Zatalyz a écrit 539 commentaires

  • [^] # Re: Tu fais ce que tu nous demandes de ne pas faire

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Comment j’ai été réduit en esclavage, comment vous m’avez aidé, et les leçons que j’en ai tirées. Évalué à 7.

    La vaccination obligatoire, ce n'est pas une nouveauté, on l'a d'ailleurs en France pour quelques maladies, plus des incitations très fortes sur d'autres. Par exemple la rougeole n'est pas obligatoire, sauf qu'il faut avoir le vaccin pour aller en crèche (sauf erreur ?). La crèche vérifie le carnet de santé, ou se contente de ce que déclare les parents, je ne sais pas, mais ensuite il n'y a pas plus de contrôle et d'ailleurs des parents non vaccinés peuvent poser leur gamin, si lui, l'est… résultat une très grosse proportion de la population est vaccinée contre ça, assez pour que la rougeole ne soit plus un gros problème de santé publique, même si ça va et vient au fil des ans.

    Les campagnes de vaccinations, ça marche bien aussi quand c'est correctement géré. C'est moins l'affaire d'une sanction que de ne pas trop laisser le choix. J'ai souvenir au collège qu'il y avait des journées où tout le monde défilait pour aller voir l'infirmière et se faire vacciner contre l'hépatite B (si mes souvenirs sont bons :D ). Il y avait quelques gamins qui y échappaient parce qu'absent ce jour-là, mais 99% du collège avait eu sa dose. De même, quand je reçois la lettre du gouvernement pour faire le dépistage du cancer du sein, c'est assez incitatif à y aller, même si ce n'est pas complètement contraignant. Ça marche plutôt bien, sans que j'ai besoin de montrer un pass "mammographie" à mon boulanger (oui ok les cancers ne sont pas contagieux, mais sur les chiffres, la méthode employée fait que pas mal de femmes font ces examens).

    Et ce n'est pas comme si on ne savait pas faire. Depuis l'invention des vaccins, il y a eu divers épidémies, diverses façon de gérer les campagnes de vaccinations, et cette histoire de pass n'a pas toujours été nécessaire.

    La vaccination, ça reste lié à un carnet de vaccination en principe, qui est une sorte de "pass" aussi, mais je n'ai pas besoin de le faire valider par des personnes lambda (type restaurateur ou contrôleur de bus). D'ailleurs je suis vexée qu'on ne m'aie pas demandé ce carnet lors de mes vaccinations contre le covid. Et les endroits où le pass est contrôlé est absurde : il faudrait garder des jauges dans les endroits en intérieur, avoir des purificateurs d'air, des masques, se laver les mains, peu importe qu'on soit vacciné ou non, on sait que ni le pass, ni le vaccin ne stoppent la contagion. Ça la ralentit, ça diminue les cas graves et ça permet à l’hôpital d'absorber à peu prêt les entrées, c'est tout…

    J'ai cru comprendre que d'autres pays arrivaient à gérer l'épidémie sans pass. Bon, là, faudrait que j'aille vérifier les sources avant de dire des bêtises, mais ça serait intéressant de comparer. Évidement ça va parfois avec autant de manque de liberté (Singapour ou la Chine, c'est efficace, mais on ne va pas dire que la population est moins fliquée…). Mais il y a probablement d'autres exemples plus démocratiques.

  • [^] # Re: Pourtant ça partait bien

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Comment j’ai été réduit en esclavage, comment vous m’avez aidé, et les leçons que j’en ai tirées. Évalué à 10.

    Alors à moins qu'il ait reçu des menaces de morts de son proprio à ce sujet, pourquoi ne pas demander à un ami, de la famille, à une association ou voir pour louer une boîte postale pour cela ? C'est facile, rapide, simple, sans risques, ça résout ce problème et voilà. Ici non, il laisse le sujet pourrir et ne réagit pas. Pourquoi ? Mystère.

    Dans l'absolu et la pratique, tu as raison. Les solutions pour avoir une domiciliation sont nombreuses et accessibles. Sachant justement à quel point ne pas avoir d'adresse de domiciliation est excluant, il y a des mécanismes pour contourner le problème. Ce n'est pas toujours magique non plus, j'ai galéré dans ma dernière coloc parce que je n'avais pas assez de justificatif à mon nom pour ouvrir mon compte en banque (qui voulait des documents précis du type facture d'énergie, payé par l'autre, et n'acceptait pas le reçu du loyer), mais bon, au prix de quelques galères, on peut trouver des solutions.

    Dans l'expérience et le mental, ce qui est simple a priori et quand on est hors du problème est parfois complètement impossible quand on est "dans" le souci. Ici, je n'ai aucune idée de pourquoi l'auteur n'a pas cherché de solution au problème, mais je peux faire des hypothèses : le temps avant de comprendre à quel point c'était handicapant, le temps pour régler le problème avec un job qui prend toute l'énergie, les préjugés culturels trop ancrés du type "je ne vais quand même pas demander de l'aide à autrui, je ne peux pas être un paumé" qui amènent à nier le problème et ne pas le régler. Il a pu y avoir quelques recherches de solutions, réglées d'une façon boiteuse qui a semblé suffire dans un premier, comme le courrier reçu à l'entreprise.

    Quand on est en possession de tous ses moyens et en capacités d'agir, certaines choses sont faciles. Quand on es en train de se déliter mentalement et que notre vie part en miette, les choses faciles peuvent devenir incroyablement complexes. Toutes. A posteriori, ça semblera peut-être idiot, mais sur le moment, quand on se croit coincé, c'est pas évident de dépasser ça.

  • [^] # Re: Pourtant ça partait bien

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Comment j’ai été réduit en esclavage, comment vous m’avez aidé, et les leçons que j’en ai tirées. Évalué à 10.

    Mais tu ne trouves pas que la question du consentement et du discernement ne se pose pas? C'est quand même ce qui caractérise en général le fait d'être une victime.

    J'ai mis des années avant de comprendre que la notion de consentement et de discernement était une question qui ne pouvait avoir du sens qu'entre individus sur un pied d'égalité et travaillant énormément l'empathie et la discussion.

    Sur la question du consentement : quand il y a une situation hiérarchique en jeu, de quelque nature que ce soit, le véritable consentement est extrêmement complexe. La plupart du temps, quand un patron demande à un employé de rester un peu plus pour finir un travail en cours, l'employé va dire oui. Peu importe qu'au fond ça l'embête, qu'il n'en aie pas envie, qu'il veuille être ailleurs, etc : il dit oui. Ce n'est pas un vrai consentement, pourtant le "non" n'est pas entendable ni avouable. Il faut des gens sacrément formés à poser leurs limites, avec une bonne confiance en soi, du courage et un je-m'en-foutisme sur les conséquences pour dire "non". Et le pire, c'est que dans la majorité des cas, ce "oui" donné à contre-cœur n'est pas vraiment un problème, c'est la négociation entre ses désirs personnels et les contraintes du monde réel. On a tous des moments où on fait ça.

    Dans le cas des relations toxiques, ces pseudo-consentements se répètent, deviennent fréquents, effacent peu à peu la capacité à dire non à plus gros. Ça va plus ou moins vite suivant les gens et leurs propres vigilances face au phénomène, mais tout le monde est potentiellement concerné, à moins d'être un vrai sociopathe : en tant qu'être humain on a généralement une bonne idée de l'intérêt du groupe par rapport à sa propre personne, et c'est sur ce sentiment que vont se baser (entre autre) les mécanismes d'emprises. Je tiens d'ailleurs à préciser que la personne en face de soi n'est souvent même pas consciente d'imposer sa volonté et de manipuler autrui, ça peut être fait en toute bonne foi et c'est probablement le pire. J'en reviens à la question de l'empathie et de la discussion : personnellement, quand je suis dans des rapports hiérarchiques, je m'interroge quand je dis "oui", et je vérifie bien les "oui" qu'on me donne, parce que ça peut déraper assez facilement, mais cela prends un temps qu'on aimerais souvent passer à autre chose et ce serait faux de dire que c'est toujours checké. Maintenant si d'un côté il y a des gens peu sûrs d'eux, de l'autre une ou des personnalités qui s'imposent facilement, ça peut faire des dégâts.

    Ça me semble tout à fait naturel de se demander si ce témoignage introductif à une série de théories claquées au sol n'est pas destiné à "accrocher" le lecteur avec une histoire destinée à crédibiliser l'orateur en tant que victime (et donc "lanceur d'alertes" sur les questions de libertés individuelles).

    Oui, c'est le point que je trouve dommage ici, ça aurait été mieux en deux journaux et il y aurait eu de quoi raconter sur chaque.

    Questionner l'intention du témoignage se pose forcément vu la seconde partie. Le sujet du green pass fait écho à la situation traumatique vécu dans un autre contexte, mais est-ce pertinent de les mettre en lien ici ? Est-ce que cela n'est pas juste une façon de chercher une légitimité pour parler de privations de droits ? Et cette recherche de légitimisation est-elle nécessaire ? Parce qu'au fond, les arguments sur le green pass seraient les mêmes, quelque soit le vécu de la personne. Et c'est ces arguments et la façon dont les choses sont présentées qui sont réellement pertinentes à discuter dans le contexte, de même qu'il serait pertinent, par ailleurs, de parler des mécanismes d'emprises pouvant aller jusqu'à des formes d'esclavagisme. C'était risqué d'utiliser le terme, mais là dessus je rejoint l'auteur et j'aimerais que ce mot sorte des images d'Épinal "c'est loin dans l'espace et le temps et ça nous concerne pas" pour revenir à une interrogation sur des mécanismes bien réels, touchant n'importe qui dans la population et menant à des situations inacceptables, dont se sortir est souvent très complexe. Pour ceux qui s'en sortent, d'ailleurs.

  • [^] # Re: Pourtant ça partait bien

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Comment j’ai été réduit en esclavage, comment vous m’avez aidé, et les leçons que j’en ai tirées. Évalué à 10.

    Ici on a un gars à priori formé et instruit, avec des droits civiques qui déjà ne tique pas devant certains manquement graves au droit du travail, alors qu'il est dans un secteur qui embauche et qui rémunère plutôt bien ne cherche pas un autre employeur, il parle la langue et a la citoyenneté locale et connaît notre pays (donc sait qu'il y a des solutions et comment s'en sortir à minima) et qu'il ne cherche pas à trouver une solution pour ses histoires d'adresse alors qu'en soi ça ne manque pas. Amis, famille, associations, boîte postale, ce n'est pas ce qui manque pour résoudre ce problème administratif. Il pourrait même prendre consultation auprès d'un avocat.

    Ça c'est un préjugé commun et malheureusement dommageable. Tomber sous l'emprise de quelqu'un n'a aucun rapport avec son éducation, ses capacités propres, son réseau, le contexte global. Ça peut arriver à tout le monde, rapidement, brutalement, et quand le truc se met en place, le briser est quasiment impossible.

    Il y a une affaire qui est sort récemment, concernant des avocats (lien ici, malheureusement avec paywall, mais l'affaire a du être relayé ailleurs). Il y a des choses discutables concernant cette affaire aussi, mais sur le fond : on pourrait penser que des avocats sont au courant du droit, qu'ils sont d'un milieu où ils sont armés pour réagir aux manipulations et à un environnement toxique. Il semblerait pourtant que nombre de gens, ici, se sont fait massacrés sans même penser à la base de leur métier, c'est à dire le droit…

    Alors, oui, il y a des personnes plus faciles à abuser que d'autres, et c'est d'autant plus criminel. Mais ça ne veux pas dire que les mécanismes sous-jacents ne sont pas similaires, juste qu'il est un peu plus facile d'être un esclavagiste dans un pays qui n'essaie pas de protéger les êtres humains, et qu'on a un peu plus de moyens à disposition pour se sortir des ennuis quand on est dans le bon pays (encore que, quand on a eu affaire aux services pouvant aider, on sait que c'est parfois assez relatif).

    Et surtout : oui, c'est très, très important d'apprendre qu'il y a des lignes rouges, et que quand elles sont franchies, il faut juste fuir le plus loin possible en abandonnant tout sur place, sans discuter, sans chercher à négocier quoi que ce soit. Et ne revenir qu'avec tout un groupe de soutien fort et apte à agir (qu'il s'agisse de la famille et des amis, d'une association, de la police, d'un syndicat, d'un bon avocat, bref ce qui est adapté au cas particulier). Mais c'est une erreur de croire que ces lignes rouges sont évidentes : on peut tous se faire avoir et être conscient de sa propre fragilité est la meilleure façon de se protéger.

  • [^] # Re: Tu fais ce que tu nous demandes de ne pas faire

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Comment j’ai été réduit en esclavage, comment vous m’avez aidé, et les leçons que j’en ai tirées. Évalué à 10.

    j'attends toujours une manif provax antipasse. Les provax antipasse ne sont pas si nombreux que ça, et si il n'y avait qu'eux on n'entendrait quasi-rien…

    On est peut-être moins fous que les autres. Je suis vaccinée, pour le vaccin, en faveur de l'obligation vaccinale avec dérogation exceptionnelle sur prescription d'un immunologue (et uniquement dans ce cas), et contre le pass sanitaire. Mais vu comme les gens sont calmes, posés et ouvert à la discussion, je préfère généralement fermer ma gueule et essayer de me concentrer sur des choses plus positives. Je n'ai pas envie de me faire lapider et traiter de ce que je ne suis pas, juste parce que ce dispositif est pour moi à la fois une insulte et une horrible manipulation aux conséquences dramatiques. J'ai un passe, parce que je suis vaccinée. Je ne l'ai pas demandé et je refuse de l'utiliser. Mon combat s'arrêtera là pour le moment.

    Quand aux manifs, à part pour le plaisir douteux de se retrouver dans un groupe, je n'en vois pas l'intérêt. Je doute que la moindre manif aie jamais changé quoi que ce soit, sauf celles où ça finissait en coupant des têtes (ce qui n'est pas forcément l'idéal non plus). Je crois bien plus aux discussions tranquilles avec les personnes ayant des pouvoirs de décision, bref, le lobbying, parce que là j'ai des retours où peu de gens ont fait changer des choses. Pour le moment, mon énergie passe à soutenir quelques lobby sur des questions qui me sont plus vitales que le passe sanitaire, je l'avoue : on ne peut pas être de tous les combats. Les lobby ont en plus ceci de monstrueux : ils ne sont pas démocratiques, ne représente pas un nombre de gens, ou ceux qui gueulent le plus fort, mais sont pseudo-méritocratiques dans le sens où ceux qui sont le plus efficace pour agir et convaincre seront ceux dont le point de vue sur le monde aura un impact.

    On a de la place, en tant qu'antipass, pour causer ? Je n'en suis pas certaine. La partie sur le passe, dans le journal, y'a plein de trucs que je n'aime pas, avec quoi je ne suis pas d'accord, mais je ne jurerais pas si l'auteur est antivaxx ou non parce qu'au fond ce n'est pas la partie intéressante. Et pourtant une bonne partie des commentaires part sur ça et le déclare a priori comme antivaxx. On pourrais plutôt parler de son évident nationalisme plutôt que de son douteux penchant antivaxx, mais non, on en est arrivé rapidement à ça et ça va focaliser pas mal les débats.

    Où peut-on parler du pass sans dériver sur le fait que le vaccin c'est bien/mal, que les anti/provaxx sont tous des vilains méchants crétins idiots et autres simplifications foireuses ? J'espérais trouver de vraies discussions à propos du passe-sanitaire sur linuxfr (parce que bon sang ce truc pose des questions sur la liberté de circulation, la surveillance de masse, bref des sujets sur lesquels les gens ici se sentent concernés quand on parle des GAFAMs), mais ça dérive toujours sur des questions annexes, très vite, de façon extrêmement polarisés et vindicatives.

    Je vais essayer, autant que possible, de continuer à fermer ma gueule. C'est dur, j'ai aussi envie de causer de tout ça, et pourtant je ne crois pas un seul instant que Linuxfr soit le lieu où avoir des vraies discussions sur le sujet. Le souci c'est qu'il n'y a pas vraiment d'endroit où en causer, c'est frustrant, et parfois, comme là, je craque.

    Je ne sais pas si on est nombreux à être "provax antipasse". Tous ceux que je connais ont tendance à la fermer aussi, refroidi par le niveau des discussions, alors c'est sûr, on ne va pas nous entendre, ni nous compter.

  • [^] # Re: Pourtant ça partait bien

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Comment j’ai été réduit en esclavage, comment vous m’avez aidé, et les leçons que j’en ai tirées. Évalué à 10.

    Oui, mais non. L'esclavagisme est avant tout une contrainte mentale, qui s'appuie aussi sur des contraintes physiques (mais pas forcément des chaînes matérielles). Il faut d'une façon ou d'une autre que la victime coopère, sinon son utilité est nulle. Même dans les cas où la contrainte physique est très forte, il reste qu'un certain nombre d'esclaves "choisissent" la mort plutôt que la situation qu'on leur impose. Je met entre guillemet parce que je ne suis pas certaine que le choix soit bien grand mais si on pousse ton argumentaire au bout, cela veut dire que la situation de ces gens à Dubaï n'est pas si grave parce que ceux qui souffrent vraiment mettent fin à leur jours, donc ceux qui vivent ne devraient pas se plaindre et l'ont choisi. Est-ce que c'est suffisamment moche, dit comme ça ?

    Alors, après, oui : il y a plusieurs formes d'esclavagisme. Ce n'est pas un pack unifié et simple à appréhender. Les formes peuvent être variées, vécues avec plus ou moins de souffrances. C'est d'autant plus compliqué à appréhender qu'on est sur des sociétés où les mécanismes d’assujettissements (volontaires ou contraignants) sont nombreux et normés. Est-ce que cela veut dire que la liberté est un concept inutile et bon à mettre à la poubelle ? Ce n'est pas une question rhétorique, quand on commence à creuser ces questions ça devient vraiment compliqué. Est-ce que ça veut dire qu'on est tous "esclaves" à un moment ou un autre ? J'aurais tendance à dire que non, mais j'aurais aussi tendance à dire que l'esclavage moderne existe bien aussi et peut toucher tout le monde. Et si les conditions matérielles pour la sortie de prison sont un peu plus accessibles en France qu'à Dubaï, par exemple, cela ne veut pas dire que ce soit simple ou facile pour autant. Quand on est dans une situation où non seulement on a perdu l'accès à de nombreux droits, qu'on est isolé des personnes pouvant nous aider et incapable de savoir où les trouver, et que la pression qui pèse sur nous est telle que toute l'énergie est mobilisée sur la survie et non sur le fait de retrouver sa liberté, peu importe qu'on soit dans le pays des droits de l'homme : c'est la merde.

    Et dire à quelqu'un qui a souffert qu'il aurait pu y faire quelque chose, c'est la même rhétorique que de dire à une fille qu'elle ne se serait pas fait violée si elle n'avait pas mis de jupe. Cela peut faire du bien en tant que victime de retrouver un peu de "pouvoir" en se disant "ici, j'ai fait quelque chose qui était de mon ressort et qui m'a porté préjudice"… ou pas ; en tout cas c'est à la personne de décider de ça, pas aux autres de porter un jugement sur sa souffrance et sa façon de la gérer.

    Je ne suis pas fan, dans l'absolu, des notions de bourreaux et de victimes, qui tendent à binariser les actions, à réifier les personnes et à gommer la complexité des échanges et des motivations. Cependant ces notions sont aussi, dans leur simplicité, une véritable aide pour prendre conscience de ce qui coince et pour arriver à dépasser la situation imposée. En principe le travail complet consiste à ce qu'à un moment les personnes impliquées se voient mutuellement comme des personnes, justement, et non comme des rôles ; mais faut pas se leurrer, ce n'est pas un stade facile à atteindre. En attendant, si quelqu'un arrive à se sortir d'une situation horrible en rejetant la faute sur autrui, si une autre vacille un peu dans ses certitudes sur la façon de traiter les gens parce qu'on le traite de grand méchant, c'est tout de même un peu mieux que la situation de départ.

    A partir de la, on insultant aussi ouvertement les gens dans une situation pire que la sienne en si comparant, l'auteur ne peut que braquer le lecteur

    J'ai accompagné des gens dans des situations pires, meilleures ou similaire à celle de l'auteur. En le lisant, je ne me suis pas braquée, au contraire, j'ai trouvé qu'il arrivait à parler avec beaucoup de délicatesse d'un sujet vraiment extrêmement difficile. Ce qui me braque, c'est de voir arriver si vite dans les commentaires le dénigrement de son ressenti et de son vécu.

    La chose primordiale dont les victimes de traumatismes ont besoin quand elles s'en sortent, c'est de validité et de légitimation. Cela ne veut pas dire de dire oui à tout ce qu'elles disent, mais remettre en question ce qu'elles ont vécus et le nier est une violence ignoble. C'est pour cela que les victimes en tout genre prennent l'habitude de se taire, parce que chaque fois que les jugements sont faits sur leur vécu, on leur enlève à nouveau le droit d'exister. Or c'est justement leur parole qui permet de dénouer peu à peu d'autres situations similaires, et permet à d'autres "victimes" de relever la tête et s'en sortir, et d'autres "bourreaux" de remettre en cause leur façon de faire et de traiter les gens.

  • [^] # Re: Salaire up

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au lien Trouver des développeurs va être votre plus gros casse-tête cette année (Python, Java, Javascript). Évalué à 7.

    Il y a des tas de trucs qu'on ne peut pas raconter, ça n'est pas crédible (et pourtant bien réel) !

    Ça me rassure, je ne suis pas la seule masochiste à qui ça manque… J'ai arrêté à cause de soucis de santé, et j'ai tenté dans tous les sens de trouver comment concilier mes problèmes et l'envie de bosser en restauration. C'est là où j'ai pu le mieux voir le rapport de force dans ce milieu, en fait. Il y a toujours quelqu'un qui cherche pour un remplacement, un extra, et qui me saute dessus pour demander si, par hasard, je ne pourrais pas venir. J'exposais mes contraintes et demandes, et on trouvait toujours un terrain d'entente. C'était assez fou parce que je me suis rendue compte que finalement, malgré des conditions de travail foireuses dans plein de boites, on pouvait aussi arriver à quelque chose de très bien, en prenant le temps de discuter, en particulier sur les aménagements horaires. Mais bon, on ne peux pas contourner indéfiniment le principe de réalité : quand physiquement ça ne peux plus, ben… ça ne peux plus. Par contre si un jour un remède s'avère efficace, il y a un gros risque que je retourne là-dedans. Je me suis formée à plein de métiers au fil des ans, mais c'est là que je me suis sentie le plus vivante.

  • [^] # Re: Salaire up

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au lien Trouver des développeurs va être votre plus gros casse-tête cette année (Python, Java, Javascript). Évalué à 7.

    Ha mais oui, tout ça aussi et pire encore ^

    Typiquement, je n'ai jamais vu la couleurs des pourboires en bossant en cuisine. Un jour une des serveuses a laissé tomber ce qu'elle avait gagné en pourboire au service précédent et j'ai vu un peu rouge. Ne laissez jamais de pourboires en restauration, ça ne sert qu'aux plus enfoirés de la boite.

    Les douches, idem, c'est obligatoire en principe mais je n'en ai jamais vu qui étaient fonctionnelles, déjà rien que d'avoir un coin pour se changer, qui permette un tout petit peu d'intimité ce n'était pas simple… Mais étrangement sur ça, mes collègues n'ont jamais été pénibles avec moi. Les remarques très graveleuses oui, mais tout le monde trouvait un truc à faire ailleurs au moment où j'avais besoin de me changer :)

    Et le salaire au SMIC sur lequel on rogne repas et hébergement… sauf que les repas sont les restes qu'on ne peut décemment plus refiler au client sous peine de voir le service d'hygiène débarquer, et que l'hébergement consiste en un placard pas chauffé ni insonorisé (avec parfois une fenêtre, quand même !), au prix d'un F2 à Paris…

    Et les jours de repos : tu sais en début de semaine que tu auras tel jour pour souffler, et chaque semaine ça varie, de telle sorte qu'il est toujours impossible de prévoir quoi que ce soit ; jamais deux jours d'affilés ; le samedi et le dimanche sont toujours pris par le chef donc jamais tu ne peux aller socialiser avec tes anciens potes…

    Et ces foutus clients qu'il faut absolument accepter alors que le service est finiiiiiiiiiii, et qui forcent à ce qu'on reste 2h de plus sur place, pas payé. Jamais payé.

    Il y a aussi toutes les blagues sur la vétusté des installations. Dans l'une des cuisines, je passais pendant le service le racloir au plafond pour enlever un peu de condensation avant que ça retombe trop dans les plats. J'ai appris plein de trucs en plomberie, c'est dingue comme tout se bouche sans cesse. Pas mal d'endroit, je n'ai jamais compris comment les services d'hygiènes pouvaient les laisser ouvert, c'était tellement incompatible avec le HACCP… carreaux cassés, peinture écaillée, des recoins impossibles à nettoyer, des trucs de sécurités qui n'étaient plus fonctionnels…

    C'est un milieu de fou. À tout point de vue. Il y a des trucs que j'ai adoré malgré ça, c'est pour ça qu'on parle de "métier passion" j'imagine : impossible de le faire si on n'est pas siphonné complètement. Le flux d'adrénaline du service, la satisfaction quand tout est fini de voir sa cuisine propre et tout en place pour le lendemain, et savoir que tout est carré, la manière dont on optimise peu à peu chaque geste pour devenir plus efficace, et même le handicap social de tous les cuistots, qui fait que même si on s'est hurlé dessus en plein coup de feu, on peut aller boire ensemble à la fin du service, toute l'énergie déchargée.

  • [^] # Re: Salaire up

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au lien Trouver des développeurs va être votre plus gros casse-tête cette année (Python, Java, Javascript). Évalué à 10. Dernière modification le 16 janvier 2022 à 14:12.

    Quelqu'un qui comprend comment la restauration (ou d'autres domaines) fonctionne peut faire la même analyse ?

    Je peux te donner les moyennes constatées sur le terrain et dans ma branche, sachant que c'est donc très empirique. Faudrait trouver les vrais chiffres des statistiques à un endroit, sauf que je sais que ce qui est déclaré n'est pas forcément ce qui est servi ; le "black" est très courant, à tout les niveaux, en restauration.

    En général j'ai bossé dans des structures à moins de 10 employées (4 en cuisine, 4 en salles et un manager), avec des services en moyenne autour de 150 couverts par service. Ça allait facilement à 200 couverts les bons jours, ça descendait à 100 les moins bons ; en brasserie tous les midis de semaine sont pleins, les soirs et le dimanche un peu plus calme, tandis qu'en gastronomique je voyais plutôt l'effet inverse avec les groupes le dimanche, en plus (l'enfer à gérer, ça… essayez de distribuer 50 plats chauds au même instant !). Sur la brasserie, la moyenne d'un repas est à 15-20€, en laissant les boissons de côté (je n'y voyais pas passer, je ne sais pas à quel point les gens boivent). Ça fait 2 250€ par service, sans charger la mule. Il n'y avait pas de jour de fermeture dans les restos où j'ai bossé, on tournait juste au niveau du personnel pour avoir un jour ou deux (rarement d'affilé…), donc ça fait 30 jours par mois, à deux services : 135 000€/mois de revenu. Après, attention, les frais de la restauration sont réels : il faut acheter de la matière première, payer l'énergie pour les frigos, les fours, etc, et évidement le loyer, les cotisations. Au CAP on apprend à calculer précisément les coûts, et puis très vite on se rend compte que la règle des 4/4 s'applique assez souvent : 1/4 pour le produit, 1/4 pour le salaire, 1/4 pour les frais et 1/4 pour l'état ! Ce n'est pas très scientifique mais c'est une base correcte pour ne pas se planter trop quand on gère son propre restaurant.

    Et c'est là où l'informatique s'en sort probablement mieux au niveau des coûts. Déjà, oui, quoi qu'il arrive, c'est réplicable à plus grande échelle et même Macdo a du mal à concurrencer Google ; ensuite, même en exploitant à mort toute la chaîne, il me semble que renouveler tous les jours la nourriture coûte proportionnellement plus de sous que la facture électrique et l'amortissement du matériel informatique. Les frais de base, proportionnellement, sont sans doute plus élevé en restauration.

    Il faut voir aussi que les situations varient pas mal suivant les types de structure :
    - fast-food, cuisine de rue : qu'il s'agisse d'industrie (type chaine de restauration rapide) ou de gens tous seuls (le kebab du coin), ça reste les plus rentables car les coûts sont très simples à bien maitriser, les procédures très simples à mettre en place, et il est possible de fournir un très grand nombre de gens en un temps limité. Le facteur "temps" est la base en restauration : l'objectif est de servir le maximum de monde entre midi et 13h30 puis entre 19h et 22h.
    - Brasserie : panier moyen plus élevé, et puis on ajoute le café, les boissons, sur lequel on fait des marges énormes, mais par contre suivant les plats, les marges sont plus ou moins bonnes (entre les ingrédients utilisées, le temps pour les envoyer, et pour qu'ils soient mangés)
    - Gastronomique : l'objectif est de faire payer un max à chaque client et de lui faire croire qu'on lui en donne pour son argent, ce qui veut dire beaucoup plus de frais quand même, et entre autre plus de personnel. C'est les entreprises les plus risquées, une mauvaise gestion met vite dans la panade. Après, j'ai bossé dans un soit-disant "gastro" avec des menus à minimum 40€, où on faisait aussi nos 200 couverts le dimanche, et où en cuisine, on ouvrait régulièrement des boites qu'on arrangeait légèrement. L'une de mes premières et pire expérience à tout point de vue, mais ça n'a pas suffit à me dégoûter :D. De mon expérience et des histoires des collègues, c'est aussi là où le personnel est le plus exploité, à faire des heures non payées. Et quand je parle d'heures, c'est en général 5 à 10h sur place chaque jour qu'on ne verra jamais apparaître sur une fiche de paie. "Mais ce n'est pas du travail, c'est pour le plaisir qu'on va s'occuper du jardin, faire les marchés, faire des cygnes en sucre filé, etc. Et si tu ne viens pas, c'est vraiment que tu n'es pas investi. Ho et puis il est minuit mais on a deux clients qui viennent d'arriver, on ne va pas les laisser. Comment ça il y a encore une heure de ménage à faire, après le dernier couvert ? Tu peux venir demain à 5h plutôt que 6h ? Il faut qu'on prenne un peu d'avance pour le mariage de ce week-end". Un copain ayant bossé chez un restaurateur très renommé me parlait avec nostalgie de son expérience, où il dormait 4h par nuit et 1h l'après-midi, tout le reste de son temps étant consacré à son patron. C'est sûr, il avait appris des tours de main…

  • [^] # Re: Salaire up

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au lien Trouver des développeurs va être votre plus gros casse-tête cette année (Python, Java, Javascript). Évalué à 10.

    Quand tu es restaurateur, tu sais combien tu gagnes, et combien 1 personne va te coûter. À vue de nez, les restaurants vont avoir une poignée d'employés, et ce sont des entreprises avec des marges assez petites, avec un patron qui est en général assez impliqué dans l'entreprise vu qu'il y travaille.

    Alors, en fait, pas exactement. Et je vais en profiter pour ramener ma fraise d'ancienne cuisinière :)

    Avec la pandémie, c'est assez sûr que c'est le bordel pour la restauration, mais avant ça, on avait le plein emploi en tant qu'employé. Et des salaires pitoyables et des conditions de travail moches. Mais aucun rapport avec le gain du patron, et tout avec la culture du métier.

    En général, quand on bosse en restauration, on commence le travail vers 14-16 ans, en passant du temps en entreprise, où les chefs apprennent à la dur de la même façon qu'ils ont appris. C'est à dire : tu ferme ta gueule, tu donne tout, tu te contente de ce qu'on te donne. Quand on veut, on peut. On formate vraiment les gens dans une culture d'entreprise extrêmement violente et malsaine, ceux qui restent sont ceux qui l'assument. Quand je bossais, l'un de mes chefs m'a raconté que bon, ça ne se faisait plus trop de lancer les couteaux sur les gens… sauf quand ils le cherchaient vraiment. Bosser 60h par semaine, pour 35h payées, c'était la norme. On apprends que ça marche comme ça, et on n'apprends pas à le remettre en cause.

    La culture syndicale ? Néant. Le seul syndicat que j'ai trouvé dans la restauration était celui… des patrons.

    Qui, eux, sont bien structurés. Évidement ça dépend lesquels, mais rapidement quand on bosse dans le milieu, on découvre qu'ils se connaissent tous plus ou moins. Quand à l'illusion des petits restos, c'est souvent une stratégie d'investisseurs, qui possèdent plusieurs structures à moins de 10 salariés (en dessous du nécessaire pour avoir des délégués syndicaux).

    Le rapport de force est donc le suivant : un patron dont la formation est celle de gestionnaire, avec niveau bac+5, expliquant à des gens n'ayant pas passé le bac que les fins de mois sont difficiles et non, on ne peut pas payer les heures sup, et le smig c'est déjà bien. Sauf que si tu additionne le nombre de couverts journaliers par le prix moyen du repas, la somme dépasse très, très largement tous les frais (sauf les quelques patrons pas doués, y'en a aussi, bien sûr).

    Je suis allée à la restauration en reconversion, avec déjà un bon background politique, connaissant mes droits. Durant les quelques années où j'ai pu bosser dans le milieu, je n'ai jamais manqué de taf, il me fallait en moyenne une semaine pour trouver une nouvelle place. J'ai négocié mes salaires âprement, luttant contre mes propres conditionnements. J'étais probablement l'une des mieux payées à mon niveau de compétence, avec des conditions qui me convenaient ; j'aurais pu faire mieux mais je n'avais pas assez de confiance en moi pour ça. À chaque fois que j'ai quitté un poste, le resto me rappelait le mois suivant pour me demander si je pouvais venir faire un extra. "Uniquement payé le double ? Ok ok, mais vient s'il te plait". Bon généralement si je changeais de taf c'était pour aller vers mieux ;)

    La restauration, c'est un secteur extrêmement lucratif. Si les employés sont mal payés et dans de mauvaises conditions, c'est parce qu'ils ne sont ni formés, ni organisés et qu'ils se font vulgairement balader avec des lieux communs. Il y a un rapport du plus fort qui est évident. Je n'ai même pas besoin d'ajouter à ça tout les rapports avec les milieux interlopes (qui sont bien réels dans certaines boîtes).

    Par contre, la mobilité est très grande. Un cuistot même médiocre sait qu'il retrouvera du job dès qu'il cherchera. Juste, pas forcément dans la boite qu'il veut, ni aux conditions qu'il veut. Mais il aura du job. Donc c'est aussi "normal" d'abandonner son poste en milieu de service, de partir en claquant la porte et de ne pas revenir. Chose qui ne se fait pas dans beaucoup de métier ! Et si on me rappelait pour les extras, c'est entre autre parce que j'ai toujours mis un point d'honneur à faire mon service jusqu'au bout et à rendre mon poste plus propre qu'à mon arrivée. Ça surprenait tout le monde.

    Les cuistots qui ont un peu plus d'éducation mettent des sous de côtés, puis finissent par faire leur propre resto, où ils pourront exploiter à leur tour des grouillots en prétendant que les fins de mois sont difficiles.

    Je tempère cependant légèrement : il est possible de faire un raté monumentale en cuisine et de finir surendetté. Les "pauvres" patrons qui font ce genre de soleil sont soit des gens qui ont trop regardé Top Chef et qui croient qu'il suffit de faire des bons plats pour avoir un revenu, soit les employés qui partent trop tôt faire leur boite sans avoir compris qu'il faut payer des salaires et des frais.

    Bref. Le rapport de force dans les divers métiers ne dépend pas que de l'offre et la demande, mais aussi de la formation de chaque partie à défendre son bout de gras. Ou de la bonne volonté des deux parties à trouver un contrat mutuellement profitable (ça arrive aussi même si c'est plus rare).

  • [^] # Re: Développer pour soi, partager le résultat

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Quand les entreprises ne reversent rien aux logiciels libres. Évalué à 7.

    J'irais même plus loin, envisager le fork dès le début de son projet est une bonne façon de savoir si le libre nous correspond vraiment. Et cela a un impact sur la suite : quand on bosse en se disant "peut-être à un moment, quelqu'un va forker, pour suivre une autre voie", ça amène à travailler autrement, pour que cet hypothétique fork puisse faire naitre de bonnes choses. Moi ça me pousse à documenter plus, à affiner les procédures pour que d'autres se réapproprient les projets, contrairement à mes projets privés qui sont très obscurs après quelques années. Ça m'aide aussi à refuser la pression dans certains cas : si les gens veulent vraiment tel ou tel truc qui ne m'intéresse pas, qu'ils bossent pour le faire et le gèrent dans leur fork, ce n'est pas un problème.

    Je trouve que le fork fait partie des très grandes richesses du libre. Cette liberté-là permet que de la diversité naisse, que des projets qui mourraient autrement puissent revivre. J'aimerais que tout logiciel proprio qui cesse d'être exploité soit libéré, afin qu'on puisse en reprendre les bonnes choses et les transformer.

  • [^] # Re: Développer pour soi, partager le résultat

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Quand les entreprises ne reversent rien aux logiciels libres. Évalué à 8.

    Ce qui est réellement naïf est de choisir une licence sans en comprendre les enjeux. Je vais me faire l'avocat du diable, mais le droit d'auteur de base est une solution parfaitement acceptable quand on ne veut pas se prendre la tête : on code son truc pour résoudre son propre problème, puis on trouve que c'est bien et on peut le montrer aux gens mais… cela ne veut pas dire que ça doit être sous licence libre. D'ailleurs les licences libres s'appuient sur le droit d'auteur, en formalisant dans un contrat (avec les termes juridiques qu'il faut) les droits que l'auteur va concéder à ses utilisateurs. Le modèle du freeware n'a pas disparu : un logiciel qui reste sous licence propriétaire classique, mais qui est distribué gratuitement avec la bénédiction de son auteur. On peut aussi publier son code, le montrer aux gens, sans leur donner le droit d'en faire quoi que ce soit en dehors de le regarder et de nous faire des retours sur sa qualité. Ce n'est pas libre, mais c'est possible, c'est permis ;)

    À partir du moment où on fait un choix, il faut en comprendre les conséquences. Faire du libre, c'est donner des droits aux utilisateurs, et du vrai libre, c'est des droits y compris à des gens qui ne diront jamais merci.

    Le libre a plein d'avantages. Mais ce n'est pas la solution à tout, et c'est une mauvaise solution "par défaut". Beaucoup de gens ne sont pas prêts à ce que leur code soit utilisé par "n'importe qui, n'importe comment", ne voient pas les divers scénarios possibles. C'est intéressant de questionner le rapport à son œuvre et au partage, justement, et le choix d'une licence est le moment de se poser des questions !

    Je préfère vraiment des gens qui hésitent, qui vont rester sous des licences plus ou moins fermées, et qui peuvent libérer au fil du temps une partie de leur travail en toute conscience, à ceux qui ont vu la lumière et se jettent sur la licence WTFPL "parce que je ne veux pas m'embêter avec le droit d'auteur", puis qui se plaignent quelques années plus tard que leur code soit utilisé à l'encontre de leurs valeurs.

  • [^] # Re: C'est orthogonal

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Quand les entreprises ne reversent rien aux logiciels libres. Évalué à 8.

    Je plussoie sur le fait que l'administratif est un passage obligé si on veut être rémunéré, et il faut bien l'assumer.

    Il y a aussi la solution de se faire recruter en CDD/CDI par la boite pour bosser sur son logiciel. Ce n'est pas souvent envisagé, mais c'est pourtant une façon assez "simple" pour faire du mécénat sur des projets sans structure légale.

    Petite précision sur les diverses possibilités, pour ceux que ça tente :
    - Les assos peuvent aussi avoir des salariés. Bon, par contre, côté paperasse, ça devient vite assez proche d'une entreprise classique si on doit faire des fiches de paie. Suivant les années il y a des dispositifs qui simplifient un peu les démarches (comme le chèque asso), mais ça varie au fil des politiques et demande de se tenir au courant. Quand à se rémunérer si on est dirigeant d'une asso (président, membre du collège, etc), c'est possible mais avec des conditions assez drastiques et complexes qui font qu'on résume généralement en disant "faut éviter". La version "association basique" où les sous ne servent qu'à payer les frais (serveurs, déplacements, etc) par contre, ça marche très bien et la quantité de paperasse reste acceptable : déclarer les changements de dirigeant, donner le compte-rendu de l'AG à la préfecture, en gros. La partie qui me gonfle le plus est la relation avec les banques : il y en a très peu qui ont une offre adaptée à ce genre d'associations "simples" et elles sont toutes vraiment pénibles. Une solution alternative est de passer par Paypal et compagnie, mais ça ne couvre pas forcément tous les besoins et Paypal aime qu'on lie le compte à un vrai compte bancaire. Jusqu'ici, dans toutes mes assos où on paie des trucs via le net, on se retrouve à cumuler Paypal et compte bancaire.
    - micro-entrepreneur : un excellent statut. Idem au fil des années, les règles varient et il faut se tenir au courant. À un moment, même sans aucun revenu y'avait quand même un peu de sous à sortir en fin d'année, donc il fallait vraiment se bouger et trouver un contrat payé :D Je n'ai pas trop suivi les évolutions. J'ai un pote sous ce statut qui râle lors de ses déclarations parce que certains modes de calculs changent. Ça reste tout de même bien plus simple que les entreprises classiques et la prise de risque est minime à se lancer là-dedans.
    - Portage : sur le papier ça a l'air génial. En pratique je n'ai pas réussi à trouver une boite de portage salarial qui acceptait de me prendre "juste pour un petit contrat". Quelqu'un voulait m'embaucher pour un job pas très long (2 semaines de travail), je n'avais alors pas de statut adapté et lui n'avait pas une entreprise permettant de me faire facilement un CDD (les limites de l'auto-entreprise), et je m'étais dit que le portage était le plus simple pour déclarer tout ça proprement. J'ai cherché une bonne semaine en contactant plusieurs entreprises, et ça a été chou blanc, personne ne voulait de mes quelques sous :D Toute la difficulté consiste donc à trouver avec quelle entreprise de portage on peut travailler, en particulier quand on va avoir des jobs au lance-pierre. Si vous avez des noms, ça m'intéresse toujours, je trouve la souplesse de ce statut vraiment séduisante. Après il faut bien regarder les détails, chaque boite de portage a ses tarifs et ses conditions. En général, la micro-entreprise permet de garder plus de sous "pour soi" et en contrepartie le portage permet de gagner du temps sur la paperasse. Mais la règle générale est parfois contredite par les cas particuliers !

  • [^] # Re: Pour faire respecter le stop pub

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Nous avons remarqué que vous n'utilisez PAS de bloqueur de publicités !. Évalué à 2.

    Et tu as déjà été jusqu'à la cinquième étape ? Ou tu as pu faire entendre raison aux spammeurs avant ?

  • [^] # Re: yes

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Kagi: une alternative crédible à Google Search ?. Évalué à 2.

    Je n'ai pas réessayé avec Google, mais en testant sur DuckDuckGo, j'ai eu du mal à avoir des images venant de Pinterest dans une recherche de base. Je n'étais peut-être pas inspirée, ou alors leur algo nettoie un peu. Du coup mon test d'ublacklist n'est pas fou. Je vais l'alimenter au fil de mes agacements (prochaine cible : les sites de cuisine à la noix qui m'empêchent de trouver des vraies recettes inventives) et voir si ça marche bien sur ce moteur.

  • [^] # Re: yes

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Kagi: une alternative crédible à Google Search ?. Évalué à 2.

    Probablement : https://github.com/iorate/ublacklist#supported-search-engines

    C'est incroyable comme Pinterest est le site qui vient en premier dans les trucs qu'on veut bloquer…

  • [^] # Re: yes

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Kagi: une alternative crédible à Google Search ?. Évalué à 10. Dernière modification le 10 janvier 2022 à 23:51.

    Ça c'est une feature qui m'intéresse… tu as des recommandations d'extensions de navigateur ?

  • [^] # Re: Spoiler alert

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au lien Ce tableau montre combien l’aération change tout contre Omicron - numerama. Évalué à 3. Dernière modification le 10 janvier 2022 à 12:37.

    En fait, c'est assez marrant, mais il y a plein de situations qui font éternuer sans rapport avec une vraie nécessité de le faire.

    Quand on renifle de la poussière ou qu'on a une maladie, ok, mais pour le reste ?

    J'avais déjà repéré l'éternuement lié au soleil (qui m'arrive à l'occasion, mais pas de façon systématique, uniquement si je passe de "frais" à "plein soleil et chaud"). Merci pour le nom du phénomène !

    Il semblerait aussi qu'on éternue à la suite d'un repas où certains des aliments solliciteraient un peu nos défenses immunitaires. Non, ce n'est pas une allergie à ce stade mais juste une réaction. J'ai découvert ça avec une amie qui a fait une batterie de tests allergènes (vraiment allergique sur pas mal de chose) et pour qui le fromage amenait une légère réaction sur les tests, jamais repérée "en direct". Son allergologue lui a demandé pour les éternuements et en effet, si elle mange du fromage, elle éternue dans l'heure qui suit :) depuis je prête attention à mes éternuements suite aux repas et ma foi il semblerait qu'en effet certains produits me fassent éternuer.

    Mais il y a aussi plein d'autres éternuements qui viennent "comme ça", qui ne déclenchent pas un rhume derrière ou une réaction allergique. C'est juste un éternuement à l'occasion et ce qui l'a déclenché doit avoir une raison physiologique mineure, mais pas évident de savoir quoi. Du coup, pour moi, le froid c'est comme le soleil : le corps se met en mode "oulah ptet que je respire des trucs pas bons, allez dans le doute on éternue, on fera le tri plus tard".

  • [^] # Re: J'en profite pour une question sur le masque

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au lien Ce tableau montre combien l’aération change tout contre Omicron - numerama. Évalué à 10.

    Si tu parle bien de ceux baptisés "slip de bouche", ils ne servent à rien, sauf à donner bonne conscience à ceux qui les fournissent et à permettre de dire "je porte un masque" tout en respirant sans trop de contrainte.

    Bon, troll à part, ça limite un peu la dispersion des gouttelettes, mais c'est très insuffisant dans les conditions actuelles. Dans le cas où tu peux être à distance des autres, dans un espace pas trop confiné et aéré régulièrement, et que tu es asymptomatique, tu vas contaminer moins vite les autres. C'est mieux que rien mais c'est absolument criminel que ce soit le truc mis en avant.

    Le plus pertinent reste le masque FFP2, parce que ça marche quand même mieux et dans les deux sens, sans être aussi inconfortable que le FFP3. Le FFP2 ça reste quand même assez pénible quand tu es dans des activités où tu dois bien ventiler. Mais c'est ce qu'on utilise aussi quand on fait des travaux avec plein de poussière (activité physique s'il en est) et on y survit… mieux qu'avec une fibrose, haha.

    Si tu cherche la doc, c'est intéressant de voir que c'est assez flou sur plein de sites, entre la filtration de ce qui est expiré et inspiré. Je ne suis pas certaine de bien interpréter les chiffres, mais de ce que je comprends ( à vérifier !) la norme UNS1 tolère que tu rejette 10% et la norme FFP2 le fait descendre à 8%.

    Un autre avantage des FFP2, c'est que contrairement à ce qu'on veut nous faire avaler, c'est pas évident de mal le mettre. Porter un FFP2 sous le nez demande une bonne obstination et une bonne résistance à l'inconfort, là où les UNS1 se glissent facilement sous l'appendice pour peu que ce dernier soit grand. Après, oui, il est possible de mal mettre son FFP2 mais enfin contrôler son bon placement prend 5 minutes à apprendre et le geste est d'une simplicité totale.

    Pour avoir testé toute la gamme et regardé leur efficacité d'après les études, mon avis est le suivant (avis subjectif et fait avec ce que j'ai trouvé, hein, allez lire la doc de votre côté ! ) :
    - FFP3 : ça filtre, c'est sûr, mais bon sang ça étouffe aussi, j'ai l'impression d'être Dark Vador. Peut-être que certains sont plus confortables que d'autres. Je ne l'utilise que pour certaines activités du type bricolage avec des particules potentiellement très toxiques ou très irritantes.
    - FFP2 : j'ai adopté pour les sorties aux courses et quand je fréquente des gens dans des espaces confinés. Ça les protège, ça me protège, et même avec les non-vaccinés du coup je me sens à peu prêt tranquille. Ça reste à combiner avec les autres gestes barrières quand même, ce n'est pas magique. Par contre je n'arrive pas à conduire avec, ça me perturbe trop et j'ai l'impression d'étouffer (je suis sûre que c'est psychologique mais ça ne change rien…) et quand il fait très chaud ou que je m'agite, c'est bien pénible à porter.
    - Masques en tissu (maison, ou donnés par le gouvernement), normes UNS1 et autres, et j'ai même reçu des masques sans normes offerts par la région (merci mais non merci ?) : je ne met ça que en été et en extérieur, dans des endroits ventilés et sans trop de monde. Ça baisse un peu les risques quand même et c'est moins inconfortable, mais je n'ai pas une grande confiance dedans. J'ai plus confiance dans les masques maisons fait selon les normes AFNOR en fait, qui ont plusieurs couches, sont plus étanches et plus confortables, mais qui ne sont pas bien vu partout.

    Il y a aussi pour moi une évaluation des risques à faire par rapport à l'environnement. Il parait que les cas de contamination à l'air libre sont rarissimes, qu'à l'inverse avoir des masques dans un espace confiné avec plein de monde ça reste craignos (mais mieux que sans masques). J'étais tombée sur une étude assez rassurante du CHU de strasbourg, quand même, qui expliquait que le risque de contamination principal était avec les aérosols et que plus on filtre de ce côté, plus on baisse le risque. Je suis détendue en plein air, donc, et stressée quand il y a du monde !

    C'est de toute façon une négociation permanente entre les besoins sociaux, le confort, les risques… Je comprends parfaitement que quelqu'un qui est toute la journée à parler aux gens étouffe avec son masque et ne soit pas "modèle", prenant des risques pour lui et pour les autres. Je diminue ce risque de mon côté en restant abonné aux FFP2 dans 80% de mes interactions sociales. Et je discute avec les gens, suivant leurs pratiques, pour qu'on trouve ce qui nous est confortable le temps de notre interaction, en essayant de ne stigmatiser personne. Être parfait tout le temps n'est pas possible, je ne le demande pas aux autres et je reconnais quand je fais moi-même des erreurs.

  • [^] # Re: Si tous êtes fragiles ou côtoyez de telles pensonnes, vaccinez-vous contre la grippe

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au lien Tenir bon. Évalué à 10.

    L'un des énormes avantage du covid (si si il y en a) c'est que ça a enfin pu permis de s'assumer face à d'autres risques. J'ai un problème de santé où une simple grippe peut me tuer (chaque fois que j'en choppe d'ailleurs, ça dégénère pas mal) mais avant le covid c'était vraiment impossible socialement de demander des gestes barrières. Là, tout le monde sait ce que c'est, tout le monde arrive à en comprendre l'intérêt même si certains sont dans des croyances sur le fait qu'ils ne risquent rien. Quand je suis dans des espaces confinés avec les gens, je peux avoir mon FFP2 sans avoir trop de regards lourds et de remarques sur ma paranoia. Même avec les antivax, ça marche, ils commencent par un "nan mais le covid en fait…" et là je les interrompt direct en parlant de mon état de santé et du fait que depuis le port du masque je ne suis plus autant alité, et bizarrement ça calme et ça se passe bien ensuite.

    Ok, je suis un peu obligée de sortir du placard ici et là, ce qui ne me dérange pas tant que ça car je ne suis pas dans des situations où mon état de santé peut donner lieu à des discriminations. En même temps avec mes proches, on a revu plein de choses. Ça a été l'occasion de discuter, de voir comment on pouvait tous ensemble faire que j'évite de crever d'un truc con sans que ça ne soit trop lourd à gérer au quotidien. Il reste une part de négociations entre besoins sociaux et besoins de santé (j'ai besoin de câlins pour vivre ! ) mais dans l'ensemble j'ai pu baisser mon risque de contamination par tous les autres trucs dit "bénins".

    C'est donc parfait de discuter des autres maladies ! Oui, si vous ne présentez pas de risques, la vaccination est un vrai geste altruiste, de même qu'assumer d'avoir un rhume ou une gastro et dans ces moments-là renforcer les gestes barrières sans se dire "ça va, c'est juste un rhume, c'est pas grave" : pas pour quelqu'un en bonne santé, mais le refiler à la mauvaise personne, c'est limite criminel…

  • [^] # Re: Idéogrammes et 8%

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au lien The Most Frequently Used Emoji of 2021. Évalué à 5.

    Dans mes cours d'histoire en classe primaire (ça remonte à loin donc souvenirs imprécis, et ce n'est pas forcément de l'histoire très détaillé), on nous présentait les alphabets comme des évolutions ou successeurs de systèmes plus primitifs qu'étaient entre — entre autre — les systèmes d'écriture à base de clous (cunéiformes) ou d'idéogrammes (par exemple l'égyptien antique). C'est aussi ainsi que sont apparus dans l'histoire très récente (coloniale notamment) nombre de systèmes d'écriture indigènes, et là il s'agit d'histoire suffisamment proche pour prétendre à une certaine valeur scientifique.

    J'ai mis en gras quelques indices sur ce qui nous as été appris… L'école est là pour apprendre quelques savoirs de base, mais elle est aussi là pour inculquer une certaine culture, très ethnocentrée et héritière d'un système colonialiste. Les bons sauvages, la marche de l'histoire vers une nécessaire évolution, la puissance de la civilisation… En fait, lorsqu'on sort de ce genre de paradigme, la réalité est sacrément plus complexe, et amener une notion de "mieux" a tendance à, justement, éloigner de toute valeur scientifique. Là dessus, Pierre Clastres me semble être un bon départ, il est agréable à lire et sacrément remonté contre cet ethnocentrisme qu'il démonte allègrement au fil de ses écrits.

    Pour prendre l'exemple de l'égyptien, les hiéroglyphes étaient très appropriés à un certain rapport au monde, mais l'écriture dans l'Égypte antique s'est beaucoup transformée et s'est diversifiée au fil des siècles. Elle n'a d'ailleurs pas exactement disparu, les caractères arabes étant des descendants lointains de l'écriture hiératique (une des branches de l'écriture hiéroglyphique), de même que notre alphabet descend d'autres écritures utilisant des idéogrammes. Vois-tu encore le bœuf (aleph) dans notre "A" ? Chacune de nos lettre a un joli parcours :) Et si l'alphabet dit "latin" s'est imposé dans une large partie du monde aujourd'hui, c'est principalement parce que c'était celui utilisé par ceux qui ont gagnés, des romains aux colonies européennes, associé à d'autres méthode de diffusion de l'éducation et de la culture. Les scribes protégeaient la connaissance des glyphes, qui avaient des valeurs religieuses, là où le hiératique ou l'alphabet latin servaient aux marchands, par exemple, et devaient donc nécessairement se diffuser plus.

    Les idéogrammes, difficiles à apprendre ? As-tu déjà essayé ? Gamine, le sujet m'intéressait, et j'avais acquis rapidement une certaine aisance pour déchiffrer tout les hiéroglyphes non alphabétiques ; en fait ce qui m'avais bloqué était justement les hiéroglyphes phonétiques, qui demandaient que j'associe les sons à une langue que je ne connaissais pas. Ayant toujours eu la concentration du papillon, la partie "symbole" n'avait été ni longue, ni ardue, et il m'en reste même pas mal de souvenirs. J'ai retrouvé ça en effleurant les sinogrammes : associer une forme à un concept est facile et rapide, la difficulté venant lorsque le syllabique s'en mêle, et parce que certains systèmes ont un nombre de symboles énormes : pour les enregistrer il faut avoir l'occasion de les croiser plusieurs fois. Mais les syllabiques ne font pas mieux : beaucoup de gens en France ne maitrisent pas bien l'écrit, alors même que tout le monde passe par la case "école" et que savoir lire et écrire est considéré comme nécessaire dans notre civilisation. Je suis souvent en contact avec des gens pour qui lire est un gros effort, laborieux, complexe, et où tout mot à l'orthographe un peu étrange les met en difficulté ; par contre envoyer des sms à base d'emoji et de français très phonétique et basique est jouable pour eux, alors qu'ils n'ont pas eu d'apprentissage officiel des emojis.

    Contrairement à ce qu'un certain discours colonialiste veut nous faire croire, idéogrammes et phonogrammes sont généralement associés et complémentaires, et notre culture n'y fait pas exception. Il suffit de se promener en ville pour voir un nombre énorme de "dessins" qui ont un sens : panneaux routiers, indications en tout genre, les boutons sur nos appareils… les emojis ne sont qu'une des nouvelles variations de tout cet univers d'idéogrammes et ne sont pas vraiment difficiles à s'approprier si tu as les références culturelles associés. Il est probable que tu identifie la frimousse qui sourit comme un sourire de ton interlocuteur, sans avoir besoin d'ouvrir un dictionnaire, parce que le fait de retrousser les babines vers le haut a ce sens-là dans notre culture.

    L'avantage des idéogrammes est qu'ils permettent d'exprimer des concepts de base en étant très rapidement identifiable. Le panneau "laissez la priorité aux autres véhicules" est plus rapide à interpréter, une fois l'apprentissage fait, que si on devait le remplacer par une pancarte ayant le texte complet. Ils ont aussi des limites, car même les systèmes les plus anciens ne peuvent recouvrir tous les concepts avec des symboles, et c'est pour cela que les phonogrammes les complètent.

    Il n'y a pas de notion de "mieux" là-dedans, les deux systèmes répondent à des besoins différents, ont leurs avantages et leurs inconvénients ;)

  • [^] # Re: video

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal tesla. Évalué à 7.

    Sans aller jusque là, c'est vrai que l'usage du frein sur une voiture thermique un peu puissante est assez léger au quotidien, le frein moteur et le fait de rétrograder suffisent dans la plupart des situations. Quand au freinage d'urgence, ça va dépendre fortement du contexte, plus que de l'auto. En dehors du milieu urbain et avec une conduite pépère, c'est vraiment rarissime d'en avoir besoin.

    Anecdote foireuse, j'avais emprunté la voiture d'un ami amateur de bricolage automobile, et fait environ 800 km dans le week-end (autoroute et nationale principalement). En lui rendant l'auto, je lui signale que ses freins sont un peu bizarres. Il regarde, puis il me regarde moi avec un drôle d'air :
    - Ha oui, en effet, j'ai foiré un truc quand j'ai changé les freins… T'a roulé sans freins.

    Boaaaaaaah qui a besoin de ces trucs ?

    J'aurais bien du mal à retrouver les termes techniques mais effectivement j'avais conduit en utilisant le frein moteur, comme d'habitude, et remarquant rapidement que les freins étaient "mous" (hem hem) j'avais juste adapté ma conduite pour avoir encore plus de marge de manœuvre. Il devait y avoir quand même un peu de réaction dans les freins mais certainement pas ce qu'il fallait. Depuis, quand ça freine "bizarrement", je commence par m'arrêter au premier garage pour vérifier, quand même. On n'a pas attendu les voitures électriques pour y aller mollo sur les freins… et pour faire des trucs foireux et dangereux avec les autos.

  • [^] # Re: Praticiens

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal À quoi bon le libre. Évalué à 8.

    Tu as de la chance si c'est le cas dans ton coin. Ici les consultations sont entre 5 et 15 minutes, indépendamment des 4 médecins généralistes disponibles dans un rayon de 1h de route. Ils sont tous très bien, mais non, ils n'ont pas le temps d'écouter les malades. Lorsqu'on sort du tryptique grippe-cancer-hypocondrie, trouver le diagnostic peut être long voir fatal.

    Là dessus il y a plusieurs raisons aussi mauvaises les unes que les autres :
    - Certaines régions manquent vraiment de médecins, ces derniers sont surchargés et ne peuvent prendre le temps de bavarder avec leurs patients ; ce qui est malheureusement nécessaire pour comprendre un tableau complexe.
    - Les médecins ne sont pas formés à l'écoute. Certains décident de le faire, ou ont des capacités naturelles dans le domaine, mais cela ne fait pas vraiment partie de leur cursus de base.
    - La médecine homéopathique, par sa méthode, est là pour faire causer le patient. Donc, oui, un homéopathe en principe prends plus de temps pour ça. Et ça reste un médecin, donc quelqu'un capable de savoir quand il va être nécessaire de se passer d'homéopathie pour une médecine plus concrète. Après on trouve de tout chez ces praticiens, les allumés qui font des trucs sans rapport avec la science et des vrais médecins qui utilisent le placebo et l'écoute quand ça suffit pour guérir les patients, et qui donnent des vrais traitements quand il y a besoin. Mais j'ai le même constat chez les généralistes classiques, on y trouve aussi des allumés, des gens plein de croyances bizarres (y compris des antivax, ce que je ne comprends pas), et des gens géniaux.
    - Les médecins homéopathes peuvent prendre le temps avec leurs patients parce que ce sont des médecins de riches, s'adressant à une niche particulière. Forcément ça trie de faire des gros dépassements d'honoraires et on a plus de temps à consacrer aux quelques patients qui viennent.

    Pour avoir testé un peu de tout au fil des ans, côté médical, mon opinion est qu'on se trompe de cible en tapant sur les médecins homéopathes. C'est un peu comme de donner de l'aspirine pour les gueules de bois plutôt que de se préoccuper de l'alcoolisme derrière…
    - Je préfère que ça reste des médecins, et que les gens n'aillent pas voir uniquement des "guérisseurs" sans aucune formation médicale réelle, parce que dans les vraies maladies, il reste une chance que ce soit détecté et traité avec de vrais traitements.
    - Oui, l'homéopathie et autres placebos restent utiles face aux hypocondriaques de tout poil qui ont besoin de "prendre quelque chose" ; je préférerais que les placebos en question soit faits en collaboration avec les pharmaciens locaux, mais en attendant, il existe divers placebos vendus par les labo (dont l'homéopathie) qui ont ce mérite de rassurer des gens sans les surmédicamenter de façon inutile.
    - La formation des médecins dans son ensemble est à revoir entièrement, elle a deux siècles de retard et produit une quantité d'incompétents mal formés à établir des diagnostics sérieux mais trop bien formés à se faire reluire l'ego. Oui, je suis fâchée sur le sujet, à cause de ma propre errance médicale et de celle de nombre de gens de ma connaissance, sur des choses qui semblaient assez basiques une fois le diagnostic établi. Et pour en avoir beaucoup discuté avec le corps médical, il me semble que le problème est bien sur la formation avant tout ; ensuite, ils font ce qu'ils peuvent avec ce qu'on leur a donné. Au passage, la formation en médecine n'éduque pas à la méthode scientifique, ce qui explique qu'on trouve aussi des allumés avec le titre de médecin : il suffit que la "médecine quantique" leur aie semblé pleine de bon sens pour compléter le cursus de base…
    - Il serait temps de questionner la nécessité d'aller voir un médecin au moindre bobo, malheureusement tout est poussé dans ce sens, au niveau culturel comme administratif. Essayez de prendre quelques jours à la maison pour soigner votre rhume sans passer par la case médecin (assez inutile dans les cas de base), votre patron ne va pas vouloir… Alors que bon, on pourrait se contenter du bon sens ; la plupart des employés ont tendance à venir bosser malgré des états qui demanderaient de rester à la maison (ne serait-ce que pour éviter de partager ses microbes), ajouter la visite au médecin est une absurdité.
    - L'éducation à la pensée critique devrait se faire dès la maternelle, cela aiderait à remettre en cause des pratiques absurdes comme la surmédication, le recours à des méthodes surnaturelles quand des symptomes devraient mener à consulter un vrai médecin, l'évaluation de la pertinence de ce qui est proposé, etc. Ce dernier point suffirait à ramener l'homéopathie au seul endroit où elle est vraiment adaptée : une curiosité culturelle témoin d'une époque qui devrait être révolue. Mais éduquer à la pensée critique n'est pas un objectif étatique. C'est beaucoup plus facile de manipuler des foules qui restent dans un jugement binaire, émotif et simpliste.

    Je plussoie à 100% les arguments sur le recours à une "médecine" au moindre souci. Ce n'est pas propre à l'homéopathie, j'ai vu des gens faire ça avec des médicaments ayant de vrais effets, et je suis sûre que tout le monde a dans son entourage quelqu'un dont la pharmacie à la maison déborde de cachets divers, distribués comme des bonbons au moindre maux mineur. Dans ce genre de cas, je préfère quand ils croient à l'homéopathie parce qu'il n'y a aucun effet néfaste… mais j'aimerais encore mieux qu'ils acceptent qu'un léger mal de crâne ou une petite toux ne demande pas forcément de "prendre un truc" ; attendre que ça passe est suffisant dans 90% des cas. Mais là, on en reviens à la question de la pensée critique; ainsi qu'à la question du "soin". Dans nos sociétés, le soin les uns aux autres n'est pas évident et on a tendance à lui substituer le soin médical (ce qui est légèrement différent). Parfois le médecin est la seule personne qui va vous demander "ce qui se passe". Et il apporte l'illusion réconfortante d'une solution grâce à ses cachets. Mais si on part dans les questions du soin, ça va aller sur d'autres trolleries ;)

  • # Lourdnuxfr

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Merci LinuxFr.org. Évalué à 2.

    […] Lourdnuxfr.org […]

    Là, tu tiens un concept !

  • [^] # Re: Ici c'est Linuxfr.org

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal À quoi bon le libre. Évalué à 10.

    Mais, effectivement, les plus commentés ne sont pas forcément les journaux les plus en lien avec les thèmes du site.

    Parce que c'est beaucoup plus drôle de troller sur les autres :P

    Je plaisante à moitié. Sur un sujet technique, les intervenants possibles sont limités : il y a ceux qui ont des questions (plus ou moins) pertinentes pour approfondir le sujet et ceux qui ont des connaissances en rapport pour compléter le sujet.

    Sur les autres sujets, c'est niveau café du commerce, n'importe qui peut dire n'importe quoi, pas besoin d'expertise autre que celle auto-proclamée d'amateur de fromage (pour la tartiflette). Et assumons sans gêne de se proclamer l'égal des médecins et chercheurs de tout bord pour parler de virus ou autre sujet pointu ; après tout, pour être ingénieur, il a aussi fallu faire des études, donc c'est pareil ! Et une fois j'ai eu la grippe, c'est dire si je maîtrise le sujet.

    Il y a forcément plus de gens qui peuvent causer dans le second cas (quasi tout le monde, au moins tous ceux qui veulent partager un avis pour le plaisir de causer) que dans le premier (où il faut quelques connaissances et être dans une recherche de pertinence).