Dans le cas de la pandémie, de toute façon il y a eu surtout des décisions technocratiques. Et quoi qu'il arrive, il y a des moments où elles s'imposeront. Peu importe comment on prends la chose : il y aura des réfugiés climatiques. Mais dire "aucun souci, ce n'est que X personnes à reloger" c'est avoir perdu de vue l'humain, c'est éviter toutes les questions de ce qu'on peut faire pour minimiser le drame qui s'annonce. Il ne s'agit pas juste de reloger, ou de faire face aux famines et aux sécheresses : il s'agit de la façon de reloger, d'accompagner les déplacements, de minimiser l'impact des évènements. On n'est pas juste dans le "combien", on doit être dans le "comment".
Pour revenir aux pandémies (celle qu'on a, ou la suivante, ou les précédentes) comme pour le reste, certaines décisions technocratiques sont nécessaires pour s'en sortir et on ne peut pas en faire l'impasse. Les confinements ou les campagnes de vaccination, c'était une nécessité (la façon dont c'est mis en œuvre peuvent se discuter, cependant). Mais ça serait bien aussi qu'à un moment on sorte le nez des chiffres pour s'intéresser à l'humain. Cela pourrait même donner lieu à des solutions tout aussi technocratique mais dont l'objectif serait que les individus, et par là le groupe entier, se sentent mieux. Envisage-t-on de soutenir et mettre plus de moyen dans le milieu médical ? D'améliorer l'accès aux formations de santé ? De former tous les citoyens, gratuitement, à des gestes d'hygiènes, de secours et quelques interventions de base (type massage cardiaque) ? D'avoir des stocks de masques dans chaque commune, à libre disposition de tout citoyen qui en a besoin, sous réserve de lui expliquer comment les utiliser quand il vient en chercher ? De fournir des masques de qualité gratuitement à toute personne qui est en contact avec d'autres dans des conditions favorisant la propagation du virus ? D'éduquer à la pensée critique et à la démarche scientifique ? De former aussi les gens à l'écoute active et à la communication non violente, afin que dans des conditions difficiles (comme l'ont été le confinement), la santé mentale de chacun puisse être mieux soutenue ? De diminuer la taille des classes pour limiter les clusters scolaires ? Tout ce que je propose là, ce sont des décisions politiques "bateaux" ; peut-être qu'elles ne sont pas pertinentes, qu'il y a mieux à faire. Mais j'ai l'impression qu'au niveau des décideurs, la pandémie se résume à quelques colonnes de chiffres : combien de morts, combien de personnes définitivement handicapées suite à tout ça, combien d'électeurs vont me réélire.
Les chiffres sont utiles dans une certaine optique, mais s'arrêter à eux est une erreur.
Mais du coup, ça pause la question de quel solution ne serait pas ignoble.
Ça pose surtout la question de ce que nous pouvons construire collectivement pour diminuer la dose de malheur. Après, principe de réalité : de toute façon, ça va merder, de toute façon il y aura de la souffrance. C'est la vie, ce n'est pas entièrement évitable. Ce n'est cependant pas une raison pour céder au fatalisme et de toute façon ne rien faire. Ce serait comme de dire "j'ai une grosseur, mais je ne vais pas vérifier si c'est un cancer ou si c'est soignable, parce que le cancer c'est affreux" et mourir quelques mois plus tard dans une horrible agonie, plutôt que de prendre le risque d'une chimio (certes désagréable) et pouvoir profiter de longues années sympas ensuite. Ou mourir aussi d'une longue agonie, MAIS avec des antidouleurs efficaces…
Il y a rarement des choix binaires : ceci est bien, ceci est mal. Il y a des choix, oui, et souvent, la nécessité d'assumer que certaines choses seront difficiles, voir ignobles, mais qu'on aura peut-être réussi à éviter le pire, à réduire un peu le temps et l'intensité de la souffrance.
Sans être directement du milieu, j'ai des personnes dans mon entourage qui appliquent ces principes, avec plus ou moins de convictions. Je vais tenter d'en expliquer ce que j'en comprends.
La première chose à poser, c'est qu'il y a des croyances dans tout système, qu'on parle de biodynamie ou d'agriculture intensive. C'est humain, on a tendance à croire ce qu'un "expert" va nous dire, peu importe les sources de ce même expert, et il est impossible d'aller chercher la véracité scientifique de chaque élément quand le but est de passer à l'action. On s'en moque d'ailleurs en milieu rural avec l'expression "on a ben toujours eu fait comme ça", parfois dit avec sérieux, souvent pour pointer une habitude dans les pratiques dont l'origine est perdue et qui est peut-être à questionner (et peut-être très pertinente ; l'empirisme marche aussi en partie). Mais j'appuie bien là-dessus : tout le monde choisit un système de croyance et va l'appliquer, qu'il s'agisse de biodynamie ou de suivre les préceptes de la NFSEA, et peu de monde prends le temps d'interroger tout le pack qui leur est fourni avec cette adhésion à un système de croyance ou un autre. Ceux qui se posent des questions ont d'ailleurs souvent tendance à avoir des pratiques mixtes, en empruntant ici et là ce qui leur semble utile à leur activité.
Pour rester sur la biodynamie, c'est un sujet qui va intéresser des gens qui sont dans des croyances et en assument pas mal comme tel, de ce que je vois. La "science" n'est pas forcément un argument pour tout le monde, c'est même parfois un argument qui amène à la réactance.
Cependant, le cahier des charges Demeter n'est pas inintéressant. On y trouve effectivement de tout, mais comparativement à d'autres modes de production, je crois qu'il y a peu de pratiques problématiques pour l'environnement (je peux me tromper, je n'ai pas le courage de tout relire en détail et je ne suis pas une experte sur ces sujets). Il y a des pratiques que je qualifierais d'inutiles, un certain nombre aussi qui rajoutent une bonne charge de travail pour les agriculteurs/éleveurs, mais l'ensemble cherche tout de même à offrir du mieux à tout le monde. Et surtout, ça reste un modèle technocratique avec des procédures, ce qui reste préférable dans le cadre de la production de masse. C'est un ensemble de règles qui permettent de s'assurer que nombre de points critiques sont couverts, y compris dans le respect des règlements plus généraux. Par exemple, ça n'interdit pas l'usage des antiobiotiques, et précise bien que dans certains cas, ils sont nécessaires, même si la tendance doit être d'éviter d'en avoir besoin. Précision utile face à certains qui pensent que les antibio c'est juste mal… Et on sais que limiter l'usage des antibiotiques limite aussi l’apparition des résistances (du moins ce discours semble OK parmi des gens que je qualifierais de scientifique). À comparer avec les élevages intensifs où les antibiotiques sont donnés en grande quantité, en prévention ou pour compenser tous les problèmes de santé qui apparaissent suite aux mauvais traitements des animaux : là, la croyance est autre, mais le résultat aussi néfaste que celui qui va laisser une zoonose s'installer parce qu'il ne jure que par l'homéopathie.
Donc on a un cahier des charges, qui va contraindre à respecter un certain nombre de règles, qui sont là pour éviter pas mal de problèmes. Rien de très différent de ce qu'on peut trouver dans d'autres secteurs, mais ici c'est quelque chose qui va parler à des gens rétifs à la "grande industrie". Pourtant ils y sont aussi, s'ils passent par ces procédure. Mais symboliquement "ce n'est pas pareil".
Concernant les préparations biodynamiques que tu as mis en lien : en fait, il s'agit juste de préparation d'engrais. Au lieu d'acheter du NPK et de le disperser dans tes champs, tu le fabrique à partir de composants que tu as, en principe, sur ta propre ferme. La corne, la bouse et le compost sont d'ailleurs à la base d'engrais dit "chimiques" (simple question de présentation, et au final il s'agit de chimie aussi…). Une partie des conseils est valable d'un point de vue scientifique même si ce n'est pas expliqué (utiliser des matériaux neutres et sans contamination pour les préparations, c'est du bon sens et ce sera pareil dans l'industrie, bien que je n'aurais pas mis le bois et le cuivre dans cette optique, mais bon). Il y a un vocabulaire ésotérique, c'est sûr : le "vortex énergétique", ça a quand même plus la classe que de dire "touille et malaxe et retouille et mélange bien". Attention je ne prétends pas que c'est "bien" : on fait faire aux gens un truc présenté comme de la magie, et je n'ai aucun doute sur le fait qu'un certain nombre de trucs doivent se monnayer assez cher dans l'affaire (les ustensiles, la formation). En même temps, vu le public, tu ne peux pas leur dire "mettez des engrais", car il y a beaucoup de confusions : dans la tête de beaucoup, engrais = grosses industries qui exploitent les petits paysans et détruisent les écosystèmes = produits chimiques néfastes pour la santé et l'environnement = artificialisation de la nature. C'est un bon gros mélange à la con, mais c'est comme ça que c'est perçu, donc on va vanter les mérites du compost et de la valorisation du purin (pardon, des bouses), pour ne surtout pas parler de NPK (non, ce n'est pas un gros mot, quoi que… ça dépend des milieux). Par ailleurs, c'est plutôt positif de gérer sa propre production d'engrais en valorisant ses déchets et en les utilisant d'une façon contrôlée et saine, et c'est quelque chose qui a un impact économique positif sur l'exploitant qui le fait : pas besoin d'acheter à l'extérieur, les terres ne sont pas appauvris par l'exploitation.
Concernant le rapport à la théosophie et d'autres dogmes tout aussi foireux, je dirais… c'est compliqué. On ne peut pas nier qu'un certain nombre de gens dans ces milieux là adhèrent aux discours de diverses religions (chrétiens compris, car oui il y en a, et on oublie parfois que cette religion aussi a des discours discutables), y compris parmi les gens qui vont écrire les normes. Ceci dit, on trouve aussi ça dans le reste de la population. Et de même, on trouve des gens qui approuvent la biodynamie mais ne vont pas forcément adhérer à certains discours religieux (ouf). Je m'intéresse plus aux pratiques, dans ce genre de cas, qu'au discours.
Ma conviction personnelle, c'est que le logo "Demeter" assure que le produit répond plus à certaines de mes propres croyances (plus d'attention au bien-être animal et à l'environnement) que des produits que je sais issus de pratiques que je condamne (élevage intensif et usage abusif de produits phytosanitaires). C'est son but : être un repère pour le consommateur, pour lui dire "hey, ici, on affirme que telles règles ont été respectés pour la production de ce que tu achète".
C'est à dire que si, demain, tu dois quitter ta maison en urgence parce qu'un évènement climatique la met en péril, et que tu te retrouve à errer sur les routes à la recherche d'un lieu où te poser, avec beaucoup de gens de ton réseau qui auraient pu t'héberger MAIS subissent les mêmes aléas climatiques et sont dans le même cas que toi, le fait de savoir que tu n'es qu'une donnée gérable dans le grand écosystème ne va pas t'être d'un grand réconfort, et ne va pas te mettre sur la tête le toit que tu aime (ni même forcément un toit).
Le problème des chiffres, c'est que ce sont des chiffres. Pas des humains. C'est facile de faire une opération arithmétique, de déplacer ceci ici. Mais, quand tu es la donnée manipulée, est-ce facile à vivre ? Si tu fais partie du pourcentage de gens qui vont morfler sévèrement, voir mourir, est-ce que tu vas garder le moral en sachant que tu n'es qu'une donnée qui transite ? C'est ce que toutes les solutions technocratiques oublient : la théorie sur le papier peut fonctionner, mais le vécu des gens sur le terrain peut être ignoble.
Pour compléter ce qui a déjà été proposé, tu peux aussi chercher sur la liste des services des CHATONS. Le côté sérieux dépend de pas mal de facteurs, mais généralement ceux qui proposent les listes de diffusion ont un bon niveau.
La question est : Est-ce que LaPoste ne sait pas les exploiter ?
La Poste sait très bien les exploiter. Elle revend allègrement les données. Chaque fois que j'ai eu à faire un suivi de courrier suite à un déménagement, et malgré le fait d'avoir coché la case "non je ne veux pas que vous passiez ces infos à vos partenaires", je me suis retrouvée avec du spam courrier et téléphone. L'un des démarcheurs téléphonique m'avait confirmé que leur liste venait de là (c'est rare qu'ils disent d'où ça vient pourtant). Maintenant, pour prouver ça…
Bref, si la Poste continue d'être mon transporteur favori parce que les gens en local sont compétents et arrangeants, la Poste en tant qu'entité m'inspire une sacrée méfiance et je vais éviter de lui laisser plus de données personnelles qu'elle n'en a déjà.
Par contre, qu'ils n'arrivent pas à gérer le mail de façon compétente, ça j'y crois complètement, vu tous les soucis que ce service offre depuis des années :)
Je croyais que le RSA avait justement était fait pour gérer ces situations :-(
Le problème c'est que le RSA et ses règles sont pensés par des gens qui n'en auront jamais besoin, et qui n'ont qu'une très vague idée de la réalité des gens qui vont en avoir besoin.
Dans la pratique, être au RSA place dans une situation si précaire, et les modes de calculs étant si flous qu'on ne peut jamais savoir combien on va avoir, que les gens ont tendance à choisir une de ces options, quand la situation dure un peu :
- Ne pas prendre des jobs précaires (quelques heures ici et là, une semaine ici et une autre ailleurs) parce qu'ils ont peur de la période d'instabilité (ce moment où tu va toucher moins que le RSA et que tu n'es pas sûr d'avoir un revenu quelconque pour compenser), et tenter de rester au RSA 100% à moins de trouver un vrai job (au smic ou pas loin). À ma connaissance, pas les plus nombreux.
- Ne pas déclarer des jobs pour gagner 3 sous. Ce n'est pas "bien", mais même comme ça ils ont tendance à juste surnager autour du seuil de pauvreté, avec le risque de manger cher s'ils se font chopper et tous les soucis afférents au travail au noir. Tout de même plus courant.
- Ne pas demander le RSA et se débrouiller avec des jobs au lance-pierre (au noir ou non).
- Suivre les règles, déclarer leurs revenus et avoir des périodes sans aucun revenu ou des revenus trop faibles pour payer les charges, et évidement n'ayant pas gagné assez en amont pour avoir vraiment de quoi mettre de côté. Ce sont ceux qui ont le plus de risque de se retrouver en interdit bancaire à un moment, ou à ne pas payer un loyer. Ce qui reste le choix de la majorité des gens, persuadés qu'ils vont s'en sortir.
À noter que dans les deux premiers cas (bénéficiaire du RSA mais sans revenus suffisants pour justifier qu'on "fait quelque chose"), les vexations vont aller crescendo à partir de la fin de la première année de RSA, et la "suspension des droits" est difficile à éviter au bout de la 2e année. Ce qui veut dire, oui, des gens qui vont se retrouver sans aucun revenu du tout. Et dans le dernier cas, malgré les petits jobs ici et là, il y a beaucoup de ping-pong entre Pole Emploi et la CAF avec plein d'injonctions à faire "mieux", du temps perdu dans des "formations" sans utilité, des radiations d'un côté, des menaces de l'autre.
Comme si être précaire ne suffisait pas, il faut ajouter la pression institutionnelle, parce que c'est connu "quand on veut, on peut, il suffit de traverser la rue". Sans surprise, cela génère beaucoup de rage, qui s'exprime souvent au mauvais endroit : contre des travailleurs sociaux, dans les urnes, dans les bagarres entre voisins, dans les disputes et coups en famille, dans la dépression et les suicides, etc.
Certaines personnes arrivent à faire face, parce qu'elles ont des ressources, du soutien, la bonne éducation peut-être aussi, mais plus le temps passe et plus tout le monde finit par se faire user par ces procédures. À noter que ça ne se ressent pas trop tant qu'on arrive à limiter le temps passé au RSA ; avec 2-3 mois une fois ou deux, ça va encore. Mais si le recours au RSA devient régulier au fil des ans, ou constitue le maximum de revenu qu'on peut avoir année après année, la précarité qui s'installe devient une spirale infernale.
Et au passage, je trouve que dans mes voisins, ceux qui se tiennent loin de l'administration et font des petits jobs (ok, souvent au noir) sans jamais rien demander à Pole Emploi ou la CAF sont ceux qui s'en sorte le mieux mentalement, à défaut d'avoir des vies très confortables. Ça serait intéressant d'avoir de vraies études sur l'état mental des gens suivant leurs divers statuts. Mon expérience personnelle me pousse à conclure que l'administration rend fou, vraiment (mais heureusement l'état finance aussi 5 séances chez un psy, chaque année, si on en fait la demande et si on a un véhicule pour aller aux rendez-vous !), mais c'est forcément très biaisé par la lorgnette d'où je regarde.
Oui, pas de souci, ce n'était pas une injonction à faire : on fait ce qu'on peut et si c'est libre, ça permet d'améliorer au fil du temps et des motivés ! Ça reste un super projet et j'espère que cela intéressera du monde.
Bravo pour le projet, c'est une chouette idée. Et c'est vrai qu'utiliser le smartphone comme support à l'apprentissage de code est une bonne idée : même si avoir un clavier physique est plus pratique, c'est moins facile à avoir dans la poche.
Juste une petite remarque sur ce passage :
Bon, c'est en anglais, mais pour quiconque envisage la programmation de manière un tant soit peu sérieuse, l'anglais est incontournable.
Oui, c'est vrai qu'apprendre l'anglais est à un moment ou un autre incontournable pour coder. Cependant, quand on apprend à coder, ajouter la difficulté de la langue est "coûteux". Si l'apprenant est déjà bilingue ou très à l'aise en anglais, ce n'est pas un souci, mais si sa connaissance de la langue est celle d'un français moyen, c'est à dire pas motivé par le fait d'apprendre un truc d'étranger et n'ayant pas eu une formation très bonne sur le sujet, la difficulté ajoutée risque de faire fuir. Cela conduit pas mal de gens à n'apprendre ni l'anglais, ni à coder, alors que l'un et l'autre sont dans leurs capacités et pourrait les amuser.
Aujourd'hui, les outils de traduction automatique rendent la barrière de la langue moins pénible, mais ça reste quand même une difficulté de plus dans l'apprentissage.
N'avoir une ressource qu'en anglais exclue de l'initiation tout un public, pas si petit que ça, et il vaut mieux en être conscient, plutôt que de croire que l'anglais pour le code n'est pas un obstacle. Dans le cadre des initiations, c'est un obstacle qui doit être levé, soit en apprenant l'anglais avant de coder, soit en ayant des ressources et exercices dans une langue avec laquelle on est à l'aise.
Au-delà de l'initiation, par contre, le code peut devenir une vraie motivation à apprendre l'anglais. Quand on commence à bidouiller, qu'on a compris les bases, et qu'on veut arriver à faire "un truc", on se frotte forcément à l'anglais, mais avec la motivation de résoudre le problème et donc l'obstacle de la langue étrangère devient secondaire. Et petit à petit, ça rentre… j'ai quelques exemples dans mon entourage de ce genre, où l'apprentissage de l'anglais (plutôt technique et à l'écrit) s'est fait suite aux bidouillages en tout genre :)
Pourquoi au centre ? L'orateur peut se lever en restant à sa place. Dans un cercle, tout le monde est au même niveau, pourquoi faudrait-il que quelqu'un se place à un endroit central ? C'est un peu l'idée d'une table ronde, non ?
Intéressant, je n'avais pas pensé au cas d'usage consistant à recevoir les mails automatiques légitimes.
Mon contournement serait assez simple : une adresse mail pour m'inscrire aux services et recevoir ce genre de truc automatique, sans la fonction, et une adresse mail "pour les humains seulement", avec cette fonction. C'est déjà ce que je fais, sauf que je n'ai pas accès à l'authentification humaine : je délègue la gestion de mes mails à Gandi et s'il y a moyen de rajouter un service de ce genre, je ne l'ai pas trouvé. Ça filtre déjà le bruit.
J'ai déjà croisé une ou deux fois un destinataire qui me demandait de vérifier mon humanité avant de transmettre le mail. J'ai trouvé ça assez génial et je rêve du jour où je pourrais le mettre en place pour moi. Mais, je ne me sens vraiment pas de gérer mon hébergement mail en entier ; je galère déjà assez à juste mettre les bonnes entrées dans la partie DNS…
Ce genre de fonctionnalité au final ne sert qu'à faire fuir vos prospects et vos clients.
C'est sûr que ce n'est pas forcément adapté aux logiques commerciales, où le spam est une façon acceptable de fonctionner. Je ne critique pas : j'ai bien une adresse qui est destinée à ce genre d'usage, parce que oui, ça m'arrive d'être intéressé par les newsletters de Machin et les promos de Bidule. C'est une boite mail pleine de bruit où rien de pertinent n'est censé arriver.
Par contre, réduire le bruit autant que possible est une nécessité sur d'autres adresses mails, où les seules communications devraient être de personnes identifiées, validées et attendues. Quand à l'aspect pishing, si le nom de domaine est celui du mail, si le contenu est adapté au destinataire qu'on cherche à joindre, ça me semblerait assez légitime. Je n'ai pas souvenir des détails pour les quelques fois où j'ai eu à le faire, mais cela ne m'a pas semblé complexe, plutôt sain (comme de donner son nom quand on appelle quelqu'un ou qu'on se présente à sa porte) et j'ai validé le truc sans m'inquiéter de pishing ; c'était trop en rapport avec ma tentative d'envoi de mail.
En asso tu peux même te passer de votes. C'est ce qu'on fait dans quelques assos où je suis : les décisions qui demandent de consulter tout le monde (comme le renouvellement des collèges, les dépenses à faire) se font au consensus. On discute, on vérifie que personne n'est contre, et voilà. Ça serait difficilement applicable à l'échelle d'un pays, parce qu'on considère qu'une seule opposition nécessite qu'on trouve une autre voie : ça fait potentiellement beaucoup de papotage. Ça marche bien parce qu'on est tous dans une vision similaire du projet associatif, qu'on se connaît et s'apprécie et qu'on n'est pas si nombreux que ça. Le "vote" se résume à dire, à un moment : "est-ce que quelqu'un est contre ? Non ? On valide et on passe à la suite". Nous avons tout de même des mécanismes pour sortir d'un blocage s'il y a une crise du type "deux partis qui s'affrontent et essayent leur pouvoir personnel plutôt que de trouver le bien commun", situation qui pourrait geler une asso et mener à des vrais soucis, mais jusqu'à présent, ça n'a pas servi. Les mécanismes de sortie de crise ne passent pas non plus par un vote, d'ailleurs. Mon préféré est celui qui consiste à trancher entre les propositions en tirant au sort : on s'imagine facilement sortir perdant d'une telle résolution et il vaut mieux trouver des arguments pour faire passer "sa" solution ou quelque chose s'en approchant.
Finalement cette façon de faire ne prends pas plus de temps. La partie AG de l'asso prend de une à deux heures tous les ans, digressions comprises (deux heures, c'est depuis qu'on n'est plus en présentiel, on sent l'envie de papoter plus en audio). Il y a par contre du temps pris en amont pour les relations entre les divers membres. C'est ce qui permet, j'imagine, de ne pas avoir de souci et de perte de temps sur les aspects administratifs et factuels. Il y a du travail en amont, mais on ne perd pas de temps au moment où les décisions doivent être validées, moins que si on devait organiser un vote secret et dépouiller les bulletins.
Il y a donc la méthode Condorcet, que je connais bien et pour laquelle je cherche un implémentation libre pour notre intranet.
Pour répondre à cette partie du journal, il y a aussi pollen en logiciel libre qui implémente plein de type de vote. On l'a utilisé pour faire un peu de tri dans nos décisions en asso, en s'amusant à tester divers scrutins, et c'était assez fun. Je n'ai jamais tenté de l'installer, le vote étant vraiment très rare dans mes assos.
Mais pour ne pas s'entasser, il faudrait moins d'humains. Parce que ça semble compliqué d'avoir tous son hectare de bonne terre arable en continuant à se reproduire comme des campagnols.
Cela me semble être une bonne piste, s'il y a beaucoup de contributions sur une langue. Ouvrir un espace dans le forum du projet (si vous en avez un ; c'est l'outil qui me semblerait le plus gérable pour ce genre de cas), dédié aux traducteurs de langue arabe (pour l'exemple) leur permettant de discuter des choix à faire dans les contributions où il y a des différences. L'intérêt du forum c'est qu'on peut discuter et suivre avec les traducteurs automatiques (même imparfait), mieux comprendre pourquoi un mot plutôt qu'un autre sera approprié et trancher. Et cela va aussi faire émerger les contributeurs les plus investis, potentiellement les plus pertinents, à qui donner le droit de trancher, ensuite.
Peut-être que Weblate a aussi des outils internes pour ce genre de discussion, cela fait un moment que je ne l'ai pas utilisé et je n'en ai jamais été experte. Quoi qu'il en soit, organiser la communauté par langue et leur faciliter la discussion me semble le plus important.
Si tu veux aller au bout de l'analogie, ce serait plutôt comme si une boite de sécurité informatique décidait de faire un test d'intrusion sur une entreprise sans avoir été sollicitée en amont. Quand un hacker rentre par une faille et dit "hey, c'est tout troué ici, regardez, j'ai mis mes trucs !" ce n'est pas vraiment bien perçu. Ce n'est d'ailleurs pas ce qui est attendu, éthiquement parlant. Il faut qu'au moins la direction aie donné un accord en amont. Sinon, et bien… c'est juste du piratage, peu importe l'intention de celui qui utilise les failles de la sécurité.
On peut tourner ça comme on veut, mais à aucun moment cette étude n'a été approuvé par qui que ce soit au sein de la Linux Fondation.
Faire en sorte que son diesel roule à l'huile de friture ou passer soi-même son essence à la conso en ethanol, ça se fait. Ou ajouter des additifs pour "rouler mieux". Je met ça dans "jouer avec l'essence". Et parfois ça tourne mal.
C'est là que je vois que je ne suis vraiment pas du tout dans la même classe sociale ni les mêmes logiques. Par ici, une voiture d'occase fait entre 600 et 2000€ ; il faut prévoir 1000€ la première année pour toutes les réparations, puis environ 200/300€ par an ensuite pour l'entretien, avec des années où il y a plus,d'autres où il y a moins. On n'est vraiment pas dans les mêmes ordres de prix. Par contre, oui, on mène les voitures "au bout" dans ce genre de scénario. Et les coûts baissent quand on a un voisin/ami qui bidouille les autos. Durant 15 ans, mes voitures m'ont surtout "coûté" de la relation sociale et le prix des pièces (là, je n'ai plus de bricoleur dans ma zone, mais j'ai un garagiste sympa).
1000€ sur la première année, c'est vraiment important de les prévoir ; évidement on choisit une voiture qui semble "bien" mais il y a toujours des surprises.
Concernant la consommation, je ne suis pas d'accord ; ça dépend des modèles, pas des années. J'avais un diesel qui faisait 5l au 100 et datait de 1999 et on pouvait faire moins dans les bonnes conditions. Je rigole quand quelqu'un est tout fière de son 7l/100 sur une berline similaire toute neuve… Mais il y a juste des disparités énormes d'un véhicule à l'autre, ça fait partie des points à surveiller quand on achète une auto.
Par contre je suis ok sur le reste, plus ça va et plus les voitures sont sécurisés et confortables. Je ne suis pas fan des gadgets électroniques parce que ça complexifie les réparations, mais c'est une logique de pauvre. Ho et aussi parce que je n'ai pas confiance dans les programmeurs de ces trucs, mais ça c'est parce que je sais à quoi ressemble le milieu de l'informatique :P
Il faut d'ailleurs considérer le fait que l'informatique est par endroit et moment un milieu majoritairement féminin. Ça a été le cas sur les débuts de l'informatique, lorsque c'était considéré comme un simple travail de secrétariat. Actuellement, suivant les pays, ces ratios sont d'ailleurs plus ou moins déséquilibrés.
Il y a un article sur Wikipédia qui accumule un peu plus de références que je ne pourrais en trouver.
Il y a tout un tas de facteurs convergents qui expliquent ces différences. Ce n'est pas juste une pub dans un magazine qui va changer le monde (même si celle remontée par Tonton est redoutable !) ; mais l'accumulation de milliers d'images, de petites phrases, de toutes ces influences liées à la culture, qui vont pousser dans un sens plutôt que dans un autre, et ce dès la petite enfance.
Je l'avais particulièrement ressenti au moment du lycée, de façon visible enfin ; mes goûts personnels étaient secondaires par rapport à ce qu'il semblait "bien" que je fasse. Une pression sans violence, à l'intersection de plusieurs problématiques. J'ai lutté comme je pouvais pour faire une filière scientifique à défaut d'avoir le "droit" de faire une filière technique, contre des phrases comme "mais tu es si bonne en français, pourquoi ne pas aller en filière littéraire ?" Dire qu'on arrive à avoir une bonne note parce que certes, c'est facile, mais ennuyeux comme la mort, n'est pas une réponse entendable.
Et j'ai fini par arriver à faire mon CAP, après avoir traîné 3 ans à la fac. Tout ça était intéressant aussi, certes je pouvais le faire, j'en avais les capacités, le goût, etc, mais ce qui m'a fait me sentir vivante n'était pas un métier en rapport avec les sciences humaines (où j'ai fini par atterrir). Mais là on dépasse les problèmes de genre, il y a aussi un problème de classe : on ne peut pas refuser un bac + X si on a les possibilités de le faire, car ça assure une bonne position sociale.
Lutter contre toutes ces injonctions, conscientes et inconscientes, est à la fois épuisant mais aussi difficile, parce que justement, nous n'avons pas toujours les concepts pour voir ce qui se passe, pour savoir qu'une autre voie est possible.
Le doute sur ses propres capacités est très clairement un des marqueurs culturels de genre. Ce n'est pas exclusif bien sûr (il y a des hommes qui ont ce souci, il y a des femmes qui ne l'ont pas du tout), mais je dirais qu'une très grande proportion de femmes apprennent tranquillement dans leur enfance que, quoi qu'elles fassent, ça ne sera jamais assez, tandis que de nombreux hommes apprennent dans le même temps que, quoi qu'ils fassent, ce sera toujours suffisant. C'est évidement encore plus marqué quand on est dans des activités qui ne sont pas associés à notre genre ; proportionnellement, les femmes se sentiront un peu plus en maîtrise sur les compétences sociales et bien moins sur les compétences techniques, indépendamment de leurs compétences réelles bien sûr.
J'ai pris conscience de cet écueil chez moi il y a déjà pas mal d'années, mais le savoir n'est pas forcément le désamorcer, surtout quand la vie met sans cesse en face de défis qui sont factuellement laborieux à surmonter ; cela renforce le sentiment d'impuissance et d'incompétence (alors même que ce ne sont pas des trucs qui dépendent de moi ; alors même que par ailleurs j'ai un environnement amical très bienveillant et valorisant). Là-dessus, je tiens à remercier toutes les personnes qui me font progresser régulièrement, comme cet ami qui me reprend chaque fois que je laisse échapper mécaniquement "ha mais je suis bête, c'était ça" => "Non tu n'es pas bête, tu n'avais juste pas encore vu ceci". C'est vraiment un truc contre lequel il faut se battre et c'est important de le faire, en groupe.
Je ne suis pas certaine d'arriver à avoir plus confiance en l'humanité pour autant, mais ça me servira d'argument pour douter un peu de moins de moi si je me retrouve dans des situations de ce genre.
Je me suis parfois demandé si l’inadéquation des solutions mises en œuvre ne viendrait pas d’un décalage culturel, car j’ai l’impression (fausse ?) que beaucoup des actions-type décidées dans l’Open-Source mais également divers établissement et entreprises nous viennent des USA, où les notions de racisme, « minorités » et discrimination en général n’ont pas le même écho dans la population qu’elles peuvent l’avoir en France (pour le Canada et autres pays francophones, je ne sais pas…).
Il y a de ça. Je trouve effrayant de voir comment les américains "voient" les différences. Cela me frappe particulièrement dans les séries américaines, où il y a parfois des remarques sur les moindres nuances de couleur de peau et de type morphologique, amenant à classer les gens dans des groupes ethniques/sociaux : wow, je dois reconnaître que je suis incapable de voir ces différences ethniques et par là-même de discriminer selon ces critères. Et pour moi le système des étiquettes, où se revendiquer de/se faire classifier dans tel et tel groupe, est surtout sensible dans les endroits où la discrimination est très forte. J'ai quand même l'impression qu'en France (seul pays où je peux juger de cet aspect culturel), ces étiquettes ont moins d'importance, à moins d'être très revendiquées. Ce sont encore des outils pour comprendre des choses, mais pas forcément des stigmates. Mais l'influence des USA se fait sentir au fil des années.
Cela dit, je n’ai pas mieux à proposer… À part peut-être un gros travail autour de l’enseignement (et des enseignants) pour casser les stéréotypes autant que possible dans toute l’enfance. Mais là, on arrive dans la politique ; c’est tout un programme !
Ma conviction est qu'il s'agit d'un travail de tout les jours, qui commence par les questions qu'on se pose sur soi et sur ses comportements, et qui continue avec les discussions qu'on peut avoir avec les autres. Chaque échange sur ces sujets me fait réfléchir, que je sois ou non d'accord avec mon interlocuteur. Mais c'est aussi une attention au quotidien. Par exemple, prendre conscience que quand on est dans un groupe et qu'il est prévu de manger ensemble, c'est majoritairement les femmes qui vont se retrouver en cuisine (à part peut-être en cas de barbecue, mais elles feront la vaisselle), et ce même dans des groupes sensibilisés à ces questions. Et on en fait quoi ? On mange trois heures plus tard parce que les filles s'amusent d'un accord tacite à laisser tomber cette charge mentale ? Cela va retomber sur la seule du groupe qui n'a pas suivi ? Qui va lancer le sujet sur la table ? Des situations de ce genre, extrêmement genrées, on en a régulièrement. C'est important d'en prendre conscience et de dépasser ses propres stéréotypes, quitte à prendre le contre-pied un moment (dans mon cas, accepter que je préfère boire une bière et papoter sans penser à rien d'important, plutôt que d'aller m'assurer que la préparation avance ; dans celui de mes compagnons, prendre conscience qu'il va bien falloir que quelqu'un se dévoue pour démarrer la cuisine, et oui, je suis un gros macho par moment… j'essaie :P).
Être en contact avec les enfants est aussi une école terrible. Déjà parce qu'ils subissent de plein fouet toutes les injonctions de la société : on peut parler de certaines, tenter de les désamorcer, mais on ne peut pas tout changer. Mais surtout encore une fois, pour sa responsabilité individuelle. C'est chouette que les enfants voient les hommes s'occuper du ménage, voient les femmes geeker sur l'ordi pendant ce temps ; il y aura suffisamment d'autres occasions où le rapport s'inversera. C'est important de se demander si on se comporte de la même façon avec un enfant suivant son genre ; si on ne projette pas qu'une petite fille est "mignonne" et un garçon "fort" (ils peuvent l'être, mais reconnaissons-leur aussi des valeurs inversées).
C'est aussi, effectivement, se positionner quand on entend une blague sexiste ou autre truc déplacé et qu'on sait qu'il va être possible d'avoir une discussion. Ça n'a pas besoin d'être bien long, simplement de le faire remarquer sans agressivité suffit déjà à faire prendre conscience que le public n'est pas forcément allégeant à ce genre de chose. De façon générale, exprimer ses limites autant que possible, sans chercher toujours le combat ou la perfection (c'est épuisant et ça demande de l'énergie, reconnaissons-le), en sachant que les gens en face de nous ont parfois un looooong chemin à parcourir… ce qui ne veut pas dire que ce sont des méchants vilains pas beau à abattre. Sortir du manichéisme est une nécessité, sinon cela veut dire qu'on n'imagine pas d'évolution possible, cela devient "eux ou nous".
C'est là, je pense, où les vraies études sociologiques me plaisent bien. Elles montrent les mécanismes, elles permettent de prendre conscience de ce qui est en place. Je suis moins à l'aise avec les témoignages du type #metoo. Ce genre d’électrochoc est efficace aussi, mais pas mal anxiogène pour tout le monde, et amène une partie des gens à se mettre sur des postures défensives qui peuvent devenir agression (des deux côtés). Je préfère vraiment échanger sur les travaux de Judith Butler et consœurs que de faire face à la litanie individuelle des horreurs auquel le sexisme peut mener, je vois plus facilement comment en sortir quelque chose de constructif.
Et oui, il y a aussi des choix à faire au niveau politique, de façon sociétale. La défense de l'IVG ou l'accès à la contraception, ça dépasse le cadre individuel et ça améliore le sort de milliers de personnes. Mais c'est aussi plus complexe de prendre des décisions "bonnes", d'imposer à des gens qui ne sont pas prêts ou pas d'accord le choix d'un groupe d'énarque. Il y a parfois des maladresses, des solutions bancales, voir contre-productives. Se planter fait partie du processus. Tant qu'il y a un peu de place pour de la démocratie, on peut espérer transformer ces maladresses et construire un monde meilleur peu à peu. Il reste cependant nécessaire de ne pas déléguer sa capacité d'action ; "en haut" les gens peuvent faire des choses, mais c'est surtout au quotidien, dans la façon dont chacun de nous vit, que les choses se construisent.
Je m'égare, résumons : suivant comme c'est fait, la discrimination positive peut aider, et surtout sans elle on se retrouve en pratique avec peu de changement en pratique : il y a (malheureusement) besoin d'un coup de pouce.
Oui, en fait, je suis d'accord avec ça. Il y a des moments où c'est fait avec suffisamment d'élégance pour marcher, d'autres où ça me hérisse vraiment.
Le souci c'est que la discrimination positive est souvent juste une vraie discrimination. L'exemple-type : "on manque de femme ici, alors recrutons de façon à voir 50/50" => dans ce genre de cas, je ne saurais jamais si j'ai été recrutée pour mes compétences, ou pour boucher un trou. Je me sens hyper illégitime, pas du tout à ma place. Alors que peut-être que je suis là aussi pour mes compétences ; mais je n'en serais jamais sûre. Jusqu'ici, quand ce genre de politique était clairement affichée, j'ai eu tendance à fuir. Mais je me suis aussi retrouvée dans des groupes où ce n'était pas clair dès le départ, puis ensuite dans les discours il y avait "on fait des efforts pour avoir plus de parité", et là je me reprends en pleine poire ce doute : suis-je là pour les bonnes ou les mauvaises raisons ? Est-ce que j'ai été accueilli pour ce que je fais, ou pour une donnée biologique ?
Mais à l'inverse, j'ai apprécié certains espaces sécurisés (oui je sais, le mot n'est plus à la mode, je m'en fous car je trouve que ça décrit parfaitement quelque chose de bien), où des règles précises étaient affichées en amont sur ce qui était attendu. Il y a aussi une discrimination positive dans ce genre de contexte mais qui était justement tournée de façon positive, en gros "nous souhaitons que les gens qui soient ici se sentent concernés directement par le sujet que nous abordons". Et c'est vrai que ces moments où on se retrouve entre personnes partageant quelque chose de similaire (que ce soit directement "nous" ou dans l'optique de mieux aider un proche) sont souvent très constructifs, permettant de mieux prendre conscience de certaines mécaniques, d'avoir plus de place pour s'exprimer aussi.
Donc ta conclusion me va bien ; il faudrait que je nuance un peu mon discours, mais c'est parfois plus simple de faire des raccourcis ;)
Ce qui ne vaut pas un moinssage de la dépêche, je tiens à le préciser. Je n'ai pas lu tous les liens, et je ne remet pas en cause l'intérêt sociologique de montrer un déséquilibre existant.
Ce qui m'énerve, c'est ce qui va avec, assez vite (et il y a quelques liens dans ce sens) : l'injonction à ce qu'il y aie plus de femmes en informatique (ou ailleurs, ce n'est pas le seul domaine où ce genre d'inégalité se voit). Et tous les bons conseils pour "attirer les femmes".
En tant que personne assignée femme, ce genre de manip réveille en moi des instincts de proie : ça sent le piège, ça sent la bande de prédateurs cherchant la chair fraîche et bon sang, si vous voulez m'attirer sous le prétexte de mon genre, je vous garantit que je vais essayer de fuir et qu'il va me falloir un sacré effort pour m'intéresser à ce que le projet fait de bien.
Qu'un projet fasse ce qu'il faut pour que l'ambiance soit bonne et que tous les participants soient traités avec égalité, sans discrimination (même positive), sans que des étiquettes accessoires viennent polluer le débat, c'est parfait. C'est vrai qu'un projet où les blagues sexistes sont légions peut me mettre mal à l'aise ; cependant, ça fait aussi fuir des hommes, et je dois aussi reconnaître que ce n'est pas ce qui va le plus m'influencer de mon côté. C'est bien de prendre conscience du problème et de changer les choses, mais pas pour avoir "plus de femmes". Juste pour être des êtres humains plus fréquentables.
Et ça m'énerve, car j'ai parfois l'impression que certains s'intéressent plus à ma poitrine qu'à mes compétences et appétences pour l'informatique. Non, je ne parle pas des gros lourds de certains projets, qui sont une nuisance dans toutes les couches de la société, mais bien de ces enquêtes qui sont faites avec les meilleures intentions du monde. Je ne sais même plus si j'ai tenté de répondre à celle qui est citée dans le premier lien ; je sais que généralement, je commence à répondre et puis ça m'énerve tellement, tant c'est orienté pour s'assurer que je reste dans le stéréotype de mon genre, que je referme avant la fin. Là le pdf refuse de se charger donc je n'émettrais pas de critique plus constructive sur celle-ci, elle est peut-être très bien.
J'aimerais que mon genre soit réellement une donnée accessoire, sans aucun intérêt dans la majorité des situations. Je considère les gens que je croise comme des êtres humains ; ce qu'ils ont entre les jambes, dans la tête, s'ils correspondent à des critères esthétiques spécifiques ou non et autres détails, sérieusement, je m'en fous dans la majorité des cas, et encore plus dans tout ce qui est cadre de travail, même bénévole. Ce qui m'importe est la façon dont nous pouvons travailler ensemble et j'attends des autres qu'ils aient la même préoccupation. Dans les espaces de socialisation, les mécanismes de séductions et les expressions culturelles peuvent s'exprimer, tant qu'elles ne mettent personne mal à l'aise et qu'elles ne portent pas préjudice au travail exécuté par ailleurs. Je ne dis pas que cette façon d'aborder les choses suffit à réduire les discriminations ; malheureusement il y a bien trop de choses inconscientes qui se passent et qui émergent à l'occasion, et c'est là où ces études sont utiles, pour prendre conscience de toutes ces choses qu'on fait ou dit "sans y penser". Mais trop penser à lutter contre une discrimination a le même effet que de tenter de l'exploiter : on réifie les gens en les mettant dans une case, jusqu'à ne plus leur laisser de place en tant qu'individu indépendant.
Si on considère que ces inégalités sont un problème et si on veut agir dessus, il me semble que la question n'est pas d'augmenter le nombre de "femmes" et de viser une parité. Le problème est bien en amont de ça. Il faut permettre à chacun de trouver comment exprimer ses limites et de trouver comment les respecter collectivement. Tout cela est propre à chaque communauté, doit être reconstruit et ré-interrogé sans cesse. Mais en faisant ce genre de chose, on dépasse aussi d'autres problèmes de discriminations. Parce que bon, ce n'est pas parce qu'on est un homme blanc cisgenre hétérosexuel que tout est complètement gagné ; on a encore la possibilité d'être handicapé, neuroatypique, d'une classe sociale qui n'est pas celle du groupe où on s'inclut, etc. On peut même ne pas correspondre aux normes de notre genre et de notre classe sociale, quand bien même on ferait partie, sur le papier, des "dominants".
Oui, c'est bien de prendre conscience des diverses discriminations qu'on subit ou qu'on fait subir (et on est toujours des deux côtés, à un moment ou un autre). Ça me semble très bien qu'on prête de l'attention à son prochain, en veillant à ne pas le blesser ou l'écarter, autant que possible. Mais pas au point de l'infantiliser, ce qui est de plus en plus la norme dans les milieux dit "progressistes", où je me sens non pas reconnue, mais classée comme une mineure : une petite chose qui se définit uniquement par ma fragilité et non par mes forces et mes qualités (ou même par mes défauts !).
Je crois que si on veut réduire les discriminations, il est important de se responsabiliser de tous les côtés. Je déteste qu'on me place dans la case de la victime passive et dépourvue de capacité d'action. Je préfère franchement quand on me permet de voir ce qui, de mon côté, peut aussi être transformé afin d'aller vers plus d'égalité, d'autant plus si l'autre en face travaille aussi sur ses propres comportements et préjugés.
L'une des choses les plus fortes, quand on fait partie des populations discriminées, c'est qu'on apprends à se taire et à raser les murs, pour ne pas susciter les réactions agressives. Prendre la parole, même dans les commentaires, ça me demande toujours un sacré effort. Souvent je prépare des messages que je n'envoie pas ; et même une fois envoyé, parfois j'aimerais juste l'enlever, ayant presque plus peur de ce que cela peut susciter, que des attaques réelles qui arrivent parfois (et pas si souvent, il faut le reconnaître). Je crois pourtant que c'est important d'arriver à s'exprimer, sans savoir si nous seront entendus, tout autant que d'apprendre à entendre. Et je suis aussi intimement convaincue que s'il y a quelque chose à faire, c'est là : travailler tous ensemble à améliorer nos prises de parole et notre écoute. Là-dessus, internet est un outil assez fabuleux, je peux hésiter et reprendre mon message sans que quiconque ne me coupe la parole avant que j'ai fini ;) Par contre, ça n'aide pas forcément à mieux entendre. Pour ça, il y a encore beaucoup de travail à faire.
Toute cette littérature est intéressante pour prendre conscience de certains phénomènes. Mais pour une fois, je vais utiliser ma voix de minoritaire, le fait que je suis de facto dans la plupart des cases amenant de la discrimination, pour préciser un point qui est souvent passé sous silence : je ne veux pas de discrimination positive, je ne veux pas qu'une de mes étiquettes servent de motivation à la façon dont vous vous comporterez avec moi et les autres qui partagent cette étiquette. Je veux que nous trouvions comment vivre ensemble et dans le respect, et je sais très bien que cela veut dire que parfois, ça fera mal, parce qu'on sera maladroit, à côté de nos pompes, héritiers de notre culture et de nos acquis, que ça ne sera pas facile de remettre certaines choses en cause, et qu'on a tous une part à faire.
[^] # Re: Contact
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au journal Les vidéos de Devoxx fr sont disponibles. Évalué à 4.
Dans le cas de la pandémie, de toute façon il y a eu surtout des décisions technocratiques. Et quoi qu'il arrive, il y a des moments où elles s'imposeront. Peu importe comment on prends la chose : il y aura des réfugiés climatiques. Mais dire "aucun souci, ce n'est que X personnes à reloger" c'est avoir perdu de vue l'humain, c'est éviter toutes les questions de ce qu'on peut faire pour minimiser le drame qui s'annonce. Il ne s'agit pas juste de reloger, ou de faire face aux famines et aux sécheresses : il s'agit de la façon de reloger, d'accompagner les déplacements, de minimiser l'impact des évènements. On n'est pas juste dans le "combien", on doit être dans le "comment".
Pour revenir aux pandémies (celle qu'on a, ou la suivante, ou les précédentes) comme pour le reste, certaines décisions technocratiques sont nécessaires pour s'en sortir et on ne peut pas en faire l'impasse. Les confinements ou les campagnes de vaccination, c'était une nécessité (la façon dont c'est mis en œuvre peuvent se discuter, cependant). Mais ça serait bien aussi qu'à un moment on sorte le nez des chiffres pour s'intéresser à l'humain. Cela pourrait même donner lieu à des solutions tout aussi technocratique mais dont l'objectif serait que les individus, et par là le groupe entier, se sentent mieux. Envisage-t-on de soutenir et mettre plus de moyen dans le milieu médical ? D'améliorer l'accès aux formations de santé ? De former tous les citoyens, gratuitement, à des gestes d'hygiènes, de secours et quelques interventions de base (type massage cardiaque) ? D'avoir des stocks de masques dans chaque commune, à libre disposition de tout citoyen qui en a besoin, sous réserve de lui expliquer comment les utiliser quand il vient en chercher ? De fournir des masques de qualité gratuitement à toute personne qui est en contact avec d'autres dans des conditions favorisant la propagation du virus ? D'éduquer à la pensée critique et à la démarche scientifique ? De former aussi les gens à l'écoute active et à la communication non violente, afin que dans des conditions difficiles (comme l'ont été le confinement), la santé mentale de chacun puisse être mieux soutenue ? De diminuer la taille des classes pour limiter les clusters scolaires ? Tout ce que je propose là, ce sont des décisions politiques "bateaux" ; peut-être qu'elles ne sont pas pertinentes, qu'il y a mieux à faire. Mais j'ai l'impression qu'au niveau des décideurs, la pandémie se résume à quelques colonnes de chiffres : combien de morts, combien de personnes définitivement handicapées suite à tout ça, combien d'électeurs vont me réélire.
Les chiffres sont utiles dans une certaine optique, mais s'arrêter à eux est une erreur.
Ça pose surtout la question de ce que nous pouvons construire collectivement pour diminuer la dose de malheur. Après, principe de réalité : de toute façon, ça va merder, de toute façon il y aura de la souffrance. C'est la vie, ce n'est pas entièrement évitable. Ce n'est cependant pas une raison pour céder au fatalisme et de toute façon ne rien faire. Ce serait comme de dire "j'ai une grosseur, mais je ne vais pas vérifier si c'est un cancer ou si c'est soignable, parce que le cancer c'est affreux" et mourir quelques mois plus tard dans une horrible agonie, plutôt que de prendre le risque d'une chimio (certes désagréable) et pouvoir profiter de longues années sympas ensuite. Ou mourir aussi d'une longue agonie, MAIS avec des antidouleurs efficaces…
Il y a rarement des choix binaires : ceci est bien, ceci est mal. Il y a des choix, oui, et souvent, la nécessité d'assumer que certaines choses seront difficiles, voir ignobles, mais qu'on aura peut-être réussi à éviter le pire, à réduire un peu le temps et l'intensité de la souffrance.
[^] # Re: militants "écologistes" = méfiance
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au journal Les vidéos de Devoxx fr sont disponibles. Évalué à 9.
Sans être directement du milieu, j'ai des personnes dans mon entourage qui appliquent ces principes, avec plus ou moins de convictions. Je vais tenter d'en expliquer ce que j'en comprends.
La première chose à poser, c'est qu'il y a des croyances dans tout système, qu'on parle de biodynamie ou d'agriculture intensive. C'est humain, on a tendance à croire ce qu'un "expert" va nous dire, peu importe les sources de ce même expert, et il est impossible d'aller chercher la véracité scientifique de chaque élément quand le but est de passer à l'action. On s'en moque d'ailleurs en milieu rural avec l'expression "on a ben toujours eu fait comme ça", parfois dit avec sérieux, souvent pour pointer une habitude dans les pratiques dont l'origine est perdue et qui est peut-être à questionner (et peut-être très pertinente ; l'empirisme marche aussi en partie). Mais j'appuie bien là-dessus : tout le monde choisit un système de croyance et va l'appliquer, qu'il s'agisse de biodynamie ou de suivre les préceptes de la NFSEA, et peu de monde prends le temps d'interroger tout le pack qui leur est fourni avec cette adhésion à un système de croyance ou un autre. Ceux qui se posent des questions ont d'ailleurs souvent tendance à avoir des pratiques mixtes, en empruntant ici et là ce qui leur semble utile à leur activité.
Pour rester sur la biodynamie, c'est un sujet qui va intéresser des gens qui sont dans des croyances et en assument pas mal comme tel, de ce que je vois. La "science" n'est pas forcément un argument pour tout le monde, c'est même parfois un argument qui amène à la réactance.
Cependant, le cahier des charges Demeter n'est pas inintéressant. On y trouve effectivement de tout, mais comparativement à d'autres modes de production, je crois qu'il y a peu de pratiques problématiques pour l'environnement (je peux me tromper, je n'ai pas le courage de tout relire en détail et je ne suis pas une experte sur ces sujets). Il y a des pratiques que je qualifierais d'inutiles, un certain nombre aussi qui rajoutent une bonne charge de travail pour les agriculteurs/éleveurs, mais l'ensemble cherche tout de même à offrir du mieux à tout le monde. Et surtout, ça reste un modèle technocratique avec des procédures, ce qui reste préférable dans le cadre de la production de masse. C'est un ensemble de règles qui permettent de s'assurer que nombre de points critiques sont couverts, y compris dans le respect des règlements plus généraux. Par exemple, ça n'interdit pas l'usage des antiobiotiques, et précise bien que dans certains cas, ils sont nécessaires, même si la tendance doit être d'éviter d'en avoir besoin. Précision utile face à certains qui pensent que les antibio c'est juste mal… Et on sais que limiter l'usage des antibiotiques limite aussi l’apparition des résistances (du moins ce discours semble OK parmi des gens que je qualifierais de scientifique). À comparer avec les élevages intensifs où les antibiotiques sont donnés en grande quantité, en prévention ou pour compenser tous les problèmes de santé qui apparaissent suite aux mauvais traitements des animaux : là, la croyance est autre, mais le résultat aussi néfaste que celui qui va laisser une zoonose s'installer parce qu'il ne jure que par l'homéopathie.
Donc on a un cahier des charges, qui va contraindre à respecter un certain nombre de règles, qui sont là pour éviter pas mal de problèmes. Rien de très différent de ce qu'on peut trouver dans d'autres secteurs, mais ici c'est quelque chose qui va parler à des gens rétifs à la "grande industrie". Pourtant ils y sont aussi, s'ils passent par ces procédure. Mais symboliquement "ce n'est pas pareil".
Concernant les préparations biodynamiques que tu as mis en lien : en fait, il s'agit juste de préparation d'engrais. Au lieu d'acheter du NPK et de le disperser dans tes champs, tu le fabrique à partir de composants que tu as, en principe, sur ta propre ferme. La corne, la bouse et le compost sont d'ailleurs à la base d'engrais dit "chimiques" (simple question de présentation, et au final il s'agit de chimie aussi…). Une partie des conseils est valable d'un point de vue scientifique même si ce n'est pas expliqué (utiliser des matériaux neutres et sans contamination pour les préparations, c'est du bon sens et ce sera pareil dans l'industrie, bien que je n'aurais pas mis le bois et le cuivre dans cette optique, mais bon). Il y a un vocabulaire ésotérique, c'est sûr : le "vortex énergétique", ça a quand même plus la classe que de dire "touille et malaxe et retouille et mélange bien". Attention je ne prétends pas que c'est "bien" : on fait faire aux gens un truc présenté comme de la magie, et je n'ai aucun doute sur le fait qu'un certain nombre de trucs doivent se monnayer assez cher dans l'affaire (les ustensiles, la formation). En même temps, vu le public, tu ne peux pas leur dire "mettez des engrais", car il y a beaucoup de confusions : dans la tête de beaucoup, engrais = grosses industries qui exploitent les petits paysans et détruisent les écosystèmes = produits chimiques néfastes pour la santé et l'environnement = artificialisation de la nature. C'est un bon gros mélange à la con, mais c'est comme ça que c'est perçu, donc on va vanter les mérites du compost et de la valorisation du purin (pardon, des bouses), pour ne surtout pas parler de NPK (non, ce n'est pas un gros mot, quoi que… ça dépend des milieux). Par ailleurs, c'est plutôt positif de gérer sa propre production d'engrais en valorisant ses déchets et en les utilisant d'une façon contrôlée et saine, et c'est quelque chose qui a un impact économique positif sur l'exploitant qui le fait : pas besoin d'acheter à l'extérieur, les terres ne sont pas appauvris par l'exploitation.
Concernant le rapport à la théosophie et d'autres dogmes tout aussi foireux, je dirais… c'est compliqué. On ne peut pas nier qu'un certain nombre de gens dans ces milieux là adhèrent aux discours de diverses religions (chrétiens compris, car oui il y en a, et on oublie parfois que cette religion aussi a des discours discutables), y compris parmi les gens qui vont écrire les normes. Ceci dit, on trouve aussi ça dans le reste de la population. Et de même, on trouve des gens qui approuvent la biodynamie mais ne vont pas forcément adhérer à certains discours religieux (ouf). Je m'intéresse plus aux pratiques, dans ce genre de cas, qu'au discours.
Ma conviction personnelle, c'est que le logo "Demeter" assure que le produit répond plus à certaines de mes propres croyances (plus d'attention au bien-être animal et à l'environnement) que des produits que je sais issus de pratiques que je condamne (élevage intensif et usage abusif de produits phytosanitaires). C'est son but : être un repère pour le consommateur, pour lui dire "hey, ici, on affirme que telles règles ont été respectés pour la production de ce que tu achète".
[^] # Re: Contact
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au journal Les vidéos de Devoxx fr sont disponibles. Évalué à 8. Dernière modification le 21 mai 2022 à 10:11.
C'est à dire que si, demain, tu dois quitter ta maison en urgence parce qu'un évènement climatique la met en péril, et que tu te retrouve à errer sur les routes à la recherche d'un lieu où te poser, avec beaucoup de gens de ton réseau qui auraient pu t'héberger MAIS subissent les mêmes aléas climatiques et sont dans le même cas que toi, le fait de savoir que tu n'es qu'une donnée gérable dans le grand écosystème ne va pas t'être d'un grand réconfort, et ne va pas te mettre sur la tête le toit que tu aime (ni même forcément un toit).
Le problème des chiffres, c'est que ce sont des chiffres. Pas des humains. C'est facile de faire une opération arithmétique, de déplacer ceci ici. Mais, quand tu es la donnée manipulée, est-ce facile à vivre ? Si tu fais partie du pourcentage de gens qui vont morfler sévèrement, voir mourir, est-ce que tu vas garder le moral en sachant que tu n'es qu'une donnée qui transite ? C'est ce que toutes les solutions technocratiques oublient : la théorie sur le papier peut fonctionner, mais le vécu des gens sur le terrain peut être ignoble.
# Quelques pistes
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au message Recherche solution hébergement pour association. Évalué à 2.
Pour compléter ce qui a déjà été proposé, tu peux aussi chercher sur la liste des services des CHATONS. Le côté sérieux dépend de pas mal de facteurs, mais généralement ceux qui proposent les listes de diffusion ont un bon niveau.
[^] # Re: on a le service qu'on paye.
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au journal La Poste ne distribue plus le courrier et le jette à la poubelle. Évalué à 10.
La Poste sait très bien les exploiter. Elle revend allègrement les données. Chaque fois que j'ai eu à faire un suivi de courrier suite à un déménagement, et malgré le fait d'avoir coché la case "non je ne veux pas que vous passiez ces infos à vos partenaires", je me suis retrouvée avec du spam courrier et téléphone. L'un des démarcheurs téléphonique m'avait confirmé que leur liste venait de là (c'est rare qu'ils disent d'où ça vient pourtant). Maintenant, pour prouver ça…
Bref, si la Poste continue d'être mon transporteur favori parce que les gens en local sont compétents et arrangeants, la Poste en tant qu'entité m'inspire une sacrée méfiance et je vais éviter de lui laisser plus de données personnelles qu'elle n'en a déjà.
Par contre, qu'ils n'arrivent pas à gérer le mail de façon compétente, ça j'y crois complètement, vu tous les soucis que ce service offre depuis des années :)
[^] # Re: Échec critique
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au lien Le travail administratif auparavant réalisé par les Caf est transféré aux usagers . Évalué à 9.
Le problème c'est que le RSA et ses règles sont pensés par des gens qui n'en auront jamais besoin, et qui n'ont qu'une très vague idée de la réalité des gens qui vont en avoir besoin.
Dans la pratique, être au RSA place dans une situation si précaire, et les modes de calculs étant si flous qu'on ne peut jamais savoir combien on va avoir, que les gens ont tendance à choisir une de ces options, quand la situation dure un peu :
- Ne pas prendre des jobs précaires (quelques heures ici et là, une semaine ici et une autre ailleurs) parce qu'ils ont peur de la période d'instabilité (ce moment où tu va toucher moins que le RSA et que tu n'es pas sûr d'avoir un revenu quelconque pour compenser), et tenter de rester au RSA 100% à moins de trouver un vrai job (au smic ou pas loin). À ma connaissance, pas les plus nombreux.
- Ne pas déclarer des jobs pour gagner 3 sous. Ce n'est pas "bien", mais même comme ça ils ont tendance à juste surnager autour du seuil de pauvreté, avec le risque de manger cher s'ils se font chopper et tous les soucis afférents au travail au noir. Tout de même plus courant.
- Ne pas demander le RSA et se débrouiller avec des jobs au lance-pierre (au noir ou non).
- Suivre les règles, déclarer leurs revenus et avoir des périodes sans aucun revenu ou des revenus trop faibles pour payer les charges, et évidement n'ayant pas gagné assez en amont pour avoir vraiment de quoi mettre de côté. Ce sont ceux qui ont le plus de risque de se retrouver en interdit bancaire à un moment, ou à ne pas payer un loyer. Ce qui reste le choix de la majorité des gens, persuadés qu'ils vont s'en sortir.
À noter que dans les deux premiers cas (bénéficiaire du RSA mais sans revenus suffisants pour justifier qu'on "fait quelque chose"), les vexations vont aller crescendo à partir de la fin de la première année de RSA, et la "suspension des droits" est difficile à éviter au bout de la 2e année. Ce qui veut dire, oui, des gens qui vont se retrouver sans aucun revenu du tout. Et dans le dernier cas, malgré les petits jobs ici et là, il y a beaucoup de ping-pong entre Pole Emploi et la CAF avec plein d'injonctions à faire "mieux", du temps perdu dans des "formations" sans utilité, des radiations d'un côté, des menaces de l'autre.
Comme si être précaire ne suffisait pas, il faut ajouter la pression institutionnelle, parce que c'est connu "quand on veut, on peut, il suffit de traverser la rue". Sans surprise, cela génère beaucoup de rage, qui s'exprime souvent au mauvais endroit : contre des travailleurs sociaux, dans les urnes, dans les bagarres entre voisins, dans les disputes et coups en famille, dans la dépression et les suicides, etc.
Certaines personnes arrivent à faire face, parce qu'elles ont des ressources, du soutien, la bonne éducation peut-être aussi, mais plus le temps passe et plus tout le monde finit par se faire user par ces procédures. À noter que ça ne se ressent pas trop tant qu'on arrive à limiter le temps passé au RSA ; avec 2-3 mois une fois ou deux, ça va encore. Mais si le recours au RSA devient régulier au fil des ans, ou constitue le maximum de revenu qu'on peut avoir année après année, la précarité qui s'installe devient une spirale infernale.
Et au passage, je trouve que dans mes voisins, ceux qui se tiennent loin de l'administration et font des petits jobs (ok, souvent au noir) sans jamais rien demander à Pole Emploi ou la CAF sont ceux qui s'en sorte le mieux mentalement, à défaut d'avoir des vies très confortables. Ça serait intéressant d'avoir de vraies études sur l'état mental des gens suivant leurs divers statuts. Mon expérience personnelle me pousse à conclure que l'administration rend fou, vraiment (mais heureusement l'état finance aussi 5 séances chez un psy, chaque année, si on en fait la demande et si on a un véhicule pour aller aux rendez-vous !), mais c'est forcément très biaisé par la lorgnette d'où je regarde.
[^] # Re: À propos de l'anglais
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au journal Le smartphone comme vecteur d'initiation à la programmation. Évalué à 3.
Oui, pas de souci, ce n'était pas une injonction à faire : on fait ce qu'on peut et si c'est libre, ça permet d'améliorer au fil du temps et des motivés ! Ça reste un super projet et j'espère que cela intéressera du monde.
# À propos de l'anglais
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au journal Le smartphone comme vecteur d'initiation à la programmation. Évalué à 10.
Bravo pour le projet, c'est une chouette idée. Et c'est vrai qu'utiliser le smartphone comme support à l'apprentissage de code est une bonne idée : même si avoir un clavier physique est plus pratique, c'est moins facile à avoir dans la poche.
Juste une petite remarque sur ce passage :
Oui, c'est vrai qu'apprendre l'anglais est à un moment ou un autre incontournable pour coder. Cependant, quand on apprend à coder, ajouter la difficulté de la langue est "coûteux". Si l'apprenant est déjà bilingue ou très à l'aise en anglais, ce n'est pas un souci, mais si sa connaissance de la langue est celle d'un français moyen, c'est à dire pas motivé par le fait d'apprendre un truc d'étranger et n'ayant pas eu une formation très bonne sur le sujet, la difficulté ajoutée risque de faire fuir. Cela conduit pas mal de gens à n'apprendre ni l'anglais, ni à coder, alors que l'un et l'autre sont dans leurs capacités et pourrait les amuser.
Aujourd'hui, les outils de traduction automatique rendent la barrière de la langue moins pénible, mais ça reste quand même une difficulté de plus dans l'apprentissage.
N'avoir une ressource qu'en anglais exclue de l'initiation tout un public, pas si petit que ça, et il vaut mieux en être conscient, plutôt que de croire que l'anglais pour le code n'est pas un obstacle. Dans le cadre des initiations, c'est un obstacle qui doit être levé, soit en apprenant l'anglais avant de coder, soit en ayant des ressources et exercices dans une langue avec laquelle on est à l'aise.
Au-delà de l'initiation, par contre, le code peut devenir une vraie motivation à apprendre l'anglais. Quand on commence à bidouiller, qu'on a compris les bases, et qu'on veut arriver à faire "un truc", on se frotte forcément à l'anglais, mais avec la motivation de résoudre le problème et donc l'obstacle de la langue étrangère devient secondaire. Et petit à petit, ça rentre… j'ai quelques exemples dans mon entourage de ce genre, où l'apprentissage de l'anglais (plutôt technique et à l'écrit) s'est fait suite aux bidouillages en tout genre :)
[^] # Re: Tu provoques! Tu insultes!
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au journal une belle victoire de la démocratie. Évalué à 4.
Pourquoi au centre ? L'orateur peut se lever en restant à sa place. Dans un cercle, tout le monde est au même niveau, pourquoi faudrait-il que quelqu'un se place à un endroit central ? C'est un peu l'idée d'une table ronde, non ?
[^] # Re: Accès libre tout de suite
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au lien Pourquoi la CNIL a condamné Dedalus à une sanction de 1,5 million d'euros (accès libre dans 1 mois). Évalué à 2.
Ok, je lirais ça dans un mois alors, merci :)
# Accès libre tout de suite
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au lien Pourquoi la CNIL a condamné Dedalus à une sanction de 1,5 million d'euros (accès libre dans 1 mois). Évalué à 2.
Le lien de la CNIL qui explique l'affaire.
Avec en lien la délibération :
Délibération de la formation restreinte n° SAN-2022-009 du 15 avril 2022 concernant la société DEDALUS BIOLOGIE - Légifrance
Je ne sais pas si Nextinpact ajoute beaucoup ; les autres articles que j'ai pu trouver sur le sujet reprenaient surtout le communiqué de la CNIL.
[^] # Re: authentification humaine
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse à la dépêche L'antispam AgentJ recherche contributeur, testeur , traducteur, …. Évalué à 2.
Intéressant, je n'avais pas pensé au cas d'usage consistant à recevoir les mails automatiques légitimes.
Mon contournement serait assez simple : une adresse mail pour m'inscrire aux services et recevoir ce genre de truc automatique, sans la fonction, et une adresse mail "pour les humains seulement", avec cette fonction. C'est déjà ce que je fais, sauf que je n'ai pas accès à l'authentification humaine : je délègue la gestion de mes mails à Gandi et s'il y a moyen de rajouter un service de ce genre, je ne l'ai pas trouvé. Ça filtre déjà le bruit.
J'ai déjà croisé une ou deux fois un destinataire qui me demandait de vérifier mon humanité avant de transmettre le mail. J'ai trouvé ça assez génial et je rêve du jour où je pourrais le mettre en place pour moi. Mais, je ne me sens vraiment pas de gérer mon hébergement mail en entier ; je galère déjà assez à juste mettre les bonnes entrées dans la partie DNS…
C'est sûr que ce n'est pas forcément adapté aux logiques commerciales, où le spam est une façon acceptable de fonctionner. Je ne critique pas : j'ai bien une adresse qui est destinée à ce genre d'usage, parce que oui, ça m'arrive d'être intéressé par les newsletters de Machin et les promos de Bidule. C'est une boite mail pleine de bruit où rien de pertinent n'est censé arriver.
Par contre, réduire le bruit autant que possible est une nécessité sur d'autres adresses mails, où les seules communications devraient être de personnes identifiées, validées et attendues. Quand à l'aspect pishing, si le nom de domaine est celui du mail, si le contenu est adapté au destinataire qu'on cherche à joindre, ça me semblerait assez légitime. Je n'ai pas souvenir des détails pour les quelques fois où j'ai eu à le faire, mais cela ne m'a pas semblé complexe, plutôt sain (comme de donner son nom quand on appelle quelqu'un ou qu'on se présente à sa porte) et j'ai validé le truc sans m'inquiéter de pishing ; c'était trop en rapport avec ma tentative d'envoi de mail.
[^] # Re: Jugement majoritaire
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au journal Tournesol pour l'élection présidentielle. Évalué à 3.
En asso tu peux même te passer de votes. C'est ce qu'on fait dans quelques assos où je suis : les décisions qui demandent de consulter tout le monde (comme le renouvellement des collèges, les dépenses à faire) se font au consensus. On discute, on vérifie que personne n'est contre, et voilà. Ça serait difficilement applicable à l'échelle d'un pays, parce qu'on considère qu'une seule opposition nécessite qu'on trouve une autre voie : ça fait potentiellement beaucoup de papotage. Ça marche bien parce qu'on est tous dans une vision similaire du projet associatif, qu'on se connaît et s'apprécie et qu'on n'est pas si nombreux que ça. Le "vote" se résume à dire, à un moment : "est-ce que quelqu'un est contre ? Non ? On valide et on passe à la suite". Nous avons tout de même des mécanismes pour sortir d'un blocage s'il y a une crise du type "deux partis qui s'affrontent et essayent leur pouvoir personnel plutôt que de trouver le bien commun", situation qui pourrait geler une asso et mener à des vrais soucis, mais jusqu'à présent, ça n'a pas servi. Les mécanismes de sortie de crise ne passent pas non plus par un vote, d'ailleurs. Mon préféré est celui qui consiste à trancher entre les propositions en tirant au sort : on s'imagine facilement sortir perdant d'une telle résolution et il vaut mieux trouver des arguments pour faire passer "sa" solution ou quelque chose s'en approchant.
Finalement cette façon de faire ne prends pas plus de temps. La partie AG de l'asso prend de une à deux heures tous les ans, digressions comprises (deux heures, c'est depuis qu'on n'est plus en présentiel, on sent l'envie de papoter plus en audio). Il y a par contre du temps pris en amont pour les relations entre les divers membres. C'est ce qui permet, j'imagine, de ne pas avoir de souci et de perte de temps sur les aspects administratifs et factuels. Il y a du travail en amont, mais on ne perd pas de temps au moment où les décisions doivent être validées, moins que si on devait organiser un vote secret et dépouiller les bulletins.
# Alternative logiciel
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au journal Tournesol pour l'élection présidentielle. Évalué à 4.
Pour répondre à cette partie du journal, il y a aussi pollen en logiciel libre qui implémente plein de type de vote. On l'a utilisé pour faire un peu de tri dans nos décisions en asso, en s'amusant à tester divers scrutins, et c'était assez fun. Je n'ai jamais tenté de l'installer, le vote étant vraiment très rare dans mes assos.
[^] # Re: faut voir
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au journal Petites observations sur le travail (que l'on fait pour soi). Évalué à 3.
Mais pour ne pas s'entasser, il faudrait moins d'humains. Parce que ça semble compliqué d'avoir tous son hectare de bonne terre arable en continuant à se reproduire comme des campagnols.
[^] # Re: LibreOffice
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au message Gérer plusieurs contributions de traduction. Évalué à 4.
Cela me semble être une bonne piste, s'il y a beaucoup de contributions sur une langue. Ouvrir un espace dans le forum du projet (si vous en avez un ; c'est l'outil qui me semblerait le plus gérable pour ce genre de cas), dédié aux traducteurs de langue arabe (pour l'exemple) leur permettant de discuter des choix à faire dans les contributions où il y a des différences. L'intérêt du forum c'est qu'on peut discuter et suivre avec les traducteurs automatiques (même imparfait), mieux comprendre pourquoi un mot plutôt qu'un autre sera approprié et trancher. Et cela va aussi faire émerger les contributeurs les plus investis, potentiellement les plus pertinents, à qui donner le droit de trancher, ensuite.
Peut-être que Weblate a aussi des outils internes pour ce genre de discussion, cela fait un moment que je ne l'ai pas utilisé et je n'en ai jamais été experte. Quoi qu'il en soit, organiser la communauté par langue et leur faciliter la discussion me semble le plus important.
[^] # Re: Procès d'intention
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse à la dépêche Retour sur l’affaire des « patchs hypocrites » de l’Université du Minnesota. Évalué à 8.
Si tu veux aller au bout de l'analogie, ce serait plutôt comme si une boite de sécurité informatique décidait de faire un test d'intrusion sur une entreprise sans avoir été sollicitée en amont. Quand un hacker rentre par une faille et dit "hey, c'est tout troué ici, regardez, j'ai mis mes trucs !" ce n'est pas vraiment bien perçu. Ce n'est d'ailleurs pas ce qui est attendu, éthiquement parlant. Il faut qu'au moins la direction aie donné un accord en amont. Sinon, et bien… c'est juste du piratage, peu importe l'intention de celui qui utilise les failles de la sécurité.
On peut tourner ça comme on veut, mais à aucun moment cette étude n'a été approuvé par qui que ce soit au sein de la Linux Fondation.
[^] # Re: faut voir
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au journal Petites observations sur le travail (que l'on fait pour soi). Évalué à 4.
Ho, siiiii.
Faire en sorte que son diesel roule à l'huile de friture ou passer soi-même son essence à la conso en ethanol, ça se fait. Ou ajouter des additifs pour "rouler mieux". Je met ça dans "jouer avec l'essence". Et parfois ça tourne mal.
[^] # Re: faut voir
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse au journal Petites observations sur le travail (que l'on fait pour soi). Évalué à 8.
C'est là que je vois que je ne suis vraiment pas du tout dans la même classe sociale ni les mêmes logiques. Par ici, une voiture d'occase fait entre 600 et 2000€ ; il faut prévoir 1000€ la première année pour toutes les réparations, puis environ 200/300€ par an ensuite pour l'entretien, avec des années où il y a plus,d'autres où il y a moins. On n'est vraiment pas dans les mêmes ordres de prix. Par contre, oui, on mène les voitures "au bout" dans ce genre de scénario. Et les coûts baissent quand on a un voisin/ami qui bidouille les autos. Durant 15 ans, mes voitures m'ont surtout "coûté" de la relation sociale et le prix des pièces (là, je n'ai plus de bricoleur dans ma zone, mais j'ai un garagiste sympa).
1000€ sur la première année, c'est vraiment important de les prévoir ; évidement on choisit une voiture qui semble "bien" mais il y a toujours des surprises.
Concernant la consommation, je ne suis pas d'accord ; ça dépend des modèles, pas des années. J'avais un diesel qui faisait 5l au 100 et datait de 1999 et on pouvait faire moins dans les bonnes conditions. Je rigole quand quelqu'un est tout fière de son 7l/100 sur une berline similaire toute neuve… Mais il y a juste des disparités énormes d'un véhicule à l'autre, ça fait partie des points à surveiller quand on achète une auto.
Par contre je suis ok sur le reste, plus ça va et plus les voitures sont sécurisés et confortables. Je ne suis pas fan des gadgets électroniques parce que ça complexifie les réparations, mais c'est une logique de pauvre. Ho et aussi parce que je n'ai pas confiance dans les programmeurs de ces trucs, mais ça c'est parce que je sais à quoi ressemble le milieu de l'informatique :P
[^] # Re: Ça m'énerve
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse à la dépêche Différences de genres dans la contribution au code libre. Évalué à 1.
Il faut d'ailleurs considérer le fait que l'informatique est par endroit et moment un milieu majoritairement féminin. Ça a été le cas sur les débuts de l'informatique, lorsque c'était considéré comme un simple travail de secrétariat. Actuellement, suivant les pays, ces ratios sont d'ailleurs plus ou moins déséquilibrés.
Il y a un article sur Wikipédia qui accumule un peu plus de références que je ne pourrais en trouver.
Il y a tout un tas de facteurs convergents qui expliquent ces différences. Ce n'est pas juste une pub dans un magazine qui va changer le monde (même si celle remontée par Tonton est redoutable !) ; mais l'accumulation de milliers d'images, de petites phrases, de toutes ces influences liées à la culture, qui vont pousser dans un sens plutôt que dans un autre, et ce dès la petite enfance.
Je l'avais particulièrement ressenti au moment du lycée, de façon visible enfin ; mes goûts personnels étaient secondaires par rapport à ce qu'il semblait "bien" que je fasse. Une pression sans violence, à l'intersection de plusieurs problématiques. J'ai lutté comme je pouvais pour faire une filière scientifique à défaut d'avoir le "droit" de faire une filière technique, contre des phrases comme "mais tu es si bonne en français, pourquoi ne pas aller en filière littéraire ?" Dire qu'on arrive à avoir une bonne note parce que certes, c'est facile, mais ennuyeux comme la mort, n'est pas une réponse entendable.
Et j'ai fini par arriver à faire mon CAP, après avoir traîné 3 ans à la fac. Tout ça était intéressant aussi, certes je pouvais le faire, j'en avais les capacités, le goût, etc, mais ce qui m'a fait me sentir vivante n'était pas un métier en rapport avec les sciences humaines (où j'ai fini par atterrir). Mais là on dépasse les problèmes de genre, il y a aussi un problème de classe : on ne peut pas refuser un bac + X si on a les possibilités de le faire, car ça assure une bonne position sociale.
Lutter contre toutes ces injonctions, conscientes et inconscientes, est à la fois épuisant mais aussi difficile, parce que justement, nous n'avons pas toujours les concepts pour voir ce qui se passe, pour savoir qu'une autre voie est possible.
[^] # Re: Ça m'énerve
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse à la dépêche Différences de genres dans la contribution au code libre. Évalué à 6.
Le doute sur ses propres capacités est très clairement un des marqueurs culturels de genre. Ce n'est pas exclusif bien sûr (il y a des hommes qui ont ce souci, il y a des femmes qui ne l'ont pas du tout), mais je dirais qu'une très grande proportion de femmes apprennent tranquillement dans leur enfance que, quoi qu'elles fassent, ça ne sera jamais assez, tandis que de nombreux hommes apprennent dans le même temps que, quoi qu'ils fassent, ce sera toujours suffisant. C'est évidement encore plus marqué quand on est dans des activités qui ne sont pas associés à notre genre ; proportionnellement, les femmes se sentiront un peu plus en maîtrise sur les compétences sociales et bien moins sur les compétences techniques, indépendamment de leurs compétences réelles bien sûr.
J'ai pris conscience de cet écueil chez moi il y a déjà pas mal d'années, mais le savoir n'est pas forcément le désamorcer, surtout quand la vie met sans cesse en face de défis qui sont factuellement laborieux à surmonter ; cela renforce le sentiment d'impuissance et d'incompétence (alors même que ce ne sont pas des trucs qui dépendent de moi ; alors même que par ailleurs j'ai un environnement amical très bienveillant et valorisant). Là-dessus, je tiens à remercier toutes les personnes qui me font progresser régulièrement, comme cet ami qui me reprend chaque fois que je laisse échapper mécaniquement "ha mais je suis bête, c'était ça" => "Non tu n'es pas bête, tu n'avais juste pas encore vu ceci". C'est vraiment un truc contre lequel il faut se battre et c'est important de le faire, en groupe.
[^] # Re: Ça m'énerve
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse à la dépêche Différences de genres dans la contribution au code libre. Évalué à 3.
Merci Jehan pour cette façon de voir la chose :)
Je ne suis pas certaine d'arriver à avoir plus confiance en l'humanité pour autant, mais ça me servira d'argument pour douter un peu de moins de moi si je me retrouve dans des situations de ce genre.
[^] # Re: Ça m'énerve
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse à la dépêche Différences de genres dans la contribution au code libre. Évalué à 8.
Il y a de ça. Je trouve effrayant de voir comment les américains "voient" les différences. Cela me frappe particulièrement dans les séries américaines, où il y a parfois des remarques sur les moindres nuances de couleur de peau et de type morphologique, amenant à classer les gens dans des groupes ethniques/sociaux : wow, je dois reconnaître que je suis incapable de voir ces différences ethniques et par là-même de discriminer selon ces critères. Et pour moi le système des étiquettes, où se revendiquer de/se faire classifier dans tel et tel groupe, est surtout sensible dans les endroits où la discrimination est très forte. J'ai quand même l'impression qu'en France (seul pays où je peux juger de cet aspect culturel), ces étiquettes ont moins d'importance, à moins d'être très revendiquées. Ce sont encore des outils pour comprendre des choses, mais pas forcément des stigmates. Mais l'influence des USA se fait sentir au fil des années.
Ma conviction est qu'il s'agit d'un travail de tout les jours, qui commence par les questions qu'on se pose sur soi et sur ses comportements, et qui continue avec les discussions qu'on peut avoir avec les autres. Chaque échange sur ces sujets me fait réfléchir, que je sois ou non d'accord avec mon interlocuteur. Mais c'est aussi une attention au quotidien. Par exemple, prendre conscience que quand on est dans un groupe et qu'il est prévu de manger ensemble, c'est majoritairement les femmes qui vont se retrouver en cuisine (à part peut-être en cas de barbecue, mais elles feront la vaisselle), et ce même dans des groupes sensibilisés à ces questions. Et on en fait quoi ? On mange trois heures plus tard parce que les filles s'amusent d'un accord tacite à laisser tomber cette charge mentale ? Cela va retomber sur la seule du groupe qui n'a pas suivi ? Qui va lancer le sujet sur la table ? Des situations de ce genre, extrêmement genrées, on en a régulièrement. C'est important d'en prendre conscience et de dépasser ses propres stéréotypes, quitte à prendre le contre-pied un moment (dans mon cas, accepter que je préfère boire une bière et papoter sans penser à rien d'important, plutôt que d'aller m'assurer que la préparation avance ; dans celui de mes compagnons, prendre conscience qu'il va bien falloir que quelqu'un se dévoue pour démarrer la cuisine, et oui, je suis un gros macho par moment… j'essaie :P).
Être en contact avec les enfants est aussi une école terrible. Déjà parce qu'ils subissent de plein fouet toutes les injonctions de la société : on peut parler de certaines, tenter de les désamorcer, mais on ne peut pas tout changer. Mais surtout encore une fois, pour sa responsabilité individuelle. C'est chouette que les enfants voient les hommes s'occuper du ménage, voient les femmes geeker sur l'ordi pendant ce temps ; il y aura suffisamment d'autres occasions où le rapport s'inversera. C'est important de se demander si on se comporte de la même façon avec un enfant suivant son genre ; si on ne projette pas qu'une petite fille est "mignonne" et un garçon "fort" (ils peuvent l'être, mais reconnaissons-leur aussi des valeurs inversées).
C'est aussi, effectivement, se positionner quand on entend une blague sexiste ou autre truc déplacé et qu'on sait qu'il va être possible d'avoir une discussion. Ça n'a pas besoin d'être bien long, simplement de le faire remarquer sans agressivité suffit déjà à faire prendre conscience que le public n'est pas forcément allégeant à ce genre de chose. De façon générale, exprimer ses limites autant que possible, sans chercher toujours le combat ou la perfection (c'est épuisant et ça demande de l'énergie, reconnaissons-le), en sachant que les gens en face de nous ont parfois un looooong chemin à parcourir… ce qui ne veut pas dire que ce sont des méchants vilains pas beau à abattre. Sortir du manichéisme est une nécessité, sinon cela veut dire qu'on n'imagine pas d'évolution possible, cela devient "eux ou nous".
C'est là, je pense, où les vraies études sociologiques me plaisent bien. Elles montrent les mécanismes, elles permettent de prendre conscience de ce qui est en place. Je suis moins à l'aise avec les témoignages du type #metoo. Ce genre d’électrochoc est efficace aussi, mais pas mal anxiogène pour tout le monde, et amène une partie des gens à se mettre sur des postures défensives qui peuvent devenir agression (des deux côtés). Je préfère vraiment échanger sur les travaux de Judith Butler et consœurs que de faire face à la litanie individuelle des horreurs auquel le sexisme peut mener, je vois plus facilement comment en sortir quelque chose de constructif.
Et oui, il y a aussi des choix à faire au niveau politique, de façon sociétale. La défense de l'IVG ou l'accès à la contraception, ça dépasse le cadre individuel et ça améliore le sort de milliers de personnes. Mais c'est aussi plus complexe de prendre des décisions "bonnes", d'imposer à des gens qui ne sont pas prêts ou pas d'accord le choix d'un groupe d'énarque. Il y a parfois des maladresses, des solutions bancales, voir contre-productives. Se planter fait partie du processus. Tant qu'il y a un peu de place pour de la démocratie, on peut espérer transformer ces maladresses et construire un monde meilleur peu à peu. Il reste cependant nécessaire de ne pas déléguer sa capacité d'action ; "en haut" les gens peuvent faire des choses, mais c'est surtout au quotidien, dans la façon dont chacun de nous vit, que les choses se construisent.
[^] # Re: Ça m'énerve
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse à la dépêche Différences de genres dans la contribution au code libre. Évalué à 10.
Oui, en fait, je suis d'accord avec ça. Il y a des moments où c'est fait avec suffisamment d'élégance pour marcher, d'autres où ça me hérisse vraiment.
Le souci c'est que la discrimination positive est souvent juste une vraie discrimination. L'exemple-type : "on manque de femme ici, alors recrutons de façon à voir 50/50" => dans ce genre de cas, je ne saurais jamais si j'ai été recrutée pour mes compétences, ou pour boucher un trou. Je me sens hyper illégitime, pas du tout à ma place. Alors que peut-être que je suis là aussi pour mes compétences ; mais je n'en serais jamais sûre. Jusqu'ici, quand ce genre de politique était clairement affichée, j'ai eu tendance à fuir. Mais je me suis aussi retrouvée dans des groupes où ce n'était pas clair dès le départ, puis ensuite dans les discours il y avait "on fait des efforts pour avoir plus de parité", et là je me reprends en pleine poire ce doute : suis-je là pour les bonnes ou les mauvaises raisons ? Est-ce que j'ai été accueilli pour ce que je fais, ou pour une donnée biologique ?
Mais à l'inverse, j'ai apprécié certains espaces sécurisés (oui je sais, le mot n'est plus à la mode, je m'en fous car je trouve que ça décrit parfaitement quelque chose de bien), où des règles précises étaient affichées en amont sur ce qui était attendu. Il y a aussi une discrimination positive dans ce genre de contexte mais qui était justement tournée de façon positive, en gros "nous souhaitons que les gens qui soient ici se sentent concernés directement par le sujet que nous abordons". Et c'est vrai que ces moments où on se retrouve entre personnes partageant quelque chose de similaire (que ce soit directement "nous" ou dans l'optique de mieux aider un proche) sont souvent très constructifs, permettant de mieux prendre conscience de certaines mécaniques, d'avoir plus de place pour s'exprimer aussi.
Donc ta conclusion me va bien ; il faudrait que je nuance un peu mon discours, mais c'est parfois plus simple de faire des raccourcis ;)
# Ça m'énerve
Posté par Zatalyz (site web personnel) . En réponse à la dépêche Différences de genres dans la contribution au code libre. Évalué à 10.
Ce qui ne vaut pas un moinssage de la dépêche, je tiens à le préciser. Je n'ai pas lu tous les liens, et je ne remet pas en cause l'intérêt sociologique de montrer un déséquilibre existant.
Ce qui m'énerve, c'est ce qui va avec, assez vite (et il y a quelques liens dans ce sens) : l'injonction à ce qu'il y aie plus de femmes en informatique (ou ailleurs, ce n'est pas le seul domaine où ce genre d'inégalité se voit). Et tous les bons conseils pour "attirer les femmes".
En tant que personne assignée femme, ce genre de manip réveille en moi des instincts de proie : ça sent le piège, ça sent la bande de prédateurs cherchant la chair fraîche et bon sang, si vous voulez m'attirer sous le prétexte de mon genre, je vous garantit que je vais essayer de fuir et qu'il va me falloir un sacré effort pour m'intéresser à ce que le projet fait de bien.
Qu'un projet fasse ce qu'il faut pour que l'ambiance soit bonne et que tous les participants soient traités avec égalité, sans discrimination (même positive), sans que des étiquettes accessoires viennent polluer le débat, c'est parfait. C'est vrai qu'un projet où les blagues sexistes sont légions peut me mettre mal à l'aise ; cependant, ça fait aussi fuir des hommes, et je dois aussi reconnaître que ce n'est pas ce qui va le plus m'influencer de mon côté. C'est bien de prendre conscience du problème et de changer les choses, mais pas pour avoir "plus de femmes". Juste pour être des êtres humains plus fréquentables.
Et ça m'énerve, car j'ai parfois l'impression que certains s'intéressent plus à ma poitrine qu'à mes compétences et appétences pour l'informatique. Non, je ne parle pas des gros lourds de certains projets, qui sont une nuisance dans toutes les couches de la société, mais bien de ces enquêtes qui sont faites avec les meilleures intentions du monde. Je ne sais même plus si j'ai tenté de répondre à celle qui est citée dans le premier lien ; je sais que généralement, je commence à répondre et puis ça m'énerve tellement, tant c'est orienté pour s'assurer que je reste dans le stéréotype de mon genre, que je referme avant la fin. Là le pdf refuse de se charger donc je n'émettrais pas de critique plus constructive sur celle-ci, elle est peut-être très bien.
J'aimerais que mon genre soit réellement une donnée accessoire, sans aucun intérêt dans la majorité des situations. Je considère les gens que je croise comme des êtres humains ; ce qu'ils ont entre les jambes, dans la tête, s'ils correspondent à des critères esthétiques spécifiques ou non et autres détails, sérieusement, je m'en fous dans la majorité des cas, et encore plus dans tout ce qui est cadre de travail, même bénévole. Ce qui m'importe est la façon dont nous pouvons travailler ensemble et j'attends des autres qu'ils aient la même préoccupation. Dans les espaces de socialisation, les mécanismes de séductions et les expressions culturelles peuvent s'exprimer, tant qu'elles ne mettent personne mal à l'aise et qu'elles ne portent pas préjudice au travail exécuté par ailleurs. Je ne dis pas que cette façon d'aborder les choses suffit à réduire les discriminations ; malheureusement il y a bien trop de choses inconscientes qui se passent et qui émergent à l'occasion, et c'est là où ces études sont utiles, pour prendre conscience de toutes ces choses qu'on fait ou dit "sans y penser". Mais trop penser à lutter contre une discrimination a le même effet que de tenter de l'exploiter : on réifie les gens en les mettant dans une case, jusqu'à ne plus leur laisser de place en tant qu'individu indépendant.
Si on considère que ces inégalités sont un problème et si on veut agir dessus, il me semble que la question n'est pas d'augmenter le nombre de "femmes" et de viser une parité. Le problème est bien en amont de ça. Il faut permettre à chacun de trouver comment exprimer ses limites et de trouver comment les respecter collectivement. Tout cela est propre à chaque communauté, doit être reconstruit et ré-interrogé sans cesse. Mais en faisant ce genre de chose, on dépasse aussi d'autres problèmes de discriminations. Parce que bon, ce n'est pas parce qu'on est un homme blanc cisgenre hétérosexuel que tout est complètement gagné ; on a encore la possibilité d'être handicapé, neuroatypique, d'une classe sociale qui n'est pas celle du groupe où on s'inclut, etc. On peut même ne pas correspondre aux normes de notre genre et de notre classe sociale, quand bien même on ferait partie, sur le papier, des "dominants".
Oui, c'est bien de prendre conscience des diverses discriminations qu'on subit ou qu'on fait subir (et on est toujours des deux côtés, à un moment ou un autre). Ça me semble très bien qu'on prête de l'attention à son prochain, en veillant à ne pas le blesser ou l'écarter, autant que possible. Mais pas au point de l'infantiliser, ce qui est de plus en plus la norme dans les milieux dit "progressistes", où je me sens non pas reconnue, mais classée comme une mineure : une petite chose qui se définit uniquement par ma fragilité et non par mes forces et mes qualités (ou même par mes défauts !).
Je crois que si on veut réduire les discriminations, il est important de se responsabiliser de tous les côtés. Je déteste qu'on me place dans la case de la victime passive et dépourvue de capacité d'action. Je préfère franchement quand on me permet de voir ce qui, de mon côté, peut aussi être transformé afin d'aller vers plus d'égalité, d'autant plus si l'autre en face travaille aussi sur ses propres comportements et préjugés.
L'une des choses les plus fortes, quand on fait partie des populations discriminées, c'est qu'on apprends à se taire et à raser les murs, pour ne pas susciter les réactions agressives. Prendre la parole, même dans les commentaires, ça me demande toujours un sacré effort. Souvent je prépare des messages que je n'envoie pas ; et même une fois envoyé, parfois j'aimerais juste l'enlever, ayant presque plus peur de ce que cela peut susciter, que des attaques réelles qui arrivent parfois (et pas si souvent, il faut le reconnaître). Je crois pourtant que c'est important d'arriver à s'exprimer, sans savoir si nous seront entendus, tout autant que d'apprendre à entendre. Et je suis aussi intimement convaincue que s'il y a quelque chose à faire, c'est là : travailler tous ensemble à améliorer nos prises de parole et notre écoute. Là-dessus, internet est un outil assez fabuleux, je peux hésiter et reprendre mon message sans que quiconque ne me coupe la parole avant que j'ai fini ;) Par contre, ça n'aide pas forcément à mieux entendre. Pour ça, il y a encore beaucoup de travail à faire.
Toute cette littérature est intéressante pour prendre conscience de certains phénomènes. Mais pour une fois, je vais utiliser ma voix de minoritaire, le fait que je suis de facto dans la plupart des cases amenant de la discrimination, pour préciser un point qui est souvent passé sous silence : je ne veux pas de discrimination positive, je ne veux pas qu'une de mes étiquettes servent de motivation à la façon dont vous vous comporterez avec moi et les autres qui partagent cette étiquette. Je veux que nous trouvions comment vivre ensemble et dans le respect, et je sais très bien que cela veut dire que parfois, ça fera mal, parce qu'on sera maladroit, à côté de nos pompes, héritiers de notre culture et de nos acquis, que ça ne sera pas facile de remettre certaines choses en cause, et qu'on a tous une part à faire.