Journal Travail bénévole dans le monde du logiciel libre

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1
20
déc.
2024

Sommaire

Bonjour à toustes,

J'écris ces lignes pour deux raisons : d'une part, pour clarifier ma réflexion en la mettant par écrit ; d'autre part, pour susciter le débat et confronter mon point de vue à celui des autres.
La question que je me pose est la suivante :

Faut-il interdire le travail bénévole dans le monde du logiciel libre ?

Tout d'abord, je tiens à exprimer mon profond attachement au monde du logiciel libre.
L'essor de l'informatique, la numérisation, le partage d'informations, et même Internet n'auraient pas atteint le niveau que nous connaissons aujourd'hui sans les contributions du logiciel libre.
Il est présent partout : dans nos voitures, nos smartphones, et dans les infrastructures mêmes qui forment l'ossature d'Internet.

Maintenant, entrons dans le cœur de ma réflexion.

Problèmes

Pourquoi me poser des questions sur la moralité du travail bénévole dans ce domaine ?
Le logiciel libre est devenu un pilier à part entière de l'industrie informatique.
De nombreuses entreprises se consacrent à la création ou à la maintenance de logiciels libres, et des sociétés de services s’appuient sur ces solutions.
Rappelons-nous qu'IBM a racheté Red Hat en 2018 pour 34 milliards de dollars[1], ce qui montre à quel point la situation a évolué en quarante ans.
Aujourd'hui, il y a beaucoup d'argent en jeu, et tout le monde en est conscient.

Malgré cela, certains logiciels, bien qu’utilisés par des multinationales ou des start-ups aux levées de fonds colossales, sont encore maintenus par une seule personne ou une équipe de bénévoles [2][3][4].
Ces utilisateurices profitent du travail fourni, mais ceux qui le développent, eux, ne peuvent pas en vivre.
Certaines personnes diront qu'ils contribuent par plaisir, que c'est une activité qu'ils préfèrent à regarder la télévision, sans chercher de rémunération.
À cela, je répondrais : si on vous proposait de l’argent pour continuer à faire ce que vous faites déjà, refuseriez-vous ?
Et si vous n’avez pas besoin de cet argent supplémentaire, pourquoi ne pas le reverser à une association ?

Un autre problème est celui de l’exclusion.
Pour être bénévole, il faut disposer de temps libre et accepter de travailler sans être rémunéré pour une activité qui pourrait l’être.
Concrètement, cela signifie que si l'on vit dans la précarité, que l’on manque de temps, ou que l’on est épuisé mentalement et physiquement après une journée de travail, il devient difficile de participer au bénévolat.

Certaines personnes diront qu'il suffit de postuler à des emplois liés au développement, à la maintenance ou à la documentation dans le domaine du logiciel libre.
Ainsi, on peut participer à l'essor du logiciel libre tout en étant rémunéré.
Mais d’un point de vue de l'employeur, il est compréhensible de vouloir embaucher en priorité des membres de la communauté ayant déjà contribué bénévolement. [5][6]
Cela garantit une plus grande efficacité dès le départ, une continuité dans l’engagement et permet, en quelque sorte, de récompenser ces bénévoles en leur offrant un poste.
Mais cela pose un problème : sans avoir contribué bénévolement au préalable, il devient très difficile de trouver un emploi dans ce secteur.
Et vu les obstacles au bénévolat que j'ai mentionnés, la question de l’entre-soi se pose.
Comment s'assurer de la diversité des profils dans le monde du logiciel libre si seuls ceux qui ont le temps et les moyens d’être bénévoles y accèdent ?

Enfin, un dernier constat : le logiciel libre est pensé pour l’utilisateurice, non pour ceux qui le produisent.
Les droits fondamentaux du logiciel libre se concentrent sur les usages possibles du logiciel, sans évoquer les droits de ceux qui le créent.
Il me semble que de nombreuses entreprises ignorent cet aspect et se contentent d'exploiter le travail gratuit des communautés du logiciel libre.
Prenons l’exemple de certaines entreprises qui ont fermé tout ou partie de leur code source après avoir profité des contributions d’une communauté – qu’il s’agisse d’imprimantes 3D[7], de casques de réalité virtuelle[8], de cadriciel[9][10] ou plateforme[11].
Ces entreprises ont bénéficié du travail collectif avant de verrouiller leur code pour éviter toute concurrence, s'accaparant ainsi les contributions externes.

Oui, mais…

Cependant, on ne peut nier l'impact qu'a pu avoir le travail bénévole dans le développement de solutions de logiciel libres.
Le plus connu d'entre eux étant bien évidemment Linux, commencé par Linus Torvalds alors qu'il n'était qu'un étudiant.
Un grand nombre de personnes travaillent ainsi bénévolement pour le logiciel libre.
De ce fait, il est légitime de se poser la question de savoir s'il est possible de se passer de cette main d’œuvre gratuite.
Car si l'on supprime ces dons -sous forme de temps- à ces projets, ne risquent-ils pas de dépérir et d'être supplanté par des logiciels privateurs ?

Si tel est le cas, nous sommes donc en face d'un dilemme moral.
D'un côté, le logiciel libre permet de défendre le droit des utilisateurices.
Mais de l'autre, tel qu'organisé en ce moment, il se baserait sur l'exploitation et la ségrégation des acteurs individuels.

Cependant, tout ceci repose sur des spéculations de ma part.
Je n'ai pas d'enquête permettant de savoir le pourcentage de contributions rémunérées.

Et maintenant ?

Comme je l'ai dit plus haut, je crois en la mission du logiciel libre.
Dès lors, quels changements peut-on envisager pour améliorer le système ?
Doit-on améliorer le système?

J'ai quelques idées, mais toutes ne se valent pas, et certaines ont sûrement été testée.

  • Les logiciels libres font parti des communs, tout comme les routes d'un pays. On pourrait dès lors envisager un financement étatique plus important. Des projets pourraient candidater à un financement.
  • Avoir un système dans lequel les utilisateurices puissent lier un montant à une demande (bogue, fonctionnalité, documentation, …) La personne qui accompli la demande se voit verser l'argent.
  • Une modification ou tout accomplissement de tâche doit être fait par une personne certifiant sur l'honneur qu'une rétribution a bien eu lieu.

Conclusion

Je me pose cette question et je vois qu'il me manque des outils, des statistiques, des connaissances.
Donc, je suis ouvert à la discussion et si vous avez des chiffres, des statistiques, je suis preneur.

Références

[1]https://www.redhat.com/en/ibm
[2]https://xkcd.com/2347
[3]https://github.com/tukaani-project/xz
[4]https://www.theverge.com/2024/4/2/24119342/xz-utils-linux-backdoor-attempt
[5]https://www.fossjobs.net/job/11407/mid-level-software-engineer-at-openssl/
[6]https://www.fossjobs.net/job/11386/software-engineer-hfx-at-coop-it-easy-sc/
[7]http://www.hoektronics.com/2012/09/21/makerbot-and-open-source-a-founder-perspective/
[8]https://www.mtbs3d.com/phpbb/viewtopic.php?f=140&t=14777
[9]https://redis.io/blog/redis-adopts-dual-source-available-licensing/
[10]https://www.mongodb.com/company/newsroom/press-releases/mongodb-issues-new-server-side-public-license-for-mongodb-community-server
[11]https://www.reddit.com/r/changelog/comments/6xfyfg/an_update_on_the_state_of_the_redditreddit_and/?rdt=43160
[12]https://bschool-en.huji.ac.il/sites/default/files/businesshe/files/oreg_nov_2008_chb.pdf

  • # Non.

    Posté par  . Évalué à 7 (+5/-1).

    Je pourrais en rester là, mais je vais développer.

    Je fais un truc dans mon coin, juste pour moi, puis j'en suis satisfait; avec une telle règle je suis incapable de montrer au monde mon génie. Je peux pas non plus publier sur un dépôt et espérer des contribution pour ajouter des fonctionnalité, corriger des bugs, ou même avoir d'autre testeurs. Je me retrouve prisonnier d'un système où la notion même d'aider bénévolement est alien.

    De même, je veux utiliser une nouvelle version d'OS sur mon vieux téléphone, dont le fabriquant n'en a plus rien a foutre, et est même bien content que je soit obligé de passer à un nouveau modèle, plutôt que le mettre à jour via une solution libre.

    L'essence même du logiciel libre est la liberté de modifier, exécuter, partager. Et là encore 1cents, c'est pas cher payé, mais on est plus en bénévolat.

    Bref c'est une idée complètement conne, (selon mon point de vue).

    Il ne faut pas décorner les boeufs avant d'avoir semé le vent

  • # financement

    Posté par  (Mastodon) . Évalué à 2 (+1/-0).

    "Et maintenant ? " le premier point me semble un sujet porté par de nombreux acteurs et associations de promotion du Logiciel Libre. ça évolue dans le bon sens mais très lentement..
    https://code.gouv.fr/fr/

  • # Non

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6 (+4/-0).

    « Je me pose cette question et je vois qu'il me manque des outils, des statistiques, des connaissances. »

    Il me semble que votre conclusion est biaisée dès ses prémices. Saurait-on interdire le travail bénévole dans le logiciel libre  ? Non. Conclusion : on ne doit pas l'interdire faute de le pouvoir.

    « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

    • [^] # Re: Non

      Posté par  . Évalué à 4 (+3/-0).

      Pourquoi simplement dans le logiciel libre ?
      Devrait-on interdire le bénévolat, quelque soit le secteur d'activité, au prétexte que certains vont faire du profit, avec ou sans contrepartie, grâce à cette activité ?

      Ce serait acter le fait que les échanges entre individus ou groupes d’individus ne peuvent être que marchands et nier leur capacités sociales, de don et de contre-don.

      Si je fais du code ou de la documentation sous licence libre, ce que je fais bénéficie à tous, et les contributions de tous bénéficient à chacun.

      Il faut accepter que au sein de ce « tous » il y ait des entreprises qui en profitent. Cela fait partie du jeu.
      Je peux comprendre parfois que l'on soit gêné parce que les GAFAM se sont largement construits et ont progressé grâce au logiciel libre et au bénévolat. Le logiciel libre n'est peut-être pas aussi émancipateur que certains le croient, ou plutôt il n'est pas que cela, il est ambivalent par essence.

      • [^] # Re: Non

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2 (+0/-0).

        Comme on dit l'enfer est pavé de bonnes intentions. Interdire le bénévolat au nom de la liberté pourrait rentrer au panthéon des grands moments de politique à la suite de traits de génie du XXe comme l’assujettissement aux grands industriels du NSDAP pour instaurer le socialisme, la mise en servage de la population de l'URSS pour instaurer la dictature du prolétariat, ou encore les fabrications d'engrais Khmer à base d'intellectuels.

        « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

        • [^] # Re: Non

          Posté par  . Évalué à 6 (+4/-0). Dernière modification le 20 décembre 2024 à 17:46.

          Sans compter l'obligation pour les agriculteurs de passer par des semenciers agréés plutôt que de pouvoir développer leur propre semence … le fait d'imposer une seule socété de recouvrement de paiement de droits d'auteurs, de composition et d'interprétation à une seule société qui en vient à pouvoir demander de l'rgent pour de la musique libre de diffusion …

  • # Non soluble en gardant les 4 libertés

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1 (+0/-1).

    A mon sens c'est une vraie question, mais il faut revenir un peu à l'esprit de la philosophie. En gros le but était que tout le monde puisse avoir le droit de faire ses modifications comme il le semble.

    Le capitalisme étant passé par là, lui se fiche bien de redistribuer, on arrive à des situations comme tu décris. Je pense que c'est surtout l'apanage des plus grandes sociétés cependant, les plus petites ont un intérêt plus direct à être aidée en retour, les grosses genre ESN ou CAC40 s'en fiche bien.

    Perso je proposerai une autre solution: on constate enfin que si tu veux que le système fonctionne dans un système capitaliste il faut lutter activement contre ses problèmes, et que donc avoir seulement les 4 libertés ne marche pas, tu leur donne trop de libertés et ça se retourne contre ceux qui 'font'.

    Je proposerais plutôt un système où on limite les 4 libertés, MAIS avec une limite de CA. Alors oui ce n'est plus libre, clairement. Mais là au moins tu forces le système à se rééquilibrer.
    Alors oui juste avec cette règle c'est facile à contourner (suffit qu'ils demandent à une société plus petite de leur donner les droits plus larges, un peu comme un proxy). Soucis d'écriture légale, imaginons qu'on arrive à trouver une formulation contre.

    Les grands devront participer pour "avoir". J'imagine qu'il y a pleins de trous dans cette logique, et aller y, listez les :)

    Mais je pense que si on souhaite avoir les 4 libertés, tu auras forcément ces effets, et que vouloir faire du libre "total"sans tomber dedans est contradictoire. Tu donnes les droits, donc pour tout le monde. Et les gros savent mieux les utiliser que les autres, c'est même pour ça qu'ils sont gros :)

    • [^] # Re: Non soluble en gardant les 4 libertés

      Posté par  . Évalué à 7 (+4/-0).

      Les grands devront participer pour "avoir". J'imagine qu'il y a pleins de trous dans cette logique, et aller y, listez les :)

      Le trou dans la logique, c'est que tu n'as qu'à créer une licence qui implémente cette idée et développer des logiciels sous cette licence. Mais tu n'as pas à 'penser' pour les autres. Quand on met une licence GPL, on sait que le logiciel peut être exploité par une grosse boite, qu'il peut participer à l'entrainement des LLM, etc. Donc si je choisis la GPL, c'est parce que je veux mettre mon logiciel sous GPL, et pas sous une licence "4 libertés limitées par le CA".

      Il y a une forme de pensée moderne qui considère comme un axiome que le partage du pognon est un dû. Mais si je crée un logiciel qui me convient, et qu'une grosse boîte génère des millions avec ce logiciel, moi le logiciel me convient autant. Pourquoi est-ce que je récupèrerais du pognon? La licence dit que je ne veux pas de pognon en échange du logiciel, ça n'est pas parce que le pognon se met à exister que je dois changer d'avis.

      • [^] # Re: Non soluble en gardant les 4 libertés

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1 (+0/-1).

        Tout à fait d'accord avec toi, l'argent des autres n'enlèvent pas ce que fait son logiciel, donc dans un environnement concurrentiel ça marcherait pas mal. Malheureusement on est arrivé à un point où les grandes sociétés ont trop de poids, et les contrôles anti-trust trop faibles pour ne pas leur laisser encore plus d'armes pour déséquilibrer les sociétés (c'est plus ceci qui m’embête sur le fond).

        Et c'est pour ça que je parle de philosophie, car là c'est plus une question sociétale que juste technique ou juste économique: doit-on leur donner des armes qui vont les aider à abîmer encore plus nos sociétés? (ceci est mon point de vue, j'imagine que d'autres n'auront pas de problèmes avec leur agissements).

        • [^] # Re: Non soluble en gardant les 4 libertés

          Posté par  . Évalué à 5 (+2/-0).

          doit-on leur donner des armes qui vont les aider à abîmer encore plus nos sociétés?

          Bah disons que quand tu publies un logiciel libre, tu donnes les mêmes armes à tout le monde. Pourquoi penser que tu ne donnes des armes qu'aux grosses entreprises?

          Et puis, c'est un peu au cas par cas. Est-ce que tu veux interdire à Canonical de distribuer une version d'Ubuntu avec ton logiciel? Est-ce que tu veux interdire à Total d'utiliser et de modifier ton logiciel en interne sans jamais le redistribuer? Est-ce que tu veux interdire à Apple de distribuer une application gratuite basée sur ton logiciel? Mais surtout, pourquoi tu veux le faire? Tu veux de l'argent? Si tu veux devenir riche, il ne faut pas coder bénévolement du logiciel libre. Tu veux faire couler les grosses boites? Bah il faut militer pour un parti anticapitaliste. Tu ne veux pas que les boites utilisent ton logiciel? Il suffit de mettre une licence non-libre style CC-NC.

          j'imagine que d'autres n'auront pas de problèmes avec leur agissements

          Je pense plutôt que leurs agissements n'ont rien à voir avec les logiciels libres, et qu'au final le monde du LL a plus à gagner à être utilisé massivement par les entreprises qu'à être marginalisé. L'utilisation massive, c'est la crédibilité, c'est autant d'argent qui n'ira pas à Microsoft, c'est plus de bug reports et plus de contributions, et peut-être même du support de la part des équipes de dev de la boîte. C'est des gens qui rentreront chez eux le soir en se disant que les logiciels libres ça marche bien au boulot, et que ça marchera peut-être bien sur les ordis de la maison, etc.

          Et puis bon, c'est plus le principe. Un principe comme la liberté, c'est toujours un bon principe même si certains utilisent leur liberté pour faire n'importe quoi (faire vroum vroum avec une bagnole hors de prix sur un circuit, se balader en forêt avec une arme pour tuer des animaux sauvages, etc). Je suis sûr qu'il y a bien des mecs en Corée du Nord qui utilisent Libre Office pour faire des listes d'opposants politiques à zigouiller, ça n'est pas contradictoire avec le fait que le logiciel libre, c'est bien.

          • [^] # Re: Non soluble en gardant les 4 libertés

            Posté par  . Évalué à 2 (+1/-0).

            Et puis bon, c'est plus le principe. Un principe comme la liberté, c'est toujours un bon principe même si certains utilisent leur liberté pour faire n'importe quoi (faire vroum vroum avec une bagnole hors de prix sur un circuit, se balader en forêt avec une arme pour tuer des animaux sauvages, etc). Je suis sûr qu'il y a bien des mecs en Corée du Nord qui utilisent Libre Office pour faire des listes d'opposants politiques à zigouiller, ça n'est pas contradictoire avec le fait que le logiciel libre, c'est bien.

            Et n'oublions pas qu'on a aucun contrôle sur les logiciels qui sont développés et utilisés.
            Si la licence à une règle du genre "interdit aux ", le groupe visé ira simplement utiliser un autre logiciel et ça ne les empêchera absolument pas d'agir.

            Et en général, les groupes les plus nocifs ne manquent pas de soutiens ni de moyens pour se faire développer les outils dont ils ont besoin. Par contre, ce sont les groupes marginalisés et précarisés qui eux en souffriront le plus.

            Sans oublié qu'au final, si le groupe visé peut simplement utiliser un autre logiciel, le seul moment où cette règle s'appliquera, ce sera en cas d'abus contre des gens innocents qui seront accusés à tords. Ou parfois volontairement.

        • [^] # Re: Non soluble en gardant les 4 libertés

          Posté par  . Évalué à 3 (+2/-0).

          Tout à fait d'accord avec toi, l'argent des autres n'enlèvent pas ce que fait son logiciel, donc dans un environnement concurrentiel ça marcherait pas mal. Malheureusement on est arrivé à un point où les grandes sociétés ont trop de poids, et les contrôles anti-trust trop faibles pour ne pas leur laisser encore plus d'armes pour déséquilibrer les sociétés (c'est plus ceci qui m’embête sur le fond).

          Les multinationales existaient avant la popularité du logiciel libre, et elles existeront toujours même si tu met fin au logiciel libre comme tu le suggère.

          Ce n'est pas le logiciel qui leur donne ce pouvoir. Et le logiciel, sa philosophie ou sa licence n'a pas le pouvoir d'y mettre fin.

          Au moins, avec si ils utilisent du logiciel libre, ça abaisse la barrière pour les clients et salariés pour leur permettre d'aller ailleurs. C'est pas magique, mais c'est déjà un pas indispensable.

  • # NON

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5 (+3/-0).

    À ce compte-là, on interdit aussi les clubs de foot amateurs : c'est là qu'on détecte les futurs champions qui vont gagner des millions, des gosses entraînés par des bénévoles.
    Il faut aussi interdire les clubs de théatre : on y trouve peut-être de futurs Omar Sy ou Marion Cotillard qui vont gagner des millions aussi.

  • # Et si on laissait les gens libres?

    Posté par  . Évalué à 5 (+2/-0).

    Pourquoi vouloir tout réglementer? Les gens contribuent pour un tas de raisons, qu'on les laisse contribuer comme ils veulent. Personne ne se fait exploiter, personne ne se fait voler le fruit de son travail. Bien sûr, certains peuvent ressentir une sorte de dilemme moral à abandonner un projet sur lequel d'autres logiciels reposent, mais c'est une pression morale qu'ils se créent tout seuls. C'est comme si tu disais qu'il fallait payer les gens qui jouent du piano en public dans les gares, ou les bénévoles qui donnent à manger aux SDF.

    Dans "logiciel libre", il y a "libre", et ça n'est pas un gros mot.

    Il me semble que de nombreuses entreprises ignorent cet aspect et se contentent d'exploiter le travail gratuit des communautés du logiciel libre.

    Ça c'est n'importe quoi. Les entreprises font exactement ce que la licence autorise. C'est comme quand tu mets un bol de cacahuètes avec un panneau "servez-vous" et que tu te plains que les gens se servent.

    Ces entreprises ont bénéficié du travail collectif avant de verrouiller leur code pour éviter toute concurrence, s'accaparant ainsi les contributions externes.

    C'est que c'était autorisé par la licence, donc elles ne se sont rien accaparé du tout sans l'accord des auteurs.

    Le seul élément qu'on pourrait éventuellement discuter, c'est l'utilisation "créative" des licences pour des cas que les auteurs n'avaient pas envisagés. Typiquement, pour entrainer les AI génératives. Apparemment, certains auteurs de LL ont publié leur logiciel sous une licence qui permet ça, mais ne sont pas contents parce que c'est arrivé et qu'ils ne l'avaient pas prévu. Mais bon, ça, c'est l'idée qu'il y a derrière les licences, il y a des utilisations interdites, et ce qui n'est pas interdit est autorisé. On a toujours su que les LL pouvaient être utilisés par des terroristes, par des crackers, par des pédo-criminels, par des capitalistes, par des régimes totalitaires, bref, par tout un tas de gens à qui on n'a pas tellement envie de faire cadeau d'un beau logiciel qui fonctionne bien. Mais c'est aussi la grandeur des licences libres.

    On pourrait dès lors envisager un financement étatique plus important.

    Tu veux vraiment tuer le logiciel libre, en fait :-)

    Bon, en réalité, l'État contribue au logiciel libre. Dans beaucoup de services, il y a des équipes informatiques qui maintiennent et contribuent à des logiciels libres.

    Avoir un système dans lequel les utilisateurices puissent lier un montant à une demande

    Ça fait longtemps que les programmes de "bug bounty" existent. À ma connaissance, ça a toujours été assez marginal, c'est pas terrible comme système; il faudrait mettre de grosses sommes pour correspondre réellement au taux horaire d'un programmeur, ça encourage le travail en parallèle non-collaboratif, etc.

    Doit-on améliorer le système?

    Il y a tellement de diversité dans le logiciel libre, dans les aspirations des gens qui y contribuent, dans le fonctionnement des communautés, dans l'implication d'entreprises, dans les philosophies des licences libres, qu'il n'est même pas clair de comprendre de quel 'système' tu parles. Si tu veux donner des pourboires aux contributeurs des logiciels que tu aimes bien, ne te gène pas. Si tu veux embaucher une équipe de devs qui travaillent sur un logiciel indispensable à ton entreprise, ne te gène pas. Mais je ne pense pas que le monde du logiciel libre attende que quelqu'un se lève et parle pour lui.

    • [^] # Re: Et si on laissait les gens libres?

      Posté par  . Évalué à 2 (+0/-0).

      Mais bon, ça, c'est l'idée qu'il y a derrière les licences, il y a des utilisations interdites, et ce qui n'est pas interdit est autorisé

      Faux. Derrière les licences, tout est interdit, et ce qui n'est pas explicitement autorisé est interdit.

      Le problème de l'entrainement des IA avec du code libre, c'est que l'ouverture est trop grande. Mais si on ferme la possibilité d'entrainer des IA avec du code libre, le code en question n'est plus libre.

      Tu veux vraiment tuer le logiciel libre, en fait :-)

      Ben à partir du moment ou il veut interdire l'utilisation de logiciels pourtant mis à disposition libre par leur créateur, il veut détruire le logiciel libre.

  • # Comme je l'ai dit plus haut, je crois en la mission du logiciel libre.

    Posté par  . Évalué à 4 (+2/-0).

    Comme je l'ai dit plus haut, je crois en la mission du logiciel libre.

    Non. Tout ton propos démontre le contraire.

  • # Avoir un système dans lequel les utilisateurices puissent lier un montant à une demande (bogue, fonc

    Posté par  . Évalué à 4 (+2/-0). Dernière modification le 20 décembre 2024 à 17:55.

    Ben tu peux le faire. Rien ne t'en empêche.

  • # Ces entreprises ont bénéficié du travail collectif avant de verrouiller leur code pour éviter toute

    Posté par  . Évalué à 5 (+3/-0).

    Absolument faux : le code libre reste libre. Si on prend par exemple un logiciel sous GPL jusqu'à la version N. Si l'auteur décide de fermer son logiciel (changer de licence), il ne peut pas le faire sur les versions déjà diffusées : il ne peut le faire que sur les versions supérieures à N. Même s'il décide de retirer tous les dépots de code source des versions antérieures, la GPL lui impose de te fournir le code si tu as un binaire exécutable à ta disposition).

  • # On interdit quoi exactement ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4 (+1/-0). Dernière modification le 20 décembre 2024 à 19:35.

    Prenons un exemple, que je connais plutôt bien : LibreOffice.

    La gouvernance de LibreOffice est assurée par une fondation (TheDocumentFoundation, TDF), un organisme à but non lucratif, et dont le conseil d'administration est statutairement composé de bénévoles. On peut, en regard, mettre le développement de Firefox avec la Mofo, le coût de ses organes de direction (très bien payés) et de ses errances.

    La suite bureautique LibreOffice est une espèce d'écosystème avec :

    • le logiciel proprement dit développé par des pro, des bénévoles et des pro dans le cadre de leurs activités rémunérées et versées au pot commun,
    • ses extensions, développées par des pro, des bénévoles et des pro dans le cadre de leurs activités rémunérées et versées au pot commun,
    • les modèles de documents, développés par des pro, des bénévoles et des pro dans le cadre de leurs activités rémunérées et versées au pot commun,
    • la documentation, écrite par des bénévoles pro ou pas,
    • la traduction assurée par des bénévoles pro ou pas,
    • l'aide utilisateur assurée par des bénévoles pro ou pas,
    • les rapports de bugs signalés par des pro, des bénévoles et des pro,
    • tout un tas d'opérations de communication assurées directement par TDF mais aussi par des et des bénévoles.

    J'en oublie sûrement.

    Et c'est tout ça qui fait LibreOffice pas seulement le développement du logiciel proprement dit. Parce qu'un logiciel de ce type sans support, sans outils pour l'utiliser (les modèles et les extensions), sans traductions de l'interface et de l'aide ne peut que rester très confidentiel. C'est valable pour la plupart des logiciels.

    On devrait interdire quoi exactement ? Imposer une gouvernance (très chèrement) rémunérée ?

    Pareil pour Inkscape, autre magnifique fleuron de logiciel libre, ou GIMP d'ailleurs. Pour ces deux derniers, je ne sais pas trop comment se passe la gouvernance cela dit, mais je doute fort qu'il y ait derrière une structure type Mofo. Pareil pour un certain nombre de distributions Linux dont Mageia qui tient à rester une structure bénévole.

    « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

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