lasher a écrit 2732 commentaires

  • [^] # Re: Plutôt brouillon, ton journal…

    Posté par  . En réponse au journal Échec du lancement de Galileo, un signe du déclin de l'Europe ?. Évalué à 3.

    On attend également le TGV americain

    et le rapport distance entre principales villes on se le carre où ?

    Je ne comprends pas cette remarque. En ce moment, il faut ~1h30 en équivalent de train Corail pour faire Philadelphie-Washington D.C., et ~2h pour faire Philadelphie-New-York (je te laisse faire la somme des temps pour le trajet NYC-Washington D.C.). En voiture, Philadelphie-Boston prend ~8h; en train (« Corail », donc), ça en prendrait ~6. Le prix, lui, est le même que ce qu'on paierai pour faire le même trajet en TGV, voire plus cher (entre 100 et 200 dollars pour Philadelphie-Boston, et entre 40 et 100 dollars pour Philadelphie-NYC).

    Avec un train de type TGV ou Shinkansen, on divise les temps par deux. Faire des trains rapides entre des grosses villes dans le même état (par exemple: Baltimore, MD — New York City, NY; Los Angeles, CA et San Francisco, CA; San Diego — San Francisco; etc.) aiderait déjà pas mal à se débarrasser du besoin de voiture. De plus, dans le nord-est des USA, les états sont tous petits, et du coup les grandes villes sont toutes les unes à côté des autres.

  • [^] # Re: Droit des marques

    Posté par  . En réponse au journal Le Parisien attaque un blog pour contrefaçon, ou comment se tirer une balle dans le pied. Évalué à 8.

    (J'ai fait un post très long, donc j'essaie de donner une réponse relativement courte au début, et si t'as le courage de lire la suite, ben j'essaie d'expliquer plus en détails ma pensée).

    OK. donc à partir du moment où je dis que le logiciel que je fais est impossible à financer en libre et que je fais du proprio à cause de ça, ça marche, je suis accepté parmi les libristes.

    Il y a une différence fondamentale : une œuvre d'art finira par passer dans le domaine public… en théorie. RMS explique bien dans ses interventions que les sociétés occidentales n'accepteraient pas qu'on donne un monopole à durée infinie à des maisons de disques ou même des individus. Du coup les multinationales genre Disney ont trouvé the next best thing : tous les 20 ans, quelques années avant que leur droit d'auteur ou de copyright n'expire, ces boites vont désormais faire du lobbying auprès du congrès US, ou de son équivalent en Europe, pour étendre de 20 nouvelles années le droit d'auteur et le copyright. En pratique, on se retrouve donc avec des gens qui instaurent un copyright/droit d'auteur à durée infinie grâce à une forme de corruption insidieuse (il est clair qu'il y a collusion d'intérêts entre les membres du congrès US dont 40% finissent à leur tour dans des cabinets de lobbying et l'argent des lobbys eux-mêmes).

    Pourtant, l'esprit des lois sur le droit d'auteur et le copyright sont bafoués, car l'intention initiale était clairement qu'après un temps raisonnable, une œuvre passe dans le domaine public et soit donc « libérée » de son auteur. Au contraire, un logiciel, s'il est propriétaire, et bien qu'il s'agisse là aussi d'une œuvre de l'esprit, peut ne jamais passer dans le DP, si la boite qui l'a créé refuse de le faire. L'une des raisons est que les brevets (même logiciels quand ils s'appliquent en fonction du pays) garantissent que le monopole sur une idée finira par prendre fin lui aussi. Donc certes le logiciel en question reste la propriété de son auteur, mais un autre auteur pourra reproduire les fonctionnalités du logiciel du premier auteur, et tant qu'il ne fait pas de copier-coller des fonctionnalités (et de leur implémentation !), alors il ne sera en général pas inquiété1


    Je pense que RMS a raison de faire la distinction entre logiciel et production artistique. Dans le premier cas, il y a un rapport direct avec la notion de connaissance et d'utilité (j'ai tendance à voir l'écriture de code comme une forme d'artisanat, même si de temps en temps il y a bien entendu un chef d'œuvre qui est produit), alors qu'en ce qui concerne l'art, par définition il n'y a pas d'utilité23.

    Tout un tas de gens utilisent des logiciels propriétaires parce qu'il n'existe pas d'équivalent libre ou en tout cas pas fonctionnel4, y compris nous deux. Par contre, en ce qui concerne l'art, même si certaines œuvres sont plébiscitées dès le départ, il y a quand même une forte composante purement subjective. Si j'écoute du Brel ou du Metallica, c'est parce que subjectivement ces artistes produisent de la musique qui me plaît5, et au moins dans le cas de Metallica, qui ressemblent à du bruit pour mes parents et une bonne partie de mes connaissances. On pourrait faire des parallèles similaires pour tout ce qui est œuvre picturale, audio-visuelle, etc.

    Et donc oui, les modèles économiques qui s'appliquent le plus souvent au logiciel libre, c'est-à-dire :

    1. Proposer un produit, le libérer, assurer du support payant
    2. Proposer un produit, le libérer, faire payer pour développer des fonctionnalités supplémentaires (avec négociation des tarifs s'ils veulent que l'extension reste proprio, etc.)6
    3. Se faire embaucher pour travailler sur un (sous-ensemble de) logiciel libre dont l'employeur a besoin pour rapporter des sous (cas de tout plein de boites qui ont des développeurs qui bossent sur le noyau Linux, sur Android, etc.)6
    4. La réponse D (insérer ici tout autre modèle économique qui s'applique au libre que j'aurais oublié).

    En ce qui concerne les œuvres d'art, c'est plus compliqué selon moi. J'aimerais que plus de gens fassent comme Trent Reznor, qui a diffusé les rushes des vidéos d'un de ses concerts (~450Gio) sur le net, pour laisser les gens faire ce qu'ils veulent (mais c'était le même qui, même lorsqu'il était sous contrat avec un gros label, laissait des clefs USB dans les chiottes des salles de concert qui contenaient des pistes des futurs albums), ou d'autres artistes qui utilisent le crowdfunding pour financer leurs projets (je pense entre autres à Amanda Palmer, mais aussi aux essais de Radiohead il y a quelques années). Évidemment, la plupart de ces initiatives ne sont pas libres, mais c'est un pas dans la bonne direction.

    De ce que tu sembles vouloir dire, un artiste serait comme un développeur, et donc j'entends limite quelqu'un me dire qu'il faudrait que « le marché » décide de quels artistes peuvent faire du libre ou pas — peut-être même penses-tu que de toute manière, comme ça seuls les « bons » survivront. Mais la musique ou le cinéma ont une vocations bien plus large qu'un logiciel (selon moi hein). On verra rarement quelqu'un lancer Firefox ou Chrome en se disant « trop bien, je vais le lancer, et puis je créerai un nouvel onglet plus tard c'est tellement jouuuuliiii ! ». L'interface de ces logiciels peut-être agréable à l'œil, mais globalement leur boulot est de s'effacer devant le contenu des sites Web qu'on demande à ces navigateurs d'afficher. Alors qu'une chanson, un livre, un film, il n'est pas rare de les rejouer, relire, ou revoir : ce sont les contenus en eux-mêmes. Je peux aller au Louvre et mater les sculptures et peintures de tout un tas d'artistes que j'aurai déjà vues avant, sans doute plusieurs fois, et la seule chose qui aura changé entre chaque visite, ce sera moi.

    Ce que j'essaie de dire, c'est qu'il y a un rapport d'appropriation fort entre la cible d'une œuvre (en général : le public) et l'œuvre elle-même, là où un logiciel est en règle générale7 à vocation utilitaire comme je le disais plus haut : on va lancer un logiciel de traitement de texte pour taper un rapport, écrire une lettre, ou même produire quelque chose qui a une vocation artistique. Mais on ne va pas utiliser Word juste pour le plaisir de voir cette merveille d'animation qu'est Clippy.

    De même, un logiciel propriétaire peut potentiellement le rester jusqu'à ce que la boite qui l'a produit (ou son auteur) meure, et personne n'aura jamais l'occasion de le réutiliser, les sources étant probablement perdus avec la boite. La notion d'art est tellement mise à part comparée aux autres domaines professionnels, qu'au moins dans nos sociétés occidentales, on a reconnu le besoin de protéger temporairement les œuvres de l'esprit pour laisser le temps aux gens qui les ont produites de vivre de celles-ci.

    Sauf qu'un logiciel proprio ne passera jamais dans le domaine public au final, sauf si le propriétaire de la licence le décide. Alors que l'idée derrière ce que dit RMS pour les productions artistiques est qu'on peut tout à fait autoriser un monopole limité dans le temps pour l'exploitation d'une œuvre


    1. Là aussi c'est tout à fait discutable, cf. Oracle vs. Google, avec Oracle qui affirme qu'une API peut être copyrightée, à qui un premier juge a dit non, mais qui a ensuite (si je ne me trompe pas) gagné en appel contre Google.  

    2. Et c'est très bien comme ça ! 

    3. Bien entendu, j'entends venir les gros sabots de certains demandant que penser des objets utilitaires de la vie de tous les jours qui sont malgré tout jolis. Le fait d'avoir des qualités esthétiques est un plus pour la vente, mais si on me vend une tablette qui ne se met pas en marche, elle a beau être très jolie, elle ne fait pas son office de tablette, et donc elle ne remplit pas sa fonction première.  

    4. Sous-entendu : de qualité. Et par qualité, je veux dire qui soit stable, ne plante pas, et remplisse au minimum les fonctions de base qu'on attend de ce logiciel pour le domaine auquel il s'applique. Pour revenir sur RMS, un truc comme OpenOffice.org/LibreOffice par exemple, il dirait qu'il vaut mieux l'utiliser si on a besoin d'une suite bureautique plutôt qu'une alternative proprio (par ex MS-Office), car même si OOo et LO sont potentiellement8 moins bons que la suite de MS, il répondrait que, comme ils remplissent les besoins de base, alors il vaut mieux les utiliser, remonter les bugs (ou même aider à étendre ces logiciels), comme ça on améliore le logiciel libre de bureautique existant, plutôt que conforter l'une ou l'autre de ses alternatives propriétaires. 

    5. Certains diront peut-être que la faculté qu'a l'homme à reconnaître des motifs pour tout (puisque notre cerveau est une machine à reconnaissance de motifs) fait que la musique sert aussi à réguler nos émotions. Je suis d'accord. Mais le genre de musique sera lui complètement laissé à l'appréciation des individus. 

    6. À noter que dans ces cas, on pourrait avoir le même genre de modèle économique pour des logiciels proprios dont l'interface est suffisamment ouverte (plugins, etc.), comme par exemple les plugins de Matlab, Photoshop, etc. 

    7. Je suppose qu'on navigue en eaux troubles si on parle de jeux vidéo. 

    8. Oui, je sais que tu trouves que OOo et LO sont à des années lumière de ce que MS-Office propose, mais je connais tout un tas de gens qui ne seraient pas d'accord9 

    9. C'est dingue le nombre de notes de bas-de-pages que j'ai pour ce post, non ? 

  • [^] # Re: Droit des marques

    Posté par  . En réponse au journal Le Parisien attaque un blog pour contrefaçon, ou comment se tirer une balle dans le pied. Évalué à 10.

    Bon, faut arrêter de déconner un peu là. Je suis plus BSD que GPL en règle générale, mais visiblement tu n'as pas écouté ce que dit Stallman sur tout ce qui touche à la musique et les productions artistiques en règle générale.

    Lorsque Zylabon dit que Stallman est un pionnier, il a raison : certes, le logiciel libre existait « implicitement » dans les milieux académiques depuis que les universités et autres labos avaient des ordinateurs. Cependant, c'était aussi parce que la diffusion de ces logiciels était tellement restreinte que de toute manière le matériel coûtait plus que le logiciel (je simplifie hein). L'histoire de l'imprimante, etc., c'est le « tipping point » : lorsqu'on passe de fabricants de matériels (et le logiciel est accessoire) à celle d'éditeurs de logiciels (et là c'est le matériel qui devient « secondaire » d'un certain point de vue). Stallman est le premier (pas « l'un des premiers » hein, non non, le premier) à formaliser la notion de logiciel libre. Oui, il existait déjà des licences de type MIT, BSD, etc.; mais personne n'avait réellement pensé et communiqué sur ce qui fait qu'un logiciel peut être considéré comme libre. Il y a ensuite une une vague d'autres gens qui se sont exprimés sur le sujet, avec des objectifs et idéologies très différents de Stallman (par exemple Eric S. Raymond, qui a écrit beaucoup de très bon articles liés aux LL, et qui pense les choses de façon radicalement différentes que RMS).

    Ce que dit Stallman en public à propos des œuvres artistiques, c'est qu'à partir du moment où il existe des machines capables de copier à l'identique ces dernières pour un coût marginal, voire nul, dans l'idéal, il ne faudrait pas empêcher les gens de le faire. Cependant, comme il reconnaît aussi que contrairement au logiciel, il est difficile de se faire embaucher pour ses compétences artistiques (contrairement à un technicien/ingé en info), alors il propose un copyright de 10 ans pour que l'artiste ait le temps d'obtenir un revenu sur ce qu'il produit. Mais ensuite, toute œuvre rendue publique passerait automatiquement dans le domaine public après ces 10 ans — ce qui la rendrait mécaniquement libre (au sens de « capacité à copier, modifier, diffuser avec ou sans modification, et étudier l'œuvre ») après 10 ans de « monopole ». Les 10 ans dont il parle ne sont pas sortis d'un chapeau non plus : les études qu'il a consultées montrent qu'en moyenne le pic de rentabilité d'une œuvre est dépassé après environ 3 ans. Il propose de multiplier par trois cette durée, au cas où l'œuvre tarde à trouver un public.

    Lorsqu'il a présenté ces idées dans la fac où je bosse (aux USA), un prof avait posé une question du genre « Mais donc pour vous, copier un sweat-shirt serait OK, même si vous n'en avez pas conçu le design ? » RMS avait répondu en substance : « Est-ce que vous avec un copieur de sweat-shirt qui peut le reproduire à l'identique pour un coût marginal voire nul ? Si oui, alors je suis pour. » Contrairement à ce que tu sembles laisser entendre, RMS est pour une culture du libre généralisée, lorsque les conditions sont réunies.

    Enfin, il a averti depuis le début à propos des dangers des DRM, notamment à travers Amazon : il y a l'exemple de 1984 bien entendu, mais d'autres exemples plus récents pourraient aussi être évoqués.

    Je ne suis pas forcément d'accord avec RMS (en fait, il y a plein de sujets concernant le libre où je suis en désaccord), mais nier sa place dans l'histoire des LL et du libre en général, c'est faire preuve de beaucoup de mauvaise foi je trouve. Dire qu'il n'a rien à foutre du libre, c'est montrer que tu n'as rien écouté ou lu de ce qu'a dit le bonhomme depuis au moins 10 ans.

    Conneries (encore). L'objectif de GNU est de fournir un OS libre. Point.

    Ouais, un OS sans fond d'écran donc, sans design, sans son, car incompatible au niveau licence, donc en ligne de commande sans doute, super.

    Je ne sais pas quelle est la bonne figure rhétorique pour qualifier ce que tu dis (pas homme de paille, mais pas loin), mais là encore, tu baignes dans la mauvaise foi. Un OS libre peut parfaitement comporter des fonds d'écrans libres eux aussi. Puisque la FSF dit que les licences MIT, BSD, (L)GPL sont toutes libres, fabriquer un OS complètement libre est parfaitement possible en termes de soft.

    Il y a des choses qui coincent bien entendu, étant donné que RMS considère qu'un firmware, puisqu'il est reprogrammable, fait partie de la catégorie "software" et devrait donc être libre1, et oui, ça limite fortement ce qu'un OS « complètement libre » au sens de la FSF/RMS serait capable de réaliser (sans doute principalement des trucs graphiques accélérés pour la 2D et des trucs 3D de base pour la pile graphique par exemple).

    Mais dans tous les cas, je ne vois pas où est le problème de compatibilité niveau licence : à ma connaissance GNOME est un environnement qui est « compatible niveau licence » et ne nécessite pas d'avoir une carte 3D de la mort pour tourner (je peux me tromper bien entendu).

    Dénigrer une certaine admiration pour quelqu'un qui a fait énormément pour démocratiser une certaine culture libre (en commençant par le logiciel libre) et traiter les gens qui l'admirent pour cela (malgré tous les autres défauts qu'il a, et qu'à ma connaissance personne ne nie) en parlant de « dieu » et autres fadaises dessert ton argumentation.


    1. Je ne suis pas forcément d'accord, mais c'est un autre débat. 

  • [^] # Re: Droit des marques

    Posté par  . En réponse au journal Le Parisien attaque un blog pour contrefaçon, ou comment se tirer une balle dans le pied. Évalué à 4.

    Par contre, je ne suis pas sur que tout le monde aurait le même avis s'il s'agissait de "logiciel libre" accolé à un logiciel gratuit (ou bien "musique libre", qui a déjà fait parlé de lui ici).

    J'aimerais que tu donnes un cas de figure où on pourrait légalement poursuivre quelqu'un parce qu'il dit un truc du genre « Ma musique est libre : vous pouvez la télécharger et la copier tant que vous ne faites pas d'utilisation commerciale ». Le mec risque de se prendre tout un tas de messages sur son blog/forum ou d'emails de pro-LL énervés qui vont lui expliquer qu'il n'a rien pigé au libre, mais je ne vois pas un seul libriste lui intenter un procès.

  • [^] # Re: Droit des marques

    Posté par  . En réponse au journal Le Parisien attaque un blog pour contrefaçon, ou comment se tirer une balle dans le pied. Évalué à 2.

    Si j'ai 2 candidats qui se présentent, avec 10 propositions chacun, en supposant que leurs propositions soient sincères et qu'elles vont être mises en place (haha, la bonne blague…) […]

    C'est que tu estimes que le 2è candidat, celui qui n'a que 2 promesses que tu n'aimes pas, a globalement un programme meilleur. Je vais te donner un autre exemple encore plus extrême que le tien : candidat A a 5 promesses que j'aime, et 5 que j'aime pas trop. Candidat B a 9 promesses que je trouve géniales, et une que je trouve horrible, par exemple, il promet de rétablir la peine de mort. Comme je suis fondamentalement contre la peine de mort, alors je vais voter pour le candidat A. Malgré toutes les ultra-bonnes promesses de B, sa 10è est inacceptable pour moi. Mais si j'avais voté pour B, même si je n'aimais pas l'idée du rétablissement de la peine de mort, alors je peux gueuler hein, mais je lui ai quand même ouvert la voie pour faire ce qu'il a promis, et je peux certes toujours résister, tout en sachant que ce sera sans doute en pure perte.

  • [^] # Re: Nuance

    Posté par  . En réponse au journal Le Parisien attaque un blog pour contrefaçon, ou comment se tirer une balle dans le pied. Évalué à 3.

    Pour le coup je suis assez d'accord avec Zenitram :

    Laisse ta morale de côté quand tu veux débattre.

    Et que puis-je dire en abandonnant mon sens moral ? Sans cela je ne peux plus juger de quoi que ce soit.

    Par exemple, tu peux intégrer ta morale à ton argumentation, sans l'invoquer explicitement. Si je débats avec quelqu'un, je me fiche de savoir si sa conception de la moralité est la même que la mienne. Par contre, en avançant des arguments de chaque côté, je peux évaluer où l'on se situe l'un par rapport à l'autre, comment notre conception de la vie (pour peu que le débat soit un peu abstrait) diffère, et comment il est similaire. Par exemple, il est fort possible que nous ayons tous les deux un fort sentiment anti-meurtre. Simplement, dans mon cas, je considère que toute mise à mort d'homme hors contexte de guerre est un meurtre, y compris lorsqu'un homme a été condamné à mort après avoir été reconnu coupable; y compris lorsqu'on la preuve irréfutable que l'accusé a effectivement commis un crime qui « vaille » la peine de mort. Je ne connais pas ta position sur le sujet, mais je connais tout un tas de gens qui seraient contre qualifier l'application de la peine de mort comme « meurtre ».

    J'ai donné des exemples que me semblent être largement reconnus, et qui ne nécessitent pas de débat, c'est pourquoi j'ai omis l'introduction « je pense que [ceci est mal] ». Ceci dit, si tel n'est pas le cas, on peut débattre dessus.

    Le problème c'est que même ces exemples-là sont discutables. Il ne s'agit pas de faire de la « relativisation absolue » (chouette, un oxymore !), mais par exemple, lorsqu'un gamin vole un croissant chez un boulanger, évidemment, c'est mal. Sauf que… sauf que peut-être que la vie du gosse qui a volé ainsi l'a mené à ça (encore une fois, je ressors l'exemple de Valjean, mais ça pourrait être moins extrême). Peut-être aussi ce gosse, qui voit tout le monde manger à sa faim et même plus, ne comprend pas pourquoi lui, il n'y a pas droit. Bref, ça va faire un peu carrément cliché, mais p'tet que c'est la faute à la société. Je t'invite à lire/écouter les chansons de Zebda (genre dans l'album « Essence ordinaire ») pour comprendre l'état d'esprit de ces gens.

    Le problème de penser en termes de « bien » et « mal », c'est que ça laisse très peu de marge pour considérer le contexte. Dans un monde idéal, personne ne volerait personne. Dans un monde idéal, tout le monde aurait un accès réellement égal à l'éducation, la nourriture, un loger, etc. Le monde n'est pas égal ni équitable pour tout le monde, et donc le bien et le mal ne peuvent être absolus, et doivent nécessairement évoluer avec le reste de la société.

  • [^] # Re: Nuance

    Posté par  . En réponse au journal Le Parisien attaque un blog pour contrefaçon, ou comment se tirer une balle dans le pied. Évalué à 4.

    Amorale, la justice, vraiment ? Au contraire, je pense que la justice veut être un modèle reflétant les mœurs et donc la morale de la société. Comme il faut un certain temps avant que les mœurs ne changent, alors la justice change lentement elle aussi, et plus ou moins organiquement. La morale a tendance à évoluer bien plus lentement que l'éthique. Il existe une éthique dans différents corps de métiers, et différents pans de chaque société. L'éthique se « substitue » à la morale quelque part, pour s'appliquer dans des domaines qui sont le plus souvent non-couverts par la loi/la morale. Soit le groupe qui partage une certaine éthique est un groupe de hors-la-loi (mafia, etc.), et par définition, cela signifie que la justice a déjà décidé que ses « pratiquants » penchent du côté du mal. Du coup, malgré le statut de hors la loi, il est fort possible que tout un tas de voleurs professionnels respectent une certaine éthique : on ne vole pas dans le territoire du voisin, on ne cafte pas, etc. Soit l'éthique est adoptée par un groupe de personnes qui ne sont pas hors-la-loi, mais qui doivent avoir à faire à des situations non-couvertes par la justice. C'est par exemple pour moi la différence qui peut exister entre la loi, et l'esprit de la loi : dans le premier cas, on reste « moral », car finalement, on a fait ce que la justice permet; dans le deuxième cas, on peut se dire « j'ai le droit de faire ceci, mais je me sentirais mal si je le faisais; je vais fermer les yeux sur cette entorse/ne pas faire valoir mes droits, car je pense que c'est mieux pour tout le monde au final » Au final, lorsque suffisamment de personnes partagent les mêmes conceptions éthiques sur un point particulier, ces dernières se « figent » et deviennent de la morale, et devraient finir par entrer dans la loi.

  • [^] # [HS] La moralité, ou: existe-t-il un bien ou un mal absolus? (was: Re: Nuance)

    Posté par  . En réponse au journal Le Parisien attaque un blog pour contrefaçon, ou comment se tirer une balle dans le pied. Évalué à 1.

    […] il est des choses qui sont intrinsèquement bien ou mal. Par exemple, dans une cour d'école, taper sur un camarade plus petit pour lui prendre son goûter, ou simplement pour s'amuser, c'est mal.

    Et si il ne fait « que » reprendre ce qu'on lui a volé le jour précédent ? Genre, « il m'a pris mon goûter hier sans demander, donc je prends le sien aujourd'hui »

    Le bien et le mal absolus n'existent pas. Cependant, je suis d'accord pour dire que la morale (qui essaie d'exprimer les notions de bien et de mal en termes absolus) a une utilité : elle exprime ce qu'une société, à une période donnée, pense de ce qui appartient au bien ou au mal (contrairement à l'éthique, qui par définition a une connotation subjective et relative en fonction d'où on l'applique).

    Ce n'est pas une perception personnelle, c'est mal, absolument mal.

    Pas d'accord donc : peut-être qu'il s'agit du redressement d'un tort. Juger d'un acte sans examiner les tenants et les aboutissants (« le pourquoi »), c'est dire qu'il faut couper la main à tous les voleurs, mettre Jean Valjean au bagne, etc.

  • [^] # Re: Plutôt brouillon, ton journal…

    Posté par  . En réponse au journal Échec du lancement de Galileo, un signe du déclin de l'Europe ?. Évalué à 2.

    Hé, n'insulte pas la SF !

  • [^] # Re: En vrac

    Posté par  . En réponse au journal Pourquoi empaqueter KDE prend-il du temps ?. Évalué à 2.

    Euh, on n'a pas la même version de clang alors (la mienne est la v3.4). Quand je compile le code suivant avec clang++, voilà ce que j'obtiens:

    #include <iostream>
    #include <vector>
    
    int 
    main(void)
    {
        std::vector<int> v;
        for (int i = 0; i < 10; ++i) {
            int ii = v.at(i+10);
            std::cout << "ii = " << ii << std::endl;
        }
        std::cout << "HELLO\n";
        return 0;
    }

    La sortie est :

    terminate called after throwing an instance of 'std::out_of_range'
      what():  vector::_M_range_check
    Aborted (core dumped)
    

    Obtenir un segfault avec vec[i] serait normal, car c'est comme ça que l'API de std::vector fonctionne : at lève une exception si on est hors des limites, mais [] fonctionne « comme » un tableau C, et donc c'est au programmeur de faire gaffe.

  • [^] # Re: En vrac

    Posté par  . En réponse au journal Pourquoi empaqueter KDE prend-il du temps ?. Évalué à 3.

    Certes. Donc en transformant le code ci-dessus et en séparant en deux fichiers (et en passant par un ar histoire de faire de l'un des deux fichiers objet une « bibliothèque »), la compilation se passe « bien » (pas d'erreur). Lancer le programme me donne :

    terminate called after throwing an instance of 'MyException'
    Aborted (core dumped)
    

    … Ce qui est peu ou prou ce que je voudrais qu'il arrive : le programme plante avec la « bonne » exception. Lorsque je tente de compiler un code C++ avec des conteneurs STL (vector et queue) « vides » (même en forçant la taille à 0 pour le vector), si je fais un front() puis pop() sur la queue<int>, je récupère 0.

  • [^] # Re: En vrac

    Posté par  . En réponse au journal Pourquoi empaqueter KDE prend-il du temps ?. Évalué à 2.

    Anéfé. :)

    Bon c'est grossier, mais de toute manière un goto peut toujours aider à faire un COMEFROM (que je ne connaissais pas :-)).

    int err = 0;
    bool condition = true;
    TRY: 
    if (err != 0) gestion_erreur(err); 
    condition = try(...); // traitement ... 
    CATCH:
    if (condition == false) {
        err = quelle_erreur(); 
        goto TRY; 
    }
    
    // le "try/catch" a fonctionne
  • [^] # Re: Le cas particulier des Francais de l'étranger

    Posté par  . En réponse au journal Vote électronique : on continue avec Java. Évalué à 5.

    [à propos des gens habitant dans les DOM/TOM] Aux élections nationales, ils représentent leur partition de l'opinion nationale. Ils sont loin, mais ce n'est pas une opinion de l'étranger : c'est une opinion français de loin : j'y vois une nuance, même si ta remarque a du sens.

    Ils ont un mode de vie et des problèmes liés au fait d'être insulaires, et géographiquement (et possiblement culturellement) ils sont plus loin de la métropole qu'un autre Français qui bosse à Londres (et peut potentiellement revenir à Paris 6-10 fois par an s'il le veut sans se ruiner). Un Français à l'étranger peut parfaitement être plus « synchro » avec les problèmes français qu'un Français vivant dans les DOM/TOM (c'est évidemment pas obligatoire, bien entendu). Ne serait-ce que parce qu'il est dans un fuseau horaire plus compatible. De plus un Français à l'étranger est le plus souvent une personne qui a vécu en moyenne 20-25 ans minimum en France. Il est, par nature, de culture française, et ce, quelle que soit son expérience de vie actuelle, où qu'il se situe.

    Pour ceux de longue durée (plus de 4 ans par exemple), je trouve plus pertinent qu'ils prennent la nationalité du pays dans lequel ils habitent (sans compter que quand on a la chance d'être Français, on a généralement pas besoin de renoncer à sa nationalité d'origine)

    Obtenir une green card aux US peut se faire plus ou moins facilement à supposer que ton employeur veuille bien être ton sponsor. Dans mon cas par exemple, c'est plus ou moins impossible (les facs n'aident pas trop sauf si tu es déjà prof titulaire). Dans tous les cas, il faut attendre en moyenne 3-5 ans pour l'obtenir. La green card ne donne aucun droit de vote, même pour les élections locales. Même une fois que tu l'as obtenue, il faut attendre entre 5 et 10 ans pour obtenir la nationalité US. Bref, obtenir la nationalité US en moins de 7-10 ans est quasiment impossible, et suppose que as cherché à obtenir la nationalité en arrivant directement. Je suis arrivé aux US en me disant que j'allais rester un an. Mon boss m'a dit deux ans, et j'ai dit OK. J'ai demandé à rester une 3è année parce que le projet sur lequel je travaillais n'était pas encore achevé et que je voulais finir le boulot. À aucun moment, je n'avais de plan de rester de façon permanente.

    Je suis aux US pour un objectif précis, et sauf événement particulier qui va me faire changer d'avis, je compte rentrer en France d'ici ~2 ans. À quoi me servirait la nationalité US ? De plus, je ne veux pas être américain. Je n'ai pas l'impression d'être vraiment à ma place ici: les mentalités sont différentes sur certains points que je trouve incompatibles avec certaines de mes convictions. Encore une fois, ça ne veut pas dire que je ne changerai pas d'avis, juste que

    Si tous les pays obéissaient à des règles communes sur l'obtention de leur nationalité, comme par exemple le fait d'être resté X années dans le pays, d'avoir un job stable, etc., on pourrait peut-être envisager ce que tu proposes. En attendant, ce n'est pas comme ça que ça marche.

  • [^] # Re: En vrac

    Posté par  . En réponse au journal Pourquoi empaqueter KDE prend-il du temps ?. Évalué à 2.

    Ça fait un bon moment que je n'ai pas fait de Java, mais je ne vois pas ce qui m'empêche de faire ceci (attention, mon style en Java va sentir bon le cru 2005, je préviens :-) :

    public class BaseCase {
        public static void main (String[] args) {
            try {
                BaseCase.compute(10);
            } catch (Exception e) { 
                System.out.println(e);
            }
        }
    
        public static void compute(int n) throws Exception {
            System.out.println("Computing...");
            if (n == 0) {
                throw new Exception("Base case reached!");
            } else {
                compute(n-1);
            }
        }
    
    }

    … Où comment court-circuiter la pile d'appels récursifs pour « sortir » d'une récursion profonde (enfin c'est plus compliqué que ça, mais je pense que tu vois où je veux en venir). Alors oui en Java tu es forcé d'annoncer que tu jettes des exceptions et lesquelles, mais tu peux à peu près toujours jeter une exception de base juste pour marquer un endroit du control-flow qui t'intéresse, et oui tes méthodes d'instance et de classe vont dire « throws Exception ». Ça n'empêche pas que tu vas potentiellement utiliser un code qui s'appuie sur les exceptions pour faire des choses crades et « sauter » d'un appel de fonction à l'autre. Comme je le disais avant, évidemment c'est plus limité qu'un goto classique, mais il est quand même relativement aisé de voir comment un programmeur peut être « perverti » par la puissance qu'apportent les exceptions.

    Sinon, il y a longtemps, j'avais un chef de projet qui avait sans doute été brûlé avec la gestion des exceptions en C++ (qui, il faut bien l'avouer, est plus compliquée qu'en Java), et qui du coup nous avait interdit/fortement déconseillé de les utiliser, et du coup faisait ceci:

    String errStr = "";
    while ( true ) {
        errStr = "Condition1 a échoué";
        if ( !condition1 ) break;
        // ...
        errStr = "Condition2 a échoué";
        if ( !condition2 ) break;
        // ...
    
        // etc.
    }

    … Et du coup on avait le droit à une « re-création » du goto limitée à un bloc de code …

  • [^] # Re: En vrac

    Posté par  . En réponse au journal Pourquoi empaqueter KDE prend-il du temps ?. Évalué à 2.

    Je connais bien le Duff's device. C'est une très chouette horreur, légale en C (et C++ aussi je pense). :)

  • [^] # Re: Le cas particulier des Francais de l'étranger

    Posté par  . En réponse au journal Vote électronique : on continue avec Java. Évalué à 2.

    J'avais oublié ce détail, mais ça ne rend mon affirmation fausse que pour un sous-ensemble de la population immigrée de France. J'aimerais savoir la proportion de gens étant légalement établis en France et venant du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie en particulier) face à celle de gens venant de l'UE (je me pose sincèrement la question).

  • [^] # Re: bizard

    Posté par  . En réponse au journal Vote électronique : on continue avec Java. Évalué à 2.

    Non. Ce ne sont pas les mêmes équipes qui ont fait le déploiement, c'est tout.

  • [^] # Re: Le cas particulier des Francais de l'étranger

    Posté par  . En réponse au journal Vote électronique : on continue avec Java. Évalué à 9.

    Mais le vote du Français de l'étranger de longue durer va aussi influer sur la vie d'un pays dans lequel il n'habite plus, qu'il comprend avec le prisme qui est celui de son pays d'accueil, où la vie est peut-être très différente.

    Vivre à l'étranger ne signifie pas couper les ponts avec sont pays d'origine. C'est ma cinquième année aux USA, j'ai la chance de pouvoir revenir plusieurs fois par an en Europe (et donc en France), et je ne te parle pas de tous les potes que j'ai en France (après tout j'y ai vécu pas loin de 30 ans avant d'aller ailleurs).

    Concernant le prisme avec lequel un expatrié voit la vie, j'ai envie de dire que celui-ci existe aussi déjà entre les classes « très élevées » (les très riches, etc.) et les classes très « prolétariennes » du pays. Vivre aux US (où je ne peux voter pour personne) a au contraire tendance à exacerber mes convictions politiques, car je vois tout ce qui ne va pas (et aussi ce qui marche bien) ici, et du coup ça me donne envie d'empêcher que des gens cherchent à aller dans la direction où se trouvent les US actuellement (ou au contraire, cherchent à s'en éloigner alors que je constate que telle mesure fonctionne bien).

    Certes, il existe des Français nés à l'étranger qui n'ont jamais mis le pied en France ou presque. Mais il s'agit de la minorité. D'une part, même pour ces derniers, la plupart d'entre eux sont dans des écoles francophones, dans un environnement avec une culture française/francophone proéminente; et d'autre part, dire que le vote d'un Français à l'étranger compte moins que celui vivant en France est quand même sacrément hypocrite. Les gens vivant dans les DOM/TOM ont une vie clairement différente des Français métropolitains. C'est sans parler de tous les pays (France y compris) qui ne laissent pas des résidents étranger voter (même pour les élections locales). Du coup être expatrié devient une « punition » d'un certain point de vue : on a la nationalité française et pas celle du pays où l'on vit, et du coup on ne peut pas voter localement, mais notre vote serait moins important que celui des autres Français, du coup finalement, être expat voudrait dire qu'on renonce à son droit de vote selon toi.

    Pourtant, la grosse majorité des conséquences de l'élection ne va pas modifier sa vie.

    Ça tu n'en sais rien. Beaucoup finissent par revenir en France. Certains vont acheter une maison/un appartement en France, et seront donc directement concerné par des changements de législation, etc. Beaucoup ont laissé de la famille et des amis derrière, et donc s'inquiètent de leur sort.

    Je pense que j'en sais plus sur la politique française actuelle que la majorité des Français de 18 ou 20 ans qui découvrent le droit de vote, du fait que j'ai vécu 10 ans de plus qu'eux en France, et que je continue de suivre la vie politique française de loin.

  • [^] # Re: En vrac

    Posté par  . En réponse au journal Pourquoi empaqueter KDE prend-il du temps ?. Évalué à 2.

    Si tu désactives les exceptions que ton programme en lève une, voici ce qui se passe avec gcc:

    #include <iostream>
    
    struct MyException {};
    
    void raise_exception(void) { throw MyException(); }
    
    int 
    main(void)
    {
        raise_exception();
        std::cout << "HELLO\n";
        return 0;
    }

    Ligne de compilation:

    g++ -fno-exceptions -fno-rtti -o exceptions except.cc

    Sortie:

    except.cc: In function ‘void raise_exception()’:
    except.cc:15:23: error: exception handling disabled, use -fexceptions to enable
         throw MyException();
    
  • [^] # Re: En vrac

    Posté par  . En réponse au journal Pourquoi empaqueter KDE prend-il du temps ?. Évalué à 4. Dernière modification le 21 août 2014 à 19:14.

    Tout structure de contrôle est un GOTO caché que ce soit le if, le while ou le for par exemple.

    Je ne suis pas d'accord pour dire ça comme ça. Au niveau assembleur, un goto est bien entendu un branchement inconditionnel, et peut viser une adresse arbitraire (jmp <ADRESSE_ARBITRAIRE>). La seule sémantique de goto est de se brancher là où on lui dit. La sémantique du if est celle d'un branchement conditionnel, qui va à une adresse relative (jne <DÉPLACEMENT_RELATIF>). Les structures de boucle while et for font appel à un branchement conditionnel et un branchement inconditionnel. On part de :

    while ( condition ) {
        corps;
    }
    apres_la_boucle;

    On arrive à quelque chose de ce genre (avec une « traduction » asm naïve) :

    BOUCLE:
    if (!condition) goto APRES_LA_BOUCLE; // par exemple: jge APRES_LA_BOUCLE
    corps;
    goto BOUCLE; // jmp BOUCLE
    APRES_LA_BOUCLE:
    apres_la_boucle;

    Mais il y a une sémantique très spécifique qui limite où le saut peut s'effectuer (si tu veux, on pourrait dire qu'un if ou une boucle ont certes une étiquette implicite, mais on sait exactement où elle est placée). Avec des branchements inconditionnels « relatifs », de type break ou continue, c'est la même chose: dans le cas du break on effectuera un jmp APRÈS_LA_BOUCLE et dans le cas d'un continue ce sera jmp BOUCLE, mais tout est confiné correctement. Dans tous les cas, tu as la garantie que tu ne peux pas atterrir dans une portion de code arbitrairement, comme par exemple:

    int a = 0;
    
    void foo(int n) {
      if (n == 0) goto LABEL; // wah trop bien hé, t'as vu l'optim' ?
      // reste du code...
    }
    
    // plein de fonctions entre les deux
    
    int bar(void) {
    LABEL:
      ++a;
    }

    Les exceptions sont quelque chose d'intermédiaire entre le goto et les branchements conditionnels selon moi: elles ressemblent à une forme de « gotos typés ». Exactement comme avec un goto, il faut spécifier des labels à des endroits précis (grâce à la construction try { … } catch(...)). Contrairement à un goto, il y a un minimum de maîtrise sur où le saut peut arriver (car try/catch est bien une structure de contrôle), mais les sauts peuvent être bien plus longs que la portée lexicale d'un bloc (comme c'est le cas pour if/while/for/break/continue).

    Ce qui pose problème ce n'est pas les exceptions, c'est la gestion des exceptions par le C++. En Java le fait d'obliger à déclarer les exceptions qu'une méthode lève (mis à par les RuntimeException) réduit de beaucoup le problème de lecture du flow d’exécution

    Ça par contre je suis tout à fait d'accord : forcer à déclarer quelles exceptions peuvent être levées permet au compilateur d'engueuler le programmeur qui spécifie des « étiquettes » n'importe comment, et de préciser s'il veut traiter une exception ou non.

    Ça n'empêche pas qu'il est parfaitement possible d'utiliser les exceptions non pas comme un mécanisme de gestion d'erreurs, mais comme un mécanisme de « goto contrôlé ».

  • [^] # Re: Une communauté ?

    Posté par  . En réponse au journal Pourquoi LinuxFr sent-il le vitriol?. Évalué à 3.

    Je ne sais pas si tu te rends compte, mais beaucoup, beaucoup des habitués de ce site naviguent à -42. Ça signifie que la note ce qu'ils lisent a un impact mineur. Je ne dis pas nul, car savoir qu'un certain nombre de gens pensent que le commentaire apporte quelque chose de négatif ou de positif a forcément un minimum d'influence sur nous. Mais depuis que la note indique combien de gens ont voté dans quel sens, je trouve qu'il y a une nuance forte apportée au score d'une réponse : quelqu'un qui est à -5 avec +3 et -8 est différent de quelqu'un qui a -5 avec juste un score de -5. Ça permet aussi de montrer que les gens sur le site sont loin d'être des bœufs qui suivent les notations. Un bon exemple est mon commentaire « caca » quelque part dans le journal : il a commencé à +2 (note « naturelle »), a monté jusqu'à +9, et est maintenant évalué à -3 (et c'est très bien comme ça).

  • [^] # Re: Une communauté ?

    Posté par  . En réponse au journal Pourquoi LinuxFr sent-il le vitriol?. Évalué à 5.

    Pour moi cette vision de la discussion technique (qui est la même exposée par Kaane) c'est Macho-Linux. C'est très bien si tu as une grande gueule […]

    Euh, ça n'a rien à voir avec avoir une grande gueule. Sérieusement. Je connais des « grandes gueules » sur le net (pas nécessairement ce site) qui ne l'ouvriront pas dans la vraie vie, car ce sont des introvertis (pas forcément timides, hein !). Par contre, ils ont des opinions tranchées sur des sujets précis, souvent parce qu'ils les connaissent bien.

    […] si tu es prêt à écraser l'adversaire avec ton argumentation technique, bref si tu as des connaissances, certes, mais aussi des couilles métaphoriques.

    Je vais donner un exemple bête (mais vécu) : on trouve/trouvait régulièrement des posts du genre « es-tu un génie ? Combien font 10+3-2*5+1 ? Réponds en commentaires si tu as trouvé ! » sur Facebook. Bon. Là, tu vas avoir des gens (une majorité) qui vont répondre la bonne réponse (4), d'autres qui n'auront pas fait gaffe à l'associativité des opérateurs et répondront une mauvaise réponse (56), etc. Rien de bien méchant. Mais à ce moment, il y aura l'un des mecs (appelons-le Le Pénible) qui se sera trompé, donnera sa réponse fausse après tout le monde sans mater ce que les autres ont répondu, mais qui croit dur comme fer qu'il a raison, et va se moquer (plus ou moins gentiment) de celui ou celle qui a posté le truc, ou en tout cas d'une connaissance qui a bien répondu, mais qui « a tort » selon lui. Et là-dessus, on lui répond que « Non. Tu as tort, la réponse est bien 4. » Pas d'insulte, mais une réponse certes un peu sèche. Et là Le Pénible, qui refuse de se remettre en question, de recalculer pour vérifier, va en remettre une couche — et du coup, la personne qui lui avait répondu, va lui décomposer l'opération : 10+3-(2×5)+1 = 13 - 10 + 1 = 3 + 1 = 4. Et là, Le Pénible se vexe, car merde, pas besoin d'être condescendant, hé, gros con.

    Est-ce pour toi un exemple où l'intervenant a « écrasé » Le Pénible avec sa Science ? Perso je trouve pas. Cette personne n'est pas forcément « agréable », mais elle aurait pu être réellement désagréable, non seulement en détaillant le calcul (en « argumentant »), mais aussi en faisant remarquer au Pénible que quand même, lorsque presque tout le monde a trouvé la même réponse, avant d'insister qu'il a raison, il pourrait avoir un peu d'humilité et vérifier ses calculs (là oui, on parlerait sans doute d'humiliation).

    Comme d'autres l'ont dit dans ce journal, le respect, le ton, etc., dépendent aussi fortement de celui affiché par son interlocuteur, ainsi que de sa volonté à se faire comprendre. Plus ton message est clair et détaillé, plus par définition il sera nuancé dans ses explications, et plus ce qui sera autour (« c'est une idée idiote », « cet avis manque de réflexion », etc.) se rapprocheront plus d'une expression fleurie que d'une volonté de nuire (je ne sais pas si je suis clair).

    J'ai bien compris que ça plaisait à un certain nombre des membres actifs de LinuxFr—et malheureusement pas seulement sur LinuxFr, comme le témoignent par exemple les messages occasionnels de Linus Torvalds ou Theo de Raadt.

    Tiens tu vois, je fais bien la distinction entre les deux. Torvalds est bien connu pour gueuler sur les gens qui ont :

    1. Merdé
    2. Sont « connus », i.e. des contributeurs réguliers au noyau, et
    3. Refusent d'admettre qu'ils ont factuellement tort (case in point: lorsque je-ne-sais-plus-qui avait cassé l'ABI de Linux et justifié son choix en disant qu'un des systèmes au-dessus de Linux était « broken anyway »)

    Dans ces cas-là, oui, Torvalds a tendance à user fucks à tout va, mais là encore, à ma connaissance jamais directement contre la personne (plutôt du genre « Mais putain, arrête d'argumenter, tu as tort ! On ne casse pas l'ABI, POINT ! Tu devrais savoir ça mieux que quiconque ! »). Ah oui aussi, les colères de Torvalds ne tombent (à ma connaissance) jamais sur un nouveau du noyau, et jamais la première fois qu'il y a une connerie qui est faite (je peux me tromper, je ne suis plus trop).

    Dans le cas de Theo de Raadt, il me semble qu'il s'agit d'un côté bien plus caractériel, avec parfois une remise en cause des personnes bien plus crue (là encore, je ne suis les ML d'OpenBSD que de loin, donc je ne peux pas trop m'avancer).

    Ça reste une façon de concevoir la discussion qui exclut les personnes qui n'ont pas envie (ou les moyens) de gérer une telle abrasivité au quotidien—des gens qui ne sont pas moins intéressants techniquement et légitimes pour venir discuter, informer et contribuer sur le logiciel libre.

    Jusque là je te suis, et je me dis que, admettons, une partie de la population puisse se sentir intimidée par cette grande-gueulitude.

    Pour une communauté qui a dans ses valeurs fondatrices une forme forte d'égalité, de collaboration collective, et de pouvoir fourni aux utilisateurs, je trouve ça dommage et même antithétique.

    Là par contre je ne suis pas du tout d'accord. Tu connais le milieu académique, donc tu as du voir tout comme moi des directeurs de labo qui remettaient à leur place (de façon justifiée ou non, gentiment ou non) des chercheurs/thésards sous leurs ordres qui voulaient aller dans une direction différente, avaient fait une bourde administrative, etc. La recherche tout comme le logiciel (qu'il soit libre ou pas) se base sur la réutilisation de savoirs fournis par des pairs. Mais certains de ces pairs sont des connards finis, c'est comme ça. Et même souvent, ce sont des gens qui finissent directeurs à des niveaux assez élevés. Donc si tu veux, on peut remettre en cause la société patriarcale qui nous gouverne et qui est sans doute une des sources de ce phénomène (je le fais souvent), mais en attendant, tu sembles stigmatiser l'attitude sur linuxfr comme si c'était quelque chose de propre non seulement au site (je sais bien que tu sais que ce n'est pas vrai, d'ailleurs tu as parlé d'autres sites où le phénomène dont tu parles existe aussi), mais aussi j'allais dire « dans la vraie vie ».

    Mes collègues de thèse m'avaient dit que ça les avait surpris au départ, mais que du coup, lorsqu'ils parlent avec des gens et qu'ils les contredisent dans une discussion, ils s'attendent à des contre-contre-arguments (à cause des nombreuses discussions qu'ils avaient avec moi), et qu'ils sont surpris d'entendre « Ah oui, t'as p'tet raison. » et que la conversation s'arrête là. Ça faisait marrer mes ex-collègues de me le dire, et je ne prends pas cette « influence » comme positive ou négative. C'est juste que je suis réellement argumentatif par nature.

    Chacun peut contribuer, à condition de faire partie de ce cercle auto-sélectionné des grandes gueules "brutalement honnêtes".

    Tout un tas de gens qui ne sont clairement pas des grandes gueules (je compte patrick_g dedans) participent au site, sans agressivité aucune, ont des arguments raisonnés, et sont parfaitement respectés et respectent clairement leurs interlocuteurs. Mais encore une fois, lorsqu'une personne s'exprime sur un site tel que celui-ci, s'il ne met pas les formes, qu'il ne répond pas vraiment aux questions/commentaires qui lui sont faits, et affirme des choses fausses, il faut bien avouer que ça finit par être lourd. Donc soit on fait comme au bon vieux temps de Usenet (« plonk ! » et hop, dans la kill-list), soit on fait comme au bon vieux temps de Usenet (on s'engueule comme des charretiers — lorsque c'est permis), soit on fait l'effort d'ignorer les posts de la personne en question (mais il faut bien avouer qu'au bout d'un moment, ça démange de répondre).

    Dans le cas de k-dyson, il a déjà eu droit à des remarques lui demandant de s'exprimer plus clairement, de faire un effort sur la présentation, etc., et ces remarques étaient constructives (et pas agressives). Lorsque quelqu'un poste un journal « réellement bookmark » avec genre une phrase et un lien, généralement le journal se fera moinsser, et les commentaires à l'intérieur seront loin d'être tendres, car le journal est assimilé à du bruit au mieux, quelque chose de nocif au pire. Les commentaires de k-dyson dans le journal sur les nouvelles médailles Fields étaient du même ordre. Ses commentaires dans le journal sur la pédagogie à employer pour enseigner la programmation étaient 50/50 (certains avaient du sens et un raisonnement qu'on pouvait suivre malgré le formatage douteux, et d'autres étaient franchement incompréhensibles).

  • [^] # Re: Une communauté ?

    Posté par  . En réponse au journal Pourquoi LinuxFr sent-il le vitriol?. Évalué à 1.

    L'intérêt d'utiliser le module de sondage, c'est que la proportion de gens qui répondent à telle ou telle question est directement calculée et visible pour tout le monde. De plus, comme les commentaires sont aussi ouverts, tu peux avoir des gens qui vont rajouter des réponses qui n'étaient pas disponibles parmi celles que tu proposes. Cependant, je pense que les 5-6 questions que je t'avais suggérées recouvrent 90% des réponses possibles (par contre leur formulation doit être revue, étant donné qu'évidemment je les ai rédigées de façon biaisée).

    Si tu veux annoncer le sondage, puis utiliser le module de sondage, pourquoi pas, mais ça fait doublon je pense. Si tu veux utiliser une dépêche pour effectuer le sondage, je trouve que c'est une perte de ressources : tu pourrais faire pareil (et sans doute même écrire un texte explicatif relativement long), mais avec des outils « statistiques » qui te mâchent une partie du travail.

    Sinon, à supposer que tu rédiges une dépêche, comment comptes-tu comptabiliser les voix/opinions? Si c'est réellement un sondage, il faut des questions rédigées de façon minutieuses pour limiter les biais, et idem pour le QCM qui suit. Libre aux gens ensuite de préciser leur pensée dans les commentaires ensuite (du genre « j'ai voté X, mais en fait dans le cas Y je penserais différemment »). En gros, je veux éviter un sondage qui force le/les sondeurs à devoir lire N réponses toutes rédigées légèrement différemment, et qui donc le/les forcent à les interpréter.

    Dans tous les cas il y aura des interprétations (nécessairement subjectives) sur les chiffres finaux, mais il faut à tout prix limiter les risques de biais.

    PS: désolé, j'ai fait pas mal de redondances dans ce post…

  • [^] # Re: Une communauté ?

    Posté par  . En réponse au journal Pourquoi LinuxFr sent-il le vitriol?. Évalué à 2.

    Je suis d'accord, mais il y a aussi une notion de consensus.

    Par exemple, aux US je trouve que les gens ont tendance à plus enrober (à tort ou à raison) tout un tas de choses de formules de politesse, là où en France on aura sans doute tendance à être plus, euh… franchouillards. Ahem. Un exemple bête : un Américain en France et qui va au restaurant va souvent trouver le service déplorable : on lui « balance » une cruche d'eau sur la table, on ne lui ressert pas le verre de vin directement lorsque ce dernier est pas loin d'être vide, on ne lui demande pas pendant le dîner si tout va bien, et ne parlons pas de l'addition qui met des plombes à venir, alors que bon, merde, il veut partir. Bref, le client de resto américain veut qu'on s'occupe de lui. Certes, si on va dans des restaurants relativement chics, on va trouver ce comportement, mais c'est vrai qu'en France pour un restaurant « normal », on aura tendance à mettre une carafe sur la table, demander si ça a été après que le client a fini de manger, et oui, parfois l'addition met du temps à arriver. Au contraire, lorsque je mange dans un restaurant-pas-fast-food aux US, je déteste le fait que je doive attendre que quelqu'un remplisse à nouveau mon verre d'eau, le fait qu'on m'interrompe alors que je parle à quelqu'un, parfois plusieurs fois pendant le repas, le fait que l'addition arrive sans qu'on la demande, même si on m'assure que je peux prendre mon temps pour régler, etc.

    Je fais exprès de prendre un exemple qui n'appartient pas au domaine de la discussion et de l'argumentation pour (j'espère) mettre en évidence les problèmes de perception. C'est ce que je disais dans un autre commentaire : pour le meilleur et pour le pire, beaucoup de gens ici évoluent dans un milieu technique qui n'aime pas trop le flan, sauf en dessert. Du coup, raconter des blagues, tout ça, pas de souci, mais lorsqu'on commence à parler « sérieusement », même façon discussion de comptoir, il faut avancer des arguments.

  • [^] # Re: Facilité

    Posté par  . En réponse au journal Vote électronique : on continue avec Java. Évalué à 4.

    Je fais plus confiance à un vote par procuration (car je choisis qui va « voter pour moi ») qu'envoyer mon bulletin par la poste : c'est complètement irrationnel, j'en conviens, mais c'est comme ça. C'est un peu la même peur que ce qui me pousse à ne pas utiliser le vote par Internet : si je ne vote pas directement, il y a une période « opaque » où quelqu'un peut faire quelque chose avec mon vote qui ne me convient pas.