments de carrosserie par exemple ça change avec le modèle, mais avec l'année du modèle puisque les voitures sont relookées tous les 3 ans. Par contre, l'automobile a une chance, c'est l'existence de filières de recyclage de pièces d'occasion organisées avec un réseau de casses.
Le coût du stock ça n'est pas (que) la place. C'est la gestion du stock (référençage, personnel, entrées/sorties) et surtout l'avance de trésorerie pour fabriquer des pièces que tu garderas peut-être des années, avant même parfois de devoir les détruire parce que tu avais mal évalué les besoins.
Ce que je veux dire, c'est que des lave-vaisselles, il en existe des milliers de références pour des douzaines de marques, mais il n'y a que quelques modèles de pompes de cyclage. C'est d'ailleurs surprenant à quel point les marques très différentes utilisent les mêmes pièces. Ça ne se voit que grâce aux bases de données de compatibilité proposées par les vendeurs de pièces détachées, et c'est là où je voulais en venir : les fabricants ne donnent jamais la vraie référence de la pièce qui te permettrait de l'acheter où tu veux, ils donnent une référence interne que seul leur SAV connaît. Du coup, l'éclaté et les tableaux de nomenclature ne te donnent aucune information utile, ça ne sert à rien de demander à les publier.
Encore faut-il n'y connaitre un minimum! Non, je pense que la situation n'est pas acceptable. Non seulement tu n'as jamais accès aux caractéristiques des pièces (tu vas avoir "bouton de régulateur", mais tu n'as pas le diamètre, la forme et la taille de l'axe, etc), mais en plus tu ne peux pas prendre la responsabilité de choisir une pièce ressemblante en espérant que tu ne vas pas tout péter. Cette responsabilité est actuellement prise par les vendeurs de pièces détachées, qui ont l'air de disposer de bases de données pas trop mal pour l'électroménager par exemple, ou pour l'automobile. Mais les constructeurs te diraient immédiatement qu'il est interdit de monter des pièces non-homologuées, et ne t'encourageraient jamais à le faire. Et comme je le disais au-dessus, il y a des pièces pour lesquelles il n'existe aucune base de données de compatibilité, tu as besoin d'une expertise pour déterminer les caractéristiques des pièces.
[^] # Re: Ça ne concerne pas que les coins pommés dans la ruralité profonde
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand des pharmacies demandent d’envoyer ses ordonnances sur… Gmail ou Hotmail. Évalué à 7.
Après, le principe de l'e-mail c'est que chacun a son fournisseur qu'il choisit selon ses critères, et le message est échangé entre ces fournisseurs. Tu peux choisir un hébergeur email super sécurisé, si en face ils sont chez gmail tu devras leur envoyer chez gmail, c'est le principe.
Après, en cas de fuite de données avérées, ils sont responsables.
Je pense que tout le monde dans ce pays a renoncé à la souveraineté numérique, on a l'impression qu'on est incapables d'héberger le moindre truc sans passer par un cloud US, ni même le moindre email. Quand tu as un système hébergé en local, au moindre problème ou à la moindre restriction de personnel, tu repasses à une solution "toute prête", style Outlook/Teams, donc c'est même pas que ça ne va pas assez vite, c'est qu'il y a une fuite en avant vers la centralisation des services numériques.
[^] # Re: La sécu c'est bien
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand des pharmacies demandent d’envoyer ses ordonnances sur… Gmail ou Hotmail. Évalué à 3.
Et pour la transmission de données également, chiffrement ou pas.
[^] # Re: Ils se contredisent tous seuls
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les produits tech sont pensés pour tomber en panne, oui vous pouvez être furax. Évalué à 3.
Si le marché des pièces détachées était amené à se développer, ça m'étonnerait que les constructeurs laissent passer cette manne financière. La "personnalisation" de la connectique, ça se fait assez couramment dans l'automobile ou en informatique (notamment par une marque avec une pomme sur le logo, je ne citerais pas de nom). Tu fais produire tes pièces détachées par le même fabriquant que les autres, sauf que tu mets ton logo dessus, tu changes l'ordre des fils dans la nappe, et paf, tu as l'exclusivité de la distribution des pièces, la garantie saute si tu achètes autre chose, etc.
Je ne suis pas convaincu du tout que les fabricants d'électroménager souhaitent que tout le monde sache qu'ils ne sont que des assembleurs, et que les pièces dans un lave-linge de marque Allemande à 500€ sont souvent les mêmes que les pièces dans une sous-marque distributeur à 200€ (pas toutes les pièces, mais beaucoup d'entre elles).
Mais en fait ils n'ont même pas besoin de personnaliser les pièces, il suffit qu'ils aient leur propre nomenclature. C'est d'ailleurs exactement ce qui est fait actuellement, la plupart du temps, chaque fabricant applique sa surcouche de nomenclature sur ses éclatés, et la pièce qui s'appelle C652624 chez Bosch c'est la même que celle qui s'appelle M37-alpha3 chez Mielle. Même le nom des pièces n'est pas standardisé (par exemple, le "joint torique de la pompe de cyclage" peut être le joint de 15mm en amont de la pompe chez un constructeur, et le joint de 45mm en sortie chez un autre, qui appellera le petit joint "joint de durite de pompe", etc.). Ceux qui prennent la responsabilité de proposer la compatibilité sont les revendeurs de pièces détachées, avec tous les inconvénients que ça comporte (les erreurs, les inversions pour les pièces qui ont le même nom mais qui correspondent à des pièces différentes, les modèles non-répertoriés, les pièces qui rentrent presque mais en fait non, etc). Il est possible que les revendeurs de pièces aient accès à plus de documentation technique, mais je ne suis même pas sûr. Par exemple, à chaque fois que j'ai acheté des touches de remplacement pour un clavier, ça a toujours été un merdier absolu (entre la taille, la couleur, la forme de la touche, le système de fixation, etc., tous les constructeurs utilisent tous les systèmes et comme les claviers changent avec la langue), c'est complètement infernal, et une fois sur deux la pièce reçue n'est pas la bonne. Il semble n'y avoir aucun moyen d'avoir une référence de pièce à partir d'informations de base (style "le A sur un DELL Latitude Machintruc").
[^] # Re: Ils se contredisent tous seuls
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les produits tech sont pensés pour tomber en panne, oui vous pouvez être furax. Évalué à 3.
Tu ne les crois pas capable de coller des détrompeurs ou de changer la forme des fiches s'ils veulent vraiment t'empêcher de réparer avec du générique?
[^] # Re: Ils se contredisent tous seuls
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les produits tech sont pensés pour tomber en panne, oui vous pouvez être furax. Évalué à 0.
Et pour les Chinois, fabriquer des mégatonnes de petites merdouilles en plastique qui finissent dans nos décharges au bout de quelques mois a été le moyen de sortir de la misère et de devenir le plus gros PIB du monde… tu veux qu'on dise quoi, qu'on préfèrerait vivre au pays où les licornes pètent des arcs-en-ciel et où tout le monde se fait des bisous?
[^] # Re: Ils se contredisent tous seuls
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les produits tech sont pensés pour tomber en panne, oui vous pouvez être furax. Évalué à 0.
Être capable d'acheter des trucs faits par des gens à l'autre bout du monde payés au lance-pierre plutôt que de ne rien acheter du tout, ça s'appelle le "pouvoir d'achat", et les variations de cette capacité à exploiter le reste du monde font les gouvernements, les parlements, et les présidents de la République. Si ton programme c'est de payer les ouvriers Chinois au SMIC français, il te faut être très très fou ou très très riche, parce que tu auras de la chance si 0.1% des gens votent pour toi…
Parfois il y a des réformes qui passent mieux si on les explique, mais là ton objectif risque d'être que les gens ne comprennent pas qu'il va falloir payer 10 SMIC pour un smartphone…
Après, "hors-sol", c'est souvent celui qui le dit qui y est :-)
[^] # Re: Ils se contredisent tous seuls
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les produits tech sont pensés pour tomber en panne, oui vous pouvez être furax. Évalué à 4.
Tu avais écris que je n'avais pas de preuve que c'était plus cher. Donc tu es d'accord que c'est en effet plus cher (tu bouges la cible).
"combien" est une question à laquelle on ne peut pas répondre parce qu'on n'a pas les coûts, seuls les constructeurs le peuvent. Par contre, on peut évaluer le prix de l'option "réparabilité" pour le consommateur, mais c'est pas évident parce qu'il faudrait comparer "toutes choses égales par ailleurs", ce qui est compliqué. En tout cas, les appareils réparables sont beaucoup plus chers que les non-réparables; il y a dans cette différence en effet une différence de gamme, mais peut-être pas que.
Mon argument ne dépend pas énormément du surcoût, mon argument c'est que 1) les réparations ont un coût (il n'est donc pas mécaniquement économique de faire réparer), et que 2) la réparabilité a aussi un coût qu'il faut ajouter à celui des réparations. Au final, acheter un appareil réparable n'est jamais un bon plan pour le consommateur s'il ne le fait jamais réparer (il paye le coût de la réparabilité sans en avoir le bénéfice), et s'il le fait réparer, le bénéfice dépend de plein de facteurs qu'il ne contrôle pas (prix de la réparation et prolongation de la durée de vie). Donc quand tu calcules la rentabilité de la réparabilité, il faut aussi ajouter la réparabilité des appareils que tu ne feras jamais réparer.
Tu as le droit de ne pas être d'accord, mais je trouve qu'entre l'augmentation de la robustesse et l'amélioration de la réparabilité, le consommateur a tout intérêt à choisir l'augmentation de la robustesse, même si l'appareil n'est pas réparable. Il le payera moins cher à l'achat, et ne devra pas investir dans ce drôle de truc qu'est la réparabilité, qui finalement est plus rentable si l'appareil n'est pas robuste, ce que personne ne souhaite. Donc voila, je pense que la réparabilité n'est pas un indicateur très pertinent, et que la cible est mauvaise (trop de variables non-contrôlées par le consommateur, et trop d'aléatoire dans le bénéfice attendu de la réparabilité, qui peut très facilement devenir économiquement non-viable).
Si après tu réponds que tu as très bien compris ce que tu achetais quand tu choisissais un appareil réparable, alors soit. Mais tout le monde n'a pas un cerveau laser pour le calcul de probabilités, et je ne suis pas sûr du tout que les consommateurs soient bien conscients que la réparabilité puisse en fait être une charge plutôt qu'un bénéfice.
[^] # Re: Ils se contredisent tous seuls
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les produits tech sont pensés pour tomber en panne, oui vous pouvez être furax. Évalué à 4.
Si seulement… Tu n'as jamais eu l'expérience d'un appareil envoyé à la déchetterie et remplacé par un neuf pour un truc tombé en panne dans la période de garantie? En fait, c'est même la norme, je pense. Une fois un technicien de chez Darty s'est déplacé deux fois pour un lave vaisselle, la première fois il a remplacé une pièce, la deuxième fois il a remplacé l'appareil. Autrement, dans mon expérience, c'est échange standard dès le contact du SAV.
Du coup, je ne suis pas sûr que l'allongement de la garantie rendrait les bidules plus réparables.
[^] # Re: Ils se contredisent tous seuls
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les produits tech sont pensés pour tomber en panne, oui vous pouvez être furax. Évalué à 4.
Si, j'en ai une. Pour le low-cost, les coûts de fabrication sont tirés vers le bas. Or, le low cost est moins réparable que le haut de gamme. C'est donc que la réparabilité est coûteuse (personne ne s'amuserait à rendre le low-cost non-réparable volontairement).
Combien? Ça dépend de tout. De l'appareil, de la partie de l'appareil, du surcoût dans la conception, de la taille de la série, du nombre de pièces qu'il faut assembler, de l'automatisation de l'usine, du prix de la main d'oeuvre. Impossible de répondre à ça de manière générale, mais la réparabilité empêche souvent l'automatisation et nécessite plus de main d'oeuvre (en gros, quand il y a une vis, il y a un gus payé pour visser—bon, il y a des robots de vissage, mais je ne suis pas sûr que ça soit très courant et très rentable parce que ça prend quand même beaucoup plus de temps qu'un simple bras qui vient clipser la pièce).
Il est aussi possible que la réparabilité soit interprétée comme une qualité intrinsèque de l'appareil, qui pourrait donc être vendu plus cher, ce qui fausserait une estimation du coût basée sur le prix.
[^] # Re: Ils se contredisent tous seuls
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les produits tech sont pensés pour tomber en panne, oui vous pouvez être furax. Évalué à 3.
Tu ferais face à des coûts de maintenance explosifs… Pour les systèmes électroniques, il faut installer un ordinateur de bord, tirer des faisceaux pour mettre des capteurs à toutes les roues, changer le système de freinage… Je n'imagine même pas combien ça pourrait coûter, probablement une faction non-négligeable du prix de la voiture, et dans tous les cas, beaucoup plus cher que de monter le même système sur un véhicule neuf prévu pour ça.
Tu exagères, la pratique est encouragée, il y a même des primes de l'État (https://www.economie.gouv.fr/particuliers/prime-retrofit-vehicule)
Bah oui mais là tu ne peux pas empêcher les constructeurs de privilégier les stratégies qui maximisent leur profit. De toutes manières, les voitures en sortie de LLD ne vont pas à la casse, elles passent sur le marché de l'occasion…
En France, l'âge moyen du parc automobile est de 11 ans : les voitures sont un bon exemple de bien durable et réparable.
[^] # Re: la clé de la contamination ou de l’intrusion
Posté par arnaudus . En réponse au journal Un câble USB qui permet de pirater un ordinateur.. Évalué à 3.
Tu fais comment pour brancher un périphérique?
[^] # Re: Ils se contredisent tous seuls
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les produits tech sont pensés pour tomber en panne, oui vous pouvez être furax. Évalué à 3.
Tu peux dire ce que tu veux, mais si ça n'est pas vrai ça ne sert pas à grand chose dans la discussion.
Je n'ai pas le temps de faire un rapport détaillé, mais il y a les données pour les lave-linges sur https://www.indicereparabilite.fr/appareils/electromenager/lave-linge-hubot/ par exemple (ils n'ont pas les lave-vaisselle, pour une raison que j'ignore). Il y a trop de références pour faire quelque chose de correct, mais quand tu tries par prix croissant, les trois moins chers ont des indices de réparabilité de 5.6, 5.7, et 5.8/10, alors que les trois plus chers sont à 8.7/10. Bien sûr, il faudrait normaliser par une estimation de la qualité, donc ça n'est pas facile, mais en première approximation, une note de 8.7/10 vaut 759€, une note de 5.7/10 vaut 330€, donc environ 140€ par point de réparabilité supplémentaire. Du coup je trouve que je n'étais pas complètement à la masse avec 200€ d'écart entre un truc 100% réparable et un appareil 0% réparable.
Le reste, c'est du pifomètre, mais les chiffres importent peu. Ce qui est important, c'est que tu payes la réparabilité ET les réparations, et que du point de vue économique c'est double peine. Le problème de la réparabilité n'est pas le même que celui de la robutesse et de la garantie, il faut donc les distinguer; ça n'est pas grave d'avoir un appareil non-réparable s'il est conçu pour durer très longtemps.
[^] # Re: Ils se contredisent tous seuls
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les produits tech sont pensés pour tomber en panne, oui vous pouvez être furax. Évalué à 4.
Globalement d'accord.
Oui oui, c'est pour ça que je parlais du coût de l'amortissement. Une chaudière à 20k€ qui s'amortit sur 20 ans, ça fait 1000€/an, ce qui rend la réparation rentable (chaque année de prolongation de la vie de l'appareil te fait gagner 1000€). Un téléphone à 200€ qui s'amortit sur 4 ans (c'est généreux), seules les réparations minuscules sont éventuellement rentables, il est plus rationnel de racheter un appareil neuf que de changer l'écran au bout de 3 ans.
Il existe quand même une nuance entre la qualité des biens (qu'il faut probablement améliorer) et la réparabilité. Souvent, la réparabilité a un coût (par exemple, il faut plusieurs pièces vissées pour la carcasse au lieu d'un gros bloc thermosoudé par une machine), et pour que ce coût soit compensé, il faut que les réparations soient bon marché et qu'elles permettent une extension substantielle de la durée de vie du produit. Si un lave-vaisselle réparable coûte 500€, que sa durée de vie sans panne est de 5 ans, que ça coûte 100€ de le faire réparer pour prolonger sa durée de vie de 2 ans, Avoir un appareil fonctionnel pendant 5 ans te coûte 100€/an, pendant 7 ans 85€/an, pendant 9 ans 78€ par an, etc. Si le même lave-vaisselle non-réparable coûte 300€ à l'achat (même qualité), le prix de revient est de 60€ par an, donc inférieur à celui du lave-vaisselle réparable sur toute sa durée de vie, et ce même si tu gardes le premier 20 ans (puisqu'il faut payer la réparabilité ET les réparations). Tant qu'il n'y aura pas une répercussion des coûts environnementaux sur le coût des produits, tout ceci ne peut pas fonctionner.
[^] # Re: Ils se contredisent tous seuls
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les produits tech sont pensés pour tomber en panne, oui vous pouvez être furax. Évalué à 3.
De toutes manières, une partie de l'obsolescence est due au progrès technologique, et c'est inévitable. Certains vont accuser l'effet de mode ou quelque chose de comparable, mais le progrès technologique est quelque chose de réel. Imaginons qu'on puisse garder les voitures 40 ans et 1M de km, on aurait dans les rues des bagnoles sans pot catalytique, qui consomment 8 à 10L/100 d'essence plombée, sans ESP, sans ABS, sans airbags, sans limiteur de vitesse. Et là, je ne parle que de la sécurité, parce que ces voitures ne pourraient pas non plus se connecter en bluetooth aux téléphones (ah bah si le téléphone a 20 ans remarquez que ça n'est peut-être pas nécessaire :-) ). Changer de téléphone tous les 15 ans c'est aussi absurde que de le changer tous les ans; on parle d'un domaine où la technologie, la connectique, les performances… évoluent très vite, et c'est tout à fait logique de concevoir ces appareils pour une durée de vie en rapport avec le moment où ils seront de toutes manières obsolètes technologiquement.
De toutes manières, pour la réparation, on ne pourra en parler que quand on aura mis au point un système qui fait que le simple fait d'ouvrir l'appareil pour diagnostiquer la panne ne coûte pas plus cher que l'appareil neuf. Évidemment, en attendant, on va shooter le secteur à coup de subventions (c'est de l'argent public, ça ne coûte rien!), mais autant je comprends l'intérêt économique d'un bon rapport qualité-prix (on garde l'appareil plus longtemps), autant l'intérêt de payer la réparabilité semble beaucoup plus douteux (on paye la réparabilité et les réparations). Quand l'appareil s'amortit à moins d'une heure de main d'oeuvre par an (c'est le cas pour tout l'électroménager par exemple), il semble falloir un alignement de planètes (et, bizarrement, un manque de fiabilité de l'appareil) pour que la réparabilité soit rentable (typiquement, une panne réparable immédiatement après la fin de la garantie?). Du coup, la réparabilité est probablement un bien pour le bricoleur (qui ne paye pas la main d'oeuvre, ou du moins qui la paye avec son propre temps de travail), mais pour le grand public, c'est pas très convainquant.
[^] # Re: la clé de la contamination ou de l’intrusion
Posté par arnaudus . En réponse au journal Un câble USB qui permet de pirater un ordinateur.. Évalué à 8.
Bah il faut bien travailler, donc tu peux mettre toute la théorie sécuritaire que tu veux derrière, quand tu dois passer ta présentation sur le PC de la salle de conférence qui n'est pas branché au réseau, tu vas utiliser la clé USB que te tend le chairman… "envisageable" ou pas.
Je n'arrive même pas à savoir si c'est du 3e degré ou pas… parce que là, en fait, tu pars du principe que les clés USB n'arrivent pas au secrétariat dans des colis Amazon et ne sont pas disponibles dans l'armoire avec la papèterie?
[^] # Re: la clé de la contamination ou de l’intrusion
Posté par arnaudus . En réponse au journal Un câble USB qui permet de pirater un ordinateur.. Évalué à 4. Dernière modification le 09 décembre 2024 à 23:19.
Ah, j'ai oublié un truc mais c'est un peu HS par rapport au topic, c'est les clés avec signature pour les applications sécurisées. Mais d'accord, là on est loin du truc trouvé dans la rue, puisqu'au contraire c'est une clé qu'on garde précieusement, mais techniquement c'est une clé USB utilisée en entreprise;
Ah si, encore une autre utilisation, il faut des bidules USB/SD card (techniquement, c'est une clé USB) pour le fablab (les imprimantes 3D et découpeuses laser fonctionnent avec des SD cards).