Note : le moteur de Firefox déteste ce genre de blague, par contre tout ce qui est basé sur Chromium semble le gérer sans trop de souci.
Il ne faut pas le dire trop fort, parce que si Google commence à coller ça dans les trackers qu'il affiche sur 99% des pages internet, Firefox va tomber à 0.1% de part de marché en 1 semaine…
Est-ce que cela a un sens d'autoriser une succession infinie de "variation selectors" pour chaque caractère?
Dans tous les cas, il semble assez facile pour une implémentation de couper la liste à un nombre raisonnable, pour au moins éviter les conséquences sur les perfs d'affichage.
Note que les 3% du PIB c'est pour la recherche totale (publique + privée). Quand tu regardes les statistiques au niveau Européen, la recherche publique en France est à peu près au niveau des autres pays (pas au-dessus, on est bien d'accord, 0.8% à 0.9% du PIB), c'est la recherche privée qui est en retard, malgré le CIR et les cadeaux fiscaux.
Depuis 25 ans elle démantèle lentement ses institutions de recherche.
Pas toutes, et c'est caricatural de parler de démantèlement. La France a plein de problèmes avec ses institutions de recherche publiques, à la fois pratiques et idéologiques. Elle n'arrive pas à financer ses universités, elle n'arrive pas à leur donner le rôle qu'elles devraient avoir par rapport aux écoles d'ingénieur, elle n'arrive pas à décider quoi faire avec les what millions d'universités dans les villes moyennes qui ne pourront jamais mener une recherche efficace, elle n'arrive pas à intégrer les docteurs à la place qui leur revient sur le marché du travail, elle n'arrive pas à donner une ligne claire au CNRS, elle n'arrive pas à gérer la masse salariale (les chercheurs coûtent trop cher mais sont trop mal payés), ni la pyramide des âges (avec les décalages des départs en retraite), ni les carrières complexes (impossible de recruter un fonctionnaire après 40 ans), elle n'arrive pas à gérer l'enfer bureaucratique qu'elle a elle-même crée, elle n'arrive pas à simplifier le mille-feuille administratif, son traitement des fraudes scientifiques est moyen-âgeux, il n'y a aucun traitement des conflits d'intérêt… Il y a plein de problèmes dans la recherche, mais globalement, les indicateurs ne sont pas mauvais. La productivité est correcte, la formation universitaire est de bon niveau, certaines institutions phares sont très visibles, certaines disciplines (maths, pĥysique) sont à la pointe, les conditions de travail pour les chercheurs sont assez attractives pour les étrangers, on sort assez efficacement de la culture du mandarinat (notamment par l'attribution directe des financements aux chercheurs sans passer par les directeurs de labo), il y a en France des équipements de pointe et des projets d'équipements de pointe (surtout pour les physiciens, qui raffolent de ces gros équipements qui coûtent des milliards et que les politiques aiment bien inaugurer)… Bien sûr, quand un secteur comme ça évolue, il y a des perdants, des unités qui disparaissent, des secteurs peu performants qui sont abandonnés ou restructurés, ou redirigés vers des occuppations plus visibles (recherche appliquée, enseignement…), puisqu'une réforme à budget stable (ou en légère décroissance) ne va pas bénéficier à tout le monde. Dans tous les cas, l'idée d'une recherche publique "démantelée" me semble mal refléter la situation générale; si tu fais de la phyisque des particules ou de l'algorithmique en IA dans un grand établissement, tu n'es pas du tout démantelé. Si tu fais des sciences sociales à l'université de Trifouillis les Oies, par contre, oui, là c'est sûr que tu es démantelé.
Si tu me qualifie de gauchiste, je pourrais toujours crier à la calomnie ça n'en sera pas moins vrai.
Wikipédia n'a pas vocation à affirmer des vérités, mais à rapporter un point de vue neutre. Tu peux par exemple reprendre les éléments de langage du journal ("Il se qualifie comme conservateur et identitaire" par exemple, je ne suis pas très au fait du vocabulaire alternatif utilisé par l'extrême droite), en le pondérant par une phrase dans le style "mais sa ligne éditoriale est souvent qualifiée d'extrême droite, voire d'islamophobe, par d'autres médias", ou quelque chose d'équivalent.
Ça n'est pas un hasard si c'est dans les principes fondateurs de Wikipédia, c'est que si c'est écrit comme ça, il y a beaucoup moins de raisons de se plaindre.
Mais non, mais c'est juste que je ne vois pas l'intérêt de s'offusquer pour le principe. À qui s'adressent ces documents? Les graphiques illustrent des choses qu'on sait très bien, mais ils les illustrent d'une manière que je ne trouve pas informative, et ça me gonfle. On ne peut pas se prétendre scientifique le jour, et militant le soir, en partant du principe que la rigueur du raisonnement, ça ne vaut pas pour les activités militantes.
Si tu veux parler de l'effort de recherche, alors tu dois regarder l'évolution des équivalents temps plein ou de la masse salariale, pas des seuls recrutements. C'est complètement trivial, tu peux réduire tes recrutements tout en augmentant ta masse salariale, ça dépend de la pyramide des ages, qui reste très déséquilibrée au CNRS. En fonction de la succession des gouvernements, tu as eu une alternance de périodes fastes et moins fastes, et donc la masse salariale fait le yoyo en fonction des départs à la retraite.
Tu peux aussi considérer la totalité de la masse salariale, et pas seulement cette des fonctionnaires. Parce que tu peux très bien augmenter ton personnel sans ouvrir de concours de fonctionnaire. Évidemment, idéologiquement, tu peux trouver ça bien ou mal, mais la question est assez indépendante de l'investissement dans la recherche (à moins d'imaginer par essence qu'un fonctionnaire est un meilleur chercheur, ce qui reste quand même assez douteux). Ce que le graphique montre, ce n'est pas une diminution de l'investissement public dans la recherche, c'est un changement progressif de modèle, avec une baisse du recrutement des cadres (fonctionnaires) de la recherche, qui vont chacun devoir financer leurs équipes par d'autres moyens (appels à projets, partenariats). À comparer par exemple avec le budget de l'ANR https://anr.fr/fileadmin/documents/2024/page-budget-2023-fig1.jpg
Au fond, quelle est la raison du changement de modèle? Bon, c'est évidemment multifactoriel, mais c'est principalement parce que l'État n'a pas confiance dans l'efficacité du modèle "traditionnel" de la recherche française. Pour plein de raisons plus ou moins idéologiques ou plus ou moins objectives, mais en gros, l'idée c'est que l'argent public serait mieux dépensé dans des groupes de recherche temporaires qui se concentreraient sur un projet scientifique pendant 4 ou 5 ans avant d'être refondu avec des contours différents pour un autre projet. Les labos et instituts de recherche seraient les hôtes de ces projets et leurs fourniraient les moyens de travailler, mais sans autre politique de recherche que de favoriser l'épanouissement scientifique des chercheurs pendant le temps de leur projet.
Sans surprise, c'est déja comme ça que fonctionnent les instituts scientifiques qui sont sur le devant de la scène (institut Pasteur, collège de France, etc). De nombreux chercheurs qui ont une activité scientifique soutenue n'ont pas de problèmes majeurs à être financés et à recruter les membres de leurs équipes selon leurs besoins au fil de leurs projets; ils ont par contre besoin d'un environnement scientifique (administration, locaux) et d'un accès à des équipements parfois coûteux; les enseignant-chercheurs cherchent à se débarrasser de leurs charges d'enseignement en les "rachetant" grâce au budget des projets, etc. Ce que ne dit pas par exemple les graphiques de RoguESR, c'est quelle part des chercheurs recrutés au CNRS ont déja tout ou partie de leur salaire de jeune chercheur financé par une source extérieure (typiquement, contrat européen). Ça doit énormément dépendre des sections du CNRS, mais je pense que la norme s'établit autour de 50%. Ce modèle définit un statut du chercheur plus proche d'une profession libérale que d'un statut de fonctionnaire.
Je comprends les critiques du modèle "moderne" de la recherche, mais je ne comprends pas quel modèle on propose à la place. Un monde où on recrute toujours plus, où tout le monde a des crédits pour fonctionner, où la recherche n'est évaluée ni en terme de productivité, ni en terme de retombées pour la société, où la liberté académique est totale… En gros, il faudrait que ça soit les chercheurs qui aient le contrôle du robinet du pognon, et qu'ils n'aient pas de comptes à rendre, parce que leur statut garantirait automagiquement à la société que ce que le chercheur veut, c'est ce qui est bon pour la société. À part donner envie aux dirigeants de restreindre encore plus les marges de manœuvre, je ne vois pas ce que ça peut apporter.
Ça parait tellement caricatural que je trouve ça contre-productif. Si on veut la la liberté académique, alors c'est normal de devoir négocier avec la société. Si on veut plus de PIB vers la recherche, c'est normal qu'il y ait des contreparties, notamment sur les retombées économiques. Si on veut des emplois sécurisés, alors c'est normal d'être évalués. C'est normal que le gouvernement et l'État aient le contrôle du robinet de pognon, c'est normal que la politique de la recherche dépende du résultat des élections. Ça ne fait pas forcément plaisir, mais c'est normal.
Qu'est-ce qui te fait dire qu'ils ne savent pas de quoi ils parlent (ils ou elles)
J'ai été très explicite : s'ils n'étaient pas au courant de la réservation des postes DR en CID 50 en 2021, c'est qu'ils n'étaient pas au fait de la manière dont les concours avaient été organisés cette année-là. Aller raconter "ahlala c'est un scandale on recrute des bureaucrates", c'est vraiment à côté de la plaque.
Ce qui m'intéresserait bigrement ce serait de savoir quelles sont tes compétences qui te font dire que ces personnes ne savent pas de quoi elles parlent.
À ton avis?
Le problème, ça n'est pas de ne pas comprendre les rouages techniques des recrutements dans les EPST, parce que c'est très compliqué sans être à l'intérieur. Le problème, c'est de l'ouvrir et de se scandaliser sans avoir compris qu'il n'y avait aucune raison à se scandaliser. Ça ne défend pas du tout la recherche publique.
Une chose quand même: il y a quelque chose qui est factuellement faux dans ce lien; les auteurs ne pouvaient pas savoir sans connaître les arcanes du CNRS, mais ça prouve quand même qu'ils racontent n'importe quoi parce qu'ils ne savent pas de quoi ils parlent : les 13 postes de directeur de recherche affiliés à la section "Gestion de la recherche" en 2021 ne sont absolument pas destinés à des fonctions bureaucratiques, il s'agissait de postes mis en réserve pour des recrutements au niveau DR dans les sections (en fait c'est un bricolage technique pour contourner une rigidité administrative).
Donc oui, c'est un fait, la recherche publique recrute de moins en moins, c'est contesté en interne parce que les chercheurs pensent que la recherche devrait être mieux financée, et c'est un arbitrage budgétaire assumé par les gouvernements. Il n'y a pas de "scandale" à proprement parler, c'est une question politique (donc débat public, élections, etc).
L'argument est en effet paradoxal, et traduit aussi des désaccords profonds dans les différentes communautés scientifiques.
Il est de notoriété publique que l'évaluation des projets et des bilans scientifiques sont extrêmement complexes. Bon, pour les projets, c'est même objectivement impossible, puisqu'en recherche fondamentale, il est évident qu'on ne peut pas savoir a priori si une expérience va fonctionner, puisque savoir si ça fonctionne est le but même du projet. On ne peut donc évaluer que l'intérêt d'avoir une réponse à cette question (quelle que soit la question).
Pour les bilans, c'est plus discutable. En fait, il y a une pression très forte des institutions et des citoyens pour une transparence et une évaluation des dépenses publiques, et l'évaluation bureaucratique de la recherche est une réponse à cette question. Le problème c'est que là encore l'évaluation est complexe. Soit elle est objectivée par des indicateurs chiffrés (nombre de publications, de brevets, d'étudiants formés, etc), avec les objections classiques liées à la manipulation des indicateurs, soit elle est confiée à des pairs spécialistes du domaine, en devenant par là-même plus subjective et plus coûteuse pour la communauté (puisque ça mobilise du temps d'expertise qui pourrait être destiné à la recherche). La situation actuelle est mixte; les chercheurs et les unités de recherche sont évalués par des experts sur la base de dossiers qui compilent les fameux indicateurs.
Ce qu'il ne faut pas perdre de vue, c'est que la génération de chercheurs qui occupent actuellement les postes à responsabilité dans la recherche publique est une génération qui a justifié son succès scientifique par ces indicateurs bureaucratiques (et par leur succès aux appels à projets). Il semble donc assez illusoire d'imaginer qu'ils abandonnent facilement les indicateurs chiffrés alors même qu'ils leur doivent leur position sociale!
Pour moi, poser cette question comme une question de principe est un mensonge bienveillant, basé sur la légende du chercheur de génie qui ne saurait pas publier. Comme partout, une telle situation n'est pas logiquement impossible et on pourrait forcément trouver quelques exemples statistiquement rares (par exemple en mathématiques, qui a tendance à favoriser les traits de personnalité inhabituels), mais à mon avis c'est une mauvaise perspective. Ce qui se passe, c'est qu'un bon chercheur bien implanté dans sa discipline, reconnu par ses collaborateurs et à l'international, n'a absolument aucun mal à optimiser ses indicateurs chiffrés. La réelle question c'est plutôt si c'est un bon calcul d'utiliser son expertise ou son énergie à des tâches plutôt formelles au détriment de sa créativité scientifique. A contrario, les mauvais chercheurs sont peu productifs dans tous les domaines. Ce n'est malheureusement pas des vases communicants, les problèmes sont en général assez liés et finissent par créer des cercles vicieux (mauvaise recherche -> peu de résultats intéressants -> peu de publications -> peu de financements). Ces cercles vicieux sont vécus comme des injustices par les intéressés, mais au final rien n'indique que les indicateurs de productivité ne reflètent pas la qualité des résultats scientifiques obtenus (hors fraude scientifique, évidemment).
Tout ça pour dire qu'on peut admettre l'imperfection des indicateurs bibliométriques sans verser dans l'idée qui me semble assez absurde que l'absence de publication pourrait être interprétée comme un signe positif. Le problème de l'évaluation bibliométrique n'est pas qu'elle classe mal (parce qu'en fait elle classe plutôt bien), mais c'est qu'elle détourne les ressources vers l'optimisation du critère, ce qui n'est pas forcément souhaitable.
Mouais, c'est une branche out of tree comme on dit, comme l'a été pendant longtemps la branche Linux-rt par exemple, à mon sens ce n'est pas un fork.
Linus a dit en 2011 "Android is a Linux fork", donc on peut discuter éternellement si à ton sens c'est un fork, mais c'est légitime de dire qu'Android a été un fork de Linux (en tout cas, c'était l'avis du responsable de Linux à ce moment, donc c'est un avis qui me semble tout à fait crédible).
Donc oui, Linux a été forké, et le fork a été progressivement réintégré dans le projet par des efforts des deux côtés. "Fork avorté", "faux fork", "fork temporaire", tu peux l'appeler comme tu veux, mais c'est faux de dire que Linux n'a jamais été forké.
Ce n'est donc pas un fork car ils se basent toujours sur la branche principale pour fournir de nouvelles versions de leur côté
Ça me semble tendu de définir le fork de cette manière, parce qu'il est quand même assez courant que les forks intègrent au fil de l'eau les corrections de bugs ou autre issus de la branche principale…
Il me semble qu'Android était né d'un fork assumé, par la volonté de pouvoir développer vite sans devoir gérer l'intégration des patches dans la branche principale. Mais c'était aussi clair que le fork n'avait pas forcément vocation à être défintif, puisque l'espoir de convergence était réel.
Tiens, grâce à un ternet, j'ai retrouvé ça, par exemple dans https://www.zdnet.com/article/linus-torvalds-on-android-the-linux-fork/ qui date de 2011: "So, for the next few years, Android, while still a Linux, is indeed a Linux fork. In the long run, though, Torvalds is sure that Android will return to the mainstream Linux kernel. For better or worse though that may not be until 2016. Fortunately, for all end-users and almost all Android developers none of this will make any real world difference."
Donc, ça compte, ça ne compte pas comme un fork… C'est quand même pas si net. C'est un ex-fork, peut-être.
La taille de la base de code est peut être un chouilla impressionnante pour un candidat au fork.
c’est tout naturellement qu’il y aura un fork.
Mouais, enfin Linux ça se forke pas non plus comme ça. Il faudrait un accord de principe au moins entre les gros contributeurs, ce qui serait tellement énorme que l'équipe actuelle serait forcément au courant, et aurait l'occasion de discuter pour éviter le fork si c'était possible (voire de faire partir Linus si c'était lui le problème).
je suis complètement en accord avec sa façon de voir les relations humaines.
Je ne sais pas s'il y a beaucoup de gens qui sont en accord avec sa façon de voir les relations humaines.
De toutes manières, c'est très fréquent que la meilleure personne pour monter un truc ne soit pas du tout la meilleure personne pour le faire évoluer à long terme. C'est une règle pour les startups par exemple, qui sont en général revendues après leur succès pour mettre en place une équipe de direction qui va savoir gérer la phase suivante (où on ne peut plus faire n'importe quoi très vite). La longévité de Linus à la tête du noyau, en partant de son garage pour finir à gérer des consensus entre les 20 plus grandes multinationales IT du monde, reste assez impressionnante. Dans tous les cas, c'est seulement sa compétence technique qui peut expliquer sa longévité, parce que sans ça il aurait giclé depuis très très longtemps.
Si tu remplaces "les gens" par "un vendeur d'iphone", peut-être que ça te semblera moins illogique. L'économie, c'est juste d'intégrer le phénomène entre des millions de gens qui font tout un tas de métiers, mais il n'y a rien de paradoxal.
Et si les gens veulent des logements de plus en plus grands ou de plus en plus confortables (électricité aux normes, isolation…), bah il va falloir que les riches achètent de plus en plus d'iphones. On ne peut échanger que les richesses qui sont produites…
Je vois bien que les gens sont en colère contre les principes de l'économie, mais j'ai du mal à identifier pourquoi.
Bah oui, mais tant qu'il y a des gens qui n'auront pas les ressources pour se loger, pour manger, ou pour se soigner, il faut de la croissance. Tant que ceux qui peuvent manger veulent un travail, changer de voiture, aller à l'université, partir en vacances, il faut de la croissance. Quelle est la part de la population qui aurait envie de vivre avec moins? L'argument, c'est toujours "moins d'iPhone récent". OK, va pour l'iPhone, mais l'iPhone, c'est quelle part du budget des ménages? Ça ne suffira jamais, de se passer d'iPhone. Moins d'investissements militaires? Il faut bien veiller à que tout le monde soit sur la même trajectoire. Moins de voyages pour découvrir d'autres villes et d'autres pays? Moins de culture? Moins de technologie médicale? Moins de recherche scientifique? C'est juste un modèle de société repoussoir.
c'est qu'on est parti dans une course sans fin de promesses perpétuelles.
On peut discuter sur "pertétuel". On peut légitimement estimer qu'on se voyait aller plus loin que là où on est.
Les restaurants qui coulent, ça existe aussi… L'investissement est indispensable, ne serait-ce que pour être aux normes d'hygiène par exemple. En cuisine, la technologie évolue (four vapeur, contrôle électronique de la température…). Tu as de plus en plus de restaurants qui se sont équipés en bidules électroniques pour prendre les commandes; et tu as aussi l'informatisation de la comptabilité et de la gestion (qui ne se voit pas en salle, mais tu as des ordinateurs, des logiciels…).
Et puis pour un restaurant, l'innovation c'est aussi dans l’assiette. Si tu sers la même chose qu'il y a 40 ans avec le même dressage, tu risques de ne pas attirer les foules.
Donc même dans un secteur économique où la R&D et l'investissement ne semblent pas si importants, la survie à long terme reste dépendante d'une certaine dose d'investissement, et même de technologie. Tu aurais aussi pu citer les coiffeurs, les masseurs, les psychologues… tu as des secteurs pour lesquels les gains de productivité sont plus limités que d'autres.
C'est quoi que tu appelles "valeurs fiduciaires"? La monnaie? Je ne crois pas que ça soit à la mode de garder de la monnaie, tu veux plutôt des actifs, non?
Mais bon, je ne comprends pas trop où tu veux en venir. Quand tu diriges une entreprise, tu vas prendre des décisions d'investissement qui vont dans le sens de faire gagner plus d'argent à l'entreprise dans le futur, c'est quand même fondamentalement ton métier. Une entreprise qui stagne ça n'existe pas, tu ne peux pas viser une sorte de statu-quo, puisque tu vas finir par couler en te faisant dépasser par la concurrence. Maintenir une entreprise, c'est donc toujours avancer.
Investir dans les LLM, c'est soit investir dans un produit ou un service que tu veux vendre, soit investir en interne parce que tu espères un gain de productivité. Je ne comprends pas trop où tu vois quelque chose de fondamentalement vicié là-dedans, sauf à remettre complètement en question le fonctionnement de l'économie.
Je suis d'accord sur l'absurdité de la futurologie, mais on ne peut pas évacuer les paradoxes profonds qu'il y a dans les revendications sociales : vouloir à la fois augmenter le pouvoir d'achat (donc y compris la qualité du logement, de la nourriture, des soins médicaux…) et réduire le temps de travail nécessite des gains de productivité colossaux, alors que simultanément on souhaiterait moins de technologie et une décroissance de notre empreinte écologique. Une telle équation n'a pas de solution, il faut bien produire les richesses qu'on veut redistribuer.
Tout ce qu'il peut faire, c'est jouer sur les peurs de la communauté (aka, la peur du doxxing)
Tu évacues quand même la question fondamentale de la responsabilité d'écrire dans Wikipédia "X est un journal d'extrême-droite / islamophobe" quand le journal ne le revendique pas, et encore moins quand le journal considère que c'est de la calomnie. Au mieux, tu peux écrire que le journal est parfois qualifié d'islamophobe, mais que cette ligne éditoriale n'est pas revendiquée, ou quelque chose comme ça.
Ce qui ne passe pas auprès de la presse traditionnelle (et même plus large que ça), c'est que Wikipédia revendique une sorte de flou sur les responsabilités éditoriales: l'antenne française n'est pas l'hébergeur, l'hébergeur fait reposer la responsabilité sur les contributeurs, les contributeurs sont sous pseudonymes, les admins n'ont pas de responsabilité éditoriale (même si en pratique ils décident de ce qui peut rester ou non)… Donc Le Point prend ce fonctionnement au mot : OK, Wikimedia n'a pas de rôle éditorial, les admins n'ont pas de rôle éditorial, c'est donc les contributeurs individuels qui assument, et paf, méthodes mafieuses pour les faire assumer. Parce que s'il y a procès pour diffamation, c'est bien les contributeurs qui vont devoir répondre à la justice, sous leur vrai nom et à visage découvert.
Au fond, il reste une différence fondamentale entre penser et assumer de penser et de dire que Le Point est un journal islamophobe, et de prendre la responsabilité de l'écrire en introduction de l'article de Wikipédia, qui a une influence extrêmement forte (par son page rank sur Google, par l'image de neutralité de Wikipédia, et maintenant par l'entrainement des LLM avec les données de Wikipédia). Je crois que c'est bien de ça dont il est question au fond, si tous les LLM du monde se mettent à raconter que Le Point est un journal néonazi, que ça soit vrai ou non, ça va nuire au journal, à ses journalistes, à ses lecteurs, et à ses actionnaires; il peut y avoir des millions d'euros en jeu, et ça fait des gros enjeux. Et au final, celui qui peut devoir porter cette responsabilité, c'est Dédédu94, qui n'avait absolument pas conscience que modifier un mot dans un article en pensant bien faire (parce que par exemple il pense en tout bonne foi que c'est vrai) pouvait l'emmener dans un tel cauchemar médiatique et juridique. Finalement, la pétition, c'est aussi ça : les contributeurs de Wikipédia veulent aussi être protégés de ce genre de situations, parce qu'ils sont bénévoles, qu'ils pensent bien faire, que pour eux ça n'est pas très différent d'écrire un truc sur Wikipédia ou de dire la même chose avec les copains autour d'une bière.
le public, il préfère souvent parler à un humain qu'à une machine
Ça n'est pas aussi évident que ça. Le public, il ne veut pas parler à une machine débile qui lui pose tout un tas de questions avant de lui dire "contacter un agent". Mais par exemple, parler à un LLM bien configuré permettrait d'avoir des réponses immédiates (si possible enregistrées et certifiées) à tout un tas de questions, et ça pourrait être très utile. Typiquement, pour remplir sa déclaration d'impôts, pour connaitre la liste des documents à fournir pour une demande, pour déposer une plainte (hors crime, hein), etc.
L'IA est en tout cas un moyen crédible pour sortir du cauchemar bureaucratique de la fonction publique. Personne n'ose s'attaquer à la complexité bureaucratique, parce que c'est une pile immense élaborée pendant des siècles, alors on vit avec cette espèce de dette technique. Mais si l'IA était capable de remplir toute seule 95% des cases des formulaires, de pointer vers les bons services, de détecter les erreurs, de se rendre compte que le dossier est coincé quelque part dans les services, ça serait une bouffée d'air frais pour tout le monde (sans évidemment résoudre le problème à la base).
Ah zut j'ai laissé passer le délai d'édit; les échanges sur Bluesky sont assez explicites: le journaliste est vraiment débile (mais il risque vraiment de la prison s'il dévoile l'identité du contributeur à ses lecteurs fachos, donc ça n'est pas forcément clair qu'il puisse oser).
Cacher qu'on est rémunéré pour ses contributions est une entorse grave au règlement de Wikipédia, par exemple. Ça n'est pas censé être révélé par voie de presse, mais l'existence de tels contributeurs met en péril les objectifs de l'encyclopédie.
Le journaliste du Point (qui semble avoir un historique éthique correct pour un journaliste d'investigation, à part qu'il déteste Wikipédia) semble penser qu'il a levé quelque chose qu'il estime être important, ça me semble normal de savoir quoi avant de l'accuser de doxing (il risque 3 ans de prison).
: en effet, ça a l'air d'être un débile, mais peut-être pas au point de risquer la prison.
C'est très difficile de lire entre les lignes dans ce genre d'affaire, car tout le monde en dit le moins possible. Il semble cependant y avoir un lien entre la profession du contributeur et le fait que le journaliste du Point s'en prenne à lui. Est-ce qu'il ne bosserait pas chez un journal concurrent par exemple, ce qui rendrait typiquement ses interventions sur autres journaux quotidien pas super limpides?
Ceci dit, je n'ai rien trouvé de particulièrement marquant dans l'historique, le contributeur semble principalement corriger des formulations ou donner des sources, ce qui semble à la fois neutre et constructif. Globalement, j'aime bien comprendre ce qu'il se passe avant de m'offusquer quand on me demande de m'offusquer…
Techniquement avec une hausse de productivité on a moins besoin de travailler à condition de ne pas en demander toujours plus
J'ai l'impression pourtant que "demander plus" est complètement naturel : demander de la nourriture bio plutôt que des trucs ultratransformés, demander plus de confort dans le métro, demander des belles pistes cyclables entretenues plutôt que des pavés pourris, demander des logements bien isolés avec l'électricité aux normes, demander l'accès à des technologies médicales coûteuses (traitements contre le cancer, IRM…), demander de l'aide à la personne pour les petits vieux dépendants, demander la fibre dans les petits villages, demander des profs, des juges, des policiers, avoir accès à plus de livres, plus de films, plus de musique… Penser qu'on pourrait se satisfaire de moins, c'est forcément un truc de privilégiés, parce que même en 2025 il faut être sacrément privilégié pour penser qu'on a assez. Évidemment, si on se focalise sur les smartphones ou les gadgets en plastique, évidemment qu'on pourrait réduire, mais sur la plupart des autres postes (logement, nourriture, santé, éducation, culture, …), on voudrait soit plus, soit "mieux".
Et je trouve aussi assez décalé de penser pour les autres. On peut être satisfait de ce qu'on a, mais c'est totalement personnel. Si ton voisin a une femme dans chaque port et 12 pensions alimentaires à assurer, il va avoir besoin de plus que toi…
Alors quand la boîte est d'accord et que les conditions d'utilisations sont favorables tant mieux, mais pour ceux qui s'en servent sans réfléchir aux conséquences potentielles je trouve cela problématique.
Si d'un côté du as des gros tas de $$ économisés en salaire de programmeur, et de l'autre côté tu as peut-être des risques virtuels pas très bien définis et au final peu inquiétants, il est probable que l'analyse soit quand même assez rapide.
Imagine que tu balances un truc confidentiel dans le prompt (un cahier des charges, ou un bout de code "maison"), et même que ce truc rentre dans la base d'apprentissage pour la version suivante de l'AI, quelles sont les chances pour que quelqu'un s'en aperçoive et qu'il puisse se passer quelque chose de réellement nuisible? Il faudrait que le modèle soit suparamétré (qu'il recrache des bouts de code verbatim), que ce bout de code soit sensible et spécifique (puisque le le droit d'auteur ne couvre pas le code trivial), et qu'il tombe dans les mains d'une personne qui puisse identifier son origine et prévenir l'ayant droit, qui à son tour doit trouver les raisons de poursuivre en justice… Tout ça semble bien vague.
La solution serait un autre mécanisme de redistribution des richesses (un vrai revenu universel par exemple), ou une diminution très forte du temps de travail dans les postes récents pour répartir les rôles. Un mix des deux est possible.
Imposer un mode de redistribution qui n'est ni à l'avantage du capital, ni à l'avantage de ceux qui travaillent, reste un projet qui semble un tantinet compliqué dans un système démocratique (ah, si seulement on avait un chef éclairé…).
Pour le partage du temps de travail tu as forcément un argument du "coût fixe" à considérer (formation, communication…). Former 200 médecins qui bossent 20h/semaine coûte deux fois plus cher que d'en former 100 qui bossent 40h/semaine, donc un tel projet de société a un coût (et donc, problème de compétitivité, donc moins de ressources à se partager, etc).
Alors oui par défaut chercher le mouton à 5 pattes ça fait sens, mais au bout d'un moment si tu ne trouves pas tenter de former quelqu'un soit même peut faire sens, surtout que dans de nombreuses professions les qualifications exigées sont assez surévaluées.
C'est un peu du cas par cas quand même, puisque par exemple je vois mal comment tu pourrais laisser quelqu'un qui n'a pas le moindre diplôme en électricité être le seul électricien sur un chantier… Mais bon, à part les cas exceptionnels où la sécurité est en jeu, la qualité de la formation initiale est suffisamment inégale pour ne pas imaginer qu'un diplôme te garantisse que le boulot soit fait correctement.
[^] # Re: DaLinuxFrenchPage
Posté par arnaudus . En réponse au lien Cacher un message dans un emoji comme 🔥󠄴󠅑󠄼󠅙󠅞󠅥󠅨󠄶󠅢󠅕󠅞󠅓󠅘󠅀󠅑󠅗󠅕. Évalué à 7.
Il ne faut pas le dire trop fort, parce que si Google commence à coller ça dans les trackers qu'il affiche sur 99% des pages internet, Firefox va tomber à 0.1% de part de marché en 1 semaine…
# Bug dans la norme?
Posté par arnaudus . En réponse au lien Cacher un message dans un emoji comme 🔥󠄴󠅑󠄼󠅙󠅞󠅥󠅨󠄶󠅢󠅕󠅞󠅓󠅘󠅀󠅑󠅗󠅕. Évalué à 9.
Est-ce que cela a un sens d'autoriser une succession infinie de "variation selectors" pour chaque caractère?
Dans tous les cas, il semble assez facile pour une implémentation de couper la liste à un nombre raisonnable, pour au moins éviter les conséquences sur les perfs d'affichage.
[^] # Re: Après le point médian...
Posté par arnaudus . En réponse au lien Le Point applique les méthodes de l'extrême droite pour faire taire un contributeur de Wikipédia . Évalué à 4.
le Point Godwin, en tout cas.
[^] # Re: L’imprégnation des esprits ?
Posté par arnaudus . En réponse au lien Debout pour les sciences, nécessité de défendre l’intégrité scientifique et combattre désinformation. Évalué à 0.
Note que les 3% du PIB c'est pour la recherche totale (publique + privée). Quand tu regardes les statistiques au niveau Européen, la recherche publique en France est à peu près au niveau des autres pays (pas au-dessus, on est bien d'accord, 0.8% à 0.9% du PIB), c'est la recherche privée qui est en retard, malgré le CIR et les cadeaux fiscaux.
Pas toutes, et c'est caricatural de parler de démantèlement. La France a plein de problèmes avec ses institutions de recherche publiques, à la fois pratiques et idéologiques. Elle n'arrive pas à financer ses universités, elle n'arrive pas à leur donner le rôle qu'elles devraient avoir par rapport aux écoles d'ingénieur, elle n'arrive pas à décider quoi faire avec les what millions d'universités dans les villes moyennes qui ne pourront jamais mener une recherche efficace, elle n'arrive pas à intégrer les docteurs à la place qui leur revient sur le marché du travail, elle n'arrive pas à donner une ligne claire au CNRS, elle n'arrive pas à gérer la masse salariale (les chercheurs coûtent trop cher mais sont trop mal payés), ni la pyramide des âges (avec les décalages des départs en retraite), ni les carrières complexes (impossible de recruter un fonctionnaire après 40 ans), elle n'arrive pas à gérer l'enfer bureaucratique qu'elle a elle-même crée, elle n'arrive pas à simplifier le mille-feuille administratif, son traitement des fraudes scientifiques est moyen-âgeux, il n'y a aucun traitement des conflits d'intérêt… Il y a plein de problèmes dans la recherche, mais globalement, les indicateurs ne sont pas mauvais. La productivité est correcte, la formation universitaire est de bon niveau, certaines institutions phares sont très visibles, certaines disciplines (maths, pĥysique) sont à la pointe, les conditions de travail pour les chercheurs sont assez attractives pour les étrangers, on sort assez efficacement de la culture du mandarinat (notamment par l'attribution directe des financements aux chercheurs sans passer par les directeurs de labo), il y a en France des équipements de pointe et des projets d'équipements de pointe (surtout pour les physiciens, qui raffolent de ces gros équipements qui coûtent des milliards et que les politiques aiment bien inaugurer)… Bien sûr, quand un secteur comme ça évolue, il y a des perdants, des unités qui disparaissent, des secteurs peu performants qui sont abandonnés ou restructurés, ou redirigés vers des occuppations plus visibles (recherche appliquée, enseignement…), puisqu'une réforme à budget stable (ou en légère décroissance) ne va pas bénéficier à tout le monde. Dans tous les cas, l'idée d'une recherche publique "démantelée" me semble mal refléter la situation générale; si tu fais de la phyisque des particules ou de l'algorithmique en IA dans un grand établissement, tu n'es pas du tout démantelé. Si tu fais des sciences sociales à l'université de Trifouillis les Oies, par contre, oui, là c'est sûr que tu es démantelé.
[^] # Re: Equilibre
Posté par arnaudus . En réponse au journal Wikipédia:Lettre ouverte : non à l'intimidation des contributeurs bénévoles. Évalué à 4.
Wikipédia n'a pas vocation à affirmer des vérités, mais à rapporter un point de vue neutre. Tu peux par exemple reprendre les éléments de langage du journal ("Il se qualifie comme conservateur et identitaire" par exemple, je ne suis pas très au fait du vocabulaire alternatif utilisé par l'extrême droite), en le pondérant par une phrase dans le style "mais sa ligne éditoriale est souvent qualifiée d'extrême droite, voire d'islamophobe, par d'autres médias", ou quelque chose d'équivalent.
Ça n'est pas un hasard si c'est dans les principes fondateurs de Wikipédia, c'est que si c'est écrit comme ça, il y a beaucoup moins de raisons de se plaindre.
[^] # Re: L’imprégnation des esprits ?
Posté par arnaudus . En réponse au lien Debout pour les sciences, nécessité de défendre l’intégrité scientifique et combattre désinformation. Évalué à 4.
Mais non, mais c'est juste que je ne vois pas l'intérêt de s'offusquer pour le principe. À qui s'adressent ces documents? Les graphiques illustrent des choses qu'on sait très bien, mais ils les illustrent d'une manière que je ne trouve pas informative, et ça me gonfle. On ne peut pas se prétendre scientifique le jour, et militant le soir, en partant du principe que la rigueur du raisonnement, ça ne vaut pas pour les activités militantes.
Si tu veux parler de l'effort de recherche, alors tu dois regarder l'évolution des équivalents temps plein ou de la masse salariale, pas des seuls recrutements. C'est complètement trivial, tu peux réduire tes recrutements tout en augmentant ta masse salariale, ça dépend de la pyramide des ages, qui reste très déséquilibrée au CNRS. En fonction de la succession des gouvernements, tu as eu une alternance de périodes fastes et moins fastes, et donc la masse salariale fait le yoyo en fonction des départs à la retraite.
Tu peux aussi considérer la totalité de la masse salariale, et pas seulement cette des fonctionnaires. Parce que tu peux très bien augmenter ton personnel sans ouvrir de concours de fonctionnaire. Évidemment, idéologiquement, tu peux trouver ça bien ou mal, mais la question est assez indépendante de l'investissement dans la recherche (à moins d'imaginer par essence qu'un fonctionnaire est un meilleur chercheur, ce qui reste quand même assez douteux). Ce que le graphique montre, ce n'est pas une diminution de l'investissement public dans la recherche, c'est un changement progressif de modèle, avec une baisse du recrutement des cadres (fonctionnaires) de la recherche, qui vont chacun devoir financer leurs équipes par d'autres moyens (appels à projets, partenariats). À comparer par exemple avec le budget de l'ANR https://anr.fr/fileadmin/documents/2024/page-budget-2023-fig1.jpg
Au fond, quelle est la raison du changement de modèle? Bon, c'est évidemment multifactoriel, mais c'est principalement parce que l'État n'a pas confiance dans l'efficacité du modèle "traditionnel" de la recherche française. Pour plein de raisons plus ou moins idéologiques ou plus ou moins objectives, mais en gros, l'idée c'est que l'argent public serait mieux dépensé dans des groupes de recherche temporaires qui se concentreraient sur un projet scientifique pendant 4 ou 5 ans avant d'être refondu avec des contours différents pour un autre projet. Les labos et instituts de recherche seraient les hôtes de ces projets et leurs fourniraient les moyens de travailler, mais sans autre politique de recherche que de favoriser l'épanouissement scientifique des chercheurs pendant le temps de leur projet.
Sans surprise, c'est déja comme ça que fonctionnent les instituts scientifiques qui sont sur le devant de la scène (institut Pasteur, collège de France, etc). De nombreux chercheurs qui ont une activité scientifique soutenue n'ont pas de problèmes majeurs à être financés et à recruter les membres de leurs équipes selon leurs besoins au fil de leurs projets; ils ont par contre besoin d'un environnement scientifique (administration, locaux) et d'un accès à des équipements parfois coûteux; les enseignant-chercheurs cherchent à se débarrasser de leurs charges d'enseignement en les "rachetant" grâce au budget des projets, etc. Ce que ne dit pas par exemple les graphiques de RoguESR, c'est quelle part des chercheurs recrutés au CNRS ont déja tout ou partie de leur salaire de jeune chercheur financé par une source extérieure (typiquement, contrat européen). Ça doit énormément dépendre des sections du CNRS, mais je pense que la norme s'établit autour de 50%. Ce modèle définit un statut du chercheur plus proche d'une profession libérale que d'un statut de fonctionnaire.
Je comprends les critiques du modèle "moderne" de la recherche, mais je ne comprends pas quel modèle on propose à la place. Un monde où on recrute toujours plus, où tout le monde a des crédits pour fonctionner, où la recherche n'est évaluée ni en terme de productivité, ni en terme de retombées pour la société, où la liberté académique est totale… En gros, il faudrait que ça soit les chercheurs qui aient le contrôle du robinet du pognon, et qu'ils n'aient pas de comptes à rendre, parce que leur statut garantirait automagiquement à la société que ce que le chercheur veut, c'est ce qui est bon pour la société. À part donner envie aux dirigeants de restreindre encore plus les marges de manœuvre, je ne vois pas ce que ça peut apporter.
Ça parait tellement caricatural que je trouve ça contre-productif. Si on veut la la liberté académique, alors c'est normal de devoir négocier avec la société. Si on veut plus de PIB vers la recherche, c'est normal qu'il y ait des contreparties, notamment sur les retombées économiques. Si on veut des emplois sécurisés, alors c'est normal d'être évalués. C'est normal que le gouvernement et l'État aient le contrôle du robinet de pognon, c'est normal que la politique de la recherche dépende du résultat des élections. Ça ne fait pas forcément plaisir, mais c'est normal.
[^] # Re: L’imprégnation des esprits ?
Posté par arnaudus . En réponse au lien Debout pour les sciences, nécessité de défendre l’intégrité scientifique et combattre désinformation. Évalué à 4.
J'ai été très explicite : s'ils n'étaient pas au courant de la réservation des postes DR en CID 50 en 2021, c'est qu'ils n'étaient pas au fait de la manière dont les concours avaient été organisés cette année-là. Aller raconter "ahlala c'est un scandale on recrute des bureaucrates", c'est vraiment à côté de la plaque.
À ton avis?
Le problème, ça n'est pas de ne pas comprendre les rouages techniques des recrutements dans les EPST, parce que c'est très compliqué sans être à l'intérieur. Le problème, c'est de l'ouvrir et de se scandaliser sans avoir compris qu'il n'y avait aucune raison à se scandaliser. Ça ne défend pas du tout la recherche publique.
[^] # Re: L’imprégnation des esprits ?
Posté par arnaudus . En réponse au lien Debout pour les sciences, nécessité de défendre l’intégrité scientifique et combattre désinformation. Évalué à 0.
Une chose quand même: il y a quelque chose qui est factuellement faux dans ce lien; les auteurs ne pouvaient pas savoir sans connaître les arcanes du CNRS, mais ça prouve quand même qu'ils racontent n'importe quoi parce qu'ils ne savent pas de quoi ils parlent : les 13 postes de directeur de recherche affiliés à la section "Gestion de la recherche" en 2021 ne sont absolument pas destinés à des fonctions bureaucratiques, il s'agissait de postes mis en réserve pour des recrutements au niveau DR dans les sections (en fait c'est un bricolage technique pour contourner une rigidité administrative).
Donc oui, c'est un fait, la recherche publique recrute de moins en moins, c'est contesté en interne parce que les chercheurs pensent que la recherche devrait être mieux financée, et c'est un arbitrage budgétaire assumé par les gouvernements. Il n'y a pas de "scandale" à proprement parler, c'est une question politique (donc débat public, élections, etc).
[^] # Re: L’imprégnation des esprits ?
Posté par arnaudus . En réponse au lien Debout pour les sciences, nécessité de défendre l’intégrité scientifique et combattre désinformation. Évalué à 4.
L'argument est en effet paradoxal, et traduit aussi des désaccords profonds dans les différentes communautés scientifiques.
Il est de notoriété publique que l'évaluation des projets et des bilans scientifiques sont extrêmement complexes. Bon, pour les projets, c'est même objectivement impossible, puisqu'en recherche fondamentale, il est évident qu'on ne peut pas savoir a priori si une expérience va fonctionner, puisque savoir si ça fonctionne est le but même du projet. On ne peut donc évaluer que l'intérêt d'avoir une réponse à cette question (quelle que soit la question).
Pour les bilans, c'est plus discutable. En fait, il y a une pression très forte des institutions et des citoyens pour une transparence et une évaluation des dépenses publiques, et l'évaluation bureaucratique de la recherche est une réponse à cette question. Le problème c'est que là encore l'évaluation est complexe. Soit elle est objectivée par des indicateurs chiffrés (nombre de publications, de brevets, d'étudiants formés, etc), avec les objections classiques liées à la manipulation des indicateurs, soit elle est confiée à des pairs spécialistes du domaine, en devenant par là-même plus subjective et plus coûteuse pour la communauté (puisque ça mobilise du temps d'expertise qui pourrait être destiné à la recherche). La situation actuelle est mixte; les chercheurs et les unités de recherche sont évalués par des experts sur la base de dossiers qui compilent les fameux indicateurs.
Ce qu'il ne faut pas perdre de vue, c'est que la génération de chercheurs qui occupent actuellement les postes à responsabilité dans la recherche publique est une génération qui a justifié son succès scientifique par ces indicateurs bureaucratiques (et par leur succès aux appels à projets). Il semble donc assez illusoire d'imaginer qu'ils abandonnent facilement les indicateurs chiffrés alors même qu'ils leur doivent leur position sociale!
Pour moi, poser cette question comme une question de principe est un mensonge bienveillant, basé sur la légende du chercheur de génie qui ne saurait pas publier. Comme partout, une telle situation n'est pas logiquement impossible et on pourrait forcément trouver quelques exemples statistiquement rares (par exemple en mathématiques, qui a tendance à favoriser les traits de personnalité inhabituels), mais à mon avis c'est une mauvaise perspective. Ce qui se passe, c'est qu'un bon chercheur bien implanté dans sa discipline, reconnu par ses collaborateurs et à l'international, n'a absolument aucun mal à optimiser ses indicateurs chiffrés. La réelle question c'est plutôt si c'est un bon calcul d'utiliser son expertise ou son énergie à des tâches plutôt formelles au détriment de sa créativité scientifique. A contrario, les mauvais chercheurs sont peu productifs dans tous les domaines. Ce n'est malheureusement pas des vases communicants, les problèmes sont en général assez liés et finissent par créer des cercles vicieux (mauvaise recherche -> peu de résultats intéressants -> peu de publications -> peu de financements). Ces cercles vicieux sont vécus comme des injustices par les intéressés, mais au final rien n'indique que les indicateurs de productivité ne reflètent pas la qualité des résultats scientifiques obtenus (hors fraude scientifique, évidemment).
Tout ça pour dire qu'on peut admettre l'imperfection des indicateurs bibliométriques sans verser dans l'idée qui me semble assez absurde que l'absence de publication pourrait être interprétée comme un signe positif. Le problème de l'évaluation bibliométrique n'est pas qu'elle classe mal (parce qu'en fait elle classe plutôt bien), mais c'est qu'elle détourne les ressources vers l'optimisation du critère, ce qui n'est pas forcément souhaitable.
[^] # Re: Clair
Posté par arnaudus . En réponse au journal Linus répond à la controverse sur R4L (Rust pour Linux). Évalué à 5.
Linus a dit en 2011 "Android is a Linux fork", donc on peut discuter éternellement si à ton sens c'est un fork, mais c'est légitime de dire qu'Android a été un fork de Linux (en tout cas, c'était l'avis du responsable de Linux à ce moment, donc c'est un avis qui me semble tout à fait crédible).
Donc oui, Linux a été forké, et le fork a été progressivement réintégré dans le projet par des efforts des deux côtés. "Fork avorté", "faux fork", "fork temporaire", tu peux l'appeler comme tu veux, mais c'est faux de dire que Linux n'a jamais été forké.
[^] # Re: Clair
Posté par arnaudus . En réponse au journal Linus répond à la controverse sur R4L (Rust pour Linux). Évalué à 4.
Ça me semble tendu de définir le fork de cette manière, parce qu'il est quand même assez courant que les forks intègrent au fil de l'eau les corrections de bugs ou autre issus de la branche principale…
Il me semble qu'Android était né d'un fork assumé, par la volonté de pouvoir développer vite sans devoir gérer l'intégration des patches dans la branche principale. Mais c'était aussi clair que le fork n'avait pas forcément vocation à être défintif, puisque l'espoir de convergence était réel.
Tiens, grâce à un ternet, j'ai retrouvé ça, par exemple dans https://www.zdnet.com/article/linus-torvalds-on-android-the-linux-fork/ qui date de 2011:
"So, for the next few years, Android, while still a Linux, is indeed a Linux fork. In the long run, though, Torvalds is sure that Android will return to the mainstream Linux kernel. For better or worse though that may not be until 2016. Fortunately, for all end-users and almost all Android developers none of this will make any real world difference."
Donc, ça compte, ça ne compte pas comme un fork… C'est quand même pas si net. C'est un ex-fork, peut-être.
[^] # Re: Clair
Posté par arnaudus . En réponse au journal Linus répond à la controverse sur R4L (Rust pour Linux). Évalué à 5.
Android, ça compte pas?
La taille de la base de code est peut être un chouilla impressionnante pour un candidat au fork.
Mouais, enfin Linux ça se forke pas non plus comme ça. Il faudrait un accord de principe au moins entre les gros contributeurs, ce qui serait tellement énorme que l'équipe actuelle serait forcément au courant, et aurait l'occasion de discuter pour éviter le fork si c'était possible (voire de faire partir Linus si c'était lui le problème).
Je ne sais pas s'il y a beaucoup de gens qui sont en accord avec sa façon de voir les relations humaines.
De toutes manières, c'est très fréquent que la meilleure personne pour monter un truc ne soit pas du tout la meilleure personne pour le faire évoluer à long terme. C'est une règle pour les startups par exemple, qui sont en général revendues après leur succès pour mettre en place une équipe de direction qui va savoir gérer la phase suivante (où on ne peut plus faire n'importe quoi très vite). La longévité de Linus à la tête du noyau, en partant de son garage pour finir à gérer des consensus entre les 20 plus grandes multinationales IT du monde, reste assez impressionnante. Dans tous les cas, c'est seulement sa compétence technique qui peut expliquer sa longévité, parce que sans ça il aurait giclé depuis très très longtemps.
[^] # Re: Bof
Posté par arnaudus . En réponse au journal Je suis perdu et je pensais m'être renseigné.... Évalué à 1.
Si tu remplaces "les gens" par "un vendeur d'iphone", peut-être que ça te semblera moins illogique. L'économie, c'est juste d'intégrer le phénomène entre des millions de gens qui font tout un tas de métiers, mais il n'y a rien de paradoxal.
Et si les gens veulent des logements de plus en plus grands ou de plus en plus confortables (électricité aux normes, isolation…), bah il va falloir que les riches achètent de plus en plus d'iphones. On ne peut échanger que les richesses qui sont produites…
Je vois bien que les gens sont en colère contre les principes de l'économie, mais j'ai du mal à identifier pourquoi.
[^] # Re: Bof
Posté par arnaudus . En réponse au journal Je suis perdu et je pensais m'être renseigné.... Évalué à 2.
Bah oui, mais tant qu'il y a des gens qui n'auront pas les ressources pour se loger, pour manger, ou pour se soigner, il faut de la croissance. Tant que ceux qui peuvent manger veulent un travail, changer de voiture, aller à l'université, partir en vacances, il faut de la croissance. Quelle est la part de la population qui aurait envie de vivre avec moins? L'argument, c'est toujours "moins d'iPhone récent". OK, va pour l'iPhone, mais l'iPhone, c'est quelle part du budget des ménages? Ça ne suffira jamais, de se passer d'iPhone. Moins d'investissements militaires? Il faut bien veiller à que tout le monde soit sur la même trajectoire. Moins de voyages pour découvrir d'autres villes et d'autres pays? Moins de culture? Moins de technologie médicale? Moins de recherche scientifique? C'est juste un modèle de société repoussoir.
On peut discuter sur "pertétuel". On peut légitimement estimer qu'on se voyait aller plus loin que là où on est.
[^] # Re: Marre
Posté par arnaudus . En réponse au journal LLM (encore), effondrement et travail humain. Évalué à 3.
Les restaurants qui coulent, ça existe aussi… L'investissement est indispensable, ne serait-ce que pour être aux normes d'hygiène par exemple. En cuisine, la technologie évolue (four vapeur, contrôle électronique de la température…). Tu as de plus en plus de restaurants qui se sont équipés en bidules électroniques pour prendre les commandes; et tu as aussi l'informatisation de la comptabilité et de la gestion (qui ne se voit pas en salle, mais tu as des ordinateurs, des logiciels…).
Et puis pour un restaurant, l'innovation c'est aussi dans l’assiette. Si tu sers la même chose qu'il y a 40 ans avec le même dressage, tu risques de ne pas attirer les foules.
Donc même dans un secteur économique où la R&D et l'investissement ne semblent pas si importants, la survie à long terme reste dépendante d'une certaine dose d'investissement, et même de technologie. Tu aurais aussi pu citer les coiffeurs, les masseurs, les psychologues… tu as des secteurs pour lesquels les gains de productivité sont plus limités que d'autres.
[^] # Re: Marre
Posté par arnaudus . En réponse au journal LLM (encore), effondrement et travail humain. Évalué à 2.
C'est quoi que tu appelles "valeurs fiduciaires"? La monnaie? Je ne crois pas que ça soit à la mode de garder de la monnaie, tu veux plutôt des actifs, non?
Mais bon, je ne comprends pas trop où tu veux en venir. Quand tu diriges une entreprise, tu vas prendre des décisions d'investissement qui vont dans le sens de faire gagner plus d'argent à l'entreprise dans le futur, c'est quand même fondamentalement ton métier. Une entreprise qui stagne ça n'existe pas, tu ne peux pas viser une sorte de statu-quo, puisque tu vas finir par couler en te faisant dépasser par la concurrence. Maintenir une entreprise, c'est donc toujours avancer.
Investir dans les LLM, c'est soit investir dans un produit ou un service que tu veux vendre, soit investir en interne parce que tu espères un gain de productivité. Je ne comprends pas trop où tu vois quelque chose de fondamentalement vicié là-dedans, sauf à remettre complètement en question le fonctionnement de l'économie.
[^] # Re: Bof
Posté par arnaudus . En réponse au journal Je suis perdu et je pensais m'être renseigné.... Évalué à 1.
Je suis d'accord sur l'absurdité de la futurologie, mais on ne peut pas évacuer les paradoxes profonds qu'il y a dans les revendications sociales : vouloir à la fois augmenter le pouvoir d'achat (donc y compris la qualité du logement, de la nourriture, des soins médicaux…) et réduire le temps de travail nécessite des gains de productivité colossaux, alors que simultanément on souhaiterait moins de technologie et une décroissance de notre empreinte écologique. Une telle équation n'a pas de solution, il faut bien produire les richesses qu'on veut redistribuer.
[^] # Re: Equilibre
Posté par arnaudus . En réponse au journal Wikipédia:Lettre ouverte : non à l'intimidation des contributeurs bénévoles. Évalué à 4.
Tu évacues quand même la question fondamentale de la responsabilité d'écrire dans Wikipédia "X est un journal d'extrême-droite / islamophobe" quand le journal ne le revendique pas, et encore moins quand le journal considère que c'est de la calomnie. Au mieux, tu peux écrire que le journal est parfois qualifié d'islamophobe, mais que cette ligne éditoriale n'est pas revendiquée, ou quelque chose comme ça.
Ce qui ne passe pas auprès de la presse traditionnelle (et même plus large que ça), c'est que Wikipédia revendique une sorte de flou sur les responsabilités éditoriales: l'antenne française n'est pas l'hébergeur, l'hébergeur fait reposer la responsabilité sur les contributeurs, les contributeurs sont sous pseudonymes, les admins n'ont pas de responsabilité éditoriale (même si en pratique ils décident de ce qui peut rester ou non)… Donc Le Point prend ce fonctionnement au mot : OK, Wikimedia n'a pas de rôle éditorial, les admins n'ont pas de rôle éditorial, c'est donc les contributeurs individuels qui assument, et paf, méthodes mafieuses pour les faire assumer. Parce que s'il y a procès pour diffamation, c'est bien les contributeurs qui vont devoir répondre à la justice, sous leur vrai nom et à visage découvert.
Au fond, il reste une différence fondamentale entre penser et assumer de penser et de dire que Le Point est un journal islamophobe, et de prendre la responsabilité de l'écrire en introduction de l'article de Wikipédia, qui a une influence extrêmement forte (par son page rank sur Google, par l'image de neutralité de Wikipédia, et maintenant par l'entrainement des LLM avec les données de Wikipédia). Je crois que c'est bien de ça dont il est question au fond, si tous les LLM du monde se mettent à raconter que Le Point est un journal néonazi, que ça soit vrai ou non, ça va nuire au journal, à ses journalistes, à ses lecteurs, et à ses actionnaires; il peut y avoir des millions d'euros en jeu, et ça fait des gros enjeux. Et au final, celui qui peut devoir porter cette responsabilité, c'est Dédédu94, qui n'avait absolument pas conscience que modifier un mot dans un article en pensant bien faire (parce que par exemple il pense en tout bonne foi que c'est vrai) pouvait l'emmener dans un tel cauchemar médiatique et juridique. Finalement, la pétition, c'est aussi ça : les contributeurs de Wikipédia veulent aussi être protégés de ce genre de situations, parce qu'ils sont bénévoles, qu'ils pensent bien faire, que pour eux ça n'est pas très différent d'écrire un truc sur Wikipédia ou de dire la même chose avec les copains autour d'une bière.
[^] # Re: Marre
Posté par arnaudus . En réponse au journal LLM (encore), effondrement et travail humain. Évalué à 0.
Ça n'est pas aussi évident que ça. Le public, il ne veut pas parler à une machine débile qui lui pose tout un tas de questions avant de lui dire "contacter un agent". Mais par exemple, parler à un LLM bien configuré permettrait d'avoir des réponses immédiates (si possible enregistrées et certifiées) à tout un tas de questions, et ça pourrait être très utile. Typiquement, pour remplir sa déclaration d'impôts, pour connaitre la liste des documents à fournir pour une demande, pour déposer une plainte (hors crime, hein), etc.
L'IA est en tout cas un moyen crédible pour sortir du cauchemar bureaucratique de la fonction publique. Personne n'ose s'attaquer à la complexité bureaucratique, parce que c'est une pile immense élaborée pendant des siècles, alors on vit avec cette espèce de dette technique. Mais si l'IA était capable de remplir toute seule 95% des cases des formulaires, de pointer vers les bons services, de détecter les erreurs, de se rendre compte que le dossier est coincé quelque part dans les services, ça serait une bouffée d'air frais pour tout le monde (sans évidemment résoudre le problème à la base).
[^] # Re: Il y a du contexte?
Posté par arnaudus . En réponse au journal Wikipédia:Lettre ouverte : non à l'intimidation des contributeurs bénévoles. Évalué à 1.
Ah zut j'ai laissé passer le délai d'édit; les échanges sur Bluesky sont assez explicites: le journaliste est vraiment débile (mais il risque vraiment de la prison s'il dévoile l'identité du contributeur à ses lecteurs fachos, donc ça n'est pas forcément clair qu'il puisse oser).
[^] # Re: Il y a du contexte?
Posté par arnaudus . En réponse au journal Wikipédia:Lettre ouverte : non à l'intimidation des contributeurs bénévoles. Évalué à 1. Dernière modification le 17 février 2025 à 18:35.
Cacher qu'on est rémunéré pour ses contributions est une entorse grave au règlement de Wikipédia, par exemple. Ça n'est pas censé être révélé par voie de presse, mais l'existence de tels contributeurs met en péril les objectifs de l'encyclopédie.
Le journaliste du Point (qui semble avoir un historique éthique correct pour un journaliste d'investigation, à part qu'il déteste Wikipédia) semble penser qu'il a levé quelque chose qu'il estime être important, ça me semble normal de savoir quoi avant de l'accuser de doxing (il risque 3 ans de prison).
: en effet, ça a l'air d'être un débile, mais peut-être pas au point de risquer la prison.
# Il y a du contexte?
Posté par arnaudus . En réponse au journal Wikipédia:Lettre ouverte : non à l'intimidation des contributeurs bénévoles. Évalué à 6.
C'est très difficile de lire entre les lignes dans ce genre d'affaire, car tout le monde en dit le moins possible. Il semble cependant y avoir un lien entre la profession du contributeur et le fait que le journaliste du Point s'en prenne à lui. Est-ce qu'il ne bosserait pas chez un journal concurrent par exemple, ce qui rendrait typiquement ses interventions sur autres journaux quotidien pas super limpides?
Ceci dit, je n'ai rien trouvé de particulièrement marquant dans l'historique, le contributeur semble principalement corriger des formulations ou donner des sources, ce qui semble à la fois neutre et constructif. Globalement, j'aime bien comprendre ce qu'il se passe avant de m'offusquer quand on me demande de m'offusquer…
[^] # Re: Effondrement ?
Posté par arnaudus . En réponse au journal LLM (encore), effondrement et travail humain. Évalué à 2. Dernière modification le 17 février 2025 à 15:38.
J'ai l'impression pourtant que "demander plus" est complètement naturel : demander de la nourriture bio plutôt que des trucs ultratransformés, demander plus de confort dans le métro, demander des belles pistes cyclables entretenues plutôt que des pavés pourris, demander des logements bien isolés avec l'électricité aux normes, demander l'accès à des technologies médicales coûteuses (traitements contre le cancer, IRM…), demander de l'aide à la personne pour les petits vieux dépendants, demander la fibre dans les petits villages, demander des profs, des juges, des policiers, avoir accès à plus de livres, plus de films, plus de musique… Penser qu'on pourrait se satisfaire de moins, c'est forcément un truc de privilégiés, parce que même en 2025 il faut être sacrément privilégié pour penser qu'on a assez. Évidemment, si on se focalise sur les smartphones ou les gadgets en plastique, évidemment qu'on pourrait réduire, mais sur la plupart des autres postes (logement, nourriture, santé, éducation, culture, …), on voudrait soit plus, soit "mieux".
Et je trouve aussi assez décalé de penser pour les autres. On peut être satisfait de ce qu'on a, mais c'est totalement personnel. Si ton voisin a une femme dans chaque port et 12 pensions alimentaires à assurer, il va avoir besoin de plus que toi…
[^] # Re: Marre
Posté par arnaudus . En réponse au journal LLM (encore), effondrement et travail humain. Évalué à 4.
Si d'un côté du as des gros tas de $$ économisés en salaire de programmeur, et de l'autre côté tu as peut-être des risques virtuels pas très bien définis et au final peu inquiétants, il est probable que l'analyse soit quand même assez rapide.
Imagine que tu balances un truc confidentiel dans le prompt (un cahier des charges, ou un bout de code "maison"), et même que ce truc rentre dans la base d'apprentissage pour la version suivante de l'AI, quelles sont les chances pour que quelqu'un s'en aperçoive et qu'il puisse se passer quelque chose de réellement nuisible? Il faudrait que le modèle soit suparamétré (qu'il recrache des bouts de code verbatim), que ce bout de code soit sensible et spécifique (puisque le le droit d'auteur ne couvre pas le code trivial), et qu'il tombe dans les mains d'une personne qui puisse identifier son origine et prévenir l'ayant droit, qui à son tour doit trouver les raisons de poursuivre en justice… Tout ça semble bien vague.
[^] # Re: Bof
Posté par arnaudus . En réponse au journal Je suis perdu et je pensais m'être renseigné.... Évalué à 0. Dernière modification le 17 février 2025 à 15:16.
Imposer un mode de redistribution qui n'est ni à l'avantage du capital, ni à l'avantage de ceux qui travaillent, reste un projet qui semble un tantinet compliqué dans un système démocratique (ah, si seulement on avait un chef éclairé…).
Pour le partage du temps de travail tu as forcément un argument du "coût fixe" à considérer (formation, communication…). Former 200 médecins qui bossent 20h/semaine coûte deux fois plus cher que d'en former 100 qui bossent 40h/semaine, donc un tel projet de société a un coût (et donc, problème de compétitivité, donc moins de ressources à se partager, etc).
C'est un peu du cas par cas quand même, puisque par exemple je vois mal comment tu pourrais laisser quelqu'un qui n'a pas le moindre diplôme en électricité être le seul électricien sur un chantier… Mais bon, à part les cas exceptionnels où la sécurité est en jeu, la qualité de la formation initiale est suffisamment inégale pour ne pas imaginer qu'un diplôme te garantisse que le boulot soit fait correctement.