Il me semble y avoir un point très important quand même, c'est qu'il vaut mieux des études imparfaites que pas d'études du tout. La recherche scientifique n'a jamais exigé une quelconque "pureté" des approches expérimentales, et surtout pas sur des questions de recherche nouvelles. Cette "pureté", elle semble exigée par des gens qui sont en dehors du monde de la recherche, souvent d'ailleurs parce que c'est une manière facile de ne pas se plier aux résultats scientifiques quand ils contredisent leurs préjugés.
Quoi qu'il en soit, le consensus scientifique ne se construit qu'autour de nombreuses études portées par des équipes différentes, souvent suivant une méthodologie différente. Quand on a 20 études à disposition, et que certaines sont contradictoires, alors là ça commence à valoir le coup de les disséquer, de lister leurs biais potentiels, etc. En particulier quand seulement quelques études contredisent les autres, s'il s'avère que ce sont également les plus faibles en terme de méthodologie, alors ça permet de construire un consensus autour des autres : on a des raisons rationnelles de penser que les résultats ne sont pas fiables.
C'est aussi pour ça que les méta-analyses, aussi intéressantes qu'elles soient, restent influencées par la qualité et l'honnêteté des études sous-jacentes. L'aspect social de la science fait qu'un résultat soutenu par 10 études indépendantes basées sur un effectif N=100 sera plus fiable qu'un résultat soutenu par une seule étude avec N=10000. Statistiquement pourtant, l'étude unique est plus puissante, mais il suffit d'une seule erreur (conception de l'expérience, boulette lors de l'analyse, malhonnêteté…) pour que le résultat s'effondre. Il est beaucoup moins probables que 10 équipes indépendantes fassent les mêmes erreurs…
Ce qui est nouveau, c'est la récente étude qui montre un taux de cuivre dans le sang plus élevé chez ceux qui mangent bio, surtout chez les enfants si je me souviens bien. Le cuivre est génotoxique, c'est quand même sacrément embêtant.
Pour les sols, c'est connu depuis longtemps, le cuivre est antimicrobien et fongicide (et c'est même pour ça qu'on en met sur les plantes), et il s'accumule dans les sols. Il ne se dégrade jamais, et il est peu lessivé (il reste là).
Après, plus ou moins polluant, c'est vachement compliqué. L'agriculture traditionnelle balance aussi pas mal de cochonneries, est-ce que c'est plus ou moins polluant? C'est forcément différent.
Posté par arnaudus .
En réponse au journal J'ai mangé une pomme.
Évalué à 6.
Dernière modification le 27 août 2021 à 13:22.
As-tu lu le rapport? D'après le résumé, c'est mitigé (https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01548676). Ils ne regardent que la rentabilité économique (et ils ne comparent pas le rendement avec les autres formes d'agriculture), et estiment le revenu mensuel entre 898€ et 1571€ par mois, pour une surface étudiée de 1000m2 dont 42% sous serre, qui correspond à la partie la plus intensive de leur ferme, et 43h/semaine de travail (en moyenne annuelle). Ils arrivent à de grosses productions par m2 parce qu'ils enchainent plusieurs cultures sous serre et sur des couches chauffantes au cours de l'année, mais le rapport ne se concentre que sur ces 1000m2 intensifs, et ne regarde pas les autres activités de la ferme. En tout cas, on ne parle pas du tout de méthodes traditionnelles. Les prix considérés sont les prix de vente bio en circuit court. D'après ce que je comprends, il s'agit d'optimiser la production sur une petite surface, avec beaucoup de main d'œuvre (donc carrément à l'opposé de ce qui avait été dit plus haut sur la permaculture, où l'objectif était d'en faire le moins possible).
Tu connais cette exploitation? Leur site dit "Les activités de la Ferme du Bec Hellouin et de l’Ecole de Permaculture du Bec Hellouin évoluent. La ferme n’ouvrira plus ses portes au public pour les visites libres, ni pour la boutique." Et ils vendent des formations à la permaculture à 280€ la journée.
Quand je vois ça, pour moi, mes warnings clignottent. Il semble s'agir d'un établissement "pilote", dont les activités sont tournées vers la formation et vers l'expérimentation. Par contre, j'avoue qu'il y a un contraste entre le discours du site web, qui semble plus ou moins issu d'un manuel d'anthroposophie écrit par un naturopathe (appel à la nature, concepts pseudo-scientifiques, formations à 1000% de marge opérationnelle…) et leurs liens avérés vers la recherche scientifique (avant 2015), et du coup, je ne sais pas trop quoi en penser. Depuis 2015, leur programme de recherche est financé par "l'institut Sylva", qui est une association à eux. Tiens, les warnings se rallument. En tout cas, leur modèle économique me semble en contradiction avec leur rôle de financeur de la recherche, il y a un énorme conflit d'intérêt.
J'ai jamais entendu un jardinier amateur écolo parler de rendement
Quand on prétend se nourrir en partie avec le potager et/ou quand on prétend gagner de l'argent en faisant pousser ses légumes, alors la notion de rendement est primordiale.
surtout comparer ses rendements avec l'industrie agricole
Personne ne compare le rendement d'un potager avec le rendement industriel (et encore), mais beaucoup ont des idées très arrêtées (et fantasmées) sur le rendement du bio ou de différentes méthodes artisanales (sans labours, etc).
A mon avis, tu es à côté de la plaque.
C'est juste qu'on ne parle pas de la même chose. Je parlais du fait que les citadins avaient beaucoup de conseils à donner aux agriculteurs sur comment il fallait qu'ils travaillent, et que ces conseils étaient ridicules.
Tiens, et je m'auto-réponds : ça serait aussi intéressant de comparer la fiabilité d'une base de données constituée d'informations "volées" (listes de contact des téléphones portables, tracking sur Internet, etc) et sur ce qu'un humain obtiendrait avec Google en, disons, 10 minutes. J'ai l'impression qu'en 10 minutes, quelqu'un d'expérimenté peut, à partir d'un nom, collecter beaucoup d'informations, les trier en fonction de leur pertinence, etc. S'il était facile de tirer des dizaines de dollars par profil, alors il devrait y avoir des milliers de personnes qui devraient créer des profils de qualité "à la main", plutôt que de voler tes traces GPS pour… bah on sait pas. Pour remplir des disques durs?
Attention, je ne nie pas que toutes ces données sont récupérées. Je comprends très bien que ces données sont achetées, vendues, et que ça constitue une partie des actifs de ces entreprises. Ces boîtes espèrent en tirer de l'argent. Mais entre espérer et le faire vraiment, dans le monde des startups et de la spéculation boursière, il y a une certaine différence…
Je me suis mal fait comprendre. La publicité fonctionne. Elle fonctionne même très bien.
La publicité ciblée ne fonctionne pas plus, dans l'absolu, que la publicité non-ciblée. Son seul avantage est de réduire les coûts des campagnes, puisqu'on espère enrichir la proportion de gens ciblés parmi l'échantillon des gens qui vont la voir. Du coup, il faudra moins de vues pour avoir la même efficacité.
Statistiquement, la publicité ciblée doit atteindre en partie cet objectif. Mais il n'y a rien de nouveau : ça a plus ou moins toujours existé. Si tu veux vendre une montre de luxe, mieux vaut mettre ta pub dans le Figaro que dans l'Humanité (il y a des pubs dans l'Huma? Peut-être pas, je ne sais plus). Et les pubs sur radio classique, c'est des conventions obsèques et des protections pour fuites urinaires.
Les pubs ciblées à la Google ou Facebook, ça n'est qu'un "perfectionnement" du procédé. Les pubs vont être ciblées non-seulement en fonction du site, mais aussi en fonction d'informations glanées sur l'utilisateur. Moi je veux bien croire que l'efficacité du ciblage existe; il est peu probable que tant d'annonceurs payent s'ils n'ont pas l'impression que c'est efficace. Mais ça n'est qu'une efficacité statistique, puisque dans les faits, tout le monde peut constater que le ciblage est souvent largement raté, ou non-pertinent.
Il me semble qu'il y a des discussions récurrentes là-dessus, et l'idée d'une "bulle" autour des données de la pub ciblée n'est pas absurde. Facebook est valorisé autour de 100$ par utilisateur (pays occidentaux). Les actionnaires de Facebook pensent donc tirer 100$ de bénéfices de ton profil, donc vendre plusieurs centaines de de chiffre d'affaire supplémentaire par utilisateur de Facebook, et juste avec les pubs facebook. Quand on compare au marché de la pub en France, et les budgets des ménages sur des biens de consommation courante, ça colle mal (et c'est un jeu à somme négative pour les annonceurs).
Pour en revenir à la discussion, les "pubs" internes aux sites (listes d'articles suggérés, etc), c'est gratuit. Ça ne coûte absolument rien à Amazon de lister des suggestions d'achat. Quand ça fonctionne, c'est tout bénef, quand ça ne fonctionne pas, il n'y a aucune perte, seulement un manque à gagner. Du coup, il me semble tout à fait possible que ça ne marche pas et qu'ils s'en foutent complètement. L'ergonomie du site a été conçue avec une liste de recommandations, et personne n'a jamais trouvé utile d'optimiser l'algorithme. Pour Amazon, c'est dur à croire (et pourtant, leurs suggestions sont vraiment pourries), pour Castorama, c'est plus que crédible.
Comme beaucoup, j'aimerais vérifier ce qu'ils savent de moi, et la fiabilité de ces informations. Leur intérêt, c'est de faire croire à leurs clients que le ciblage est très précis, ils ont tout intérêt à laisser courir les rumeurs du style "ils savent tout de toi". Les associations/défenseurs des libértés, ils ont aussi tout intérêt à se baser sur l'hypothèse du pire : ils savent tout de toi. Et au final, personne ne s'intéresse à ce qu'ils savent réellement de toi, et à la fiabilité de ce qu'ils croient savoir. Imagine une fiche avec 10 champs triviaux (genre, nom, adresse, date de naissance, nom du conjoint, nombre d'enfants, profession, etc). Combien de ces champs une entreprise comme Facebook peut-elle remplir? Et parmi ceux qui sont remplis, combien n'ont pas été rentrés directement par l'utilisateur du site? Combien sont fiables (faux profils Facebook, etc?). Combien sont valorisables commercialement? (pour autre chose que sur le marché noir pour l'usurpation d'identité).
l'enfer de la ville tentaculaire et oppressante est aussi en partie fantasmée par les gens qui vive éloignés d'elle.
Ah oui, j'en suis certain. Mais j'ai l'impression qu'il y a une sorte d'asymétrie dans le pouvoir (perçu ou réel) de changer l'environnement de l'autre : quand le campagnard évoque l'enfer de la ville, c'est pour dire qu'il n'irait jamais y habiter (et même pas besoin d'évoquer le métro, rien qu'une route à plus de deux voies suffit à provoquer l'émoi); quand un citadin évoque la campagne, c'est plutôt pour dire qu'il souhaiterait y habiter, mais qu'il voudrait aussi se débarrasser des gens qui y habitent et qui dénaturent son idéal (chasseurs, agriculteurs intensifs, bouseux crotteux qui parlent patois, etc). Du coup, je comprends pourquoi les habitants de la campagne voient d'un mauvais œil ceux qui n'y habitent pas (ou ceux qui n'y sont pas nés) et qui veulent leur imposer un mode de vie différent.
Loin de moi l'idée de prendre leur défense sur tout, parce que les ruraux ne réalisent souvent pas que leur confort (relatif) n'existe que parce qu'ils vivent aux dépens des autres: jamais une vie d'abonnement ne couvrira la maintenance de 3km de ligne électrique pour un hameau de 3 familles, idem pour l'eau courante, les routes, Internet, les quelques services publics qu'il reste encore, etc. Par ailleurs, la tolérance de fait pour certains loisirs nuisibles—chasse, conduite sous l'emprise de l'alcool—ou diverses fraudes—travail dissimulé, corruption, activités illégales, fraude au diesel, permis de construire—fait partie de "traditions" indéboulonnables, qui sont mal comprises par les citadins. Mais je comprends que, du coup, ils voient d'un mauvais œil les citadins qui viennent se mêler de leurs affaires, parce qu'ils savent aussi ce qu'ils risquent d'y trouver.
Tu ne peux pas nier que la relation entre les Parisiens et la nature est complexe et en partie fantasmée :-) En général, les citadins savent bien ce qu'est la nature, mais ils ne connaissent pas du tout la réalité de la production agricole. Ils ne comprennent pas que les champs ou les élevages sont des unités de production industrielle (parce qu'un agriculteur doit produire assez pour nourri 60 personnes), et que ça ne peut pas être en même temps des parcs ou des zoos. Il n'est pas plus pertinent de mettre un étang avec des grenouilles au milieu d'un champ de blé que de mettre un arbre au milieu d'une usine Renault.
En fait, il y a malheureusement des fantasmes qui circulent parmi les jardiniers amateurs (et les parisiens écolos qui n'ont jamais eu de jardin mais qui croient tout savoir). Par exemple, que les rendements sont meilleurs dans un écosystème équilibré, que les techniques soi-disant ancestrales (jardiner avec la lune, planter sans labours, etc) sont plus efficaces que l'agriculture industrielle, que les plantes dans un jardin sont moins stressées qu'en serre industrielle, etc.
C'est pourtant complètement faux. Le rendement maximal d'une plante (en biomasse ou en production de la partie qui nous intéresse) est très généralement obtenu dans des conditions très artificielles (éclairage, cycle jour/nuit, concentration en CO2, température, arrosage et minéraux). Au contraire, les intempéries, les parasites, la compétition avec d'autres plantes, c'est stressant, et ça diminue les rendements. Produire dans un jardin, c'est passer son temps à essayer de limiter les effets néfastes de la nature (en partie parce que les variétés cultivées ne sont pas très bien adaptées à la survie dans les jardins, mais pas seulement). Et que même en agriculture bio, les traitements sont très fréquents (plusieurs fois par semaine parfois), sans être nécessairement sans danger: le critère pour le bio/pas bio, c'est la chimie de synthèse, mais des produits non synthétiques peuvent être assez dangereux—les épandages de souffre ou de cuivre sont assez problématiques, et les sols de certaines cultures bio sont plus pollués que les sols des cultures traditionnelles).
Je ne sais pas s'il existe réellement une solution, mais en tout cas, c'est certain que si on couvrait la terre de potagers, on crèverait tous de faim après avoir mangé beaucoup de fruits avec des vers dedans.
Comme ça tu n'as pas l'impression d'être en permanence "décodé".
Mouais, on a cette discussion régulièrement ici.
Observation: les pubs ciblées et les listes d'articles proposées (page d'accueil du site, "vous pourriez être aussi intéressé par…", "articles fréquemment achetés ensemble") semblent complètement débiles (protections périodiques alors qu'on est un homme, combinaison sado-maso alors qu'on cherche un bouquin sur Latex, etc).
Hypothèse 1: les IA des sites commerciaux sont foireuses (recherche grossière de mot-clés, photos ressemblantes, erreurs d'identification du profil, heuristiques pondues par un stagiaire…)
Hypothèse 2: les IA pourraient de fournir une liste de 10 articles pertinents, mais elles font exprès de te montrer n'importe quoi pour que tu ne te rendes pas compte que tu es pisté
Moi, je met l'hypothèse 1 à 100 contre 1. Largement.
Explication 1: pour de nombreux sites commerciaux, le ciblage est codé par des chimpanzés incompétents sous pression des commerciaux qui ont vendu une "intelligence artificielle" qu'on n'a pas les compétences pour développer.
Explication 2: les données sur lesquelles sont basées le ciblage sont foireuses ou incomplètes (plusieurs utilisateurs sur la même machine, configuration du navigateur avec purge des cookies, identification heuristique du profil facebook / google ratée…). Un facteur essentiel du profil de l'utilisateur (homme/femme, pro/particulier…) a très bien pu être raté (ou pas considéré dans la base de données).
Explication 3: le principe même du ciblage ne fonctionne pas (même une très bonne connaissance du profil de l'utilisateur ne permet pas de proposer un choix pertinent, parce qu'il y a trop de variété, le comportement est imprédictible, ou pas de corrélation entre les achats). Par exemple, si lundi: resto japonais, mardi: resto chinois, mercredi: proposer un resto thaïlandais ne fonctionne pas, parce que la plupart du temps on veut varier.
Par exemple, un mystère pour moi, c'est les "fréquemment achetés ensemble", typiquement sur Amazon. Je n'arrive pas à me rappeler une seule fois où ces suggestions étaient pertinentes, parce qu'elles proposent des articles identiques ou redondants, et pas du tout complémentaires. Par exemple, si tu achètes un joint pour le lave-vaisselle, le site te propose un autre joint pour un lave-vaisselle d'un autre modèle. Dans quel monde quelqu'un achète ensemble plusieurs joints pour plusieurs lave-vaisselle? La seule possibilité que je vois, c'est que la plupart des joints de lave-vaisselle sont achetés par des réparateurs de lave-vaisselle, auquel cas l'algorithme se vautre lamentablement, et me propose des articles absurdes. J'imagine que pour la plupart des vendeurs, les bases de données sont bruitées et biaisées par tout un tas de facteurs ou d'erreurs, et que les suggestions sont foireuses. Ça m'étonnerait qu'ils aient des équipes qui étudient rationnellement ce que fait l'algorithme et qui cherche à l'améliorer, même dans les grandes boîtes; si ça se trouve le truc fonctionne comme ça depuis 10 ans et personne n'a cherché à l'optimiser. Bref, penser qu'on est à la merci d'IA omniscientes qui font semblant d'être mauvaises pour influencer notre comportement sans qu'on en soit conscient, c'est un scénario de SF, mais ça me semble avoir 0 crédibilité. Il faudrait déja que les algo soient capables de fournir des solutions pertinentes avant de brouiller les cartes.
Ce qui est le plus bizarre dans ce genre de cas, c'est que ça a un impact direct sur le chiffre d'affaire. Mais c'est aussi la conséquence du découpage des tâches et de confier tout un tas de trucs à des prestataires. Celui qui développe la charte graphique du site n'est pas le même que celui qui gère la base de données, celui qui gère les commandes par Internet n'est pas le même que celui qui gère le site, etc. Au final, l'organisation est complètement sous-optimale, personne n'est responsable de la cohérence. C'est typique des grosses boîtes je pense, et des décideurs qui ne comprennent rien à la technique. Pour reprendre l'exemple de Casto, c'est la même équipe dans le magasin qui prépare les commandes web et qui prépare les retraits des gros articles (qu'il faut transporter au transpalette parce qu'ils sont dans la réserve). Eh bien, figurez-vous que cette équipe n'a pas la main sur les flux de retrait des commandes web. Du coup, en plein samedi après-midi, alors qu'ils sont déja à l'arrache sur les cliens qui attendent leurs articles qu'ils ont acheté physiquement dans le magasin, ils ont aussi des clients web qui se pointent toutes les 5 minutes. Au final, tout le monde poireaute une heure. Si c'est pas complètement débile comme fonctionnement! Comment peut-on imaginer qu'ils n'aient pas prévu de ne pas donner de RDV web sur les plages horaires déja surchargées?
Mais bon, tout ça, ça n'est qu'une conséquence de l'incompétence et de la désorganisation dans les grosses structures. Des incompétents qui ont un rôle de décision veulent couper les coûts, et mettent en place des systèmes dysfonctionnels (qui sont forcément plus coûteux); la culture d'entreprise fait qu'il est impossible ou difficile de faire remonter les dysfonctionnements ou de faire des propositions pour améliorer l'organisation, personne ne prend d'initiative localement (parce qu'il pense que ça n'est pas son rôle, parce qu'il pense qu'il n'est pas payé pour penser, parce que ça serait mal vu de la hiérarchie, parce que c'est bien fait pour les chefs incompétents que les clients soient mécontents…).
Posté par arnaudus .
En réponse au journal Rendez moi mon futur!.
Évalué à 10.
Dernière modification le 24 août 2021 à 17:23.
J'ai l'impression que toute technologie peut être mal utilisée. Ça peut être des interfaces mal conçues, des protocoles inadaptés, des humains incompétents, des tentatives de réduction des coûts trop brutales… C'est sans fin.
Au final, il ne faut pas oublier que des humains sont derrière le fonctionnement, et les dysfonctionnements sont souvent dûs à des humains débiles, fainéants, ou incompétents. Pour reprendre l'exemple de ton centre de radiologie; j'ai appelé une fois celui qui était proche de chez moi pour une radio en urgence, et on m'a répondu qu'il était nécessaire de prendre RDV, et que le prochain RDV était dans 6 jours. J'en ai appelé un autre, et la secrétaire m'a demandé pourquoi j'appelais, vu qu'il était évident qu'il suffisait de se pointer quand il s'agissait d'une urgence. A priori, deux centres de radiologie de même taille, deux communes voisines, même prix : rien ne peut justifier le fonctionnement du premier, sauf la bêtise, l'avarice, l'incompétence, ou la paresse.
Sur le fond, la déshumanisation a aussi parfois du bon. Je trouve ça appréciable de pouvoir faire beaucoup de démarches administratives par Internet, de manière générale, le téléphone n'est pas un bon outil pour les démarches. On ne peut pas partager de document, on doit transmettre les numéros et les noms par la voix, avec un taux d'erreur important. Pour avoir été expatrié pendant des années, le téléphone est aussi un outil terrifiant quand il faut s'exprimer dans une langue qui n'est pas sa langue maternelle. Et, pour des raisons ridicules de code du travail, personne ne répond au téléphone la nuit, ce qui fait qu'il faut toujours appeler sur les heures de boulot. Bref, les RDV et les démarches par Internet, c'est génial.
Par contre, ça s'interface mal avec le monde réel. Quand la base de données de RDV est sous Doctolib, on ne peut plus prendre de RDV en direct. C'est par exemple une partie de l'explication du faible taux de vaccination des > 80 ans : ceux qui n'ont pas été aidés pour prendre RDV n'ont pas pu le faire avec les moyens "standard". Mais ça n'est pas de la faute de la technologie. Dans de nombreux centres de vaccination, il y avait un agent derrière un ordinateur qui pouvait prendre un RDV pour des gens au téléphone ou qui s'étaient pointés. Mieux encore, il y avait des centres de vaccination où on prenait les petits vieux qui se pointaient sans RDV. Il suffit d'un humain quelque part dans la chaine qui prend une initiative intelligente, et pouf, ça se débloque.
La technologie et les contraintes associées ne sont malheureusement qu'une excuse supplémentaire pour que les glandus glandent. Mais blâmer la machine ne sert à rien, il faut blamer ceux qui l'ont achetée, installée, conçue, ou paramétré. Il y a plein d'exemples où l'informatique fait gagner du temps et de l'efficacité, mais il n'y a rien d'intuitif dans la mise au point d'une interface ergonomique ou d'un cahier des charges.
Ton futur idéal, c'est peut-être quand on aura l'expérience de ces interactions foireuses avec la technologie, et qu'on confiera la conception des interfaces à des gens dont c'est le métier.
Bon, je me rends compte que je n'ai pas été très constructif. Je pense que ce qu'il faudrait faire avant tout, c'est d'embaucher un informaticien expérimenté pour être chef de projet / manager : OK sur le plan technique, mais surtout avec de l'expérience dans la maintenance de distributions (un mainteneur Debian, quelqu'un dans ce profil). Ça sera à lui de définir le cahier des charges avec vous; quelle genre de distribution, quel fréquence de mise à jour, quelles contraintes, quand on voudra une version beta, quand une version commercialisable, etc. En fonction de ça, le chef de projet estimera la taille de son équipe, et c'est lui qui assurera le recrutement. Il sera responsable des délais, des problèmes humains et techniques; il assurera à la fois le développement et la maintenance de la distrib, et le service support aux clients. S'il vous dit qu'il faut une équipe de 12, alors c'est qu'il faut une équipe de 12. C'est à lui qu'il faudra faire confiance, pas aux moules de Linuxfr.
Par contre, c'est sûr que si vous lui offrez un CDD de 4 mois en espérant avoir une distrib fonctionnelle au bout, il va se barrer tout de suite. Mais je pense que dans tous les cas, il faut embaucher ce genre de profil et lui confier les manettes; la boîte va peut-être couler parce que ça coûte trop cher par rapport aux revenus, mais au moins vous n'aurez pas fait n'importe quoi.
Bah du coup il sait que Mandriva c'était 4M€ de capital et 50 mainteneurs, que Canonical c'est > 500 employés. Du coup, c'est logique, on part sur un ou deux développeurs à payer 4 ou 8 mois. Y'a pas de raison que ça se passe mal, parce qu'on va embarquer la dernière version du noyau et qu'on va travailler vite et bien. Sont un peu débiles les concurrents, ils distribuent des Linux d'il y a 10 ans, ils travaillent mal et lentement, et ils payent des dizaines de mainteneurs alors qu'une fois que la distribution est faite en 4 mois, bah ça continue à fonctionner tout seul. Tout est sous contrôle.
Sérieusement, si vous voulez installer et maintenir des postes Linux chez vos clients, installez une distribution existante et fournissez le support. Si vous voulez vendre un logiciel que vous développerez vous-mêmes, développez un logiciel portable, que vous pourrez installer sur le système du client sans lui imposer une distribution (mais il va falloir le développer, ce logiciel, ça ne se fait pas en deux mois avec un stagiaire). Si vous voulez maquiller une distribution existante pour faire croire que vous distribuez un produit original alors que c'est juste une Ubuntu sur laquelle vous avez changé les logos, faites-le, mais c'est juste de l'escroquerie. Mais créer une vraie distribution en quelques mois avec une toute petite équipe que vous ne pensez même pas conserver pour la maintenance, c'est juste zéro crédibilité. Être cassant et sûr de soi ne va pas changer la donne…
Bah lancez vous. Ça n'est pas mon pognon, et c'est juste dommage pour les quelques colombinés que vous arriverez peut-être à attirer avec un produit défectueux.
Personnellement, je ne comprends pas comment on peut envisager d'investir dans un domaine dans lequel ni vous ni votre ami ne connaissez rien; visiblement, vous n'avez même pas envisagé qu'il fallait maintenir votre distribution, et vous avez sous-estimé d'un facteur 10 à 100 les RH pour créer une nouvelle distribution—je pense simplement que vous ne savez pas ce qu'est une distribution, vous ne parlez que de noyau et d'interface graphique.
Après, c'est toujours pareil : il y a parfois des gens qui réussissent un truc parce qu'ils ne savent pas que c'est impossible. Mais 1) pour un qui réussit ce truc, il y en a des milliers qui se plantent, et 2) la propabilité de réussite reste très supérieure parmi ceux qui connaissent les challenges à venir que parmi ceux qui y vont au pif. Mais bon, maintenant, vous êtes au courant, à vous de voir quel service vous souhaitez rendre à votre ami.
Mouais, toujours pas convaincu. On ne sait pas quelle est sa cible, si ça se trouve, c'est complètement sans rapport avec sa propre activité? Par exemple, il veut installer sa distrib spécifiquement sur des bornes de commande dans un fast-food, bah lui il ne gère pas de fast-food, donc il n'a aucune raison d'utiliser son produit.
Évidemment, en bon commercial, il doit connaitre son produit. Et pour revenir à ce que je disais, il doit connaitre le marché : il doit savoir ce qu'est une distribution Linux, quels sont les concurrents, etc. Et c'est là qu'est le problème : comment pourrait-il parler par exemple des mises à jour de sécurité, quand visiblement il ne connait pas les rôles respectifs du noyau, des projets upstream, et de la distribution?
Mais dans tous les cas, le plus important c'est qu'il se fasse briefer par quelqu'un de compétent. Je ne crois pas qu'il doive apprendre l'informatique et qu'il doive maitriser Linux pour ça; s'il connaissait, ça aurait été un plus, mais je ne crois pas du tout que "va apprendre Linux et reviens quand tu sauras installer une distrib" soit un bon conseil.
Au fond, bien sûr, la question reste pourquoi se lancer dans un secteur technique et très concurrentiel quand on n'y connait rien techniquement et qu'on ne connait rien au secteur, mais à mon avis, c'est plus un problème de ne rien connaitre au secteur (c'est un manque de compétence sur son cœur de métier : le commerce) que de ne rien y connaitre du point de vue technique (ce qui serait le boulot de quelqu'un d'autre).
À mon avis, ça dépend de ce que contient cette base.
Si elle contient des données identifiant des citoyens US (militaires, mercenaires, espions) ou des étrangers rendant actuellement service aux US (contre-espions), alors oui, c'est une belle bande de tanches.
Si elle n'identifie que des civils locaux qui ont rendu service aux US mais qui n'ont plus vocation à travailler pour eux dans l'avenir, alors pour l'armée, c'est complètement neutre : ils s'en foutent. Pour les civils en question, c'est différent, mais pour les militaires, c'était peut-être un choix de privilégier la destruction des données sensibles, et de laisser les données moins sensibles.
Plus sérieusement, connaissant les outils de forensics moderne, quel est votre meilleur moyen de rendre un disque dur illisible définitivement ?
Un bon coup de masse (ou une rafale d'arme automatique) et laisser trainer à l'extérieur dans la pourrière du désert, ça me semblerait suffisamment sécurisé pour la plupart des applications, non?
Donc il devrait commencer par installer une distribution Linux sur son ordinateur et l'utiliser au quotidien pour ses usages professionnels.
Je ne suis pas complètement d'accord. Le gars est investisseur, ça n'est pas son boulot d'apprendre à utiliser les produits qu'il veut vendre. Son boulot, c'est d'identifier un besoin, d'évaluer le marché, de dimensionner son investissement, et de se lancer. Typiquement, un investisseur qui se lance dans des services low-cost, il ne va pas les utiliser pour lui. Tu vois le patron de Renault rouler en Twingo, ou le patron de Lidl manger les sous-marques qu'il vend? Attention hein, il doit faire croire qu'il utilise ce qu'il vend. Mais en vrai, bien sûr qu'il ne fait pas ça.
Par contre, le pote en question, il semble mal savoir s'entourer. Il me semble assez évident qu'il a demandé à quelqu'un qui n'y connait rien (et qui ne comprend visiblement rien de ce qu'on lui dit) de tâter le terrain, et ça, c'est très très inquiétant. Rien ne semble aller dans leur projet; les moyens qu'ils semblent vouloir investir sont 100 fois trop faibles par rapport à la tâche (créer une distribution, rien que ça), l'objectif de créer une distribution ne semble pas correspondre à leur business model (ils ne veulent pas vendre une distrib, mais vendre des services), et leur projet ressemble à 1000 projets précédents qui se sont vautrés (bricoler un Linux avec une interface graphique pour remplacer Windows chez des gens qui n'y connaissent rien à l'informatique, et la vendre moins cher que Windows).
Après tout, c'est leur pognon, ils font ce qu'ils veulent avec. Ceux que je plains, c'est les quelques pigeons qui pourront mordre à l'appât et payer pour ce truc.
Il y a déja eu beaucoup de réponses très détaillées, et ta réponse semble montrer que tu n'as pas lu (ou pas compris).
utiliser un noyau Linux existant le plus récent si possible
C'est ridicule : évidemment qu'il veut installer un noyau récent, ça serait complètement débile de partir sur un vieux.
affecter une interface graphique existante et originale et l'imposer
Existante ou originale? Pour moi ça ne veut rien dire.
choisir toujours les solutions techniques les moins couteuses en temps et argents
C'est bien connu, c'est comme ça qu'on fait de la qualité.
du temps necessaire pour la réaliser par un ou deux informaticiens
J'ai l'impression qu'on a essayé de t'expliquer que c'était peut-être plutôt 10 à 20, voire plus pour travailler correctement, mais c'est pas grave, partez avec votre CDD sur 4 mois et vous verrez bien ce que vous aurez au bout…
Cela permetrait a ces petites structures d'économiser leur licence Windows
Mouais, si le choix c'est Windows sans support ou Linux avec support, le prix du support va devoir être très très bas pour être équivalent à une licence Windows OEM (max 150€ à l'achat? Donc support Linux < 50€/an?).
Maintenir une distribution, c'est des milliers d'heures de boulot par mois si on le fait bien (gérer les rapports de bugs, corriger et/ou transmettre upstream, gérer les dépendances de milliers de logiciels, etc). Du coup, soit l'investisseur est millionnaire et voit gros, soit il va lancer une distrib montée à la va-vite qui ne fonctionne pas (base logicielle très petite, installation aléatoire, mise à jour déficiente, etc), soit il va monter une "fausse distrib" (par exemple une Ubuntu avec bureau visuellement personnalisé et les logos Ubuntu remplacés par les siens). Dans le derniers cas, je n'ai pas l'impression que les clients s'y retrouvent (même si le support est efficace et que ça marche, c'est quand même basé sur du pipeau). Et comme dit plus haut, le client est enfermé; ses machines tournent officiellement sur la distribution "PoteàToyo", et s'il ne connait rien, il ne va pas savoir qu'il peut changer de prestataire, ce n'est pas très honnête.
Vendre le support pour une distribution existante, c'est un schéma beaucoup plus classique. Ça rassure le client, qui peut se renseigner sur le produit. C'est comme un contrat de service dans un garage, on connait le modèle de la bagnole, et le garage assure la maintenance. Ce n'est pas le garage qui vend sa propre bagnole bricolée dans sa cour, ou une Renault à laquelle on aurait retiré les logos et changé la couleur des sièges.
Les besoins de tous les clients sont différents, mais personnellement je ne voudrais pas du tout que la boite qui assure la maintenance ajoute des briques logicielles expérimentales pour faire une interface "agréable" ou "facile". Il y a eu des milliers de tentatives équivalentes, et ça a toujours été un foirage total. Même avec Linux, les utilisateurs n'ont pas de problème d'interface : ils ont des problèmes avec le support du matériel (le wifi qui ne marche pas, etc), ils ont des problèmes de compatibilité logicielle (un client envoie un fichier Excel qu'on n'arrive pas à ouvrir correctement), ou ils n'arrivent pas à faire quelque chose qu'ils arrivaient à faire sous Windows. Mais les interfaces pour attardés (style "Toi cliquer ici pour aller voir Internet"), ça a peut-être un marché dans les EHPAD, mais dans le milieu pro, j'en doute un peu…
il veut CREER une nouvelle distribution linux (pour un besoin special, un truc qu'il lancerait depuis une clef USB ou un appareil exotique pour montrer à un client ?)
La demande n'est pas ambigüe. C'est clairement de ça qu'il s'agit.
la création d'une distribution linux soit une de plus a LinuxKubuntu & Linux-Mandriva & LinuxDebian …
C'est comme si je disais que je n'y connaissais rien en mécanique, mais que je vais embaucher un mécanicien pour qu'il me conçoive et fabrique une voiture, histoire de concurrencer les Peugeot, Renault, Toyota, et autre constructeur.
Excellente analogie :-)
et a proposé une évolution disruptive
La voila l'idée : il faut faire une distribution disruptive. Au lieu d'un vieux et banal Linux, il faut coder un nouveau système d'exploitation. Il suffit de s'y connaitre un peu en C et en assembleur, non? Bon, il faudra peut-être prendre un stagiaire en plus de l'informaticien, il faut être réaliste.
C'est toujours pareil, c'est toujours plus facile de douter ou de dénigrer les entrepreneurs que de prendre le place. Ceci dit, il faudrait être sûr de ce que vous voulez faire, et que vous compreniez bien les contraintes et l'état du marché.
Le marché des distributions Linux est bien saturé. Il y a plusieurs (voire des dizaines) de distributions sur tous les créneaux : pour le grand public, pour les professionnels, pour les utilisateurs averties, pour les geeks, pour ceux qui veulent personnaliser une distribution en se basant sur un socle stable, etc. La grande majorité de ces distributions sont gratuites, c'est difficile de vendre Linux sans un solide service derrière.
Comme dit plus haut, faire et maintenir une distribution, c'est faire des dizaines de choix techniques qui nécessitent une très bonne compréhension de l'écosystème Linux : quel système de paquets, quelle périodicité de mise à jour, combien de paquets dans la distribution par défaut, quelles versions, quelle politique de mise à jour, quels choix techniques pour le son, pour le bureau, pour le serveur graphique, quelle gestion des drivers propriétaires, quel matériel supporté (processeur, carte graphique…)… Même ceux qui s'y connaissent très bien font des erreurs; par ailleurs, il est probable que beaucoup de combinaisons aient été tentées et que vous retrouverez des distributions très similaires sur le marché.
Je ne sais pas si c'est comparable, mais Canonical (qui maintient Ubuntu), c'est (en tout cas c'était au moment où ils ont lancé la distrib) 500 employés et 100M$ de budget. C'est sûr que c'est du très très lourd, mais ça donne quand même une idée de la quantité de travail pour créer, maintenir, et générer des revenus à partir d'une distribution linux (et encore, une grosse partie du job est faite par la communauté, notamment par la réutilisation des paquets Debian). Même sans faire de développement (juste faire une distribution à partir de logiciels existant), je ne pense pas que 4 mois de CDD pour un développeur puisse permettre d'écrire un cahier des charges approximatif… Il faudrait discuter avec des gens qui ont tenté le coup pour évaluer vraiment l'équipe minimale pour produire quelque chose d'utilisable (4 ou 5 personnes pendant 1 an? C'est très difficile à dire).
Si l'objectif est de vendre un service autour d'une distrib Linux, j'imagine que ça serait infiniment plus facile de vendre ce service autour d'une distribution existante.
Puis l'AI me génère de la musique que est totalement dans le style de Lady Gaga avec une voix synthétique qui ressemble fortement à Lady Gaga. Est ce que je peux m'attribuer le copyright et vendre la musique ainsi générée?
Argument très intéressant. J'imagine que personne ne sait vraiment. J'aurais tendance à penser que les mêmes arguments juridiques (flous) vont s'appliquer que pour n'importe quel artiste qui a copié le style musical d'un autre. Je ne pense pas qu'Oasis ait été poursuivi par les ayant-droit des Beatles, si? :-)
Sur le fond, d'après (le peu) que je comprends de la propriété intellectuelle, il va falloir avoir des arguments précis pour plaider la contrefaçon. Je ne suis pas sûr du tout qu'on puisse invoquer le droit d'auteur sur "un style". Il va falloir aller chercher des vrais bouts de morceaux qui ressemblent beaucoup, des paroles qui se ressemblent plus qu'elles ne devraient par hasard, etc. Si l'AI est bien faite et qu'elle a juste recopié le style, alors je pense que l'ayant-droit a peu de chances de s'en tirer.
avec un NDA puis je vends mon modèle au monde entier. Est-ce légal
Je pense que ça dépend des termes de la licence. Il y a forcément des clauses sur la commercialisation du résultat du traitement algorithmique des données. Je ne suis pas sûr que la précision de la prédiction soit le point central ici, ce que tu fais, c'est que tu prends les données, tu les traites, et du vends le résultat. Soit c'est autorisé, soit ça ne l'est pas. Il n'y a d'ailleurs pas besoin d'AI pour ça, le problème se poserait si tu appliquais n'importe quel traitement statistique aux données (lissage, flou Gaussien…) ou si tu fittais une fonction.
Ou j’entraîne une AI sur des designs de mode trouvés sur Internet
Alors là, je pense que ça ne pose pas de problème. On ne peut pas interdire aux ordinateurs de faire ce que font tous les créateurs. Peut-être faut-il juste s'assurer de la légalité du contenu de la base de données.
une simple citation de l'origine des données d'apprentissage n'est pas insurmontable
Les licences (libres ou non) s'appliquent mal aux données, parce que les données ne sont pas soumises au droit d'auteur (même si beaucoup le voudraient ou voudraient le faire croire). Une donnée n'est pas une oeuvre de l'esprit, même si elle a été coûteuse ou difficile à obtenir. La hauteur d'une montagne, par exemple, peut être réutilisée sans mentionner la personne qui l'a calculée. La seule raison de citer l'origine d'une donnée, c'est la rigueur ou l'honnêteté. Mais je ne pense pas que tu puisses appliquer une obligation légale. La question est un peu différente avec une grosse base de données, puisque c'est la base (et pas les données) qui peuvent être protégées.
que se passe-t-il quand quelqu'un à mis mon code sur github sans mon consentement?
Tout dépend de la licence de ton code. Si c'est du GPL ou équivalent, que la personne l'a obtenu légalement (en la téléchargeant sur ton site par exemple), alors la GPL lui donne le droit de rediffuser le code. Si ton code était sous une licence restrictive ou proprio, et que l'indélicat l'a republiée sous une licence fantaisiste sans ton autorisation, c'est de la contrefaçon. Contacter github en premier me semble la bonne démarche, j'imagine qu'ils vont recueillir les arguments des deux parties et agir en conséquence.
Je me suis toujours dit que les utilisateurs d'un code sous GPL pouvaient être facilement trompés par des intermédiaires peu scrupuleux (qui changent la licence par exemple), et que ça pouvait leur coûter cher. Par exemple, tu télécharges un truc sous github, tu le modifies et le commercialise. Et paf, 2 ans après, tu apprends que le code n'était en fait pas sous GPL et l'auteur original te poursuivait pour contrefaçon. Soit tu payes, soit ton business coule (puisque tu ne peux plus diffuser ton code sous les mêmes conditions), et pire, tes clients peuvent à leur tour avoir des problèmes (puisqu'ils ont pu diffuser ton code sous GPL de bonne foi). À un moment, le truc devient hors de contrôle, le code est partout, sous des licences trompeuses, et il semble très difficile de réparer l'erreur. Ça donne envie quand même de recontacter les auteurs originaux pour toute réutilisation qui pourrait poser problème (histoire de vérifier que leur code est bien sous GPL et que les fichiers récupérés sont bien les bons).
# Une étude vaut mieux que rien du tout
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les études statistiques sont-elles hors de contrôle ?. Évalué à 9.
Il me semble y avoir un point très important quand même, c'est qu'il vaut mieux des études imparfaites que pas d'études du tout. La recherche scientifique n'a jamais exigé une quelconque "pureté" des approches expérimentales, et surtout pas sur des questions de recherche nouvelles. Cette "pureté", elle semble exigée par des gens qui sont en dehors du monde de la recherche, souvent d'ailleurs parce que c'est une manière facile de ne pas se plier aux résultats scientifiques quand ils contredisent leurs préjugés.
Quoi qu'il en soit, le consensus scientifique ne se construit qu'autour de nombreuses études portées par des équipes différentes, souvent suivant une méthodologie différente. Quand on a 20 études à disposition, et que certaines sont contradictoires, alors là ça commence à valoir le coup de les disséquer, de lister leurs biais potentiels, etc. En particulier quand seulement quelques études contredisent les autres, s'il s'avère que ce sont également les plus faibles en terme de méthodologie, alors ça permet de construire un consensus autour des autres : on a des raisons rationnelles de penser que les résultats ne sont pas fiables.
C'est aussi pour ça que les méta-analyses, aussi intéressantes qu'elles soient, restent influencées par la qualité et l'honnêteté des études sous-jacentes. L'aspect social de la science fait qu'un résultat soutenu par 10 études indépendantes basées sur un effectif N=100 sera plus fiable qu'un résultat soutenu par une seule étude avec N=10000. Statistiquement pourtant, l'étude unique est plus puissante, mais il suffit d'une seule erreur (conception de l'expérience, boulette lors de l'analyse, malhonnêteté…) pour que le résultat s'effondre. Il est beaucoup moins probables que 10 équipes indépendantes fassent les mêmes erreurs…
[^] # Re: Vérité cruelle
Posté par arnaudus . En réponse au journal J'ai mangé une pomme. Évalué à 4. Dernière modification le 27 août 2021 à 18:44.
Je n'ai pas de sources directes scientifiques (pas le temps et pas du tout mon domaine). Je ne sais pas plus que ce qui sort dans la presse spécialisée (par exemple https://terres-et-territoires.com/terre-a-terre/culture/agriculture-bio-le-cuivre-pointe-du-doigt).
Ce qui est nouveau, c'est la récente étude qui montre un taux de cuivre dans le sang plus élevé chez ceux qui mangent bio, surtout chez les enfants si je me souviens bien. Le cuivre est génotoxique, c'est quand même sacrément embêtant.
Pour les sols, c'est connu depuis longtemps, le cuivre est antimicrobien et fongicide (et c'est même pour ça qu'on en met sur les plantes), et il s'accumule dans les sols. Il ne se dégrade jamais, et il est peu lessivé (il reste là).
Après, plus ou moins polluant, c'est vachement compliqué. L'agriculture traditionnelle balance aussi pas mal de cochonneries, est-ce que c'est plus ou moins polluant? C'est forcément différent.
Quand on compare la fiche du sulfate de cuivre ( https://www.sagepesticides.qc.ca/Recherche/RechercheMatiere/DisplayMatiere?MatiereActiveID=339&searchText=cuivre%20(sulfate ) avec le glyphosate (https://www.sagepesticides.qc.ca/Recherche/RechercheMatiere/DisplayMatiere?MatiereActiveID=388&search=glyphosate ), il n'y a pas photo : le cuivre est beaucoup plus toxique. Après, ça n'est pas un bon exemple, parce que le glyphosate est en fait très peu toxique, il y a des cochonneries bien pires en agriculture. Mais bon, ça donne un exemple de la complexité de la discussion. En gros, si tu devais faire un choix entre un verre de bouillie Bordelaise et un verre de Roundup, choisis le Roundup, sans discussion. Et si tu devais en mettre dans ton jardin… Bah Roundup aussi, en fait.
[^] # Re: Vérité cruelle
Posté par arnaudus . En réponse au journal J'ai mangé une pomme. Évalué à 6. Dernière modification le 27 août 2021 à 13:22.
As-tu lu le rapport? D'après le résumé, c'est mitigé (https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01548676). Ils ne regardent que la rentabilité économique (et ils ne comparent pas le rendement avec les autres formes d'agriculture), et estiment le revenu mensuel entre 898€ et 1571€ par mois, pour une surface étudiée de 1000m2 dont 42% sous serre, qui correspond à la partie la plus intensive de leur ferme, et 43h/semaine de travail (en moyenne annuelle). Ils arrivent à de grosses productions par m2 parce qu'ils enchainent plusieurs cultures sous serre et sur des couches chauffantes au cours de l'année, mais le rapport ne se concentre que sur ces 1000m2 intensifs, et ne regarde pas les autres activités de la ferme. En tout cas, on ne parle pas du tout de méthodes traditionnelles. Les prix considérés sont les prix de vente bio en circuit court. D'après ce que je comprends, il s'agit d'optimiser la production sur une petite surface, avec beaucoup de main d'œuvre (donc carrément à l'opposé de ce qui avait été dit plus haut sur la permaculture, où l'objectif était d'en faire le moins possible).
Tu connais cette exploitation? Leur site dit "Les activités de la Ferme du Bec Hellouin et de l’Ecole de Permaculture du Bec Hellouin évoluent. La ferme n’ouvrira plus ses portes au public pour les visites libres, ni pour la boutique." Et ils vendent des formations à la permaculture à 280€ la journée.
Quand je vois ça, pour moi, mes warnings clignottent. Il semble s'agir d'un établissement "pilote", dont les activités sont tournées vers la formation et vers l'expérimentation. Par contre, j'avoue qu'il y a un contraste entre le discours du site web, qui semble plus ou moins issu d'un manuel d'anthroposophie écrit par un naturopathe (appel à la nature, concepts pseudo-scientifiques, formations à 1000% de marge opérationnelle…) et leurs liens avérés vers la recherche scientifique (avant 2015), et du coup, je ne sais pas trop quoi en penser. Depuis 2015, leur programme de recherche est financé par "l'institut Sylva", qui est une association à eux. Tiens, les warnings se rallument. En tout cas, leur modèle économique me semble en contradiction avec leur rôle de financeur de la recherche, il y a un énorme conflit d'intérêt.
[^] # Re: Vérité cruelle
Posté par arnaudus . En réponse au journal J'ai mangé une pomme. Évalué à 4.
Quand on prétend se nourrir en partie avec le potager et/ou quand on prétend gagner de l'argent en faisant pousser ses légumes, alors la notion de rendement est primordiale.
Personne ne compare le rendement d'un potager avec le rendement industriel (et encore), mais beaucoup ont des idées très arrêtées (et fantasmées) sur le rendement du bio ou de différentes méthodes artisanales (sans labours, etc).
C'est juste qu'on ne parle pas de la même chose. Je parlais du fait que les citadins avaient beaucoup de conseils à donner aux agriculteurs sur comment il fallait qu'ils travaillent, et que ces conseils étaient ridicules.
[^] # Re: Technologie et utilisation de la technologie
Posté par arnaudus . En réponse au journal Rendez moi mon futur!. Évalué à 8.
Tiens, et je m'auto-réponds : ça serait aussi intéressant de comparer la fiabilité d'une base de données constituée d'informations "volées" (listes de contact des téléphones portables, tracking sur Internet, etc) et sur ce qu'un humain obtiendrait avec Google en, disons, 10 minutes. J'ai l'impression qu'en 10 minutes, quelqu'un d'expérimenté peut, à partir d'un nom, collecter beaucoup d'informations, les trier en fonction de leur pertinence, etc. S'il était facile de tirer des dizaines de dollars par profil, alors il devrait y avoir des milliers de personnes qui devraient créer des profils de qualité "à la main", plutôt que de voler tes traces GPS pour… bah on sait pas. Pour remplir des disques durs?
Attention, je ne nie pas que toutes ces données sont récupérées. Je comprends très bien que ces données sont achetées, vendues, et que ça constitue une partie des actifs de ces entreprises. Ces boîtes espèrent en tirer de l'argent. Mais entre espérer et le faire vraiment, dans le monde des startups et de la spéculation boursière, il y a une certaine différence…
[^] # Re: Technologie et utilisation de la technologie
Posté par arnaudus . En réponse au journal Rendez moi mon futur!. Évalué à 8.
Je me suis mal fait comprendre. La publicité fonctionne. Elle fonctionne même très bien.
La publicité ciblée ne fonctionne pas plus, dans l'absolu, que la publicité non-ciblée. Son seul avantage est de réduire les coûts des campagnes, puisqu'on espère enrichir la proportion de gens ciblés parmi l'échantillon des gens qui vont la voir. Du coup, il faudra moins de vues pour avoir la même efficacité.
Statistiquement, la publicité ciblée doit atteindre en partie cet objectif. Mais il n'y a rien de nouveau : ça a plus ou moins toujours existé. Si tu veux vendre une montre de luxe, mieux vaut mettre ta pub dans le Figaro que dans l'Humanité (il y a des pubs dans l'Huma? Peut-être pas, je ne sais plus). Et les pubs sur radio classique, c'est des conventions obsèques et des protections pour fuites urinaires.
Les pubs ciblées à la Google ou Facebook, ça n'est qu'un "perfectionnement" du procédé. Les pubs vont être ciblées non-seulement en fonction du site, mais aussi en fonction d'informations glanées sur l'utilisateur. Moi je veux bien croire que l'efficacité du ciblage existe; il est peu probable que tant d'annonceurs payent s'ils n'ont pas l'impression que c'est efficace. Mais ça n'est qu'une efficacité statistique, puisque dans les faits, tout le monde peut constater que le ciblage est souvent largement raté, ou non-pertinent.
Il me semble qu'il y a des discussions récurrentes là-dessus, et l'idée d'une "bulle" autour des données de la pub ciblée n'est pas absurde. Facebook est valorisé autour de 100$ par utilisateur (pays occidentaux). Les actionnaires de Facebook pensent donc tirer 100$ de bénéfices de ton profil, donc vendre plusieurs centaines de
de chiffre d'affaire supplémentaire par utilisateur de Facebook, et juste avec les pubs facebook. Quand on compare au marché de la pub en France, et les budgets des ménages sur des biens de consommation courante, ça colle mal (et c'est un jeu à somme négative pour les annonceurs).
Pour en revenir à la discussion, les "pubs" internes aux sites (listes d'articles suggérés, etc), c'est gratuit. Ça ne coûte absolument rien à Amazon de lister des suggestions d'achat. Quand ça fonctionne, c'est tout bénef, quand ça ne fonctionne pas, il n'y a aucune perte, seulement un manque à gagner. Du coup, il me semble tout à fait possible que ça ne marche pas et qu'ils s'en foutent complètement. L'ergonomie du site a été conçue avec une liste de recommandations, et personne n'a jamais trouvé utile d'optimiser l'algorithme. Pour Amazon, c'est dur à croire (et pourtant, leurs suggestions sont vraiment pourries), pour Castorama, c'est plus que crédible.
Comme beaucoup, j'aimerais vérifier ce qu'ils savent de moi, et la fiabilité de ces informations. Leur intérêt, c'est de faire croire à leurs clients que le ciblage est très précis, ils ont tout intérêt à laisser courir les rumeurs du style "ils savent tout de toi". Les associations/défenseurs des libértés, ils ont aussi tout intérêt à se baser sur l'hypothèse du pire : ils savent tout de toi. Et au final, personne ne s'intéresse à ce qu'ils savent réellement de toi, et à la fiabilité de ce qu'ils croient savoir. Imagine une fiche avec 10 champs triviaux (genre, nom, adresse, date de naissance, nom du conjoint, nombre d'enfants, profession, etc). Combien de ces champs une entreprise comme Facebook peut-elle remplir? Et parmi ceux qui sont remplis, combien n'ont pas été rentrés directement par l'utilisateur du site? Combien sont fiables (faux profils Facebook, etc?). Combien sont valorisables commercialement? (pour autre chose que sur le marché noir pour l'usurpation d'identité).
[^] # Re: Citadin dans son jardin
Posté par arnaudus . En réponse au journal J'ai mangé une pomme. Évalué à 5.
Ah oui, j'en suis certain. Mais j'ai l'impression qu'il y a une sorte d'asymétrie dans le pouvoir (perçu ou réel) de changer l'environnement de l'autre : quand le campagnard évoque l'enfer de la ville, c'est pour dire qu'il n'irait jamais y habiter (et même pas besoin d'évoquer le métro, rien qu'une route à plus de deux voies suffit à provoquer l'émoi); quand un citadin évoque la campagne, c'est plutôt pour dire qu'il souhaiterait y habiter, mais qu'il voudrait aussi se débarrasser des gens qui y habitent et qui dénaturent son idéal (chasseurs, agriculteurs intensifs, bouseux crotteux qui parlent patois, etc). Du coup, je comprends pourquoi les habitants de la campagne voient d'un mauvais œil ceux qui n'y habitent pas (ou ceux qui n'y sont pas nés) et qui veulent leur imposer un mode de vie différent.
Loin de moi l'idée de prendre leur défense sur tout, parce que les ruraux ne réalisent souvent pas que leur confort (relatif) n'existe que parce qu'ils vivent aux dépens des autres: jamais une vie d'abonnement ne couvrira la maintenance de 3km de ligne électrique pour un hameau de 3 familles, idem pour l'eau courante, les routes, Internet, les quelques services publics qu'il reste encore, etc. Par ailleurs, la tolérance de fait pour certains loisirs nuisibles—chasse, conduite sous l'emprise de l'alcool—ou diverses fraudes—travail dissimulé, corruption, activités illégales, fraude au diesel, permis de construire—fait partie de "traditions" indéboulonnables, qui sont mal comprises par les citadins. Mais je comprends que, du coup, ils voient d'un mauvais œil les citadins qui viennent se mêler de leurs affaires, parce qu'ils savent aussi ce qu'ils risquent d'y trouver.
[^] # Re: Citadin dans son jardin
Posté par arnaudus . En réponse au journal J'ai mangé une pomme. Évalué à 9.
Tu ne peux pas nier que la relation entre les Parisiens et la nature est complexe et en partie fantasmée :-) En général, les citadins savent bien ce qu'est la nature, mais ils ne connaissent pas du tout la réalité de la production agricole. Ils ne comprennent pas que les champs ou les élevages sont des unités de production industrielle (parce qu'un agriculteur doit produire assez pour nourri 60 personnes), et que ça ne peut pas être en même temps des parcs ou des zoos. Il n'est pas plus pertinent de mettre un étang avec des grenouilles au milieu d'un champ de blé que de mettre un arbre au milieu d'une usine Renault.
# Vérité cruelle
Posté par arnaudus . En réponse au journal J'ai mangé une pomme. Évalué à 6.
En fait, il y a malheureusement des fantasmes qui circulent parmi les jardiniers amateurs (et les parisiens écolos qui n'ont jamais eu de jardin mais qui croient tout savoir). Par exemple, que les rendements sont meilleurs dans un écosystème équilibré, que les techniques soi-disant ancestrales (jardiner avec la lune, planter sans labours, etc) sont plus efficaces que l'agriculture industrielle, que les plantes dans un jardin sont moins stressées qu'en serre industrielle, etc.
C'est pourtant complètement faux. Le rendement maximal d'une plante (en biomasse ou en production de la partie qui nous intéresse) est très généralement obtenu dans des conditions très artificielles (éclairage, cycle jour/nuit, concentration en CO2, température, arrosage et minéraux). Au contraire, les intempéries, les parasites, la compétition avec d'autres plantes, c'est stressant, et ça diminue les rendements. Produire dans un jardin, c'est passer son temps à essayer de limiter les effets néfastes de la nature (en partie parce que les variétés cultivées ne sont pas très bien adaptées à la survie dans les jardins, mais pas seulement). Et que même en agriculture bio, les traitements sont très fréquents (plusieurs fois par semaine parfois), sans être nécessairement sans danger: le critère pour le bio/pas bio, c'est la chimie de synthèse, mais des produits non synthétiques peuvent être assez dangereux—les épandages de souffre ou de cuivre sont assez problématiques, et les sols de certaines cultures bio sont plus pollués que les sols des cultures traditionnelles).
Je ne sais pas s'il existe réellement une solution, mais en tout cas, c'est certain que si on couvrait la terre de potagers, on crèverait tous de faim après avoir mangé beaucoup de fruits avec des vers dedans.
[^] # Re: Technologie et utilisation de la technologie
Posté par arnaudus . En réponse au journal Rendez moi mon futur!. Évalué à 5.
Mouais, on a cette discussion régulièrement ici.
Observation: les pubs ciblées et les listes d'articles proposées (page d'accueil du site, "vous pourriez être aussi intéressé par…", "articles fréquemment achetés ensemble") semblent complètement débiles (protections périodiques alors qu'on est un homme, combinaison sado-maso alors qu'on cherche un bouquin sur Latex, etc).
Hypothèse 1: les IA des sites commerciaux sont foireuses (recherche grossière de mot-clés, photos ressemblantes, erreurs d'identification du profil, heuristiques pondues par un stagiaire…)
Hypothèse 2: les IA pourraient de fournir une liste de 10 articles pertinents, mais elles font exprès de te montrer n'importe quoi pour que tu ne te rendes pas compte que tu es pisté
Moi, je met l'hypothèse 1 à 100 contre 1. Largement.
Explication 1: pour de nombreux sites commerciaux, le ciblage est codé par des chimpanzés incompétents sous pression des commerciaux qui ont vendu une "intelligence artificielle" qu'on n'a pas les compétences pour développer.
Explication 2: les données sur lesquelles sont basées le ciblage sont foireuses ou incomplètes (plusieurs utilisateurs sur la même machine, configuration du navigateur avec purge des cookies, identification heuristique du profil facebook / google ratée…). Un facteur essentiel du profil de l'utilisateur (homme/femme, pro/particulier…) a très bien pu être raté (ou pas considéré dans la base de données).
Explication 3: le principe même du ciblage ne fonctionne pas (même une très bonne connaissance du profil de l'utilisateur ne permet pas de proposer un choix pertinent, parce qu'il y a trop de variété, le comportement est imprédictible, ou pas de corrélation entre les achats). Par exemple, si lundi: resto japonais, mardi: resto chinois, mercredi: proposer un resto thaïlandais ne fonctionne pas, parce que la plupart du temps on veut varier.
Par exemple, un mystère pour moi, c'est les "fréquemment achetés ensemble", typiquement sur Amazon. Je n'arrive pas à me rappeler une seule fois où ces suggestions étaient pertinentes, parce qu'elles proposent des articles identiques ou redondants, et pas du tout complémentaires. Par exemple, si tu achètes un joint pour le lave-vaisselle, le site te propose un autre joint pour un lave-vaisselle d'un autre modèle. Dans quel monde quelqu'un achète ensemble plusieurs joints pour plusieurs lave-vaisselle? La seule possibilité que je vois, c'est que la plupart des joints de lave-vaisselle sont achetés par des réparateurs de lave-vaisselle, auquel cas l'algorithme se vautre lamentablement, et me propose des articles absurdes. J'imagine que pour la plupart des vendeurs, les bases de données sont bruitées et biaisées par tout un tas de facteurs ou d'erreurs, et que les suggestions sont foireuses. Ça m'étonnerait qu'ils aient des équipes qui étudient rationnellement ce que fait l'algorithme et qui cherche à l'améliorer, même dans les grandes boîtes; si ça se trouve le truc fonctionne comme ça depuis 10 ans et personne n'a cherché à l'optimiser. Bref, penser qu'on est à la merci d'IA omniscientes qui font semblant d'être mauvaises pour influencer notre comportement sans qu'on en soit conscient, c'est un scénario de SF, mais ça me semble avoir 0 crédibilité. Il faudrait déja que les algo soient capables de fournir des solutions pertinentes avant de brouiller les cartes.
[^] # Re: Technologie et utilisation de la technologie
Posté par arnaudus . En réponse au journal Rendez moi mon futur!. Évalué à 10.
Ce qui est le plus bizarre dans ce genre de cas, c'est que ça a un impact direct sur le chiffre d'affaire. Mais c'est aussi la conséquence du découpage des tâches et de confier tout un tas de trucs à des prestataires. Celui qui développe la charte graphique du site n'est pas le même que celui qui gère la base de données, celui qui gère les commandes par Internet n'est pas le même que celui qui gère le site, etc. Au final, l'organisation est complètement sous-optimale, personne n'est responsable de la cohérence. C'est typique des grosses boîtes je pense, et des décideurs qui ne comprennent rien à la technique. Pour reprendre l'exemple de Casto, c'est la même équipe dans le magasin qui prépare les commandes web et qui prépare les retraits des gros articles (qu'il faut transporter au transpalette parce qu'ils sont dans la réserve). Eh bien, figurez-vous que cette équipe n'a pas la main sur les flux de retrait des commandes web. Du coup, en plein samedi après-midi, alors qu'ils sont déja à l'arrache sur les cliens qui attendent leurs articles qu'ils ont acheté physiquement dans le magasin, ils ont aussi des clients web qui se pointent toutes les 5 minutes. Au final, tout le monde poireaute une heure. Si c'est pas complètement débile comme fonctionnement! Comment peut-on imaginer qu'ils n'aient pas prévu de ne pas donner de RDV web sur les plages horaires déja surchargées?
Mais bon, tout ça, ça n'est qu'une conséquence de l'incompétence et de la désorganisation dans les grosses structures. Des incompétents qui ont un rôle de décision veulent couper les coûts, et mettent en place des systèmes dysfonctionnels (qui sont forcément plus coûteux); la culture d'entreprise fait qu'il est impossible ou difficile de faire remonter les dysfonctionnements ou de faire des propositions pour améliorer l'organisation, personne ne prend d'initiative localement (parce qu'il pense que ça n'est pas son rôle, parce qu'il pense qu'il n'est pas payé pour penser, parce que ça serait mal vu de la hiérarchie, parce que c'est bien fait pour les chefs incompétents que les clients soient mécontents…).
[^] # Re: Performances de compression par rapport à d'autres formats avec*pertes
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche FFV1, un format vidéo sans perte et libre, normalisé à l'IETF. Évalué à 10.
Euh… C'est peut-être complètement naïf, mais par rapport à une compression non-spécialisée (style zip ou rar), quel gain d'efficacité peut-on espérer?
# Technologie et utilisation de la technologie
Posté par arnaudus . En réponse au journal Rendez moi mon futur!. Évalué à 10. Dernière modification le 24 août 2021 à 17:23.
J'ai l'impression que toute technologie peut être mal utilisée. Ça peut être des interfaces mal conçues, des protocoles inadaptés, des humains incompétents, des tentatives de réduction des coûts trop brutales… C'est sans fin.
Au final, il ne faut pas oublier que des humains sont derrière le fonctionnement, et les dysfonctionnements sont souvent dûs à des humains débiles, fainéants, ou incompétents. Pour reprendre l'exemple de ton centre de radiologie; j'ai appelé une fois celui qui était proche de chez moi pour une radio en urgence, et on m'a répondu qu'il était nécessaire de prendre RDV, et que le prochain RDV était dans 6 jours. J'en ai appelé un autre, et la secrétaire m'a demandé pourquoi j'appelais, vu qu'il était évident qu'il suffisait de se pointer quand il s'agissait d'une urgence. A priori, deux centres de radiologie de même taille, deux communes voisines, même prix : rien ne peut justifier le fonctionnement du premier, sauf la bêtise, l'avarice, l'incompétence, ou la paresse.
Sur le fond, la déshumanisation a aussi parfois du bon. Je trouve ça appréciable de pouvoir faire beaucoup de démarches administratives par Internet, de manière générale, le téléphone n'est pas un bon outil pour les démarches. On ne peut pas partager de document, on doit transmettre les numéros et les noms par la voix, avec un taux d'erreur important. Pour avoir été expatrié pendant des années, le téléphone est aussi un outil terrifiant quand il faut s'exprimer dans une langue qui n'est pas sa langue maternelle. Et, pour des raisons ridicules de code du travail, personne ne répond au téléphone la nuit, ce qui fait qu'il faut toujours appeler sur les heures de boulot. Bref, les RDV et les démarches par Internet, c'est génial.
Par contre, ça s'interface mal avec le monde réel. Quand la base de données de RDV est sous Doctolib, on ne peut plus prendre de RDV en direct. C'est par exemple une partie de l'explication du faible taux de vaccination des > 80 ans : ceux qui n'ont pas été aidés pour prendre RDV n'ont pas pu le faire avec les moyens "standard". Mais ça n'est pas de la faute de la technologie. Dans de nombreux centres de vaccination, il y avait un agent derrière un ordinateur qui pouvait prendre un RDV pour des gens au téléphone ou qui s'étaient pointés. Mieux encore, il y avait des centres de vaccination où on prenait les petits vieux qui se pointaient sans RDV. Il suffit d'un humain quelque part dans la chaine qui prend une initiative intelligente, et pouf, ça se débloque.
La technologie et les contraintes associées ne sont malheureusement qu'une excuse supplémentaire pour que les glandus glandent. Mais blâmer la machine ne sert à rien, il faut blamer ceux qui l'ont achetée, installée, conçue, ou paramétré. Il y a plein d'exemples où l'informatique fait gagner du temps et de l'efficacité, mais il n'y a rien d'intuitif dans la mise au point d'une interface ergonomique ou d'un cahier des charges.
Ton futur idéal, c'est peut-être quand on aura l'expérience de ces interactions foireuses avec la technologie, et qu'on confiera la conception des interfaces à des gens dont c'est le métier.
[^] # Re: Très mauvaise idée
Posté par arnaudus . En réponse au message créer sa propre distribution Linux. Évalué à 2.
Bon, je me rends compte que je n'ai pas été très constructif. Je pense que ce qu'il faudrait faire avant tout, c'est d'embaucher un informaticien expérimenté pour être chef de projet / manager : OK sur le plan technique, mais surtout avec de l'expérience dans la maintenance de distributions (un mainteneur Debian, quelqu'un dans ce profil). Ça sera à lui de définir le cahier des charges avec vous; quelle genre de distribution, quel fréquence de mise à jour, quelles contraintes, quand on voudra une version beta, quand une version commercialisable, etc. En fonction de ça, le chef de projet estimera la taille de son équipe, et c'est lui qui assurera le recrutement. Il sera responsable des délais, des problèmes humains et techniques; il assurera à la fois le développement et la maintenance de la distrib, et le service support aux clients. S'il vous dit qu'il faut une équipe de 12, alors c'est qu'il faut une équipe de 12. C'est à lui qu'il faudra faire confiance, pas aux moules de Linuxfr.
Par contre, c'est sûr que si vous lui offrez un CDD de 4 mois en espérant avoir une distrib fonctionnelle au bout, il va se barrer tout de suite. Mais je pense que dans tous les cas, il faut embaucher ce genre de profil et lui confier les manettes; la boîte va peut-être couler parce que ça coûte trop cher par rapport aux revenus, mais au moins vous n'aurez pas fait n'importe quoi.
[^] # Re: Très mauvaise idée
Posté par arnaudus . En réponse au message créer sa propre distribution Linux. Évalué à 7.
Bah du coup il sait que Mandriva c'était 4M€ de capital et 50 mainteneurs, que Canonical c'est > 500 employés. Du coup, c'est logique, on part sur un ou deux développeurs à payer 4 ou 8 mois. Y'a pas de raison que ça se passe mal, parce qu'on va embarquer la dernière version du noyau et qu'on va travailler vite et bien. Sont un peu débiles les concurrents, ils distribuent des Linux d'il y a 10 ans, ils travaillent mal et lentement, et ils payent des dizaines de mainteneurs alors qu'une fois que la distribution est faite en 4 mois, bah ça continue à fonctionner tout seul. Tout est sous contrôle.
Sérieusement, si vous voulez installer et maintenir des postes Linux chez vos clients, installez une distribution existante et fournissez le support. Si vous voulez vendre un logiciel que vous développerez vous-mêmes, développez un logiciel portable, que vous pourrez installer sur le système du client sans lui imposer une distribution (mais il va falloir le développer, ce logiciel, ça ne se fait pas en deux mois avec un stagiaire). Si vous voulez maquiller une distribution existante pour faire croire que vous distribuez un produit original alors que c'est juste une Ubuntu sur laquelle vous avez changé les logos, faites-le, mais c'est juste de l'escroquerie. Mais créer une vraie distribution en quelques mois avec une toute petite équipe que vous ne pensez même pas conserver pour la maintenance, c'est juste zéro crédibilité. Être cassant et sûr de soi ne va pas changer la donne…
[^] # Re: je vais tennir compte de tous vos commentaires
Posté par arnaudus . En réponse au message créer sa propre distribution Linux. Évalué à 5.
Bah lancez vous. Ça n'est pas mon pognon, et c'est juste dommage pour les quelques colombinés que vous arriverez peut-être à attirer avec un produit défectueux.
Personnellement, je ne comprends pas comment on peut envisager d'investir dans un domaine dans lequel ni vous ni votre ami ne connaissez rien; visiblement, vous n'avez même pas envisagé qu'il fallait maintenir votre distribution, et vous avez sous-estimé d'un facteur 10 à 100 les RH pour créer une nouvelle distribution—je pense simplement que vous ne savez pas ce qu'est une distribution, vous ne parlez que de noyau et d'interface graphique.
Après, c'est toujours pareil : il y a parfois des gens qui réussissent un truc parce qu'ils ne savent pas que c'est impossible. Mais 1) pour un qui réussit ce truc, il y en a des milliers qui se plantent, et 2) la propabilité de réussite reste très supérieure parmi ceux qui connaissent les challenges à venir que parmi ceux qui y vont au pif. Mais bon, maintenant, vous êtes au courant, à vous de voir quel service vous souhaitez rendre à votre ami.
[^] # Re: Très mauvaise idée
Posté par arnaudus . En réponse au message créer sa propre distribution Linux. Évalué à 3.
Mouais, toujours pas convaincu. On ne sait pas quelle est sa cible, si ça se trouve, c'est complètement sans rapport avec sa propre activité? Par exemple, il veut installer sa distrib spécifiquement sur des bornes de commande dans un fast-food, bah lui il ne gère pas de fast-food, donc il n'a aucune raison d'utiliser son produit.
Évidemment, en bon commercial, il doit connaitre son produit. Et pour revenir à ce que je disais, il doit connaitre le marché : il doit savoir ce qu'est une distribution Linux, quels sont les concurrents, etc. Et c'est là qu'est le problème : comment pourrait-il parler par exemple des mises à jour de sécurité, quand visiblement il ne connait pas les rôles respectifs du noyau, des projets upstream, et de la distribution?
Mais dans tous les cas, le plus important c'est qu'il se fasse briefer par quelqu'un de compétent. Je ne crois pas qu'il doive apprendre l'informatique et qu'il doive maitriser Linux pour ça; s'il connaissait, ça aurait été un plus, mais je ne crois pas du tout que "va apprendre Linux et reviens quand tu sauras installer une distrib" soit un bon conseil.
Au fond, bien sûr, la question reste pourquoi se lancer dans un secteur technique et très concurrentiel quand on n'y connait rien techniquement et qu'on ne connait rien au secteur, mais à mon avis, c'est plus un problème de ne rien connaitre au secteur (c'est un manque de compétence sur son cœur de métier : le commerce) que de ne rien y connaitre du point de vue technique (ce qui serait le boulot de quelqu'un d'autre).
[^] # Re: Vraiment ?
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les talibans se sont emparés d'appareils biométriques militaires américains. Évalué à 4.
À mon avis, ça dépend de ce que contient cette base.
Si elle contient des données identifiant des citoyens US (militaires, mercenaires, espions) ou des étrangers rendant actuellement service aux US (contre-espions), alors oui, c'est une belle bande de tanches.
Si elle n'identifie que des civils locaux qui ont rendu service aux US mais qui n'ont plus vocation à travailler pour eux dans l'avenir, alors pour l'armée, c'est complètement neutre : ils s'en foutent. Pour les civils en question, c'est différent, mais pour les militaires, c'était peut-être un choix de privilégier la destruction des données sensibles, et de laisser les données moins sensibles.
Un bon coup de masse (ou une rafale d'arme automatique) et laisser trainer à l'extérieur dans la pourrière du désert, ça me semblerait suffisamment sécurisé pour la plupart des applications, non?
[^] # Re: Très mauvaise idée
Posté par arnaudus . En réponse au message créer sa propre distribution Linux. Évalué à 4.
Je ne suis pas complètement d'accord. Le gars est investisseur, ça n'est pas son boulot d'apprendre à utiliser les produits qu'il veut vendre. Son boulot, c'est d'identifier un besoin, d'évaluer le marché, de dimensionner son investissement, et de se lancer. Typiquement, un investisseur qui se lance dans des services low-cost, il ne va pas les utiliser pour lui. Tu vois le patron de Renault rouler en Twingo, ou le patron de Lidl manger les sous-marques qu'il vend? Attention hein, il doit faire croire qu'il utilise ce qu'il vend. Mais en vrai, bien sûr qu'il ne fait pas ça.
Par contre, le pote en question, il semble mal savoir s'entourer. Il me semble assez évident qu'il a demandé à quelqu'un qui n'y connait rien (et qui ne comprend visiblement rien de ce qu'on lui dit) de tâter le terrain, et ça, c'est très très inquiétant. Rien ne semble aller dans leur projet; les moyens qu'ils semblent vouloir investir sont 100 fois trop faibles par rapport à la tâche (créer une distribution, rien que ça), l'objectif de créer une distribution ne semble pas correspondre à leur business model (ils ne veulent pas vendre une distrib, mais vendre des services), et leur projet ressemble à 1000 projets précédents qui se sont vautrés (bricoler un Linux avec une interface graphique pour remplacer Windows chez des gens qui n'y connaissent rien à l'informatique, et la vendre moins cher que Windows).
Après tout, c'est leur pognon, ils font ce qu'ils veulent avec. Ceux que je plains, c'est les quelques pigeons qui pourront mordre à l'appât et payer pour ce truc.
[^] # Re: je vais tennir compte de tous vos commentaires
Posté par arnaudus . En réponse au message créer sa propre distribution Linux. Évalué à 5.
Il y a déja eu beaucoup de réponses très détaillées, et ta réponse semble montrer que tu n'as pas lu (ou pas compris).
C'est ridicule : évidemment qu'il veut installer un noyau récent, ça serait complètement débile de partir sur un vieux.
Existante ou originale? Pour moi ça ne veut rien dire.
C'est bien connu, c'est comme ça qu'on fait de la qualité.
J'ai l'impression qu'on a essayé de t'expliquer que c'était peut-être plutôt 10 à 20, voire plus pour travailler correctement, mais c'est pas grave, partez avec votre CDD sur 4 mois et vous verrez bien ce que vous aurez au bout…
[^] # Re: nouvelle distribution Linux avec une interface graphique originale
Posté par arnaudus . En réponse au message créer sa propre distribution Linux. Évalué à 8.
Mouais, si le choix c'est Windows sans support ou Linux avec support, le prix du support va devoir être très très bas pour être équivalent à une licence Windows OEM (max 150€ à l'achat? Donc support Linux < 50€/an?).
Maintenir une distribution, c'est des milliers d'heures de boulot par mois si on le fait bien (gérer les rapports de bugs, corriger et/ou transmettre upstream, gérer les dépendances de milliers de logiciels, etc). Du coup, soit l'investisseur est millionnaire et voit gros, soit il va lancer une distrib montée à la va-vite qui ne fonctionne pas (base logicielle très petite, installation aléatoire, mise à jour déficiente, etc), soit il va monter une "fausse distrib" (par exemple une Ubuntu avec bureau visuellement personnalisé et les logos Ubuntu remplacés par les siens). Dans le derniers cas, je n'ai pas l'impression que les clients s'y retrouvent (même si le support est efficace et que ça marche, c'est quand même basé sur du pipeau). Et comme dit plus haut, le client est enfermé; ses machines tournent officiellement sur la distribution "PoteàToyo", et s'il ne connait rien, il ne va pas savoir qu'il peut changer de prestataire, ce n'est pas très honnête.
Vendre le support pour une distribution existante, c'est un schéma beaucoup plus classique. Ça rassure le client, qui peut se renseigner sur le produit. C'est comme un contrat de service dans un garage, on connait le modèle de la bagnole, et le garage assure la maintenance. Ce n'est pas le garage qui vend sa propre bagnole bricolée dans sa cour, ou une Renault à laquelle on aurait retiré les logos et changé la couleur des sièges.
Les besoins de tous les clients sont différents, mais personnellement je ne voudrais pas du tout que la boite qui assure la maintenance ajoute des briques logicielles expérimentales pour faire une interface "agréable" ou "facile". Il y a eu des milliers de tentatives équivalentes, et ça a toujours été un foirage total. Même avec Linux, les utilisateurs n'ont pas de problème d'interface : ils ont des problèmes avec le support du matériel (le wifi qui ne marche pas, etc), ils ont des problèmes de compatibilité logicielle (un client envoie un fichier Excel qu'on n'arrive pas à ouvrir correctement), ou ils n'arrivent pas à faire quelque chose qu'ils arrivaient à faire sous Windows. Mais les interfaces pour attardés (style "Toi cliquer ici pour aller voir Internet"), ça a peut-être un marché dans les EHPAD, mais dans le milieu pro, j'en doute un peu…
[^] # Re: les questions que se pose mon amis commercial
Posté par arnaudus . En réponse au message créer sa propre distribution Linux. Évalué à 2.
La demande n'est pas ambigüe. C'est clairement de ça qu'il s'agit.
[^] # Re: les questions que se pose mon amis commercial
Posté par arnaudus . En réponse au message créer sa propre distribution Linux. Évalué à 7.
Excellente analogie :-)
La voila l'idée : il faut faire une distribution disruptive. Au lieu d'un vieux et banal Linux, il faut coder un nouveau système d'exploitation. Il suffit de s'y connaitre un peu en C et en assembleur, non? Bon, il faudra peut-être prendre un stagiaire en plus de l'informaticien, il faut être réaliste.
(c'est une blague pas très gentille. J'assume).
[^] # Re: les questions que se pose mon amis commercial
Posté par arnaudus . En réponse au message créer sa propre distribution Linux. Évalué à 5. Dernière modification le 20 août 2021 à 10:16.
C'est toujours pareil, c'est toujours plus facile de douter ou de dénigrer les entrepreneurs que de prendre le place. Ceci dit, il faudrait être sûr de ce que vous voulez faire, et que vous compreniez bien les contraintes et l'état du marché.
Le marché des distributions Linux est bien saturé. Il y a plusieurs (voire des dizaines) de distributions sur tous les créneaux : pour le grand public, pour les professionnels, pour les utilisateurs averties, pour les geeks, pour ceux qui veulent personnaliser une distribution en se basant sur un socle stable, etc. La grande majorité de ces distributions sont gratuites, c'est difficile de vendre Linux sans un solide service derrière.
Comme dit plus haut, faire et maintenir une distribution, c'est faire des dizaines de choix techniques qui nécessitent une très bonne compréhension de l'écosystème Linux : quel système de paquets, quelle périodicité de mise à jour, combien de paquets dans la distribution par défaut, quelles versions, quelle politique de mise à jour, quels choix techniques pour le son, pour le bureau, pour le serveur graphique, quelle gestion des drivers propriétaires, quel matériel supporté (processeur, carte graphique…)… Même ceux qui s'y connaissent très bien font des erreurs; par ailleurs, il est probable que beaucoup de combinaisons aient été tentées et que vous retrouverez des distributions très similaires sur le marché.
Je ne sais pas si c'est comparable, mais Canonical (qui maintient Ubuntu), c'est (en tout cas c'était au moment où ils ont lancé la distrib) 500 employés et 100M$ de budget. C'est sûr que c'est du très très lourd, mais ça donne quand même une idée de la quantité de travail pour créer, maintenir, et générer des revenus à partir d'une distribution linux (et encore, une grosse partie du job est faite par la communauté, notamment par la réutilisation des paquets Debian). Même sans faire de développement (juste faire une distribution à partir de logiciels existant), je ne pense pas que 4 mois de CDD pour un développeur puisse permettre d'écrire un cahier des charges approximatif… Il faudrait discuter avec des gens qui ont tenté le coup pour évaluer vraiment l'équipe minimale pour produire quelque chose d'utilisable (4 ou 5 personnes pendant 1 an? C'est très difficile à dire).
Si l'objectif est de vendre un service autour d'une distrib Linux, j'imagine que ça serait infiniment plus facile de vendre ce service autour d'une distribution existante.
[^] # Re: Droit d'auteur fantasmé?
Posté par arnaudus . En réponse au journal GitHub lance copilot, un générateur de code entraîné sur du code GPL. Évalué à 2.
Argument très intéressant. J'imagine que personne ne sait vraiment. J'aurais tendance à penser que les mêmes arguments juridiques (flous) vont s'appliquer que pour n'importe quel artiste qui a copié le style musical d'un autre. Je ne pense pas qu'Oasis ait été poursuivi par les ayant-droit des Beatles, si? :-)
Sur le fond, d'après (le peu) que je comprends de la propriété intellectuelle, il va falloir avoir des arguments précis pour plaider la contrefaçon. Je ne suis pas sûr du tout qu'on puisse invoquer le droit d'auteur sur "un style". Il va falloir aller chercher des vrais bouts de morceaux qui ressemblent beaucoup, des paroles qui se ressemblent plus qu'elles ne devraient par hasard, etc. Si l'AI est bien faite et qu'elle a juste recopié le style, alors je pense que l'ayant-droit a peu de chances de s'en tirer.
Je pense que ça dépend des termes de la licence. Il y a forcément des clauses sur la commercialisation du résultat du traitement algorithmique des données. Je ne suis pas sûr que la précision de la prédiction soit le point central ici, ce que tu fais, c'est que tu prends les données, tu les traites, et du vends le résultat. Soit c'est autorisé, soit ça ne l'est pas. Il n'y a d'ailleurs pas besoin d'AI pour ça, le problème se poserait si tu appliquais n'importe quel traitement statistique aux données (lissage, flou Gaussien…) ou si tu fittais une fonction.
Alors là, je pense que ça ne pose pas de problème. On ne peut pas interdire aux ordinateurs de faire ce que font tous les créateurs. Peut-être faut-il juste s'assurer de la légalité du contenu de la base de données.
Les licences (libres ou non) s'appliquent mal aux données, parce que les données ne sont pas soumises au droit d'auteur (même si beaucoup le voudraient ou voudraient le faire croire). Une donnée n'est pas une oeuvre de l'esprit, même si elle a été coûteuse ou difficile à obtenir. La hauteur d'une montagne, par exemple, peut être réutilisée sans mentionner la personne qui l'a calculée. La seule raison de citer l'origine d'une donnée, c'est la rigueur ou l'honnêteté. Mais je ne pense pas que tu puisses appliquer une obligation légale. La question est un peu différente avec une grosse base de données, puisque c'est la base (et pas les données) qui peuvent être protégées.
Tout dépend de la licence de ton code. Si c'est du GPL ou équivalent, que la personne l'a obtenu légalement (en la téléchargeant sur ton site par exemple), alors la GPL lui donne le droit de rediffuser le code. Si ton code était sous une licence restrictive ou proprio, et que l'indélicat l'a republiée sous une licence fantaisiste sans ton autorisation, c'est de la contrefaçon. Contacter github en premier me semble la bonne démarche, j'imagine qu'ils vont recueillir les arguments des deux parties et agir en conséquence.
Je me suis toujours dit que les utilisateurs d'un code sous GPL pouvaient être facilement trompés par des intermédiaires peu scrupuleux (qui changent la licence par exemple), et que ça pouvait leur coûter cher. Par exemple, tu télécharges un truc sous github, tu le modifies et le commercialise. Et paf, 2 ans après, tu apprends que le code n'était en fait pas sous GPL et l'auteur original te poursuivait pour contrefaçon. Soit tu payes, soit ton business coule (puisque tu ne peux plus diffuser ton code sous les mêmes conditions), et pire, tes clients peuvent à leur tour avoir des problèmes (puisqu'ils ont pu diffuser ton code sous GPL de bonne foi). À un moment, le truc devient hors de contrôle, le code est partout, sous des licences trompeuses, et il semble très difficile de réparer l'erreur. Ça donne envie quand même de recontacter les auteurs originaux pour toute réutilisation qui pourrait poser problème (histoire de vérifier que leur code est bien sous GPL et que les fichiers récupérés sont bien les bons).