Je me permets de me re-répondre, pour me contredire : ce code est une abomination mathématique, parce qu'il préfère une valeur de départ moins bonne (d'après Wikipédia, 0x5f37642f donne une meilleure valeur de départ que 0x5f3759df), pour la simple raison qu'un seul tour de Newton donne une meilleure approximation finale (!). On n'est donc dans le bricolage crado le plus total—bricolage génial, mais c'est crade du début à la fin).
Je ne pense pas que la discussion porte sur cette ligne de code :-) Évidemment, si on trouve un diamant dans une crotte de chien, on peut voir le diamant, ou la crotte de chien :-)
À mes yeux, dès qu'on passe dans le domaine de l'approximation, on sort des mathématiques, c'est à dire de la représentation symbolique, pour passer dans l'imperfection du monde réel.
Il peut exister des astuces mathématiques, par exemple l'accélération d'un algorithme par la recherche de solutions entières avant de passer à une résolution numérique. On pourrait même discuter de l'aspect mathématique de certaines approximations numériques (séries de Taylor, etc), qui consistent à prendre un résultat mathématique (une série infinie) et à le tronquer pour l'implémenter dans un algorithme. Mais là, l'exemple dont on parle, c'est l'exploitation d'une coïncidence numérique fortuite pour accélérer un calcul. C'est certainement ingénieux et utile, on peut même trouver ça génial, mais "beau"? Je sais bien que tous les goûts sont dans la nature, mais je pense qu'on est quand même à l'extrême limite de ce qu'un être humain peut trouver beau être atteint d'une pathologie quelconque :-)
Pour moi, ce code est aussi beau qu'un cardan de suspension. Il est probablement fonctionnel, mais il n'est pas fait pour être regardé, encore moins admiré.
Je ne sais pas ce que l'auteur de la dépêche avait en tête en parlant de beau code.
À mon avis, c'était à peu près le contraire de celui qui est présenté en exemple.
Là tu présentes une astuce mathématique
Certainement pas "mathématique". C'est une sorte d'heuristique algorithmique, un peu du même genre que "sin(60°) ~ e/π". Plus bricolé que ça, c'est pas possible.
Mouais, mais il y a quand même une grosse différence : une boite privée fait ce qu'elle veut avec son pognon, alors que l'administration dépense l'argent des impots des contribuables.
Ils sont tout simplement incompétents. Soit les licence sont négociées "en gros", et ils négocient pour le nombre de postes concernés (1000 ordinateurs dans un service -> 1000 licences, super, on a eu une réduction de 80% ; le fait que le logiciel ne va être déployé que sur 10 postes ne rentre absolument pas en ligne de compte), soit ils ne font que voir passer les factures, sans même se rendre compte qu'il s'agit de multiples licences pour le même logiciel.
Pourquoi la France se classe-t-elle si mal dans les évaluations de la corruption? Je n'ai jamais rencontré de flic, de juge, ou d'agent du fisc corrompu. Malgré tout le mal qu'on en dit, les fonctionnaires français restent, à ma connaissance, honnêtes et loyaux (à peu près). Par contre, c'est bien au niveau décisionnel que se concentrent à la fois l'incompétence crasse (décisions stupides qui empêchent les services de fonctionner correctement), le gaspillage, voire les décisions motivées par des raisons «extérieures».
Par exemple, je n'ai jamais compris la raison pour laquelle il est si compliqué de passer une commande publique hors marché pour une prestation identique et moins chère—typiquement, un billet de train ou une chambre d'hôtel. Les marchés lient les services de l'État à des intermédiaires souvent plus chers que les prix grand public, et, à mes yeux, rendent la corruption rentable pour les entreprises. Aucune boîte ne s'amuserait à corrompre 40000 secrétaires qui achètent une agrafeuse par an. Par contre, corrompre le mec qui décide quelle boite fournira 40000 agrafeuses à l'État, ça, c'est possible.
Le problème, c'est qu'à part quelques exceptions (Asimov?), la physique a tendance à brider la créativité. En réalité, l'espace est un grand truc vide dans lequel, de temps en temps, tu trouves des planètes inhabitables. Un truc d'action en SF où tu mets 500 ans à rejoindre la planète voisine et où les colonies consistent en quelques dizaines de personnes vivant dans des baraques de 20 m2 pressurisées, c'est un peu chiant. Tu as vite fait le tour des ambiances de nef fermées où des générations ne vont pas poser le pied sur une planète. Si c'est pour raconter l'histoire de Boris et John coincés dans un vaisseau à la dérive, tu peux aussi les coller dans une station arctique ou dans un bateau.
Du coup, souvent, les meilleures histoires sont celles imaginées par des littéraires créatifs, qui savent écrire un roman, des personnages, faire évoluer l'intrigue, etc. Évidemment, les méchants ont le visage qui explose dans le vide, les gentils ont le temps d'éviter les rayons laser qui font "piouuu piouuuu", et tout le monde a accès à des technologies extraordinaires (genre, le voyage en vitesse-lumière) mais pas au GPS ("où me suis-je donc posé?").
D'où ça sort que maintenant les gens n'aiment pas les chercheurs ?
Vu de l'intérieur, le déclencheur a été les discours de N. Sarkozy entre fin 2008 et début 2009. Plusieurs charges hyper-violentes contre les chercheurs eux-même (ils sont là parce qu'il y a du chauffage, les prix Nobel sont l'arbre qui cache la forêt, etc), et contre le système de recherche "à la française" (avec des instituts indépendants qui échappent plus ou moins au contrôle de l'État).
En parallèle, le mouvement "sauvons la recherche" n'a pas connu un énorme soutien du grand public, parce que les grèves ont été vécues comme celles de fonctionnaires corporatistes (alors que, pour une fois, ça n'était pas vraiment le cas, en tout cas, les grèvistes défendaient plutôt le status des jeunes et des précaires). En quelques années, l'image des organismes de recherche, et en particulier du CNRS, se sont dégradées très significativement, et l'image du chercheur fonctionnaire, même si elle existait probablement au sein des milieux d'ultra-droite avant ça, s'est complètement banalisée au sein du grand public.
Dans les faits, on vit une sale période pour la recherche fondamentale. De plus en plus, par exemple, les rejets des projets déposés à l'ANR se basent sur des argumentaires de type "l'utilité du projet n'est pas démontrée", ou "le projet semble trop ambitieux". Le financement va à des projets de développement, avec un fonctionnement de type projet industriel ; la recherche exploratoire, fondamentale, ou innovante, est baillonnée par un harcèlement politique, administratif, et financier.
Il y a quelque chose qui me gène dans ces prix. Bien sûr, leurs auteurs ont ajouté l'idée de "qui fait réfléchir", ce qui n'était pas du tout là au départ (en fait, les premières années, c'était plutôt un "worst-of" des journaux scientifiques pourris). Il n'y a qu'à voir le titre "IgNobel", c'est quand même assez violent. De manière générale, il s'agit quand même de se moquer d'études de recherche, pas forcément que de la recherche fondamentale d'ailleurs, qui ne semblent pas "mainstream". C'est sûr qu'avec le deuxième degré, il y a 10 ans, ça aurait été marrant. Mais l'ambiance a radicalement changé ces dernières années, au moins en France, et il existe une part très significative de la population qui iraient bien arracher le mec qui fait léviter les grenouilles de son labo pour lui demander de faire un "vrai boulot".
Du coup, je me demande si les blagues sur les chercheurs qui font des trucs rigolos qui n'intéressent qu'eux, ça n'est pas comme les blagues sur les étrangers ou les homos : on trouve tous ça super drôle, jusqu'au jour où on se rend compte que le deuxième degré n'est pas forcément évident pour tout le monde. Il y a probablement des gens qui le prennent bien, et qui vont même chercher le prix; mais il y en a certainement d'autres qui le prennent comme une forme d'insulte.
Malheureusement, j'ai l'impression qu'on vit une époque un peu triste où communiquer autour de l'importance de l'éducation, de l'investissement, de la recherche, de la culture scientifique et artistique, etc., est extrêmement difficile, et que ces efforts peuvent être détruits en quelques secondes avec une blague potache. Il faut bien doser, quoi.
Est-ce que tu veux dire que seul un auteur peut légalement agir en cas de violation de la licence ?
Je crois bien, oui. Par défaut, un logiciel relève de la propriété intellectuelle, et appartient à son auteur. La GPL est une liste de conditions sous lesquels l'auteur permet à des utilisateurs de faire un certain nombre de choses avec le logiciel. Si une seule clause de la GPL n'est pas respectée, la licence s'annulle, et la copie du logiciel est utilisée et redistribuée illégalement. L'auteur peut donc négocier de nouvelles conditions avec le distriubuteur en faute, par exemple en transformant la licence en licence propriétaire qui donne le droit de redistribuer sans les sources, contre de l'argent.
Je ne crois pas qu'il y ait lieu de distinguer auteur et contributeur. Le fait est que si seul un contributeur marginal attaque en justice, il pourra probablement demander moins d'argent, et il reste toujours la possibilité de retirer ses contributions pour les remplacer par du code nouveau.
Ce n'est absolument pas évident. Tu pars de l'hypothèse forte que A est l'auteur du dit logiciel.
Il est dit que A édite le logiciel. Je suis d'accord pour dire que A n'est pas forcément le seul auteur. S'il existe d'autres auteurs, alors un seul d'entre eux suffit pour demander l'invalidation de la licence et le payement d'une redevance.
Comment B peut modifier le logiciel s'il n'a pas les sources?
OK, B n'a absolument pas besoin de modifier le logiciel pour le raisonnement. Mais ça ne change rien.
Si B a les sources et qu'il ne veut pas les fournir, il ne respecte pas la licence, C le signale à A, qui peut attaquer B. Si A ne fait rien, C l'a dans l'os. En aucun cas A n'a d'obligation de fournir les sources à C. Et si B prend la responsabilité de redistribuer le binaire sans avoir les sources sous la main, il joue à Collin-Maillard au bord d'une falaise, et a fait à C des promesses qu'il n'est pas sûr de tenir.
À mon avis, la morale de l'histoire est qu'il est totalement déconseillé de redistribuer du logiciel libre sans avoir en possession la totalité des documents nécessaires au respect de la licence. Si on aime le risque, on peut aussi jouer à la roulette russe ou dégoupiller des grenades au milieu de l'Open Space ; ce n'est pas parce que ça n'a pas pété ce coup là que l'action n'était pas profondément débile.
Posté par arnaudus .
En réponse au message Cas théorique GPL.
Évalué à 2.
Dernière modification le 18 septembre 2014 à 15:01.
Qui viole la licence entrainant la nullité ?
C'est évidemment B. A ne peut pas violer la GPL s'il est le seul auteur du logiciel (ou plus exactement, il s'en fout : il peut distribuer le soft sous n'importe quelle licence).
Donc B n'a pas violé la licence tant qu'aucun utilisateur ne les lui demande.
Tu coupes les cheveux en quatre. Si B distribue le binaire sans avoir les sources en sa possession, il se met en danger permanent de violer la licence, puisqu'on peut lui demander les sources à tout moment, sources qu'il ne pourra pas fournir. Je me demande même si ça n'est pas illégal; sous certains aspects ça ressemble aux fraudes des courtiers en assurances : tant qu'il n'y a pas de sinistres, tu empoches les cotisations, sur le mode "jusqu'ici tout va bien", mais l'édifice peut s'écrouler du jour au lendemain. Ça peut même être une escroquerie ; si B vend du service autour de logiciels "libres", l'entreprise qui achète le service croit ne pas être dépendante de B ; en cas de rupture de contrat, elle s'aperçoit que B faisait tourner un fork proprio d'un LL connu (par exemple, une version "pro" non GPL vendue par l'entreprise A).
Bref, ne pas fournir les sources par défaut est une pratique tout à fait habituelle, et je n'ai jamais dit le contraire. Par contre, fournir des binaires sans avoir les sources (voire, en sachant pertinamment que les sources sont inaccessibles) est permis par la GPL, mais pas par la loi, puisque ça peut être qualifié de tromperie, voire d'escroquerie. C'est ce que j'essayais d'expliquer au-dessus : la GPL protège les auteurs d'un fork proprio, mais protège très peu les réutilisateurs de bonne foi. Ces réutilisateurs trompés, et parfois techniquement coupables de contrefaçon, devront trouver ailleurs dans la loi la raison de se retourner contre les intermédiaires peu scrupuleux ou étourdis.
Le problème évident, c'est que personne n'a de moyens de pression sur A. En cas de violation de la licence, toutes les clauses n'annullent ; le logiciel devient la propriété de ses auteurs et ne peut plus être redistribué.
À noter une inexactitude dans l'exposé : B a le droit de ne pas demander les sources, mais n'a pas le droit de redistribuer sans les sources. Dans tous les cas, B est donc "méchant" dans cette affaire, car il a violé la licence. Il n'y a donc pas d'hypothèse où B est gentil mais un peu concon : par définition, si tu veux redistribuer un soft sous GPL, il te faut les sources.
Si A est l'auteur du logiciel et de bonne foi, le logiciel est sous GPL. A vend le logiciel à B, qui le modifie et vend l'exécutable à C. C n'a donc pas les sources. Si B ne veut pas les fournir à C, alors il annule la licence sous laquelle le logiciel lui a été vendu : il n'a plus le droit de l'utiliser. C peut donc contacter A pour lui dire que B revend le logiciel sous une autre licence, et A va pouvoir poursuivre B pour violation de licence. En pratique, il faut donc que C et A s'entendent et communiquent des informations, mais comme les deux ont à y gagner, c'est crédible. D'ailleurs, ça montre que la GPL protège surtout les auteurs, contrairement à ce qu'on entend parfois.
Par contre, si A est l'auteur et est de mauvaise foi, B étant de mauvaise foi par hypothèse, je pense que C est niqué. La GPL V3 dit "You may not propagate or modify a covered work except as expressly provided under this License. Any attempt otherwise to propagate or modify it is void, and will automatically terminate your rights under this License". En tant que C, tu ne peux pas poursuivre B pour violation de licence, puisque tu n'es pas l'auteur. Seul A peut le faire. Si A ne le fait pas, tu peux évidemment dénoncer le contrat ou la vente avec B si on t'a filé l'exécutable et la licence sans les sources. Si on ne t'a filé que l'exécutable, je pense que tu es niqué aussi, puisqu'il est difficile de prouver que le logiciel est bien sous GPL, et que de toutes manières ça ne te regarde pas vu que c'est A qui est lésé.
Quelque part, ça justifie tout à fait la paranoïa des distributions sur les licences, puisqu'en cas d'erreur, c'est l'intermédiaire qui est responsable. Le logiciel libre repose pas mal sur la confiance ; si tu veux distribuer des copies du logiciel, il faut à tout prix s'assurer que le logiciel est "propre". Parce que s'il contient du code proprio ou des trucs pas clairs, tes utilisateurs pourront être poursuivis, et ils risquent de se retourner (à raison) contre toi. C'est d'ailleurs un truc qui m'a toujours gonflé quand je participais à Wikipédia ; l'insouciance de beaucoup de contributeurs sur les licences du fait de l'absence de risque pour Wikipédia, en méprisant totalement les risques encourus par les réutilisateurs potentiels. Typiquement, l'utilisation d'une image protégée par le droit d'auteur, ou sous licence pas très claire (auteur et date inconnus, par exemple). L'argument, c'est de dire que personne n'attaquera Wikipédia (organisme non lucratif, etc) et qu'un accord sera toujours possible. Le problème, évidemment, c'est que quelqu'un peut de bonne foi réutiliser cette image sous licence apparemment libre, dans un contexte tout à fait différent (par exemple, dans une publicité), et que la personne qui aura fait la grossière erreur de mettre sous licence libre un document non-libre n'aura aucun problème, alors que la personne qui va devoir se défendre au tribunal sera de bonne foi. C'est un peu comme si on punissait le recel sans punir le vol.
Bah il n'y a pas besoin de loi, alors. La police a tout à fait les moyens de poursuive les associations de malfaiteurs qui projettent des attentats : on demande les logs à Facebook, et on défonce les portes à 6h du mat. Ça serait complètement con de bloquer ces plate-formes quasi-publiques pour forcer les pseudo-terroristes à passer par des VPN.
Non, car les personnes concernés sauront le contourner en 10s,
Les personnes concernées sont des ados désocialisés qui consultent ces sites sur leurs smartphones. Tu es capable en 10 secondes d'afficher sur un smartphone un site hébergé sur un serveur dont l'IP est bloquée par l'opérateur?
C'est dans les papiers préparatoires à la loi.
Je ne vois pas ce que ça a à voir avec le blocage. Ou alors, c'est seulement indirect : si Twitter peut être bloqué s'il ne se soumet pas aux requêtes de l'administration, alors il va falloir qu'il se soumette aux requêtes de l'administration. Mais encore une fois, ça me semble complètement débile pour un terroriste de passer par ces plateformes : la plupart sont publiques, et même si les conversations sont privées, le site a les logs de connexion, et pourra les transmettre à la justice sur simple requête.
Ta remarque est bidon, si on parle de terrorisme, on voudrait un truc fiable, "efficace"
Tu as un raisonnement de technicien. Malpoli, aussi, mais ça n'a rien à voir. En politique, l'efficacité d'une mesure est relative à ses résultats vis à vis de l'objectif poursuivi. Quel est l'objectif? On ne veut pas empêcher les terroristes de communiquer entre eux. On veut empêcher les terroristes de communiquer avec les non-terroristes, pour éviter le recrutement et la diffusion d'idées qui tombent sous le coup de la loi française (encore une fois, la légitimité de lois empêchant la diffusion d'idées est une autre question et un autre combat). Il suffit pour ça de rendre les sites inaccessibles sur un ordinateur non-configuré spécialement pour accéder à un site particulier. Un DSN "menteur" (pour moi, un DNS qui renvoie sur une page officielle de l'État ou du FAI n'est pas "menteur", c'est juste un DNS avec une blacklist, mais bon) fait très bien l'affaire. Proxy, DPI, c'est idiot, et les coûts associés sont hors de proportion avec l'objectif.
En technicien, tu essayes d'analyser le problème comme "comment empecher un individu motivé et compétent d'accéder à un serveur quelque part sur la planète à partir du territoire français", et ça, évidemment, c'est très compliqué, très couteux, et probablement même impossible—je ne vois pas comment on peut empêcher quelqu'un de configurer un proxy à l'étranger pour qu'il renvoie le contenu encodé d'un site terrorriste quand tu lui demandes bisounours.com.
80% des sites litigieux sont sur twitter, facebook ou youtube.
Si c'était vrai, il n'y aurait pas de problème. Ces gros sites répondent très rapidement à la demande des autorités locales, car il y a des enjeux financiers énormes. Si Youtube peut te donner du "cette vidéo n'est pas accessible de votre pays" pour des raisons de copyright, il peut aussi te le faire sur ordre des autorités locales. De toutes manières, il n'y a pas plus filtré que ces plateformes ; les seuls trucs que tu peux y trouver sont les cas borderline, qui tombent sous le coup de la liberté d'expression aux US mais pas en France par exemple (appel au Boycott, propos racistes…). Je ne vois pas trop les recruteurs planifier officiellement les départs vers la Syrie sur Facebook, même avec leur niveau d'incompétence, les administrations françaises seraient capables de suivre d'heure en heure les plans machiavéliques des méchants terroristes! Aucun intérêt de couper de tels canaux d'information en clair.
C'est toujours le même problème : ils demandent de l'argent, mais sur quelle base? L'arrêté du 28 février 2013 fait référence au décret n°2006-420, qui dit:
Peuvent donner lieu à rémunération pour services rendus à des personnes privées et publiques autres que l'Etat les prestations fournies par les directions et services du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie dont la liste suit : […]
5° Consultation, location ou cession de bases de données informatiques ;
Consultation, on voit ce que c'est : on paye pour avoir accès à la base. Là, ça n'est pas le cas, puisque les données sont accessibles. On est donc dans les cas de location ou de cession des bases—ça ressemble à du charabia pour dire "licence d'utilisation", puisque l'idée de louer ou de céder une base de données est complètement conne ; il est évident qu'on fournira une copie, pas le disque dur avec l'original. Pour une licence, il faut que le contenu soit protégé par le droit d'auteur, et pour les bases de données, c'est tendu. En effet, les données elles mêmes ne sont pas protégées, c'est la base qui l'est : sa structure et son exhaustivité. Pour protéger la structure, il faut pouvoir démontrer son originalité ; or, ici, c'est pas évident du tout : on a un fichier xml avec des champs, et les champs sont triviaux. N'importe qui devant faire une base de données des prix à la pompe mettrait un champ "Identifiant", "Adresse", "Gazole", "SP95", etc. Bref, la seule protection légale de la base de données est une protection contre l'aspiration d'une partie substantielle de la base. Exit donc l'application pour smartphone qui te donne l'historique des 10 stations autour de tes coordonnées GPS, mais quid du mec qui regarde les prix à la pompe de la station où il fait le plein régulièrement? Objectivement, une station service n'est pas une partie substantielle de la base.
Je trouve hallucinant que les services de l'État recourent systématiquement à des pseudo-arnaques juridiques pour essayer de faire raquer le citoyen en échange de données du domaine public. Je me rappelle d'une discussion à propos d'une bibliothèque mettant à disposition des pdf scannés de documents anciens, et souhaitant percevoir des droits de réutilisation sur ces pdf en se basant sur la loi permettant aux communes de demander des sous aux cafetiers en échange de l'utilisation de l'espace public en tant que terrasse. On est dans du pur délire ; le code de la propriété intellectuelle définit très précisément les conditions dans lesquelles l'auteur d'une œuvre (ou d'une base de données pour les droits voisins)—et pas son propriétaire!—peuvent faire valoir des droits patrimoniaux, et quand il ne peut pas. Essayer d'inventer des lois qui n'existent pas ressemble furieusement à des tentatives d'escroquerie.
qui dit que l'État n'en profiterait pas pour demander aux FAI des blocage sans bandereau adéquat ?
Qui dit que l'État n'empêche pas des livres de sortir sans respecter les procédures judiciaires? Qui dit que l'État ne quidnappe pas des quidams et les torture à mort pour connaitre les secrets industriels des voisins? Qui dit que l'État ne traffique pas les bases de données de la sécu pour que certains fonctionnaires soient couverts à 120%?
Ceci dit, l'argument de la dangerosité extrême de quelques sites, même si je n'y crois pas, pourrait très bien être géré d'une manière simple : les FAI pourraient publier les requêtes administratives, et pas les requêtes en provenance d'un magistrat.
Mais bon, on est exactement dans le même cas de figure que le secret défense, où parfois ce n'est pas seulement le contenu d'un document ou d'une information qui est protégée, mais son existence même. Il y a une opposition générale entre les administrations et les services de renseignement, et la justice et la société civile, à ce propos. L'existence du secret du secret est un vrai péril pour la démocratie, alors que le secret défense est, pour la plupart des gens, légitime dans certaines circonstances.
Ça c'est un autre problème. Visiblement, les députés sont toujours très inquiets quand il s'agit de dévoiler des "secrets-défense" tels que les entreprises en affaires avec le ministère de la défense, ou l'assujétissement à l'ISF des membres de leur famille. Par contre, visiblement, ils prennent avec beaucoup plus de légèreté le fait de divulguer contre rétribution la base de données des cartes grises, avec numéro de modèle, numéro d'immatriculation, nom et adresse du propriétaire du véhicule. Le concept de divulgation des données stockées par l'État semble donc à géométrie variable.
En ce qui concerne cette affaire en particulier, j'ai peur que le point de blocage ne soit pas vraiment les députés, mais les administrations impliquées, qui ont déja par le passé démontré leur incompétence numérique et leur paranoïa profonde.
Franchement, si j'étais un service de police, je la divulguerais cette liste, et j'y incluerais des fakes qui me font clignotter une icone sur mon bureau quand un zigue essaye de s'y connecter. Autant il est impossible de scanner internet à la recherche de vilains pédopornophiles, autant il semble beaucoup plus envisageable de collecter des données via des gars qui se feraient la liste des sites bloqués pour pornographie infantile, par exemple.
Mouais, enfin, je ne vois pas en quoi une telle liste présenterait un intérêt pour les gens souhaitant accéder à de tels sites. Tu n'est pas obligé de publier l'url, ni de faire une classification par activité—les statistiques peuvent bien être anonymisées. Et quand tu es un vilain terroriste ou pédo-nazi, ça m'étonnerait que tu aies besoin d'un log du ministère de l'intérieur pour trouver ce qui t'intéresse…
61.5.xxx.xxx
Registrant Name: Omar, Mollah
Registrant Organization: Al-Quaeda Afgh.
Date de blocage: 12/09/2001
Administration: Ministère de l'intérieur
Raison: Apologie de crime de guerre (Loi 1881-07-29 art. 24)
Si tu penses qu'une telle info doit rester secrète, alors je pense que c'est de la parano totale. C'est quand même la moindre des choses d'être au courant des actions de l'administration de l'État.
Bah je l'ai lu avant de poster mon commentaire, et je ne vois pas ce que je n'aurais pas compris. L'auteur du billet dit en gros qu'un filtrage fiable demanderait de lourds investissements et une modification de la structure du réseau, que ça couterait des sous, gênerait la croissance du réseau, et donc la croissance de l'économie. Ça me semble assez clair.
À mon avis, l'auteur du billet n'as pas compris que personne n'envisageait une solution de blocage fiable (difficile à contourner), à la chinoise ou à la tunisienne. L'objectif n'est pas de brimer la liberté d'expression, c'est de ne pas pouvoir accéder simplement, ou par hasard, à des pages dont le contenu est illégal en France (après, on peut débattre du principe de sites internet illégaux, mais ça n'est pas la question).
Si pour une raison ou pour une autre on veut empêcher les voitures d'accéder temporairement à une rue, on met une barrière en métal avec un sens interdit dessus, et éventuellement un petit panneau "déviation", ainsi qu'une explication ,"rue barrée pour travaux", ou "pour brocante", etc. Le billet du blog est basé sur le raisonnement suivant : "barrer une rue est antidémocratique et inutile, n'importe qui peut descendre de sa voiture et bouger la barrière, du coup, il faudrait construire une barrière en béton, et mettre des protections antichar ; il faudrait aussi mettre des filets pour éviter que les gens n'accèdent à la rue par hélicoptère. Il faudrait d'ailleurs complètement repenser l'infrastructure routière pour rendre possible le barrage de rue efficace, ça couterait super cher et ça jouerait sur la croissance et les dettes de l'État, alors il vaut mieux ne pas barrer de rue du tout". J'ai l'impression qu'on ne parle juste pas de la même chose : pour l'instant, bloquer un site revient plus ou moins à mettre un panneau "site bloqué" quand quelqu'un tente d'y accéder en cliquant sur un lien. S'il veut louer un hélico ou défoncer la barrière, techniquement, il peut. C'est juste que c'est con, c'est manifestement illégal, et c'est assez couteux pour dissuader la plupart des gens.
ne pas permettre de garder la liste des sites filtrés secrète (beaucoup de FAI a mettre dans la boucle) ou ne pas filtrer partout (rupture d'égalité devant la loi en fonction du FAI)
On s'en fout, et même, encore heureux. Tant qu'on vit en démocratie, le citoyen est en droit de connaitre les décisions de l'administration.
Jusqu'à preuve du contraire, les livres interdits de parution sont connus, etc. Je ne vois pas qui voudrait garder une telle liste secrète, et pour quelle raison.
être très peu fiable (un DNS/VPN suffit pour contourner le filtrage)
Oui, et tant mieux. N'empêche que 99% des gens qui cliqueront sur un lien dans Facebook auront la page du gouvernement, "ce site est filtré, etc". L'objectif n'est pas d'empêcher quelqu'un de motivé d'accéder à ce contenu (on n'a jamais pu empêcher quelqu'un de motivé de faire ce qu'il veut, que ça soit légal ou pas), c'est de rendre le contenu inaccessible simplement. Après, Tor, VPN à l'étranger, etc : c'est lourd, c'est lent, ça coute des sous, ça demande une logistique particulière.
Je vois ça plutôt comme l'interdiction de vente des armes. On ne peut pas acheter librement des armes (enfin ça dépend desquelles, mais en simplifiant) dans une boutique. Ça suffit pour empêcher que tous les gamins se balladent armés. Évidemment, oui, on peut en acheter sous le manteau, ou aller en acheter à l'étranger et les importer illégalement, ou passer un permis de chasse, ou braquer une armurerie, etc etc. N'empêche que c'est suffisamment compliqué pour qu'il y ait beaucoup moins d'armes en circulation en France que dans les pays où elles sont en vente libre.
Le reste du blog, avec référence à la croissance ou l'état totalitaire, fait référence à un blocage fiable (et encore, je ne vois pas comment on peut éviter le problème des VPN). Ça n'a rien à voir avec une liste d'IP à rediriger mise à jour quotidiennement. Un libraire n'a pas le droit de vendre tel ou tel livre, un FAI n'a pas le droit de répondre à telle ou telle requête, je ne vois pas la différence.
Toute la difficulté du raisonnement est de lister les raisons pour lesquels un tel filtrage ne serait pas souhaitable sans pour autant tomber dans le FUD. Et franchement, le chantage à la croissance ou à l'emploi, ça ne me parait pas très sain, comme raisonnement. Sans compter que ça cautionne le lien douteux entre croissance et progrès ; utiliser un raisonnement qu'on sait fallacieux pour soutenir son point de vue sur un autre sujet, ça me semble un peu moyen.
Sur le fond, je ne sais pas si l'argument est vraiment vrai. On peut imaginer un système assez simple où l'administration communique aux FAI une liste d'IP et/ou de noms de domaines à rediriger vers un site gouvernemental qui annonce "contenu filtré par tel service pour telle raison, contacter X si vous pensez que le blocage est injustifié". Du coup, les FAI devront bien sûr investir un peu dans une infrastructure capable de traiter ces requêtes, mais de là à traduire ça dans un retard de croissance du PIB, ça me semble assez déconnant. Les FAI ont par exemple dû investir pour répondre aux requêtes débiles de l'Hadopi, et ça m'étonnerait que ça ait couté des points de croissance au pays.
De manière générale, en première approche et de manière superficielle, les citoyens doivent s'exécuter devant les instructions de la police, dans certaines limites définies par la loi. Quand un flic dit "circulez", il faut circuler, même si on aimerait bien voir ce qui se passe. Voir ce qui se passe est un droit de citoyen, circuler est un ordre policier qui restreint (dans une certaine mesure) le droit l'aller et venir comme on veut. Du coup, un policier assermenté qui dirait "fermez ce site web", ça n'a rien de profondément choquant. Ce qui serait choquant serait l'absence de recours et de cadre juridique à une telle action.
Dans le FUD il faut raison garder, et dans l'anarchisme il faut raisonnable rester. Un contrôle routier t'a retardé et tu as raté ton avion, qui t'a empêché de signer un contrat pour ton entreprise? Oui, les contrôles routiers peuvent causer des désagréments, et ça peut même freiner la croissance. Ils peuvent te faire perdre de l'argent, du temps, et t'empêcher d'aller où tu veux quand tu veux. Dans un monde ultralibéral, on pourrait demander à la police de se faire dédommager pour les désagréments. Dans le monde réel, la police représente l'État, et a des droits spéciaux, y compris le droit de t'emêcher de diffuser des trucs illégaux. Bien sûr, les modalités sont importantes, et surtout l'existence de recours auprès du juge, mais on ne peut pas coller un juge derrière chaque flic non plus.
Mais comme c'est la seule chose vraiment importante aujourd'hui, c'est l'argument qui porte le plus
En même temps, est-ce que ça ne revient pas à cautionner l'argument? Dans la guerre des idées, adopter la rhétorique de l'adversaire est extrêmement dangereux.
Accessoirement, c'est toi qui réponds à coté : il parle de jantes "sport"
Non non, tu n'as pas compris ce qu'il voulait dire. Il voulait dire que les gens qui remplaçaient leurs jantes remplaçaient souvent des 15'' de série contre des 17'' alu, ce qui ne faisait pas gagner de poids.
la grande majorité des voitures de séries […] est aujourd'hui vendue avec des jantes en alliage.
Test fait sur "la centrale" ; citadines de 2010 de 4 à 6 CV (histoire de ne pas avoir plus de 2000 résultats, autrement on n'a pas les chiffres), mises en vente par des particuliers : 171 / 455 avec "jantes alu", soit 37%. Quand on inclut les grosses berlines (Audi, BMW, etc), on reste sous les 50%. Et encore, je pense que c'est une grosse sur-esptimation, parce que les gens qui vendent leur bagnole neuve au bout de 4 ans ne sont pas un échantillon représentatif de la population. Parmi les voitures garées devant mon boulot, moins de 20% ont des jantes apparentes (les autres ont des enjoliveurs et des trucs moches derrière). Il faudrait se poser au bord d'une route et faire le décompte pour avoir un chiffre plus précis.
Je veux bien croire que dans ton milieu social et dans ton entourage, les gens ont des jantes en alliage. Mais il faut parfois sortir de son milieu au lieu de prétendre que "la grande majorité" des voitures est dotée d'équipements luxueux. Dans le mien, les gens (qui ont les moyens) ont des Clio d'entrée de gamme. La taux de pénétration des jantes "de luxe" doit être aux alentours de 20 à 30%, à peu près pareil que la part de marché de l'iPhone, à peine plus que celle des Mac portables, etc. De là à penser que les gens qui achètent des Mac achètent aussi des bagnoles avec des jantes en alliage, il n'y a qu'un pas que je ne ferai pas parce que je n'ai pas les moyens de vérifier.
[^] # Re: Plutôt beauté du design
Posté par arnaudus . En réponse au journal "beauté du code". Évalué à 3.
Je me permets de me re-répondre, pour me contredire : ce code est une abomination mathématique, parce qu'il préfère une valeur de départ moins bonne (d'après Wikipédia, 0x5f37642f donne une meilleure valeur de départ que 0x5f3759df), pour la simple raison qu'un seul tour de Newton donne une meilleure approximation finale (!). On n'est donc dans le bricolage crado le plus total—bricolage génial, mais c'est crade du début à la fin).
[^] # Re: Plutôt beauté du design
Posté par arnaudus . En réponse au journal "beauté du code". Évalué à 1.
Je ne pense pas que la discussion porte sur cette ligne de code :-) Évidemment, si on trouve un diamant dans une crotte de chien, on peut voir le diamant, ou la crotte de chien :-)
[^] # Re: Plutôt beauté du design
Posté par arnaudus . En réponse au journal "beauté du code". Évalué à -1.
À mes yeux, dès qu'on passe dans le domaine de l'approximation, on sort des mathématiques, c'est à dire de la représentation symbolique, pour passer dans l'imperfection du monde réel.
Il peut exister des astuces mathématiques, par exemple l'accélération d'un algorithme par la recherche de solutions entières avant de passer à une résolution numérique. On pourrait même discuter de l'aspect mathématique de certaines approximations numériques (séries de Taylor, etc), qui consistent à prendre un résultat mathématique (une série infinie) et à le tronquer pour l'implémenter dans un algorithme. Mais là, l'exemple dont on parle, c'est l'exploitation d'une coïncidence numérique fortuite pour accélérer un calcul. C'est certainement ingénieux et utile, on peut même trouver ça génial, mais "beau"? Je sais bien que tous les goûts sont dans la nature, mais je pense qu'on est quand même à l'extrême limite de ce qu'un être humain peut trouver beau être atteint d'une pathologie quelconque :-)
Pour moi, ce code est aussi beau qu'un cardan de suspension. Il est probablement fonctionnel, mais il n'est pas fait pour être regardé, encore moins admiré.
[^] # Re: Plutôt beauté du design
Posté par arnaudus . En réponse au journal "beauté du code". Évalué à 1.
À mon avis, c'était à peu près le contraire de celui qui est présenté en exemple.
Certainement pas "mathématique". C'est une sorte d'heuristique algorithmique, un peu du même genre que "sin(60°) ~ e/π". Plus bricolé que ça, c'est pas possible.
[^] # Re: Les stéréotypes ont la vie dure
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Le logiciel libre dans l'éducation, regard depuis un lycée français. Évalué à 10.
Mouais, mais il y a quand même une grosse différence : une boite privée fait ce qu'elle veut avec son pognon, alors que l'administration dépense l'argent des impots des contribuables.
[^] # Re: Les stéréotypes ont la vie dure
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Le logiciel libre dans l'éducation, regard depuis un lycée français. Évalué à 10.
Ils sont tout simplement incompétents. Soit les licence sont négociées "en gros", et ils négocient pour le nombre de postes concernés (1000 ordinateurs dans un service -> 1000 licences, super, on a eu une réduction de 80% ; le fait que le logiciel ne va être déployé que sur 10 postes ne rentre absolument pas en ligne de compte), soit ils ne font que voir passer les factures, sans même se rendre compte qu'il s'agit de multiples licences pour le même logiciel.
Pourquoi la France se classe-t-elle si mal dans les évaluations de la corruption? Je n'ai jamais rencontré de flic, de juge, ou d'agent du fisc corrompu. Malgré tout le mal qu'on en dit, les fonctionnaires français restent, à ma connaissance, honnêtes et loyaux (à peu près). Par contre, c'est bien au niveau décisionnel que se concentrent à la fois l'incompétence crasse (décisions stupides qui empêchent les services de fonctionner correctement), le gaspillage, voire les décisions motivées par des raisons «extérieures».
Par exemple, je n'ai jamais compris la raison pour laquelle il est si compliqué de passer une commande publique hors marché pour une prestation identique et moins chère—typiquement, un billet de train ou une chambre d'hôtel. Les marchés lient les services de l'État à des intermédiaires souvent plus chers que les prix grand public, et, à mes yeux, rendent la corruption rentable pour les entreprises. Aucune boîte ne s'amuserait à corrompre 40000 secrétaires qui achètent une agrafeuse par an. Par contre, corrompre le mec qui décide quelle boite fournira 40000 agrafeuses à l'État, ça, c'est possible.
[^] # Re: Comme le dit si bien l'OC...
Posté par arnaudus . En réponse au journal La lecture et ses désagréments.. Évalué à 4.
Le problème, c'est qu'à part quelques exceptions (Asimov?), la physique a tendance à brider la créativité. En réalité, l'espace est un grand truc vide dans lequel, de temps en temps, tu trouves des planètes inhabitables. Un truc d'action en SF où tu mets 500 ans à rejoindre la planète voisine et où les colonies consistent en quelques dizaines de personnes vivant dans des baraques de 20 m2 pressurisées, c'est un peu chiant. Tu as vite fait le tour des ambiances de nef fermées où des générations ne vont pas poser le pied sur une planète. Si c'est pour raconter l'histoire de Boris et John coincés dans un vaisseau à la dérive, tu peux aussi les coller dans une station arctique ou dans un bateau.
Du coup, souvent, les meilleures histoires sont celles imaginées par des littéraires créatifs, qui savent écrire un roman, des personnages, faire évoluer l'intrigue, etc. Évidemment, les méchants ont le visage qui explose dans le vide, les gentils ont le temps d'éviter les rayons laser qui font "piouuu piouuuu", et tout le monde a accès à des technologies extraordinaires (genre, le voyage en vitesse-lumière) mais pas au GPS ("où me suis-je donc posé?").
[^] # Re: On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde...
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Prix Ig Nobel de 2011 à 2014. Évalué à 7.
Vu de l'intérieur, le déclencheur a été les discours de N. Sarkozy entre fin 2008 et début 2009. Plusieurs charges hyper-violentes contre les chercheurs eux-même (ils sont là parce qu'il y a du chauffage, les prix Nobel sont l'arbre qui cache la forêt, etc), et contre le système de recherche "à la française" (avec des instituts indépendants qui échappent plus ou moins au contrôle de l'État).
En parallèle, le mouvement "sauvons la recherche" n'a pas connu un énorme soutien du grand public, parce que les grèves ont été vécues comme celles de fonctionnaires corporatistes (alors que, pour une fois, ça n'était pas vraiment le cas, en tout cas, les grèvistes défendaient plutôt le status des jeunes et des précaires). En quelques années, l'image des organismes de recherche, et en particulier du CNRS, se sont dégradées très significativement, et l'image du chercheur fonctionnaire, même si elle existait probablement au sein des milieux d'ultra-droite avant ça, s'est complètement banalisée au sein du grand public.
Dans les faits, on vit une sale période pour la recherche fondamentale. De plus en plus, par exemple, les rejets des projets déposés à l'ANR se basent sur des argumentaires de type "l'utilité du projet n'est pas démontrée", ou "le projet semble trop ambitieux". Le financement va à des projets de développement, avec un fonctionnement de type projet industriel ; la recherche exploratoire, fondamentale, ou innovante, est baillonnée par un harcèlement politique, administratif, et financier.
# On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde...
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Prix Ig Nobel de 2011 à 2014. Évalué à 8.
Il y a quelque chose qui me gène dans ces prix. Bien sûr, leurs auteurs ont ajouté l'idée de "qui fait réfléchir", ce qui n'était pas du tout là au départ (en fait, les premières années, c'était plutôt un "worst-of" des journaux scientifiques pourris). Il n'y a qu'à voir le titre "IgNobel", c'est quand même assez violent. De manière générale, il s'agit quand même de se moquer d'études de recherche, pas forcément que de la recherche fondamentale d'ailleurs, qui ne semblent pas "mainstream". C'est sûr qu'avec le deuxième degré, il y a 10 ans, ça aurait été marrant. Mais l'ambiance a radicalement changé ces dernières années, au moins en France, et il existe une part très significative de la population qui iraient bien arracher le mec qui fait léviter les grenouilles de son labo pour lui demander de faire un "vrai boulot".
Du coup, je me demande si les blagues sur les chercheurs qui font des trucs rigolos qui n'intéressent qu'eux, ça n'est pas comme les blagues sur les étrangers ou les homos : on trouve tous ça super drôle, jusqu'au jour où on se rend compte que le deuxième degré n'est pas forcément évident pour tout le monde. Il y a probablement des gens qui le prennent bien, et qui vont même chercher le prix; mais il y en a certainement d'autres qui le prennent comme une forme d'insulte.
Malheureusement, j'ai l'impression qu'on vit une époque un peu triste où communiquer autour de l'importance de l'éducation, de l'investissement, de la recherche, de la culture scientifique et artistique, etc., est extrêmement difficile, et que ces efforts peuvent être détruits en quelques secondes avec une blague potache. Il faut bien doser, quoi.
[^] # Re: Mon interprétation à valider
Posté par arnaudus . En réponse au message Cas théorique GPL. Évalué à 2.
Je crois bien, oui. Par défaut, un logiciel relève de la propriété intellectuelle, et appartient à son auteur. La GPL est une liste de conditions sous lesquels l'auteur permet à des utilisateurs de faire un certain nombre de choses avec le logiciel. Si une seule clause de la GPL n'est pas respectée, la licence s'annulle, et la copie du logiciel est utilisée et redistribuée illégalement. L'auteur peut donc négocier de nouvelles conditions avec le distriubuteur en faute, par exemple en transformant la licence en licence propriétaire qui donne le droit de redistribuer sans les sources, contre de l'argent.
Je ne crois pas qu'il y ait lieu de distinguer auteur et contributeur. Le fait est que si seul un contributeur marginal attaque en justice, il pourra probablement demander moins d'argent, et il reste toujours la possibilité de retirer ses contributions pour les remplacer par du code nouveau.
[^] # Re: Mon interprétation à valider
Posté par arnaudus . En réponse au message Cas théorique GPL. Évalué à 3.
Il est dit que A édite le logiciel. Je suis d'accord pour dire que A n'est pas forcément le seul auteur. S'il existe d'autres auteurs, alors un seul d'entre eux suffit pour demander l'invalidation de la licence et le payement d'une redevance.
OK, B n'a absolument pas besoin de modifier le logiciel pour le raisonnement. Mais ça ne change rien.
Si B a les sources et qu'il ne veut pas les fournir, il ne respecte pas la licence, C le signale à A, qui peut attaquer B. Si A ne fait rien, C l'a dans l'os. En aucun cas A n'a d'obligation de fournir les sources à C. Et si B prend la responsabilité de redistribuer le binaire sans avoir les sources sous la main, il joue à Collin-Maillard au bord d'une falaise, et a fait à C des promesses qu'il n'est pas sûr de tenir.
À mon avis, la morale de l'histoire est qu'il est totalement déconseillé de redistribuer du logiciel libre sans avoir en possession la totalité des documents nécessaires au respect de la licence. Si on aime le risque, on peut aussi jouer à la roulette russe ou dégoupiller des grenades au milieu de l'Open Space ; ce n'est pas parce que ça n'a pas pété ce coup là que l'action n'était pas profondément débile.
[^] # Re: Mon interprétation à valider
Posté par arnaudus . En réponse au message Cas théorique GPL. Évalué à 2. Dernière modification le 18 septembre 2014 à 15:01.
C'est évidemment B. A ne peut pas violer la GPL s'il est le seul auteur du logiciel (ou plus exactement, il s'en fout : il peut distribuer le soft sous n'importe quelle licence).
Tu coupes les cheveux en quatre. Si B distribue le binaire sans avoir les sources en sa possession, il se met en danger permanent de violer la licence, puisqu'on peut lui demander les sources à tout moment, sources qu'il ne pourra pas fournir. Je me demande même si ça n'est pas illégal; sous certains aspects ça ressemble aux fraudes des courtiers en assurances : tant qu'il n'y a pas de sinistres, tu empoches les cotisations, sur le mode "jusqu'ici tout va bien", mais l'édifice peut s'écrouler du jour au lendemain. Ça peut même être une escroquerie ; si B vend du service autour de logiciels "libres", l'entreprise qui achète le service croit ne pas être dépendante de B ; en cas de rupture de contrat, elle s'aperçoit que B faisait tourner un fork proprio d'un LL connu (par exemple, une version "pro" non GPL vendue par l'entreprise A).
Bref, ne pas fournir les sources par défaut est une pratique tout à fait habituelle, et je n'ai jamais dit le contraire. Par contre, fournir des binaires sans avoir les sources (voire, en sachant pertinamment que les sources sont inaccessibles) est permis par la GPL, mais pas par la loi, puisque ça peut être qualifié de tromperie, voire d'escroquerie. C'est ce que j'essayais d'expliquer au-dessus : la GPL protège les auteurs d'un fork proprio, mais protège très peu les réutilisateurs de bonne foi. Ces réutilisateurs trompés, et parfois techniquement coupables de contrefaçon, devront trouver ailleurs dans la loi la raison de se retourner contre les intermédiaires peu scrupuleux ou étourdis.
[^] # Re: Mon interprétation à valider
Posté par arnaudus . En réponse au message Cas théorique GPL. Évalué à 1.
Le problème évident, c'est que personne n'a de moyens de pression sur A. En cas de violation de la licence, toutes les clauses n'annullent ; le logiciel devient la propriété de ses auteurs et ne peut plus être redistribué.
À noter une inexactitude dans l'exposé : B a le droit de ne pas demander les sources, mais n'a pas le droit de redistribuer sans les sources. Dans tous les cas, B est donc "méchant" dans cette affaire, car il a violé la licence. Il n'y a donc pas d'hypothèse où B est gentil mais un peu concon : par définition, si tu veux redistribuer un soft sous GPL, il te faut les sources.
Si A est l'auteur du logiciel et de bonne foi, le logiciel est sous GPL. A vend le logiciel à B, qui le modifie et vend l'exécutable à C. C n'a donc pas les sources. Si B ne veut pas les fournir à C, alors il annule la licence sous laquelle le logiciel lui a été vendu : il n'a plus le droit de l'utiliser. C peut donc contacter A pour lui dire que B revend le logiciel sous une autre licence, et A va pouvoir poursuivre B pour violation de licence. En pratique, il faut donc que C et A s'entendent et communiquent des informations, mais comme les deux ont à y gagner, c'est crédible. D'ailleurs, ça montre que la GPL protège surtout les auteurs, contrairement à ce qu'on entend parfois.
Par contre, si A est l'auteur et est de mauvaise foi, B étant de mauvaise foi par hypothèse, je pense que C est niqué. La GPL V3 dit "You may not propagate or modify a covered work except as expressly provided under this License. Any attempt otherwise to propagate or modify it is void, and will automatically terminate your rights under this License". En tant que C, tu ne peux pas poursuivre B pour violation de licence, puisque tu n'es pas l'auteur. Seul A peut le faire. Si A ne le fait pas, tu peux évidemment dénoncer le contrat ou la vente avec B si on t'a filé l'exécutable et la licence sans les sources. Si on ne t'a filé que l'exécutable, je pense que tu es niqué aussi, puisqu'il est difficile de prouver que le logiciel est bien sous GPL, et que de toutes manières ça ne te regarde pas vu que c'est A qui est lésé.
Quelque part, ça justifie tout à fait la paranoïa des distributions sur les licences, puisqu'en cas d'erreur, c'est l'intermédiaire qui est responsable. Le logiciel libre repose pas mal sur la confiance ; si tu veux distribuer des copies du logiciel, il faut à tout prix s'assurer que le logiciel est "propre". Parce que s'il contient du code proprio ou des trucs pas clairs, tes utilisateurs pourront être poursuivis, et ils risquent de se retourner (à raison) contre toi. C'est d'ailleurs un truc qui m'a toujours gonflé quand je participais à Wikipédia ; l'insouciance de beaucoup de contributeurs sur les licences du fait de l'absence de risque pour Wikipédia, en méprisant totalement les risques encourus par les réutilisateurs potentiels. Typiquement, l'utilisation d'une image protégée par le droit d'auteur, ou sous licence pas très claire (auteur et date inconnus, par exemple). L'argument, c'est de dire que personne n'attaquera Wikipédia (organisme non lucratif, etc) et qu'un accord sera toujours possible. Le problème, évidemment, c'est que quelqu'un peut de bonne foi réutiliser cette image sous licence apparemment libre, dans un contexte tout à fait différent (par exemple, dans une publicité), et que la personne qui aura fait la grossière erreur de mettre sous licence libre un document non-libre n'aura aucun problème, alors que la personne qui va devoir se défendre au tribunal sera de bonne foi. C'est un peu comme si on punissait le recel sans punir le vol.
[^] # Re: Amen
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 3.
Bah il n'y a pas besoin de loi, alors. La police a tout à fait les moyens de poursuive les associations de malfaiteurs qui projettent des attentats : on demande les logs à Facebook, et on défonce les portes à 6h du mat. Ça serait complètement con de bloquer ces plate-formes quasi-publiques pour forcer les pseudo-terroristes à passer par des VPN.
[^] # Re: Amen
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 3.
Les personnes concernées sont des ados désocialisés qui consultent ces sites sur leurs smartphones. Tu es capable en 10 secondes d'afficher sur un smartphone un site hébergé sur un serveur dont l'IP est bloquée par l'opérateur?
Je ne vois pas ce que ça a à voir avec le blocage. Ou alors, c'est seulement indirect : si Twitter peut être bloqué s'il ne se soumet pas aux requêtes de l'administration, alors il va falloir qu'il se soumette aux requêtes de l'administration. Mais encore une fois, ça me semble complètement débile pour un terroriste de passer par ces plateformes : la plupart sont publiques, et même si les conversations sont privées, le site a les logs de connexion, et pourra les transmettre à la justice sur simple requête.
[^] # Re: Amen
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 2. Dernière modification le 17 septembre 2014 à 10:31.
Tu as un raisonnement de technicien. Malpoli, aussi, mais ça n'a rien à voir. En politique, l'efficacité d'une mesure est relative à ses résultats vis à vis de l'objectif poursuivi. Quel est l'objectif? On ne veut pas empêcher les terroristes de communiquer entre eux. On veut empêcher les terroristes de communiquer avec les non-terroristes, pour éviter le recrutement et la diffusion d'idées qui tombent sous le coup de la loi française (encore une fois, la légitimité de lois empêchant la diffusion d'idées est une autre question et un autre combat). Il suffit pour ça de rendre les sites inaccessibles sur un ordinateur non-configuré spécialement pour accéder à un site particulier. Un DSN "menteur" (pour moi, un DNS qui renvoie sur une page officielle de l'État ou du FAI n'est pas "menteur", c'est juste un DNS avec une blacklist, mais bon) fait très bien l'affaire. Proxy, DPI, c'est idiot, et les coûts associés sont hors de proportion avec l'objectif.
En technicien, tu essayes d'analyser le problème comme "comment empecher un individu motivé et compétent d'accéder à un serveur quelque part sur la planète à partir du territoire français", et ça, évidemment, c'est très compliqué, très couteux, et probablement même impossible—je ne vois pas comment on peut empêcher quelqu'un de configurer un proxy à l'étranger pour qu'il renvoie le contenu encodé d'un site terrorriste quand tu lui demandes bisounours.com.
Si c'était vrai, il n'y aurait pas de problème. Ces gros sites répondent très rapidement à la demande des autorités locales, car il y a des enjeux financiers énormes. Si Youtube peut te donner du "cette vidéo n'est pas accessible de votre pays" pour des raisons de copyright, il peut aussi te le faire sur ordre des autorités locales. De toutes manières, il n'y a pas plus filtré que ces plateformes ; les seuls trucs que tu peux y trouver sont les cas borderline, qui tombent sous le coup de la liberté d'expression aux US mais pas en France par exemple (appel au Boycott, propos racistes…). Je ne vois pas trop les recruteurs planifier officiellement les départs vers la Syrie sur Facebook, même avec leur niveau d'incompétence, les administrations françaises seraient capables de suivre d'heure en heure les plans machiavéliques des méchants terroristes! Aucun intérêt de couper de tels canaux d'information en clair.
[^] # Re: licence ?
Posté par arnaudus . En réponse au journal Le prix des carburants enfin en OpenData. Évalué à 10.
C'est toujours le même problème : ils demandent de l'argent, mais sur quelle base? L'arrêté du 28 février 2013 fait référence au décret n°2006-420, qui dit:
Consultation, on voit ce que c'est : on paye pour avoir accès à la base. Là, ça n'est pas le cas, puisque les données sont accessibles. On est donc dans les cas de location ou de cession des bases—ça ressemble à du charabia pour dire "licence d'utilisation", puisque l'idée de louer ou de céder une base de données est complètement conne ; il est évident qu'on fournira une copie, pas le disque dur avec l'original. Pour une licence, il faut que le contenu soit protégé par le droit d'auteur, et pour les bases de données, c'est tendu. En effet, les données elles mêmes ne sont pas protégées, c'est la base qui l'est : sa structure et son exhaustivité. Pour protéger la structure, il faut pouvoir démontrer son originalité ; or, ici, c'est pas évident du tout : on a un fichier xml avec des champs, et les champs sont triviaux. N'importe qui devant faire une base de données des prix à la pompe mettrait un champ "Identifiant", "Adresse", "Gazole", "SP95", etc. Bref, la seule protection légale de la base de données est une protection contre l'aspiration d'une partie substantielle de la base. Exit donc l'application pour smartphone qui te donne l'historique des 10 stations autour de tes coordonnées GPS, mais quid du mec qui regarde les prix à la pompe de la station où il fait le plein régulièrement? Objectivement, une station service n'est pas une partie substantielle de la base.
Je trouve hallucinant que les services de l'État recourent systématiquement à des pseudo-arnaques juridiques pour essayer de faire raquer le citoyen en échange de données du domaine public. Je me rappelle d'une discussion à propos d'une bibliothèque mettant à disposition des pdf scannés de documents anciens, et souhaitant percevoir des droits de réutilisation sur ces pdf en se basant sur la loi permettant aux communes de demander des sous aux cafetiers en échange de l'utilisation de l'espace public en tant que terrasse. On est dans du pur délire ; le code de la propriété intellectuelle définit très précisément les conditions dans lesquelles l'auteur d'une œuvre (ou d'une base de données pour les droits voisins)—et pas son propriétaire!—peuvent faire valoir des droits patrimoniaux, et quand il ne peut pas. Essayer d'inventer des lois qui n'existent pas ressemble furieusement à des tentatives d'escroquerie.
[^] # Re: Amen
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 4.
Qui dit que l'État n'empêche pas des livres de sortir sans respecter les procédures judiciaires? Qui dit que l'État ne quidnappe pas des quidams et les torture à mort pour connaitre les secrets industriels des voisins? Qui dit que l'État ne traffique pas les bases de données de la sécu pour que certains fonctionnaires soient couverts à 120%?
Ceci dit, l'argument de la dangerosité extrême de quelques sites, même si je n'y crois pas, pourrait très bien être géré d'une manière simple : les FAI pourraient publier les requêtes administratives, et pas les requêtes en provenance d'un magistrat.
Mais bon, on est exactement dans le même cas de figure que le secret défense, où parfois ce n'est pas seulement le contenu d'un document ou d'une information qui est protégée, mais son existence même. Il y a une opposition générale entre les administrations et les services de renseignement, et la justice et la société civile, à ce propos. L'existence du secret du secret est un vrai péril pour la démocratie, alors que le secret défense est, pour la plupart des gens, légitime dans certaines circonstances.
[^] # Re: Amen
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 6.
Ça c'est un autre problème. Visiblement, les députés sont toujours très inquiets quand il s'agit de dévoiler des "secrets-défense" tels que les entreprises en affaires avec le ministère de la défense, ou l'assujétissement à l'ISF des membres de leur famille. Par contre, visiblement, ils prennent avec beaucoup plus de légèreté le fait de divulguer contre rétribution la base de données des cartes grises, avec numéro de modèle, numéro d'immatriculation, nom et adresse du propriétaire du véhicule. Le concept de divulgation des données stockées par l'État semble donc à géométrie variable.
En ce qui concerne cette affaire en particulier, j'ai peur que le point de blocage ne soit pas vraiment les députés, mais les administrations impliquées, qui ont déja par le passé démontré leur incompétence numérique et leur paranoïa profonde.
Franchement, si j'étais un service de police, je la divulguerais cette liste, et j'y incluerais des fakes qui me font clignotter une icone sur mon bureau quand un zigue essaye de s'y connecter. Autant il est impossible de scanner internet à la recherche de vilains pédopornophiles, autant il semble beaucoup plus envisageable de collecter des données via des gars qui se feraient la liste des sites bloqués pour pornographie infantile, par exemple.
[^] # Re: Amen
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 1.
Mouais, enfin, je ne vois pas en quoi une telle liste présenterait un intérêt pour les gens souhaitant accéder à de tels sites. Tu n'est pas obligé de publier l'url, ni de faire une classification par activité—les statistiques peuvent bien être anonymisées. Et quand tu es un vilain terroriste ou pédo-nazi, ça m'étonnerait que tu aies besoin d'un log du ministère de l'intérieur pour trouver ce qui t'intéresse…
Si tu penses qu'une telle info doit rester secrète, alors je pense que c'est de la parano totale. C'est quand même la moindre des choses d'être au courant des actions de l'administration de l'État.
[^] # Re: Amen
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 4.
Bah je l'ai lu avant de poster mon commentaire, et je ne vois pas ce que je n'aurais pas compris. L'auteur du billet dit en gros qu'un filtrage fiable demanderait de lourds investissements et une modification de la structure du réseau, que ça couterait des sous, gênerait la croissance du réseau, et donc la croissance de l'économie. Ça me semble assez clair.
À mon avis, l'auteur du billet n'as pas compris que personne n'envisageait une solution de blocage fiable (difficile à contourner), à la chinoise ou à la tunisienne. L'objectif n'est pas de brimer la liberté d'expression, c'est de ne pas pouvoir accéder simplement, ou par hasard, à des pages dont le contenu est illégal en France (après, on peut débattre du principe de sites internet illégaux, mais ça n'est pas la question).
Si pour une raison ou pour une autre on veut empêcher les voitures d'accéder temporairement à une rue, on met une barrière en métal avec un sens interdit dessus, et éventuellement un petit panneau "déviation", ainsi qu'une explication ,"rue barrée pour travaux", ou "pour brocante", etc. Le billet du blog est basé sur le raisonnement suivant : "barrer une rue est antidémocratique et inutile, n'importe qui peut descendre de sa voiture et bouger la barrière, du coup, il faudrait construire une barrière en béton, et mettre des protections antichar ; il faudrait aussi mettre des filets pour éviter que les gens n'accèdent à la rue par hélicoptère. Il faudrait d'ailleurs complètement repenser l'infrastructure routière pour rendre possible le barrage de rue efficace, ça couterait super cher et ça jouerait sur la croissance et les dettes de l'État, alors il vaut mieux ne pas barrer de rue du tout". J'ai l'impression qu'on ne parle juste pas de la même chose : pour l'instant, bloquer un site revient plus ou moins à mettre un panneau "site bloqué" quand quelqu'un tente d'y accéder en cliquant sur un lien. S'il veut louer un hélico ou défoncer la barrière, techniquement, il peut. C'est juste que c'est con, c'est manifestement illégal, et c'est assez couteux pour dissuader la plupart des gens.
[^] # Re: Amen
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 2.
On s'en fout, et même, encore heureux. Tant qu'on vit en démocratie, le citoyen est en droit de connaitre les décisions de l'administration.
Jusqu'à preuve du contraire, les livres interdits de parution sont connus, etc. Je ne vois pas qui voudrait garder une telle liste secrète, et pour quelle raison.
Oui, et tant mieux. N'empêche que 99% des gens qui cliqueront sur un lien dans Facebook auront la page du gouvernement, "ce site est filtré, etc". L'objectif n'est pas d'empêcher quelqu'un de motivé d'accéder à ce contenu (on n'a jamais pu empêcher quelqu'un de motivé de faire ce qu'il veut, que ça soit légal ou pas), c'est de rendre le contenu inaccessible simplement. Après, Tor, VPN à l'étranger, etc : c'est lourd, c'est lent, ça coute des sous, ça demande une logistique particulière.
Je vois ça plutôt comme l'interdiction de vente des armes. On ne peut pas acheter librement des armes (enfin ça dépend desquelles, mais en simplifiant) dans une boutique. Ça suffit pour empêcher que tous les gamins se balladent armés. Évidemment, oui, on peut en acheter sous le manteau, ou aller en acheter à l'étranger et les importer illégalement, ou passer un permis de chasse, ou braquer une armurerie, etc etc. N'empêche que c'est suffisamment compliqué pour qu'il y ait beaucoup moins d'armes en circulation en France que dans les pays où elles sont en vente libre.
Le reste du blog, avec référence à la croissance ou l'état totalitaire, fait référence à un blocage fiable (et encore, je ne vois pas comment on peut éviter le problème des VPN). Ça n'a rien à voir avec une liste d'IP à rediriger mise à jour quotidiennement. Un libraire n'a pas le droit de vendre tel ou tel livre, un FAI n'a pas le droit de répondre à telle ou telle requête, je ne vois pas la différence.
[^] # Re: Amen
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 10.
Toute la difficulté du raisonnement est de lister les raisons pour lesquels un tel filtrage ne serait pas souhaitable sans pour autant tomber dans le FUD. Et franchement, le chantage à la croissance ou à l'emploi, ça ne me parait pas très sain, comme raisonnement. Sans compter que ça cautionne le lien douteux entre croissance et progrès ; utiliser un raisonnement qu'on sait fallacieux pour soutenir son point de vue sur un autre sujet, ça me semble un peu moyen.
Sur le fond, je ne sais pas si l'argument est vraiment vrai. On peut imaginer un système assez simple où l'administration communique aux FAI une liste d'IP et/ou de noms de domaines à rediriger vers un site gouvernemental qui annonce "contenu filtré par tel service pour telle raison, contacter X si vous pensez que le blocage est injustifié". Du coup, les FAI devront bien sûr investir un peu dans une infrastructure capable de traiter ces requêtes, mais de là à traduire ça dans un retard de croissance du PIB, ça me semble assez déconnant. Les FAI ont par exemple dû investir pour répondre aux requêtes débiles de l'Hadopi, et ça m'étonnerait que ça ait couté des points de croissance au pays.
De manière générale, en première approche et de manière superficielle, les citoyens doivent s'exécuter devant les instructions de la police, dans certaines limites définies par la loi. Quand un flic dit "circulez", il faut circuler, même si on aimerait bien voir ce qui se passe. Voir ce qui se passe est un droit de citoyen, circuler est un ordre policier qui restreint (dans une certaine mesure) le droit l'aller et venir comme on veut. Du coup, un policier assermenté qui dirait "fermez ce site web", ça n'a rien de profondément choquant. Ce qui serait choquant serait l'absence de recours et de cadre juridique à une telle action.
Dans le FUD il faut raison garder, et dans l'anarchisme il faut raisonnable rester. Un contrôle routier t'a retardé et tu as raté ton avion, qui t'a empêché de signer un contrat pour ton entreprise? Oui, les contrôles routiers peuvent causer des désagréments, et ça peut même freiner la croissance. Ils peuvent te faire perdre de l'argent, du temps, et t'empêcher d'aller où tu veux quand tu veux. Dans un monde ultralibéral, on pourrait demander à la police de se faire dédommager pour les désagréments. Dans le monde réel, la police représente l'État, et a des droits spéciaux, y compris le droit de t'emêcher de diffuser des trucs illégaux. Bien sûr, les modalités sont importantes, et surtout l'existence de recours auprès du juge, mais on ne peut pas coller un juge derrière chaque flic non plus.
[^] # Re: Amen
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 5.
En même temps, est-ce que ça ne revient pas à cautionner l'argument? Dans la guerre des idées, adopter la rhétorique de l'adversaire est extrêmement dangereux.
[^] # Re: "Au final, ce sont les fanboys qui ont dû être bien déçus…"
Posté par arnaudus . En réponse au journal Et comme prévu, ça a fait... pffffuit. Évalué à 4.
Non non, tu n'as pas compris ce qu'il voulait dire. Il voulait dire que les gens qui remplaçaient leurs jantes remplaçaient souvent des 15'' de série contre des 17'' alu, ce qui ne faisait pas gagner de poids.
Test fait sur "la centrale" ; citadines de 2010 de 4 à 6 CV (histoire de ne pas avoir plus de 2000 résultats, autrement on n'a pas les chiffres), mises en vente par des particuliers : 171 / 455 avec "jantes alu", soit 37%. Quand on inclut les grosses berlines (Audi, BMW, etc), on reste sous les 50%. Et encore, je pense que c'est une grosse sur-esptimation, parce que les gens qui vendent leur bagnole neuve au bout de 4 ans ne sont pas un échantillon représentatif de la population. Parmi les voitures garées devant mon boulot, moins de 20% ont des jantes apparentes (les autres ont des enjoliveurs et des trucs moches derrière). Il faudrait se poser au bord d'une route et faire le décompte pour avoir un chiffre plus précis.
Je veux bien croire que dans ton milieu social et dans ton entourage, les gens ont des jantes en alliage. Mais il faut parfois sortir de son milieu au lieu de prétendre que "la grande majorité" des voitures est dotée d'équipements luxueux. Dans le mien, les gens (qui ont les moyens) ont des Clio d'entrée de gamme. La taux de pénétration des jantes "de luxe" doit être aux alentours de 20 à 30%, à peu près pareil que la part de marché de l'iPhone, à peine plus que celle des Mac portables, etc. De là à penser que les gens qui achètent des Mac achètent aussi des bagnoles avec des jantes en alliage, il n'y a qu'un pas que je ne ferai pas parce que je n'ai pas les moyens de vérifier.