Après avoir été rejeté une première fois lors de sa procédure fast-track à l'ISO, le format OOXML de Microsoft vient d'être normalisé par l'organisme international. Il rejoint donc l'OpenDocument (ODF) parmi les formats bureautiques normalisés
ISO.
Il faut rappeler que les votants sont organisés en deux comités, le comité P, auquel appartiennent les principaux pays membres, et la globalité des pays membres. Pour qu'une norme soit décidée, il est nécessaire d'obtenir un vote favorable d'au moins 66,7% des membres P et au moins 75% de tous les membres. Ainsi, au vote qui se concluait le 29 mars dernier, OOXML aurait obtenu un score de 86% de votes favorables tous membres confondus et 75% de votes favorables pour les seuls pays P.
À l'issue de cette suite de procédures et votes, on ne peut que déplorer l'attitude discutable de Microsoft et surtout l'étrange valse de changements d'avis durant les votes, lesquels ont entraîné des dépôts de plaintes de la part de plusieurs pays et/ou organismes. On peut en effet citer le cas de la Norvège, où les techniciens de l'organisme de normalisation se sont décidés contre le format OOXML à dix-neuf voix contre deux, et où l'organisme a malgré tout décidé d'accepter OOXML (!). Ou bien aussi la Pologne, où les abstentions ont été comptées comme des votes « oui ». Et que dire de l'AFNOR, notre organisme à nous, qui au dernier moment (et selon certaines sources, après concertation avec Microsoft France) serait passé de non à abstention ?
Sans se lancer dans une liste exhaustive, plusieurs enquêtes, dont une au niveau européen, sont en cours et il est possible que la normalisation officielle soit en suspend le temps que ces enquêtes arrivent à terme.
Pour conclure, toute cette affaire dévoile la faiblesse de l'ISO face à une entité telle que Microsoft et prouve, comme d'aucuns le disent, que l'on peut désormais acheter une norme. Au-delà de la nature scandaleuse de cet état de fait, c'est la confiance de toute une société technique envers l'ISO qui s'en trouve ébranlée.