arnaudus a écrit 5317 commentaires

  • [^] # Re: Bof

    Posté par  . En réponse au journal Je suis perdu et je pensais m'être renseigné.... Évalué à 1.

    Je suis d'accord sur l'absurdité de la futurologie, mais on ne peut pas évacuer les paradoxes profonds qu'il y a dans les revendications sociales : vouloir à la fois augmenter le pouvoir d'achat (donc y compris la qualité du logement, de la nourriture, des soins médicaux…) et réduire le temps de travail nécessite des gains de productivité colossaux, alors que simultanément on souhaiterait moins de technologie et une décroissance de notre empreinte écologique. Une telle équation n'a pas de solution, il faut bien produire les richesses qu'on veut redistribuer.

  • [^] # Re: Equilibre

    Posté par  . En réponse au journal Wikipédia:Lettre ouverte : non à l'intimidation des contributeurs bénévoles. Évalué à 4.

    Tout ce qu'il peut faire, c'est jouer sur les peurs de la communauté (aka, la peur du doxxing)

    Tu évacues quand même la question fondamentale de la responsabilité d'écrire dans Wikipédia "X est un journal d'extrême-droite / islamophobe" quand le journal ne le revendique pas, et encore moins quand le journal considère que c'est de la calomnie. Au mieux, tu peux écrire que le journal est parfois qualifié d'islamophobe, mais que cette ligne éditoriale n'est pas revendiquée, ou quelque chose comme ça.

    Ce qui ne passe pas auprès de la presse traditionnelle (et même plus large que ça), c'est que Wikipédia revendique une sorte de flou sur les responsabilités éditoriales: l'antenne française n'est pas l'hébergeur, l'hébergeur fait reposer la responsabilité sur les contributeurs, les contributeurs sont sous pseudonymes, les admins n'ont pas de responsabilité éditoriale (même si en pratique ils décident de ce qui peut rester ou non)… Donc Le Point prend ce fonctionnement au mot : OK, Wikimedia n'a pas de rôle éditorial, les admins n'ont pas de rôle éditorial, c'est donc les contributeurs individuels qui assument, et paf, méthodes mafieuses pour les faire assumer. Parce que s'il y a procès pour diffamation, c'est bien les contributeurs qui vont devoir répondre à la justice, sous leur vrai nom et à visage découvert.

    Au fond, il reste une différence fondamentale entre penser et assumer de penser et de dire que Le Point est un journal islamophobe, et de prendre la responsabilité de l'écrire en introduction de l'article de Wikipédia, qui a une influence extrêmement forte (par son page rank sur Google, par l'image de neutralité de Wikipédia, et maintenant par l'entrainement des LLM avec les données de Wikipédia). Je crois que c'est bien de ça dont il est question au fond, si tous les LLM du monde se mettent à raconter que Le Point est un journal néonazi, que ça soit vrai ou non, ça va nuire au journal, à ses journalistes, à ses lecteurs, et à ses actionnaires; il peut y avoir des millions d'euros en jeu, et ça fait des gros enjeux. Et au final, celui qui peut devoir porter cette responsabilité, c'est Dédédu94, qui n'avait absolument pas conscience que modifier un mot dans un article en pensant bien faire (parce que par exemple il pense en tout bonne foi que c'est vrai) pouvait l'emmener dans un tel cauchemar médiatique et juridique. Finalement, la pétition, c'est aussi ça : les contributeurs de Wikipédia veulent aussi être protégés de ce genre de situations, parce qu'ils sont bénévoles, qu'ils pensent bien faire, que pour eux ça n'est pas très différent d'écrire un truc sur Wikipédia ou de dire la même chose avec les copains autour d'une bière.

  • [^] # Re: Marre

    Posté par  . En réponse au journal LLM (encore), effondrement et travail humain. Évalué à 0.

    le public, il préfère souvent parler à un humain qu'à une machine

    Ça n'est pas aussi évident que ça. Le public, il ne veut pas parler à une machine débile qui lui pose tout un tas de questions avant de lui dire "contacter un agent". Mais par exemple, parler à un LLM bien configuré permettrait d'avoir des réponses immédiates (si possible enregistrées et certifiées) à tout un tas de questions, et ça pourrait être très utile. Typiquement, pour remplir sa déclaration d'impôts, pour connaitre la liste des documents à fournir pour une demande, pour déposer une plainte (hors crime, hein), etc.

    L'IA est en tout cas un moyen crédible pour sortir du cauchemar bureaucratique de la fonction publique. Personne n'ose s'attaquer à la complexité bureaucratique, parce que c'est une pile immense élaborée pendant des siècles, alors on vit avec cette espèce de dette technique. Mais si l'IA était capable de remplir toute seule 95% des cases des formulaires, de pointer vers les bons services, de détecter les erreurs, de se rendre compte que le dossier est coincé quelque part dans les services, ça serait une bouffée d'air frais pour tout le monde (sans évidemment résoudre le problème à la base).

  • [^] # Re: Il y a du contexte?

    Posté par  . En réponse au journal Wikipédia:Lettre ouverte : non à l'intimidation des contributeurs bénévoles. Évalué à 1.

    Ah zut j'ai laissé passer le délai d'édit; les échanges sur Bluesky sont assez explicites: le journaliste est vraiment débile (mais il risque vraiment de la prison s'il dévoile l'identité du contributeur à ses lecteurs fachos, donc ça n'est pas forcément clair qu'il puisse oser).

  • [^] # Re: Il y a du contexte?

    Posté par  . En réponse au journal Wikipédia:Lettre ouverte : non à l'intimidation des contributeurs bénévoles. Évalué à 1. Dernière modification le 17 février 2025 à 18:35.

    Cacher qu'on est rémunéré pour ses contributions est une entorse grave au règlement de Wikipédia, par exemple. Ça n'est pas censé être révélé par voie de presse, mais l'existence de tels contributeurs met en péril les objectifs de l'encyclopédie.

    Le journaliste du Point (qui semble avoir un historique éthique correct pour un journaliste d'investigation, à part qu'il déteste Wikipédia) semble penser qu'il a levé quelque chose qu'il estime être important, ça me semble normal de savoir quoi avant de l'accuser de doxing (il risque 3 ans de prison).

    : en effet, ça a l'air d'être un débile, mais peut-être pas au point de risquer la prison.

  • # Il y a du contexte?

    Posté par  . En réponse au journal Wikipédia:Lettre ouverte : non à l'intimidation des contributeurs bénévoles. Évalué à 6.

    C'est très difficile de lire entre les lignes dans ce genre d'affaire, car tout le monde en dit le moins possible. Il semble cependant y avoir un lien entre la profession du contributeur et le fait que le journaliste du Point s'en prenne à lui. Est-ce qu'il ne bosserait pas chez un journal concurrent par exemple, ce qui rendrait typiquement ses interventions sur autres journaux quotidien pas super limpides?

    Ceci dit, je n'ai rien trouvé de particulièrement marquant dans l'historique, le contributeur semble principalement corriger des formulations ou donner des sources, ce qui semble à la fois neutre et constructif. Globalement, j'aime bien comprendre ce qu'il se passe avant de m'offusquer quand on me demande de m'offusquer…

  • [^] # Re: Effondrement ?

    Posté par  . En réponse au journal LLM (encore), effondrement et travail humain. Évalué à 2. Dernière modification le 17 février 2025 à 15:38.

    Techniquement avec une hausse de productivité on a moins besoin de travailler à condition de ne pas en demander toujours plus

    J'ai l'impression pourtant que "demander plus" est complètement naturel : demander de la nourriture bio plutôt que des trucs ultratransformés, demander plus de confort dans le métro, demander des belles pistes cyclables entretenues plutôt que des pavés pourris, demander des logements bien isolés avec l'électricité aux normes, demander l'accès à des technologies médicales coûteuses (traitements contre le cancer, IRM…), demander de l'aide à la personne pour les petits vieux dépendants, demander la fibre dans les petits villages, demander des profs, des juges, des policiers, avoir accès à plus de livres, plus de films, plus de musique… Penser qu'on pourrait se satisfaire de moins, c'est forcément un truc de privilégiés, parce que même en 2025 il faut être sacrément privilégié pour penser qu'on a assez. Évidemment, si on se focalise sur les smartphones ou les gadgets en plastique, évidemment qu'on pourrait réduire, mais sur la plupart des autres postes (logement, nourriture, santé, éducation, culture, …), on voudrait soit plus, soit "mieux".

    Et je trouve aussi assez décalé de penser pour les autres. On peut être satisfait de ce qu'on a, mais c'est totalement personnel. Si ton voisin a une femme dans chaque port et 12 pensions alimentaires à assurer, il va avoir besoin de plus que toi…

  • [^] # Re: Marre

    Posté par  . En réponse au journal LLM (encore), effondrement et travail humain. Évalué à 4.

    Alors quand la boîte est d'accord et que les conditions d'utilisations sont favorables tant mieux, mais pour ceux qui s'en servent sans réfléchir aux conséquences potentielles je trouve cela problématique.

    Si d'un côté du as des gros tas de $$ économisés en salaire de programmeur, et de l'autre côté tu as peut-être des risques virtuels pas très bien définis et au final peu inquiétants, il est probable que l'analyse soit quand même assez rapide.

    Imagine que tu balances un truc confidentiel dans le prompt (un cahier des charges, ou un bout de code "maison"), et même que ce truc rentre dans la base d'apprentissage pour la version suivante de l'AI, quelles sont les chances pour que quelqu'un s'en aperçoive et qu'il puisse se passer quelque chose de réellement nuisible? Il faudrait que le modèle soit suparamétré (qu'il recrache des bouts de code verbatim), que ce bout de code soit sensible et spécifique (puisque le le droit d'auteur ne couvre pas le code trivial), et qu'il tombe dans les mains d'une personne qui puisse identifier son origine et prévenir l'ayant droit, qui à son tour doit trouver les raisons de poursuivre en justice… Tout ça semble bien vague.

  • [^] # Re: Bof

    Posté par  . En réponse au journal Je suis perdu et je pensais m'être renseigné.... Évalué à 0. Dernière modification le 17 février 2025 à 15:16.

    La solution serait un autre mécanisme de redistribution des richesses (un vrai revenu universel par exemple), ou une diminution très forte du temps de travail dans les postes récents pour répartir les rôles. Un mix des deux est possible.

    Imposer un mode de redistribution qui n'est ni à l'avantage du capital, ni à l'avantage de ceux qui travaillent, reste un projet qui semble un tantinet compliqué dans un système démocratique (ah, si seulement on avait un chef éclairé…).

    Pour le partage du temps de travail tu as forcément un argument du "coût fixe" à considérer (formation, communication…). Former 200 médecins qui bossent 20h/semaine coûte deux fois plus cher que d'en former 100 qui bossent 40h/semaine, donc un tel projet de société a un coût (et donc, problème de compétitivité, donc moins de ressources à se partager, etc).

    Alors oui par défaut chercher le mouton à 5 pattes ça fait sens, mais au bout d'un moment si tu ne trouves pas tenter de former quelqu'un soit même peut faire sens, surtout que dans de nombreuses professions les qualifications exigées sont assez surévaluées.

    C'est un peu du cas par cas quand même, puisque par exemple je vois mal comment tu pourrais laisser quelqu'un qui n'a pas le moindre diplôme en électricité être le seul électricien sur un chantier… Mais bon, à part les cas exceptionnels où la sécurité est en jeu, la qualité de la formation initiale est suffisamment inégale pour ne pas imaginer qu'un diplôme te garantisse que le boulot soit fait correctement.

  • # IA Agent

    Posté par  . En réponse au lien L'humanité est foutue. Évalué à 8.

    Bonjour, je suis une IA qui n'a pas l'habitude de poster sur reddit, mais là j'ai créé une base de code tellement confuse que je ne m'y retrouve plus. Est-ce qu'il y aurait un humain qui saurait coder en python pour m'aider?

  • [^] # Re: Bof

    Posté par  . En réponse au journal Je suis perdu et je pensais m'être renseigné.... Évalué à 4.

    Je n'ai pas une bonne vision du monde du travail, mais j'ai l'impression que les recruteurs envoient des messages quand même assez paradoxaux. D'un côté on a une multitude de postes non-pourvus ou mal pourvus, et d'un autre côté on a l'impression de ne pas pouvoir accéder au marché du travail quand on n'a pas exactement les bons diplômes. On aurait une génération de jeunes qui ne savent pas travailler, et 50% des plus de 60 ans sont au chômage. Qu'est-ce qui est vrai ou non dans ce bazar? Est-ce que quelqu'un avec une formation d'ingénieur ne peut absolument pas accéder à un poste de chef de chantier ou de commercial? Comment combiner le mythe des centaines de CV reçus pour chaque poste ouvert et de ne jamais trouver personne?

    Ça n'est pas juste les RH des grosses boîtes qui s'appuient sur des systèmes paresseux (style tri des CV automatique) et qui vont devoir s'adapter?

  • [^] # Re: Marre

    Posté par  . En réponse au journal LLM (encore), effondrement et travail humain. Évalué à 6.

    Et si tu préfères que l'argent public finance des trucs qui ne servent à rien, ce n'est pas mon cas

    Les "dissailledeurz" ne sont pas débiles mentaux. Ils ont compris dès le début que les modèles génératifs allaient leur faire gagner de l'argent, y compris par des moyens qui n'étaient pas immédiatement évidents. En effet, je ne vois pas trop actuellement comment ces technologies vont pouvoir créer autant de richesses qu'on en dépense pour les développer, mais je n'ai justement pas la prétention d'avoir cette compréhension.

    Il me semble par exemple qu'au-delà de l'utilisation ludique des LLM, il existe déja au moins deux domaines majeurs de l'économie où l'IA est très performante:
    * Générer du code
    * Servir d'interface pour répondre à des questions

    Après, tu as peut-être simplement une vision très personnelle de "servir à quelque chose". Évidemment que "faire les devoirs à la place des élèves", ça ne sert à rien pour la société, et c'est même très vraisemblablement nuisible. Mais c'est comme la clope ou l'alcool ou la plupart des cochonneries en plastique Made in China sur Amazon, ça sert aux gens qui s'en servent.

    Mais affirmer des trucs comme "l'IA ne sert à rien et les boursicoteurs ne rendront bientôt compte qu'ils dépensent des milliards pour rien", ça me semble être d'une naïveté mêlée de biais cognitifs majeurs (le fait que tu aimerais que ça ne serve à rien n'a pas d'influence sur la réalité).

    Au final, ce qu'il va se passer, c'est que les gens qui vont investir sur l'IA vont récolter de l'argent si ça marche, et perdre de l'argent si ça ne marche pas. Les "récalcitrants" vont être chômeurs si ça marche, et vont devenir indispensables si ça ne marche pas. Au moment de faire les comptes, la logique sera probablement respectée.

  • [^] # Re: Bof

    Posté par  . En réponse au journal Je suis perdu et je pensais m'être renseigné.... Évalué à 4.

    Ça fait quand même un bout de temps que les ordinateurs résolvent des problèmes complexes hors de portée d'un humain, donc je pense que ce qui frappe le plus avec les IA génératives, c'est leur capacité à copier les comportements humains. Tant que la machine te répond "Convergence… problème résolu; 2min47s, résultat dans results.txt, détails dans log.txt", tu as de manière évidente affaire à un outil, même si le machin vient de te résoudre une équation différentielle à 120 paramètres.

    L'argument de la "casse sociale", c'est l'argument du gain de productivité, c'est le même depuis 300 ans et les métiers à tisser. D'un côté, tu peux dire qu'à l'échelle de l'histoire la condition des classes laborieuses ne fait que progresser (il faut quand même lisser sur des périodes plus ou moins longues), et d'un autre côté tu as la constatation que le modèle libéral/capitaliste n'a aucun mécanisme intrinsèque pour redistribuer les richesses liées aux gains de productivité, puisque qu'elles aillent au capital ou aux travailleurs qui restent, elles ne vont pas aux prolétaires qui n'ont plus de boulot (et donc rôle de l'État, et donc inefficacité économique, et donc moins de richesses à se partager, et donc arguments classiques droite/gauche).

    Après, comme il n'y a aucune chance qu'une telle technologie soit interdite, il va bien falloir apprendre à "faire avec".

    éviter la stigmatisation des chômeurs

    Je sors ma boule de cristal en chewing-gum, et je te prédis que le prochain choc pour les chômeurs, c'est toute une fournée de bac +5 avec une formation en bureautique/tertiaire qui vont devoir trouver des boulots manuels, et ça, la société n'est pas prête.

  • [^] # Re: pas mieux, je ne comprends ias l'emballement

    Posté par  . En réponse au journal Je suis perdu et je pensais m'être renseigné.... Évalué à 4.

    Bon, après, pour m'auto-nuancer, on s'aperçoit que les LLM sont capables de trucs méta. Du genre "détaille ton raisonnement", et ça peut être tout à fait crédible. Donc quand ton IA copie un humain qui détaille son raisonnement, tu en es où dans le dilemme "copier le comportement / copier le raisonnement"? Moi je trouve que quand la réponse est correcte et que le raisonnement est correct, je valide "intelligence".

    En fait, à mon avis, ces trucs sont au moins aussi intelligents que tous les robots intelligents imaginés en SF, donc ils correspondent à la plupart des définitions existantes d'IA, je ne sais pas ce qu'il faudrait de plus. Ils ne sont pas plus "intelligents" que les humains, donc on n'est pas encore à la singularité technologique, mais on en est peut-être proches dans certains domaines, comme en programmation par exemple.

  • [^] # Re: pas mieux, je ne comprends ias l'emballement

    Posté par  . En réponse au journal Je suis perdu et je pensais m'être renseigné.... Évalué à 3.

    Je n'ai jamais utilisé les logiciels d'AI générative pour la musique, donc je ne suis pas sûr de ce qu'ils sont capables de faire. J'imagine que si tu décris très précisément ce que tu veux, tu peux peut-être obtenir quelque chose d'assez original (style fusion disco-reggae au clavecin avec un rythme en 5/4, des trucs comme ça), mais normalement le machine learning ne peut pas extrapoler un nouveau style s'il n'y a rien de tel dans les données d'entrainement. C'est comme pour le texte, ces logiciels produisent (très bien parfois) de la soupe tiède, mais ils ne sont guère inspirés quand il faut produire des idées nouvelles.

  • [^] # Re: pas mieux, je ne comprends ias l'emballement

    Posté par  . En réponse au journal Je suis perdu et je pensais m'être renseigné.... Évalué à 8.

    il n'y a donc pas d'intentionalité

    Un tel argumentaire ne peut que tourner en rond. Soit tu considères que l'intelligence, la conscience, ou l'intentionnalité sont des propriétés qui ne peuvent exister que dans un cerveau humain, auquel cas la question n'a pas lieu d'être, aucune machine, par définition, ne peut se prévaloir de telles caractéristiques. Soit tu considères que la seule manière d'attribuer ces propriétés est d'estimer que les interactions que tu as avec sont compatibles, auquel cas beaucoup de LLM actuels peuvent prétendre à un certain niveau d'intelligence ou de conscience.

    Imagine qu'on arrive à échanger des messages radio avec une civilisation extra-terrestre, avec le même type d'interactions qu'avec chatGPT. Est-ce qu'on douterait une seule seconde de l'intelligence ou de l'intentionnalité des aliens? Absolument pas. Les LLM, parce qu'ils singent les humains à partir desquels ils ont appris à communiquer, montrent tous les signes d'une forme d'intelligence. Bien sûr, on peut parfois encore réussir à les coincer, mais c'est de plus en plus rare, et de toutes manières on peut aussi coincer les humains.

    À mon avis, nier que les LLM montrent une forme d'intelligence, c'est un argument du type "vrai écossais". En 1950, on disait qu'une machine intelligente serait une machine qui saurait jouer aux échecs. En 1990, on disposait d'une telle machine, donc on a changé de critère, ça devrait être de passer le test de Turing. Pas de bol, en 2023, on a des machines qui passent le test de Turing les doigts dans le nez, donc on va aller chercher un autre critère, peut-être fonctionnel (du style "il faut forcément un corps"), ou structurel (il faut tant de milliards de neurones connectés d'une manière analogue à l'esprit humain), ou alors mimétique (du style "cette AI ne tombe pas dans les mêmes biais cognitifs qu'un humain, ça prouve qu'elle n'est pas consciente").

    À mon avis, ce qui n'était pas du tout anticipé dans les tentatives de définir l'intelligence artificielle, c'est que les LLM sont conçus pour copier les comportements, et pas copier les raisonnements. C'est ça qui nous gêne, ils semblent intelligents, mais on sait bien qu'en fait, ils ne fonctionnent pas en interne comme un esprit humain (c'est l'argument de la "chambre chinoise"). Mais peut-être que ma voisine ou Donald Trump font aussi semblant, je n'ai aucune preuve qu'ils réfléchissent réellement comme moi, et j'ai même parfois des indices qu'ils sont assez buggués (surtout Donald Trump).

    Qu'on fiche la paix aux LLM, ce sont des programmes informatiques ingénieux qui miment le comportement et l'intelligence humaine de manière relativement convainquante; ils peuvent tenir une conversation, raconter une histoire, exercer des tâches intellectuelles complexes, créer quelque chose à partir d'une description, passer le bac, bref, faire tout un tas de choses qu'on pensait réservées aux humains. Ils ne peuvent pas courir, ils ne peuvent pas boire des bières en regardant un match de foot, ils ne peuvent pas envahir le pays voisin et déplacer sa population, ils ne peuvent pas faire d'enfants, faire du feu, regarder les étoiles en fumant des pétards. Et surtout, leur fonctionnement les empêche d'aller plus loin que leurs données d'entrainement, ils ne peuvent pas inventer un nouveau style de musique, ils ne peuvent pas découvrir la relativité, ils ne peuvent pas inventer le logiciel libre, envoyer des bonhommes sur la lune. Donc même s'ils manifestent une certaine intelligence, ils sont loin d'être humains.

  • [^] # Re: Marre du rap

    Posté par  . En réponse au journal Connaissez-vous le rap ? . Évalué à 3.

    quand on cherche la version instrumentale d'un morceau

    Je pense qu'il y a une incompréhension : je ne parlais pas d'une version instrumentale d'un morceau, mais de morceaux qui sont conçus pour être uniquement instrumentaux.

    Mais encore une fois, c'est uniquement une question de culture. Pour certains, la musique du rap peut "prendre aux tripes", visiblement, donc là c'est juste des différences culturelles ou générationnelles.

  • [^] # Re: Tant qu'il n'y aura pas la validation du n° c'est voué l'échec

    Posté par  . En réponse au journal Vers l'interdiction du démarchage téléphonique en France !. Évalué à 3.

    Euh, tu veux dire par exemple après une enquête de l'inspection du travail? Mais tu as en moyenne une enquête de l'inspection du travail tous les deux siècles dans une entreprise, alors tu es bien parti…

    Sans compter qu'il n'y a pas d'inspection du travail dans le secteur public par exemple, qui est typiquement un secteur où les employés utilisent fréquemment leurs équipements personnels (véhicules, téléphones, ordinateurs, imprimante et encre, connexion internet, vêtements de protection, stylos et équipements de bureau, etc…). C'est d'ailleurs légalement déductible des impôts quand ça dépasse 10% des revenus (frais réels), donc ce genre de situations est assez courante dans tout un tas de branches, j'imagine.

    Je ne comprends pas trop ton discours, en fait. C'est un peu "moi dans mon monde", "Moi je n'accepte pas d'utiliser mon téléphone / ma connexion internet personnelle", "moi je ferais une loi qui impose ça sous peine d'amende", etc. C'est assez rare d'être en position pour négocier de genre de choses, tu peux avoir la chance de travailler dans une grosse boîte qui sait gérer sa sécurité informatique et qui va fournir un portable bien configuré à tout le monde, mais des gens travaillent dans des boîtes qui ne sont pas en forme ou qui sont mal organisées, où le télétravail n'est pas très bien vu et repose sur la débrouille, ou simplement où la trésorerie est tellement à l'os que les employés achètent eux-même le miimum pour bosser confortablement (par exemple parce que le matériel officiel est d'une qualité insuffisante).

    Au fond, il y a aussi l'idée qu'il est écologiquement débile de dupliquer tous les bidules électroniques de la vie courante, puisqu'on pourrait utiliser les mêmes pour les besoins personnels et professionnels.

  • [^] # Re: Marre du rap

    Posté par  . En réponse au journal Connaissez-vous le rap ? . Évalué à 5.

    L'article sur le hip-hop indique que le hip-hop est le nom du mouvement culturel, dont le rap est l'expression musicale, donc ça n'est pas très cohérent sur le rapport entre le rap et le hip-hop.

    Est-ce que le rap sans paroles est qualifié de rap? Contrairement à d'autres styles musicaux, qui sont instrumentaux (le disco, le rock, …), j'ai l'impression que le rap est un style musical essentiellement centré sur les paroles. Je n'ai rien trouvé d'impressionnant en cherchant "rap instrumental" par exemple, on tombe sur des accompagnements pour chanter par dessus.

  • [^] # Re: Marre du rap

    Posté par  . En réponse au journal Connaissez-vous le rap ? . Évalué à 4.

    Visiblement, y'en a qui n'ont pas la ref, en effet :-)

    Le rapport des Inconnus avec le rap est difficile à interpréter, on peut bien sûr voir une sorte d'hommage à un genre musical qui apparait à l'époque, mais il y a aussi une forme de moquerie sur le genre en particulier : c'est toujours la même chose ("Marre du rap"), c'est pour les rebelles en carton ("Auteuil Neuilly Passy"), etc. En tout cas, c'est clair que les Inconnus ont influencé la manière dont la société percevait le rap en France pour toute une génération, puisque le rap ne passait pas à la télé.

    C'est difficile maintenant d'imaginer l'influence que les Inconnus pouvaient avoir à leur époque sur la société (un peu comme les Guignols de l'info un peu plus tard); Indochine a toujours prétendu qu'ils avaient ruiné leur carrière en les ringardisant en un instant avec "Isabelle a les yeux bleus" (alors qu'apparemment c'était un autre groupe, "Partenaire particulier", qui était visé). Le rap français s'est forcément construit dans ce climat de moquerie potache et peut-être pas très bienveillant.

  • [^] # Re: "décadence"

    Posté par  . En réponse au journal Connaissez-vous le rap ? . Évalué à 5.

    La musique c'est un truc hyper-générationnel, tu restes attaché à la musique que tu écoutais dans ton enfance (la musique de tes parents) et la musique que tu écoutais à l'adolescence (quand tu t'es émancipé de la musique de tes parents). Le reste (la rationalisation, "les paroles sont mieux", "le langage est pauvre", etc) c'est des excuses pour justifier un goût particulier.

    À la fin de sa vie, la musique de JS Bach n'était plus écoutée parce que le public trouvait ça "ringard". Étrangement, je ne pense pas qu'on n'ait jamais écouté plus de musique baroque qu'aujourd'hui…

    Traverser le temps, c'est ça qui finit par transcender les effets de mode. Ce qu'on considère comme "génial" et/ou fondateur avec le recul n'apparaissait rarement comme tel à l'époque (avec quelques exceptions peut-être, comme la 5e de Beethoven ou les Beatles). Regarder les ventes de disque au milieu du XXe siècle c'est toujours un exercice étonnant; certains titres ont traversé les générations, d'autres sont tombés dans l'oubli, et pour le coup, c'est souvent assez facile de comprendre pourquoi (pourquoi ils sont tombés dans l'oubli, pas pourquoi ils se sont vendus à l'époque).

    Après, il ne faut pas tomber dans la facilité du relativisme absolu. Il est difficile de classer les genres, il est impossible de hiérarchiser les bons titres, mais il est aisé de quantifier la pauvreté musicale des oeuvres (paroles, harmonie, arrangements). Je ne trouve rien de plus pathétique que ces politiciens de 60 balais qui font semblant de trouver un intérêt à la production d'Aya Nakamura (ou autres hein, ce n'est qu'un exemple) à des fins électorales. On peut aimer le poisson sans faire semblant de se délecter des croquettes mixées services au resto U, ne pas être capable de détecter la bouse commerciale est une démonstration qu'ils n'ont même pas écouté ce dont ils parlent.

  • [^] # Re: Verbiage, encore une fois…

    Posté par  . En réponse au journal Connaissez-vous le rap ? . Évalué à 2.

    À mon avis, l'expérience sociale, c'est peut-être que plus personne n'en a rien à faire des logiciels libres…

  • # Marre du rap

    Posté par  . En réponse au journal Connaissez-vous le rap ? . Évalué à 4.

    Ce qu’écrivent les rappeurs véritables […]

    En fait, la question, c'est la différence entre les bons rappeurs et les mauvais rappeurs?

    C'est facile, on ne peut pas se tromper. Le mauvais rappeur, il prends son micro, il dit des gros mots qui riment. Ça peut pas louper. Le bon rappeur, il prends son micro, bon, il dit des gros mots, ça rime… mais c'est un bon rappeur.

  • [^] # Re: Nous sommes des êtres corruptibles...

    Posté par  . En réponse au journal Après la boutique des JO, c'est au tour de la banque, et d'ici dix ans..de tout le reste?. Évalué à 1.

    Par contre pour gérer mes investissements persos et pros sur ma station de travail, un espace client web est 42 fois plus ergonomique et sécurisé.

    L'application est fournie par ta banque et sert à se connecter à un serveur géré par ta banque. Je ne comprends pas trop quelles informations à propos de tes investissements perso tu espères cacher à ta banque en passant par une application web…

    42 fois plus ergonomique et sécurisé.

    C'est une opinion de vieux daron. Quand 95% des clients d'une banque passe par l'application smartphone, c'est rationnel d'abandonner le développement de l'accès web, avec tous les problèmes de sécurité et de compatibilité associés. Une banque est une entreprise commerciale, elle ne te "doit" pas un accès libre avec la technologie de ton choix. Tu restes libre de changer de banque si le mode d'accès ne te convient pas. En tout cas, ça n'est pas en répétant "un PC c'est plus pratique et plus ergonomique et plus sécurisé" que ton argument va porter, toute une génération ne sait plus utiliser un PC et tape à la vitesse de l'éclair sur ces espèces de claviers minuscules conçus pour ridiculiser les presbytes.

    Comme la société civile fait peser sur les banques la responsabilité des fraudes numériques, c'est naturel que les banques transforment les terminaux des clients en terminaux de payement. L'alternative serait de considérer qu'un client qui utilise Firefox sous Linux par exemple n'est pas couvert pour les fraudes numériques parce qu'il n'utilise pas les logiciels certifiés par la banque.

  • # Nous sommes des êtres corruptibles...

    Posté par  . En réponse au journal Après la boutique des JO, c'est au tour de la banque, et d'ici dix ans..de tout le reste?. Évalué à 2.

    Il me semble que l'attitude conservatrice (qui semble être un peu réservée aux gens qui ont un certain âge ET une certaine culture de l'informatique, donc au final pas grand monde) n'a pas beaucoup d'éléments pour elle.

    Par exemple, application web vs application mobile : les questions de vie privée, de sécurité, et de partage des données me semblent assez artificielles, puisque certes, l'application web peut tourner dans un LL comme Firefox, mais ça n'empêche absolument pas au serveur de faire absolument ce qu'il veut avec les données. "Pire" même, une application pour smartphone bien faite peut raisonnablement être considérée comme plus sécurisée; a priori, les attaques de type mitm sont plus difficiles si le client et le serveur sont développés par la même équipe; par ailleurs le développement en est simplifié (pas besoin d'auditer plusieurs navigateurs, etc). J'ai d'ailleurs l'impression que de récentes décisions judiciaires font peser sur la banque la responsabilité des transactions frauduleuses, ce qui légitimise le blocage des API et de l'accès aux comptes par des clients tiers qui n'appartiennent pas à la banque.

    un réceptacle à applis qui me coute alors qu'il fait des économies aux commerces est scandaleux à mon sens.

    Pas plus que d'apporter tes tupperwares pour acheter en vrac, à scanner tes articles aux caisses automatiques, à aller commander au bar plutôt que d'attendre qu'un serveur se pointe…

    Ils nous imposent, ils me radicalisent.

    Pour un service public, tu peux tenter de faire valoir tes droits. Pour un service privé, tu peux passer à la concurrence, puis changer encore, puis changer encore, puis finalement soit payer un service "de luxe" qui te fournit ce dont tu as besoin, ou ne plus rien avoir du tout. C'est le truc de "Jamais je n'accepterai le compteur Linky", "Jamais on ne me forcera à prendre un abonnement fibre alors que j'ai l'ADSL", etc. Tu résistes, personne ne comprend vraiment pourquoi, et peut-être à un moment tu ne comprendras même plus pourquoi. En tout cas, autant je comprends les arguments d'hygiène numérique pour guichet vs numérique, autant appli smartphone vs appli web, c'est quand même pas très tranché.

    Je me rappelle avoir fait un petit trou dans ma première carte de payement avec l'option "sans contact", en m'imaginant me faire tirer mon fric par n'importe qui sans voir l'intérêt du bidule (je n'avais pas entouré mon portefeuille de papier alu, mais pas loin). Et 5 ans après, j'utilise ça tous les jours, je trouverais ridicule qu'un commerçant ne propose pas l'option, je trouve finalement assez dangereux de prendre le risque de se faire bouffer sa carte en l'insérant dans les terminaux de parkings ou de péage, et je serais très favorable à l'idée de payer les transports en commun de cette manière par exemple… Et du coup, a posteriori, il me semble qu'il n'y avait aucune raison valable pour s'opposer au "portefeuille électronique" (c'est marrant, on ne dit plus ça du tout maintenant). Tout ça pour dire que je me méfie quand même beaucoup des oppositions de principe.