arnaudus a écrit 5314 commentaires

  • [^] # Re: Un format plus ouvert

    Posté par  . En réponse au journal PDF d'un site de l'administration illisible. Évalué à 7.

    Non, je ne suis pas sûr que le format PDF soit conçu comme un format non-modifiable. C'est toi qui l'interprètes comme ça.

  • [^] # Re: Non merci

    Posté par  . En réponse au journal Coup de gueule : il devrait être obligatoire d'avoir une boîte aux lettres. Évalué à 10.

    Cf la loi du 31 février 1977, qui punit de 20 ans de prison et 40000€ d'amende le fait de toucher un véhicule. La bagnole c'est sacré.

  • [^] # Re: Plutôt beauté du design

    Posté par  . En réponse au journal "beauté du code". Évalué à 2.

    Plus ou moins celle de Wikipédia, je pense : "Les mathématiques sont un ensemble de connaissances abstraites résultant de raisonnements logiques appliqués à divers objets tels que les nombres, les figures, les structures et les transformations." […] "Les mathématiques se distinguent des autres sciences par un rapport particulier au réel car l'observation et l'expérience ne s'y portent pas sur des objets physiques".

    Je veux bien concevoir que tout problème numérique déterministe peut être formalisé sous forme de question à l'apparence mathématique : "à combien de décimales doit-on tronquer le cube d'un nombre en virgule flottante codé en binaire sur une architecture 64 bits pour s'assurer d'une erreur relative inférieure à 10-10 a nécessairement une réponse, trouver cette réponse nécessite d'utiliser des outils mathématiques, mais ça revient à dire que le calcul du brut imposable sur une fiche de paye relève des mathématiques, ou que n'importe quel bout de code est mathématique par nature.

    Pour être un peu plus clair, je considère que

    const double pi = 333./106.;

    est une astuce numérique, alors que

    const double pi = 6*asin(0.5);

    est une astuce mathématique. Je n'essaye même pas de faire un classement entre les deux, c'est juste que quand on parle de beau code, les astuces mathématiques me semblent plus élégantes que les astuces numériques (même si elles sont moins optimales, par exemple).

  • [^] # Re: Plutôt beauté du design

    Posté par  . En réponse au journal "beauté du code". Évalué à 4.

    On a le droit de ne pas aimer le calcul numérique, mais pas de le dire comme ça!

    Beuh, je n'ai jamais dit que je n'aimais pas le calcul numérique, c'est même le contraire, et j'en fais tous les jours. C'est juste que ce n'est pas des mathématiques. Le travail mathématique, c'est de défnir par exemple les équations récursives, de montrer qu'elles convergent, que le résultat est unique et défini, que les fonctions sont dérivables, etc. Mais l'implémentation de ces méthodes et leur utilisation, c'est de l'algorithmique ou de l'informatique, mais je ne comprends pas où est le travail mathématique là-dedans!

    Après, les mathématiciens peuvent évidemment utiliser eux-mêmes des méthodes numériques dans leur boulot, mais ça ne donne pas magiquement une dimension mathématique à un algorithme…

  • [^] # Re: Lire le cours

    Posté par  . En réponse au message Debutant demande aide. Évalué à 6.

    Il faut reconnaitre que si tu arrives en 3 ans de passer du stade "euh, j'ai ouvert un terminal et c'est tout noir" à "bosser à la NASA", tu n'es pas la moitié d'un con. Mais vu que d'après mon expérience la distribution des capacités cognitives dans les écoles d'ingé est à peu près identique à celle de la population générale (sans considérer les effets délétères de l'alcool), ce genre de formation doit s'accompagner d'un taux d'échec avoisinant les 98%. Parmi les hypothèses alternatives : (a) l'OP n'est pas représentatif de la population d'étudiants de l'école, (b) ils enterrent des gens sous le parking et ils les remplacent par des clones androïdes, (c) ils embauchent n'importe qui à la NASA.

  • [^] # Re: Les stéréotypes ont la vie dure

    Posté par  . En réponse à la dépêche Le logiciel libre dans l'éducation, regard depuis un lycée français. Évalué à 6.

    Comme dit plus haut, c'est de l'argent public, donc à partir d'un certain montant il faudra faire un marché.

    "It's not a bug, it's a feature".

    Les marchés sont basés sur un cahier des charges rédigé par l'administration et contenant des critères objectifs dont le prix fait partie.

    Pipopipo. Ça peut se défendre pour un fournisseur, mais pas pour un intermédiaire. Quand tu commandes un billet d'avion, le marché n'est pas donné à Air France, mais à une agence de voyage Tartempion qui te fournir un site web équivalent à celui des comparateurs de prix, et qui te forwarde l'email qu'Air France t'envoie pour confirmer ton ticket électronique. Et qui te facture plus cher que ne l'aurait fait Air France.

    Cette procédure vise justement à éviter les arrangements entre amis et à favoriser la concurrence

    C'est exactement ça que je conteste. Encore une fois, il est beaucoup plus facile de truquer un marché en corrompant les quelques décideurs de la commission, plutôt que de corrompre individuellement des dizaines de milliers de fonctionnaires, dont la plupart sont zélés, et dont tu peux être sûr que l'un va finir par te dénoncer.

    Si tu laisses toutes les gendarmeries de France commander leurs talkie-walkie chez le fournisseur de leur choix, tu vas avoir peu de problèmes : d'une part, les budgets étant limités, les agents font des choix rationnels ; d'autre part, les problèmes, s'il y en a, vont être extrêmement localisés. Au contraire, si tu forces tout le monde à acheter chez un fournisseur unique, tout le processus repose sur l'attribution du marché, qui est beaucoup plus facile à contrôler pour un industriel.

    Je ne conteste pas l'idée de marché public. Il me semble tout à fait normal que l'argent public soit dépensé en toute transparence. Le problème, c'est que les marchés sont réservés aux grosses entreprises, et que l'attribution de certains marchés est totalement incompréhensible, couteuse, et totalement contre-productive. Les marchés nationaux rendent tout à fait possible la corruption à large échelle, chose qui est impossible avec les marchés locaux. Et l'enfer administratif et juridique associé aux marchés créent des milliers de "bullshit jobs", ces boulots débiles de gratte-papier, à la fois dans l'administration publique et dans les entreprises, qui coûtent ces fameux points de croissance qu'on recherche partout, sauf là où il faut les trouver.

  • [^] # Re: Plutôt beauté du design

    Posté par  . En réponse au journal "beauté du code". Évalué à 3.

    Je me permets de me re-répondre, pour me contredire : ce code est une abomination mathématique, parce qu'il préfère une valeur de départ moins bonne (d'après Wikipédia, 0x5f37642f donne une meilleure valeur de départ que 0x5f3759df), pour la simple raison qu'un seul tour de Newton donne une meilleure approximation finale (!). On n'est donc dans le bricolage crado le plus total—bricolage génial, mais c'est crade du début à la fin).

  • [^] # Re: Plutôt beauté du design

    Posté par  . En réponse au journal "beauté du code". Évalué à 1.

    Je ne pense pas que la discussion porte sur cette ligne de code :-) Évidemment, si on trouve un diamant dans une crotte de chien, on peut voir le diamant, ou la crotte de chien :-)

  • [^] # Re: Plutôt beauté du design

    Posté par  . En réponse au journal "beauté du code". Évalué à -1.

    À mes yeux, dès qu'on passe dans le domaine de l'approximation, on sort des mathématiques, c'est à dire de la représentation symbolique, pour passer dans l'imperfection du monde réel.

    Il peut exister des astuces mathématiques, par exemple l'accélération d'un algorithme par la recherche de solutions entières avant de passer à une résolution numérique. On pourrait même discuter de l'aspect mathématique de certaines approximations numériques (séries de Taylor, etc), qui consistent à prendre un résultat mathématique (une série infinie) et à le tronquer pour l'implémenter dans un algorithme. Mais là, l'exemple dont on parle, c'est l'exploitation d'une coïncidence numérique fortuite pour accélérer un calcul. C'est certainement ingénieux et utile, on peut même trouver ça génial, mais "beau"? Je sais bien que tous les goûts sont dans la nature, mais je pense qu'on est quand même à l'extrême limite de ce qu'un être humain peut trouver beau être atteint d'une pathologie quelconque :-)

    Pour moi, ce code est aussi beau qu'un cardan de suspension. Il est probablement fonctionnel, mais il n'est pas fait pour être regardé, encore moins admiré.

  • [^] # Re: Plutôt beauté du design

    Posté par  . En réponse au journal "beauté du code". Évalué à 1.

    Je ne sais pas ce que l'auteur de la dépêche avait en tête en parlant de beau code.

    À mon avis, c'était à peu près le contraire de celui qui est présenté en exemple.

    Là tu présentes une astuce mathématique

    Certainement pas "mathématique". C'est une sorte d'heuristique algorithmique, un peu du même genre que "sin(60°) ~ e/π". Plus bricolé que ça, c'est pas possible.

  • [^] # Re: Les stéréotypes ont la vie dure

    Posté par  . En réponse à la dépêche Le logiciel libre dans l'éducation, regard depuis un lycée français. Évalué à 10.

    Mouais, mais il y a quand même une grosse différence : une boite privée fait ce qu'elle veut avec son pognon, alors que l'administration dépense l'argent des impots des contribuables.

  • [^] # Re: Les stéréotypes ont la vie dure

    Posté par  . En réponse à la dépêche Le logiciel libre dans l'éducation, regard depuis un lycée français. Évalué à 10.

    Ils sont tout simplement incompétents. Soit les licence sont négociées "en gros", et ils négocient pour le nombre de postes concernés (1000 ordinateurs dans un service -> 1000 licences, super, on a eu une réduction de 80% ; le fait que le logiciel ne va être déployé que sur 10 postes ne rentre absolument pas en ligne de compte), soit ils ne font que voir passer les factures, sans même se rendre compte qu'il s'agit de multiples licences pour le même logiciel.

    Pourquoi la France se classe-t-elle si mal dans les évaluations de la corruption? Je n'ai jamais rencontré de flic, de juge, ou d'agent du fisc corrompu. Malgré tout le mal qu'on en dit, les fonctionnaires français restent, à ma connaissance, honnêtes et loyaux (à peu près). Par contre, c'est bien au niveau décisionnel que se concentrent à la fois l'incompétence crasse (décisions stupides qui empêchent les services de fonctionner correctement), le gaspillage, voire les décisions motivées par des raisons «extérieures».

    Par exemple, je n'ai jamais compris la raison pour laquelle il est si compliqué de passer une commande publique hors marché pour une prestation identique et moins chère—typiquement, un billet de train ou une chambre d'hôtel. Les marchés lient les services de l'État à des intermédiaires souvent plus chers que les prix grand public, et, à mes yeux, rendent la corruption rentable pour les entreprises. Aucune boîte ne s'amuserait à corrompre 40000 secrétaires qui achètent une agrafeuse par an. Par contre, corrompre le mec qui décide quelle boite fournira 40000 agrafeuses à l'État, ça, c'est possible.

  • [^] # Re: Comme le dit si bien l'OC...

    Posté par  . En réponse au journal La lecture et ses désagréments.. Évalué à 4.

    Le problème, c'est qu'à part quelques exceptions (Asimov?), la physique a tendance à brider la créativité. En réalité, l'espace est un grand truc vide dans lequel, de temps en temps, tu trouves des planètes inhabitables. Un truc d'action en SF où tu mets 500 ans à rejoindre la planète voisine et où les colonies consistent en quelques dizaines de personnes vivant dans des baraques de 20 m2 pressurisées, c'est un peu chiant. Tu as vite fait le tour des ambiances de nef fermées où des générations ne vont pas poser le pied sur une planète. Si c'est pour raconter l'histoire de Boris et John coincés dans un vaisseau à la dérive, tu peux aussi les coller dans une station arctique ou dans un bateau.

    Du coup, souvent, les meilleures histoires sont celles imaginées par des littéraires créatifs, qui savent écrire un roman, des personnages, faire évoluer l'intrigue, etc. Évidemment, les méchants ont le visage qui explose dans le vide, les gentils ont le temps d'éviter les rayons laser qui font "piouuu piouuuu", et tout le monde a accès à des technologies extraordinaires (genre, le voyage en vitesse-lumière) mais pas au GPS ("où me suis-je donc posé?").

  • [^] # Re: On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde...

    Posté par  . En réponse à la dépêche Prix Ig Nobel de 2011 à 2014. Évalué à 7.

    D'où ça sort que maintenant les gens n'aiment pas les chercheurs ?

    Vu de l'intérieur, le déclencheur a été les discours de N. Sarkozy entre fin 2008 et début 2009. Plusieurs charges hyper-violentes contre les chercheurs eux-même (ils sont là parce qu'il y a du chauffage, les prix Nobel sont l'arbre qui cache la forêt, etc), et contre le système de recherche "à la française" (avec des instituts indépendants qui échappent plus ou moins au contrôle de l'État).

    En parallèle, le mouvement "sauvons la recherche" n'a pas connu un énorme soutien du grand public, parce que les grèves ont été vécues comme celles de fonctionnaires corporatistes (alors que, pour une fois, ça n'était pas vraiment le cas, en tout cas, les grèvistes défendaient plutôt le status des jeunes et des précaires). En quelques années, l'image des organismes de recherche, et en particulier du CNRS, se sont dégradées très significativement, et l'image du chercheur fonctionnaire, même si elle existait probablement au sein des milieux d'ultra-droite avant ça, s'est complètement banalisée au sein du grand public.

    Dans les faits, on vit une sale période pour la recherche fondamentale. De plus en plus, par exemple, les rejets des projets déposés à l'ANR se basent sur des argumentaires de type "l'utilité du projet n'est pas démontrée", ou "le projet semble trop ambitieux". Le financement va à des projets de développement, avec un fonctionnement de type projet industriel ; la recherche exploratoire, fondamentale, ou innovante, est baillonnée par un harcèlement politique, administratif, et financier.

  • # On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde...

    Posté par  . En réponse à la dépêche Prix Ig Nobel de 2011 à 2014. Évalué à 8.

    Il y a quelque chose qui me gène dans ces prix. Bien sûr, leurs auteurs ont ajouté l'idée de "qui fait réfléchir", ce qui n'était pas du tout là au départ (en fait, les premières années, c'était plutôt un "worst-of" des journaux scientifiques pourris). Il n'y a qu'à voir le titre "IgNobel", c'est quand même assez violent. De manière générale, il s'agit quand même de se moquer d'études de recherche, pas forcément que de la recherche fondamentale d'ailleurs, qui ne semblent pas "mainstream". C'est sûr qu'avec le deuxième degré, il y a 10 ans, ça aurait été marrant. Mais l'ambiance a radicalement changé ces dernières années, au moins en France, et il existe une part très significative de la population qui iraient bien arracher le mec qui fait léviter les grenouilles de son labo pour lui demander de faire un "vrai boulot".

    Du coup, je me demande si les blagues sur les chercheurs qui font des trucs rigolos qui n'intéressent qu'eux, ça n'est pas comme les blagues sur les étrangers ou les homos : on trouve tous ça super drôle, jusqu'au jour où on se rend compte que le deuxième degré n'est pas forcément évident pour tout le monde. Il y a probablement des gens qui le prennent bien, et qui vont même chercher le prix; mais il y en a certainement d'autres qui le prennent comme une forme d'insulte.

    Malheureusement, j'ai l'impression qu'on vit une époque un peu triste où communiquer autour de l'importance de l'éducation, de l'investissement, de la recherche, de la culture scientifique et artistique, etc., est extrêmement difficile, et que ces efforts peuvent être détruits en quelques secondes avec une blague potache. Il faut bien doser, quoi.

  • [^] # Re: Mon interprétation à valider

    Posté par  . En réponse au message Cas théorique GPL. Évalué à 2.

    Est-ce que tu veux dire que seul un auteur peut légalement agir en cas de violation de la licence ?

    Je crois bien, oui. Par défaut, un logiciel relève de la propriété intellectuelle, et appartient à son auteur. La GPL est une liste de conditions sous lesquels l'auteur permet à des utilisateurs de faire un certain nombre de choses avec le logiciel. Si une seule clause de la GPL n'est pas respectée, la licence s'annulle, et la copie du logiciel est utilisée et redistribuée illégalement. L'auteur peut donc négocier de nouvelles conditions avec le distriubuteur en faute, par exemple en transformant la licence en licence propriétaire qui donne le droit de redistribuer sans les sources, contre de l'argent.

    Je ne crois pas qu'il y ait lieu de distinguer auteur et contributeur. Le fait est que si seul un contributeur marginal attaque en justice, il pourra probablement demander moins d'argent, et il reste toujours la possibilité de retirer ses contributions pour les remplacer par du code nouveau.

  • [^] # Re: Mon interprétation à valider

    Posté par  . En réponse au message Cas théorique GPL. Évalué à 3.

    Ce n'est absolument pas évident. Tu pars de l'hypothèse forte que A est l'auteur du dit logiciel.

    Il est dit que A édite le logiciel. Je suis d'accord pour dire que A n'est pas forcément le seul auteur. S'il existe d'autres auteurs, alors un seul d'entre eux suffit pour demander l'invalidation de la licence et le payement d'une redevance.

    Comment B peut modifier le logiciel s'il n'a pas les sources?

    OK, B n'a absolument pas besoin de modifier le logiciel pour le raisonnement. Mais ça ne change rien.

    Si B a les sources et qu'il ne veut pas les fournir, il ne respecte pas la licence, C le signale à A, qui peut attaquer B. Si A ne fait rien, C l'a dans l'os. En aucun cas A n'a d'obligation de fournir les sources à C. Et si B prend la responsabilité de redistribuer le binaire sans avoir les sources sous la main, il joue à Collin-Maillard au bord d'une falaise, et a fait à C des promesses qu'il n'est pas sûr de tenir.

    À mon avis, la morale de l'histoire est qu'il est totalement déconseillé de redistribuer du logiciel libre sans avoir en possession la totalité des documents nécessaires au respect de la licence. Si on aime le risque, on peut aussi jouer à la roulette russe ou dégoupiller des grenades au milieu de l'Open Space ; ce n'est pas parce que ça n'a pas pété ce coup là que l'action n'était pas profondément débile.

  • [^] # Re: Mon interprétation à valider

    Posté par  . En réponse au message Cas théorique GPL. Évalué à 2. Dernière modification le 18 septembre 2014 à 15:01.

    Qui viole la licence entrainant la nullité ?

    C'est évidemment B. A ne peut pas violer la GPL s'il est le seul auteur du logiciel (ou plus exactement, il s'en fout : il peut distribuer le soft sous n'importe quelle licence).

    Donc B n'a pas violé la licence tant qu'aucun utilisateur ne les lui demande.

    Tu coupes les cheveux en quatre. Si B distribue le binaire sans avoir les sources en sa possession, il se met en danger permanent de violer la licence, puisqu'on peut lui demander les sources à tout moment, sources qu'il ne pourra pas fournir. Je me demande même si ça n'est pas illégal; sous certains aspects ça ressemble aux fraudes des courtiers en assurances : tant qu'il n'y a pas de sinistres, tu empoches les cotisations, sur le mode "jusqu'ici tout va bien", mais l'édifice peut s'écrouler du jour au lendemain. Ça peut même être une escroquerie ; si B vend du service autour de logiciels "libres", l'entreprise qui achète le service croit ne pas être dépendante de B ; en cas de rupture de contrat, elle s'aperçoit que B faisait tourner un fork proprio d'un LL connu (par exemple, une version "pro" non GPL vendue par l'entreprise A).

    Bref, ne pas fournir les sources par défaut est une pratique tout à fait habituelle, et je n'ai jamais dit le contraire. Par contre, fournir des binaires sans avoir les sources (voire, en sachant pertinamment que les sources sont inaccessibles) est permis par la GPL, mais pas par la loi, puisque ça peut être qualifié de tromperie, voire d'escroquerie. C'est ce que j'essayais d'expliquer au-dessus : la GPL protège les auteurs d'un fork proprio, mais protège très peu les réutilisateurs de bonne foi. Ces réutilisateurs trompés, et parfois techniquement coupables de contrefaçon, devront trouver ailleurs dans la loi la raison de se retourner contre les intermédiaires peu scrupuleux ou étourdis.

  • [^] # Re: Mon interprétation à valider

    Posté par  . En réponse au message Cas théorique GPL. Évalué à 1.

    Le problème évident, c'est que personne n'a de moyens de pression sur A. En cas de violation de la licence, toutes les clauses n'annullent ; le logiciel devient la propriété de ses auteurs et ne peut plus être redistribué.

    À noter une inexactitude dans l'exposé : B a le droit de ne pas demander les sources, mais n'a pas le droit de redistribuer sans les sources. Dans tous les cas, B est donc "méchant" dans cette affaire, car il a violé la licence. Il n'y a donc pas d'hypothèse où B est gentil mais un peu concon : par définition, si tu veux redistribuer un soft sous GPL, il te faut les sources.

    Si A est l'auteur du logiciel et de bonne foi, le logiciel est sous GPL. A vend le logiciel à B, qui le modifie et vend l'exécutable à C. C n'a donc pas les sources. Si B ne veut pas les fournir à C, alors il annule la licence sous laquelle le logiciel lui a été vendu : il n'a plus le droit de l'utiliser. C peut donc contacter A pour lui dire que B revend le logiciel sous une autre licence, et A va pouvoir poursuivre B pour violation de licence. En pratique, il faut donc que C et A s'entendent et communiquent des informations, mais comme les deux ont à y gagner, c'est crédible. D'ailleurs, ça montre que la GPL protège surtout les auteurs, contrairement à ce qu'on entend parfois.

    Par contre, si A est l'auteur et est de mauvaise foi, B étant de mauvaise foi par hypothèse, je pense que C est niqué. La GPL V3 dit "You may not propagate or modify a covered work except as expressly provided under this License. Any attempt otherwise to propagate or modify it is void, and will automatically terminate your rights under this License". En tant que C, tu ne peux pas poursuivre B pour violation de licence, puisque tu n'es pas l'auteur. Seul A peut le faire. Si A ne le fait pas, tu peux évidemment dénoncer le contrat ou la vente avec B si on t'a filé l'exécutable et la licence sans les sources. Si on ne t'a filé que l'exécutable, je pense que tu es niqué aussi, puisqu'il est difficile de prouver que le logiciel est bien sous GPL, et que de toutes manières ça ne te regarde pas vu que c'est A qui est lésé.

    Quelque part, ça justifie tout à fait la paranoïa des distributions sur les licences, puisqu'en cas d'erreur, c'est l'intermédiaire qui est responsable. Le logiciel libre repose pas mal sur la confiance ; si tu veux distribuer des copies du logiciel, il faut à tout prix s'assurer que le logiciel est "propre". Parce que s'il contient du code proprio ou des trucs pas clairs, tes utilisateurs pourront être poursuivis, et ils risquent de se retourner (à raison) contre toi. C'est d'ailleurs un truc qui m'a toujours gonflé quand je participais à Wikipédia ; l'insouciance de beaucoup de contributeurs sur les licences du fait de l'absence de risque pour Wikipédia, en méprisant totalement les risques encourus par les réutilisateurs potentiels. Typiquement, l'utilisation d'une image protégée par le droit d'auteur, ou sous licence pas très claire (auteur et date inconnus, par exemple). L'argument, c'est de dire que personne n'attaquera Wikipédia (organisme non lucratif, etc) et qu'un accord sera toujours possible. Le problème, évidemment, c'est que quelqu'un peut de bonne foi réutiliser cette image sous licence apparemment libre, dans un contexte tout à fait différent (par exemple, dans une publicité), et que la personne qui aura fait la grossière erreur de mettre sous licence libre un document non-libre n'aura aucun problème, alors que la personne qui va devoir se défendre au tribunal sera de bonne foi. C'est un peu comme si on punissait le recel sans punir le vol.

  • [^] # Re: Amen

    Posté par  . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 3.

    C'est pourtant le cas.

    Bah il n'y a pas besoin de loi, alors. La police a tout à fait les moyens de poursuive les associations de malfaiteurs qui projettent des attentats : on demande les logs à Facebook, et on défonce les portes à 6h du mat. Ça serait complètement con de bloquer ces plate-formes quasi-publiques pour forcer les pseudo-terroristes à passer par des VPN.

  • [^] # Re: Amen

    Posté par  . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 3.

    Non, car les personnes concernés sauront le contourner en 10s,

    Les personnes concernées sont des ados désocialisés qui consultent ces sites sur leurs smartphones. Tu es capable en 10 secondes d'afficher sur un smartphone un site hébergé sur un serveur dont l'IP est bloquée par l'opérateur?

    C'est dans les papiers préparatoires à la loi.

    Je ne vois pas ce que ça a à voir avec le blocage. Ou alors, c'est seulement indirect : si Twitter peut être bloqué s'il ne se soumet pas aux requêtes de l'administration, alors il va falloir qu'il se soumette aux requêtes de l'administration. Mais encore une fois, ça me semble complètement débile pour un terroriste de passer par ces plateformes : la plupart sont publiques, et même si les conversations sont privées, le site a les logs de connexion, et pourra les transmettre à la justice sur simple requête.

  • [^] # Re: Amen

    Posté par  . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 2. Dernière modification le 17 septembre 2014 à 10:31.

    Ta remarque est bidon, si on parle de terrorisme, on voudrait un truc fiable, "efficace"

    Tu as un raisonnement de technicien. Malpoli, aussi, mais ça n'a rien à voir. En politique, l'efficacité d'une mesure est relative à ses résultats vis à vis de l'objectif poursuivi. Quel est l'objectif? On ne veut pas empêcher les terroristes de communiquer entre eux. On veut empêcher les terroristes de communiquer avec les non-terroristes, pour éviter le recrutement et la diffusion d'idées qui tombent sous le coup de la loi française (encore une fois, la légitimité de lois empêchant la diffusion d'idées est une autre question et un autre combat). Il suffit pour ça de rendre les sites inaccessibles sur un ordinateur non-configuré spécialement pour accéder à un site particulier. Un DSN "menteur" (pour moi, un DNS qui renvoie sur une page officielle de l'État ou du FAI n'est pas "menteur", c'est juste un DNS avec une blacklist, mais bon) fait très bien l'affaire. Proxy, DPI, c'est idiot, et les coûts associés sont hors de proportion avec l'objectif.

    En technicien, tu essayes d'analyser le problème comme "comment empecher un individu motivé et compétent d'accéder à un serveur quelque part sur la planète à partir du territoire français", et ça, évidemment, c'est très compliqué, très couteux, et probablement même impossible—je ne vois pas comment on peut empêcher quelqu'un de configurer un proxy à l'étranger pour qu'il renvoie le contenu encodé d'un site terrorriste quand tu lui demandes bisounours.com.

    80% des sites litigieux sont sur twitter, facebook ou youtube.

    Si c'était vrai, il n'y aurait pas de problème. Ces gros sites répondent très rapidement à la demande des autorités locales, car il y a des enjeux financiers énormes. Si Youtube peut te donner du "cette vidéo n'est pas accessible de votre pays" pour des raisons de copyright, il peut aussi te le faire sur ordre des autorités locales. De toutes manières, il n'y a pas plus filtré que ces plateformes ; les seuls trucs que tu peux y trouver sont les cas borderline, qui tombent sous le coup de la liberté d'expression aux US mais pas en France par exemple (appel au Boycott, propos racistes…). Je ne vois pas trop les recruteurs planifier officiellement les départs vers la Syrie sur Facebook, même avec leur niveau d'incompétence, les administrations françaises seraient capables de suivre d'heure en heure les plans machiavéliques des méchants terroristes! Aucun intérêt de couper de tels canaux d'information en clair.

  • [^] # Re: licence ?

    Posté par  . En réponse au journal Le prix des carburants enfin en OpenData. Évalué à 10.

    C'est toujours le même problème : ils demandent de l'argent, mais sur quelle base? L'arrêté du 28 février 2013 fait référence au décret n°2006-420, qui dit:

    Peuvent donner lieu à rémunération pour services rendus à des personnes privées et publiques autres que l'Etat les prestations fournies par les directions et services du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie dont la liste suit : […]
    5° Consultation, location ou cession de bases de données informatiques ;

    Consultation, on voit ce que c'est : on paye pour avoir accès à la base. Là, ça n'est pas le cas, puisque les données sont accessibles. On est donc dans les cas de location ou de cession des bases—ça ressemble à du charabia pour dire "licence d'utilisation", puisque l'idée de louer ou de céder une base de données est complètement conne ; il est évident qu'on fournira une copie, pas le disque dur avec l'original. Pour une licence, il faut que le contenu soit protégé par le droit d'auteur, et pour les bases de données, c'est tendu. En effet, les données elles mêmes ne sont pas protégées, c'est la base qui l'est : sa structure et son exhaustivité. Pour protéger la structure, il faut pouvoir démontrer son originalité ; or, ici, c'est pas évident du tout : on a un fichier xml avec des champs, et les champs sont triviaux. N'importe qui devant faire une base de données des prix à la pompe mettrait un champ "Identifiant", "Adresse", "Gazole", "SP95", etc. Bref, la seule protection légale de la base de données est une protection contre l'aspiration d'une partie substantielle de la base. Exit donc l'application pour smartphone qui te donne l'historique des 10 stations autour de tes coordonnées GPS, mais quid du mec qui regarde les prix à la pompe de la station où il fait le plein régulièrement? Objectivement, une station service n'est pas une partie substantielle de la base.

    Je trouve hallucinant que les services de l'État recourent systématiquement à des pseudo-arnaques juridiques pour essayer de faire raquer le citoyen en échange de données du domaine public. Je me rappelle d'une discussion à propos d'une bibliothèque mettant à disposition des pdf scannés de documents anciens, et souhaitant percevoir des droits de réutilisation sur ces pdf en se basant sur la loi permettant aux communes de demander des sous aux cafetiers en échange de l'utilisation de l'espace public en tant que terrasse. On est dans du pur délire ; le code de la propriété intellectuelle définit très précisément les conditions dans lesquelles l'auteur d'une œuvre (ou d'une base de données pour les droits voisins)—et pas son propriétaire!—peuvent faire valoir des droits patrimoniaux, et quand il ne peut pas. Essayer d'inventer des lois qui n'existent pas ressemble furieusement à des tentatives d'escroquerie.

  • [^] # Re: Amen

    Posté par  . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 4.

    qui dit que l'État n'en profiterait pas pour demander aux FAI des blocage sans bandereau adéquat ?

    Qui dit que l'État n'empêche pas des livres de sortir sans respecter les procédures judiciaires? Qui dit que l'État ne quidnappe pas des quidams et les torture à mort pour connaitre les secrets industriels des voisins? Qui dit que l'État ne traffique pas les bases de données de la sécu pour que certains fonctionnaires soient couverts à 120%?

    Ceci dit, l'argument de la dangerosité extrême de quelques sites, même si je n'y crois pas, pourrait très bien être géré d'une manière simple : les FAI pourraient publier les requêtes administratives, et pas les requêtes en provenance d'un magistrat.

    Mais bon, on est exactement dans le même cas de figure que le secret défense, où parfois ce n'est pas seulement le contenu d'un document ou d'une information qui est protégée, mais son existence même. Il y a une opposition générale entre les administrations et les services de renseignement, et la justice et la société civile, à ce propos. L'existence du secret du secret est un vrai péril pour la démocratie, alors que le secret défense est, pour la plupart des gens, légitime dans certaines circonstances.

  • [^] # Re: Amen

    Posté par  . En réponse au journal "Le filtrage administratif, encore, vraiment ?" par Benjamin Bayart. Évalué à 6.

    Ça c'est un autre problème. Visiblement, les députés sont toujours très inquiets quand il s'agit de dévoiler des "secrets-défense" tels que les entreprises en affaires avec le ministère de la défense, ou l'assujétissement à l'ISF des membres de leur famille. Par contre, visiblement, ils prennent avec beaucoup plus de légèreté le fait de divulguer contre rétribution la base de données des cartes grises, avec numéro de modèle, numéro d'immatriculation, nom et adresse du propriétaire du véhicule. Le concept de divulgation des données stockées par l'État semble donc à géométrie variable.

    En ce qui concerne cette affaire en particulier, j'ai peur que le point de blocage ne soit pas vraiment les députés, mais les administrations impliquées, qui ont déja par le passé démontré leur incompétence numérique et leur paranoïa profonde.

    Franchement, si j'étais un service de police, je la divulguerais cette liste, et j'y incluerais des fakes qui me font clignotter une icone sur mon bureau quand un zigue essaye de s'y connecter. Autant il est impossible de scanner internet à la recherche de vilains pédopornophiles, autant il semble beaucoup plus envisageable de collecter des données via des gars qui se feraient la liste des sites bloqués pour pornographie infantile, par exemple.