bin non, un compilo et un pré-processeur ont un comportement reproductible et qui n'évolue pas
Obtenir des réponses différentes à partir du même prompt dans un LLM est une feature ajoutée (il y a un générateur de nombres aléatoires derrière), ça n'est pas du tout une propriété de ces modèles. Tu peux régler le paramètre de température ou fixer la graine (tout dépend de ce que permet l'API à laquelle tu as accès) pour avoir toujours la même réponse, ce qui n'a que peu d'intérêt en général.
Par ailleurs, l'assembleur produit par un compilateur dépend du compilateur, de sa version, des options d'optimisation, et d'une foultitude de réglages que tu as bien pu lui passer. Il existe une grande diversité de code assembleur qui corresponde à un même code en C ou en C++, et la norme te garantit comment le binaire se comporte.
Évidemment, l'utilisation du langage naturel implique que ton LLM va prendre des décisions sémantiques, et tu ne peux pas normaliser la sortie d'un LLM comme tu peux normaliser le produit d'un compilateur. Mais ça n'est pas ton argument, tu ne disais pas que le compilateur implémentait une norme, tu disais que le compilateur produit toujours la même sortie, ce qui n'est pas vrai dans un environnement réaliste (parc hétérogène, version du compilateur différente, etc).
Oui, ça n'était pas précis; je pensais plus au nombre d'années d'études qu'à la qualification au sens strict. Par exemple, je ne suis pas certain qu'"ingénieur" soit un métier qualifié, dans le sens où beaucoup d'écoles d'ingé ont une vocation au généralisme.
Mais tu as compris le fond. On pensait que la contribution manuelle était automatisable, mais pas la contribution intellectuelle. L'ironie, c'est aussi que l'informatique a contribué à automatiser tout un tas de professions (notamment dans la comptabilité), mais j'ai l'impression que le sentiment d'être "à l'abri" dominait.
De toutes manières, c'est difficile de faire le malin, parce que peu sont à l'abri. À part quelques exemples que tu as donnés, le service à la personne, la sécurité, et les cas où un contact humain est indispensable, beaucoup de tâches sont automatisables, surtout si les modèles d'IA sont associés à la robotique.
Avec un générateur de code, on a deux "niveaux" : celui du prompt et le code généré. Il faudrait maîtriser les deux niveaux
Pourquoi tu ne peux pas imaginer que l'IA est une sorte de compilateur qui transforme "fais la moyenne de x" en "m = 0.0; for (i in range(x)) m+= x[i]; m /= size(x);"?
J'ai l'impression que tes "niveaux" ne sont pas par nature très différents des autres niveaux. Le saut semble assez important, parce qu'on a à la fois un fonctionnement interne très différent entre un réseau de neurones et un compilo, parce qu'on aime à penser que le langage naturel n'est pas très adapté pour la programmation, mais c'est juste une série de préjugés. Ta couche IA, c'est juste un logiciel qui comprend le langage naturel, qui a lu la doc, et qui a bouffé des milliards d'exemples où une requête en langage naturel était transformée en code. Si on fait abstraction du fonctionnement du logiciel, ça ressemble furieusement à un compilateur ou un pré-processeur.
Un peu comme si tu utilises un robot cuisine
Le problème, c'est qu'en pratique, étant donné le fonctionnement des LLM, c'est très peu probable et je pense que ton exemple est en fait un contre-exemple. Celui qui oublie le sel, c'est le cuisinier distrait. Une machine qui fait à manger sur la base de recettes pré-établies, elle n'oubliera jamais le sel. Éventuellement, elle en mettra dans les cas où il ne faut pas (du coup, l'humain reste expert sur ces cas exceptionnels).
c'est triste ton avis sur les humains « moyens » :/
Je n'ai pas émis d'avis, à part qu'ils se faisaient défoncer par les IA :-) J'ai l'impression que pour l'instant, les "experts" se sentent protégés, parce qu'ils sentent bien que ce qu'ils sont capables de faire est encore supérieur à ce que produisent les modèles du marché. Mais 1) on n'est pas expert en tout, et donc même si on a l'impression qu'elles sont inutiles dans les domaines qu'on maitrise, elles sont très performantes dans les domaines qu'on ne maitrise pas (parler Chinois, écrire en vers, …), 2) la vie de l'expert va constituer à serrer les fesses à la sortie de chaque nouvelle version, jusqu'au jour où la machine va commencer à devenir aussi performante, 3) la plupart des gens ne sont experts en rien, et définir la supériorité de l'humain par rapport à l'expertise de quelques uns revient à déshumaniser ces humains non-experts, ce qui n'est pas une solution.
Pour revenir à la question, je suis de ceux qui pensent que les modèles du marché on largement dépassé le seuil qui permet de les appeler "intelligents", ils sont extrêmement polyvalents et surpassent un humain pris au hasard sur la plupart des tâches, y compris celles où ils sont très mauvais (jouer aux échecs, raconter une blague…). Imaginer que pour une raison un peu magique le travail d'un humain aurait quelque chose d'intrinsèquement supérieur à celui d'une machine, ça revient à se raccrocher à une illusion basée sur pas grand chose, en fait.
Sauf que ce n'est pas du une "vraie" démocratisation
Bof, je ne vois pas trop où tu veux en venir. Quand on dit que la bagnole a rendu les gens libres de se déplacer, ils sont dépendants d'un objet propriétaire qu'ils achètent à une industrie. Quand les traitements de texte ont permis à tout le monde de taper leur CV ou n'importe quoi sans recours à un(e) dactylo, les traitements de texte étaient des logiciels propriétaires.
Et de fait, j'ai du mal à voir ce que changerait fondamentalement une IA libre. Il est impensable qu'une IA libre du niveau des gros LLM du marché puisse être mise à disposition gratuitement, les ressources nécessaires ne sont pas compatibles avec l'informatique personnelle, et les serveurs nécessaires à faire tourner un tel service nécessitent de lourds investissements. Bizarrement, du fait du dumping actuel (certes, temporaire et maisain), tout le monde peut accéder à ces ressources, mêmes ceux qui n'en auraient probablement pas les moyens. Donc je ne vois pas trop le rapport entre le libre et la démocratisation.
Sans être un technophile béat, il me semble assez raisonnable que des améliorations et optimisations vont venir dans les années qui viennent, et qui pourraient baisser de manière substantielle le coût d'entrée de ces technologies, et les rendre compatibles avec une distribution sous forme de logiciels libres. J'ai du mal à imaginer un recul de l'accès à ces technos à cause du coût. Il est aussi possible que payer un abonnement mensuel modeste, du même ordre de grandeur que le téléphone portable, puisse devenir la norme.
mais pas des compétences.
Si la compétence revient à maitriser les prompts, alors ces compétences vont se démocratiser. La plupart des développeurs C n'ont pas de compétences en assembleur, et pourtant ils le vivent bien. Et la plupart des développeurs dans les langages de haut niveau n'ont pas de compéhension fine de la manière dont la machine fonctionne, mais ils vivent avec, ça ne les empêche pas d'exploiter les possibilités offertes par le langage. Donc ces fameuses compétences d'une élite sans lesquelles tu ne peux pas vraiment comprendre ce que tu fais, on en a tous entendu parler, et on sait bien que c'est du flan. Les utilisateurs de LLM dépendront des "vrais" codeurs de la même manière que les devs C++ dépendent de ceux qui écrivent les compilateurs; et ceux qui écrivent les compilateurs dépendent de ceux qui gravent les puces, et ceux qui gravent les puces dépendent des chercheurs en physique, etc. Cette forme de dépendance où on exploite des outils qu'on ne saurait pas construire nous-mêmes, elle n'est pas nouvelle, et elle est inévitable dans un monde complexe.
La nouveauté de l'IA, c'est qu'elle peut potentiellement se passer de la couche d'en-dessous. Il est tout à fait imaginable qu'une IA soit capable de coder une IA, et donc de se passer des créateurs des outils logiciels qu'elle utilise. C'est même parfaitement théorisé, c'est lié à la singularité technologique, et le jour où on atteint ça on ne sait pas comment ça va se passer. C'est peut-être d'ailleurs comme ça qu'on pourrait arriver à faire tourner ces modèles sur des petits smartphones, si c'est possible bien sûr.
En fait, le choc est assez dur à encaisser, parce que 1) il est brutal (ça ne me semblait pas du tout évident qu'il serait faisable de faire coder décemment ce qui n'était qu'un chatbot il y a 3 ans), 2) il touche des emplois qui étaient considérés jusqu'à présent comme (très) qualifiés et assez reconnus socialement, et 3) tout le monde en dehors de la communauté des programmeurs semble se réjouir de la situation, les politiques (qui n'y comprennent rien mais ne veulent pas louper le train), le monde économique (qui ne voit que les gains de productivité et les $$$ économisés), et même le reste de la société qui voir plutôt d'un bon oeil la démocratisation du développement logiciel qui n'est plus du tout réservé à une élite.
Ici et là, on voit bien sûr fleurir des articles et des coups de gueule qui dénoncent la mauvaise qualité des programmes produits, du problème de formation des architectes logiciels du futur, avec souvent un mélange des genres entre ce qui est vrai et ce qu'on souhaiterait être vrai. C'est un peu triste, mais ça me fait vachement penser au père dans Charlie et la Chocolaterie, qui perd son travail de visseur de bouchons dans une usine de dentifrice au profit d'un robot, et qui prétend qu'aucune machine ne saura jamais visser un bouchon aussi bien qu'un humain. Ce qui me touche, c'est que c'est probablement doublement faux; une machine visse de manière probablement bien plus répétable qu'un humain, et que de doutes manières ce qui compte c'est que la différence de qualité de vissage n'a rien à voir avec la question, puisque personne ne s'intéresse à la qualité du vissage des bouchons de dentifrice à partir du moment où il est vissé.
Après, je ne lis pas l'avenir, et il va certainement y avoir une phase où n'importe quoi va être fait, jusqu'à ce qu'on détermine exactement ce qui peut ou ne peut pas être confié aux AI. Comme souvent, les AI ont du mal à égaler les meilleurs humains, mais défoncent totalement les humains "moyens", et dans une équipe de développement, il n'y a jamais que des experts.
Après tout, de toutes manières, il ne sera jamais interdit de continuer à coder à l'ancienne pendant ses loisirs, si ça nous amuse. Il y a de fortes chances également qu'on continue d'apprendre à coder à l'école, comme on apprend encore à poser des multiplications avant d'utiliser une calculatrice. Mais quand il sera établi que pour certaines tâches, coder à la main est l'équivalent de poser une multiplication, même si c'est moins drôle, il n'y aura aucune justification pour ne pas utiliser d'outil (une multiplication à la calculatrice n'est pas moins bien faite qu'à la main…).
Ah ah, vérification faite sur Wikipédia, c'est encore pire que ce qu'on pouvait imaginer :
le gallon US était défini comme le volume d'un cylindre de 6 pouces de long par 7 pouces de diamètre. Soit 230,907 pouces cubes. Arrondi à 231 pouces cubes pour la normalisation.
et tu indiques le contraire plus haut, ceux qui utilisaient le sextant pour trouver sa position mesuraient bien des angles, non ?
Mouais, alors le sextant ça ne mesure que la latitude, donc pour la longitude il fallait convertir une durée en angle (1h de décalage = 15 degrés, tu as intérêt à ne pas t'emméler les pinceaux entre les minutes d'arc et les minutes d'heures parce que ça ne tombe pas juste du tout). Tu reportes sur une carte marine graduée en degrés, et c'est tout : tu ne peux pas calculer les distances (à moins de longer un méridien) puisque une minute de longitude ne fait pas du tout 1 mille (sauf à l'équateur). Il te faut donc te référer à l'échelle de ta carte; tu prends ton compas, tu mesures la distance entre deux points, puis tu vas sur l'échelle pour comparer, et ça te donne ta distance en milles nautiques. Si c'était en km ça serait exactement pareil.
Donc les angles pour se positionner sur la carte, ça ne marche que pour la latitude, et le repérage en latitude/longitude ne te donne pas un repère orthonormal, tu ne peux pas faire de géométrie, appliquer Pythagore, ou quoi que ce soit. C'est donc mathématiquement possible de mesurer les distances en angles, mais ça n'est pas du tout pratique, il faut faire tout plein de trigonométrie. Bon, de toutes manières, quand les distances commencent à s'allonger, tout ça ne fonctionne plus à cause de la rotondité de la Terre.
Je trouve donc que l'argument "pratique" est très faible, et que l'argument de l'habitude est bien plus crédible. On peut penser que les marins du XVe siècle auraient bien aimé faire leurs calculs en unités internationales (et en grades pour les angles) si ce système avait été disponible à l'époque.
J'aurais pu avoir le même discours sur des néo-nazis qui se font virer: montent-ils leur instance?
Je crois que je comprends ta remarque en théorie, mais j'ai l'impression que c'est rhétorique, parce qu'en pratique ça n'a aucune importance. Bien sûr, si tu te fais virer ton compte néo-nazi de ton instance Mastodon, tu peux monter ta propre instance et continuer à être sur le réseau… sauf que si tu continues à poster la même chose ton instance se fera déréférencer, avec au mieux un accès en lecture seule du fediverse, et au pire une réelle exclusion si on ne t'autorise pas à suivre les comptes sur les autres instances.
Et il faut bien voir que par sa conception, Mastodon ne peut pas être infiniment éclaté en micro-instances, parce qu'il y a un coût très important (si tes abonnés sont sur 1000 instances différentes, ton serveur va devoir envoyer 1000 notifications à chaque fois que tu postes). Il ne serait pas du tout étonnant que pour des raisons de perfs et de viabilité, les instances trop petites soient plus ou moins exclues; j'avais d'ailleurs lu des trucs pessimistes sur la probable impossibilité technique pour Mastodon d'atteindre une taille équivalente à Twitter par exemple.
S'il n'y avait pas eu BS et des outils pour retrouver ses suivis et suiveurs, je suis prêt à parier que l'exode de Twitter aurait été bien plus modeste.
Oui mais ça c'est juste l'effet réseau, l'attractivité d'un concurrent est fréquence-dépendante, ce qui fait qu'atteindre le seuil de migration à partir duquel les gens acceptent de changer de système est très, très difficile.
En pratique, un réseau fédéré ne peut fonctionner que si les différents serveurs coopèrent. Et si c'est concurrentiel (par exemple, BS vs un concurrent libre), BS pourrait très bien maintenir les utilisateurs captifs en limitant les échanges (sous n'importe quel prétexte, la bande passante par exemple).
Je ne suis pas d'accord du tout. Le format 3mf n'est pas du tout un format de partage, c'est un format avancé qui intègre des informations qui n'ont de sens que pour une technologie, voire pour un modèle d'imprimante particulier. Heureusement, la plupart des slicers savent ignorer les informations qui ne sont pas pertinentes pour eux (un peu comme un pilote d'imprimante sait gérer les indications de couleur si c'est une imprimante noir et blanc), mais c'est du bricolage.
Donc oui, le stl est un format merdique, parce qu'il est sensible aux erreurs, qu'il existe en deux versions (binaire et texte) ce qui ne facilite pas l'interopérabilité, parce qu'il ne sait pas gérer plus d'un objet, qu'il est mal spécifié (par exemple en théorie toutes les coordonnées doivent être positives, ce qui est pourrissime parce que la coordonnée (0,0,0) a souvent du sens, ce qui fait que tous les logiciels acceptent les coordonnées négatives). Mais il est hyper-utilisé en tant que format de partage pour les objets simples parce qu'il est simple et qu'il décrit une structure 3D de manière totalement agnostique vis-à-vis de l'utilisation que tu veux en faire. C'est donc un format d'échange très pratique, comme pourrait l'être le svg par exemple. L'équivalent du 3mf, ça serait du svg avec des indications de résolution de l'imprimante, mélangées à du postscript ou autre trucs spécifiques à ton matériel.
C'est typiquement un cas où l'utilité du format prime sur la qualité de la spec.
un astronome ou astrophysicien utilisera plutôt l'année lumière que le mètre pour les distances
Plutôt le parsec en fait, mais c'est une sale habitude parce que de toutes manières il faudra convertir dès qu'on fait un calcul parce que les constantes sont en SI.
Les physiciens des atomes et particules ou cristallographie préfèrent souvent l'Angström
C'est du pur système métrique
le boulanger a parfois des pains de 5 livres
Il va bientôt partir à la retraite, probablement.
Les paysans ont des tailles de champs en hectares
C'est du système métrique
l'informaticien a des tailles de disque dur incompréhensibles
C'est du système métrique à l'arrondi près :-)
Le mieux reste tout de même d'être d'accord sur les unités retenues
Dès qu'on code un truc qui a un risque de poser un problème de conversion, surtout quand il y a beaucoup de $$$ en jeu et/ou des vies humaines, il faut surtout immédiatement utiliser un format de données qui intègre l'unité (*) et qui sait additionner des mètres et des yards. On n'est plus en 1970 et ce n'est pas le bit supplémentaire qui justifie l'idée d'écrire dans la doc que les distances sont en mm et que tout le monde lira la doc.
(*) que les génies qui ont décidé que le format de stéréolithographie STL était en unité libre soient maudits sur 17 générations.
le mile marin est une mesure qui a du sens et qui permet très facilement d'estimer les distances à parcourir à partir de la vitesse en noeuds et de se repérer sur une carte marine
C'est super bizarre comme remarque. C'est comme dire que les pieds, les pouces et les yards étaient logiques parce qu'ils permettent de définir les volumes en gallons et les vitesses en miles par heure :-S
Il y a juste certains domaines qui, pour des raisons historiques, n'ont pas suivi le mouvement du passage au système métrique. Mais l'utilisation d'un autre système que le système métrique n'est absolument pas justifiable autrement que par l'habitude; les cartes terrestres (type IGN) sont graduées en km (de mémoire, les latitudes et les longitudes ne sont indiquées que sur les axes), et il n'y a aucune raison qui empêcheraient de le faire sur une carte marine…
On peut aussi noter que les marins utilisent un système hybride pour les coordonnées, puisque les minutes d'arc ne sont pas divisées en secondes mais en décimales de minutes.
Enfin, la longueur du mille nautique est définie par rapport au mètre, et pas pas rapport aux coordonnées. En plus, elle a été arrondie au mètre le plus proche. Du fait de la forme de la Terre, un mille va pouvoir faire un peu plus ou un peu moins qu'une minute d'arc. Pas assez pour poser de réels problèmes (+ ou - 1 mètre)
Wikipédia explique bien que:
À la création du Système international d'unités en 1960, le BIPM déconseille l'usage du mille marin
En 2019, le BIPM ne reconnaît plus l'usage du mille marin
Donc on est bien en présence d'un reliquat de système non-métrique approximatif, et pas du tout de quelque chose qui aurait été conçu pour un usage spécifique. D'ailleurs, l'encablure (1/10 de mille) et la brasse (1/1000 de mille) ont déja été perdus.
La vérification d’âge obligatoire est aussi dans le package… Terminé l’anonymat, il faudra prouver qui vous êtes pour utiliser une messagerie.
Comme ça c'est carrément n'importe quoi (il n'y a aucun lien entre la vérification de l'âge et l'anonymat), ça jette quand même un doute sur la qualité du contenu.
Est-ce que quelqu'un sait réellement comment chat-control est censé fonctionner techniquement? Le client de messagerie va devoir embarquer son propre réseau de neurones pour analyser les images? Qui va certifier les performances de cet algorithme? En cas de test positif, un participant "fantôme" (la police) va être inclus dans la discussion, de manière à continuer à maintenir le chiffrement de la discussion?
Comme toujours, ce genre de trucs semble tellement fumeux techniquement que ça ressemble à des effets d'annonce qui ne seront jamais implémentés—ou bien qui sont très mal vulgarisés par des militants/associations qui tendent à dramatiser des mesures bien moins intrusives.
Pour l'instant on ne voit pas vraiment la différence: on lève des fonds, la boite n'a aucun revenu…
Disons que la différence est peut-être qu'il est certainement plus difficile de merdifier une application développée par une entreprise à mission, parce que la mission est inscrite dans les statuts. C'est une histoire de rapport de force entre la direction de la boîte et les investisseurs. En tout cas, il est peu probable que la merdification fasse aujourd'hui partie du plan.
Ceci dit, j'imagine qu'il n'y a pas 50 sources de revenus: publicité, abonnement contre services ou priorisation, et revente des données des utilisateurs. Il faudrait éplucher les statuts de la boite pour comprendre ce qui est compatible ou non avec la mission.
Et j'ai déjà entendu "s'ils merdent, on changera d'instance, c'est décentralisé".
Mouais, j'ai pas trop entendu ça, ça semble assez improbable. Vu le coût d'un serveur Mastodon, qui est pourtant construit pour être décentralisé (peut-être mal construit, mais ça n'est pas le problème), dupliquer Bluesky demande des moyens de multinationales.
Ce qui semble plus probable, c'est une décentralisation "amicale". J'imagine que Bluesky peut accepter de servir de passerelle vers des instances indépendantes.
Est arrivé ça:
Là, je trouve que ton argument est très politique. Quelles sont tes attentes pour un réseau social? La vision d'un internet non-géographique, hors de portée des lois, est une vision très libertarienne. Il se trouve que dans certains pays, le pouvoir en place est douteux, et que des lois liberticides peuvent limiter la liberté d'expression, mais je trouve ça assez étrange de mettre la décision de respecter une décision de justice dans les mains de la modération d'une entreprise. Pour prendre un exemple plus concret, l'interdiction du négationnisme en France est considérée comme une violation grave de la liberté d'expression en Amérique du Nord; est-ce que ça justifierait que les réseaux sociaux hébergés aux US refusent de bloquer les posts négationnistes pour les utilisateurs français? Je trouve que la limite entre la collaboration avec les régimes répressifs et le respect des lois et des cultures locales est très floue, et je me garderais bien de choisir un camp. Au mieux, on pourrait s'attendre que ces entreprises ne fournissent pas le service dans certains pays s'ils pensent que les lois ne sont pas compatibles avec la culture de l'entreprise.
Bah il faut expliquer ça aux obsédés de la "concurrence libre et non-faussée". Le dumping existe dans tous les domaines économiques; quand tu es indépendant et que tu te mets à ton compte, tu baisses tes prix pour te faire une réputation; quand une marque auto veut conquérir un nouveau marché elle casse ses prix, etc. C'est d'ailleurs parfaitement normal qu'une entreprise perde de l'argent les premières années d'activité. On peut même considérer qu'accepter des salaires faibles quand on est tout jeune diplômé relève du même mécanisme.
Ce qui n'est pas "normal" c'est la dégradation volontaire et planifiée du service. La dégradation du service peut exister un peu partout, c'est un signe de difficultés économiques ou logistiques, et elle peut même être assumée (par exemple en finançant très peu le service client pour les clients mécontents). Mais, sauf exception, ça n'est pas un objectif normal, c'est plutôt quelque chose qui arrive spontanément quand l'entreprise va mal. Je vois mal un garage auto en difficulté faire exprès de mettre de l'huile de mauvaise qualité lors des vidanges pour faire revenir plus souvent les clients et leur extorquer encore quelques euros avant de mettre la clé sous la porte. C'est pourtant la logique économique de la merdification, ça consiste à essorer le moindre $ des utilisateurs avant qu'ils comprennent qu'il faut aller voir ailleurs. Pour la plupart des biens et services, ça serait probablement même illégal, et j'imagine que ce qui rend la chose "acceptable" légalement c'est que dans la très grande majorité des cas les utilisateurs ne sont pas des clients (le service est gratuit).
c'est quoi déjà les sources de revenus de Bluesky?
Bluesky est une benefit corporation, c'est un statut particulier (c'est une "entreprise à mission"). On peut quand même lui accorder le bénéfice du doute.
Complètement d'accord, comme beaucoup d'autres termes le sens exact de "merdification" s'est rapidement perdu avec sa popularité; les gens croient deviner ce que ça peut vouloir dire et réutilisent le mot dans des contextes qui sont différents de l'idée de départ.
La merdification, c'est la dégradation volontaire et planifiée de la qualité d'un service numérique afin de maximiser les revenus, en bénéficiant d'un monopole de fait et d'une grosse base d'utilisateurs. C'est parfaitement théorisé, et c'est lié à la dynamique des produits numériques : dans un premier temps, tu offres un service efficace et attractif gratuitement pour augmenter autant que possible la base des utilisateurs. Une fois cette base d'utilisateurs assurée, il fat rendre le service rentable. Soit il y a une possibilité (par exemple en proposant des abonnements payants), soit ça n'est pas possible (parce que les utilisateurs n'accepteraient pas de payer par exemple, ou parce que le service n'a pas vraiment d'avenir et qu'on sent bien que le marché va se retourner). Dans ce dernier cas, il faut alors tirer un maximum de $$$ de la base d'utilisateurs chèrement constituée, et toutes les stratégies sont permises : on dégrade volontairement la qualité de service pour "forcer" les abonnements, on pourrit l'interface pour inciter les clics sur les bandeaux publicitaires ou pour afficher plus de pages (et plus de pubs) avant que l'utilisateur arrive là où il le souhaite, on modifie les conditions d'utilisation pour autoriser la collecte et la vente de données privées, etc. Cette phase est donc conçue pour précéder la disparition du service, puisqu'il est assumé que les utilisateurs vont se raréfier.
La merdification n'est pas inéluctable; il y a des cas où la concurrence existe (on ne peut pas vraiment trop merdifier sans prendre le risque d'une fuite très rapide des utilisateurs vers la concurrence), et d'autres où un business model stable est envisageable (auquel cas on arrive à rentabiliser le service sans merdifier, il faut au contraire continuer à rester attractif). La merdification c'est un peu la réponse des investisseur à l'éclatement des bulles de la tech—plutôt que de tout perdre, on essaye de récupérer ses billes une fois qu'on a décidé que l'activité n'avait pas d'avenir.
Obliger par la loi à un logiciel de fonctionner? Je crois que je comprends l'intention, mais l'enfer est pavé de bonnes intentions.
À la limite, on pourrait imposer par la loi des API interopérables par exemple. Mais en contrepartie, il faudra alléger la responsabilité des banques vis-à-vis des fraudes, puisque la banque ne peut pas être tenue pour responsable de la non-sécurisation du logiciel que tu utilises (si tu et fais intercepter tes identifiants par exemple…). Pas sûr que le consommateur ait à y gagner.
c'est justement exactement ce que les gens aimeraient faire avec, et que les institutions interdisent.
Je ne comprends pas ton histoire d'institution qui interdit quelque chose. Ces entreprises te fournissent un service qui ne te convient pas, elles ne t'interdisent rien.
Seule solution, se passer donc du smartphone,
Non, c'est un raisonnement fallacieux (faux dilemme). Tu connais très bien la vraie solution : tu installes le logiciel proprio. Le reste, c'est des problèmes que tu te crées tout seul parce que tu imagines des droits que tu n'as pas (accéder à un service privé par une procédure de ton choix).
Attention, je ne suis pas en train de défendre le logiciel propriétaire, je suis en train de défendre la liberté d'une entreprise d'envoyer chier les clients qui veulent un service à la demande.
revenir au tout papier dans certains cas
C'est ton droit, mais tu te lances dans une démarche masochiste qui risque de mal finir pour toi (soit parce que le service va finir par s'arrêter, soit parce qu'il va finir par t'être facturé).
Partant de là, ce n'est pas un contresens historique de dire qu'il est au service du capitalisme.
Ce n'est plus une joute verbale, c'est du contorsionisme.
Le capitalisme sait profiter de toutes les situations, y compris de celles qui ont été créées pour le limiter. C'est donc complètement fallacieux d'interpréter quelque chose que le capitalisme a su mettre à son profit comme étant mis en place "au service du capitalisme".
Après, je pointais juste une erreur historique; ça y est, c'est fait. Je n'ai pas le pouvoir d'empêcher les gens de raconter n'importe quoi si c'est ce qu'ils souhaitent.
Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu appelles "facilement". Tu ne parles que des droits patrimoniaux puisque les droits moraux ne peuvent pas être cédés. Et l'auteur est libre de faire ce qu'il veut de ses droits patrimoniaux. Y compris les céder contre de l'argent.
c’est eux qui font la pluie et le beau temps
Il y a de la concurrence entre les auteurs, et de la concurrence entre les éditeurs. C'est l'offre et la demande. Si tu mettais un seuil aux reversement des droits d'auteur, est-ce que tu n'excluerais pas d'office les auteurs les moins rentables du marché? Est-ce que la part reversée aux auteurs est trop petite? Peut-être, mais dis-toi quand même que les "gros" auteurs (ceux qui font réellement gagner de l'argent aux éditeurs) sont en mesure de négocier des taux plus élevés que les petits auteurs.
Comme la plupart des développeur je cède la propriété de mon code à mon entreprise
Ouhlala, alors déja le code c'est spécial (ça a un statut à part, parce que c'est pas si évident que ça que c'est une oeuvre de l'esprit et que si ça n'avait pas un statut à part ça remettrait pas mal de choses en question, y compris la légalité des licences libres), et en plus, tu es salarié (tu es payé en avance pour ton travail contre une clause de cession des droits dans ton contrat de travail).
C’est elle qui possède les moyens de production mon code n’a pas de valeur autrement.
Bah je crois que tu as tout dit. C'est une situation classique où le salarié crée les choses et l'entreprise crée la valeur des choses. La loi protège ton travail, et de donne la liberté d'en faire ce que tu veux; distribuer ton oeuvre sous licence libre gratuitement, la distribuer toi-même contre de l'argent auprès du public, ou l'échanger contre de l'argent auprès d'un éditeur qui la distribue pour toi. Si les artistes gagnaient plus à diffuser leurs oeuvres eux-mêmes, ils le feraient, non? S'ils ne le font pas, c'est que 4% des droits sur les oeuvres diffusées dans un circuit industriel rapporte plus que 100% des droits dans une diffusion amateur.
Si l'argument est sur le partage équitable de la valeur, alors c'est un argument qui me semble profondément fallacieux—je ne l'avais pas réalisé avant de réfléchir sur la question. Est-ce que la valeur d'un échange se juge sur ce qui se passe après l'échange? Je pense que non, il n'y a aucune raison de penser que c'est le cas, c'est la cupidité associée à la propriété intellectuelle qui nous fait penser le contraire. Disons que je vends une pelle à la brocante 5€, si le mois d'après j'apprends que le gusse qui me l'a achetée a déterré un trésor avec, est-ce qu'il est légitime pour moi d'aller lui réclamer de l'argent parce qu'il a valorisé la pelle qu'il m'a achetée? Bah non, parce que la valeur de l'échange doit être jugée au moment de l'échange, et à ce moment, c'était un échange équitable. Bah ça devrait être pareil pour les idées ou les oeuvres. Je ne comprends pas pourquoi on imagine tous avoir une sorte de droit de préemption sur la valeur que les autres créent à partir de ce qu'on leur a vendu. Si une entreprise gagne des millions à partir d'un truc que je lui ai vendu, peut-être que j'aurais dû lui vendre plus cher, mais je ne suis pas "volé".
Au XIXe siècle, in n'y a que Raiponce. "La reine des neiges", à part le titre, n'a rien à voir avec le conte d'Andersen (le résumé Wikipédia du conte: Le diable a fabriqué un miroir magique, dont les reflets sont déformés. Le miroir se casse et deux des morceaux ensorcelés se coincent dans l'œil et le cœur d'un garçon innocent, Kay (parfois écrit Kaï), le rendant dur et indifférent, jusqu'au jour où il disparaît. Son amie Gerda entreprend de le chercher, jusqu'au château de la Reine des neiges dans le Grand nord où il est retenu. Dans sa quête, elle rencontre de nombreux personnages, dont la petite fille têtue, des brigands, quelques animaux qui parlent et une magicienne avec un jardin fantastique.). Certes, Vaiana et l'Atlantide sont "issus de la culture populaire", mais c'est moi qui ai mal rédigé ma phrase, puisque ça n'est pas issu d'un ouvrage avec un auteur.
[^] # Re: meta
Posté par arnaudus . En réponse au journal Coder avec l'IA : le déclin du plaisir. Évalué à 5 (+2/-0).
Où alors réaliser qu'on n'est pas payés par rapport au plaisir qu'on prend à son activité?
[^] # Re: Inédit pour les métiers qualifiés
Posté par arnaudus . En réponse au journal Coder avec l'IA : le déclin du plaisir. Évalué à 2 (+1/-2).
Obtenir des réponses différentes à partir du même prompt dans un LLM est une feature ajoutée (il y a un générateur de nombres aléatoires derrière), ça n'est pas du tout une propriété de ces modèles. Tu peux régler le paramètre de température ou fixer la graine (tout dépend de ce que permet l'API à laquelle tu as accès) pour avoir toujours la même réponse, ce qui n'a que peu d'intérêt en général.
Par ailleurs, l'assembleur produit par un compilateur dépend du compilateur, de sa version, des options d'optimisation, et d'une foultitude de réglages que tu as bien pu lui passer. Il existe une grande diversité de code assembleur qui corresponde à un même code en C ou en C++, et la norme te garantit comment le binaire se comporte.
Évidemment, l'utilisation du langage naturel implique que ton LLM va prendre des décisions sémantiques, et tu ne peux pas normaliser la sortie d'un LLM comme tu peux normaliser le produit d'un compilateur. Mais ça n'est pas ton argument, tu ne disais pas que le compilateur implémentait une norme, tu disais que le compilateur produit toujours la même sortie, ce qui n'est pas vrai dans un environnement réaliste (parc hétérogène, version du compilateur différente, etc).
[^] # Re: Inédit pour les métiers qualifiés
Posté par arnaudus . En réponse au journal Coder avec l'IA : le déclin du plaisir. Évalué à 3 (+0/-0).
Oui, ça n'était pas précis; je pensais plus au nombre d'années d'études qu'à la qualification au sens strict. Par exemple, je ne suis pas certain qu'"ingénieur" soit un métier qualifié, dans le sens où beaucoup d'écoles d'ingé ont une vocation au généralisme.
Mais tu as compris le fond. On pensait que la contribution manuelle était automatisable, mais pas la contribution intellectuelle. L'ironie, c'est aussi que l'informatique a contribué à automatiser tout un tas de professions (notamment dans la comptabilité), mais j'ai l'impression que le sentiment d'être "à l'abri" dominait.
De toutes manières, c'est difficile de faire le malin, parce que peu sont à l'abri. À part quelques exemples que tu as donnés, le service à la personne, la sécurité, et les cas où un contact humain est indispensable, beaucoup de tâches sont automatisables, surtout si les modèles d'IA sont associés à la robotique.
[^] # Re: Inédit pour les métiers qualifiés
Posté par arnaudus . En réponse au journal Coder avec l'IA : le déclin du plaisir. Évalué à 1 (+1/-3). Dernière modification le 11 août 2025 à 17:54.
Pourquoi tu ne peux pas imaginer que l'IA est une sorte de compilateur qui transforme "fais la moyenne de x" en "m = 0.0; for (i in range(x)) m+= x[i]; m /= size(x);"?
J'ai l'impression que tes "niveaux" ne sont pas par nature très différents des autres niveaux. Le saut semble assez important, parce qu'on a à la fois un fonctionnement interne très différent entre un réseau de neurones et un compilo, parce qu'on aime à penser que le langage naturel n'est pas très adapté pour la programmation, mais c'est juste une série de préjugés. Ta couche IA, c'est juste un logiciel qui comprend le langage naturel, qui a lu la doc, et qui a bouffé des milliards d'exemples où une requête en langage naturel était transformée en code. Si on fait abstraction du fonctionnement du logiciel, ça ressemble furieusement à un compilateur ou un pré-processeur.
Le problème, c'est qu'en pratique, étant donné le fonctionnement des LLM, c'est très peu probable et je pense que ton exemple est en fait un contre-exemple. Celui qui oublie le sel, c'est le cuisinier distrait. Une machine qui fait à manger sur la base de recettes pré-établies, elle n'oubliera jamais le sel. Éventuellement, elle en mettra dans les cas où il ne faut pas (du coup, l'humain reste expert sur ces cas exceptionnels).
[^] # Re: Inédit pour les métiers qualifiés
Posté par arnaudus . En réponse au journal Coder avec l'IA : le déclin du plaisir. Évalué à 4 (+2/-1).
Je n'ai pas émis d'avis, à part qu'ils se faisaient défoncer par les IA :-) J'ai l'impression que pour l'instant, les "experts" se sentent protégés, parce qu'ils sentent bien que ce qu'ils sont capables de faire est encore supérieur à ce que produisent les modèles du marché. Mais 1) on n'est pas expert en tout, et donc même si on a l'impression qu'elles sont inutiles dans les domaines qu'on maitrise, elles sont très performantes dans les domaines qu'on ne maitrise pas (parler Chinois, écrire en vers, …), 2) la vie de l'expert va constituer à serrer les fesses à la sortie de chaque nouvelle version, jusqu'au jour où la machine va commencer à devenir aussi performante, 3) la plupart des gens ne sont experts en rien, et définir la supériorité de l'humain par rapport à l'expertise de quelques uns revient à déshumaniser ces humains non-experts, ce qui n'est pas une solution.
Pour revenir à la question, je suis de ceux qui pensent que les modèles du marché on largement dépassé le seuil qui permet de les appeler "intelligents", ils sont extrêmement polyvalents et surpassent un humain pris au hasard sur la plupart des tâches, y compris celles où ils sont très mauvais (jouer aux échecs, raconter une blague…). Imaginer que pour une raison un peu magique le travail d'un humain aurait quelque chose d'intrinsèquement supérieur à celui d'une machine, ça revient à se raccrocher à une illusion basée sur pas grand chose, en fait.
[^] # Re: Inédit pour les métiers qualifiés
Posté par arnaudus . En réponse au journal Coder avec l'IA : le déclin du plaisir. Évalué à 3 (+1/-1).
Bof, je ne vois pas trop où tu veux en venir. Quand on dit que la bagnole a rendu les gens libres de se déplacer, ils sont dépendants d'un objet propriétaire qu'ils achètent à une industrie. Quand les traitements de texte ont permis à tout le monde de taper leur CV ou n'importe quoi sans recours à un(e) dactylo, les traitements de texte étaient des logiciels propriétaires.
Et de fait, j'ai du mal à voir ce que changerait fondamentalement une IA libre. Il est impensable qu'une IA libre du niveau des gros LLM du marché puisse être mise à disposition gratuitement, les ressources nécessaires ne sont pas compatibles avec l'informatique personnelle, et les serveurs nécessaires à faire tourner un tel service nécessitent de lourds investissements. Bizarrement, du fait du dumping actuel (certes, temporaire et maisain), tout le monde peut accéder à ces ressources, mêmes ceux qui n'en auraient probablement pas les moyens. Donc je ne vois pas trop le rapport entre le libre et la démocratisation.
Sans être un technophile béat, il me semble assez raisonnable que des améliorations et optimisations vont venir dans les années qui viennent, et qui pourraient baisser de manière substantielle le coût d'entrée de ces technologies, et les rendre compatibles avec une distribution sous forme de logiciels libres. J'ai du mal à imaginer un recul de l'accès à ces technos à cause du coût. Il est aussi possible que payer un abonnement mensuel modeste, du même ordre de grandeur que le téléphone portable, puisse devenir la norme.
Si la compétence revient à maitriser les prompts, alors ces compétences vont se démocratiser. La plupart des développeurs C n'ont pas de compétences en assembleur, et pourtant ils le vivent bien. Et la plupart des développeurs dans les langages de haut niveau n'ont pas de compéhension fine de la manière dont la machine fonctionne, mais ils vivent avec, ça ne les empêche pas d'exploiter les possibilités offertes par le langage. Donc ces fameuses compétences d'une élite sans lesquelles tu ne peux pas vraiment comprendre ce que tu fais, on en a tous entendu parler, et on sait bien que c'est du flan. Les utilisateurs de LLM dépendront des "vrais" codeurs de la même manière que les devs C++ dépendent de ceux qui écrivent les compilateurs; et ceux qui écrivent les compilateurs dépendent de ceux qui gravent les puces, et ceux qui gravent les puces dépendent des chercheurs en physique, etc. Cette forme de dépendance où on exploite des outils qu'on ne saurait pas construire nous-mêmes, elle n'est pas nouvelle, et elle est inévitable dans un monde complexe.
La nouveauté de l'IA, c'est qu'elle peut potentiellement se passer de la couche d'en-dessous. Il est tout à fait imaginable qu'une IA soit capable de coder une IA, et donc de se passer des créateurs des outils logiciels qu'elle utilise. C'est même parfaitement théorisé, c'est lié à la singularité technologique, et le jour où on atteint ça on ne sait pas comment ça va se passer. C'est peut-être d'ailleurs comme ça qu'on pourrait arriver à faire tourner ces modèles sur des petits smartphones, si c'est possible bien sûr.
# Inédit pour les métiers qualifiés
Posté par arnaudus . En réponse au journal Coder avec l'IA : le déclin du plaisir. Évalué à 8 (+6/-1). Dernière modification le 11 août 2025 à 14:17.
En fait, le choc est assez dur à encaisser, parce que 1) il est brutal (ça ne me semblait pas du tout évident qu'il serait faisable de faire coder décemment ce qui n'était qu'un chatbot il y a 3 ans), 2) il touche des emplois qui étaient considérés jusqu'à présent comme (très) qualifiés et assez reconnus socialement, et 3) tout le monde en dehors de la communauté des programmeurs semble se réjouir de la situation, les politiques (qui n'y comprennent rien mais ne veulent pas louper le train), le monde économique (qui ne voit que les gains de productivité et les $$$ économisés), et même le reste de la société qui voir plutôt d'un bon oeil la démocratisation du développement logiciel qui n'est plus du tout réservé à une élite.
Ici et là, on voit bien sûr fleurir des articles et des coups de gueule qui dénoncent la mauvaise qualité des programmes produits, du problème de formation des architectes logiciels du futur, avec souvent un mélange des genres entre ce qui est vrai et ce qu'on souhaiterait être vrai. C'est un peu triste, mais ça me fait vachement penser au père dans Charlie et la Chocolaterie, qui perd son travail de visseur de bouchons dans une usine de dentifrice au profit d'un robot, et qui prétend qu'aucune machine ne saura jamais visser un bouchon aussi bien qu'un humain. Ce qui me touche, c'est que c'est probablement doublement faux; une machine visse de manière probablement bien plus répétable qu'un humain, et que de doutes manières ce qui compte c'est que la différence de qualité de vissage n'a rien à voir avec la question, puisque personne ne s'intéresse à la qualité du vissage des bouchons de dentifrice à partir du moment où il est vissé.
Après, je ne lis pas l'avenir, et il va certainement y avoir une phase où n'importe quoi va être fait, jusqu'à ce qu'on détermine exactement ce qui peut ou ne peut pas être confié aux AI. Comme souvent, les AI ont du mal à égaler les meilleurs humains, mais défoncent totalement les humains "moyens", et dans une équipe de développement, il n'y a jamais que des experts.
Après tout, de toutes manières, il ne sera jamais interdit de continuer à coder à l'ancienne pendant ses loisirs, si ça nous amuse. Il y a de fortes chances également qu'on continue d'apprendre à coder à l'école, comme on apprend encore à poser des multiplications avant d'utiliser une calculatrice. Mais quand il sera établi que pour certaines tâches, coder à la main est l'équivalent de poser une multiplication, même si c'est moins drôle, il n'y aura aucune justification pour ne pas utiliser d'outil (une multiplication à la calculatrice n'est pas moins bien faite qu'à la main…).
[^] # Re: Système impérial
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche La convention du mètre et l’ODF 150 et 20 ans d’ouverture. Évalué à 5 (+2/-0).
Ah ah, vérification faite sur Wikipédia, c'est encore pire que ce qu'on pouvait imaginer :
le gallon US était défini comme le volume d'un cylindre de 6 pouces de long par 7 pouces de diamètre. Soit 230,907 pouces cubes. Arrondi à 231 pouces cubes pour la normalisation.
Lol lol.
[^] # Re: ravel ?
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche La convention du mètre et l’ODF 150 et 20 ans d’ouverture. Évalué à 3 (+0/-0).
C'est super intéressant, je ne savais pas que la captation de l'héritage par la domestique avait été organisée par un collabo qui bossait à la SACEM…
Je suis surpris qu'il n'y ait pas de droits de succession sur les droits patrimoniaux, comment ça marche?
[^] # Re: Système impérial
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche La convention du mètre et l’ODF 150 et 20 ans d’ouverture. Évalué à 3 (+0/-0).
Mouais, alors le sextant ça ne mesure que la latitude, donc pour la longitude il fallait convertir une durée en angle (1h de décalage = 15 degrés, tu as intérêt à ne pas t'emméler les pinceaux entre les minutes d'arc et les minutes d'heures parce que ça ne tombe pas juste du tout). Tu reportes sur une carte marine graduée en degrés, et c'est tout : tu ne peux pas calculer les distances (à moins de longer un méridien) puisque une minute de longitude ne fait pas du tout 1 mille (sauf à l'équateur). Il te faut donc te référer à l'échelle de ta carte; tu prends ton compas, tu mesures la distance entre deux points, puis tu vas sur l'échelle pour comparer, et ça te donne ta distance en milles nautiques. Si c'était en km ça serait exactement pareil.
Donc les angles pour se positionner sur la carte, ça ne marche que pour la latitude, et le repérage en latitude/longitude ne te donne pas un repère orthonormal, tu ne peux pas faire de géométrie, appliquer Pythagore, ou quoi que ce soit. C'est donc mathématiquement possible de mesurer les distances en angles, mais ça n'est pas du tout pratique, il faut faire tout plein de trigonométrie. Bon, de toutes manières, quand les distances commencent à s'allonger, tout ça ne fonctionne plus à cause de la rotondité de la Terre.
Je trouve donc que l'argument "pratique" est très faible, et que l'argument de l'habitude est bien plus crédible. On peut penser que les marins du XVe siècle auraient bien aimé faire leurs calculs en unités internationales (et en grades pour les angles) si ce système avait été disponible à l'époque.
[^] # Re: Système impérial
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche La convention du mètre et l’ODF 150 et 20 ans d’ouverture. Évalué à 4 (+1/-0).
1 mile = 1 760 yards (5 280 pieds).
gallon US = 231 pouces cubes = 128 once US
C'est pas une approximation, c'est une définition. Et pourquoi ces conversions? Parce que le monde n'est pas passé au système métrique pour rien.
[^] # Re: Merdification
Posté par arnaudus . En réponse au journal Traduction : Vous ne pouvez combattre l'enshittification. Évalué à 4 (+1/-0).
Je crois que je comprends ta remarque en théorie, mais j'ai l'impression que c'est rhétorique, parce qu'en pratique ça n'a aucune importance. Bien sûr, si tu te fais virer ton compte néo-nazi de ton instance Mastodon, tu peux monter ta propre instance et continuer à être sur le réseau… sauf que si tu continues à poster la même chose ton instance se fera déréférencer, avec au mieux un accès en lecture seule du fediverse, et au pire une réelle exclusion si on ne t'autorise pas à suivre les comptes sur les autres instances.
Et il faut bien voir que par sa conception, Mastodon ne peut pas être infiniment éclaté en micro-instances, parce qu'il y a un coût très important (si tes abonnés sont sur 1000 instances différentes, ton serveur va devoir envoyer 1000 notifications à chaque fois que tu postes). Il ne serait pas du tout étonnant que pour des raisons de perfs et de viabilité, les instances trop petites soient plus ou moins exclues; j'avais d'ailleurs lu des trucs pessimistes sur la probable impossibilité technique pour Mastodon d'atteindre une taille équivalente à Twitter par exemple.
Oui mais ça c'est juste l'effet réseau, l'attractivité d'un concurrent est fréquence-dépendante, ce qui fait qu'atteindre le seuil de migration à partir duquel les gens acceptent de changer de système est très, très difficile.
En pratique, un réseau fédéré ne peut fonctionner que si les différents serveurs coopèrent. Et si c'est concurrentiel (par exemple, BS vs un concurrent libre), BS pourrait très bien maintenir les utilisateurs captifs en limitant les échanges (sous n'importe quel prétexte, la bande passante par exemple).
[^] # Re: ni l'un, ni l'autre
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche La convention du mètre et l’ODF 150 et 20 ans d’ouverture. Évalué à 3 (+0/-0).
Je ne suis pas d'accord du tout. Le format 3mf n'est pas du tout un format de partage, c'est un format avancé qui intègre des informations qui n'ont de sens que pour une technologie, voire pour un modèle d'imprimante particulier. Heureusement, la plupart des slicers savent ignorer les informations qui ne sont pas pertinentes pour eux (un peu comme un pilote d'imprimante sait gérer les indications de couleur si c'est une imprimante noir et blanc), mais c'est du bricolage.
Donc oui, le stl est un format merdique, parce qu'il est sensible aux erreurs, qu'il existe en deux versions (binaire et texte) ce qui ne facilite pas l'interopérabilité, parce qu'il ne sait pas gérer plus d'un objet, qu'il est mal spécifié (par exemple en théorie toutes les coordonnées doivent être positives, ce qui est pourrissime parce que la coordonnée (0,0,0) a souvent du sens, ce qui fait que tous les logiciels acceptent les coordonnées négatives). Mais il est hyper-utilisé en tant que format de partage pour les objets simples parce qu'il est simple et qu'il décrit une structure 3D de manière totalement agnostique vis-à-vis de l'utilisation que tu veux en faire. C'est donc un format d'échange très pratique, comme pourrait l'être le svg par exemple. L'équivalent du 3mf, ça serait du svg avec des indications de résolution de l'imprimante, mélangées à du postscript ou autre trucs spécifiques à ton matériel.
C'est typiquement un cas où l'utilité du format prime sur la qualité de la spec.
[^] # Re: ni l'un, ni l'autre
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche La convention du mètre et l’ODF 150 et 20 ans d’ouverture. Évalué à 3 (+0/-0). Dernière modification le 08 août 2025 à 15:15.
Plutôt le parsec en fait, mais c'est une sale habitude parce que de toutes manières il faudra convertir dès qu'on fait un calcul parce que les constantes sont en SI.
C'est du pur système métrique
Il va bientôt partir à la retraite, probablement.
C'est du système métrique
C'est du système métrique à l'arrondi près :-)
Dès qu'on code un truc qui a un risque de poser un problème de conversion, surtout quand il y a beaucoup de $$$ en jeu et/ou des vies humaines, il faut surtout immédiatement utiliser un format de données qui intègre l'unité (*) et qui sait additionner des mètres et des yards. On n'est plus en 1970 et ce n'est pas le bit supplémentaire qui justifie l'idée d'écrire dans la doc que les distances sont en mm et que tout le monde lira la doc.
(*) que les génies qui ont décidé que le format de stéréolithographie STL était en unité libre soient maudits sur 17 générations.
[^] # Re: Système impérial
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche La convention du mètre et l’ODF 150 et 20 ans d’ouverture. Évalué à 4 (+1/-0). Dernière modification le 08 août 2025 à 14:59.
C'est super bizarre comme remarque. C'est comme dire que les pieds, les pouces et les yards étaient logiques parce qu'ils permettent de définir les volumes en gallons et les vitesses en miles par heure :-S
Il y a juste certains domaines qui, pour des raisons historiques, n'ont pas suivi le mouvement du passage au système métrique. Mais l'utilisation d'un autre système que le système métrique n'est absolument pas justifiable autrement que par l'habitude; les cartes terrestres (type IGN) sont graduées en km (de mémoire, les latitudes et les longitudes ne sont indiquées que sur les axes), et il n'y a aucune raison qui empêcheraient de le faire sur une carte marine…
On peut aussi noter que les marins utilisent un système hybride pour les coordonnées, puisque les minutes d'arc ne sont pas divisées en secondes mais en décimales de minutes.
Enfin, la longueur du mille nautique est définie par rapport au mètre, et pas pas rapport aux coordonnées. En plus, elle a été arrondie au mètre le plus proche. Du fait de la forme de la Terre, un mille va pouvoir faire un peu plus ou un peu moins qu'une minute d'arc. Pas assez pour poser de réels problèmes (+ ou - 1 mètre)
Wikipédia explique bien que:
Donc on est bien en présence d'un reliquat de système non-métrique approximatif, et pas du tout de quelque chose qui aurait été conçu pour un usage spécifique. D'ailleurs, l'encablure (1/10 de mille) et la brasse (1/1000 de mille) ont déja été perdus.
# Dommage...
Posté par arnaudus . En réponse au lien Chat Control - L'Europe veut scanner tous vos messages privés dès octobre. Évalué à 5 (+4/-2).
Comme ça c'est carrément n'importe quoi (il n'y a aucun lien entre la vérification de l'âge et l'anonymat), ça jette quand même un doute sur la qualité du contenu.
Est-ce que quelqu'un sait réellement comment chat-control est censé fonctionner techniquement? Le client de messagerie va devoir embarquer son propre réseau de neurones pour analyser les images? Qui va certifier les performances de cet algorithme? En cas de test positif, un participant "fantôme" (la police) va être inclus dans la discussion, de manière à continuer à maintenir le chiffrement de la discussion?
Comme toujours, ce genre de trucs semble tellement fumeux techniquement que ça ressemble à des effets d'annonce qui ne seront jamais implémentés—ou bien qui sont très mal vulgarisés par des militants/associations qui tendent à dramatiser des mesures bien moins intrusives.
[^] # Re: Merdification
Posté par arnaudus . En réponse au journal Traduction : Vous ne pouvez combattre l'enshittification. Évalué à 4 (+1/-0). Dernière modification le 08 août 2025 à 10:11.
Disons que la différence est peut-être qu'il est certainement plus difficile de merdifier une application développée par une entreprise à mission, parce que la mission est inscrite dans les statuts. C'est une histoire de rapport de force entre la direction de la boîte et les investisseurs. En tout cas, il est peu probable que la merdification fasse aujourd'hui partie du plan.
Ceci dit, j'imagine qu'il n'y a pas 50 sources de revenus: publicité, abonnement contre services ou priorisation, et revente des données des utilisateurs. Il faudrait éplucher les statuts de la boite pour comprendre ce qui est compatible ou non avec la mission.
Mouais, j'ai pas trop entendu ça, ça semble assez improbable. Vu le coût d'un serveur Mastodon, qui est pourtant construit pour être décentralisé (peut-être mal construit, mais ça n'est pas le problème), dupliquer Bluesky demande des moyens de multinationales.
Ce qui semble plus probable, c'est une décentralisation "amicale". J'imagine que Bluesky peut accepter de servir de passerelle vers des instances indépendantes.
Là, je trouve que ton argument est très politique. Quelles sont tes attentes pour un réseau social? La vision d'un internet non-géographique, hors de portée des lois, est une vision très libertarienne. Il se trouve que dans certains pays, le pouvoir en place est douteux, et que des lois liberticides peuvent limiter la liberté d'expression, mais je trouve ça assez étrange de mettre la décision de respecter une décision de justice dans les mains de la modération d'une entreprise. Pour prendre un exemple plus concret, l'interdiction du négationnisme en France est considérée comme une violation grave de la liberté d'expression en Amérique du Nord; est-ce que ça justifierait que les réseaux sociaux hébergés aux US refusent de bloquer les posts négationnistes pour les utilisateurs français? Je trouve que la limite entre la collaboration avec les régimes répressifs et le respect des lois et des cultures locales est très floue, et je me garderais bien de choisir un camp. Au mieux, on pourrait s'attendre que ces entreprises ne fournissent pas le service dans certains pays s'ils pensent que les lois ne sont pas compatibles avec la culture de l'entreprise.
[^] # Re: Merdification
Posté par arnaudus . En réponse au journal Traduction : Vous ne pouvez combattre l'enshittification. Évalué à 6 (+3/-0).
Bah il faut expliquer ça aux obsédés de la "concurrence libre et non-faussée". Le dumping existe dans tous les domaines économiques; quand tu es indépendant et que tu te mets à ton compte, tu baisses tes prix pour te faire une réputation; quand une marque auto veut conquérir un nouveau marché elle casse ses prix, etc. C'est d'ailleurs parfaitement normal qu'une entreprise perde de l'argent les premières années d'activité. On peut même considérer qu'accepter des salaires faibles quand on est tout jeune diplômé relève du même mécanisme.
Ce qui n'est pas "normal" c'est la dégradation volontaire et planifiée du service. La dégradation du service peut exister un peu partout, c'est un signe de difficultés économiques ou logistiques, et elle peut même être assumée (par exemple en finançant très peu le service client pour les clients mécontents). Mais, sauf exception, ça n'est pas un objectif normal, c'est plutôt quelque chose qui arrive spontanément quand l'entreprise va mal. Je vois mal un garage auto en difficulté faire exprès de mettre de l'huile de mauvaise qualité lors des vidanges pour faire revenir plus souvent les clients et leur extorquer encore quelques euros avant de mettre la clé sous la porte. C'est pourtant la logique économique de la merdification, ça consiste à essorer le moindre $ des utilisateurs avant qu'ils comprennent qu'il faut aller voir ailleurs. Pour la plupart des biens et services, ça serait probablement même illégal, et j'imagine que ce qui rend la chose "acceptable" légalement c'est que dans la très grande majorité des cas les utilisateurs ne sont pas des clients (le service est gratuit).
Bluesky est une benefit corporation, c'est un statut particulier (c'est une "entreprise à mission"). On peut quand même lui accorder le bénéfice du doute.
[^] # Re: Merdification
Posté par arnaudus . En réponse au journal Traduction : Vous ne pouvez combattre l'enshittification. Évalué à 7 (+4/-0).
Complètement d'accord, comme beaucoup d'autres termes le sens exact de "merdification" s'est rapidement perdu avec sa popularité; les gens croient deviner ce que ça peut vouloir dire et réutilisent le mot dans des contextes qui sont différents de l'idée de départ.
La merdification, c'est la dégradation volontaire et planifiée de la qualité d'un service numérique afin de maximiser les revenus, en bénéficiant d'un monopole de fait et d'une grosse base d'utilisateurs. C'est parfaitement théorisé, et c'est lié à la dynamique des produits numériques : dans un premier temps, tu offres un service efficace et attractif gratuitement pour augmenter autant que possible la base des utilisateurs. Une fois cette base d'utilisateurs assurée, il fat rendre le service rentable. Soit il y a une possibilité (par exemple en proposant des abonnements payants), soit ça n'est pas possible (parce que les utilisateurs n'accepteraient pas de payer par exemple, ou parce que le service n'a pas vraiment d'avenir et qu'on sent bien que le marché va se retourner). Dans ce dernier cas, il faut alors tirer un maximum de $$$ de la base d'utilisateurs chèrement constituée, et toutes les stratégies sont permises : on dégrade volontairement la qualité de service pour "forcer" les abonnements, on pourrit l'interface pour inciter les clics sur les bandeaux publicitaires ou pour afficher plus de pages (et plus de pubs) avant que l'utilisateur arrive là où il le souhaite, on modifie les conditions d'utilisation pour autoriser la collecte et la vente de données privées, etc. Cette phase est donc conçue pour précéder la disparition du service, puisqu'il est assumé que les utilisateurs vont se raréfier.
La merdification n'est pas inéluctable; il y a des cas où la concurrence existe (on ne peut pas vraiment trop merdifier sans prendre le risque d'une fuite très rapide des utilisateurs vers la concurrence), et d'autres où un business model stable est envisageable (auquel cas on arrive à rentabiliser le service sans merdifier, il faut au contraire continuer à rester attractif). La merdification c'est un peu la réponse des investisseur à l'éclatement des bulles de la tech—plutôt que de tout perdre, on essaye de récupérer ses billes une fois qu'on a décidé que l'activité n'avait pas d'avenir.
[^] # Re: sans iOS, sans android/AOSP/Variantes, depuis plusieurs années, sans aucun regret
Posté par arnaudus . En réponse au message Y aura-t-il un jour l'émergence d'une alternative libre à android ? . Évalué à 3.
Obliger par la loi à un logiciel de fonctionner? Je crois que je comprends l'intention, mais l'enfer est pavé de bonnes intentions.
À la limite, on pourrait imposer par la loi des API interopérables par exemple. Mais en contrepartie, il faudra alléger la responsabilité des banques vis-à-vis des fraudes, puisque la banque ne peut pas être tenue pour responsable de la non-sécurisation du logiciel que tu utilises (si tu et fais intercepter tes identifiants par exemple…). Pas sûr que le consommateur ait à y gagner.
[^] # Re: Un peu de confusion
Posté par arnaudus . En réponse au message Y aura-t-il un jour l'émergence d'une alternative libre à android ? . Évalué à 2. Dernière modification le 16 juillet 2025 à 23:10.
Je ne comprends pas ton histoire d'institution qui interdit quelque chose. Ces entreprises te fournissent un service qui ne te convient pas, elles ne t'interdisent rien.
Non, c'est un raisonnement fallacieux (faux dilemme). Tu connais très bien la vraie solution : tu installes le logiciel proprio. Le reste, c'est des problèmes que tu te crées tout seul parce que tu imagines des droits que tu n'as pas (accéder à un service privé par une procédure de ton choix).
Attention, je ne suis pas en train de défendre le logiciel propriétaire, je suis en train de défendre la liberté d'une entreprise d'envoyer chier les clients qui veulent un service à la demande.
C'est ton droit, mais tu te lances dans une démarche masochiste qui risque de mal finir pour toi (soit parce que le service va finir par s'arrêter, soit parce qu'il va finir par t'être facturé).
[^] # Re: Contresens historique
Posté par arnaudus . En réponse au journal Libre est Queer. Évalué à 3.
C'est peut-être parce que j'ai voulu écrire XXIe :-S
[^] # Re: Contresens historique
Posté par arnaudus . En réponse au journal Libre est Queer. Évalué à 3.
Ce n'est plus une joute verbale, c'est du contorsionisme.
Le capitalisme sait profiter de toutes les situations, y compris de celles qui ont été créées pour le limiter. C'est donc complètement fallacieux d'interpréter quelque chose que le capitalisme a su mettre à son profit comme étant mis en place "au service du capitalisme".
Après, je pointais juste une erreur historique; ça y est, c'est fait. Je n'ai pas le pouvoir d'empêcher les gens de raconter n'importe quoi si c'est ce qu'ils souhaitent.
[^] # Re: Contresens historique
Posté par arnaudus . En réponse au journal Libre est Queer. Évalué à 0.
Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu appelles "facilement". Tu ne parles que des droits patrimoniaux puisque les droits moraux ne peuvent pas être cédés. Et l'auteur est libre de faire ce qu'il veut de ses droits patrimoniaux. Y compris les céder contre de l'argent.
Il y a de la concurrence entre les auteurs, et de la concurrence entre les éditeurs. C'est l'offre et la demande. Si tu mettais un seuil aux reversement des droits d'auteur, est-ce que tu n'excluerais pas d'office les auteurs les moins rentables du marché? Est-ce que la part reversée aux auteurs est trop petite? Peut-être, mais dis-toi quand même que les "gros" auteurs (ceux qui font réellement gagner de l'argent aux éditeurs) sont en mesure de négocier des taux plus élevés que les petits auteurs.
Ouhlala, alors déja le code c'est spécial (ça a un statut à part, parce que c'est pas si évident que ça que c'est une oeuvre de l'esprit et que si ça n'avait pas un statut à part ça remettrait pas mal de choses en question, y compris la légalité des licences libres), et en plus, tu es salarié (tu es payé en avance pour ton travail contre une clause de cession des droits dans ton contrat de travail).
Bah je crois que tu as tout dit. C'est une situation classique où le salarié crée les choses et l'entreprise crée la valeur des choses. La loi protège ton travail, et de donne la liberté d'en faire ce que tu veux; distribuer ton oeuvre sous licence libre gratuitement, la distribuer toi-même contre de l'argent auprès du public, ou l'échanger contre de l'argent auprès d'un éditeur qui la distribue pour toi. Si les artistes gagnaient plus à diffuser leurs oeuvres eux-mêmes, ils le feraient, non? S'ils ne le font pas, c'est que 4% des droits sur les oeuvres diffusées dans un circuit industriel rapporte plus que 100% des droits dans une diffusion amateur.
Si l'argument est sur le partage équitable de la valeur, alors c'est un argument qui me semble profondément fallacieux—je ne l'avais pas réalisé avant de réfléchir sur la question. Est-ce que la valeur d'un échange se juge sur ce qui se passe après l'échange? Je pense que non, il n'y a aucune raison de penser que c'est le cas, c'est la cupidité associée à la propriété intellectuelle qui nous fait penser le contraire. Disons que je vends une pelle à la brocante 5€, si le mois d'après j'apprends que le gusse qui me l'a achetée a déterré un trésor avec, est-ce qu'il est légitime pour moi d'aller lui réclamer de l'argent parce qu'il a valorisé la pelle qu'il m'a achetée? Bah non, parce que la valeur de l'échange doit être jugée au moment de l'échange, et à ce moment, c'était un échange équitable. Bah ça devrait être pareil pour les idées ou les oeuvres. Je ne comprends pas pourquoi on imagine tous avoir une sorte de droit de préemption sur la valeur que les autres créent à partir de ce qu'on leur a vendu. Si une entreprise gagne des millions à partir d'un truc que je lui ai vendu, peut-être que j'aurais dû lui vendre plus cher, mais je ne suis pas "volé".
[^] # Re: Contresens historique
Posté par arnaudus . En réponse au journal Libre est Queer. Évalué à 2.
Au XIXe siècle, in n'y a que Raiponce. "La reine des neiges", à part le titre, n'a rien à voir avec le conte d'Andersen (le résumé Wikipédia du conte: Le diable a fabriqué un miroir magique, dont les reflets sont déformés. Le miroir se casse et deux des morceaux ensorcelés se coincent dans l'œil et le cœur d'un garçon innocent, Kay (parfois écrit Kaï), le rendant dur et indifférent, jusqu'au jour où il disparaît. Son amie Gerda entreprend de le chercher, jusqu'au château de la Reine des neiges dans le Grand nord où il est retenu. Dans sa quête, elle rencontre de nombreux personnages, dont la petite fille têtue, des brigands, quelques animaux qui parlent et une magicienne avec un jardin fantastique.). Certes, Vaiana et l'Atlantide sont "issus de la culture populaire", mais c'est moi qui ai mal rédigé ma phrase, puisque ça n'est pas issu d'un ouvrage avec un auteur.