Seulement il ne faut pas croire que résoudre le problème de la dette publique résoudra celui de la dette en général. Il y a un énorme risque de transfert pur et simple du public au privé. C’était le premier point.
Le second, c’est qu’il faudrait arrêter de prendre ceux qui nous gouvernent pour des buses. Ils savent faire des additions et des soustractions ? Oui, donc ils savent gérer un budget.
C’est un poil plus complexe : c’était parfaitement clair l’année dernière avec l’élection ; ils ont, je veux dire tous les partis importants (parce que les autres n’ont tout simplement pas d’économistes), élaboré un budget avec des prévisions de croissance invraisemblable (ils le savaient). Fatalement en milieu de chemin ils se sont rendu compte – ô surprise – que leur budget ne tenait pas la route (vu que les recettes sont fonction du PIB, donc de la croissance estimée). Ce qui nous a valu la vaste comédie du “il faut nous trouver X0 milliars & co”, après coup (ce devait être vers début d’été 2012 ça, si je me souviens bien). C’est la politique du fait accompli pour éviter que le peuple ne se mêle de la gestion du budget : on sabre dans les dépenses. Mais pas trop parce que ça râle : donc la dette explose. En attendant, le véritable débat passe à la trappe, parce qu’un budget, ce n’est pas que les dépenses, et qu’il y a d’autres moyens pour retrouver l’équilibre : quid de l’inflation, d’une – véritable – réforme fiscale, de la progressivité de l’impôt, d’une relance par la dépense publique ?
C’est pas une question de gestion, mais de politique. Le truc, c’est qu’en changeant de politique, il faut pas s’attendre à avoir un résultat garanti : on ne sait pas trop ce que ça donnera question croissance. Mais au moins ça aura été tenté… et qualitativement ça tient la route la solution avec création monétaire, et donc inflation. Quantitativement il y a des modèles, mais seule la réalité pourra nous le dire…
Vous le dites vous-même. Celui à qui l’inflation profitera sera l’État (et pas les banques en générale, car la création monétaire sera au profit de l’État). Et à travers l’État, on peut en faire profiter un tas de gens (plus ou moins directement via les augmentations de salaires et cotisations qui s’ensuivent, ou encore les services publics). Les niches fiscales style Copé profitent surtout aux grosses boîtes. C’est pas le but et il ne faudrait pas se retrouver avec une situation où la création monétaire est directement jetée en l’air au profit du CAC40.
On s’occupe ensuite de protéger les faibles revenus. Ça n’a rien d’extraordinaire. L’inflation est un outil qui a des avantages et des inconvénients. On s’arrange pour corriger les inconvénients.
Et non, pratiquée ainsi, ce n’est pas un impôt au hasard. Ce sera un impôt qui touchera principalement le rentier. C’est le but. Notamment celui qui possède de la dette d’État. (Et non, ça ne concerne pas la majorité des Français avec leur petite épargne – LA qui suivrait le taux d’inflation –, c’est le fait d’une minorité, la plus riche, car la répartition du capital est très inégale en fonction de la richesse.)
Enfin, l’inflation n’est pas qu’un « impôt ». Le choix de son taux influe sur l’économie et la façon dont les agents se comportent (ça favorise la consommation sur le court/moyen terme, que je sache). Le but étant de réduire le chômage. Donc non, on remplace pas l’inflation par un impôt.
Vous êtes bien gentil, mais vos statistiques sont celles des salaires nominaux. Il faut corriger de l’inflation pour obtenir le salaire réel. Je vous laisse faire le calcul, mais vous vous rendrez compte que l’augmentation est faible.
Les recettes de cuisine simples ne sont plus d'actualité.
On est bien d’accord. D’ailleurs il n’a jamais été question d’augmenter juste les salaires. Il faut inclure cette mesure dans une politique globale : création monétaire, inflation, réduction de la dette, protectionnisme, contrôle des capitaux, amélioration des conditions de vie des plus petits revenus. Tout ceci fonctionne de concert.
Et encore on ne parle là que de solution de court/moyen terme. Le truc avec cette dette, c’est qu’on fait croire aux gens que c’est un problème de gestion. Non. C’est un problème économique : il ne faut pas oublier que la crise nous vient des États-Unis, avec une dette PRIVÉE ! Pas publique. Ça fait trente ans que l’économie occidentale s’est maintenue sur la base d’une dette artificielle, et ça, personne ne sait comment résoudre le problème. Il y a juste des pistes de proposées.
Ben, pour le SMIC, c’est une signature. Pour les fonctionnaires pareil. Les alloc’ chômage sont basées sur le revenu de la dernière année travaillée, donc en un an c’est réglé. Le RSA c’est encore une signature. Et les cotisations retraite ça doit être aussi proportionnel au salaire, je suppose (j’ai jamais fait gaffe…).
Le poids de la dette étant diminué dans le budget, ça aide à dépenser plus, on peut “respirer” un peu.
Avec ça on s’attaque aux niches fiscales de toutes sortes pour grignoter encore un peu (?!) d’argent.
Pour finir, tout ceci aura un résultat positif sur le fonctionnement même de l’économie : plus de consommation (ben, ouai, les gens vont profiter de leur hausse de salaire) => plus de demande => plus de travail => moins de chômage. Avec ça, les recettes de l’État devraient augmenter (TVA, impôt sur le revenu), tout en faisant baisser ses dépenses (moins de chômage).
Qualitativement, c’est tenable. Après, ça se calcule. Ce qu’il faut éviter, le truc a été souligné, de la mauvaise manière, plus bas, c’est que les gens utilisent ce surplus d’argent pour acheter des produits étrangers. Pour cela il faut balancer un peu de protectionnisme et contrôle des capitaux afin de rééquilibrer la balance commerciale.
Je constate depuis quelques temps une confusion totale entre inflation et dévaluation.
Pour information, on entend par dévaluation une modification du taux de change. Ça permet de modifier la balance commerciale. Ça n’a rien à voir avec l’inflation ou la création monétaire : sauf si l’on se situe dans le cadre d’une liberté totale de circulation des monnaies. Mais Lordon a quelques difficultés avec les cadres… ;)
Ce que Lordon propose dans son texte, c’est central, c’est un contrôle rigoureux des capitaux. Sinon son idée de “troisième voie” entre l’€ et le franc tombe à l’eau.
Et je ne vois guère que l’extrême-gauche pour parler encore, un peu, de contrôle des capitaux et de non-remboursement de la dette.
C’est une salle de Strasbourg, au palais de la musique et des congrès. Pour le chef : aucun idée ; il y a eu plusieurs changements ces dernières années.
Pour le CD : la dynamique et la plage de fréquence y sont bien plus importante. En théorie on dépasse la capacité de l’oreille humaine. Par contre les ingé. son font de la merde : ils compressent beaucoup la dynamique pour que ça pète bien sur l’ensemble “hi-fi” de M. Michu.
Mais cela n’a rien à voir avec le support, plus avec l’usage qui en est fait : si effectivement vous écoutez la musique tout en ayant une autre activité quelque peu bruyante, alors vous aurez intérêt à tasser la dynamique.
Pour ce qui est du jugement sur le son, ce n’est pas tellement le support qui est en cause, mais plutôt le système de restitution utilisé derrière.
Je confirme. J’ai eu la folie de me mettre au violon il y a deux ans. Folie parce que je partais de loin. Il y a un monde entre écouter et faire de la musique. Même si je suis incapable de sortir quelque chose d’un tant soit peu potable pour être joué en public, le plaisir qu’on retire à faire de la musique est immensément plus satisfaisant que celui d’en écouter (par contre cela demande un investissement en temps dont il faut avoir conscience avant de commencer). L’activité la plus banale qui soit étant le chant en groupe : facile (le groupe chantera beaucoup plus juste qu’une personne seule) et plaisant, il est regrettable que cette activité populaire soit de moins en moins usitée.
Toujours est-il que ces deux activités s’alimentent mutuellement ; le fait de jouer fait faire un bond dans sa capacité d’écoute.
Pour répondre au journal, le matériel d’écoute : uniquement de la très haute fidélité, uniquement ce qui se fait de mieux dans le domaine (pour 5,50 € en étant étudiant) :
Sinon un Sennheiser PX200 : petit casque à pas cher, malheureusement plus à la vente (la seconde version semble être en très net retrait), qui produit un excellent son (tout particulièrement pour du classique), et un Sansa Clip+.
Depuis que la loi existe, et autour d'elle est construite la société entière, elle stipule que le mariage unit un homme et une femme.
Ce n’est pas la première fois que j’entends cet argument. ÀMHA on dépasse là les arguments-slogan assez fallacieux qu’on entend partout, pour entrer dans le fond du problème.
D’une, la loi n’oblige personne à être homosexuel, c’est juste un droit qui leur est accordé. Il y a une confusion assez typique : la loi autorise, elle n’oblige personne. Croire que tout d’un coup des millions de gens vont se découvrir homosexuels parce que la loi autorise le mariage, ça tient plus de la “politique paranoïa” que de l’argument rationnel.
De deux, ça ne se fait pas de s’auto-référencer, mais voilà. On peut certes s’interroger sur le rôle des structures familiales dans la construction de la société, mais cela ne doit pas se faire au profit de préjugés conservateurs. En l’occurrence des sociétés sans mariage ni père, et des sociétés stables, ça existe.
Le plein emploi s’accompagne d’un chômage naturel. Donc encore une fois explicitez les termes à fond. Parce que là encore 99 % des gens ont compris “plein emploi = travail pour tous”. Ce qui est faux.
tu sais forcément que le mouvement se réclame bien plus du libéralisme que du marxisme
Je ne vais pas te faire l’affront de l’anecdote de Stallman et de son imprimante. La récupération sous des termes “libéraux” du mouvement s’opère ensuite. Enfin la question n’est pas de savoir de quoi il se réclame, mais de discuter de la nature profonde du mouvement. La confusion vient du fait que dans la culture commune la gauche ne défend pas les libertés, alors que le logiciel libre si. Mais les libertés ont toujours été un thème central de la gauche et les concepts d’aliénation et d’émancipation renvoient directement à la liberté. Les anti-capitalistes estiment que les décisions de la production doivent revenir à ceux qui produisent, donc défendent la liberté des travailleurs.
Quant au couplet anti-État, les libéraux n’en ont pas le monopole.
Ou un aveugle, sûrement plus incapable que toi, qui n'a pas du tout des lectures orientées dans un seul sens.
Non ça c’est juste pour prévenir toute prétention à détenir seul la connaissance économique qu’on rencontre à chaque fois contre les gens estampillés de gauche. Du coup je prend d’avance le ton arrogant et surfait que je rencontre habituellement chez mes contradicteurs.
Tocqueville et Stiglitz… on a vu plus orienté. Là encore c’est une attaque classique contre les gens de gauche : ne pas être objectif. Mais la question là est de savoir ce qui est orienté. Sur quels points de repères se baser pour juger de l’objectivité d’une lecture ? Si c’est juste ce conformer aux injonctions du temps, c’est seulement se soumettre au Zeitgeist. Vous n’avez pas plus la prétention à l’objectivité que moi dans les choix de lecture. Et me dites pas que l’économie est une sciences, qu’il faut prendre les derniers résultats&co. L’économie est avant tout une science humaine, avec des limitations et des pressions très fortes. Et d’une manière générale la science à vocation à expliquer. Lorsque la politique est déterminée au nom d’impératifs économique, c’est qu’il y a une couille dans le potage. En l’occurrence ici sur le “peu d’hypothèses” que demanderait l’optimum de Pareto (c’est faux et les hypothèses sont systématiquement violées, à commencer par l’information parfaite) ou encore penser que “l’optimum de Pareto est toujours bon” (objectif politique, pas scientifique, et ce quelque soit l’indicateur proposé).
Par exemple, pour le document de Lénine que je cite. Il se pique de ne citer que des “économistes bourgeois” (on les appellerait orthodoxe maintenant) et d’avancer quantité de chiffres et de faits (certes il a une opinion explicite dans son texte et un ton très déplaisant). Ce sont vos préjugés issus du fond anti-communiste propre au Zeitgeist moderne, préjugés sur Lénine qui vous font croire à une lecture orientée (et j’avoue que je ne résiste pas au plaisir de le citer rien que par provocation).
les dépenses publiques ont augmentées ou baissées ? Et les législations sont sûrement moins volumineuses ? Toujours des oeillères,
Ah l’État… grand Punching Ball des libéraux ! Grosso modo, il y a porosité entre les milieux économiques, médiatiques, et politiques, soit par lobbying, soit par collusion, par corruption pour les cas les plus graves, c’est plus ou moins explicite (l’épisode des ministres aux MEDEF est rigolo, par contre l’appel à un gros banquier pour monter une banque publique l’est moins, pour sarkozy pas besoin de faire un dessin). C’est un peu la différence entre la vision idéologique des libéraux et la réalité. Les libéraux imaginent l’État comme un système hors-sol et oppressif, et donc imaginent d’en faire une institution minimaliste. Seulement ils omettent que l’État, en tant que pouvoir, représente par lui-même un enjeu attisant toutes les convoitises. Ces convoitises envers le pouvoir existeront toujours même sans État. Le seul moyen de détruire le pouvoir, c’est de refuser d’obéir à tout ordre, c’est-à-dire être anarchiste (et les libéraux ne sont absolument pas dans cette optique là car ils défendent le capitalisme, donc l’obéissance des travailleurs envers le capital tandis que les anti-État de gauche refusent réellement tous les pouvoirs et monteront des SCOOP&co). De fait, la réalité est au-delà des rêves les plus fous des libéraux : l’État, en tant que principe d’une puissance publique, n’existe plus car soumis à un groupe restreint d’intérêts particuliers. Et ceci est explicitement dit depuis qu’Hollande est élu : on s’entend dire régulièrement “qu’heureusement Hollande ne respecte pas trop ses promesses de campagne, qu’il engage des réformes structurelles”, ou encore “qu’il faut obéir au marchés financiers (NdT : aux créanciers de la dette souveraine, qui ont des noms…)”. Ça ne te choque pas toi qu’un débat aussi important que la réforme du marché du travail soit engagé seulement 6 mois après les élections, genre z’aurait pas pu le faire avant ?
J’ai déjà largement répondu dans le cadre strict du débat, avec patience et sans provocation. La flexibilité du travail est un facteur pro-cyclique et susceptible de provoquer d’autres crises. Du point de vue de l’économie orthodoxe, c’est une aberration totale. Je ne fais que mettre à contribution mes connaissances tirées du Stiglitz Principes d’économie moderne et des causes de la crise actuelle.
Ici ce qui m’intéressait c’était de voir à quel point les gens sont incapables de faire des recherches actives pour voir où sont leurs intérêts, mais gobent assez facilement le discours officiel produit par les médias. Mise à part la vulgate complotiste qui a cours (y compris chez certains de gauche) : de manière très grossière, la propagande officielle n’est efficace que parce qu’elle n’entre pas en contradictions trop explicites avec les conditions matérielles de la vie des gens. Sur un forum d’informaticiens, qui bénéficient d’une relative protection économique de fait, cela ne m’étonne pas trop¹. L’argument qui consiste à dire “on retrouvera un emploi” marche parce que l’informatique n’est pas un domaine sinistré. Évidemment il est facile de se faire donneur de leçon lorsqu’on a 25 ans et qu’on sort tout frais émoulu de l’école. À 50 ans, avec d’autres préoccupations, une famille à charge, des connaissances dépassées — malgré vos efforts pour rester à jour, croyez-moi —, votre discours aura changé.
le marché de l'emploi est profondément inefficace
Cette affirmation n’est pas scientifique, encore moins économique, elle est totalement politique. L’efficacité chez les économistes, c’est l’efficacité au sens de Pareto. Grosso modo et de souvenir c’est la maximisation des échanges. Un accident de voiture, de par les flux de richesse qu’il va impliquer, va faire croître le PIB. Comme je l’ai déjà dit : je ne bande pas sur les chiffres de croissance du PIB. Je m’en contrecarre même. Tout ceci vient d’injonctions, sociales & économiques, qui voudraient que l’économie d’un pays soit “efficace” sans jamais interroger ce qu’est cette efficacité, ni le bénéfice tiré pour la population. Pour revenir à la question de l’emploi : chez une économiste, parler d’efficacité a une définition précise, c’est maximiser les échanges, pour que la situation approche celle de Pareto : plus aucun agent économique ne veut plus changer d’emploi ni changer son statut actif/chômeur. Autrement dit, l’hypothèse de base contient elle-même le résultat : flexibiliser le marché. Bizarrement, je suis à peu près certain qu’ici, 99 % des gens comprennent comme “efficace” une économie qui donne un emploi à tous, or le maximum de Pareto et l’efficacité d’une économie ne statuent pas là-dessus. Autrement dit, au bout de la logique, l’efficacité implique de créer des job journaliers, salaires versées au jour le jour, tout impôt, toute taxe, toute cotisation, toute politique de redistribution réduisent l’efficacité économique au sens de Pareto. La question est : quand est-ce qu’on s’arrête ? Quand le nombre de suicide explose ? Quand les gens se retrouvent à la rue ?
Sans réclamer à ce que tous soient de dangereux communistes totalitaires, je crois qu’on peut aussi se donner pour but d’avoir une économie stabilisée, qu’on peut arbitrer entre l’inflation et le chômage (leur volatilité plus précisément), etc. La stabilité est une objectif tout à fait louable et appréciable de l’économie. Au lieu de cela certains utilisent dans leurs commentaires un terme péjorativement connoté : sclérose. C’est de la manipulation de la langue pure et simple. Mais en avez-vous conscience ?
À minima il faut que les gens comprennent qu’il y a bien des arbitrages à faire entre groupes sociaux en conflit. Il ne s’agit pas seulement du capital et du travail (qui reste tout de même la contradiction primordiale). Il peut très bien s’agir des droits & devoirs des propriétaires et des locataires, de la répartition des richesses entre actifs et retraités, etc. Malheureusement, sans formulation explicite des contradictions de classes dans l’espace public, alors on se dirige vers une situation politiquement explosive où les gens ne savent plus mettre les bons mots à des réalités quotidiennes (“les retraités sont des arnaqueurs”, “les enseignants sont des privilégiés” — mais l’État éprouve des difficultés à attirer dans ce boulot, allez comprendre —, ou pire… montée du racisme&co).
Mais garde tes œillères, elles te vont bien.
Sauf que j’intègre dans mes axes de réflexion aussi bien du Stiglitz que du Naomie Klein, aussi bien du Lénine que du Tocqueville. Alors question œillères, ne vous en faites pas pour moi : elles sont certainement plus larges que les vôtres. Les gauchistes jusqu’au-boutiste, j’en soupe assez sur Mediapart pour en avoir une expérience. À côté de ça mon commentaire c’est du pipi de chat.
si l'on continue sur le chemin actuel on va droit à la faillite ou à la misère.
Bouh, j’ai peur.
Me sortir une telle phrase en réponse à un commentaire qui cite La stratégie du choc, prouve objectivement et indéniablement que vous êtes un con. Mais ça se soigne. La stratégie en question consiste précisément à instaurer un climat de peur dans une population. Stratégie qui est en fait vieille comme le monde. Ce genre de phrase y participe. C’est ce que Bourdieu appelle de la violence symbolique, très largement relayée par les médias. Malheureusement pour vous, c’est ce genre de phrase qui me fait penser que vous n’êtes pas capable de réfléchir sur le monde qui vous entoure, et sur la nature des arguments qu’on vous présente : plus qu’une phrase avançant un argument rationnel, c’est une vision à instaurer un climat de peur qui ne repose sur aucun fait, aucune analyse sérieuse. La stratégie du choc par contre est extrêmement factuel et repose sur une analyse historique solide.
Aux chiottes les prédicateurs de malheurs.
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Sur la lutte des classes. La citation de Warren Buffet (un gauchiste notoire) : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner ». Voir plus généralement le travail des Pinçon-Charlot, des sociologues. Comme je l’ai déjà dit, tout économiste qui ne tient pas compte des analyses sociologiques n’est pas un scientifique, seulement un charlatan au même titre qu’un astrologue rejette les résultats astronomiques d’une main dédaigneuse.
Sur l’aspect extrêmement concentré du capital, je renvoie au Capitalisme, stade suprême de l’impérialisme de Lénine (je suis en train d’étudier le truc, et je peux vous dire que le capital actuel, en particulier financier, est tout autant concentré sinon plus, c’est la Banque de France qui le dit — d’affreux gauchistes de bien entendu). Pour l’impérialisme, c’est un peu plus ambiguë (de manière préliminaire les investissement direct, de la France à l’étranger et de l’étrangers en France, présentent une asymétrie à partir des années 90), mais les multiples guerres néo-coloniales laissent peu de place au doute.
D’une manière générale, l’économie orthodoxe travaille à l’équilibre et/ou en petite fluctuation. Pour ceux qui ont fait un peu de physique, l’équilibre instable est une bonne métaphore de la réalité ; les orthodoxes sont incapables de comprendre qu’une société est profondément dynamique, en mouvement, et que sa stabilité n’est qu’une illusion qui né d’une relative stabilité des rapports de force à un instant t. Un peu comme un gaz où toutes les molécules sont en mouvements désordonnés mais dont on peut établir des variables macroscopiques (température, pression) pour le décrire. Mettons deux gaz, l’un qu’on appelle travail, l’autre qu’on appelle capital, séparés par un piston (les revenus de chacun) qui se positionne à l’équilibre de pression. Si l’on chauffe un des gaz (agitation par des manifestations et des revendications sociales), alors le piston se déplace…
Sur l’aspect de domination des idées et d’accaparement du débat public, voir le travail de Bourdieu, et les articles de l’association Acrimed. Ce qui implique de savoir se désolidariser des idées dominantes pour faire des recherches par soi-même.
Sur les stratégies de lutte, je renvoie encore une fois à La stratégie du choc : corruption et répression syndicale (les États USA sont en train de passer un ensemble de loi contre les syndicats d’ailleurs), on peut jeter un œil aussi, pour finir en beauté et histoire de bien achever de passer pour un dangereux rouge couteau entre les dents : un entretien de Lacroix-Riz (qui pour le coup est marxiste-léniniste).
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¹ Par contre, c’est assez rigolo de voir des gens attachés au logiciel libre se battre pour une autre forme de la propriété intellectuelle, dans une “économie de la connaissance”, c’est-à-dire une économie où le capital n’est plus celui des usines et des machines, mais celui emmagasiné lors de la formation des travailleurs et restitué par l’écriture de codes. Tout le combat autour de la forme de la propriété intellectuelle est une lutte des classes, marxiste au sens strict du terme, c’est-à-dire autour de la propriété d’un capital : celui de la connaissance. C’est juste que la plupart des gens qui font du logiciel libre n’en ont pas conscience et n’ont pas les mots pour l’exprimer (à la base le socialisme est un mouvement spontané, dont Marx apportera une analyse théorique plus tard), mais ils font du marxisme sans le savoir.
Mais oui mon mignon, j’ai été patient jusqu’ici avec vous, mais quand on confond secteur privé et entreprise privée et qu’on ne sait pas ce qu’est une externalité, on évite de se la ramener. Le secteur privé inclue aussi bien les associations et les individus, ainsi que les contrat entre personnes morales ou physiques.
Les syndicats et les lois sont une chose, la gestion des ressources humaines, la capacité à jouer aux limites de la loi, à jouer sur la concurrence entre travailleurs de différents pays, de faire du chantage à l’emploi lorsqu’on est un gros employeur, la possibilité d’activer un lobbying efficace auprès de l’État (dans son sens très large, gouvernement, législateur, localités), emprisonner des syndicalistes trop virulents, la corruption, tout cela compte aussi.
Je rappelle la maxime des économistes—capitalistes : maximisation des profits. Ceci implique qu’être dans l’illégalité est parfaitement admissible si cela améliore les profits, c’est tout simplement un calcul de coût–risque versus bénéfices.
Ce matin, en (re)lisant certains commentaires, je me dis qu’il y a quand même pas mal de jeunes petits cons qui ne sont pas au fait des réalités économiques et historiques, ou qui sont tout simplement incapables de comprendre qu’il y a d’autres buts dans la vie que de bosser.
1/ La majorité des emplois sont des emplois de grosses boites, qui savent très bien licencier et pour lesquelles la question de savoir si un employé est compétent ou pas est noyé dans la masse. Que les petites entreprises ont plus de difficultés que les grosses, c’est bien connu des marxistes (concentration du capital), mais il ne s’agirait pas de s’avouer que les marxistes comprennent quelque chose à l’économie…
2/ L’informatique est un secteur très particulier. Il y a eu une véritable révolution industrielle autour, avec les gain de productivité qui vont avec. C’est en même temps le secteur où manifestement on assiste au plus grand faillotage patron—entreprise de l’histoire. Pas grand monde a conscience de l’existence d’une révolution informatique parce que les profits ne sont pas allés dans les bonnes poches… C’est couillon. En même temps, je ne sais pas si vous avez conscience d’être relativement privilégiés : il est plus facile de ne pas craindre le licenciement lorsque son secteur d’activité ne craint pas trop d’imploser (mais l’informatique ne résistera pas bien longtemps à une implosion générale).
3/ Si vous croyez qu’il faut avoir les yeux rivés sur “le bien-être de l’entreprise” plutôt que sur celui de l’employé, vous allez vite déchanter : la vie est dure et injuste. Pour faire court : les entreprises n’en ont rien à foutre de vous. Je vous laisse quelques décennies de bouteille et d’avoir d’autres buts dans la vie que le boulot pour bien comprendre cela… et à quels points des millions de gens peuvent être lourdés sans jamais avoir rien demandé. La solution de beaucoup de monde ici est apparemment de les laisser sur le carreau. Je m’étonne toujours de la naïveté des gens dès qu’on aborde la politique et les questions économiques ; admettre l’idée d’une contradiction capital—travail, c’est le minimum quelque soit le positionnement choisi ensuite.
4/ Pour illustrer mon point précédent, lorsque vous aurez 50 piges, et qu’on vous dira que vous ne servez plus à rien, avec enfants à charge, maison à rembourser, vous vous rendrez compte à quel point un emploi et un foyer stable est important, et comment un emploi stable, même s’il est chiant et même si c’est un reclassement dans un truc où vous êtes incompétent, vous sauve littéralement la vie. Malheureusement il sera trop tard pour vous à ce moment là, le mal aura été fait. Pourtant, je suppose que vous avez des parents, de la famille, des amis plus vieux, qui devraient vous éclairez un peu. Non ?
5/ Le but de l’économie, c’est pas de faire vivre des entreprises. Personnellement je ne bande pas chaque matin en apprenant les chiffres de la croissance ou de pouvoir m’acheter la dernière nouveauté à la con. Le but de l’économie, c’est que les personnes, autrement dit les employés, en vivent, et de préférence sans que ça en devienne une obsession.
6/ La violence socio-économique, libéralisation, flexi-INsécurité s’accompagne de violences bien réelles cette fois. Il y a un lien entre la répression syndicale aux États-Unis et le massacres réguliers dans les écoles. C’est une mentalité, largement développée ici, où l’individu-salarié ne vaut absolument rien, ses préoccupations et ses intérêts ne sont pas abordés, ou alors à travers une propagande grossière (genre on en arrive à dire “le licenciement c’est l’emploi”, relisez 1984 d’Orwell). Lorsqu’on accepte l’idée qu’un individu puisse être jeté à la rue du jour au lendemain, de son boulot, de sa maison, etc. bref, qu’on lui refuse de vivre et qu’il n’est que chair à canon dans une guerre économique internationale, et qu’en plus on lui dit “c’est ton problème si t’es pas bon, c’est le concept”, alors on accepte l’idée que la vie de la personne ne vaut rien. Quelque soit les compétences développées à leurs boulot, les gens ont le droit à une vie digne, c’est un minimum de justice.
7/ Lisez La stratégie du choc de Naomie Klein. Vous y apprendrez certainement plus sur l’économie que dans n’importe quel manuel, c’est-à-dire en dehors du monde rêvé des équilibres offre—demande, de la croissance infinie, des banques centrales indépendantes, de la concurrence parfaite et non faussée, et du gagnant—gagnant (théorie de l’alliance capital—travail, historiquement c’est du fascisme…). Vous comprendrez pourquoi la gauche (et pourquoi les caciques du PS n’en sont pas) est systématiquement “anti-*” toutes les réformes qui arrivent depuis trente ans. Vous y apprendrez l’économie des monopoles, du capitalisme impérialiste (pardon, le libre-échange, on participe au développement des classes moyennes en Chine en faisant travailler leurs enfants en usine), de la répression syndicale, de la corruption systémique, de l’attaque systématique contre le compromis keynésien d’après-guerre.
Lorsque je prend ma voiture pour aller en ville, l’avantage que j’en retire est énorme, et la pollution supplémentaire produite est absolument infime. Par conséquent je prend systématiquement ma voiture, car ça ne sert strictement à rien si les autres ne se comportent pas comme moi. J’agis en comparant le coût (le désagrément de la pollution) et le bénéfice (la facilité de déplacement).
Par contre, la pollution crée par chacune des voitures des gens qui vont en ville, c’est-à-dire la somme totale des pollutions individuelles, représente pour moi un désagrément qui vaudrait que je laisse ma voiture au garage. Là encore j’agis en comparant le coût (pollution totale de l’ensemble des transports citadins) et le bénéfice (mes propres déplacements), sauf que dans ce cas là, les autres s’engagent à faire de même, ce qui réduit la pollution de manière notable, et donc le coût devient très largement supérieur au bénéfice que j’en retire : je ne prends pas la voiture.
Par conséquent, si j’avais l’assurance que l’ensemble des personnes faisait un effort pour réduire leur utilisation de la voiture, réduisant la pollution de manière non négligeable, alors je serais prêt moi aussi à faire cet effort. Et cela peut-être vrai pour une grande majorité d’individus.
La pollution est une externalité négative. Dans le cadre individuel, elle sera sur-produite, car chacun de son côté a une contribution infime à un désagrément produit sur tout le monde. Par contre au niveau social, chacun serait prêt à faire une effort si et seulement si il était assuré que la grande majorité de la société fasse l’effort.
Du coup, le seul moyen de rendre compte des externalités, négatives comme positives, est de passer un contrat individu—société. Bref, de prendre une décision démocratique.
Non. Si tout le monde paye 1€, les prestations seront à hauteur des ~30 millions d’euros. Si tout le monde paye 10000 €, les prestations seront à hauteur de 30 M × 10 k €. Les cotisations sont un salaire différé et un salaire socialisé : on verse dans une caisse commune. Une diminution générale des cotisations impliquera tôt ou tard une diminution générale des prestations sociales, donc contrairement à ce qui est dit plus haut, si la diminution des cotisations augmente le salaire net, elle augmente aussi la part nécessaire à la santé&co dans les budgets des individus. De fait, comme c’est un salaire socialisé, il s’agit surtout d’attaquer les politiques de redistribution. La propagande libérale fait croire que les gens auront plus de revenus en supprimant les cotisations. C’est tout simplement faux, l’idée de l’expression de “salaire différé” vise à rétablir la vérité sur ce point : les cotisations ne disparaissent pas dans un trou noir, mais sont bel et bien utilisées afin des fournir des prestations.
Je bénéficie du régime local de la sécu. à Strasbourg : caisse à l’équilibre, avec meilleure couverture. Les gens ici votent à droite parce que la droite fait croire qu’elle seule a une politique de gauche (défense du concordat avec un amalgame avec le régime local), et donc les gens de droite votent à droite pour avoir une politique de gauche, de peur que la gauche revienne sur une politique de gauche, peur faussement propagée par la droite, pour conserver des électeurs de droite qui sont en fait de gauche mais qui votent à droite en étant persuadés que la droite applique une politique de droite alors que c’est une politique de gauche. Vous avez compris ? C’est beau la politique démagogique !
La révolution fiscale dont il était question un moment était de rendre la CSG progressive, et supprimer l’IR. Voilà une vraie bonne idée : impôt individualisé, prélevé à la source (donc sur le salaire pour les travailleurs), progressif, simplifié, touchant l’ensemble des revenus, avec suppression des niches fiscales. Voir le travail de Piketty. La TVA anti- sociale est quoi qu’on en dise, typiquement libérale, parce que c’est une flat tax, et effectivement grève plus les petits budgets, et interdit toute politique de redistribution puisqu’il n’y a pas de progressivité.
Globalement vous comprenez assez mal ce qu’est l’épargne. Si au niveau microéconomique, c’est-à-dire dans un contexte individuel, l’épargne peut consister à prévoir un coup dur pour l’avenir, ce n’est absolument pas vrai à l’échelle macroéconomique.
L’épargne est un symbole, pas une richesse réelle. C’est ce qui est expliqué dans un autre commentaire à propos des retraites par capitalisation. Globalement, système par distribution, ou système par capitalisation, les retraités sont toujours supportés par la population active. Le boulanger à la retraite ne mange pas le pain qu’il a produit il y a trente ans (il lui faudrait un sacré dentier…), il mange le pain produit par un autre boulanger le matin même. S’il y a deux fois moins de boulangers que dans le temps où le retraité était actif, alors il paiera deux fois plus cher le pain (mon explication est très grossière là, mais c’est l’idée…).
C’est bien le nœud de votre incompréhension je pense. Lorsqu’une entreprise prévoie un stock de ses marchandises, investit, alors c’est une véritable prévision sur l’avenir (et l’épargne est un véritable investissement si elle ne sert pas à alimenter des bulles spéculatives). Lorsque les agriculteurs constituent des stocks de blé, alors ils prévoient de quoi tenir jusqu’à la prochaine récolte. Par contre, l’épargne au niveau macro-économique n’est pas un parachute pour l’avenir, elle est dépendante de la production réelle le jour où elle est dépensée, pas de la production de richesse du jour de l’épargne.
C’est cette distinction macro- micro- qui rend la situation intenable en temps de crise : les individus encore actifs décident d’épargner par peur du futur, ceux au chômage réduisent leur consommation, les entreprises refusent d’investir (c’est-à-dire transformer le capital financier qu’est l’épargne en capital actif, plutôt que de le laisser à la spéculation) par peur du futur. Par conséquent la demande globale (consommation & investissement au niveau macro-) se contracte, puisque la demande globale se contracte, les entreprises réduisent leur activités : plus de chômage, moins d’investissements. La crise se creuse. Il ne s’agit pas de rejeter la faute sur untel, ou de rendre responsable ceux qui agissent ainsi ; je vous laisse cette posture infantile. Il s’agit d’expliquer le phénomène qui fait que la crise s’aggravera, et il s’agit de trouver une solution politique.
PS : je ne suis pas défavorable à l’épargne, il s’agit d’une fonction économique essentielle qui sert l’investissement. Il s’agit juste de bien savoir ce qu’elle est et ses limites. De même pour l’emploi, rendre plus flexible le marché doit se faire sous certaines conditions si l’on ne veut pas aggraver la crise, c’est-à-dire opter pour le modèle nordique (marché de l’emploi flexible avec une bonne couverture chômage), conditions qui ne seront très probablement pas politiquement réunies à cause du rapport de force capital–travail en France, chacun cherchant à maximiser ses propres profits (sans compter la corruption dont j’ai montré un exemple).
Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Je n’arrête pas de vous signaler qu’en l’occurrence, en situation de crise, le problème est l’épargne en trop. Ce dont ont besoin les entreprises, c’est de la demande pour produire et ainsi ne plus avoir besoin de débaucher. Vous le dites vous même : vous ne pouvez embaucher car vous n’êtes pas assuré de vos revenus dans le futur.
Crise = ménages en situation de chômage, donc qui réduisent leur consommation + ménages qui par sécurité épargnent + entreprises qui ne veulent pas utiliser cette épargne pour de l’investissement dans du capital actif par méfiance en l’avenir. L’argent reste dans la sphère financière et ne sert plus à l’économie réelle.
C’est votre comportement d’épargnant qui aggrave la crise.
Comme il est politiquement impossible d’obliger les épargnants comme vous qui ne veulent pas lâcher leur argent, il y a la relance keynésienne, mais elle n’est pas possible en économie ouverte, sauf à arriver à se mettre d’accord avec l’ensemble des pays interconnectés. S’ensuit un ensemble de mesure à mettre en place pour que la relance ne creuse pas le bilan du commerce extérieur.
La politique keynésienne consiste à compenser le déficit de consommation par de l’investissement public, de long terme donc et pas forcément le plus rentable puisqu’il s’agit aussi de remplir les besoins de base.
Excellente occasion de faire de l’écologie, dont on sait que le privé est incapable d’en produire de manière satisfaisante, car c’est une externalité positive. Je crois qu’on est d’accord : la construction de logements sociaux est plus qu’urgente.
[^] # Re: Supaire
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Faut-il arrêter l'Euro ?. Évalué à 2.
Seulement il ne faut pas croire que résoudre le problème de la dette publique résoudra celui de la dette en général. Il y a un énorme risque de transfert pur et simple du public au privé. C’était le premier point.
Le second, c’est qu’il faudrait arrêter de prendre ceux qui nous gouvernent pour des buses. Ils savent faire des additions et des soustractions ? Oui, donc ils savent gérer un budget.
C’est un poil plus complexe : c’était parfaitement clair l’année dernière avec l’élection ; ils ont, je veux dire tous les partis importants (parce que les autres n’ont tout simplement pas d’économistes), élaboré un budget avec des prévisions de croissance invraisemblable (ils le savaient). Fatalement en milieu de chemin ils se sont rendu compte – ô surprise – que leur budget ne tenait pas la route (vu que les recettes sont fonction du PIB, donc de la croissance estimée). Ce qui nous a valu la vaste comédie du “il faut nous trouver X0 milliars & co”, après coup (ce devait être vers début d’été 2012 ça, si je me souviens bien). C’est la politique du fait accompli pour éviter que le peuple ne se mêle de la gestion du budget : on sabre dans les dépenses. Mais pas trop parce que ça râle : donc la dette explose. En attendant, le véritable débat passe à la trappe, parce qu’un budget, ce n’est pas que les dépenses, et qu’il y a d’autres moyens pour retrouver l’équilibre : quid de l’inflation, d’une – véritable – réforme fiscale, de la progressivité de l’impôt, d’une relance par la dépense publique ?
C’est pas une question de gestion, mais de politique. Le truc, c’est qu’en changeant de politique, il faut pas s’attendre à avoir un résultat garanti : on ne sait pas trop ce que ça donnera question croissance. Mais au moins ça aura été tenté… et qualitativement ça tient la route la solution avec création monétaire, et donc inflation. Quantitativement il y a des modèles, mais seule la réalité pourra nous le dire…
[^] # Re: Supaire
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Faut-il arrêter l'Euro ?. Évalué à 1.
Vous le dites vous-même. Celui à qui l’inflation profitera sera l’État (et pas les banques en générale, car la création monétaire sera au profit de l’État). Et à travers l’État, on peut en faire profiter un tas de gens (plus ou moins directement via les augmentations de salaires et cotisations qui s’ensuivent, ou encore les services publics). Les niches fiscales style Copé profitent surtout aux grosses boîtes. C’est pas le but et il ne faudrait pas se retrouver avec une situation où la création monétaire est directement jetée en l’air au profit du CAC40.
On s’occupe ensuite de protéger les faibles revenus. Ça n’a rien d’extraordinaire. L’inflation est un outil qui a des avantages et des inconvénients. On s’arrange pour corriger les inconvénients.
Et non, pratiquée ainsi, ce n’est pas un impôt au hasard. Ce sera un impôt qui touchera principalement le rentier. C’est le but. Notamment celui qui possède de la dette d’État. (Et non, ça ne concerne pas la majorité des Français avec leur petite épargne – LA qui suivrait le taux d’inflation –, c’est le fait d’une minorité, la plus riche, car la répartition du capital est très inégale en fonction de la richesse.)
Enfin, l’inflation n’est pas qu’un « impôt ». Le choix de son taux influe sur l’économie et la façon dont les agents se comportent (ça favorise la consommation sur le court/moyen terme, que je sache). Le but étant de réduire le chômage. Donc non, on remplace pas l’inflation par un impôt.
[^] # Re: Supaire
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Faut-il arrêter l'Euro ?. Évalué à 1.
Vous êtes bien gentil, mais vos statistiques sont celles des salaires nominaux. Il faut corriger de l’inflation pour obtenir le salaire réel. Je vous laisse faire le calcul, mais vous vous rendrez compte que l’augmentation est faible.
Les recettes de cuisine simples ne sont plus d'actualité.
On est bien d’accord. D’ailleurs il n’a jamais été question d’augmenter juste les salaires. Il faut inclure cette mesure dans une politique globale : création monétaire, inflation, réduction de la dette, protectionnisme, contrôle des capitaux, amélioration des conditions de vie des plus petits revenus. Tout ceci fonctionne de concert.
Et encore on ne parle là que de solution de court/moyen terme. Le truc avec cette dette, c’est qu’on fait croire aux gens que c’est un problème de gestion. Non. C’est un problème économique : il ne faut pas oublier que la crise nous vient des États-Unis, avec une dette PRIVÉE ! Pas publique. Ça fait trente ans que l’économie occidentale s’est maintenue sur la base d’une dette artificielle, et ça, personne ne sait comment résoudre le problème. Il y a juste des pistes de proposées.
[^] # Re: Supaire
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Faut-il arrêter l'Euro ?. Évalué à 0.
Ben, pour le SMIC, c’est une signature. Pour les fonctionnaires pareil. Les alloc’ chômage sont basées sur le revenu de la dernière année travaillée, donc en un an c’est réglé. Le RSA c’est encore une signature. Et les cotisations retraite ça doit être aussi proportionnel au salaire, je suppose (j’ai jamais fait gaffe…).
Le poids de la dette étant diminué dans le budget, ça aide à dépenser plus, on peut “respirer” un peu.
Avec ça on s’attaque aux niches fiscales de toutes sortes pour grignoter encore un peu (?!) d’argent.
Pour finir, tout ceci aura un résultat positif sur le fonctionnement même de l’économie : plus de consommation (ben, ouai, les gens vont profiter de leur hausse de salaire) => plus de demande => plus de travail => moins de chômage. Avec ça, les recettes de l’État devraient augmenter (TVA, impôt sur le revenu), tout en faisant baisser ses dépenses (moins de chômage).
Qualitativement, c’est tenable. Après, ça se calcule. Ce qu’il faut éviter, le truc a été souligné, de la mauvaise manière, plus bas, c’est que les gens utilisent ce surplus d’argent pour acheter des produits étrangers. Pour cela il faut balancer un peu de protectionnisme et contrôle des capitaux afin de rééquilibrer la balance commerciale.
[^] # Re: Faut-il arrêter l'Euro ?
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Faut-il arrêter l'Euro ?. Évalué à 0.
Je constate depuis quelques temps une confusion totale entre inflation et dévaluation.
Pour information, on entend par dévaluation une modification du taux de change. Ça permet de modifier la balance commerciale. Ça n’a rien à voir avec l’inflation ou la création monétaire : sauf si l’on se situe dans le cadre d’une liberté totale de circulation des monnaies. Mais Lordon a quelques difficultés avec les cadres… ;)
[^] # Re: Faut-il arrêter l'Euro ?
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Faut-il arrêter l'Euro ?. Évalué à 0.
Ce que Lordon propose dans son texte, c’est central, c’est un contrôle rigoureux des capitaux. Sinon son idée de “troisième voie” entre l’€ et le franc tombe à l’eau.
Et je ne vois guère que l’extrême-gauche pour parler encore, un peu, de contrôle des capitaux et de non-remboursement de la dette.
[^] # Re: Supaire
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Faut-il arrêter l'Euro ?. Évalué à 0.
Sans compter que l’inflation est un excellent moyen pour réduire la dette. :)
Couplée à une augmentation des salaires les plus bas, et on protège les revenus les plus faibles.
[^] # Re: "In Glorious mono"
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Comment écoutez-vous de la musique ?. Évalué à 4.
C'est comme la photo. Au final peu importe le nombre de pixels. Qu'est-ce qu'on voit dans l'image ?
Pourquoi votre appareil n’est pas important
[^] # Re: Sifflement
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Comment écoutez-vous de la musique ?. Évalué à 1.
C’est une salle de Strasbourg, au palais de la musique et des congrès. Pour le chef : aucun idée ; il y a eu plusieurs changements ces dernières années.
[^] # Re: Ouam
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Comment écoutez-vous de la musique ?. Évalué à 5.
Pour le CD : la dynamique et la plage de fréquence y sont bien plus importante. En théorie on dépasse la capacité de l’oreille humaine. Par contre les ingé. son font de la merde : ils compressent beaucoup la dynamique pour que ça pète bien sur l’ensemble “hi-fi” de M. Michu.
Mais cela n’a rien à voir avec le support, plus avec l’usage qui en est fait : si effectivement vous écoutez la musique tout en ayant une autre activité quelque peu bruyante, alors vous aurez intérêt à tasser la dynamique.
Pour ce qui est du jugement sur le son, ce n’est pas tellement le support qui est en cause, mais plutôt le système de restitution utilisé derrière.
[^] # Re: Sifflement
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Comment écoutez-vous de la musique ?. Évalué à 6.
Je confirme. J’ai eu la folie de me mettre au violon il y a deux ans. Folie parce que je partais de loin. Il y a un monde entre écouter et faire de la musique. Même si je suis incapable de sortir quelque chose d’un tant soit peu potable pour être joué en public, le plaisir qu’on retire à faire de la musique est immensément plus satisfaisant que celui d’en écouter (par contre cela demande un investissement en temps dont il faut avoir conscience avant de commencer). L’activité la plus banale qui soit étant le chant en groupe : facile (le groupe chantera beaucoup plus juste qu’une personne seule) et plaisant, il est regrettable que cette activité populaire soit de moins en moins usitée.
Toujours est-il que ces deux activités s’alimentent mutuellement ; le fait de jouer fait faire un bond dans sa capacité d’écoute.
Pour répondre au journal, le matériel d’écoute : uniquement de la très haute fidélité, uniquement ce qui se fait de mieux dans le domaine (pour 5,50 € en étant étudiant) :
Sinon un Sennheiser PX200 : petit casque à pas cher, malheureusement plus à la vente (la seconde version semble être en très net retrait), qui produit un excellent son (tout particulièrement pour du classique), et un Sansa Clip+.
[^] # Re: Pas mal !
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Les mieux qu’on ait eu transgrès . Évalué à 4.
Tant qu’on est dans les conseils de lecture, il y a Proust aussi.
[^] # Re: Trop gros, passera pas.
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Karma et controverse. Évalué à 4.
Et maintenant si on revenait aux politiciens qui parlent du monde réel?
Ceux de la croissance infinie & illimitée ?
[^] # Re: Demande de précision
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Que faire cet après-midi ?. Évalué à 2.
Ce n’est pas la première fois que j’entends cet argument. ÀMHA on dépasse là les arguments-slogan assez fallacieux qu’on entend partout, pour entrer dans le fond du problème.
D’une, la loi n’oblige personne à être homosexuel, c’est juste un droit qui leur est accordé. Il y a une confusion assez typique : la loi autorise, elle n’oblige personne. Croire que tout d’un coup des millions de gens vont se découvrir homosexuels parce que la loi autorise le mariage, ça tient plus de la “politique paranoïa” que de l’argument rationnel.
De deux, ça ne se fait pas de s’auto-référencer, mais voilà. On peut certes s’interroger sur le rôle des structures familiales dans la construction de la société, mais cela ne doit pas se faire au profit de préjugés conservateurs. En l’occurrence des sociétés sans mariage ni père, et des sociétés stables, ça existe.
[^] # Re: Petit coup de gueule/provocation…
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Le CDI doit disparaître. Évalué à 0.
Oui, mon image thermo. a ses limites. L’équilibre instable est une image qui vaut pour la société, ce n’est pas une description de l’état des gaz.
[^] # Re: Petit coup de gueule/provocation…
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Le CDI doit disparaître. Évalué à 4.
Le plein emploi s’accompagne d’un chômage naturel. Donc encore une fois explicitez les termes à fond. Parce que là encore 99 % des gens ont compris “plein emploi = travail pour tous”. Ce qui est faux.
Je ne vais pas te faire l’affront de l’anecdote de Stallman et de son imprimante. La récupération sous des termes “libéraux” du mouvement s’opère ensuite. Enfin la question n’est pas de savoir de quoi il se réclame, mais de discuter de la nature profonde du mouvement. La confusion vient du fait que dans la culture commune la gauche ne défend pas les libertés, alors que le logiciel libre si. Mais les libertés ont toujours été un thème central de la gauche et les concepts d’aliénation et d’émancipation renvoient directement à la liberté. Les anti-capitalistes estiment que les décisions de la production doivent revenir à ceux qui produisent, donc défendent la liberté des travailleurs.
Quant au couplet anti-État, les libéraux n’en ont pas le monopole.
Non ça c’est juste pour prévenir toute prétention à détenir seul la connaissance économique qu’on rencontre à chaque fois contre les gens estampillés de gauche. Du coup je prend d’avance le ton arrogant et surfait que je rencontre habituellement chez mes contradicteurs.
Tocqueville et Stiglitz… on a vu plus orienté. Là encore c’est une attaque classique contre les gens de gauche : ne pas être objectif. Mais la question là est de savoir ce qui est orienté. Sur quels points de repères se baser pour juger de l’objectivité d’une lecture ? Si c’est juste ce conformer aux injonctions du temps, c’est seulement se soumettre au Zeitgeist. Vous n’avez pas plus la prétention à l’objectivité que moi dans les choix de lecture. Et me dites pas que l’économie est une sciences, qu’il faut prendre les derniers résultats&co. L’économie est avant tout une science humaine, avec des limitations et des pressions très fortes. Et d’une manière générale la science à vocation à expliquer. Lorsque la politique est déterminée au nom d’impératifs économique, c’est qu’il y a une couille dans le potage. En l’occurrence ici sur le “peu d’hypothèses” que demanderait l’optimum de Pareto (c’est faux et les hypothèses sont systématiquement violées, à commencer par l’information parfaite) ou encore penser que “l’optimum de Pareto est toujours bon” (objectif politique, pas scientifique, et ce quelque soit l’indicateur proposé).
Par exemple, pour le document de Lénine que je cite. Il se pique de ne citer que des “économistes bourgeois” (on les appellerait orthodoxe maintenant) et d’avancer quantité de chiffres et de faits (certes il a une opinion explicite dans son texte et un ton très déplaisant). Ce sont vos préjugés issus du fond anti-communiste propre au Zeitgeist moderne, préjugés sur Lénine qui vous font croire à une lecture orientée (et j’avoue que je ne résiste pas au plaisir de le citer rien que par provocation).
Ah l’État… grand Punching Ball des libéraux ! Grosso modo, il y a porosité entre les milieux économiques, médiatiques, et politiques, soit par lobbying, soit par collusion, par corruption pour les cas les plus graves, c’est plus ou moins explicite (l’épisode des ministres aux MEDEF est rigolo, par contre l’appel à un gros banquier pour monter une banque publique l’est moins, pour sarkozy pas besoin de faire un dessin). C’est un peu la différence entre la vision idéologique des libéraux et la réalité. Les libéraux imaginent l’État comme un système hors-sol et oppressif, et donc imaginent d’en faire une institution minimaliste. Seulement ils omettent que l’État, en tant que pouvoir, représente par lui-même un enjeu attisant toutes les convoitises. Ces convoitises envers le pouvoir existeront toujours même sans État. Le seul moyen de détruire le pouvoir, c’est de refuser d’obéir à tout ordre, c’est-à-dire être anarchiste (et les libéraux ne sont absolument pas dans cette optique là car ils défendent le capitalisme, donc l’obéissance des travailleurs envers le capital tandis que les anti-État de gauche refusent réellement tous les pouvoirs et monteront des SCOOP&co). De fait, la réalité est au-delà des rêves les plus fous des libéraux : l’État, en tant que principe d’une puissance publique, n’existe plus car soumis à un groupe restreint d’intérêts particuliers. Et ceci est explicitement dit depuis qu’Hollande est élu : on s’entend dire régulièrement “qu’heureusement Hollande ne respecte pas trop ses promesses de campagne, qu’il engage des réformes structurelles”, ou encore “qu’il faut obéir au marchés financiers (NdT : aux créanciers de la dette souveraine, qui ont des noms…)”. Ça ne te choque pas toi qu’un débat aussi important que la réforme du marché du travail soit engagé seulement 6 mois après les élections, genre z’aurait pas pu le faire avant ?
[^] # Re: Petit coup de gueule/provocation…
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Le CDI doit disparaître. Évalué à 6. Dernière modification le 06 janvier 2013 à 13:50.
J’ai déjà largement répondu dans le cadre strict du débat, avec patience et sans provocation. La flexibilité du travail est un facteur pro-cyclique et susceptible de provoquer d’autres crises. Du point de vue de l’économie orthodoxe, c’est une aberration totale. Je ne fais que mettre à contribution mes connaissances tirées du Stiglitz Principes d’économie moderne et des causes de la crise actuelle.
Ici ce qui m’intéressait c’était de voir à quel point les gens sont incapables de faire des recherches actives pour voir où sont leurs intérêts, mais gobent assez facilement le discours officiel produit par les médias. Mise à part la vulgate complotiste qui a cours (y compris chez certains de gauche) : de manière très grossière, la propagande officielle n’est efficace que parce qu’elle n’entre pas en contradictions trop explicites avec les conditions matérielles de la vie des gens. Sur un forum d’informaticiens, qui bénéficient d’une relative protection économique de fait, cela ne m’étonne pas trop¹. L’argument qui consiste à dire “on retrouvera un emploi” marche parce que l’informatique n’est pas un domaine sinistré. Évidemment il est facile de se faire donneur de leçon lorsqu’on a 25 ans et qu’on sort tout frais émoulu de l’école. À 50 ans, avec d’autres préoccupations, une famille à charge, des connaissances dépassées — malgré vos efforts pour rester à jour, croyez-moi —, votre discours aura changé.
Cette affirmation n’est pas scientifique, encore moins économique, elle est totalement politique. L’efficacité chez les économistes, c’est l’efficacité au sens de Pareto. Grosso modo et de souvenir c’est la maximisation des échanges. Un accident de voiture, de par les flux de richesse qu’il va impliquer, va faire croître le PIB. Comme je l’ai déjà dit : je ne bande pas sur les chiffres de croissance du PIB. Je m’en contrecarre même. Tout ceci vient d’injonctions, sociales & économiques, qui voudraient que l’économie d’un pays soit “efficace” sans jamais interroger ce qu’est cette efficacité, ni le bénéfice tiré pour la population. Pour revenir à la question de l’emploi : chez une économiste, parler d’efficacité a une définition précise, c’est maximiser les échanges, pour que la situation approche celle de Pareto : plus aucun agent économique ne veut plus changer d’emploi ni changer son statut actif/chômeur. Autrement dit, l’hypothèse de base contient elle-même le résultat : flexibiliser le marché. Bizarrement, je suis à peu près certain qu’ici, 99 % des gens comprennent comme “efficace” une économie qui donne un emploi à tous, or le maximum de Pareto et l’efficacité d’une économie ne statuent pas là-dessus. Autrement dit, au bout de la logique, l’efficacité implique de créer des job journaliers, salaires versées au jour le jour, tout impôt, toute taxe, toute cotisation, toute politique de redistribution réduisent l’efficacité économique au sens de Pareto. La question est : quand est-ce qu’on s’arrête ? Quand le nombre de suicide explose ? Quand les gens se retrouvent à la rue ?
Sans réclamer à ce que tous soient de dangereux communistes totalitaires, je crois qu’on peut aussi se donner pour but d’avoir une économie stabilisée, qu’on peut arbitrer entre l’inflation et le chômage (leur volatilité plus précisément), etc. La stabilité est une objectif tout à fait louable et appréciable de l’économie. Au lieu de cela certains utilisent dans leurs commentaires un terme péjorativement connoté : sclérose. C’est de la manipulation de la langue pure et simple. Mais en avez-vous conscience ?
À minima il faut que les gens comprennent qu’il y a bien des arbitrages à faire entre groupes sociaux en conflit. Il ne s’agit pas seulement du capital et du travail (qui reste tout de même la contradiction primordiale). Il peut très bien s’agir des droits & devoirs des propriétaires et des locataires, de la répartition des richesses entre actifs et retraités, etc. Malheureusement, sans formulation explicite des contradictions de classes dans l’espace public, alors on se dirige vers une situation politiquement explosive où les gens ne savent plus mettre les bons mots à des réalités quotidiennes (“les retraités sont des arnaqueurs”, “les enseignants sont des privilégiés” — mais l’État éprouve des difficultés à attirer dans ce boulot, allez comprendre —, ou pire… montée du racisme&co).
Sauf que j’intègre dans mes axes de réflexion aussi bien du Stiglitz que du Naomie Klein, aussi bien du Lénine que du Tocqueville. Alors question œillères, ne vous en faites pas pour moi : elles sont certainement plus larges que les vôtres. Les gauchistes jusqu’au-boutiste, j’en soupe assez sur Mediapart pour en avoir une expérience. À côté de ça mon commentaire c’est du pipi de chat.
Bouh, j’ai peur.
Me sortir une telle phrase en réponse à un commentaire qui cite La stratégie du choc, prouve objectivement et indéniablement que vous êtes un con. Mais ça se soigne. La stratégie en question consiste précisément à instaurer un climat de peur dans une population. Stratégie qui est en fait vieille comme le monde. Ce genre de phrase y participe. C’est ce que Bourdieu appelle de la violence symbolique, très largement relayée par les médias. Malheureusement pour vous, c’est ce genre de phrase qui me fait penser que vous n’êtes pas capable de réfléchir sur le monde qui vous entoure, et sur la nature des arguments qu’on vous présente : plus qu’une phrase avançant un argument rationnel, c’est une vision à instaurer un climat de peur qui ne repose sur aucun fait, aucune analyse sérieuse. La stratégie du choc par contre est extrêmement factuel et repose sur une analyse historique solide.
Aux chiottes les prédicateurs de malheurs.
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Sur la lutte des classes. La citation de Warren Buffet (un gauchiste notoire) : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner ». Voir plus généralement le travail des Pinçon-Charlot, des sociologues. Comme je l’ai déjà dit, tout économiste qui ne tient pas compte des analyses sociologiques n’est pas un scientifique, seulement un charlatan au même titre qu’un astrologue rejette les résultats astronomiques d’une main dédaigneuse.
Sur l’aspect extrêmement concentré du capital, je renvoie au Capitalisme, stade suprême de l’impérialisme de Lénine (je suis en train d’étudier le truc, et je peux vous dire que le capital actuel, en particulier financier, est tout autant concentré sinon plus, c’est la Banque de France qui le dit — d’affreux gauchistes de bien entendu). Pour l’impérialisme, c’est un peu plus ambiguë (de manière préliminaire les investissement direct, de la France à l’étranger et de l’étrangers en France, présentent une asymétrie à partir des années 90), mais les multiples guerres néo-coloniales laissent peu de place au doute.
D’une manière générale, l’économie orthodoxe travaille à l’équilibre et/ou en petite fluctuation. Pour ceux qui ont fait un peu de physique, l’équilibre instable est une bonne métaphore de la réalité ; les orthodoxes sont incapables de comprendre qu’une société est profondément dynamique, en mouvement, et que sa stabilité n’est qu’une illusion qui né d’une relative stabilité des rapports de force à un instant t. Un peu comme un gaz où toutes les molécules sont en mouvements désordonnés mais dont on peut établir des variables macroscopiques (température, pression) pour le décrire. Mettons deux gaz, l’un qu’on appelle travail, l’autre qu’on appelle capital, séparés par un piston (les revenus de chacun) qui se positionne à l’équilibre de pression. Si l’on chauffe un des gaz (agitation par des manifestations et des revendications sociales), alors le piston se déplace…
Sur l’aspect de domination des idées et d’accaparement du débat public, voir le travail de Bourdieu, et les articles de l’association Acrimed. Ce qui implique de savoir se désolidariser des idées dominantes pour faire des recherches par soi-même.
Sur les stratégies de lutte, je renvoie encore une fois à La stratégie du choc : corruption et répression syndicale (les États USA sont en train de passer un ensemble de loi contre les syndicats d’ailleurs), on peut jeter un œil aussi, pour finir en beauté et histoire de bien achever de passer pour un dangereux rouge couteau entre les dents : un entretien de Lacroix-Riz (qui pour le coup est marxiste-léniniste).
Et puisque je suis sur ma lancée, l’injonction de performance de l’économie, au détriment de la vie des gens, est une injonction totalitaire, ou globalitaire comme dit J.-L. Mélenchon, en adoptant la définition d’Hannah Arendt.
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¹ Par contre, c’est assez rigolo de voir des gens attachés au logiciel libre se battre pour une autre forme de la propriété intellectuelle, dans une “économie de la connaissance”, c’est-à-dire une économie où le capital n’est plus celui des usines et des machines, mais celui emmagasiné lors de la formation des travailleurs et restitué par l’écriture de codes. Tout le combat autour de la forme de la propriété intellectuelle est une lutte des classes, marxiste au sens strict du terme, c’est-à-dire autour de la propriété d’un capital : celui de la connaissance. C’est juste que la plupart des gens qui font du logiciel libre n’en ont pas conscience et n’ont pas les mots pour l’exprimer (à la base le socialisme est un mouvement spontané, dont Marx apportera une analyse théorique plus tard), mais ils font du marxisme sans le savoir.
[^] # Re: Petit coup de gueule/provocation…
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Le CDI doit disparaître. Évalué à 1.
Mais oui mon mignon, j’ai été patient jusqu’ici avec vous, mais quand on confond secteur privé et entreprise privée et qu’on ne sait pas ce qu’est une externalité, on évite de se la ramener. Le secteur privé inclue aussi bien les associations et les individus, ainsi que les contrat entre personnes morales ou physiques.
Les syndicats et les lois sont une chose, la gestion des ressources humaines, la capacité à jouer aux limites de la loi, à jouer sur la concurrence entre travailleurs de différents pays, de faire du chantage à l’emploi lorsqu’on est un gros employeur, la possibilité d’activer un lobbying efficace auprès de l’État (dans son sens très large, gouvernement, législateur, localités), emprisonner des syndicalistes trop virulents, la corruption, tout cela compte aussi.
Je rappelle la maxime des économistes—capitalistes : maximisation des profits. Ceci implique qu’être dans l’illégalité est parfaitement admissible si cela améliore les profits, c’est tout simplement un calcul de coût–risque versus bénéfices.
# Petit coup de gueule/provocation…
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Le CDI doit disparaître. Évalué à 6.
Ce matin, en (re)lisant certains commentaires, je me dis qu’il y a quand même pas mal de jeunes petits cons qui ne sont pas au fait des réalités économiques et historiques, ou qui sont tout simplement incapables de comprendre qu’il y a d’autres buts dans la vie que de bosser.
1/ La majorité des emplois sont des emplois de grosses boites, qui savent très bien licencier et pour lesquelles la question de savoir si un employé est compétent ou pas est noyé dans la masse. Que les petites entreprises ont plus de difficultés que les grosses, c’est bien connu des marxistes (concentration du capital), mais il ne s’agirait pas de s’avouer que les marxistes comprennent quelque chose à l’économie…
2/ L’informatique est un secteur très particulier. Il y a eu une véritable révolution industrielle autour, avec les gain de productivité qui vont avec. C’est en même temps le secteur où manifestement on assiste au plus grand faillotage patron—entreprise de l’histoire. Pas grand monde a conscience de l’existence d’une révolution informatique parce que les profits ne sont pas allés dans les bonnes poches… C’est couillon. En même temps, je ne sais pas si vous avez conscience d’être relativement privilégiés : il est plus facile de ne pas craindre le licenciement lorsque son secteur d’activité ne craint pas trop d’imploser (mais l’informatique ne résistera pas bien longtemps à une implosion générale).
3/ Si vous croyez qu’il faut avoir les yeux rivés sur “le bien-être de l’entreprise” plutôt que sur celui de l’employé, vous allez vite déchanter : la vie est dure et injuste. Pour faire court : les entreprises n’en ont rien à foutre de vous. Je vous laisse quelques décennies de bouteille et d’avoir d’autres buts dans la vie que le boulot pour bien comprendre cela… et à quels points des millions de gens peuvent être lourdés sans jamais avoir rien demandé. La solution de beaucoup de monde ici est apparemment de les laisser sur le carreau. Je m’étonne toujours de la naïveté des gens dès qu’on aborde la politique et les questions économiques ; admettre l’idée d’une contradiction capital—travail, c’est le minimum quelque soit le positionnement choisi ensuite.
4/ Pour illustrer mon point précédent, lorsque vous aurez 50 piges, et qu’on vous dira que vous ne servez plus à rien, avec enfants à charge, maison à rembourser, vous vous rendrez compte à quel point un emploi et un foyer stable est important, et comment un emploi stable, même s’il est chiant et même si c’est un reclassement dans un truc où vous êtes incompétent, vous sauve littéralement la vie. Malheureusement il sera trop tard pour vous à ce moment là, le mal aura été fait. Pourtant, je suppose que vous avez des parents, de la famille, des amis plus vieux, qui devraient vous éclairez un peu. Non ?
5/ Le but de l’économie, c’est pas de faire vivre des entreprises. Personnellement je ne bande pas chaque matin en apprenant les chiffres de la croissance ou de pouvoir m’acheter la dernière nouveauté à la con. Le but de l’économie, c’est que les personnes, autrement dit les employés, en vivent, et de préférence sans que ça en devienne une obsession.
6/ La violence socio-économique, libéralisation, flexi-INsécurité s’accompagne de violences bien réelles cette fois. Il y a un lien entre la répression syndicale aux États-Unis et le massacres réguliers dans les écoles. C’est une mentalité, largement développée ici, où l’individu-salarié ne vaut absolument rien, ses préoccupations et ses intérêts ne sont pas abordés, ou alors à travers une propagande grossière (genre on en arrive à dire “le licenciement c’est l’emploi”, relisez 1984 d’Orwell). Lorsqu’on accepte l’idée qu’un individu puisse être jeté à la rue du jour au lendemain, de son boulot, de sa maison, etc. bref, qu’on lui refuse de vivre et qu’il n’est que chair à canon dans une guerre économique internationale, et qu’en plus on lui dit “c’est ton problème si t’es pas bon, c’est le concept”, alors on accepte l’idée que la vie de la personne ne vaut rien. Quelque soit les compétences développées à leurs boulot, les gens ont le droit à une vie digne, c’est un minimum de justice.
7/ Lisez La stratégie du choc de Naomie Klein. Vous y apprendrez certainement plus sur l’économie que dans n’importe quel manuel, c’est-à-dire en dehors du monde rêvé des équilibres offre—demande, de la croissance infinie, des banques centrales indépendantes, de la concurrence parfaite et non faussée, et du gagnant—gagnant (théorie de l’alliance capital—travail, historiquement c’est du fascisme…). Vous comprendrez pourquoi la gauche (et pourquoi les caciques du PS n’en sont pas) est systématiquement “anti-*” toutes les réformes qui arrivent depuis trente ans. Vous y apprendrez l’économie des monopoles, du capitalisme impérialiste (pardon, le libre-échange, on participe au développement des classes moyennes en Chine en faisant travailler leurs enfants en usine), de la répression syndicale, de la corruption systémique, de l’attaque systématique contre le compromis keynésien d’après-guerre.
[^] # Re: Oups…
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Le CDI doit disparaître. Évalué à 0.
Lorsque je prend ma voiture pour aller en ville, l’avantage que j’en retire est énorme, et la pollution supplémentaire produite est absolument infime. Par conséquent je prend systématiquement ma voiture, car ça ne sert strictement à rien si les autres ne se comportent pas comme moi. J’agis en comparant le coût (le désagrément de la pollution) et le bénéfice (la facilité de déplacement).
Par contre, la pollution crée par chacune des voitures des gens qui vont en ville, c’est-à-dire la somme totale des pollutions individuelles, représente pour moi un désagrément qui vaudrait que je laisse ma voiture au garage. Là encore j’agis en comparant le coût (pollution totale de l’ensemble des transports citadins) et le bénéfice (mes propres déplacements), sauf que dans ce cas là, les autres s’engagent à faire de même, ce qui réduit la pollution de manière notable, et donc le coût devient très largement supérieur au bénéfice que j’en retire : je ne prends pas la voiture.
Par conséquent, si j’avais l’assurance que l’ensemble des personnes faisait un effort pour réduire leur utilisation de la voiture, réduisant la pollution de manière non négligeable, alors je serais prêt moi aussi à faire cet effort. Et cela peut-être vrai pour une grande majorité d’individus.
La pollution est une externalité négative. Dans le cadre individuel, elle sera sur-produite, car chacun de son côté a une contribution infime à un désagrément produit sur tout le monde. Par contre au niveau social, chacun serait prêt à faire une effort si et seulement si il était assuré que la grande majorité de la société fasse l’effort.
Du coup, le seul moyen de rendre compte des externalités, négatives comme positives, est de passer un contrat individu—société. Bref, de prendre une décision démocratique.
[^] # Re: Oups…
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Le CDI doit disparaître. Évalué à 2.
Non. Si tout le monde paye 1€, les prestations seront à hauteur des ~30 millions d’euros. Si tout le monde paye 10000 €, les prestations seront à hauteur de 30 M × 10 k €. Les cotisations sont un salaire différé et un salaire socialisé : on verse dans une caisse commune. Une diminution générale des cotisations impliquera tôt ou tard une diminution générale des prestations sociales, donc contrairement à ce qui est dit plus haut, si la diminution des cotisations augmente le salaire net, elle augmente aussi la part nécessaire à la santé&co dans les budgets des individus. De fait, comme c’est un salaire socialisé, il s’agit surtout d’attaquer les politiques de redistribution. La propagande libérale fait croire que les gens auront plus de revenus en supprimant les cotisations. C’est tout simplement faux, l’idée de l’expression de “salaire différé” vise à rétablir la vérité sur ce point : les cotisations ne disparaissent pas dans un trou noir, mais sont bel et bien utilisées afin des fournir des prestations.
Je bénéficie du régime local de la sécu. à Strasbourg : caisse à l’équilibre, avec meilleure couverture. Les gens ici votent à droite parce que la droite fait croire qu’elle seule a une politique de gauche (défense du concordat avec un amalgame avec le régime local), et donc les gens de droite votent à droite pour avoir une politique de gauche, de peur que la gauche revienne sur une politique de gauche, peur faussement propagée par la droite, pour conserver des électeurs de droite qui sont en fait de gauche mais qui votent à droite en étant persuadés que la droite applique une politique de droite alors que c’est une politique de gauche. Vous avez compris ? C’est beau la politique démagogique !
Les détails
[^] # Re: Oups…
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Le CDI doit disparaître. Évalué à 1. Dernière modification le 05 janvier 2013 à 19:31.
La révolution fiscale dont il était question un moment était de rendre la CSG progressive, et supprimer l’IR. Voilà une vraie bonne idée : impôt individualisé, prélevé à la source (donc sur le salaire pour les travailleurs), progressif, simplifié, touchant l’ensemble des revenus, avec suppression des niches fiscales. Voir le travail de Piketty. La TVA anti- sociale est quoi qu’on en dise, typiquement libérale, parce que c’est une flat tax, et effectivement grève plus les petits budgets, et interdit toute politique de redistribution puisqu’il n’y a pas de progressivité.
[^] # Re: Oups…
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Le CDI doit disparaître. Évalué à 2.
Globalement vous comprenez assez mal ce qu’est l’épargne. Si au niveau microéconomique, c’est-à-dire dans un contexte individuel, l’épargne peut consister à prévoir un coup dur pour l’avenir, ce n’est absolument pas vrai à l’échelle macroéconomique.
L’épargne est un symbole, pas une richesse réelle. C’est ce qui est expliqué dans un autre commentaire à propos des retraites par capitalisation. Globalement, système par distribution, ou système par capitalisation, les retraités sont toujours supportés par la population active. Le boulanger à la retraite ne mange pas le pain qu’il a produit il y a trente ans (il lui faudrait un sacré dentier…), il mange le pain produit par un autre boulanger le matin même. S’il y a deux fois moins de boulangers que dans le temps où le retraité était actif, alors il paiera deux fois plus cher le pain (mon explication est très grossière là, mais c’est l’idée…).
C’est bien le nœud de votre incompréhension je pense. Lorsqu’une entreprise prévoie un stock de ses marchandises, investit, alors c’est une véritable prévision sur l’avenir (et l’épargne est un véritable investissement si elle ne sert pas à alimenter des bulles spéculatives). Lorsque les agriculteurs constituent des stocks de blé, alors ils prévoient de quoi tenir jusqu’à la prochaine récolte. Par contre, l’épargne au niveau macro-économique n’est pas un parachute pour l’avenir, elle est dépendante de la production réelle le jour où elle est dépensée, pas de la production de richesse du jour de l’épargne.
C’est cette distinction macro- micro- qui rend la situation intenable en temps de crise : les individus encore actifs décident d’épargner par peur du futur, ceux au chômage réduisent leur consommation, les entreprises refusent d’investir (c’est-à-dire transformer le capital financier qu’est l’épargne en capital actif, plutôt que de le laisser à la spéculation) par peur du futur. Par conséquent la demande globale (consommation & investissement au niveau macro-) se contracte, puisque la demande globale se contracte, les entreprises réduisent leur activités : plus de chômage, moins d’investissements. La crise se creuse. Il ne s’agit pas de rejeter la faute sur untel, ou de rendre responsable ceux qui agissent ainsi ; je vous laisse cette posture infantile. Il s’agit d’expliquer le phénomène qui fait que la crise s’aggravera, et il s’agit de trouver une solution politique.
PS : je ne suis pas défavorable à l’épargne, il s’agit d’une fonction économique essentielle qui sert l’investissement. Il s’agit juste de bien savoir ce qu’elle est et ses limites. De même pour l’emploi, rendre plus flexible le marché doit se faire sous certaines conditions si l’on ne veut pas aggraver la crise, c’est-à-dire opter pour le modèle nordique (marché de l’emploi flexible avec une bonne couverture chômage), conditions qui ne seront très probablement pas politiquement réunies à cause du rapport de force capital–travail en France, chacun cherchant à maximiser ses propres profits (sans compter la corruption dont j’ai montré un exemple).
[^] # Re: Oups…
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Le CDI doit disparaître. Évalué à 0.
Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Je n’arrête pas de vous signaler qu’en l’occurrence, en situation de crise, le problème est l’épargne en trop. Ce dont ont besoin les entreprises, c’est de la demande pour produire et ainsi ne plus avoir besoin de débaucher. Vous le dites vous même : vous ne pouvez embaucher car vous n’êtes pas assuré de vos revenus dans le futur.
Crise = ménages en situation de chômage, donc qui réduisent leur consommation + ménages qui par sécurité épargnent + entreprises qui ne veulent pas utiliser cette épargne pour de l’investissement dans du capital actif par méfiance en l’avenir. L’argent reste dans la sphère financière et ne sert plus à l’économie réelle.
C’est votre comportement d’épargnant qui aggrave la crise.
Comme il est politiquement impossible d’obliger les épargnants comme vous qui ne veulent pas lâcher leur argent, il y a la relance keynésienne, mais elle n’est pas possible en économie ouverte, sauf à arriver à se mettre d’accord avec l’ensemble des pays interconnectés. S’ensuit un ensemble de mesure à mettre en place pour que la relance ne creuse pas le bilan du commerce extérieur.
[^] # Re: Oups…
Posté par Pierre Roc . En réponse au journal Le CDI doit disparaître. Évalué à 1.
La politique keynésienne consiste à compenser le déficit de consommation par de l’investissement public, de long terme donc et pas forcément le plus rentable puisqu’il s’agit aussi de remplir les besoins de base.
Excellente occasion de faire de l’écologie, dont on sait que le privé est incapable d’en produire de manière satisfaisante, car c’est une externalité positive. Je crois qu’on est d’accord : la construction de logements sociaux est plus qu’urgente.