Pierre Roc a écrit 426 commentaires

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 0.

    Zenitram nous refile le grand classique de la pensée réactionnaire anti-démocrate.

    Les technocrates, vu la corruption élevée, et vu l’incitation à la corruption qu’entraine un système technocratique, sont d’office écartés de tout système politique intéressant.

    Mais admettons un instant qu’ils soient de bonne volonté et arrivent à résister à la tentation. Ils ne peuvent pas exercer une gouvernance idéale, pour la simple et bonne raison qu’ils sont incapables de comprendre le peuple qu’ils gouvernent. Untel a été au conseil d’administration d’un banque… sait-il planter un chou ? Sait-il quelles sont les étapes de fabrication d’un téléphone portable ? sait-il quelles sont les us et coutume d’un peuple ? sa mentalité ?

    La collégialité des décisions (liée au pluralisme) est un élément fondateur de la démocratie précisément parce qu’un homme seul est absolument, matériellement, incapable de concevoir toutes les conséquences qu’auront ses décisions sur un peuple. Un peuple, c’est divers, c’est multiple, il y a énormément de mentalité, d’opinions qui s’y développent. Rien à voir ici avec un pluralisme dans un supposé “débat d’idée”. je parle d’un pluralisme sociale. Et ça ne tient en rien à une question de débat : lorsqu’on a été éduqué d’une certaine façon, lorsque toute notre vie s’est construite dans un milieu social donné, il nous est difficile de vivre autrement. Et là, pas question de changer la nature des gens : il n’y a que par la violence qu’on le peut. Fondamentalement la “pensée unique”, même si c’est à chier puisqu’elle prétend précisément dicter ce que doivent être les gens, joue un rôle de “plus petit dénominateur commun”, culturel, pour communiquer : mais elle correspond aux valeurs et la mentalité des classes supérieures (y compris le cadre dans lequel devrait s’exercer “leur démocratie”).

    Alors on a trouvé les sciences pour aider à l’exercice de notre “démocratie”. Mais penser que les sciences, économiques, politiques, sociales, puissent permettre l’exercice d’un pouvoir technocratique, c’est utopique, c’est une profonde méconnaissance des sciences, de leur rôle, et notamment des limites des sciences humaines (faire une étude ça prend du temps, il y a super-spécialisation alors que la politique doit considérer les conséquences globales, et enfin, les connaissances scientifiques sont nécessairement susceptibles de remise en cause permanente, demandent des confirmations, demandent d’être soumises à critique, etc. qui a fait la recherche comprendra…).

    Argument plus théorique : le peuple doit prendre des décisions, c’est-à-dire définir une volonté pour le futur. La technocratie est incapable de fournir cela car elle ne fait que décrire l’existant (c’est ce qu’on appelle plus communément la politique “gestionnaire”).

    Là on parle d’un truc qui donne le vertige : plusieurs dizaines de millions de personne réunies au sein d’une même communauté politique. C’est un miracle que ça puisse tenir (et de fait la naissance des nations s’est faite dans la douleur, re-Godwin? l’arrivée au pouvoir de Hitler s’est opérée dans un contexte de conflit civil important). Et c’est de la folie furieuse que de croire que quelques dizaines de personnes sont capable d’exercer le pouvoir en songeant à tout le monde à la fois.

    En conséquence la technocratie, qui sélectionne les dirigeants selon un milieu social précis, construit un processus de décision politique non pluraliste et qui ignore de fait une grosse partie de la population (notons que c’est déjà le cas dans le système actuel… très majoritairement délégitimé).

    Par exemple – un poil bidon –, soit-disant qu’il y a beaucoup de clientélisme chez les Grecs : une habitude clientéliste se satisfait très mal d’un système démocratique formel tel qu’on l’entend en Occident (élections, pouvoirs séparés, professionnalisation du pouvoir, c’est un modèle qui repose en fait sur la délégation du pouvoir parce que l’*homo economicus* moderne ne veut pas l’exercer), par contre une habitude clientéliste se satisferait très bien d’une démocratie directe d’assemblée (régime qui repose sur l’exercice du pouvoir et c’est tout ce que je leur souhaite). Mais ça, quel système politique convient le mieux à un peuple donné, en fonction de ces habitudes propres, de ces traditions, de ces coutumes, personne ne peut le deviner à la place du peuple lui-même. À ce propos je ne peux m’empêcher de citer E. Todd, qui a fait un travail là-dessus : vulgarisation ici.

    La démocratie, en-dehors de tout le cirque médiatique et politicien, a cet immense avantage, c’est viscéral, d’assurer une certaine représentation de milieux sociaux diverses (même si c’est très largement limité par le fait que les politiciens finissent par former une classe en tant que telle). En fait, à l’heure actuelle si ce sont les classes moyennes qui tiennent la barre, d’élection en élection l’abstention est de plus en plus forte, les gros partis de plus en plus ébranlés (Hollande c’est ~20 % des inscrits…). On est dans une période charnière où il est difficile de parler de démocratie pour énormément de gens qui ne s’y reconnaissent pas, parce qu’ils ne sont pas la base sociale du régime actuel et le régime le sait, donc ne fait rien pour eux : par exemple les socialistes le disent explicitement, en dehors de la comédie médiatique, qu’ils sont là pour les classes sup’.

    Comme la France n’a jamais été démocrate, la période charnière est compliquée et la transition difficile. Je crois qu’il y a, malgré tout, aussi beaucoup de gens des classe moyennes sup’ (j’en fait partie et dans mon milieu social c’est le cas d’une part non négligeable de personnes) qui ont aussi absolument leur claque de ce système dont elles se sentent de plus en plus exclues (en faveur de la couche la plus haute de la société). En Grèce c’était pareil.

    Au passage, selon Hannah Arendt, la gouvernance technocratique, bureaucratique en fait, est un trait que partagent impérialisme et totalitarisme : les peuples ne sont plus gouvernés selon leur volonté propre, mais selon un objectif (au hasard… la croissance ou le remboursement de la dette) placé au-dessus d’eux et qui prime sur toute autre considération humaine. En Irak Naomi Klein décrit un processus similaire.

    La République des philosophes de Platon se basait déjà sur l’idée qu’il y aurait des “sachants” (idéalisés et utopiques si j’en crois la notice Wiki) qui sauraient mieux que tout le monde et donc qui doivent gouverner. Comme quoi, c’est un vieux, très vieux problème politique…

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 0.

    Me voilà repeint en fanatique et membre de secte ! Quelle mauvaise foi !

    Je suis certainement trop bête pour vous suivre.

    Juste remplis de préjugés et incapable de les remettre en cause : pour vous un anticapitaliste est manichéen. C’est pas pour rien que je parle de structuralisme ou que je cite Tolstoï : dans La guerre et la paix, ce sont des gens parfaitement humains, sans cornes, comme vous et moi, avec des préoccupations des plus banales : on parle pourtant d’une tuerie qui a approché le million de morts (de souvenir).

    D’une manière générale, la sociologie, ou tout simplement le bon sens humain, permet de comprendre que les conséquences de nos actes dépassent largement nos intentions, ce d’autant plus que nous exerçons le pouvoir. Les capitalistes ou leurs supporters, pour la plupart, sont ainsi. La preuve avec vous : vous refusez qu’on puisse étudier le capitalisme, qu’on puisse en analyser les conséquences néfastes. Personnellement ça ne m’empêche aucunement d’en reconnaitre des conséquences positives : par exemple le progrès technologique lui est imputable pour une bonne part.

    Vous ne pouvez de toute évidence pas avoir basculé dans une idéologie simpliste et extrême non plus, parce que "vous êtes trop cultivés pour ça".

    Ben vu la façon dont je me fais traiter. Je sais où je me situe. C’est juste que quand on me prend de haut, je montre que j’en suis capable aussi (et à vrai dire c’est toujours un plaisir de le faire, particulièrement en économie où je sais que ça en énerve plus d’un).

    À propos de manipulation et de raison. Vous utilisez ici un procédé rhétorique qui utilise l’ironie. Mais fondamentalement vous ne démontrez absolument rien.

    ce sont ce sont ceux qui se croient les plus érudits qui sont souvent les plus vulnérables à la manipulation

    Oh, je peux aussi vous citer quelques références philosophiques (Aristote et Nietzsche c’est plutôt de l’anti-érudition) si vous y tenez… Mais là j’ai bien peur que vous le preniez encore plus mal ! :)

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 0.

    Ça alors, quelle mauvaise foi !

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 1. Dernière modification le 29 août 2013 à 18:26.

    Les libéraux (pas les néo-) ne sont pas fascistes, naïfs au mieux oui (au pire corrompus), fascistes non. C’est le style Plenel, Hollande, par exemple. Eux considèrent que dans la société, il y a différentes classes sociales : c’est la base du pluralisme, et donc de la démocratie, que d’admettre cela. Ils n’attaquent pas les syndicats, car ils sont précisément dans leur construction idéologique un relais dans l’exercice d’un pouvoir qu’ils désignent comme démocratique : les classes sociales doivent négocier. Par exemple, c’était l’esprit de l’ANI : “les partenaires sociaux se rencontrent et négocient”. Les libéraux de gauche prennent pour arguments ceux des syndicats des travailleurs, les libéraux de droite ceux des patronaux, idéalement. Les couillons croient en jaugeant les arguments des uns et des autres qu’ils participent à un débat démocratique. Encore que, pour les libéraux pas trop boulets, on arrive à discuter avec eux car ils ont conscience du rapport de force asymétrique entre les deux partis en présence : en l’occurrence les conditions dans lesquelles se sont déroulées la signature de l’ANI ont été déplorables (soupçons de corruption, problème de changement de représentativité – ceux qui ont signé était minoritaire –, campagne médiatique). Mais en pratique la droite s’attaque directement aux syndicats des travailleurs et refuse l’idée même de la négociation qui suppose une confrontation et un rapport de force : et ça c’est du fascisme.

    Moi même ne suis pas communiste, et suis marxiste au sens où j’adhère à l’analyse marxiste (ce qui est la moindre des choses en fait), mais pas à ces positions politiques (qui sont communistes). Sur les question économiques, j’imagine plutôt un mixte entre un secteur “service public” puissant pour tout les domaines concentrés de l’économie (ça c’est du communisme, mais en réfléchissant très sérieusement aux enjeux de pouvoirs : mis en place de processus de démocraties internes, institutionnalisation d’un 4ème pouvoir “économique”, etc.) ; il est question de création monétaire dans un des fils : il doit y avoir un établissement de crédit public puissant, avec des objectifs politiques démocratiquement définis (social et écologie pour ma part) ; pour le reste du secteur économique, une des bonnes pistes est celle des SCOOP : le capital doit appartenir à ceux qui l’utilisent (c’est de la propriété privée, ni plus ni moins), et le contrôle des entreprises (décisions stratégiques) doit se décider en AG des “travailleurs-capitalistes” avec 1 individus = 1 voix, et avec une élection du dirigeant et du CA de l’entreprise pour la conduite des affaires courantes.

    On peut imaginer un système de transition : pour les très petites entreprises, on reste sur un structure capitaliste classique, puis, dès qu’on atteint par exemple 10 employés, ceci obtiennent juridiquement quelques pouvoirs stratégiques, 20 encore d’autres, etc. et dès que l’entreprise atteint une taille suffisamment grande la SCOOP devient obligatoire. Fondamentalement c’est très raisonnable comme proposition, sans idéologie et très pragmatique : il y a déjà juridiquement une classification des entreprises suivant leur taille avec des obligations différentes, la SCOOP ça existe et ça fonctionne, la démocratie on connait. On peut d’ailleurs y aller progressivement, parce que sur le papier c’est tout beau, mais il faudra analyser petit à petit ce que ça donne.

    Les patrons qui voudront garder une structure capitaliste limiteront la taille de leur entreprise (ça luttera contre la concentration du capital et j’ai dans l’idée que dans les petites structures les dirigeants sont relativement réceptifs à ce que disent les salariés), tandis que les autres admettront une idée toute simple : les salariés d’une entreprise sont concernés par le devenir de la dite entreprise ; en conséquence de quoi ils sont parfaitement légitimes à prendre des décisions démocratique la concernant. Et ça, j’ai dans l’idée que ça plairait à énormément de salariés : qui n’a jamais rencontré un chef un peu con, qui empêche ne serait-ce que faire son travail correctement ?

    Comme on resterait sur une économie de marché, non capitaliste, la pression de votre sacro-sainte concurrence ne devrait pas trop changer. Au pire, il faudra mettre en place des “associations de consommateurs” qui auront des pouvoirs dans les (grosses) entreprises.

    Mais revenons à nos moutons.

    Avoir conscience du rapport de force social, ça nécessite de bien identifier la nature des arguments des uns et des autres. Par exemple quand le patronat dit qu’il y a le chômage et qu’il faut donc baisser le salaire : cela signifie que pour lui le chômage de masse est un excellent moyen de faire pression sur les salaires ; autrement dit c’est juste un prétexte, mais fondamentalement le patronat n’aura aucun intérêt à une politique de lutte contre le chômage. Tout ce qui l’intéresse, c’est la baisse des salaires, donc le chômage de masse doit perdurer. Ceux qui croient qu’en baissant les salaires, on lutte contre le chômage, sont de grands benêts (en l’occurrence à celui qui me fait le coup de la loi de l’offre et de la demande, je le renvoie au chapitre 24 du Stiglitz Le modèle de plein emploi – d’ailleurs l’utilisation de “connaissances” économiques est aussi un autre exemple de rapport asymétrique).

    De même avoir des allocations chômage correctes participe à un rapport de force en faveur des travailleurs : solidarité totale avec eux. Idem pour le droit de grève. Parce que mon intérêt collectif se situe avec eux plutôt qu’avec les patrons. C’est comme ça, je n’ai pas choisi d’être patron : le jour où j’aurai une idée commerciale peut-être… Mais pour l’instant mon choix politique est conforme à ma situation sociale actuelle.

    Politiquement il convient de savoir où se situe son intérêt politique en tant qu’individu appartenant à un groupe social (une classe), et de le défendre. Et ça c’est la démocratie.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 2.

    Sur le marxisme, qui est un modèle économique pour décrire le capitalisme, particulièrement pertinent sur le long terme et dans les immenses problèmes politiques qu’il pose :
    Pour être socialiste, Léon Blum.
    L’impérialisme, stade suprême du capitalisme
    Ici ou là quelques articles de vulgarisation du Capital (ça c’est pas toujours évident).
    Les origines du totalitarisme, Hannah Arendt.
    La stratégie du choc, Naomi Klein.
    L’idéologie Allemande, Karl Marx.

    Sur la démocratie (indispensable pour bien comprendre ce qu’est la lutte des classes, les enjeux de pouvoirs, et même la géopolitique) :
    Textes essentiels, Alexis de Tocqueville par J.-L. Benoît.
    Écrits politiques, J.-J. Rousseau
    Le Prince, Machiavel
    Discours de la servitude volontaire, La Boétie
    La Démocratie athénienne à l’époque de Démosthène, Mogens H. Hansen.

    Plus généraliste :
    Scoop le Pavé (à la fois la démocratie et le marxisme).
    @si notamment le travail de Judith Bernard qui vulgarise le structuralisme (que vous ignorez manifestement) : « Pour les structuralistes, les processus sociaux sont issus de structures fondamentales qui sont le plus souvent non conscientes. Ainsi, l'organisation sociale génère certaines pratiques et certaines croyances propres aux individus qui en dépendent. », cf. Wikipedia, or en politique c’est un outil précieux.
    Quelques petites vulgarisations de Bourdieu.

    Plus ludique, mais qui se prêtent très bien à une lecture sociale, historique ou politique, il y a les romans. Parmi les grands classiques et plus ou moins explicitement politiques : les Zola et Hugo bien évidemment, mais aussi Tolstoï ou Dostoïevsky (j’aime beaucoup le syncrétisme russe-occident), ou encore Dumas, comme exemples qui me viennent à l’esprit. Ne croyez pas qu’il faut mépriser ces sources : par exemple le personnage de d’Artagnan (Les trois mousquetaires) est typique de la petite noblesse de ce Moyen-Âge mourant qui subsiste grâce aux métiers d’armes et la suite (Vingt ans après) est encore plus explicite (cf. La fronde) sur les conflits qui engagent la bourgeoisie montante à participer en politique. Cette histoire-là, on la retrouve de manière plus cadrée dans des bouquins comme celui d’Éric Hazan, Une Histoire de la Révolution française (l’introduction).

    C’est l’avantage du chômage, ça laisse plein de temps pour lire. Alors j’ai bien conscience de faire le pédant. Mais au moins ça vous fermera le clapet concernant mon supposé simplisme et mon supposé manichéisme.

    Et maintenant est-ce que vous pourriez lire et répondre à ce que j'écris?

    Non. Les termes du débat, les références, et les opinions que vous me prêtez ne me conviennent pas. On pourra discuter lorsque vous aurez une solide formation intellectuelle et économique.

    D’ailleurs on parle de l’entrepreneur. Mais c’est comme pour les “chômeurs fainéant”, s’il y en a : ça représente une infime minorité de la population (~10 % d’employeurs, parmi lesquels il faut enlever les grands patrons, ceux qui font de la sous-traitance, ceux qui travaillent dans les professions dites “libérales”). Au final l’entrepreneur ne représente pas grand chose, démographiquement ou économiquement : pourtant sa figure monopolise certains débats publics.

    De même pour les arguments et ce que j’appelle les biais de raisonnement : ceux que vous m’opposez, vous et vos coreligionnaires, sont connus, ce sont toujours les mêmes. J’ai la patience de répondre pour certains, d’essayer de m’exprimer le plus clairement possible pour bien le faire comprendre, mais à un moment donné, je jette l’éponge, j’ai passé pas mal de temps à lire, et j’ai autre chose à foutre que de répondre à des gens qui eux ne font pas cet effort.

    J’ai donné mes références, il faut bien sûr les lire avec un esprit à la fois très ouvert et tolérant, mais aussi très critique.

    J’ai aussi un jugement moral sur les gens qui cautionnent, soutiennent le système capitaliste et y prennent part de manière importante. Mais je sais faire la part des chose, contrairement à vous, entre ma position politique et ce jugement moral. En l’occurrence faire du fric est intrinsèque au capitalisme : la maximisation du profit est une des premières choses qu’on apprend en cours d’économie. Et là je n’irai pas par quatre chemins : je hais ceux qui ont pour valeur et comme but dans la vie de faire de l’argent avec l’argent (ce qui est le principe même de la rémunération du capital).

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 3.

    Tout pareil. On peut faire honnêtement son boulot 35h/semaine, puis le reste du temps avoir d’autres activités : elles ne sont pas rémunérées mais elles sont créatrices de richesses (et je reviens à cette histoire de dimanche, durant lequel se développe une vie associative/sportive/familiale).

    D’un point de vue théorique, cela s’appelle l’extension de la sphère marchande, conséquence de l’extension infinie du capitalisme : tout doit finir par être une activité marchande rémunératrice, soit qu’on travaille soit qu’on emploie ou consomme.

    Exemple à la con : les rencontres amoureuses sont devenues un service rémunéré via site de rencontre ! Évidemment le premier intérêt se trouve dans les marchés où il y a moyen de faire beaucoup d’argent (re- les retraites et la sécurité sociale).

    Ceux qui bossent énormément pour un projet économique et un seul, n’ont pas plus de mérites que ceux qui, en dehors du boulot, passent du temps dans une association, aident dans la famille, etc.

    Mais même là je ne peux m’empêcher d’ajouter :

    Et même si en dehors du boulot on ne créé pas de richesses, on vit… tout simplement. Franchement, que ceux qui oublient jusqu’à profiter de la vie pour ne penser que boulot soient valorisés, ça c’est un truc qui me dépasse. Soit le boulot plait et on y passe du temps (pas besoin de rémunération supplémentaire), soit on profite de son temps de loisir à l’élaboration de son propre “bonheur”.

    je ne connais personne dans mon entourage (pas que aux USA, parce que sinon c'est trop facile ;-)) qui ne bosse pas plus que ce qu'ils sont officiellement censés faire, si leur boulot correspond à ce qu'ils voulaient faire en premier lieu.

    Dans mon cas, j’ai fini par penser, bien que c’était mon premier choix (mais peut-être me suis-je trompé de voie), que j’avais besoin de faire autre chose et de ne pas bosser plus que le nécessaire, histoire de changer d’air et de diversifier un peu mes activités.

    Faut que j’arrive à vendre ma lecture de loisir comme un “investissement dans un capital intellectuel”. Le risque est important : j’oublie. ;)

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 1.

    La crise trouve son origine dans la politique immobilière du gouvernement américain. La faute n'incombe ni aux banques, ni à l'économie mais à cause d'un gouvernement qui a pris une décision à la con. Par la suite le domino est tombé. Mais le capitalisme n'est pas le coupable de cette situation…

    Typique des raisonnements idéologiques qui s’arrêtent là où le bon bouc émissaire est désigné.

    Si vous étiez de bonne foi, la question suivante aurait été de se demander : pourquoi le gouvernement a pris cette décision. Parce que dire “parce que le gouvernement a pris une décision à la con”, ça ce n’est pas une explication scientifique et rationnelle. C’est juste de l’idéologie.

    Et là on entrera dans les explications sérieuses que je serai à vrai dire incapable de donner dans le détail et avec un grand risque de me tromper. Globalement on a permis l’endettement jusqu’à plus soif pour éviter de foutre que les classes moyennes se révoltent en se rendant compte que leur niveau de vie baisse, en face de l’endettement il y avait un surplus de capital financier qui ne trouvait pas de débouchés (d’où bulles spéculatives qui ont ébranlé l’économie de ces trente dernières années). Endettement et surplus de capital ont permis à des gens qui n’avaient pas les moyens de rembourser, d’emprunter tout de même. Ici il n’y a pas un acteur précis pour servir de bouc émissaire, il s’agit d’un système économique mis en place dont on sait qu’il provoque à terme de la spéculation et donc des crises : chaque acteur a fait à son niveau individuel un choix parfaitement rationnel (les ménages ont profité des taux bas, le gouvernement devait maintenir la paix sociale, donc ne s’attaquer ni au capital ni aux salariés, le capital se rémunère, etc.). Mais au niveau macro. ça a finit par planter.

    Rien n'empêche tout le monde de détenir du capital et des moyens de production

    seulement, pas tout le monde veut courir le risque

    Il faudrait savoir. Rien n’empêche de détenir du capital mais il y a un risque de le perdre. Ça sent bon la logique Shadocks tout ça.

    le marché permet de sélectionner les entreprises en en menant certains à l'échec

    Donc des hommes perdent le capital qu’ils détiennent. CQFD.

    Bah non. Il y a des tas de PME en concurrence et qui sont fiables en simultanée. Parfois il y a des monopoles (mais bonne nouvelle, les États-Unis et l'UE ont des dispositions pour limiter les actions de ces derniers pour éviter une distorsion du marché). Du coup il n'y a pas qu'un seul vainqueur et rien n'empêche que tout le monde sorte gagnant.

    Dans bisounours land. Dans la vraie vie les monopoles font pression sur la politique, ils en ont les moyens puisque précisément ils sont en monopole (cf. le too big to fail des banques) ou parce qu’ils jouent la corruption (question risque et prix des dessous de table, là encore ça vaut le coup dans une optique économique de calcul bénéfice-coût).

    Cf. mon gros commentaire sur la concentration dans le capitalisme.

    “Il était une fois deux banques, Caisse d’Épargne (CE) et Banque populaire (BP). On décida de les fusionner. Mais, olala, le risque de distorsion de marché était important : on va donc veiller à garder la concurrence et ne créer qu’une filiale commune. Que c’est bien. Puis la crise arrive. Finalement on va voir François Pérol s’occuper de finaliser la fusion, à cette époque là les distorsions de marché sont passés aux oubliettes, c’est pas notre faute, c’est la crise, qu’ils dirent tous en cœur. C’est pas de chance. Et François Pérol se retrouve à la tête de BPCE. Re-pas de chance alors…”

    Les oligopoles ne résolvent pas le problème car la concurrence n’y est qu’imparfaite. Il y a des tas de PME, certes, mais dans de gros secteurs clefs de l’économie : énergie (électricité, essence), industries agro-alimentaires, grande distribution, automobile, télécoms ce sont des oligopoles, minimum. Et pour finir, ces PME sont nombreuses, mais possèdent une part somme toute assez limitée de l’économie, aussi bien en terme de chiffres d’affaire, d’emplois, etc., d’autant plus qu’il s’agit souvent de sous-traitants de grosses boites.

    Un poste urgent à pourvoir, s'il ne trouve pas de preneur, t'inquiète que le salaire montera, sinon c'est que ce n'est pas urgent.

    Et accessoirement on fait pression sur la politique et les médias pour changer la donne du problème : on modifie politiquement l’équilibre de l’offre et la demande en faisant en sorte de faire baisser les allocations chômage, voir en les supprimant et en menant la vie dure au chômeur en faisant passer l’idée que les chômeurs sont à chier.

    C’est un calcul parfaitement rationnel auquel on assiste là : entre devoir augmenter les salaires pour satisfaire un certain équilibre de l’offre et de la demande, et faire du lobbying pour rendre les demandeurs d’emploi bien précaires (ce qui va modifier l’équilibre), le lobbying peut être avantageux. Or ce lobbying, aussi bien politique que social, existe. C’est cela qu’on appelle la lutte des classes.

    C’est juste que les travailleurs sont parfois un peu couillons et font pas le calcul rationnel inverse : ça a du bon d’avoir des alloc’ chômage élevées et que les chômeurs refusent des emplois. Évidemment, cela pose un principe de solidarité qui va à l’encontre des valeurs de compétition défendues à l’heure actuelle dans la société (comme par hasard…).

    Oui depuis la crise, les cas critiques augmentent et c'est triste. Cependant le chiffre cache le fait qu'il y a des postes disponibles et qui ne trouvent pas preneurs pour des considérations bizarres.

    Voilà, c’est exactement cela. Alors prouvez-le que ça représente une part non négligeable des chômeurs, pas juste quelques exemples basés sur des préjugés de DRH. Parce que “les considérations bizarres” ne sont pas les motivations réelles des gens dans leur décision, qui est loin d’être évidente à deviner… et en règle générale la “bizarreté” supposée des gens sont un indice qu’on ne les a pas bien compris, pas un indice de leurs erreurs…

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à -1.

    Tiens, un poncif d'extrême-gauche.

    Oh, allons-y pour le point Godwin…

    Vous savez, à une époque, j’étais sensible à l’argument des “dangereux-extrêmes”.

    Puis je me suis renseigné sur la réalité. Par exemple qui a voté Pétain : pas spécialement des extrémistes mais une grande majorité des parlementaires de l’époque, toute la droite et une partie des SFIO. Hitler a été mis au pouvoir par son prédécesseur de l’époque, qui aurait pu l’éviter. Comme dit dans un autre commentaire, le racisme était généralisé.

    Vu les positions politiques prononcées, notamment sur la question des référendums, les propositions d’union nationale qui trainent ici ou là, l’Islam, ou encore ce qui nous est vendu sous le vocable de “démocratie”, je sais où je me situe. Je veux pas dire, mais prenez Plenel, chantre de la démocratie et de la liberté d’expression, mettez-le à une table ronde, faites en sorte d’avoir un contradicteur dans la salle, un modérateur qui prend la parole : “monsieur taisez-vous. Plenel parle. Il est libre de s’exprimer” ; la liberté d’expression est devenu un privilège accordé à quelques uns pour censurer les autres. C’est un des innombrables retournements du sens des mots qui interviennent dans le débat politique, pourvu qu’on y prête un peu attention.

    J’ai finit par admettre l’idée que pour avoir une position politique un tant soit peu décente, il ne fallait pas trop considérer des arguments quantitatif du style : plus ou moins à gauche ou à droite, centre vs. extrême. Ces dénominations ne sont que la résultante de rapports de force sociaux, pas d’une construction rationnelle. J’adopte des bornes qualitatives : et la question des syndicats et des partis en est une. Ces organisations sont aussi critiquées à l’extrême-gauche (je ne suis pas l’extrême, ceux qui le sont sont précisément ceux qui, entre autres, critiquent les syndicats et les partis de manière plus ou moins importante), mais la critique est de toute autre nature.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 1.

    "capitalisme" et ses contours tellement flous…

    Ne généralisez pas votre cas. Le capitalisme a été très bien étudié, on en connait parfaitement ses limites. De même on sait grosso modo ce qui a planté ces trente dernières années et qui a conduit à la crise. Beaucoup de gens veulent passer à autre chose, ce qui coince à l’heure actuelle c’est qu’on ne sait pas à quoi passer. L’attitude, somme toute raisonnable, de la gauche actuelle tient dans la volonté d’explorer des pistes : et il y a énormément de chose possible à faire, aussi bien du côté de la société civile que du côté politique.

    Au final le capitalisme est tout entier sur l’idée qu’il faut des gagnants et des perdants. La richesse des uns se fait sur le dos des autres. On établit un système économique où on dit : ok les gars, c’est une compétition où un seul sortira vainqueur et remportera le gros lot, les autres seront ruiné. Ça c’est connu.

    Le pire c’est que vous-même vous en êtes venu tout seul comme un grand à cette analyse avec votre exemple de jeunes entreprises qui coule et ruine leur patron et d’une qui rafle le gros lot. Dans l’histoire ce n’est pas une question de travail, de mérite, de prise de risque : c’est juste la compétition, peu importe le mérite et le travail des autres, un seul finira par remporter le gros lot. Point.

    Si vous vous rendez pas compte toute l’horreur qu’il y a dans l’acceptation d’un tel système économique, et vous arrêtez sur quelque vocabulaire que j’utilise, alors je ne peux rien pour vous.

    Autre exemple, que le petit capital, que vous décrivez, ait des difficultés. C’est un grand classique, parfaitement prédit, parfaitement réalisé. Vous n’avez rien inventé. Par contre ce petit capital, allez savoir pourquoi, pas mal par ignorance je crois, s’érige en défenseur du grand capital, et en partage les options politiques, tout comme notre discussion le démontre (et historiquement, lorsqu’il se rend compte qu’il est le dindon de la farce, il se transforme en fascisme).

    Quand je parle de grand capital, je parle des grands groupes bancaires (mais aussi industriels) qui ont pris en otage l’économie française (à côté d’eux les gars de la SNCF sont des branquignolles) pour se faire renflouer (le fameux too big to fail). Eux par contre ne sont pas là pour jouer, savent très bien de quoi il retourne. À moins de vivre dans Bisounours Land, non, on peut le dire sans détour : ce sont des méchants, très méchants. Pas rigoler avec eux. C’est juste ne pas être naïf.

    En un sens votre position politique est extrêmement commune et ne croyez pas que je ne la connaisse pas. Mais j’ai fait un choix politique. Vous aussi, et le plus malheureux est que vous ne vous en rendez même pas compte que vous avez une position politique donnée.

    Par exemple le coup du “la haine du capitalisme c’est comme la haine de l’immigré”, c’est complètement bidon comme argument : si vous ne savez pas faire la différence entre s’attaquer à un sans-papier qui dort dans la rue sans protection à l’issue d’une analyse basée sur du préjugé et le type plein aux as sur la base d’une analyse de l’économie capitaliste qui a mobilisé quelques uns des plus grands intellectuels du XXè et des grands hommes politiques du monde moderne, alors je ne peux plus rien pour vous. :D Le truc avec le bourgeois, c’est qu’une fois qu’on a pris son argent, il n’est plus riche et n’a donc plus rien à craindre :D

    et que tous les chômeurs ne sont pas des malheureux au bout du rouleau qui ne savent pas quoi faire pour s'en sortir.

    Mais il n’y a que vous pour défendre ce préjugé depuis tout à l’heure. Je me suis contenté de signaler :
    1/ que cela pouvait être un choix de refuser un boulot parce que pas assez bien, c’est précisément le but, ça met une limite minimale à une tendance qui irait jusqu’à l’esclavage s’il n’y avait la borne inférieure des allocations ; Après tout, c’est la loi de l’offre et la demande qui participe à la hausse du prix-salaire. Marrant, quand elle est défavorable au patronat on ne l’invoque plus et on tombe dans des accusations bidons sur les chômeurs… Au fait votre DRH, après avoir essuyé des refus, il a augmenté le salaire proposé dans son offre ? Ou il a juste pesté contre ces “chômeurs fainéant” ?
    2/ que faire croire que tous les chômeurs ont individuellement et simultanément décidé de pas travailler c’est du bullshit. Le chômage a augmenté avec la crise, la simple logique dicte qu’il y a une relation entre la cause du chômage et la crise. Chercher la cause du chômage, de masse, dans la responsabilité individuelle des chômeurs, c’est juste, outre que ce soit typique de la pensée réactionnaire, complètement à côté de la plaque, un déni des réalités total.

    D’une manière générale l’emploi de ce genre de considérations : “ça plaît pas au chômeurs”, “les chômeurs sont au bout du rouleau”, sont des considérations psychologisante du comportement des gens, qui n’ont pas lieues d’être en politique (et qui marquent au passage une profonde inculture politique). Ce que sont les gens, leur nature, cela ne me regarde pas (pardon… mais une lecture sur le totalitarisme m’a fait ériger des barrières très nettes sur ce qu’il m’est permis de considérer en politique), je ne considère que les rapports sociaux (puisque c’est exactement le domaine de la politique) et les, innombrables, contraintes sociales à l’œuvre. Bref, je fait de la politique plutôt que de juger moralement et constamment les gens. Du coup, non, contrairement à ce que vous pensez je ne regarde pas les bourgeois comme des gens à abattre même si j’aime bien à l’occasion jouer la provoc’, c’est le capitalisme en tant que système économique qui est à abattre ça c’est clair. Idem pour les chômeurs ce ne sont ni de “pauv’ chômeurs” ni des “chômeurs fainéant”, jugements moralisateurs à deux balles. Choix ou pas de rester au chômage, c’est une situation qui a aussi des origines sociales profondes. En effet tout nos choix individuels sont des décisions prises en prenant en compte de tas de contraintes qui sont absolument indépendantes de notre volonté et qui sont le plus souvent des contraintes sociales. Ce qui m’intéresse c’est cela quand je fais de la politique. En l’occurrence en ce qui concerne le chômage, il faut arrêter de dire les chômeurs gnagnan, mais regarder du côté de la crise qui implique d’important changements socio-économiques qui impactent sur les décisions prises par les chômeurs.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 2.

    Big fail

    Les leçons que vous prétendez donner s’appliquent à vous même. Vous rejetez la faute sur les autres, sans vous rendre compte de vos propres turpitudes.

    Pour lutter contre la corruption, il n’y a pas de voie tracée et le contrôle à travers les élections n’est certainement pas la meilleure. Par exemple les hauts fonctionnaires ne sont pas élus, ils peuvent donc être corrompus ?

    Pour lutter contre la corruption il y a ça (par exemple), il y a la presse et les médias indépendants, la justice, etc.

    Et c’est bien ce que je dénonce chez vous : vous résumez tout aux élections. Ça c’est votre propre culture… Or les élections ne fondent pas la démocratie, elles n’en sont qu’un aspect. En fait c’est un bon moyen de déléguer et de ne pas se préoccuper des questions politiques, c’est-à-dire de pouvoir, c’est-à-dire de refuser sa citoyenneté.

    Le plus rigolo dans tout ça, c’est que vous tapiez contre les syndicats soit-disant sectaires. Alors prenons les dirigeants d’un syndicat conciliant, qui signe à peu près tout et n’importe quoi : la CFDT.

    http://www.lepoint.fr/confidentiels/la-tres-chere-reconversion-de-francois-chereque-23-01-2013-1619176_785.php

    http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-les-dirigeants-de-la-cfdt-apres-le-syndicat-une-carriere-juteuse-115035276.html

    Voilà, vous supportez des syndicats à la direction corrompue. Ça tout le monde le sait. Eux font effectivement tous les compromis parce qu’ils recevront de jolies petites oboles en retour. Alors s’il vous plaît : ne venez pas faire le donneur de leçon, parce que là vous êtes en tort et vous faites précisément partie des gens qui aident à la corruption.

    Vous voulez aider contre la corruption ? Déjà ne relayez plus la propagande sur les syndicats soit disant sectaires (en fait les non corrompus) et les autres soit disant conciliants (les corrompus).

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 4.

    C'est pas comme si ils étaient en dictature…

    Lol. Voilà. On vous expliquera un jour comment le pouvoir s’exerce dans nos “démocraties”. Le vote n’est qu’un élément très faible de l’exercice du pouvoir. Ça c’est l’idéologie démocratique.

    De l’initiative des lois à leur vote, en passant par leur élaboration, leur écriture, les négociations préalables, les débats en assemblées et en commissions, les pressions qui s’exercent sur les acteurs qui participent à l’exercice du pouvoir, il y a d’innombrables jeux d’influence. Ça c’est la réalité sociale du pouvoir, parce qu’un vote pour une étiquette, ça ne se traduit pas directement dans les milliers de décisions que les élus auront à prendre durant leur mandature.

    Des exemples : un porte-parole d’une association anti-pub. a participé à des négociations lors de la phase d’élaboration d’une loi concernant la publicité sur le milieu urbain, secteur dominé par decaux. Ils font leur petite loi, la période de participation de la “société civile” prend fin. Ils retrouvent la loi chez les parlementaires : elle avait changé par rapport à ce qui était convenu ! Et la modification opérée ne laissaient aucun doute : pil poil en faveur de decaux (une histoire de format des affiches autorisées pour correspondre exactement au format decaux).

    Une histoire similaire à propos du grenelle de l’environnement : la loi avait changé au moment d’arriver à l’assemblée.

    Idem pour l’ANI, en dehors des poncifs sur les syndicats, on peut être un peu sérieux, et voir dans quelles conditions cela a été signé, avec bien évidemment la propagande “les syndicats qui ne signent pas sont tous des sectaires”, et dont la représentativité devait changer peu après. Il faudrait s’intéresser à la nature des négociations, leur tenue, leur modalité, etc.

    Pour la crise bancaire, le fonctionnaire qui s’occupe d’un dossier sur deux banques en fusion se retrouve en pantouflage à un poste important de la banque résultante.

    Des trucs de ce genre, y’en a à la pelle pour la France. En local ce n’est pas non plus très beau à voir. Il suffit de se renseigner un peu sérieusement.

    Pour la Grèce c’est plus simple et plus catégorique. Énormément de Grecs considèrent leur gouvernement comme illégal et rapportent des manquements à leur constitution ou à la démocratie (dont un des épisodes récent est celui d’ERT). Donc oui : ils sont bien sous dictature. En Italie aussi, Monti n’avait absolument aucune légitimité démocratique (d’ailleurs il s’est ramassé aux élections quand il a daigné se présenter).

    Et là, je n’ai pas encore parlé sur la définition que vous donnez au mot “démocratie”, parce qu’il y aurait aussi beaucoup à dire de ce côté-là.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 2.

    Accessoirement on n’a pas envie de quitter sa famille, ses amis, sa culture, ses traditions, ses habitudes. Et si c’est le choix des gens, il doit être respecté. Il en va de leur liberté. Ce ne sont pas les Grecs qui ont mis leur économie sans dessus dessous, mais ce sont eux qui casquent par contre. Du coup ils vont faire pression à la baisse sur les salaires allemands, du coup vous allez avoir une montée de la xénophobie et du racisme.

    Dois-je rappeler ce que ça a donné la dernière fois que les allemands ont été racistes ?

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 3.

    Tu sais que plus haut, tu défends un revenu plus bas que le SMIC qu'on répartirait allègrement du nouveau-né au doyen sans aucun discernement, et ici, tu justifies qu'un mec refuse le SMIC parce que ça ne permet pas de vivre décemment?

    Cf. salaire net vs. salaire brut. Le revenu moyen que je propose est à comparer au SMIC net, vu que je le divise par deux (donc en l’occurrence tout ce qui est cotisations&co). Soit vous regarder le revenu brut et le comparez au PIB/hab. (mais perso. ça ne me parle pas et c’est trompeur je trouve), soit vous regarder le PIB/hab., grossièrement divisé par deux pour enlever tout ce qui est cotisations et impôts, avec le salaire net et en considérant de bon services publics (il faudrait aussi compenser l’usure du capital existant à vrai dire). J’ai dit que si ça n’était le loyer, et je sais que je ne suis pas le seul dans la situation ou le logement représente une grande part de mon budget, on vivrait bien même à 1000 €/individu. Après ce n’est qu’une moyenne, suivant la situation de chacun, il est clair que les niveaux de vie ne seront pas les mêmes.

    Indice: si tu relis le fil, tu verras que ma source n'est ni la télé, ni les journaux. C'est quelqu'un de bien réel.

    C’est vous qui avez cité le DRH ? Donc vous avez eu la version du DRH. Une version des faits. Pardon, mais ce n’est pas ma façon de réfléchir en politique. Franchement le DRH, tout ce qu’il voit ce sont des refus : il ne connait rien de la situation de chômeurs à part quelques vagues préjugés. Ça a beau être votre ami, vous avez le droit d’avoir un regard critique sur ce qu’il dit. En fait vos sources sont à l’image de la télévision : des DRH, des cadres, des gens qui gagnent bien leur vie, on en voit souvent. Des gens sur le fil… beaucoup, beaucoup, beaucoup moins.

    Pour le reste… la flemme de naviguer entre les arguments bidons du style “ah il est populiste”&co. d’autant que pour le PIB vous avez dit une énormité plus bas, vous faites bien de rappeler ce commentaire à mon bon souvenir.

    Entrer au capital d'une boite, par définition, oui, ça suppose que tu mettes la main à la poche. On appelle ça investir.

    1/ L’investisseur institutionnel ou celui qui brasse des millions, il diversifie ses investissements : il minimise de manière drastique les risques.
    2/ Moi je met mes petites économies. Si ça coule (c’est même pas mon projet), je n’aurai que mes yeux pour pleurer.
    3/ Avec mes petites économies, je ne serai qu’associé minoritaire, pas majoritaire. Si je sens que la boite se plante (et d’or et déjà il y a plein de trucs sur lesquels je ne suis pas d’accord), je n’aurai absolument aucun moyen de faire changer de direction à la boite : in fine c’est le majoritaire qui décide.

    Et c'est là que c'est drôle:

    Si la boite coule (comme la plupart des startup les 2 premières années), les employés prendront leurs indemnités et laisseront ce PDG ruiné sans se retourner.

    Si la boite cartonne, il deviendra très riche et on trouvera un tas de gens pour penser que c'est injuste, ça a marché grâce aux employés, il faut partager les richesses.

    Oui, c’est là où c’est drôle. Vous avez avalez tout le bullshit sur la prise de risque&co et n’acceptez pas que des gens aient d’autres buts dans la vie et d’autres aspirations que de risquer se ruiner. Oui, la plupart des boites coulent, le PDG aurait dû le savoir et être super prudent, s’il se retrouve ruiné, il n’a pas à entrainer du monde dans sa chute. Mais évidemment, à force de propagande sur les “entrepreneurs”, les “investisseurs” et j’en passe, on finit par faire croire à quelques couillons que c’est facile de monter une boite. Et ces mêmes couillons en veulent après à la terre entière (et notamment les salariés) d’avoir assurer leurs arrières, eux.

    Quant à croire que tout le monde deviendrait PDG si les gens prenaient des risques et j’en passe et des meilleurs : c’est vous qui êtes dans l’utopie. En effet…

    Voir la concentration du capital plus bas. Vous pourrez toujours trouver des contre-exemples, mais économiquement, par le simple jeu de la concurrence dans une économie moderne, vous avez une disparition de la petite bourgeoisie, et des grands “patrons” qui raflent tout. La haute-bourgeoisie française ce sont des héritiers hein… c’est un privilège de naissance. La figure de “l’entrepreneur”, c’est juste une figure de propagande, pas une réalité sociale ou économique, ou alors à la marge : le gros du PIB est obtenu par de grosses entreprises détenant une grosse part du marché (après ça dépend des secteurs économiques qui sont naturellement plus ou moins enclins à la concentration du capital). Comme vous dites, les petits patrons, ils galèrent et sont parfois très mal payés. Mais ils l’ont cherché, fallait être plus malin, et ne pas avaler tout cru tout ce qui se raconte.

    Globalement c’est bien simple : pour un mec qui réussit y’en a 100 qui coulent (chiffres bidons). Et ce quel que soit le mérite des uns et des autres : y’aura pas 101 PDG, parce que ce n’est économiquement pas viable. C’est le principe. Alors oui, ce n’est pas juste et les 100 qui ont été ruiné ont des raisons d’en vouloir à celui qui a réussi, malheureusement ces couillons préfèrent jeter la pierre à leurs salariés : couillon un jour, couillon toujours. C’est juste que les salariés ont été plus malins : ils ont décidé de ne pas joué à un jeu qu’ils savent pipé dès le départ. Parce qu’au final, socialement ce n’est pas tenable : même si je réussis je sais que ma réussite en aura laissé 99 sur le carreau parce que c’est le principe de la compétition : on en garde que quelques uns. Ceux qui gobent le coup de “l’investissement” et de “l’entreprenariat” sont juste de pauvres bougres qui n’ont pas compris de quoi il retournait. (Quand on a vraiment une bonne idée avec un bon modèle économique bien solide et validé par une clientèle déjà contactée, ça peut valoir le coup. Mais il ne faut surtout pas faire de l’entrepreneuriat pour le plaisir d’en faire…)

    Alors, perso. je n’ai pas envie de prendre de risques avec mes maigres économies. C’est mon droit, ma liberté. Je ne suis pas là pour jouer à la loterie avec des investissement qui ont neuf chances sur dix de couler, et accessoirement mes revenus, donc ma vie. Je rappelle à ce sujet que le jeu est une addiction est que ceux qui gobent toute cette histoire “d’investissements” et de “risques” sont de grands malades qui feraient mieux d’aller se faire soigner.

    Mais qu'à cela ne tienne: continuons à vociférer qu'il n'y a pas de boulot à cause de la crise, des entreprises, des riches, de l'évasion fiscales et un peu tout et n'importe quoi.

    Ben ça c’est une réalité. Vous n’allez faire croire à personne que le surplus de chômage ces dernières années est une décision simultanée de millions de chômeurs de ne plus vouloir travailler. C’est complètement débile comme thèse. C’est donc bien qu’il y a une cause extérieure, une contrainte qui les conduit au chômage et à y rester.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 1.

    le Dimanche n'est pas le jour du seigneur

    Dans ma famille, traditionnellement, c’était le jour des repas de famille (aucun pratiquant). Mais chacun son truc.

    Sinon je croyais que le dimanche c’était pour ouvrir les commerce, pas les crèches…

    Pour le reste, c’est un concours de poncifs. De toute façon, dès qu’une discussion touche à la question des syndicats et des partis on a le droit à tous les poncifs fascistes qui soient, de gens qui, manifestement ne savent pas grand chose du monde syndical.

    Mon père est syndicaliste, ça se fritte effectivement dans les syndicats et entre les syndicats parce qu’il y a des cons, ceux que vous décrivez, je les appelle les jusqu’au-boutiste. Mais ce sont des boulets, et ils ne servent pas à grand chose. Ceux qui font avancer le Schmilblick, ce sont les gens sérieux et il y en a, sans pour autant tomber dans le panneau des “compromis” et du “monde qui change”. La bourgeoisie et, en conséquence, les médias dominants mettent en avant les boulets pour décrédibiliser les syndicats. Point. Comme je l’ai dit, il ne faut pas avoir une vision naïve des syndicats : cela fait partie de la propagande patronale que de s’acharner contre.

    [long paragraphe sur le XXème siècle]

    Le monde évolue. Pour certains.

    Classique langue de bois. Discours creux et sans intérêts. Oui le monde évolue pour certains : certains savent l’analyser et le comprendre. Les autres se contentent de phrases creuses.

    Or je découvre le marxisme depuis peu, des intellectuels marxistes aussi (y’a eu pas mal de pub. sur ce site aussi, j’y participe à cela de ma modeste contribution). Même dans vos rêves les plus fous vous vous imaginez même pas à quel point c’est un outil puissant pour comprendre le monde actuel. En fait, c’est en étant marxiste qu’on a une vision à peu près lucide de là où on va (et ça fait peur à savoir). Notamment parce que la plupart des marxistes ont quelques connaissances historiques sérieuses, et à condition d’éviter le piège du déterminisme historique, c’est quelque chose de précieux, ensuite parce qu’on prend énormément de recul vis-à-vis des médias : de collections d’évènements et de faits sans queue ni tête, on apprend à hiérarchiser l’information et à reconsidérer ce qui est important ou pas.

    Par exemple vous pouvez parler de délocalisations, de libre-échange, de la Chine atelier du monde, du projet européen et de la menace musulmane : Lénine parlait déjà de tout cela en ~1916 dans le document que je cite en bas. Rigolo n’est-il pas ?
    Délocalisation, libre-échange et multinationale : nouveau terme pour dire “impérialisme” (exportation des capitaux)
    Chine atelier du monde, division internationale du travail (on a aussi : l’Allemagne fait de l’industrie de qualité, l’Angleterre fait la City pour la finance, etc.) : nouveaux termes pour dire impérialisme (concentration des capitaux au niveau mondial et partage entre puissance capitalistes de l’économie mondiale).
    projet européen : j’arrive personnellement à remonter jusqu’au XVIIIè siècle avec Rousseau qui en discute déjà à l’époque.
    menace islamique : Lénine note cela comme de la propagande colonisatrice.

    Alors votre monde, voyez-vous, il a près de 100 ans et en prenant une référence relativement contestable. Par contre, oui, il y a des choses qui ont changé, là on s’attaque à des livres comme celui de Klein cité plus bas lui aussi.

    Et je ne mentionnerai pas la haine des syndicats aussi vieille que leur existence : si vous croyez que votre critique des syndicats (ou des partis) est nouvelle et moderne, vous vous fourrez le doigt dans le nez : elle est aussi vieille que leur existence. C’est simple, depuis peu je m’intéresse au fascisme, c’est dingue les documents historiques qu’ils sont capables de retrouver pour justifier leurs arguments. Ici même sur linuxfr quelqu’un a relayé une “note pour la suppression générale des partis”, des années 30 ou 40… Sans commentaires. :/

    Votre argument des syndicats qui ne cherchent qu’à satisfaire que “leur base électorale” (supposés ne rien y comprendre, y compris à l’économie), est une critique à peine maquillée de la démocratie et tout aussi vieille : la réaction a toujours reproché à la démocratie de ne satisfaire que le bas-peuple (supposés ne rien y comprendre, y compris à la politique) pour préférer prêcher, au mieux le suffrage censitaire, au pire pas de suffrage du tout.

    Alors j’ai un grand scoop pour vous : dans une démocratie, pour faire entendre sa voix, il faut la donner.

    En politique si vous restez dans votre coin et attendez que tout vous tombe tout cru dans la bouche (qui a parlé d’argent et de beurre tout à l’heure ?) alors vous serez le dindon de la farce. Il faut se bouger le cul et agir, pas attendre que les autres agissent pour vous, car les syndicats ont les moyens qu’on leur donne : ce sont les travailleurs qui les font vivre et si ces derniers restent en dehors rien ne se fera tout seul.

  • [^] # Re: Qu'est ce qu'on y gagne ?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 4.

    J’ai une autre manière de voir que j-c_32, mais globalement ça revient au même et cela décrit la même réalité.

    Si une région n’est pas rentable, si on commence à tout privatiser, le privé va se barrer et aller dans des régions plus rentables. Comme il n’y aura pas d’infrastructures, lorsque les gens auront la possibilité de déménager ou les entreprises de s’installer, ils vont y regarder à deux fois et préférer une région mieux équipée. Du coup la région s’appauvrit encore plus.

    Parce que dans la réalité vraie, les adorateurs du beurre et de l’argent du beurre, ça n’existe pas. Je ne connais pas un cas d’un type qui a choisi une région pauvre ou un coin paumé en faisant le pari qu’il arriverait à peser politiquement pour avoir de l’argent d’ailleurs&co, et il faudrait être sérieusement timbré pour tenir ce genre de pari. Si je devais changer de région, je regarderai les infrastructures (transports en commun en particulier puisque je n’ai pas de voiture), les possibilités de travail, le prix du logement, les activités disponibles dans le coin, etc. Je n’irai pas voir à quel hauteur est financé le conseil régional ou encore si le maire serait capable de me tirer une ligne d’électricité, de bus, ou que sais-je encore, et je ne crois pas que beaucoup de monde le ferait.

    Au bout du bout de tout cela, on a une ségrégation géographique immense : les pauvres parqués dans un coin faute de sous pour se payer un loyer important, les riches dans un autre.

    Pour compenser cela, on a inventé un principe simple, c’est l’égalité des territoires. On s’arrange pour que les régions riches financent les régions pauvres (et c’est pas comme en Allemagne, au moins en France c’est quelque chose qui est plutôt bien accepté culturellement même si on tente de plus en plus de mettre en place une politique de concurrence entre les régions). Ainsi les régions pauvres peuvent se doter en infrastructures en tout genre, et peuvent donc avoir une chance d’attirer habitants et entreprises. Ça a l’immense avantage social de faire diminuer la pression démographique, écologique, etc. qui existe sur les régions riches et les villes, pour les répartir sur tout le territoire.

    Si ils restent la, c'est une volonté de leur part.

    Vous me payez un loyer en centre-ville parisien ? Pas un cagibi, évidemment.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 1.

    Le truc. C’est que les syndicats, ce sont des gens qui réfléchissent très sérieusement sur l’intérêt des salariés et les conséquences qu’auront telle ou telle mesure.

    Maintenant vous pouvez croire que vous tout seul, en suivant vaguement les médias généralistes vous arrivez à savoir mieux qu’eux ce qu’ils doivent faire. Mais en règle général, dites-vous bien que c’est faux et que vous vous feriez bien entuber sans eux (enfin… sauf si vous êtes patron :p). En règle générale c’est le contraire : faut veiller à ce que la direction et les négociateurs fassent correctement leur boulot et qu’il n’y ait pas de corruption, pantouflage &co.

    voir par exemple les blagues que nous ont fait les syndicats à refuser d'être de travailler le dimanche qui a conduit à ce que les employés perdent leur salaire double car la loi est quand même passée, mais sans le compromis donc sans le salaire doublé.

    Avec des “si” on met Paris en bouteille. Vous croyez que si les syndicats avaient accepté le “compromis” alors la loi serait passée avec : vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu’au coude. C’est une vision bien naïve de ce qu’est la politique : dites-vous bien que ceux d’en face ne font pas de cadeaux et que lorsque les syndicats signent, ils essaient tout de même de grappiller encore après, il suffit de voir comment ça se passe à l’heure actuelle, notamment avec l’ANI. Y compris en utilisant la corruption s’il le faut ou des moyens à la limite de la légalité (l’accord était pressant parce qu’il devait y avoir une reconfiguration de la représentation syndicale).

    Quant à la réflexion politique et les conséquences, vu l’argument que vous donnez, cela montre que vous n’y avez pas vraiment réfléchi : l’économie est un tout où les activités des individus fonctionnent de concert, si on autorise le travail du dimanche pour certains, ceux-ci vont avoir besoin des services d’autres personnes (leurs fournisseurs, les contacts avec leur clientèle, etc.), et, de fil en aiguille, c’est tout le monde qui se retrouve obligé de travailler le dimanche. Quant au salaire du dimanche, vous pouvez le gonflez artificiellement par la loi, au final c’est l’offre et la demande qui le déterminera (et la droite dans x,y années se fera un plaisir de vous le rappeler pour faire sauter cette disposition).

    Voilà, ça demande de réfléchir un peu plus loin que le bout de son nez. Et certainement que les syndicats ont d’autres arguments plus sérieux que les miens propres (on peut aussi considérer la vie associative, familiale, sportive, etc. qui sont des choses importantes qui se font traditionnellement le dimanche parce que c’est un point de rdv fixe dans la semaine ou les gens sont, à priori, libres).

    Quant aux syndicats, je n’ai pas la source mais j’ai cru comprendre que si le taux de syndicalisation et de participation aux élections étaient faibles, il n’empêchait qu’ils étaient parfaitement reconnus comme légitime par la plupart des gens (il faut sortir en dehors des médias qui font croire le contraire… par exemple, si tu me trouves sur les quais lors d’une grève de la SNCF je râlerai comme tout le monde, mais si tu me demandes s’il faudrait leur supprimer le droit de grève tu prendrais le risque de te prendre une beigne). De plus beaucoup de gens sont très critiques envers eux précisément du fait qu’ils ne sont pas assez offensifs.

    Sans compter que cette haine des “corps intermédiaires” que je rencontre ici est quand même un des grands marqueurs de l’extrême-droite… vous êtes sur un terrain glissant… À vous de voir.

    (Bon ceci dit, je reconnais qu’il y a parfois des cons, comme partout : il faut un peu chercher pour trouver des gens sérieux qui bossent leurs sujets, idem dans les partis, ce qui ne signifie en rien faire des compromis.)

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 2.

    Non, c'est le PIB. Ça peut être très très différent du bénéfice réel ou d'une quantification de la valeur ajoutée.

    Là, sauf votre respect, vous racontez n’importe quoi. Le PIB est la richesse réelle produite, et c’est donc la valeur ajoutée totale. Grosso modo, soit on quantifie la valeur des biens finaux, pas intermédiaires, soit on mesure le valeur ajoutée apportée à chaque étape de la fabrication, dans les biens intermédiaires donc. C’est équivalent.

    Explication en détail, d’extraits des Principes d’économie moderne, Stiglitz.

    Il existe, dans la comptabilité nationale, trois façons différentes de mesurer le PIB […], chacune aboutissant au même résultat. […]

    À première vue, la mesure du PIB est une tâche simple. Elle implique de connaître les valeurs monétaires de tous les biens et services vendus dans un pays, puis de les additionner. Malheureusement, les choses se compliquent dans la pratique quand il faut d’abord faire la distinction entre les biens finals et les biens intermédiaires. Les biens finals […] sont vendus aux consommateurs. Les biens intermédiaires servent à produire d’autres biens […]. Le calcul du PIB dans l’optique de la production des bien finals consiste à additionner la valeur totale des biens et services produits, classés selon leurs utilisateurs finals.

    Cette distinction entre bien finals et biens intermédiaires est indispensable parce que la valeur des biens finals inclut la valeur des biens intermédiaires qui entrent dans leur fabrication. […]

    En bref. Le PIB est égal à la consommation plus l’investissement plus les acquisitions publiques plus les exportations moins les importations.

    La deuxième façon de calculer la valeur du PIB consiste à étudier directement les biens intermédiaires. La production de la plupart des biens se déroule en plusieurs étapes. Prenons le cas de l’automobile. […] La différence entre ce que le fabricant d’automobiles paie pour l’achat des biens intermédiaires et ce qu’il reçoit en échange des produits finis qu’il vend est appelée valeur ajoutée de l’entreprise […]. Le PIB peut être mesuré en calculant la valeur ajoutée à chaque stade de la production.

    (une troisième façon de calculer le PIB est de regarder les revenus : salaires, intérêts, etc.)

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 6.

    Après tu peux reprocher à la boite de ne pas augmenter les salaires pendant que je peux reprocher au chômeur de ne pas revoir à la baisse ses attentes.

    On peut aussi regarder du côté de la rémunération du capital…

    Ouai, donc si le chômeur ne trouve pas de boulot c'est parce que le ratio salaire/compétences qu'il propose n'est pas viable économiquement.

    Et donc, on fait quoi ? On le laisse crever ? Tout ça parce qu’on n’a pas ne serait-ce qu’envisager qu’on pouvait réduire la rémunération du capital ou les inégalités de revenus ?

    Dans une économie extrêmement productive comme la nôtre, avec des miracles de technologie, des méthodes d’agriculture qui nous débarrasse définitivement de tout risque de famine, on n’est pas capable de subvenir aux besoins de tout le monde ?

    C’est une simple question de bon sens. On a les moyens technologiques et productifs de se la couler douce. D’ailleurs même avec les taux de chômage aberrants actuels, la production est relativement stable (pas de croissance = production annuelle de richesses stable).

    Une partie des chômeurs (et je dis bien une partie des chômeurs) est au chômage par choix, parce que l'alternative (le boulot "pas assez bien") ne leur plait pas.

    Ou le job proposé ne leur permet pas de vivre décemment. C’est quand même dingue ce déni total de la réalité. Encore la propagande du chômeur qui veut pas bosser, etc. avait quelques chances de réussite avant la crise, autant maintenant, avec la crise, ça n’a plus une once de crédibilité.

    Vous croyez vraiment que des millions de chômeurs ont décidé comme ça, tout d’un coup, en quelques années, que ça les faisaient chier de travailler ? Non. Ils ne l’ont pas choisi : ils ont été mis à la porte ou leur contrat s’est terminé. Ils ne l’ont pas choisie la crise.

    Après évidemment, si à ces chômeurs vous leur offrez comme alternative : “tu bosses pour des clopinettes ou tu crèves”, alors effectivement, vous allez régler le problème du chômage. C’est une manière de voir les choses, mais vous n’avez pas l’air de vous rendre compte de ce que vous voulez, parce que ça a un nom : c’est, très formellement et très rigoureusement, de l’esclavage.

    Ça m’énerve les gens qui se contentent de répéter les poncifs habituels, qui sont véritablement des horreurs qui plus est, d’autant qu’au niveau macro. la richesse est là et permet de subvenir aux besoins de tout le monde.

    Alors non, je considère qu’il faut des minima sociaux et des allocations chômage. Et si les chômeurs refusent un boulot parce qu’ils ne sont pas bien payés ils ont parfaitement raison et c’est normal. Merde, ils vont pas accepter non plus n’importe quelle offre, y’a une limite à ce qui est acceptable : et ce sont précisément les allocations qui la fixe ; le chômeur fait son calcul, regarde si le salaire proposé lui permet de rentrer dans ses frais, etc. Et il décide en fonction. Si effectivement le salaire proposé est trop bas il a raison de refuser. Merde, il faut payer maintenant pour avoir un travail : on me proposait de participer au capital d’une boite en cours de création sans salariat, et j’ai suivi des hautes études : c’est pas un problème de compétences.

    C’est facile de se faire donneur de leçon quand on a bien creusé son trou et qu’on a un revenu stable. Mais allez voir des chômeurs, des vrais, pas ce qu’on dit d’eux à la télévision ou dans les journaux, essayez de comprendre leur situation dans le détail et la complexité. Vous vous rendrez compte que s’il font des choix ce n’est pas parce que “ca leur plaît ou ne plaît pas” mais qu’ils ont des raisons légitimes, qu’ils réfléchissent à leur situation, etc. Ils ont leur propres raisons de refuser un job, et ce n’est pas parce que vous les ignorez ou que vous êtes incapable de les comprendre qu’ils sont inconséquents ou que c’est une question de “plaisir”.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 4. Dernière modification le 28 août 2013 à 12:34.

    J’ai simplifié les choses de manière caricaturale : évidemment les intérêts glisseront de manière progressive entre un jeune actif qui n’a pas encore de patrimoine, l’actif qui est sur le point de partir à la retraite (patrimoine maximum mais revenus liés au salariat encore importants), et le retraité (revenus exclusivement issus du patrimoine en diminution).

    il y aura un équilibre [entre la demande et l’offre]

    Cet équilibre ne garantit pas que le niveau de vie des retraités soit assuré, ni d’une certaine justice sociale (répartition relativement équitable de la richesse produite entre actifs et inactifs). C’est le politique qui va entrer en action pour cela, et des moyens vont être mis en œuvre pour modifier cet équilibre (à travers la politique monétaire notamment).

    Tant qu’on y est, il y a un autre argument, moral cette fois-ci, contre la retraite par capitalisation. C’est ton histoire d’équilibre qui m’y a fait penser, parce qu’un des mantra de l’économie classique est celui de l’information parfaite (pour un équilibre des prix qui reflète l’utilité réelle des biens échangés). Dans le cadre de la recherche et pour essayer de comprendre l’économie, l’information parfaite est une hypothèse de travail qui, bien qu’absurde, a sa légitimité (j’ai fait de la recherche, on a tout le temps des hypothèses grossières, mais on fait avec et on affine au fur et à mesure qu’on a des résultats de plus en plus précis). Mais dans la réalité, et pour des décisions politiques, il ne faut pas faire un mantra de la loi de l’offre et de la demande. En l’occurrence l’hypothèse d’information parfaite est grossièrement mise en défaut : dans un système de retraite par capitalisation, on met de côté pour un avenir parfaitement inconnu.

    Or, Globalement, on individualise un système de retraite, la capitalisation est de la responsabilité de chaque individu¹ tandis que la répartition est un système collectif. Si au niveau macro-économique, comme je l’ai dit au-dessus, quel que soit le système les actifs courants produisent pour les inactifs. Au niveau micro, c’est différent ; personne n’est capable de savoir : combien de temps il vivra et quelles seront ses dépenses de santé quand il sera vieux, ni quelles seront les conditions économiques. Donc personne n’est capable de savoir combien il devra mettre de côté, sans compter qu’il faudra à chacun un BAC+9 en économie pour comprendre les taux d’inflation, les taux d’intérêts, faire les bons investissements, etc. Bref : c’est la loterie assurée.

    Perso., j’ai pas spécialement envie de jouer ma vieillesse à la loterie (loterie réservée au plus pauvres qui plus est). Alors que collectivement les différences individuelles sont gommées par les statistiques (typiquement les dépenses de santé ainsi que la démographie d’un grand nombre d’individu sont relativement stables d’une année sur l’autre). Chacun obtient droit à une vieillesse décente : je ne sais pas à quel âge je vais mourir ni quelle santé j’aurai, ça fait partie des “accidents de la vie” auxquels on n’y peut rien, mais au moins, ma retraite et mes dépenses de santé sont assurées par la collectivité (financée par ma juste contribution à laquelle j’accepte de bon cœur de participer), tant qu’il est techniquement possible de me soigner. Et là, c’est bien évidemment un choix moral, c’est-à-dire de valeurs de société, entre individualisme forcené et solidarité. (Politiquement cet individualisme forcené est souvent vendu sous la forme d’un darwinisme social².) La solidarité permet précisément de faire face aux aléas de la vie, tout ce qu’on ne contrôle pas et qui nous tombe dessus.

    D’ailleurs, il existe un autre système de retraite qui pourrait bien réapparaître si on abandonnait la répartition : les enfants subviennent aux besoins de leurs parents. C’est de la répartition mais au niveau familial plutôt que national, avec tout ce que ça implique en termes démographiques (natalité importante pour diminuer les risques, aléas de la vie toujours importants concernant une famille). Comme dit Parisot “la vie est précaire” : et bien rendons-la plus agréable autant qu’on le peut ! et la solidarité nationale est un excellent moyen.

    ¹ En apparté, j’imagine déjà d’ici les discours de la droite française dans un système par capitalisation : pour les retraités qui ont un mauvais niveau de vie, toute la faute sera rejetée sur eux.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 2.

    Oui, il y a problème de motivation : celle des employeurs à augmenter les salaires (offre, demande, tout ça…).

    Alors comme on va me rétorquer : “mais les entreprises (ça ne concerne pas que la RATP) peuvent pas, sinon elles vont couler.”

    J’y réponds tout de suite :

    L’entreprise augmente ses prix pour refléter les augmentations de salaire. Si elle ne trouve pas de clientèle c’est qu’elle n’était pas viable économiquement (les couts de production dépasse le prix que les clients sont prêts à payer).

    Une des raisons est la faiblesse de la politique d'alignement des formations avec les besoins des entreprises.

    Problème de motivation encore : les entreprises pourraient très bien former les travailleurs en interne.

    Je trouve ça toujours rigolo de vouloir taper sur l’État, par contre quand il s’agit de former des travailleurs, on appelle l’État à la rescousse (ça s’appelle “externaliser les coûts”).

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 1. Dernière modification le 28 août 2013 à 10:11.

    En période de papy-boom, ça devient pire. Quand on y rajoute le chômage et les non-travailleurs, c'est tout simplement la catastrophe.n période de papy-boom, ça devient pire. Quand on y rajoute le chômage et les non-travailleurs, c'est tout simplement la catastrophe.

    2 000 G€/an. Ça c’est la production française.
    65 millions de Français. On va supposer une démographie stable (ce qui est pas trop mauvais dans le cas de la France).

    2 000 G€/an/65 millions d’individus/(12 mois/ans) = 2564 €/an/mois/individu. Du bébé, jusqu’au vieux de 99 ans, le revenu mensuel moyen individuel est de 2500 €. Vous divisez par deux pour financer l’existant (le collectif : santé, infrastructures, éducation ; mais aussi l’entretien du capital privé existant) : approximation extrêmement grossière, j’en conviens.

    Ça vous donne 1300 € mensuel par individu en conservant d’excellents services publics. Avec ça, il y a très largement moyen de vivre pour tout le monde, si ce n’était les loyers (je le mentionne parce que ça me concerne tout particulièrement, évidement les proprio. ont moins de problèmes ; il suffirait d’un effort très modéré — il y a suffisamment d’inactif pour construire du bâtiment — pour régler le problème).

    Il reste évidemment la solution miracle à balancer à chaque occasion: taxer les riches et les entreprises.

    Si seulement on en était là. Maintenant on ne les taxe pas ; on leur donne de l’argent via crédit d’impôts et intérêts sur la dette.

    La France ira beaucoup mieux quand les "partenaires sociaux" arrêteront d'être aussi cons!

    Pourquoi tant de haine ?

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 8.

    En fait on est d’accord : dans le système par capitalisation, en supposant une croissance du PIB, les retraités atteignent un meilleur niveau de vie précisément grâce aux mécanismes d’investissement et des taux d’intérêts. Globalement les taux d’intérêts réels (donc corrigés de l’inflation) doivent refléter la croissance (à démographie constante) pour que le niveau de vie des retraités soit identique à celui de la population active.

    Le problème est que l’inflation, les taux d’intérêts sont des variables économiques qui impactent sur, et sont impactées par, l’investissement, la consommation, la production, etc. auxquels le régime de retraite par capitalisation se retrouve lié de manière assez artificielle. Ça apporte une sacrée dose de complexité pour gérer à la fois les retraites et les politiques monétaire et économique.

    En bref : ce n’est pas le rôle d’un système de retraite de jouer les investisseurs.

    Cela peut même être très mauvais en créant une masse d’argent qui ne trouve pas à s’investir : par exemple dans le cas de la boulangerie, les “virages technologiques” ne vont pas chercher très loin… Du coup, l’argent se retrouvent dans des actifs pourris, des bulles spéculatives, etc.

    Et puis… en bon marxiste : les retraités sont obligés d’investir, ils vont faire pression politiquement pour avoir un taux d’inflation minimum et des taux d’intérêt nominaux élevés : ils auront des intérêts de capitalistes face aux actifs, les travailleurs. Question lutte des classes c’est pas bon du tout, doublement car on aura un conflit économique qui recoupera un conflit générationnel. À ce sujet, il y a un article du Diplo. paru il y maintenant plus d’un an, l’effroi du retraité allemand face au travailleur grec (cool il est en accès libre maintenant :) : le conflit économique devient à la fois conflit générationnel (du fait de la démographie particulière de chaque pays) et conflit entre nations… le beau bordel en perspective avec migrations, racisme et nationalisme à la clef.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 10. Dernière modification le 27 août 2013 à 22:02.

    Très prosaïquement, le système « ma retraite de demain c’est ce que je met sous mon matelas aujourd’hui » marche parfaitement sans nouveaux entrants.

    C’est totalement faux. Croire que la retraite par capitalisation fonctionne ainsi est une ânerie : vous mettez de l’argent de côté, mais cet argent il se bouffe pas, il ne protège pas de la pluie, il ne permet pas de téléphoner (et je ne vous conseille pas de mettre de la bouffe sous votre matelas pour votre retraite;).

    Ce que vous permet la capitalisation, c’est le fait de le dépenser le moment venu. Mais pour pouvoir dépenser son argent, il faut que la production courante suive : au moment de ma retraite j’espère qu’il y aura toujours des boulangers pour cuire mon pain du jour, des métiers du bâtiment pour entretenir ma maison, etc. Et je n’aurai un retraite décente que s’il y aura de nouveaux entrants pour continuer à produire de quoi subvenir à mes besoins lorsque je serai moi-même inactif.

    Prenons l’exemple extrême : il n’y a plus aucun nouvel entrant et les retraités ont des montagnes de billets sous le matelas. On va avoir une offre en monnaie importante (les retraités veulent dépenser leur argent pour subvenir à leurs besoins), mais pas d’offre de produits&services en face : les prix vont très logiquement augmenter à l’infini, on va avoir une inflation monstre (toute chose étant égales par ailleurs). Au final les retraités auront accumulé de l’argent… mais ne pourront rien s’acheter avec.

    Autre moyen de comprendre ce que j’avance : nos retraités d’aujourd’hui vivent avec des niveaux de vie qui sont les standards d’aujourd’hui, pas ceux d’il y a 30 ou 40 ans, du temps où ils ont travaillé (y compris s’il avaient été en système par capitalisation).

    Bon sang de bon soir, vu que la retraite va être un des sujets chauds de la rentrée, il faut se mettre cela dans le crâne une bonne fois pour toute : la vie des retraités dépend de l’activité économique courante, pas celle du temps où ils bossaient. Rien que par le fait qu’elle donne l’illusion du contraire, la retraite par capitalisation est une saloperie sans nom.

    En fait l’équation est extrêmement simple : parmi toute la production économique de l’année, on évalue combien doit revenir aux retraités, à titre de solidarité inter-générationnelle. L’avantage du système par cotisation, c’est qu’on peut “régler” cela de manière extrêmement simple sans se prendre le chou avec l’inflation, la croissance, les taux d’intérêts, etc.

    Pourquoi alors insiste-t-on tant pour une retraite par capitalisation, et pour détruire le système par cotisation ?

    « En 2007 les pensions représentaient 13,3 % du PIB français selon l'Insee, 13 % selon l'OCDE […] 261 G€ versés comme pensions en 2008. »

    Une telle somme d’argent qui échappe à tout profit, tout possibilité de spéculation… ça fait envie à beaucoup de gens.

    Petite astuce : arrêter de penser en terme d’argent, mais en terme de richesse réelle (c’est-à-dire la nourriture, l’habitat, etc.) permet de détecter une bonne partie du bullshit qu’on nous sert sous le vocable “d’économie”, comme je l’ai fait ici pour la retraite. L’argent n’est qu’un medium d’échange économique, et certainement pas un stockage de richesse à long terme comme on voudrait nous le faire croire pour le régime par capitalisation.

  • # Réhabilitons les bonnes vieilles habitudes !

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 8. Dernière modification le 27 août 2013 à 21:03.

    « PS: pour les trolls grossiers »

    C’est sympathique de remettre de la récursivité dans les journaux linuxfr, ça se perdait.

    Sinon, pour être un peu plus sérieux : quelques petites notions d’économie marxiste (enfin… de l’économie politique quoi, en dehors des idéologues néo-libéraux).

    Au passage on notera le cas plus que particulier du mec, voir son premier billet (un bourgeois \o/) :

    « Je suis associé fondateur d’un cabinet de conseil créé en 2006 fort d’une quinzaine de collaborateurs. Je ne suis pas dirigeant salarié et je me rémunère en facturant ma société en qualité de consultant exerçant en profession libérale. » (au passage on me fait la même proposition, c’est un piège à con ce truc…)

    Mais allons à l’essentiel :

    « Par principe moral j’ai quitté tous les monopoles (Télécom, Électricité, Gaz) »

    Là il faut être sacrément couillu pour relayer un truc comme ça sur un site d’informatique : typiquement un secteur économique bourré de monopoles… privés. Parions que par principe moral, le mec n’utilise pas Windows. ;)

    La concentration du capital est un grand classique de l’économie marxiste. Grosso modo, il serait irrationnel de démultiplier tout ce qui nécessite la construction d’un réseau (on consomme inutilement de l’énergie et des matières premières, -1 pour l’écologie), plus généralement, il y a des mécanismes (dont la concurrence) qui favorisent la concentration du capital, donc la formation de monopoles et d’oligopoles privés. En fonction des secteurs économiques c’est plus ou moins avancé, mais il faut faire preuve d’un sacré aveuglement idéologique pour ne pas s’en rendre compte.

    Pour un type qui est prêt à passer du temps pour comparer trente-six milles offres commerciales d’assurances (dans son monde rêvé), il y a un outil extrêmement efficace pour contrôler un monopole : ça s’appelle la démocratie (et oui… les administrateurs de la sécu. furent élus…). Évidemment il faut passer du temps à contrôler les élus, et, horreur !, ici 1 individu = 1 voix, et pas 1 € = 1 voix.

    Sur la concentration du capital si ça vous intéresse, j’ai un long texte qui traine. C’est une réactualisation perso. du texte de Lénine sur l’impérialisme, voici les parties intéressantes sur la concentration et les banques :

    Le capitalisme est passé par plusieurs phases successives durant la seconde moitié du XIXe et le début du XXe. Lénine se sert du résultat de Marx décrit dans Le Capital, qui stipule que le capital a tendance à se concentrer avec le temps (la concurrence entre les entreprises les incite à croître [1]) ; l’activité économique est décidée par un nombre d’agents de plus en plus faible. D’abord le capitalisme se déploie en régime libéral : les entreprises sont nombreuses & petites ; le capital est peu concentré. Dans ces conditions, la concurrence s’applique et la “loi du marché” domine ; les prix sont essentiellement fixés par l’équilibre entre l’offre et la demande. Ensuite, durant sa phase transitoire, le capitalisme va former des oligopoles, typiquement à l’occasion d’un crise où les entreprises les plus fragiles disparaissent. Dans ces conditions les prix sont fixés par les agents économiques. Dans le cas où l’oligopole ne forme pas d’entente, la théorie des jeux, initiée par John F. Nash (postérieur à Lénine), offre un cadre d’analyse du comportement des agents économiques ; mais l’entente — partage de marchés, accords sur les prix, suppression de nouveaux concurrents, etc. — peut être explicite et plus ou moins légale.

    Pour quantifier la concentration, la statistique présentée est la comparaison entre le pourcentage de moyennes ou grandes entreprises, seulement ~1 % début XXe, et le nombre d’employés qu’elles emploient, ~40 %, ou encore la valeur ajoutée de ces entreprises. Ainsi, on réalise que la détention d’un grand pouvoir économique revient à une minorité de personnes. Sur des données contemporaines, nous retrouvons une concentration supérieure : dans l’énergie les dix premiers groupes¹ affichent 94 % de la valeur ajoutée et emploient 92 % des effectifs salariés, l’industrie de l’automobile est aussi très concentrée, et d’une manière générale les dix premiers groupes des autres secteurs présentent toujours un poids non négligeable [2]. Autre exemple : les 229 grandes entreprises² françaises emploient 31 % des effectifs salariés, si l’on exclut les activités financières les 200 grandes entreprises réalisent 36 % du chiffre d’affaire total [3].

    Les entreprises profitent de leur taille pour créer des combinaisons. L’objectif est de contrôler l’ensemble d’une filière, de l’extraction des matières premières à la distribution des produits à haute valeur ajoutée au consommateur. La combinaison permet de réduire les coûts, et surtout de rendre l’entreprise moins sensibles aux différences de variations de prix lors d’une crise (les prix des matières premières évoluent moins vite que ceux des produits destinés à la consommation). Total par exemple est une entreprise dont les activités vont de la découverte de stocks d’hydrocarbures jusqu’à la distribution en station-service, en passant par la pétro-chimie [4].

    Les mécanismes de concentration, qui rendent les oligopoles stables et peu inquiets de nouveau concurrents, sont connus. Les investissements importants fournissent une barrière d’entrée à tout nouvel agent voulant s’installer sur un marché. La rentabilité est bien meilleure dans de grands groupes, ce qui les rend extrêmement compétitifs face à de petites entreprises. Lors d’une dépression de l’économie, comme il y a eu en 1870—1880 (1873 est l’année d’une grande crise et de scandales financiers), les grandes entreprises résistent mieux. Ainsi, la concentration s’accélère dans les compagnies de transport aérien, comme conséquence de la crise de 2008 [5]. De plus les oligopoles & monopoles peuvent développer des stratégies efficaces pour conserver leur statut : réduction des prix pour faire couler le concurrent, occupation sur des marchés peu rentables pour éviter le développement des concurrents, rachat de brevets non exploités, etc. Ces stratégies sont assez bien formalisées dans le cadre de la théorie des jeux ; elles obéissent alors à des règles qui ne sont pas celles de la concurrence parfaite et qui désavantagent donc les clients du marché [6]. De manière moins formelle, les oligopoles favorisent la corruption, l’emploi de moyens illégaux ou du moins de moyens immoraux. Dans le cas de Total, toujours, l’entreprise est impliquée dans bon nombre d’affaires [7].

    Il faut noter que les mécanismes de concentration se sont produit aussi bien en économie fermée, c’est-à-dire dans des pays avec une politique protectionniste, qu’en économie ouverte, avec libre-échange. C’est en 1900—1903 (crise) que l’économie devient toute entière basée sur les cartels d’entreprises, et donc essentiellement constituée de monopoles, ou de petits oligopoles. La concentration de l’économie permet de faire un inventaire détaillé des ressources disponibles, à l’échelle mondiale, et d’accaparer ces ressources au profit d’une minorité d’entreprises. De fait, la production est “socialisée”, bien que le monopole privé perpétue l’accaparement des profits.

    Et pour le secteur financier en particulier :

    Tout comme les industries, les banques n’échappent pas à la règle de la concentration sur un marché à l’origine concurrentiel. Pour rendre compte de cette concentration, la statistique utilisée est le pourcentage des dépôts dans les plus grandes banques. Par exemple, au début du XXe siècle on constate que les 9 plus grandes banques berlinoises concentrent près de 50 % des dépôts. On peut aussi suivre l’historique des fusions–acquisitions des groupes bancaires.

    En 2006, « en France, le groupe Caisse d’épargne a conclu […] un accord avec le groupe Banque populaire pour l’apport de ses activités de banque de financement et d’investissement à […] Natixis. La nouvelle configuration, autorisée par les autorités de tutelle, laisse les deux réseaux de banque de détail en concurrence » [9]. Et 2009 voit « la constitution d’un nouvel acteur de premier plan, le groupe BPCE, réunissant les groupes Caisse d’épargne et Banque populaire autour d’un organe central unique », « afin de […] faire face aux conséquences de la crise financière, notamment chez leur filiale commune Natixis. […] L’objectif était de donner naissance au deuxième groupe bancaire français, avec de 20 % à 25 % de part de marché sur les principaux marchés français, par la création d’un groupe bancaire unique » [10]. Il y a aussi les acquisitions d’activités à l’étranger, par exemple BNP Paribas — elle-même née d’une fusion [11] — récupère le groupe Fortis, en Belgique & Luxembourg, en difficulté financière (l’État belge avait acquis 100 % de la partie belge du groupe) [10]. C’est une des formes d’exportation des capitaux (par fusion–acquisition) sur laquelle on reviendra. « De grands mouvements de concentration bancaire dans certains marchés domestiques » sont relevés aussi en Italie et aux États-Unis [9]. D’une manière générale, les rapports 2007, 2008 et 2009, de l’autorité chargée de délivrer les agréments bancaires, font état de regroupements, au sein de réseaux mutualistes, de restructurations internes par absorption de filiales, etc., en établissant un lien avec la crise, ainsi que de la diminution du nombre d’agréments, perte de 16, 13 et 11 sur quelques centaines d’établissements habilités à traiter toutes les opérations de banque en 2007, 2008 et 2009 respectivement [10,12,13]. La restructuration des 15 premiers groupes bancaires français en 1996 les a concentrés jusqu’à 2008 à 6 groupes français, 3 étrangers et 1 franco-belge. Ansi, fin 2008, « les sept premiers groupes bancaires collectaient environ 90 % des dépôts et octroyaient près de 84 % des crédits » [13].

    En fait, la solution naïve, qui consistait à laisser couler les banques en faillite suite à la crise financière, aurait certainement accéléré le processus de concentration. Par contre la nationalisation, telle qu’elle a été initiée par exemple par l’État belge avec Fortis s’il n’avait pas reculé ensuite, était un bon moyen de rendre compte de cette “socialisation” de la finance, sans compter le pouvoir économique exorbitant qui revient, de fait, à un nombre réduit d’individus à la direction des sept groupes bancaires. En attendant, « le débat sur la taille des banques fait rage aux Etats-Unis, en Suisse, en Grande-Bretagne, le sujet n'a même pas été abordé en France » [14].

    [1] Article de Phil Gasper, Le Capital Volume I.
    [2] Statistiques INSEE, Concentration des entreprises.
    [3] Statistiques INSEE, Principales caractéristiques des entreprises par catégorie en 2010.
    [4] Page Internet de Total.
    [5] Comment EADS glisse des mains de la France, Martine Orange, Mediapart, 16 décembre 2012.
    [6] Principes d’économie moderne, Stiglitz, Chapitre 14 Les comportements stratégiques.
    [7] La page Wikipedia de Total contient une section entièrement consacrée aux accusations et procès contre Total.
    [8] Principes d’économie moderne, Stiglitz, Chapitre 24 Le modèle de plein emploi.
    [9] Les résultats des grandes banques internationales depuis le début de 2006, bulletin de 2007 en provenance de la banque de France, en particulier l’annexe 1, Les opérations de rapprochement bancaire depuis le début de 2006.
    [10] Rapport annuel 2009 du Comité des établissements de crédit et des entreprises d’investissement.
    [11] Description Wikipedia de BNP Paribas, avec l’histoire du groupe.
    [12] Rapport annuel 2007 du Comité des établissements de crédit et des entreprises d’investissement.
    [13] Rapport annuel 2008 du Comité des établissements de crédit et des entreprises d’investissement. En particulier la partie 3, section 4.5, Un secteur marqué par d’intenses restructurations et en concentration croissante.
    [14] BNP Paribas est-il trop grand ?, Martine Orange, Mediapart.

  • [^] # Re: Vive la cotisation

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 2.

    Vous allez provoquer des arrêts cardiaques là. Et après on s’étonne que la sécu. est en déficit (ou pas) !