Jehan a écrit 1631 commentaires

  • # Une de mes plus anciennes contributions au logiciel libre

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche Wesnoth : Il y a mille façons de contribuer.... Évalué à 7.

    Battle for Wesnoth fut parmi mes plus anciennes contributions sur un logiciel libre. J'ai traduit le scénario tutoriel en français (à l'époque, de mémoire, ce n'était pas du tout traduit, ou bien quasiment pas; je sais plus trop).

    On retrouve encore mon nom dans les "attributions" de la traduction française: https://wiki.wesnoth.org/Credits (certains remarqueront que le nom de famille n'est pas le mien, mais c'était un pseudo; le prénom est le même! 😉).

    Souvenirs souvenirs…

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Gestion des couleurs et capture

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche GIMP 2.10.34 est sorti. Évalué à 10.

    Sommaire

    J'avais fait une longue réponse y a 10 jours où j'essayais de répondre à tes divers points. Je l'ai encore, mais je ne vais pas la poster. La raison est que je crois que tu t'es totalement embrouillé dans la base même de ta logique, donc si j'essaie de répondre à tes questions qui partent sur des incompréhensions à la base, ma réponse ne peut que t'embrouiller encore plus.

    Le problème est évident dès ta seconde phrase:

    Si je demande à connaître la couleur à tel point de l'écran, le portail me donne un triplet RGB qui ne veut rien dire sans profil de couleur. Soit.

    Puis ensuite tu fais toute une argumentation sur cette base. En gros, tu commences en acceptant la problématique de base qui est que les données de couleur que tu reçois sont fausses… puis tu nous dis plus ou moins par la suite "mais faisons abstraction de cela, je comprends pas pourquoi les couleurs finales seront fausses". Tu vois le problème, j'espère?

    Je vais donc faire une réponse plus généraliste sur ce que je pense être tes incompréhensions de base:

    Notre contexte: logiciels de graphisme

    Déjà tu sembles croire que juste passer des valeurs RGB sans profil marche, puisqu'après tout, tous les logiciels s'affichent bien! Or c'est faux. Ça marchouille pour le cas général où on ne fait pas attention aux couleurs. Et oui, c'est le cas d'une majorité des gens et des logiciels. On s'en fiche peut-être du gris utilisé dans l'interface graphique de son logiciel de calendrier, voire même du rendu de son traitement de texte (même si on a quelques images, ce n'est pas forcément le point central du document et je peux comprendre que dans pas mal de cas, on accepte les couleurs approximatives) ou tout logiciel de bureautique.
    Dans cet article, on parle du cas des gens qui font attention aux couleurs: les graphistes, photographes, peintres numérique. Donc déjà, faut se mettre dans ce contexte. Ce n'est pas une dépêche sur LibreOffice. C'est une dépêche sur GIMP.

    [Note: néanmoins dans la réalité, tout logiciel devrait aussi gérer au mieux les couleurs — et probablement les plus gros, tels que LibreOffice, le font-ils —; d'ailleurs même les navigateurs web s'y sont mis; mon propos n'est donc pas de dire que cela devrait être uniquement l'apanage des logiciels de graphisme, mais que je peux comprendre que certains ne voient pas autant le besoin absolu pour les logiciels de bureautique; par contre quand on parle de logiciel de graphisme, ce ne devrait même pas être en question]

    Dans notre contexte précis donc, les gens ne veulent pas que "ça marchouille", ils veulent que "ça marche", ou du moins, au mieux (car malheureusement c'est un sujet complexe et même quand on fait au mieux, ce n'est en général pas parfait pour autant).

    Élargissons tout de même le contexte (histoire de)

    Ensuite même si on change de contexte et qu'on prenait le cas du grand public, on se rend compte que le "ça marchouille" n'est pas vrai même dans ce cas. Il est presque vrai uniquement quand on prend les écrans basiques. Mais dès qu'on prend par exemple des écrans avec des gamuts "natifs" très différents du cas plus général, les couleurs deviennent vraiment cassées. Et ça reste un cas très général, car beaucoup de gens de nos jours vont acheter des écrans ou télés à gamut large dès qu'ils ont un peu de moyens (parce que le marketing leur dit "c'est mieux"). En fait, c'est même pire que ça: je lisais encore il y a quelques jours que beaucoup de constructeurs vont avoir exprès des mauvaises configurations de base pour faire pêter les couleurs et ainsi faire ressortir d'autant plus leur modèle sur les étalages. Quiconque a déjà vu des écrans de télé aux supermarché sait de quoi je parle: les vendeurs passent en général la même vidéo sur tous les écrans simultanément. Or avez-vous déjà comparé les couleurs sur tous les écrans? Est-ce les mêmes couleurs d'après vous d'un écran à l'autre? Ben non, en général, les couleurs sont méchamment différentes d'une télé à l'autre et malheureusement très souvent, certains vont même avoir tendance à choisir la télé qui rend les couleurs les plus pêtantes, comme si c'était une preuve de qualité (astuce: ce n'est pas le cas! La qualité serait d'avoir les couleurs telles que les créateurs les ont choisies!).

    Sur la base de cette constatation, on peut ainsi revoir son appréciation même du "ça marchouille" (et le "ça marche", n'en parlons pas!).

    En fait le processus marketing de nos jours est tellement absurde que les constructeurs font tout pour que leurs écrans aient des couleurs qui puissent ressortir le plus parmi les concurrents sur les étalages. En conclusion, ils font tout pour que les couleurs soient les plus mauvaises possible parce que ça se vendra mieux! La logique commerciale est en fait qu'il faut que l'écran "se démarque", ce qui signifie montrer des couleurs différentes. Alors que la logique du graphiste, c'est justement l'inverse, qu'il ne faut absolument pas qu'un écran se démarque! Ce que vous voulez, c'est que tous vos écrans montrent les mêmes couleurs. Que l'écran du collègue aussi montre les couleurs que vous avez sur le votre. Que l'écran du public qui verra votre œuvre montre encore les mêmes couleurs. Que le mélange d'encre lors d'une impression ressemble aux couleurs sur votre écran. Etc.

    Si vous cherchez "wide gamut screen saturated colors" sur votre moteur de recherche web préféré, vous verrez l'ampleur du problème. C'est un problème majeur que la plupart des gens qui achètent ce type d'écran ont de nos jours.

    Notons encore que ce n'est même pas juste quelque chose de nouveau, qui serait arrivé avec les écrans large gamut. L'exemple historique le plus flagrant est: le matos/OS Apple! Quand les gens ne calibraient pas leurs écrans (ce qui était le cas de la majorité, même des professionnels du graphisme je pense, il y a 20 ans — j'y étais pas mais je vois bien que l'industrie a commencé réellement à appliquer les principes colorimétriques modernes il y a une quinzaine d'années environ), la calibration par défaut des écrans appliquait un gamma de 1.8 chez Apple alors qu'il était de 2.2 pour le reste de l'industrie. C'était le cas jusqu'à environ 2009/2010. Et c'est pourquoi à l'époque, les gens se plaignaient constamment de différences de couleur en passant une image de macOS à tout autre système (Windows, Linux, etc.). L'image était beaucoup plus sombre sur macOS.
    La raison de pourquoi Apple étaient les seuls à utiliser 1.8 est une histoire ridicule de matériel qui illustre tout à fait ce que je disais sur un autre commentaire sur l'industrie qui a fait erreur sur erreur.

    Et la raison pour laquelle ils sont passés à 2.2 est uniquement pour ce que tu proposes: afin de pouvoir enfin "marchouiller" en faisant comme tout le monde. Mais il faut bien comprendre que ce n'est pas une solution pour autant. Ça fait juste des différences moins flagrantes mais ça n'est pas de la gestion de couleur pour autant.
    D'ailleurs ce problème ne changeait le résultat que pour les gens qui ne calibraient pas leurs écrans ou avaient des logiciels qui ne géraient pas les profils de couleurs ou travaillaient sur des images sans profil. Pour ceux qui cochaient déjà ces 3 conditions, ce changement de gamma ne les impactaient pas (et ils n'avaient pas le problème de couleurs plus sombres en passant d'un ordi Windows/Linux à OSX). C'est bien ça qu'il faut comprendre: ce genre de choix absolus n'impactent que les setups qui ne font pas de gestion de couleur, parce que non, ça ne marche pas par défaut en réalité.

    Le but de la gestion des couleurs: des couleurs justes et une référence

    Je vois bien que tu parles du contexte où aucun logiciel ne gère les couleurs, où on ne travaille que sur des images sRGB (ou sans profil, ce qui en général est équivalent… ou pas! Comme le montre le cas Apple!), où l'écran n'est pas calibré et où on ne travaille que sur un seul écran: oui, si tu prends une couleur sur l'écran ou sur une image, que tu la remontres sur le même écran en réutilisant le triplet RGB tel quel, ça fonctionnera (dans un sens très limité du verbe "fonctionner"). Disons que dans ce cas un peu particulier, tu n'as pas à te soucier de la couleur, tu passes les données en entrée et en sortie sans y appliquer de sémantique en te disant que de toutes façons l'entrée et la sortie sont le même périphérique. Mais si jamais l'entrée et la sortie sont différents, ou simplement si à n'importe quel point intermédiaire du flot de travail, on a besoin de gérer la couleur (c'est à dire si on passe par un logiciel comme GIMP qui va permettre de réutiliser la couleur dans diverses images qui peuvent avoir toute sorte de profil et donc on a besoin de "comprendre" cette couleur, lui donner un sens, et pas juste la faire traverser sans la traiter), ben tu ne peux pas te passer de la sémantique de ta couleur.

    Encore une fois, on parle du cas des professionnels ou amateurs éclairés du graphisme. Ces personnes veulent pouvoir travailler sur plus que du sRGB d'une part.

    D'autre part, je rappelle que le but de la calibration est qu'on veut pouvoir comparer les couleurs sur plusieurs systèmes de sortie, pas juste son unique écran à soi. Typiquement c'est parce qu'on crée des œuvres à partager. Pour les gens qui font des œuvres numériques (illustrations, photographies, films…), cela peut signifier plusieurs écrans: si on choisit des couleurs, on aimerait que la couleur reste la même sur l'écran des autres.

    Alors certes, là tu vas me dire: oui mais on l'a bien vu, les écrans du grand public ne gèrent de toutes façons pas les couleurs correctement! Mais alors imagine si tu (en tant qu'auteur) as un écran qui vire vers le bleu par exemple. Et tu choisis tes couleurs ainsi. Donc comme ton écran tire sur le bleu, tu choisiras des couleurs d'autant plus dans le rouge et le vert sans même t'en rendre compte (pour compenser ce que tu vois à l'écran). Imagine maintenant que ceux qui regardent ont des écrans qui tirent déjà vers le vert et rouge. Et en plus toi, tu leur donnes à regarder des images qui ont déjà (par erreur) une teinte rougeâtre/verdâtre! Les erreurs s'additionnent. Ils verront des couleurs totalement saturées.

    En gros, il te faut tout de même une référence pour ne pas accumuler les erreurs (tu ne peux certes pas contrôler les écrans de ton public, mais le tien au moins, tu peux le contrôler!).

    Pour le cas où on veut imprimer: il faut pouvoir avoir un minimum de similarités entre les couleurs. Tu vas pas réimprimer ton truc 20 fois.

    Il y a aussi le cas où tu travailles avec d'autres. Dans ce cas, tout le monde calibre ses périphériques de sortie pour travailler sur les mêmes couleurs. Imagine que la personne qui fait du color grading, qui a fait sur mesure sa grande salle spéciale sans fenêtre, avec des murs repeints en "gris milieu" et son matos hors de prix… cette personne qui a fait tout ces efforts et a dépensé vraisemblablement des dizaines de milliers d'euros dans ce setup ne calibrait pas son écran et se disait que travailler avec les couleurs natives approximatives suffisait. Comme toi, il se dit qu'il travaille avec un "triplet RGB qui ne veut rien dire sans profil de couleur. Soit." Soit? Est-ce vraiment un lemme acceptable pour la base de son travail de couleur?
    Et il envoie son résultat à ses collègues qui feraient de même. Je veux dire, on est d'accord que ce serait extrêmement ridicule d'aller si loin dans la création d'un environnement idéalement neutre pour travailler les couleurs, tout ça pour au final afficher n'importe quoi, non? 😉 Est-ce que tu penses vraiment que ce lemme de base "triplet RGB qui ne veut rien dire sans profil de couleur. Soit." est acceptable?

    Il faut donc revoir ton lemme de base, et à partir de là, tu comprendras que l'ensemble de ton commentaire est inutile (au sens "faux", pas inutile dans le contexte de la conversation, d'ailleurs je n'ai pas cliqué sur "inutile" et personne l'a fait, à ce que je vois 😜). Tu ne peux juste pas faire une argumentation qui fonctionne sur une base erronée. C'est aussi simple que ça.

    Si tu veux suivre un peu l'avancée du travail pour la gestion des couleurs dans Wayland, tu peux regarder le travail en cours sur le color management protocol ou l'implémentation de référence.

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Fonctions non bijectives

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au message De la gestion de couleurs. Évalué à 8. Dernière modification le 09 mai 2023 à 23:11.

    C'était un atelier où:

    • J'explique comment fonctionnent les filtres, notamment en tant que parfois simples graphes d'operations GEGL. Il peut ainsi y avoir des opérations de base qui sont codés en C (mais mon atelier ne rentre pas là-dedans). À partir de là, on peut créer d'autres opérations en reliant des opérations existantes.
    • Le matin, après la conférence où j'ai surtout survolé énormément de sujets théoriques sur la couleur et le traitement d'image (l'idée étant de donner un aperçu du sujet et donner envie d'en savoir/comprendre plus; c'est pas comme si en 2H, on peut vraiment expliquer ce que beaucoup ne comprennent pas complètement après des années à travailler dessus!), on a eu un premier atelier où j'ai montré quelques usages d'effets, notamment en cumulant plusieurs effets. Que ce soit des trucs marrants comme juste "faire un sabre laser" à des trucs qui font plus sérieux comme implémenter de la détection de contours en faisant une simple différence de deux flous gaussiens. Ce qui existe déjà car c'est un usage classique; et l'effet s'appelle étonnamment (ou non! 😜) "difference of gaussians", sauf que dans le cadre de l'atelier, je le "réimplémente" très simplement en appliquant les étapes une par une. Dans GIMP, comme un utilisateur normal, parce que je pense que même pour un développeur, il est important de voir comment les utilisateurs travaillent réellement pour faire de bons choix (et ne pas voir que l'aspect "code"). Puis on a bougé vers l'outil de "graphe GEGL" où on peut créer des effets en créant des graphes avec une syntaxe textuelle. C'est un super outil pour tester des graphes d'effets très rapidement sans avoir à rentrer dans du code pur et dur dès le début.
    • L'après-midi, on a fait un peu de code en créant des plug-ins pour GIMP en Python 3 (j'ai fait exprès de choisir Python pour ne pas avoir à se farcir des problèmes de compilation; On veut pas transformer ça en cours sur le C ou les problèmes de build!). Ce n'était pas des plug-ins très complexes, ni forcément pour faire des choses extraordinaires, l'idée était de montrer une logique incrémentale de "comment on modifie une image". Sur un premier plug-in, on a simplement itéré sur chaque pixel du buffer d'un calque. Sur un second, je rajoute une difficulté en montrant que le premier plug-in "casse" si on a un canal alpha (opacité). Puis je passe progressivement à des transformations par graphes d'opérations, d'abord avec une, puis plusieurs, puis en utilisant non plus un seul mais plusieurs calques en entrée dans le graphe, etc. L'idée est de complexifier progressivement et de montrer que c'est finalement assez simple. Il faut juste piger la logique de ce traitement d'image par graphe, comme un flux d'opérations par lequel passe un (ou des) buffer(s) en entrée puis on récupère un buffer en sortie. Ça démystifie aussi beaucoup ce travail de traitement d'images (qui finalement est une des bases de l'informatique de nos jours, puisqu'on met des interfaces graphiques partout). On mêle à cela quelques pièges intéressants qui montrent que les concepts de modèles et d'espaces de couleur restent toujours en arrière plan de ce type de travail. Un exemple très simple est une simple "inversion" des couleurs. Faire le choix de travailler en linéaire ou non donnera un rendu complètement différent (il n'y a pas de "bon choix", ça dépend vraiment de ce qu'on veut).

    En gros, c'est ce genre de trucs. C'était la première fois que je donnais un tel séminaire et ça s'est très bien passé, donc je suis plutôt content de moi. Je pense que c'est une bonne introduction au monde du traitement d'image. Et ce, même si on fait le choix de continuer sans GIMP ni GEGL ensuite. Tout cela reste des concepts et des logiques de traitement d'image classiques que l'on retrouvera dans beaucoup d'autres logiciels/outils/bibliothèques graphiques. :-)

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • # Petite réponse

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au message De la gestion de couleurs. Évalué à 9.

    un profil de couleurs est un jeu de données relatif à un appareil de capture d'image (appareil photo, scanner) ou de production d'image (moniteur, projecteur et écran, imprimante).

    Oui. C'est surtout le choix de ton système de coordonnées en fait. En gros, le profile indique les primaires (l'axe et la valeur du 1.0), définit le point blanc et le point noir, et aussi la fonction de transformation entre une valeur de ton système et une luminance typiquement.

    Et donc, si je comprends bien, tout ce bordel n'a l'air nécessaire que parce que les fabricants de matériels sont infoutus de fournir des appareils qui acquièrent ou affichent les couleurs de façon fidèle.

    Tu peux le décrire ainsi. Mais si c'était si facile de produire des appareils qui affichent des couleurs exactement selon un modèle théorique, on l'aurait déjà fait. Je crois que c'est une vision trop classique de l'industrie où on s'imagine qu'on a un contrôle parfait du monde matériel. Ben la réalité est que non. On sait effectivement créer des petites diodes qui font de la lumière, mais on n'en est pas encore à parfaitement contrôler leur rendu. D'autant plus que selon le matériel utilisé, le fournisseur, les aléas du matériel, et j'en passe, 2 écrans du même modèle de 2 séries différentes seront différents. Que dis-je! 2 écrans de la même série de productions seront différents!

    Puis il y a ce qu'on appelle le vieillissement (oui le matériel vieillit aussi et donc change).

    Et la lumière ambiante! Ça va aussi impacter grandement ta perception de la couleur! Les gens qui font par exemple du "color grading" pour le cinéma vont travailler dans des salles sans fenêtres (sinon ils devraient refaire la calibration absolument tout le temps), avec des murs "gris milieu" (18% de luminance, puisque c'est à peu près — bien sûr il y a des désaccords mais ça reste en général autour de cette valeur — la valeur qu'on va considérer comme étant perceptuellement le gris le plus au milieu entre le blanc et le noir). Parfait pour la dépression! 😂 Tu peux chercher sur le web des trucs genre "color grading room at home"; de nos jours, on trouve plein de blogs et d'articles où on explique comment reproduire ça chez soi, pour les gens qui veulent vraiment un environnement "pro" chez soi pour le travail de la couleur… et là tu vois que ça s'arrête absolument pas sur ton ordi/écran/imprimante. Ça va bien plus loin.

    En plus, avoir un appareil "étalonné en usine" signifie que tu ne peux pas en changer le moindre paramètre. Or certains aiment avoir son écran très lumineux, d'autres faiblement lumineux. Etc. Ben chaque changement de luminosité que tu fais ainsi invalide entièrement ta calibration (tu dois recalibrer). Ton idéal d'appareil étalonné à vie ne marcherait qu'avec des machines non paramétrables.

    Et puis, qu'est-ce que le blanc? Hein, dis moi? 😉
    Il y a pas mal de réponse à cela, mais une des réponses pourrait être le mélange de l'ensemble des couleurs monochromatiques. Or va créer ça avec un écran! À la place, on se dit, on met toutes les diodes à fond (donc 3 couleurs seulement au final) et on a une approximation acceptable, non? Sauf qu'en plus on disait déjà plus haut que l'on ne contrôle pas le matériel. Et c'est ainsi qu'on se retrouve avec un blanc un peu bleuté ou un peu orangé…
    Et maintenant imprime ta couleur blanche et met la sur ton mur blanc?! Whaaaa! Ton blanc n'est pas blanc! En fait, il n'est même plus bleuté/orangé. Pourquoi? Ben ton papier déjà, il est de quelle couleur?! Ah bah oui, parce qu'en plus plus haut, quand tu disais:

    on lui donne un papier couvert de sRGB(42, 12, 51)

    Donc tu penses que ton sRGB(42, 12, 51) va donc rendre pareil sur tout papier? Tu penses que si tu l'imprimes sur une feuille blanche ("blanche" ahahah) et une noire (pareil ahahah!), ce sera la même couleur?

    Alors déjà laisse moi corriger une grosse erreur dans ta croyance sur la calibration d'imprimante: on ne calibre pas une imprimante! On calibre… un couple (imprimante, papier)! Ben oui, selon le papier que tu utilises (le modèle, la marque, etc.), tu dois recalibrer. Oups, petit oubli: en fait tu calibres pour le triplet (imprimante, papier, encres)! (ben oui, encres différentes == différentes couleurs, tu peux aussi prendre des compatibles, etc. Et si en plus tu mélanges les cartouches entre 2 fabricants! Tu multiplies les cas!)

    Donc non, ça c'est juste pas possible:

    Pareil pour une imprimante, j'imagine bien une machine étalonnée d'avance pour que, quand on lui donne un aplat sRGB(42, 12, 51) (oui, du RGB, pas du CMJN, le fait d'utiliser quatre couleurs c'est son affaire, pas celle de l'utilisateur !), crache une feuille avec exactement ça dessus.

    Hormis si tu veux que l'usine achète tous les papiers de tous les fabricants du monde, de même toutes les encres du monde, puis calibre l'imprimante avec chacun de ces papiers et encres et fournissent une énorme base de données de tous ces profils où le client mettrait la référence du papier et des encres pour récupérer le profil idéal. Ajoute à cela que tu dois refaire cela à chaque série de production (comme je disais: variation légère du matériel, des fournisseurs, du processus d'usinage qui évolue ou que sais-je!). Et tu te retrouves avec un truc juste impossible à faire… pour en plus avoir un profil générique qui n'est pas adapté exactement à ton imprimante.

    Mais revenons à nos moutons: qu'est-ce que le blanc? Puisqu'on a rarement du blanc parfait — et encore ce concept existe-t-il même vraiment? — le blanc est surtout une vue de l'esprit. Tu vas surtout choisir ce qu'est le blanc. Oui toi. Typiquement, tu vas décider que ton mur est blanc (bon je vais supposer cela, ne pas me prendre au mot et me dire que non, si tu as décidé de peindre ta chambre en bleu ou autre! 😜)! Ben oui, quand t'as acheté ta peinture, y avait bien écrit blanc sur le pot de peinture. "Blanc c'est blanc" quoi!
    Donc voilà, tu as décidé que ton mur est blanc. Et c'est là que tu mets une peinture à fond blanc… et tu te rends compte qu'elle jure complètement avec ton mur! Forcément, le peintre a tort: ton mur est blanc, tu l'as lu sur le pot!

    Ajoute à cela la lumière! Comme la plupart des cas, ta lumière est un peu jaunâtre. Donc que se passe-t-il quand ta lumière se reflète sur ton mur blanc? Ben ton blanc est un peu jaunâtre! Et puis y a la couleur du soleil. Il se trouve que le soleil a une couleur plutôt jaune (bon le regardez pas trop longtemps! 😎). Mais qu'à cela ne tienne, ton mur est blanc! Tu l'as décidé. Et pourtant quand tu compareras tes couleurs, tu auras un rendu différent. Je ne parle même pas juste du blanc, mais bien de toutes les couleurs. Revenons à nos moutons 🐑 blancs… enfin non à nos écrans, quoi! Et compare la même image sur ton écran bien calibré avec une impression. Mais quelque chose ne va pas! C'est parce que le point blanc est différent (possiblement! Y a plein d'autres raisons possibles!). Quand tu regardes dans ton petit monde numérique, tu as choisi un point blanc géré par le profil de ton écran, mais dans ton petit monde physique, tu as choisi un point blanc parce que ton cerveau aura décidé que ton mur est blanc. Or pas de bol, ton mur est pas le même blanc. Et la comparaison fait que tu vois les couleurs différemment!

    La problématique de comparaison des couleurs est une véritable mine d'or pour les illusions d'optiques. J'en montre quelques exemples dans mes confs aussi d'ailleurs. Y a des trucs vraiment marrants. C'est pas pour rien que la perception des couleurs est une science à part entière et un champs de travail énorme depuis plus d'un siècle.

    Enfin bon, c'est donc bien pour cela qu'il y a tout ce foin autour du choix de "quel point blanc choisir pour la calibration de mon écran?" Typiquement pour les gens dont l'œuvre sera sur écran (cinéma, TV…), l'industrie s'est plutôt décidé pour l'illuminant D65 comme point blanc. Mais ceux qui impriment (photographes, peintres numériques, packaging…) vont plutôt viser l'illuminant D50 qu'on va considérer être proche de la lumière du jour vers midi. Certains vont ainsi calibrer leur écran avec point blanc en D50 quand d'autres vont le calibrer en D65. Il y a aussi ceux qui vont te dire d'utiliser le "blanc natif" de ton écran. De toutes façons, certains vont conseiller de ne surtout pas comparer les couleurs sur l'écran et sur papier côte à côte, ce qui permet même de calibrer ton écran en D65 comme tout le monde. Ne pas faire de comparaison directe permet à tes yeux de leur donner le temps de se recalibrer à chaque fois (oui le cerveau est très fort! Il se recalibre de lui-même en fonction du blanc choisi). Et ainsi on peut comparer quand même les couleurs, il faut juste ne pas les regarder en même temps!

    Etc. Etc. Etc.

    Quoiqu'il en soit, le coup du "calibré en usine", c'est un bon discours marketing (je dis pas ça au hasard, ce que tu proposes, les constructeurs aiment bien le dire sur leurs modèles d'écran les plus chers justement; ça n'empêche pas les gens de calibrer parce que le discours marketing vaut ce qu'il vaut!) mais comme tu le vois, ça ne veut à peu près rien dire en réalité.

    Je sais que c'est plus compliqué que ça, en particulier parce que les différents périphériques sont capables d'acquérir ou de sortir des couleurs dans des gamuts plus ou moins étendus

    L'histoire du gamut, c'est le truc que beaucoup de gens vont sortir parce qu'ils ne comprennent pas grand chose de plus. Mais dans la vraie vie, pas tout le monde n'a besoin de faire plein d'images avec des couleurs super-pêtantes de partout.

    Le vrai but, c'est surtout d'avoir un standard de représentation des couleurs. Ce qu'on voit sur son écran, on veut voir la même chose sur un autre écran. De même qu'on veut voir la même chose qu'on en imprime. Etc. C'est surtout cela la vraie raison de la gestion des couleurs. On veut pouvoir faire plus ou moins confiance en ce qu'on voit. Beaucoup d'artistes/graphistes passent un temps fou à choisir les couleurs qu'ils veulent. C'est pas pour avoir des couleurs aléatoires au final!

    Et pour ça faut calibrer. Et surtout faut adapter à son environnement et son besoin précis.

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Fonctions non bijectives

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au message De la gestion de couleurs. Évalué à 7.

    Les transformations entre la plupart des modèles de couleur sont bien bijectives. De même que les transformations entre espaces de couleur (si on travaille en flottant). Il s'agit de bête calcul de matrice 3×3 dans un sens, et son inverse dans l'autre.

    Vous remarquerez d'ailleurs que tous ces modèles ont 3 axes, ce n'est pas un hasard. Les recherches ont simplement montré que l'on peut reproduire l'ensemble des couleurs avec 3 primaires. Le "jeu" est donc simplement de choisir des primaires/axes appropriées et c'est la raison principale pour laquelle il existe divers modèles et divers espaces.

    Il y eut ainsi le moment où on a essayé de faire des modèles plus proches de "comment l'humain perçoit les couleurs", ce qui a donné les HSV et HSL. Mais on s'est rendu compte que ces modèles n'étaient pas si bons mathématiquement (même s'ils restent utilisés et sont intéressants, notamment quelques outils colorimétriques dans GIMP se basent sur ces modèles, en terme d'UX).
    Les gens ont alors cherché à voir les couleurs en 2D, ce qui a donné le modèle xyY, qui permet le fameux diagramme en fer à cheval où on représente les espaces de couleurs, en ignorant l'axe Y. En effet dans ce modèle, on représente entièrement les teintes (c'est à dire la perception des couleurs telles qu'on les nomme) sur un plan avec les axes xy, et l'axe Y ne représente que la luminance sans impacter la perception de teinte. On peut ainsi s'imaginer les "variations" d'une même couleur où on ne change que la luminance sur l'axe perpendiculaire au papier/à l'écran. Ce modèle a d'ailleurs quelques propriétés intéressantes, comme le fait que tout mélange de 2 couleurs se trouve sur le segment entre les 2 points. C'est pourquoi on arrive à représenter tout espace de couleur comme un triangle sur le plan 2D xy.
    Mais ce type de modèle a aussi des problèmes, par exemple la non-uniformité perceptuelle (certaines couleurs très proches sur ce modèle ont l'air très différentes alors que sur d'autres zones, des couleurs éloignées ont l'air identiques). Les gens ont alors essayé de faire des modèles perceptuellement uniformes (ou presque), ce qui a donné les CIELAB et surtout CIELUV.

    Et ainsi de suite. Mais le fait est qu'hormis la création de modèle pour satisfaire des buts/usages particuliers, les couleurs sont entièrement et très aisément transformables d'un modèle à l'autre.

    La raison pour laquelle il pourra y avoir une très légère différence du résultat dans un A/R entre 2 modèles serait l'imprécision mathématique d'un processeur. Mais bon, si on ne fait qu'un A/R, la perte est probablement trop minime pour s'en préoccuper (ce serait moins le cas si on code ça sur 8-bit, ce pourquoi notamment il est conseillé de travailler en flottant de nos jours pour le travail graphique). Hormis ce point de limitation technique, si, mathématiquement les transformations sont théoriquement bijectives, sans perte, hormis si on décidait d'écrêter en dehors de [0; 1], c'est à dire hors du gamut d'un espace de couleur. Sauf que justement l'un des autres grands avantages du travail en flottant est qu'on évite d'écrêter lors d'étapes intermédiaires permettant réellement de travailler presque sans perte, et en plus très simplement (calcul de multiplication de matrice basique, niveau lycée).

    Ensuite quand je disais dans mon paragraphe d'intro que c'est vrai pour "la plupart des modèles de couleur", c'est parce que certains modèles sont basés sur des logiques physiques différentes. Je parle de CMYK. Un passage RGB🔄CMYK n'est effectivement pas bijectif (il n'est pas impossible de tomber sur des valeurs assez différentes lors d'un A/R entre les 2 modèles).
    Et sans compter les "couleurs" de type "couleurs métalliques" ou "couleurs fluorescentes", etc. Bien sûr, selon une théorie de couleur pure, on ne considérerait peut-être pas cela comme une couleur, mais un humain considérera bien un bleu et un bleu métal comme 2 couleurs différentes (même si ça pourrait être considéré exactement le même bleu selon d'autres critères). Et là même en CMYK, on ne les représente pas. En général, c'est là où on utilise les "spot colors" qui sont encore un autre modèle, en général sur une base de catalogues.

    Mais hormis ce type de transformation et autres exceptions particulières, les transformations entre la plupart des autres modèles sont bien bijectives et se font par de très simples opérations mathématiques. 😄

    Ces derniers mois, j'ai donné des conférences sur le traitement d'image et de manière générale sur les sciences des couleurs dans une école d'ingénieur des Mines (Saint Étienne) et dans un IUT (Valence). Bien sûr, dans le temps d'une conférence (2H, bien qu'aux Mines, on a aussi eu des ateliers, donc ce fut même un séminaire d'une journée complète avec conf + atelier sur le traitement d'image avec GEGL), ce n'est qu'un survol très rapide des nombreux concepts. Quiconque croit pouvoir comprendre la problématique de la couleur en informatique en quelques heures se méprend totalement. Cela fait des années que je travaille en plein dedans et je découvre encore des choses, il m'arrive encore de finalement comprendre des trucs (alors que je n'avais même pas réalisé que je n'avais pas compris avant!), etc. D'ailleurs puisque j'ai écrit ce commentaire presque de tête, il n'est pas impossible que quelques erreurs s'y soient glissées. Cela ne fait que démontrer d'autant plus la complexité du sujet (un "classique" quand je lis un texte sur la théorie de la couleur est de comprendre sur le coup et de me dire "ah bah oui", puis d'avoir complètement perdu la logique une semaine après, si je ne l'ai pas relu ou appliqué dans du code entretemps).

    Quand on regarde l'historique des logiciels de graphisme, on se rend d'ailleurs compte que l'ensemble de l'industrie a fait erreurs sur erreurs pendant des décennies sur le sujet de la couleur et essaie de les réparer progressivement (parfois en faisant de nouvelles erreurs ironiquement!).
    Je parle bien de gros noms de l'industrie qui ont multiplié des bourdes sur les dernières décennies (et encore très récemment; ce ne sont pas forcément toutes de vieilles histoires).
    Et en recherche c'est pareil, les chercheurs ont l'air de se tirer la bourre. Quand on discute avec certains ou qu'on lit certains textes de référence, il n'est pas rare que ça commence en gros par "tout le monde a tort, sauf moi!" Et nous, on navigue dedans.

    Donc oui, c'est pas facile. Quiconque est intéressé par une conf sur ce sujet dans une université/école/entreprise peut me contacter d'ailleurs. Maintenant que j'ai commencé à en faire quelques unes, je me dis que c'est un sujet intéressant à expliquer et discuter. Donc je suis partant.

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  • [^] # Re: Gestion des couleurs et capture

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche GIMP 2.10.34 est sorti. Évalué à 5. Dernière modification le 28 avril 2023 à 23:37.

    Imaginons que j'ai deux écrans. Avec la pipette, je voudrais prélever la couleur de fond de mon éditeur de texte qui est sur l'écran 1. Je fais la même chose avec le même logiciel sur l'écran 2. Peu importe comment la couleur rend à l'écran, je m'attends à avoir les valeurs (s)RVB brutes qui ont servi à la composition de l'écran, qui devraient donc être les mêmes sur les deux écrans.

    Ce n'est la même valeur que parce que la couleur n'est probablement pas gérée dans ton cas (comme c'est le cas pour la plupart des gens, et c'est normal, pas un reproche bien sûr!).

    Ça veut aussi dire que la même image aura des couleurs différentes sur tes 2 écrans. Comme on dit: que la personne qui n'a jamais remarqué qu'une même image rend différemment sur 2 écrans — ou bien sur son tél et son ordi, etc. — me jette la première pierre!

    Pour moi le profil colorimétrique ne devrait que servir pour l'affichage sur le périphérique afin que la couleur (s)RVB brute s'affiche correctement sur celui-ci, mais pas lors d'un prélèvement de couleur. Après, si on a un écran calibré et que le prélèvement de couleur renvoie la couleur "altérée" par un profil colorimétrique, je comprend qu'on a alors besoin de connaître ce profil.

    Ben voilà, tu as répondu toi-même. :-)

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  • [^] # Re: Gestion des couleurs et capture

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse à la dépêche GIMP 2.10.34 est sorti. Évalué à 10.

    Alors qu'il existe effectivement des modèles absolus (genre CIE LAB, etc.), où un n-uplet (en général un triplet) correspond à une couleur unique, ce n'est pas le cas du modèle de couleur RGB. Ce modèle est relatif à un certain contexte (l'espace de couleur), à savoir ses 3 couleurs primaires (oui "rouge", "vert" et "bleu", mais quels sont-ils? Les primaires de sRGB ou d'adobeRGB ne sont pas les mêmes rouges, verts et bleus par exemple!), de même que ses courbes de réponses/fonctions de transfert (comment on associe un chiffre, le long d'un des axes de couleurs, à une luminance, donc une couleur? On pensera de suite à la correction gamma bien que ce soit un cas simple; sRGB par exemple ne suit pas exactement une courbe gamma, même si souvent certains vont l'approximer avec une courbe de gamma 2.2). On va aussi définir le point blanc et le point noir.

    Ce "contexte" est défini dans un profil de couleur (un petit fichier qui peut être à part, ou bien en métadonnées d'une image par exemple).

    En gros, si on te donne une couleur (r1, g1, b1), ça ne veut rien dire sans l'espace de couleur associé. Alors bien sûr, si on te donne (255, 0, 0), c'est le rouge le plus vif de ton espace (si on est en espace entier sur 8-bit). Bon déjà, aparté: c'est même pas forcément vrai! Tu pourrais tout à fait avoir un profil qui redéfinit les composantes. J'en ai un sur mon disque par exemple qui fait une rotation des composantes, ce qui fait qu'avec ce profil, cette couleur serait en fait la couleur la plus verte, et non rouge! Mais bon, c'est un profil de test (ça permet de rapidement tester si mon code de conversion de couleur n'est pas complètement cassé: si mon rouge est vert, alors c'est bon, je suis dans la bonne direction! Ahahah! 🤣) et évidemment en général, on ne va pas utiliser ce type de profil. Prenons le cas normal donc: c'est bel et bien le rouge le plus rouge. Ben oui, sauf que le rouge le plus rouge dans l'espace sRGB n'est pas le rouge le plus rouge de l'espace adobeRGB (je l'ai dit plus haut). Ainsi sRGB(255, 0, 0) ≈ adobeRGB(219, 0, 0). Si tu passes juste le triplet d'un espace à l'autre sans convertir, tu verras immédiatement qu'il y a un problème!

    Ajoute à cela que ton écran lui n'est ni en sRGB, ni en adobeRGB. Il est en ce que le hasard de sa réalité matériel lui permet, et c'est pour ça qu'on va calibrer son écran (avec une sonde colorimétrique ou un spectrophotomètre) pour créer son profil de couleur propre. C'est ce qui nous permet d'afficher une couleur comme elle devrait l'être. Ainsi si tu as un écran à gamut large et que tu veux un rouge sRGB(255, 0, 0), t'as pas intérêt à lui donner les chiffres (255, 0, 0). C'est le bon moyen pour avoir des couleurs pêtantes à l'écran. Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle tu vois plein de gens se plaindre sur divers forums sur le web que leur super écran Wide Gamut super cher affiche que des couleurs sur-saturées. C'est parce que la plupart des logiciels ne gèrent pas la couleur et passent des chiffres RGB vers l'écran sans jamais rien convertir.

    Donc pour répondre à ta question:

    Il doit me manquer une subtilité, parce que je ne vois pas la difficulté posée par la capture d'une couleur à l'écran. Si on récupère une couleur donnée, GIMP ne peut-il pas simplement calculer la couleur qui, si elle était posée dans l'image courante

    Ben justement, si on n'a pas ce contexte, à savoir le profil de couleur de l'écran: non, on ne peut pas!

    Comme je viens de le montrer, si l'OS me donne des couleurs RGB sans un profil de couleur, ça peut être "n'importe quelle couleur". Même sans avoir de profil extrême (comme le profil de test qui fait une rotation des canaux), va changer le profil (sans convertir les valeurs) entre un espace de couleur large et un espace étroit et tu verras une différence de couleur évidente. Au cas où je suis pas clair, je parle pas de différences subtiles, mais vraiment de couleurs évidemment différentes à l'œil nu.

    demander au serveur X ou au compositeur Wayland d'envoyer la couleur précédemment récupérée ?

    C'est là où le bât blesse. Donner le triplet de chiffres n'est pas assez. Avec X, on peut récupérer n'importe quel pixel de l'écran, puis on peut demander le profil de l'écran. Donc on a bien toutes les informations pour convertir dans un autre espace.

    Avec Wayland, puisque le but est de cacher les informations des autres applications mais aussi système à l'application appelante, on peut seulement demander à un "portail" de faire une capture ou de "piquer" une couleur, puis le logiciel passe la main et attend. Enfin on a une réponse. Mais on ne sait pas du tout ce qui s'est passé entretemps.

    Dans le cas de capture d'écran, on ne sait pas si on a une capture d'un seul écran, partiel ou total, ou de plusieurs, ni duquel. Dans le cas d'un prélèvement de couleur, on ne sait pas de quel pixel (c'est à dire quelle coordonnées) de quel écran on a pris la couleur.
    D'ailleurs on ne sait même pas s'il y a un seul écran ou plusieurs branché sur cette machine (ou zéro)! Et on ne peut pas le savoir. On n'a tout simplement aucune information sur les écrans, ni leurs dimensions, et bien entendu il est donc impossible de demander leur profil de couleur au système. C'est le principe en fait.

    La solution est donc soit que le portail donne le profil de couleur de l'écran (ce qui pose un problème pour les captures multi-écran re-composées en une image unique, notons), soit qu'il convertisse dans un espace connu (si possible bien sûr suffisamment grand pour englober l'ensemble des couleurs visibles) ou un modèle absolu. Mais si il te dit "tiens c'est du RGB" mais sans te dire lequel, ni te donner la possibilité d'avoir cette réponse par d'autres moyens. Alors il t'a juste donné des nombres sans trop de sens.

    Notons que — aux dernières nouvelles — Wayland ne permet de toutes façon pas la gestion de couleur tout court (pas de calibration d'écran possible sous Wayland), alors bon… c'est la première étape déjà! La second étape sera d'avoir les APIs pour récupérer l'information adéquate.

    Bon dans le cas "général", ça reste acceptable, parce que le grand public va de toutes façon pas calibrer leur écran ni travailler avec des images avec un profil autre que sRGB. Dans ce contexte, on va prendre un triplet en supposant que c'est du sRGB sur l'écran, l'utiliser comme tel sur une image qui va supposer de même et qui sera affichée sur le même écran, toujours en supposant que l'écran est sRGB. En gros, tout est absolument erroné, mais on s'en fiche car on propage la même erreur partout.

    Mais si on veut travailler les couleurs dans un contexte professionnel, on va calibrer son écran, possiblement utiliser des profils de couleur autre que sRGB sur ses images, etc. On veut pas juste copier des chiffres d'un espace de couleur à l'autre en espérant que tout ira pour le mieux.

    Pour info, voilà la demande de fonctionnalité où je demande que le portail Freedesktop de prélèvement de couleur gère les couleurs. La conclusion de la discussion à ce stade est que:

    1. L'interface actuelle devrait rester telle quel au niveau interface, sauf qu'elle devrait être documenté comme retournant uniquement du sRGB; puis les diverses implémentations de ce portail (KDE, GNOME, etc.) devraient donc être changée pour convertir en et retourner uniquement du sRGB. Ainsi toute application qui ne souhaite pas gérer les couleurs continuera d'utiliser ce portail (ils perdent les couleurs hors-gamut, mais c'est acceptable dans un usage basique et au moins les couleurs à l'intérieur de cet espace deviendraient juste).
    2. Il faudrait faire une nouvelle interface qui convertirait et retournerait les couleurs dans un espace connu et plus grand. Le contributeur qui a répondu proposait PQ/Rec2020 (l'espace de couleur UHDTV).

    En tous cas, c'est pour l'instant là où on en est au niveau discussion, mais rien n'est implémenté (des infos que j'ai) et pour l'instant l'interface actuelle retourne simplement une couleur dont on ne connaît pas l'espace de couleur associé. Ce n'est pas acceptable dans un usage sérieux de travail de la couleur.

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  • [^] # Re: Bientôt GTK 4

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien The GTK+3 port of GIMP is officially finished - @zemarmot. Évalué à 5.

    Non, je ne sais pas ce que pensent les autres. Et je crois que ce n'est pas la bonne question.

    Je sais que mon commentaire précédent peut donner l'impression qu'on se plaint du développement de GTK, mais c'est pas du tout là où je voulais en venir. J'expliquais juste en quoi un tel port est complexe et long (contrairement à ce que certains avancent).

    Oui, je pense que les dévs GTK auraient pu mieux gérer le passage, mais c'est toujours plus simple à dire qu'à faire. Au final on utilise et on a quand même besoin que GTK évolue (et ce même si on préférerait que la bibliothèque évolue plus souplement, sans tout casser à chaque fois, c'est sûr) et même si on n'est pas d'accord sur tout, ça ne veut pas dire qu'on veut forker GTK par exemple. On est déjà trop peu de développeurs pour GIMP/GEGL/babl pour en plus s'ajouter une autre dépendance majeure. 😅

    On prend les passages à de nouvelles versions du toolkit comme une nécessité qu'il faut simplement faire. Un peu comme les corvées de ménage. C'est typiquement la définition de la "dette technologique" en fait. C'est du travail qui n'apporte pas grand chose si ce n'est s'assurer qu'on reste dans la course en suivant le mouvement plus général des changements dans les standards informatiques, les systèmes d'exploitation, etc.

    C'est pareil pour nous, et j'imagine pour les autres gros logiciels que tu cites (même si je veux pas trop m'avancer non plus; comme j'ai dit, je sais pas ce que pense autrui!). On fait ces ports parce qu'il faut bien les faire et parce qu'on peut pas rester à jamais sur un toolkit non maintenu et qui ne gère pas (bien ou du tout) le matériel ou logiciels modernes (par exemple: les écrans haute-densité, les tablettes graphiques dont les pilotes utilisent l'API Windows Ink et plus seulement Wintab sur Windows, Wayland pour GNU/Linux…). On se pose pas trop de questions sur si oui ou non GTK aurait pu mieux prendre le virage pour prendre en charge ces nouveaux matériels, logiciels ou usages sans forcer à des mois de travail pour porter, ou sur comment ou pourquoi. On grommelle 💢 certes, mais on fait. Et c'est tout. Je laisse à d'autres le soin de faire des blogs posts pour faire des théories et expliquer pourquoi autrui ne fait pas bien (ce qu'on ne fait pas soi-même), en claquant bruyamment la porte (et en allant par exemple chez Qt, même si ceux-ci ne font pas forcément mieux de ce que je comprends). Il y en a certes qui adorent faire ce genre de choses. 🙄

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  • [^] # Re: Mais quel monde merveilleux !

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Cette présentatrice météo n’existe pas - numerama. Évalué à 5.

    Ahah tu rigoles, mais cet exemple précis m'est venu à l'esprit quand j'ai écrit mon commentaire. ;-)

    D'ailleurs ça me fait penser que je parlais de "Karaté Kid" à des "djeunz" (la trentaine quand même) l'autre jour et ils étaient genre "c'est quoi?" Les références se perdent ma bonne dame!

    Wilber Kid, 2013 by Aryeom

    Enfin bon, en excluant cet exemple caricatural (mais drôle pour les geeks un peu plus âgés!), de manière générale, les bases, c'est comme expliquer aux gens qu'ils faut apprendre les maths pour faire de l’ingénierie, alors que oui, de nos jours les logiciels vont tout calculer pour toi. Etc.

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  • [^] # Re: TL;DR

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien L’idée d’un congé menstruel progresse - letemps.ch. Évalué à 6. Dernière modification le 21 avril 2023 à 15:05.

    Ce qui est important c'est de sensibiliser le public et la médecine que ces cas existent, mais pas besoin à mon sens d'un congé spécial, juste pouvoir considérer qu'une règle douloureuse rentre dans la prise en charge existante.

    Sauf que dans ce cas là, avec les carences d'indemnités de 3 jours, c'est équivalent de proposer à ces femmes un congé sans solde ou presque (les règles douloureuses, la durée est variable mais c'est pas non plus à rallonge) à chaque cycle.

    Limite quand tu dis "sensibiliser le public et la médecine que ces cas existent, mais pas besoin à mon sens d'un congé spécial", tu es surtout en train de dire "c'est bon, on a compris, ça existe, maintenant tes douleurs, si tu pouvais les avoir en silence dans ton coin et bien sûr en rognant sur ta paie. La société va pas non plus payer pour tes douleurs! T'es née femme, pas de bol, tant pis pour toi!"

    Sans compter que devoir demander un document au docteur tous les mois est un bon moyen de simplement empêcher énormément de femmes d'accéder à ce droit (comme expliqué dans mon autre commentaire, avoir des RDVs médicaux en temps et en heure est une gageure de nos jours).

    Donc si, il faut traiter cela spécialement, car c'est bien différent. Ce n'est pas une maladie qu'on a exceptionnellement, une fois, et pendant une longue durée d'affilée (et donc la carence est acceptable). Ce n'est d'ailleurs pas une "exception" du tout pour ces femmes qui ont ce problème. Il n'y a rien à envier à leur condition et leur accorder ce type de congé pour se reposer ne devrait même pas être en question d'après moi.

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  • [^] # Re: TL;DR

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien L’idée d’un congé menstruel progresse - letemps.ch. Évalué à 8.

    Si je suis en arrêt, rien ne m'oblige d'en donner la raison exacte à mon employeur si je n'ai pas envie de le faire, le justificatif du médecin suffit.

    D'une, je sais pas comment ça se passe par chez vous, mais avoir des RDVs médicaux devient de plus en plus difficile. Il n'est pas rare de prendre un RDV chez son médecin traitant pour dans 2 semaines (d'ici là ta maladie a largement eu le temps de disparaître, par contre entretemps, tu as bien souffert, sans médicaments, et sans justificatif; de même pour les règles si une femme devait avoir un justificatif juste pour ça!). Et encore, c'est si tu as un médecin traitant tout court. Je sais pas si tu as entendu parler du problème des déserts médicaux (un peu partout en France). Après un déménagement, j'ai été sans médecin traitant pendant 3 ans (enfin non, officiellement j'avais encore l'ancien, à quelques centaines de KMs de là et qui refusait de faire des ordonnances, etc. en télé-RDV; ce que je comprends aussi bien sûr). Et c'était pas faute d'avoir appelé tous les médecins environnants très régulièrement pendant ces 3 ans. Je n'ai d'ailleurs réussi à avoir un nouveau médecin que par chance très récemment.

    De deux, l'arrêt maladie a un délai de carence de 3 jours. 3 jours sans paie donc à chaque arrêt. On parle donc d'un évènement régulier de quelques jours à chaque fois. J'espère que tu vois le problème. En gros, ce serait comme dire qu'on a le droit de prendre un congé mais il n'y a pas d'indemnité, ou presque. En fait, je pense même que c'est déjà faisable ce que tu proposes.

    Au contraire, un mécanisme adapté à ces douleurs récurrentes éviterait ces écueils, à savoir la perte de temps pour obtenir un justificatif (voire l'impossibilité tout court si pas de médecin traitant ou si les RDVs rapides sont impossibles) et la perte de salaire. Je me dis qu'un système avec un document du médecin unique, une fois (pour justifier qu'une femme est suivie pour des problèmes de règles douloureuses), serait suffisant. Après tout, on parle de gens qui ont des douleurs lourdes et récurrentes. Ce n'est pas une fois par an. Et c'est vraiment pas drôle pour ces femmes là.

    rien ne m'oblige d'en donner la raison exacte à mon employeur si je n'ai pas envie de le faire

    Je suppose que ce qui motive cette phrase est le tabou de parler des règles. Je pense qu'on est entre adultes et si certains rigolent encore de ce types de sujets, faudrait juste qu'ils grandissent. Entretenir un tabou n'est jamais le moyen pour améliorer les choses.

    Là on parle quand même d'un phénomène qui est tout à fait naturel et arrive à à peu près la moitié de la population mondiale. Franchement, entretenir encore du tabou autour du sujet des règles féminines est ridicule.

    On se farcit déjà les "les femmes ça peut partir en congé maternité", sera-t-il vraiment bénéfique d'y rajouter "peut-être qu'elle va partir tous les mois en congé menstruel, dans le doute prenons plutôt le monsieur" ?

    Alors je dis pas qu'il n'y a pas d'idiots qui vont réagir ainsi. Il est même probable qu'il y en ait beaucoup plus que je n'ose imaginer. Néanmoins c'est comme le tabou. C'est pas en disant "oui mais y a des idiots donc faisons comme si de rien n'était et cachons le malaise de société" que les choses évolueront. À un moment donné, il faut un peu rentrer dedans pour faire changer les mentalités justement. Ou alors ce sera encore un problème dans 50 ans (comme ça l'était déjà y a 50 ans, et depuis toujours, mais jusque là justement, les gens ne faisaient rien parce que… y avait toujours une bonne raison quoi!).

    Je voudrais tout de même noter que cela ne coûte de toutes façons rien à l'employeur (si on se base sur le système de congé maladie actuel, sauf qu'on retirerait les 3 jours de carence pour ce cas particulier). Les indemnités sont versées par la sécurité sociale et les indemnités complémentaires employeurs ne sont dûes qu'avec une carence de 7 jours (donc sur ce sujet, un employeur ne paierait vraisemblablement rien, ou rarement et très peu). Ceci dit, si des employeurs sont dans de bonnes situations financières et faisaient des accords/contrats pour compléter le salaire sans carence, honnêtement dans ce cas, je ne trouverais pas cela une mauvaise idée du tout. On travaille mieux dans de bonnes conditions de travail!

    Enfin si le problème est non pas le coût mais le temps d'arrêt. Honnêtement, quelques jours par mois, faut arrêter de croire que c'est un problème (seuls les mauvais employeurs aux tendances mini-dictateur a ce type de discours). Si votre entreprise est en péril car des employées doivent s'absenter quelques jours par mois, vous avez un sérieux problème et ce n'est pas dû au fait que vous engagiez des femmes! Je crois que beaucoup trop de gens sont juste tellement habitués à l'absurdité du système entreprenariale moderne pour ne plus se rendre compte de l'absurdité grandissante de beaucoup de parties de ce système. Quand je travaille avec une femme et qu'elle doit s'absenter quelques jours pour douleurs… ben sérieux, ça change quoi? On attendra quelques jours pour certains trucs dont cette femme est responsable, et pour les choses dont on est responsables, on peut continuer de travailler. Les problèmes que certains ne manquent pas d'évoquer:

    • Si vous étiez à quelques jours près dans le projet et ne pouvez vous permettre du retard. Typiquement, deadline avec client mécontent et possiblement même des pénalités de retard. Ben là j'ai envie de dire, faut revoir vos techniques de gestion de projets. C'est typique le problème des mauvais managers qui mettent la pression aux employés, promettent des projets aux dates impossibles aux clients sans consulter ceux qui font réellement le boulot, etc. Le problème n'est pas les personnes en arrêt maladie dans ce cas, c'est le manager.
    • Si vous ne pouvez pas continuer votre boulot car vous êtes dépendant du résultat de l'absente. Ben encore une fois, faut questionner les méthodes de travail. Et vous comptiez faire quoi pendant quelques jours en attendant que cette personne finisse? Vous tourner les pouces? Ou alors c'est juste que votre emploi ne sert à rien et que vous reposez entièrement sur le boulot réel effectué par la femme absente (donc son absence met à jour l'inutilité des autres, et c'est ça le vrai problème).
    • Si c'est un boulot qui doit se faire en continu et il n'y a personne pour remplacer. Si la continuité du boulot est un prérequis, ce n'est pas la faute de l'employée si cela ne peut être assuré. L'employée, en dehors de règles douloureuses régulières, peut aussi tomber malade, peut prendre des jours de congés, voire de longues vacances, etc. En quoi cela serait-il différent?
    • Etc.

    En gros, il n'y a vraiment que de mauvaises raisons de penser que c'est un problème.

    Perso si je travaille avec quelqu'un, c'est que je considère que cette personne fait du bon boulot. Donc j'ai choisi de travailler avec elle. Pas en fonction de son genre. Et dans ce contexte, choisir quelqu'un d'autre sur un critère aussi futile n'a simplement aucun sens. Tu pourrais aussi bien "prendre le monsieur" et rien ne dit qu'il ne va pas juste pointer présent tous les jours en glandant au bureau.

    Enfin voilà, pour moi, c'est une bonne étape et c'est limite honteux que ce sujet ne commence à être évoqué politiquement que maintenant (d'ailleurs c'est pas encore voté, donc faut pas crier victoire trop vite). Quant aux freins psychologiques, encore une fois, je dis pas qu'ils n'existent pas, mais ce n'est pas en freinant encore plus fort qu'on les fera sauter. Au contraire, il faut aller de l'avant et faire évoluer les mentalités. De toutes façons dans une entreprise avec de bonnes conditions de travail et une mentalité professionnelle et saine, un tel congé menstruel ne serait absolument pas un problème pour le travail, je l'ai montré plus haut.
    Bien au contraire! En permettant de bonnes conditions sociales et de santé des employés, on ne peut qu'améliorer la qualité du travail: parce que forcer une femme avec de fortes douleurs, et qui ne fera donc pas grand chose de toutes façons, à être présente, ça a un intérêt limité; alors que bien reposée, elle n'en serait que plus productive à son retour.

    (je n'ai pas accès à l'article, peut-être qu'il y a des éléments de réponse dedans)

    J'y ai pas accès non plus, mais j'ai trouvé d'autres articles (par exemple celui-ci). Je note d'ailleurs que ta peur de la discrimination à l'embauche est partagée par beaucoup de femmes aussi (77% des personnes évoquent cette peur dans un sondage apparemment, d'après cet article).

    Je pense aussi que même chez les femmes, beaucoup n'ont pas de problèmes de règles vraiment douloureuses (après tout, c'est un problème qui touche une femme sur 10, ce qui est à la fois beaucoup et à la fois veut dire que 9 femmes sur 10 ne voient peut-être juste pas le problème, ou pas autant).

    Perso j'en connais et même juste vu de l'extérieur, c'est pas drôle du tout. Je n'ai envie de souhaiter cela à personne et la seule chose que j'aurais envie de dire à une employée qui aurait ce type de douleurs régulières, c'est de rentrer chez elle et de prendre sa journée, au moins dans les pires journées.

    En même temps, je suis quelqu'un qui promeut l'idée qu'on ne devrait pas avoir à travailler autant, qu'on ne devrait travailler que dans de bonnes conditions, que le télé-travail, c'est bien, qu'avoir une vie sociale épanouie, c'est ce que je souhaite à tous, etc.

    Donc perso, je suis à 100% pour une telle loi, et j'espère qu'elle passera (avec suffisamment de jours et une bonne indemnisation).

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  • [^] # Re: Mais quel monde merveilleux !

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Cette présentatrice météo n’existe pas - numerama. Évalué à 10. Dernière modification le 20 avril 2023 à 17:35.

    Crois le ou ne le crois pas, mais 30 ans après (ça ne me rajeunit pas :-) ), je me sens encore humilié par cette expérience. Je ne suis pas plombier; ça m'arrive souvent d'encadrer des jeunes ou des stagiaires, et je ne leur ai jamais proposé de passer du temps sur une tâche automatisable.

    Alors je ne connais pas du tout le contexte plus précis, et peut-être que ton maître de stage était vraiment un salaud et que tout ce qu'il voulait faire, c'était t'humilier (enfin là dis comme ça avec ton histoire, ça ne m'était pas venu à l'esprit en fait; au contraire, je trouvais que c'était une histoire de quelqu'un qui prenait sa tâche de maître de stage à cœur en expliquant les bases de son métier). J'en sais rien, j'étais pas là et je connais pas cette personne.

    Mais dans un contexte un tout petit plus général d'apprentissage (ce qui est le cas du stage de 3ème, on t'apprend pas un métier où il faut absolument être le plus performant sur de vrais chantiers en peu de temps; on te fait découvrir le monde du travail), il n'est absolument pas absurde de commencer par les bases. Ça n'a absolument rien d'humiliant. C'est comme ça qu'on apprend et qu'on comprend. Typiquement je pourrais tout à fait comprendre que ce plombier voulait t'apprendre à utiliser une scie à métaux, avant de passer à la disqueuse (en fait, il t'aurait laissé avec une disqueuse sans surveillance poussée à cet âge, c'est surtout là que je me serais posé beaucoup de questions!).

    Je suis d'ailleurs absolument persuadé que dans son métier de plombier, encore maintenant, il utilise très régulièrement sa scie à métaux (et il a intérêt à être adroit avec; chez un client, il va pas passer 1 heure à couper un tuyau en expliquant au client "vous comprenez, normalement j'utilise ma disqueuse!"). On ne peut pas toujours utiliser les outils les plus modernes partout et dans tous les cas!

    Pour faire des rapprochements, quand je vois Aryeom qui donne des cours d'illustration, elle explique aux gens de s'entraîner à faire des traits, ou des courbes, des exercices qu'elle fait elle-même pour garder la main (des feuilles entières de traits droits ou courbés, ou des spirales, etc. Et pas seulement sur l'ordi, aussi sur papier, en physique…)! Ce n'est pas une punition, c'est la pratique de base du dessin. Maintenant certains veulent juste se plaindre s'ils ne trouvent pas tout de suite la fonctionnalité de correction automatique de traits, parce qu'ils ne veulent plus se fouler à essayer de faire de beaux traits eux-même. Ou bien en retouche, on leur apprend d'abord les outils de base tels que l'outil de clone ou de correction. On peut faire de l'inpainting ensuite si on veut (y a de très bons outils pour ça, dans les plug-ins G'MIC ou Resynthesizer par exemple) mais avant d'aller là, on apprend les concepts de base.

    En tant que programmeur, hier encore, quelqu'un qui a soumis un projet GSoC sur GIMP me demandait ce que j'utilisais comme plug-ins vim, notamment pour l'auto-complétion (beaucoup semblent s'imaginer que l'auto-complétion est le truc magique pour trouver le code qu'on connaît pas; nope désolé, y a pas de magie!). Je lui explique que la recherche de strings avec Ctrl-P et le saut sur les mots clés avec Ctrl-] (remappé tout de même pour ouvrir un nouveau tab vim plutôt qu'un buffer dans l'onglet courant) me suffisait pour des cas très simples. Et qu'en dehors de cela, grep surtout (et find aussi un peu, dans une moindre mesure) est le meilleur ami du développeur. Sinon y a les recherches web et dans la doc des librairies utilisées.
    On peut essayer d'avoir des usages aussi avancés qu'on veut, dans la plupart des métiers, il y a toujours un moment où on revient aux bases. Un moment où juste se reposer sur un outil qu'on ne comprend pas ne suffit plus, mais où la solution est d'essayer de comprendre et corriger un problème à sa racine et de le réparer avec des outils ou techniques simples.

    Et cela n'a rien d'insultant. Au contraire.

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Bientôt GTK 4

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien The GTK+3 port of GIMP is officially finished - @zemarmot. Évalué à 10. Dernière modification le 20 avril 2023 à 15:06.

    C'est effectivement ce qu'aiment bien répéter les gens qui n'iront pas faire le portage eux-même, ou qui ont juste porté des logiciels simplistes avec 3 fenêtres (ce n'est pas un reproche, il y a de la place pour les logiciels simples, et c'est d'ailleurs la majorité des logiciels GNOME; néanmoins GIMP n'est pas de cette catégorie).

    Perso je ne sais pas encore, puisque je n'ai pas même essayé. Néanmoins j'ai déjà jeté un œil (rapide) sur le document de migration GTK+3 vers GTK4. On notera déjà la longueur du document. C'est pas juste une page A4! Mais bon passons la frayeur initiale, et regardons un peu en détail.

    Puisque je viens de passer du temps sur le port des actions de l'ancien paradigme (GTK+2) au "nouveau" (GTK+3), voyons donc si quelque chose change encore. Je découvre donc que GtkMenu, GtkMenuBar et GtkMenuItem sont retirés 😱. Pour avoir passé plus de 2 mois à être passé des anciennes GtkAction et GtkUIManager et compagnie vers GAction, GMenuModel, GtkMenu, GtkMenuItem, etc. (c'est le sujet de mon tweet/toot que tout le monde recopie ces derniers jours!), découvrir que la moitié des API utilisées par mon travail de port a déjà été retirée, ça me met pas en joie!
    En gros, dans GTK, entre la version 2 et 3, on nous fait passer d'une logique à une nouvelle. Et la nouvelle logique est elle-même à moitié supprimée dès le passage à la version 4. Alors heureusement la moitié du travail est encore valide (GAction, GMenuModel, etc.) mais bon… j'aurais bien aimé que ce soit l'entièreté et qu'on change pas de paradigme tous les 4 matins!
    Et encore, je dis que j'ai passé plus de 2 mois, mais mon co-mainteneur avait déjà commencé en partie ce travail y a quelques années; et même maintenant c'est pas "totalement" fini (on a tellement d'usages avancés des actions que je trouve encore constamment des bugs à corriger et des fonctionnalités à réimplémenter pour éviter les régressions avec ce nouveau code), même si on va considérer que ça l'est d'un point de vue "le cœur du travail est fait".

    Notons qu'en fait, on peut déjà faire pas mal de trucs sans GtkMenu* même dans GTK+3, car GTK est capable de générer des menus de lui-même à partir d'un modèle (dans certains cas), mais la raison pour laquelle on continue d'écrire nos propres menus (en plus du fait qu'il y avait des parties de GIMP où on n'avait pas le choix de toutes façons) est que GTK a choisi de simplifier son usage des menus. Par exemple les menus créés par l'API de base ne peuvent plus avoir de tooltips (info-bulles), ce qui est malheureusement connu et la proposition d'ajout fut refusée.

    Pour un logiciel complexe comme GIMP avec des dizaines de filtres et d'actions complexe, la possibilité d'avoir des info-bulles détaillant un peu plus ce que fait une action ou un filtre au nom scientifique/technique parfois un peu barbare me paraît comme une fonctionnalité importante que je voulais pas perdre dans nos menus.
    De manière générale, nos menus sont assez avancés, avec des info-bulles, parfois des couleurs, des labels changeants, des petites icônes et des prévisualisations d'image, etc.

    Enfin bon, le premier truc, c'est donc que j'ai quand même un peu l'impression d'avoir à réimplémenter dans GIMP des trucs (qui existaient avant) parce que le toolkit juge cela non nécessaire désormais et a retiré la fonctionnalité. D'ailleurs ce sont aussi des remarques que je peux faire avec Wayland et les "portails" où on fait des aller-retours entre les recommandations de tout faire en portail dorénavant et la constatation que l'on y perd des fonctionnalités, dont notamment la gestion d'espaces de couleurs, ce qui est problématique pour un logiciel d'imagerie!
    C'est d'ailleurs un constat que m'ont fait explicitement plusieurs des développeurs principaux de GTK. Ce dernier se focalise désormais sur les applications simples. À nous de réimplémenter les usages d'UI complexes.

    Bon c'est juste un point. Mais de manière générale, quand je lis cette page en diagonale, à peu près tous les points de cette liste nous touchent:

    • Le style des widgets? On utilise.
    • Drag'n drop? Massivement utilisé un peu partout! On peut quasiment tout glisser-déposer dans GIMP! Des images, des couleurs, des patterns…
    • Les signaux d'évènements? Massivement utilisés! On a plein de widgets personnalisés, et notre canevas est un florilège de tout ce qui est faisable en terme de gestion d'évènements.
    • La sur-classe GtkContainer supprimée? Utilisée absolument partout.
    $ git grep -rI gtk_container_ * |wc -l
    933

    Ce n'est pas un remplacement en search-and-replace dont il est question ici puisque maintenant il faudra remplacer chaque cas par une fonction spécifique en fonction de la sous-classe réelle. C'est donc plus de 900 cas à gérer en cas par cas.

    $ git grep -rI gtk_widget_destroy * |wc -l
    434

    Encore une fois, le document indique que le remplacement doit se faire au cas par cas (on ne peut pas juste faire un remplacement massif).

    • Ne parlons pas (ah si en fait!) de GtkTreeModel et GtkTreeView qu'on nous conseille de porter à GtkListView et GtkColumnView. Bon le bon point là (contrairement aux points précédents), c'est que c'est pas encore retiré, seulement déprécié depuis GTK 4.10 (on pourrait donc décider de ne pas changer ça immédiatement, mais alors on va encore se farcir des centaines de warnings à la compilation). Alors GtkTreeView, c'est une API absolument horrible, y a pas à dire. Très complète et puissante, mais vraiment dure à utiliser conceptuellement. J'ai un peu une relation amour-haine avec. Néanmoins les faits est qu'on utilise cela massivement dans GIMP. Rien qu'à l'idée de réimplementer nos dockables d'items, par exemple la liste des calques, me donne mal à la tête. Notre GUI de liste de calque est l'une des plus avancées et complètes que vous pourriez imaginer au niveau fonctionnalités. On peut un peu tout faire avec du glisser-déposer, y a des fonctions spéciales un peu partout avec des clics gauche, droit, milieu, avec des modificateurs, etc. Ça a vraiment été rendu super puissant pour les besoins et l'efficacité des utilisateurs avancés.

    Enfin bon, un énorme chantier en perspective, celui-là.

    • Etc. Etc. Etc.

    En fait je suis pas sûr s'il y a même un seul point de cette liste qui ne nous concerne pas (j'en ai juste cité quelques uns évidents au hasard, mais ensuite il convient de voir chaque point en détail).

    GIMP utilise quasiment tous les anciens widgets et probablement tous les usages avancés de ces widgets (dont beaucoup ont été conçus pour et peut-être par les développeurs de GIMP à travers les âges). Le problème, c'est qu'on est peut-être aussi les seuls à les utiliser, et probablement, cela pose problème car ceux qui travaillent sur des interfaces plus simples considèrent alors cela comme du superflu qu'ils veulent retirer.

    Et par conséquent, ce qui pour tous ces petits logiciels est probablement juste une question de quelques jours de travail, pour nous, c'est souvent des mois et des mois de travail à équivalent temps plein (on peut d'ailleurs nous aider à atteindre ce temps plein financièrement! On n'y est pas encore). On doit trouver en général des solutions bien plus élégantes que ce que GTK nous propose.

    Par exemple, revenons sur nos GtkAction devenus GAction! Il se trouve que puisque le paradigme passe d'un object de GUI (GTK) à un objet plus bas niveau (GLib/GIO), les GAction n'ont pas de concept de "label/titre", ni de "tooltip (info-bulle)", ni de proxy widgets, ni d'icône, etc. Comparez la taille des APIs des liens ci-dessus (c'est à dire notamment le nombre de fonctions; certaines ont été simplement déplacées dans d'autres classes, mais une majorité des concepts d'actions cités ont simplement disparus avec GTK+3!).

    J'ai donc réimplémenté notre propre sous-classe GimpAction de GAction ainsi que tous ces différents concepts. En fait, j'ai même implémenté des sous-sous classes pour différents types d'actions. Bien sûr je suis allé plus loin même que ce qu'avait GTK. Par exemple nos nouvelles actions connaissent même leur chemin dans le menu principal:

    Recherche d'action montrant le titre, description, le raccourci et le chemin dans le menu

    J'ai implémenté pas mal de logiques par signaux pour mettre à jour automatiquement les menus en fonction des actions visibles ou non (encore un concept disparu avec GTK+3 qu'on a dû réimplémenté!), active ou non, l'ajout et retrait dynamique d'actions, etc. On a nos propres modèles de menu (GimpMenuModel), nos propres menus (GimpMenu), nos propres barres de menus (GimpMenuBar), nos propres barres d'outils (GimpToolbar → on peut y voir ma préparation pour de futurs développements — probablement après la sortie de GIMP 3 ceci dit — pour avoir enfin une barre d'outils horizontale dans GIMP!).
    Au final, notre nouveau code est encore mieux qu'avant (mais sûrement avec bien plus de bugs, la différence entre un code jeune et un avec 20+ ans de maturité), et avec plus de fonctionnalités, mais la majeure partie de ces nouvelles fonctionnalités ne sont pas dûes au port, mais essentiellement au fait que j'étais au milieu de la réfection totale du code. Alors je pouvais bien en profiter pour rajouter des fonctionnalités qu'on voulait depuis longtemps!

    Je n'ai aucun doute que ce sera similaire avec GTK4.

    Ensuite est-ce que ce sera plus court que le port GTK+3? Peut-être, j'en sais rien. Ensuite, facile et rapide? Pas d'après mes premières impressions sur la lecture de ce document, ça clairement.

    Néanmoins on n'est absolument pas contre. J'ai déjà expliqué à ceux qui nous demandent ce port sur notre tracker: si quelqu'un tient vraiment à cœur de passer rapidement à GTK4 et contribue de son temps pour le faire, ben soyez le bienvenu.

    Personnellement je sais que mes objectifs à moyen terme après la sortie de GIMP 3 ne seront pas le port vers GTK4. Lire aussi mon rapport 2022, qui contient une section importante sur les plans futurs de GIMP. Mais je soutiendrai tout contributeur qui veut travailler à porter GIMP vers GTK4. Ça se trouve, GIMP passera vraiment à GTK4 un ou 2 ans après GTK+3. Il suffit d'un seul contributeur qui décide d'y mettre du sien pour que ce soit possible (tout est possible! Qui sait, si on tombe sur un super contributeur super doué et qui s'y met à fond, le portage pourrait même se compter en mois!).
    Mais dire que c'est facile, en tous cas, j'en doute très fortement. Ou alors faites le pour me prouver que j'ai tort (j'en serai le premier ravi!). 😜

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: créateur de contenu

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Le lobbying malhonnête de l’Umicc (Union des Métiers de l’Influence et des Créateurs de Contenu). Évalué à 4. Dernière modification le 28 mars 2023 à 21:25.

    J'en connaît peu qui veulent se revendiquer de se titre. Par contre, pas grand monde n'a un meilleur nom à proposer pour regrouper ce qu'ils font.

    Mais pourquoi vouloir les regrouper? Autrement que par le fait justement que ceux qui veulent regrouper tous ces métiers ne le font que parce qu'ils s'en fichent de ce que ces gens font. Tout ce qu'ils veulent, c'est remplir leurs sites pour appâter les gens dessus (et ainsi pouvoir vendre leur temps de cerveaux aux publicitaires).

    Hormis cela, y a pas de raison de vouloir les regrouper.

    Je ne vois pas en quoi ça te retire quoi que ce soit sur ton travail. Personnellement, je suis content qu'il y ait plusieurs visions. Surtout qu'avec la pub, certains arrivent à financer des productions à 100k€ avec des tournages sur plusieurs semaines. Je trouve que ton argument fait très "moi j'ai réussi donc tout le monde peut y arriver", ce qui est un beau syndrome du survivant.

    D'une je crois pas avoir particulièrement réussi (peu ici aimeraient vivre avec mes salaires actuels; je peux te dire que ma retraite, je me fais pas trop d'illusions non plus pour le moment! Et je fais tout pour améliorer les choses évidemment…), parce que justement on accepte beaucoup moins les compromis que d'autres (sur tout ce qu'on considère nocif pour la société). Ensuite je le fais complètement en connaissance de cause et sans aucun regret (sinon j'irais simplement me faire embaucher quelque part si vraiment l'argent était ce qui me motivait le plus). Mais parler de "réussite" (financière en tous cas, puisqu'on parle de salaire), même en essayant de tordre la réalité, absolument personne ne peut prétendre cela (et c'est pas dur à vérifier, nos chiffres sont publics sur les plateformes Liberapay, Patreon et Tipeee, y a plus qu'à additionner, en sachant qu'on est 2 personnes à travailler régulièrement + des musiciens à payer).

    Donc j'ai l'impression que tu te fais complètement des idées sur ma "réussite". Je suis surtout tenace et je fais quelque chose en quoi je crois (donc ça m'aide à tenir), en espérant que ça va s'améliorer (et ça le fait, très doucement mais progressivement et continûment depuis quelques années). C'est d'ailleurs mon conseil n°1 à tous ceux qui veulent faire une activité de ce genre: il faut être persévérant avant tout.

    Donc en gros, ce que tu dis n'a rien à voir avec ce que je dis. Je dis juste que je ne veux pas vivre du marché de la pub (l'un des pires du monde "moderne" selon moi). De même que je ne voudrais pas vivre en vendant des armes (même indirectement en faisant partie de la chaîne; ce n'est pas parce que je ne vois pas les conséquences de mes yeux que je vais être OK; ce serait de l'hypocrisie) ou un business qui se repose sur la souffrance des animaux, ou qui détruit la planète de manière évidente, ou tout autre métier que j'estime évidemment nuisible. J'aime travailler dans des secteurs où je suis fier de ce que je fais et où j'ai l'impression de faire quelque chose de bien (ensuite libre à chacun de ne pas être d'accord sur si ce que je fais est bien ou non; mais au moins je ne fais pas quelque chose que je crois moi-même être mauvais pour notre société).

    Ensuite je sais que ce n'est pas courant. On entend/lit encore assez régulièrement (notamment j'ai déjà lu ça au moins une fois sur Linuxfr) qu'on mendie. C'est souvent d'ailleurs un argument qu'on entendait de ceux qui vivent de la pub pour expliquer pourquoi ils ne veulent pas passer à un système de donation à la place. Ils expliquent alors qu'ils ne veulent pas mendier (c'est marrant car ceux qui disaient cela y a quelques années finissent quand même par sauter le pas en faisant les 2 au final: ils gardent la rémunération par la pub tout en ajoutant des comptes sur des plateformes type Patreon/Tipeee).

    Au contraire, moi je vois cela comme un modèle de financement vertueux: les gens qui donnent le font en connaissance de cause (ce n'est pas une sorte de financement opaque en vente de "temps de cerveau", ou revente en douce de données utilisateurs, etc. Les gens savent ce qu'ils donnent et pourquoi; et de notre côté on ne fait rien en douce derrière avec leurs données notamment). Ils arrêtent quand ils veulent, nous aussi. Il y a un véritable échange.

    On ne dit pas aux gens qui vendent des objets ou un service qu'ils mendient en demandant de l'argent en échange de ceux-ci. Pourquoi cela serait-il le cas pour des œuvres? Hormis si on considérait ces œuvres comme inutiles, ce qui serait le seul argument acceptable… excepté que dans ce cas il faut faire suivre l'acte à la parole! On ne peut pas dire que c'est inutile tout en profitant des œuvres (là encore, c'est hypocrite).

    Cela affronte directement le modèle plus courant actuellement où tout a l'air "gratuit": on a habitué les gens au tout gratuit ou pas cher, souvent de mauvaise qualité. Et quand une entreprise qui suivait ce modèle jusque là se met à faire payer un prix juste, on se plaint soudain. Après on s'étonne des reculs sociaux, alors qu'ils sont tous des conséquences de ces modèles. Pour avoir du gratuit ou du pas cher, on doit déjà mal payer les gens, voire le faire dans des pays aux salaires bas et aux droits sociaux faibles (délocalisations, prestataires dans des pays en Afrique ou Asie…), ou contourner ou modifier nos propres lois pour trouver des moyens de mal payer les gens (Ubérisation notamment). Tous ces modèles financés soit par la pub ou nos données soit en payant mal les gens (reculs sociaux) nous font croire que rien ne coûte, que les autres (jusqu'au jour où on est touché nous-même) font un travail qui ne vaut rien ou presque et donc mérite rien ou presque financièrement. Etc. Et plus on s'y habitue, plus cela permet d'en faire des évidences dans l'esprit des gens de nos sociétés, donc aussi de changer les lois, de faire perdre des droits sociaux acquis durement par le passé, et ainsi de suite. C'est un modèle vicieux par nature.

    Un modèle basé sur la donation (pour ce qu'on fait) ou simplement sur de la vente ou du service avec prix juste (pour les produits physiques ou les services directs) affronte directement ce modèle du "rien n'est cher car vous payez différemment en étant vendu vous-même en temps de cerveau ou en données ou en exploitant autrui".

    C'est assez marrant de classer des artiste dans "vrai métier", traditionnellement, si tu ne bosse pas 8h par jour en costume dans un bureau d'une entreprise, ce n'est pas un vrai métier.

    Oulah, on en a une belle là en mode Ces artistes, qui ne font que profiter des vrais travailleurs et qui sont totalement inutiles! J'espère que tu ne vas pas au cinéma ni n'achètes de musique, que tu ne vas pas en concert ou au musée, ou de manière générale que tu ne paies rien qui se rapproche un tant soit peu de l'art. Ça sert à rien ce qu'ils font donc tu vas pas perdre ton temps et ton argent! (il ne faut pas non plus contrefaire en téléchargeant illégalement sur internet, parce que là ça signifierait que si, tu apprécies leurs œuvres mais tu refuses juste de payer; c'est encore pire!).

    Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de se lancer sur cette pente.

    C'est plutôt toi qui te lances sur une drôle de pente en assurant que les artistes ne font pas de vrais métiers. Je ne peux me retenir de noter la partie sur "en costume dans un bureau". Donc si t'es pas "en costume dans un bureau d'une entreprise", c'est pas un vrai métier non plus? On peut donc retirer tous les artisans et commerçants (ils vont être contents d'apprendre qu'ils ont pas de vrais métiers)! Et puis quand je travaillais en bureau d'entreprise, je mettais pas de costume non plus. Je suppose que j'avais pas de métier non plus alors (ou alors peut-être un demi-métier)?

    Et d'ailleurs tu fais de drôles de supposition sur le temps de travail. T'as raison, je connais beaucoup d'artistes qui travaillent bien plus de 8h par jour! 😛 (quoi c'est pas ce que tu voulais dire?! 🙄)

    Enfin bon… tant de clichés sur les artistes clairement paresseux et parasites à tes yeux en juste une phrase, c'est assez triste. 😿

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: créateur de contenu

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Le lobbying malhonnête de l’Umicc (Union des Métiers de l’Influence et des Créateurs de Contenu). Évalué à 10.

    Surtout que « créer du contenu », ça fait « remplissage d'une boite avec une belle étiquette ».

    Cela dévalorise l'auteur dudit contenu, et donne de l'importance au distributeur qui fournit la boite.

    C'est en fait exactement cela et ça me tue que certains veuillent se revendiquer "créateur de contenu". Le terme "contenu" a été clairement créé par les publicitaires uniquement pour nommer un appât (et comme cela peut être tout type de choses, il fallait un terme générique et pas trop connoté négativement, donc pas "appât", mais "contenu") pour attirer le vrai produit qui est vendu: les gens eux-même (dont le "temps de cerveau" est vendu aux publicitaires).

    Prenons par exemple une plateforme comme Youtube. C'est essentiellement une plateforme publicitaire (ils ont tout de même créé "Youtube Red", sur le tard, et justement maintenant que la plateforme est remplie de "contenus" quasi vides de sens et de qualité, ce service fait un flop de toutes façons; parce que les gens ne veulent pas payer pour du "contenu" de mauvaise qualité, par contre pour une raison quelconque, ils acceptent de payer avec leur temps de vie, a.k.a. "temps de cerveau"). La seule chose vendue là-bas, c'est: votre temps de cerveau pour regarder la pub payée par les marques. Tous les gens qui y font des vidéos en acceptant de les monétiser ne font donc que de l'appât-contenu en espérant toucher une micro-part du gâteau publicitaire. Ceux qui refusent que leurs vidéos soit publicisés, nos vidéos sont reléguées tout au fond des recherches (même quand elles répondraient parfaitement à une requête de recherche; note: j'ai voulu chercher des liens référençant ce point mais n'ai trouvé que des vidéos Youtube! Ce qui était trop ironique donc je me passe de référence) car elles n'ont aucun intérêt pour Google (pourquoi iraient-ils conseiller aux gens un "contenu" qui ne leur apporte rien?). D'ailleurs depuis 2020, il paraît que Youtube prévoyait de se passer même de l'avis des créateurs pour apposer des pubs (je me demande si c'est vraiment passé d'ailleurs).

    En vrai tu peux être romancier, novelliste, dessinateur, peintre, scénariste, reporter, journaliste, vulgarisateur scientifique, musicien, compositeur… et j'en passe! D'ailleurs on peut même préciser davantage avec des spécialités ou spécialisations. Vraiment une multitude de métier par lesquels se qualifier. Cela peut être plus ou moins précis (par exemple on peut être dessinateur, coloriste, scénariste de BD… ou juste se laisser aller au plus généraliste "bédéiste"). On peut même inventer des mots. C'est marrant et pour ceux qui font quelque chose de vraiment original, peut être un moyen de se démarquer. Mais aller jusqu'à se qualifier de "créateur de contenu", le truc le plus générique qui soit, cela signifie qu'on n'accorde plus aucune importance à sa production. Son œuvre n'a donc plus aucune valeur. Ce n'est plus qu'un contenu pour remplir un contenant. Le dit contenant étant donc en général un site web dans notre contexte. Et le contenu pouvant être absolument n'importe quoi, du chef-d'œuvre le plus absolu à la merde la plus générique. Tant qu'elle "remplit" le contenant, ça va. 🙄 Et surtout il faut du volume: toujours plus, jamais arrêter, avoir le moins de trous possible dans son rythme de production…

    Et pourquoi on a besoin de remplir ce contenant? Pour attirer en général les pauvres hères qui vont se faire avoir par les pubs mises en place par ceux qui ont fait le contenant.

    Perso je refuse la pub sur tout ce que je crée. Les sites que je maintiens n'ont pas de pub non plus. Si quelqu'un se rend sur un site avec des vidéos, des articles, des tutoriaux, des logiciels ou autre qu'on crée, c'est pour la qualité de ceux-ci, même s'il y en a peu, pas juste parce qu'on en met tellement que les gens se noient dans la quantité (plutôt que la qualité) et se mettent à passer des heures dessus (heures pendant lesquelles on pourrait les bombarder de pubs à intervalle régulier; ce que font les plateformes publicitaires comme Youtube, Facebook, twitter… tous les gros trucs quoi). Et donc si les gens apprécient cette qualité, on a aussi des boutons de donation, lesquels permettent du vrai financement direct du projet (qui peut ensuite se transformer en salaire). Pas en passant par foultitude d'intermédiaires: plateforme de pub (e.g. Youtube, Facebook…), productions de publicité (ceux qui créent la pub elle-même, avec des équipes techniques de production, des acteurs…), agences de marketing (l'intermédiaire qui réfléchit et crée le concept publicitaire) et enfin les marques diverses qui voulaient faire connaître leur marques par de la pub. On peut donc imaginer tout l'argent dépensé, tout ça pour du lavage de cerveau publicitaire assez massif à ses concitoyens mondiaux, le tout pour toucher des miettes de cet argent. Franchement qui veut vraiment que son salaire soit payé avec cet argent?

    Perso j'aime l'idée que mon salaire est payé avec des gens qui ont donné exprès parce qu'ils appréciaient ce qu'on fait (le projet de film animé ZeMarmot et le logiciel GIMP pour ceux qui suivent pas!), en allant explicitement sur des boutons "Donations". Au moins j'ai de quoi être fier de ce que je fais. Et puis, plutôt qu'être "créateur de contenu", je peux dire être le développeur principal et mainteneur de GIMP, Aryeom est réalisatrice, notre projet a un compositeur et des musiciens, de l'AMMD (aussi payés par nos donations)… On est tous des gens qui faisons — je sais pas moi — un vrai métier, avec un titre adéquat, et de vrais œuvres plutôt que du contenu de l'appât à pub?

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Pour ceux qui ressortent encore régulièrement que ces "AI" "créent" des images…

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien "Extracting Training Data from Diffusion Models" - Stable Diffusion (et autres "AI") et copyright. Évalué à 5.

    Oh je suis extrêmement désabusé moi-même. Je ne crois pas une seconde que je verrai le monde que je veux, je pense que l'homme va à sa perte et ne me fais aucune illusion sur ma capacité (inexistante) à empêcher cela.

    Dans les autres trucs que j'ai changé dans ma vie est que je suis devenu végétalien/vegan depuis quelques années. Et pourtant, j'étais un énorme mangeur de fromage (c'est la partie que je regrette le plus dans ce régime alimentaire). Mais je ne supporte plus l'hypocrisie de l'industrie animale, qui est terrible d'un point de vue écologique, de même que l'extermination systématique que l'on fait des autres espèces.

    Simplement je veux vivre bien dans ma peau et au moins, je peux me dire que j'ai pas participé (ou du moins le moins possible et que j'ai fait tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas prendre part à la nocivité ambiante) à toutes ces activités nocives. En un sens, c'est aussi une forme de mesquinerie qui me permet de dire "c'était pas moi" et surtout d'être fier de moi et de comment je vis ma vie au quotidien (en exploitant le moins possible autrui, notamment), mais bon, peut-être qu'on s'en foutra le jour de l'apocalypse! 😂😱

    D'un autre côté, si tout le monde faisait ainsi, peut-être que justement on serait capable d'inverser la vapeur. Comme j'ai dit, je suis aussi désabusé et ne crois pas une seconde que ça arrivera, mais il faut bien certains pour commencer, sinon c'est clair qu'on ne donne aucune chance que cela arrive jamais. Je dirais donc que je suis désabusé, cependant tout en laissant la porte entre-ouverte sur une légère lueur d'espoir. On sait jamais! 🤷

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  • [^] # Re: Pour ceux qui ressortent encore régulièrement que ces "AI" "créent" des images…

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien "Extracting Training Data from Diffusion Models" - Stable Diffusion (et autres "AI") et copyright. Évalué à 8. Dernière modification le 02 février 2023 à 15:37.

    Alors milles excuses.

    👍

    Si ChatGPT est si mauvais, nous n'avons pas grand chose à craindre puisque sa production sera aussi mauvaise que lui et on embauchera des humains pour faire des choses de qualité.

    Bien sûr. Encore une fois, à un niveau personnel je ne suis absolument pas menacé. Les bots codeurs ne remplaceront jamais les bons développeurs (et puis cela fait des années que j'ai décidé de ne plus travailler plus pour le type d'employeur où ce genre de considérations pourraient advenir). De même que les plateformes de livraisons ne sont sûrement pas un problème pour les chefs étoilés… Cela n'empêche pas, encore une fois, de regarder les changements de société dans leur ensemble. Ce n'est pas parce que ça ne s'applique pas à nous (et même au contraire parce que ça nous rend la vie plus pratique: achats moins chers, livraisons rapides et pas cher, etc.) qu'il faut fermer les yeux.

    Si on se concentre sur l'industrie du développement logiciel, on va clairement vers du vite-fait mal-fait, avec des "apps" mobile faites en quelques jours dans des frameworks qui produisent du code de merde et peu maintenable (un peu du Frontpage-like, version "app mobile", pour ceux qui se souviennent encore de l'époque où les gens faisaient des sites web in-maintenable en WYSIWYG). De même que dans les autres industries, on a de la malbouffe à tous les niveaux, des gens sous-payés et dans des conditions de travail horrible aussi à tous les niveaux, de la précarité de l'emploi constante et des reculs sociaux divers…

    Et donc oui, en informatique, le no-code, y a sûrement des gens qui en font; et je suis sûr que des applications écrites par des bots avec des dévs stagiaires sous-payés pour juste superviser la "création", y a des "entrepreneurs" qui en rêveraient. De même que certains ont commencé à commercialiser des produits avec des images générées (j'ai déjà vu au moins un cas de livre publié avec une couverture générée en décembre mais je retrouve plus la référence; et je doute que ce soit le seul cas), et je suis persuadé que certains commencent/commenceront bientôt à écrire des articles avec ChatGPT (je pense notamment à tous les "medias" qui ne produisent plus que du "contenu" plutôt que des articles et reportages, faits par des stagiaires sous-payés, genre les journaux rachetés par Reworld Media à tour de bras; mon sentiment est que ce type de "media" ne se privera pas si ça leur fait gagner du temps). Tous ces outils ne sont que des continuations de cette dégradation générale de la qualité dans notre société, depuis que les citoyens ne sont plus que des "consommateurs", que les articles, œuvres graphiques et vidéos, etc. ne sont plus que du "contenu" pour attirer les gens à "consommer" le vrai "produit" (la publicité), tout en donnant leurs "données" (pardon, "data"). C'est juste ridicule, notre monde moderne est un simulacre où la majorité n'est que déchet sans qualité dans le seul but de nous inciter vers nos plus bas instincts de consommateur. On est inondé par cette médiocrité au point qu'il devient de plus en plus difficile de trouver la qualité.

    Certes tout cela ne met pas en péril (professionnel) ceux qui font de la qualité. Au contraire même, ça renforce notre valeur et on crée une dichotomie, une fracture professionnelle même, entre les bons/expérimentés (qui seront payés d'autant plus cher) et les précaires (qui seront payés des misères). C'est le monde qu'on crée de plus en plus avec tous ces changements. Il faut bien le voir. C'est pas théorique ou hypothétique, ça a commencé y a des années. Et même si je suis du "bon côté" de la fracture, ben désolé, mais non. C'est pas le monde dont je rêve, c'est pas le monde que je veux voir.

    Sans compter que la production de qualité médiocre n'a jamais menacé les productions de qualité

    Effectivement, au contraire, ça la valorise (la production de qualité devient un "luxe", donc d'autant plus cher). Mais justement l'idée d'un monde de surproduction (on n'est plus dans la simple production, on surproduit, car ça devient de plus en plus facile de faire en quantité aux dépends de la qualité) de qualité médiocre pour la "populace" quand les riches sont les seuls à pouvoir se permettre la qualité, encore une fois, c'est pas le monde dont je rêve.

    En tant que quelqu'un qui produit de la qualité, je préfère 1000 fois être payé raisonnablement (plutôt que super cher, comme un "producteur de luxe") de même que l'ensemble des autres producteurs (donc qu'on vive tous bien, tous ensemble, c'est ça mon rêve), plutôt qu'être l'un des rares à être payé très bien (voire trop bien) aux dépens de tous les autres qui vivraient dans la précarité. Et c'est bien pour ça que mes choix de vie se sont tournés vers le financement participatif de projets entièrement libres (en tant que mainteneur de GIMP et la production de films d'animation libres eux aussi), parce que je préfère être du côté de ceux qui font des choses utiles, même si je trime financièrement en conséquence, alors que je pourrais sans problème être engagé dans un GAFAM ou une startup quelconque.
    Encore une fois donc, il ne s'agit ni de toi, ni de moi, et donc ni du fait que nous, personnellement, on n'est certes pas impacté négativement (au contraire), mais bien de la direction qu'on veut que notre société prenne. Pour l'instant, on se dirige de plus en plus vers des logiques de fractures sociales à tous les niveaux.

    P.S.:

    (je dis "tu" parce que je réponds à tes messages mais là encore ce n'est pas une attaque ! Ou alors une attaque de l'argumentation.)

    Je n'ai rien pris comme une attaque dans ce dernier message. C'est de la simple argumentation, c'est bien. Et c'est tout de suite mieux quand on discute ainsi, sainement. 😁

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Pour ceux qui ressortent encore régulièrement que ces "AI" "créent" des images…

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien "Extracting Training Data from Diffusion Models" - Stable Diffusion (et autres "AI") et copyright. Évalué à 7.

    Comme tu me réponds sous un autre commentaire, je reprends ici…

    Oui, je voulais éviter de répéter les mêmes choses.

    (ou alors tu nous prends pour des cons)

    Tu m'as déjà sorti ça sur l'autre commentaire. Peut-on éviter s'il te plaît les attaques personnelles? C'est extrêmement désagréable et ne donne aucunement envie de répondre. On peut discuter entre personnes civilisées sans s'insulter les uns les autres. Merci.

    On est d'accord que c'est la même chose que tu dis là ? Donc nous sommes d'accord.

    Je n'ai pas dit que tu ne dis pas ça, ni ne t'ai visé personnellement ni rien (contrairement à toi qui me fait dire des trucs — ce qui est très désagréable, cf. mon point précédent— je ne t'ai rien fait dire). Je parle du problème de manière générale, je n'ai jamais parlé de toi. Ensuite, oui je réponds à des choses que d'autres disent, dont toi, parce que c'est comme ça que fonctionne une conversation. Mais ça ne veut pas dire que j'ai dit que tu disais l'inverse de moi sur certains points. J'ai développé ce que je pense personnellement, pas ce que je pense que les autres de la conversation pensent (je laisse ça à ceux qui se spécialisent à mettre des mots dans la bouche d'autrui).

    Tu ne me verras jamais faire dans les attaques personnelles, je ne t'ai pas visé, je n'ai rien affirmé sur ce que tu penses.

    Non mais honnêtement j'ai rien contre toi. Je te connais même pas, je n'ai pas parlé de toi et je comprends pas pourquoi tu sembles le prendre personnellement. J'aimerais donc suggérer qu'on continue la conversation sur des bases saines. 🤗

    Pour tout le reste de ton commentaire je comprends les inquiétudes (ubérisation, problèmes sociaux, …) mais c'est orthogonal à la critique de l'utilité du bouzin.

    Le problème est que c'est le modèle technique et commercial même du "bouzin". Ce serait comme dire que ce que fait Uber est orthogonal à tous les problèmes posés et que bon, y a quand même des intérêts à Uber. Oui y en a, mais justement basés sur les problèmes créés; ces "avancées" n'existeraient simplement pas si les problèmes associés n'avaient pas été créés. Alors sont-ce vraiment des avancés? Est-ce vraiment orthogonal?

    Et que tu joues à te faire peur avec le dev qui va copier-coller une réponse de ChatGPT pour la pousser en production.

    Pourquoi me faire peur? Encore une fois, tu essaies de personnaliser la discussion. Je soulève des problèmes de société. Ça n'a rien à voir avec moi (ou avec toi). Je ne me sens personnellement aucunement menacé par ces systèmes. Par contre, ils sont mauvais pour notre société. De même que je ne me sens pas menacé par Uber (je suis pas chauffeur), ni par Amazon (je vends pas d'objet) ni par les plateformes de livraison (je ne suis pas restaurateur), mais ça ne m'empêche pas d'être conscient des problèmes et d'alerter.

    Encore une fois, c'est une variante du "Quand ils sont venus chercher…". C'est pas parce que moi je suis pas personnellement impacté qu'on ne devrait pas regarder les problèmes en face. Cette vision extrêmement individualiste des problèmes de société est ce qui nous mène dans le mur.

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: Pour ceux qui ressortent encore régulièrement que ces "AI" "créent" des images…

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien "Extracting Training Data from Diffusion Models" - Stable Diffusion (et autres "AI") et copyright. Évalué à 10. Dernière modification le 01 février 2023 à 19:49.

    Où est le problème ?

    Le problème, c'est de ne pas voir le problème. En fait, si tout le monde comprenait vraiment ce qui se passait et agissait en conséquence, alors ce serait beaucoup plus acceptable parce qu'on serait capable d'utiliser ces technologies sans tomber dans les pièges de délitement social.

    Ces IAs ne sont rien d'autre que les versions avancées des logiciels de clip-art (sauf qu'à l'époque, on payait les designers de ces clip-arts, donc c'était un business-model sain). Ici on crée des trucs de qualité merdique, qui en fait pioche massivement dans les œuvres de millions d'artistes (mais en ressortent des trucs de type "mashup" de qualité sub-optimale). Et les gens s'habituent à cela et semblent considérer que c'est tout à fait utilisable, parce qu'en fait ils veulent faire des économies et ne savent pas dessiner eux-même. Donc on est à la fois dans une course à la médiocrité qualitative et dans un problème social où il y a perte de considération des auteurs originelle des œuvres, ce qui est totalement absurde et irrationnel (et pourtant c'est ce qui se passe). Tout cela en nourrissant une startup qui se nourrit de ces problèmes et qui pourra devenir suffisamment grosse pour ensuite être une partie significative des maux de nos société.

    Notamment cela est vrai aussi bien pour les œuvres graphiques (Stable Diffusion, Dall-E et consort) que les textes littéraires (ChatGPT…) ou le code (Copilot…).

    Quand je lis plus bas des trucs comme:

    Il y a 1 an on ne s'attendait pas à pouvoir se faire expliquer du code

    Sérieusement, si quiconque se sert de ChatGPT pour se faire expliquer du code, vous courez droit au mur. ChatGPT ne comprend pas le code. Il arrive juste à produire du texte qui a l'air d'être raisonnable mais sans aucune garantie d'être juste. Il faut que les gens comprennent ça et arrêtent d'écouter ce bot comme une sorte de prophète qui comprend tout! Sur ChatGPT, y avait ce lien sur LinuxFr, y a quelques jours, avec des exemples du bot qui répond mal à des calculs mathématiques niveau primaire. Et on veut lui faire expliquer du code complexe?

    Puis:

    ou rédiger un article (insipide mais ce n'est pas la question) par un chatbot.

    Ben si, c'est exactement la question! C'est une course à la médiocrité et les gens se mettent à utiliser cela massivement dans des vrais usages de tous les jours de nos sociétés. On répand donc de la médiocrité tout en évinçant les humains, souvent sous prétextes que ceux évincés sont justement des humains qui produisent déjà du "contenu" médiocre, ce qu'on va alors argumenter comme étant leur faute qu'ils se font remplacer par une IA s'ils sont même pas capable de faire aussi bien. Mais justement en faisant cela, on ne leur laisse pas le temps d'apprendre et d'évoluer (ce que l'IA ne fera pas réellement; moi je l'attend encore l'IA qui peut développer un logiciel comme je le fais et comme tous les développeurs autour de moi, même certains débutants doués, le font). C'est juste effrayant. Et ce n'est pas ma vision de la société idéale.

    Dans le monde du code, c'est déjà pas jouasse quand on voit la qualité du code industriel dans la nature, parce que désormais de plus en plus dirigée par des règles essentiellement économiques. Avec les "aides IA", ça ne fait qu'empirer. Voir par exemple cet autre lien passé sur Linuxfr qui était un autre article de recherche sur la qualité du code décroissant avec l'usage de l'IA (et les compétences des développeurs aussi, puisque ceux qui utilisent croient faire de la qualité mais en fait font pire — cf. le papier de recherche — ce qui me paraît évident si on se repose sur un système médiocre pour comprendre, lire et écrire du code plutôt que faire marcher et travailler son cerveau pour apprendre et évoluer; mon niveau maintenant est bien meilleur qu'il y a 10 ans, mais cela n'aurait pas été le cas si j'avais laissé des IAs coder pour moi).

    Pour moi, il y a de véritables problèmes sociaux sur le fait de se reposer ainsi sur des machines pour créer (un peu tout). En fait, je pense depuis au moins une décennie déjà qu'il y a de gros problèmes de notre société qui se repose de plus en plus sur l'informatique et la technologie, souvent de manière totalement absurde et kafkaïenne puisqu'on en vient à complexifier inutilement énormément de processus humains sous prétexte de les "simplifier" officiellement. Ce phénomène a même un nom, on appelle cela le "Solutionnisme technologique". Je pense que la technologie peut être très utile (je suis développeur! C'est bien parce que je crois en ce que je fais), mais dans énormément de cas dans laquelle on l'utilise de nos jours, elle devient au contraire contre-productive.

    En plus, très souvent, cela amène de nouveaux problèmes sociaux encore, comme des formes de précarité, par exemple ici on voit bien que le but de toutes ces technologies est de progressivement faire considérer les auteurs de graphisme/texte/code comme des métiers inférieurs et donc à moins payer. Sauf que — et c'est là où c'est kafkaïen — ces systèmes technologiques reposent lourdement sur les œuvres de ces mêmes auteurs. Aucune de ces IAs ne peuvent rien être sans ces auteurs à la base, mais on utilise leurs œuvres, sans les payer ni même les considérer positivement, pour les rendre inutile (en apparence). Comment un cycle pourrait-il être plus vicieux?
    Je suis sûr qu'on pourra lire des gens dire que si un métier n'est plus pertinent (comme les allumeurs de bougies, souvent cités, disparus avec l'électricité!), c'est normal qu'il disparaisse. Sauf que là ce n'est pas du tout le cas. On aura toujours besoin de graphistes, illustrateurs, développeurs, écrivains et chroniqueurs… Mais on essaie de faire croire artificiellement à une forme d'inutilité.
    En fait si on veut rapprocher cela de phénomènes sociaux récents, c'est plus proche de l'ubérisation. Plutôt que d'admettre l'utilité des chauffeurs de taxi, des livreurs, etc. on rabaisse leur niveau social en les forçant dans des situations professionnelles difficilement tenables, précaires et sous-payées. Il y a de nombreux pays où des procès se font (et se gagnent) autour de ce problème mais cela avance trop lentement, notamment à cause de certains pays qui veulent tout miser sur les "startups" et autres "licornes" (en France, ils sont à fond "startup nation", soutenus à fond par les pouvoirs politiques, et on en arrive à ce type d'absurdité où on tue notre recherche publique pour des chiffres et des visions économiques super court-termiste) et donc seront de leurs côté (voir notamment le cas des "Uber files"). Les problèmes du système éducatif moderne en sont un autre bon exemple (et l'école 42 — c'est marrant tiens y a aussi eu un lien dessus sur linuxfr y a quelques jours — est aussi un très bon exemple du problème; le fait que ce type d'enseignement puisse exister légalement m'a toujours sidéré; d'ailleurs encore une fois sur le sujet du soutien des pouvoirs publics, y a même au moins une visite d'un président et je me souviens de cette photo qui avait fait scandale où le président marche tranquillement au milieu de matelas au sol avec des étudiants dormant en sac de couchage; comment nos administrations peuvent-elle soutenir ce genre d'évolution sociale de l'enseignement?).

    Ben là tout ça c'est pareil. C'est dans la même veine et c'est la claire direction annoncée par ceux qui créent ces systèmes. Et ne pas le voir est donc le problème. Le pire, c'est que quand on voit les gens qui s'extasient, on sait que ça va marcher. Comme Uber a marché (malgré les nombreux problèmes sociaux créés, les gens en sont encore à te répondre "mais c'est moins cher!" ce qui non seulement est une réponse terrible socialement, mais en plus est super court-termiste encore une fois, même économiquement, puisque si Uber va là où il espère aller, au final on sait que ce sera plus cher, puisqu'ils fixent des tarifs à perte à l'heure actuelle pour tuer la concurrence), de même que les plateformes vidéos de nos jours, de même que les plateforme de livraisons, de même qu'Amazon avant tous ceux-là, etc. Toutes ces entreprises sont arrivées avec des systèmes innovants mais basés sur l'exploitation d'autrui, et à chaque fois les gens tombent dedans parce qu'"ils ne voient pas le problème" (de leur point de vue, y en a pas, c'est juste mieux: moins cher, plus rapide, plus simple car centralisé, etc.).

    C'est une variante moderne et économique de "Quand ils sont venus chercher…":

    «  Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
    Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.
    Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
    Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester.  »

    C'est juste une tendance générale de notre société où je vois qu'on s'exploite de plus en plus les uns et les autres (par l'intermédiaire de "startups") et personne n'y voit aucun problème. Et oui, le problème, c'est vraiment de ne pas le voir.

    Et c'est super frustrant quand on voit clairement que c'est encore un énième de ces cas qu'on a vu des dizaines de fois dans les 2 décennies passés, qui va encore se reproduire et tout le monde saute dedans à pieds joints. Et dans quelques années, on aura encore des "affaires" et autres scandales dans les journaux, et tout le monde en parlera, y aura peut-être même des amendes, mais ces entreprises continueront à s'enrichir tranquillement et les gens à utiliser leurs systèmes (les mêmes gens qui s'indigneront en lisant les dits articles).

    De faire sortir mon imagination sur l'écran est pour moi le plus important, même si cela viole un peux le droit d'auteur (je ne publie pas).

    Notons que pour moi le droit d'auteur est même un problème secondaire, même si c'est souvent celui que je vais avancer en premier parce que c'est en général l'un des rares trucs qui font bouger les choses (notamment parce que c'est la loi!).

    Ensuite "violer un peu le droit d'auteur", si pour toi, ça te va, ben déjà y a une partie du problème. Encore une fois, c'est le "Quand ils sont venus chercher…": les gens sont d'accord pour aller à l'encontre de la loi tant qu'ils ne sont pas victimes. Le jour où ce sera soi-même, on poussera des cris d'orfraie.

    J'ai l'impression de créer (je ne sais pas dessiner et cela me frustre).

    Perso y a plein de trucs que je sais pas faire, et quand je veux/peux pas le faire moi-même, j'engage effectivement quelqu'un. Moi aussi ça me frustre de ne pas savoir faire plein de trucs, mais je n'en viens pas à des logiques d'exploitation pour autant, juste parce que ça va dans mon sens.

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • # Pour ceux qui ressortent encore régulièrement que ces "AI" "créent" des images…

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien "Extracting Training Data from Diffusion Models" - Stable Diffusion (et autres "AI") et copyright. Évalué à 10.

    Voilà, ça n'aura pas traîné, on a déjà les premiers papiers de recherche qui montre comment ces modèles sont capable de recracher des quasi-copies des images sur lesquelles ils se sont entraînés. Ouvrez le PDF du lien, il des images d'exemple, avec Stable Diffusion qui a recrache des images quasiment à l'identique (hormis la grosse perte de qualité) avec le prompt adéquat.

    Bon c'est un petit lien pour ceux qui sur LinuxFr ne comprennent pas comment ces systèmes entraîné sur des données réelles fonctionnent et sortent encore régulièrement qu'ils ne voient aucun risque de droit d'auteur, que ces images sont bel et bien des "créations" du modèle et autres absurdités. Genre on lit des trucs ridicules genre que ça ne reproduit que le "style" et que le style n'est pas sous droit d'auteur (mais c'est quoi "le style"? Et surtout plus précisément pour un modèle d'apprentissage, ça veut dire quoi le style? Cherchez pas, ça n'existe pas; sortir ce type d'argument ne veut rien dire). Encore une fois, sûrement parce que vous vous faites avoir par l'idée que ces logiciels sont "intelligents". Non ils ne le sont pas. Ces systèmes logiciels "n'apprennent" pas réellement, ils ne comprennent pas ce qu'ils font (ou ce que vous leur dites quand vous envoyez une commande, même si c'est en langage naturel donc vous avez l'impression qu'il y a une intéraction de compréhension mutuelle. Non.), ils ne reproduisent pas des styles ou des genres (même si vous leur avez dit de le faire et qu'on a l'impression qu'ils le font puisque le rendu est dans le style approprié; ça a juste recraché les bonnes données qui étaient "tagguées" de manière appropriée, en simplifiant en très gros), ils ne dessinent pas, ils ne réfléchissent pas sur un sujet que vous leur suggérez…

    Y a eu plusieurs commentaires dans ce sens sur LinuxFr par ceux qui veulent absolument défendre ces systèmes d'IA (pour une raison que j'ai du mal à comprendre) et à chaque fois, je me retenais de répondre. Alors c'est bien qu'y ait maintenant des papiers de recherche sur le sujet qui commencent à sortir! 😁

    Voir aussi ce tweet pour ceux qui préfèrent ce format: https://twitter.com/Eric_Wallace_/status/1620449934863642624

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  • [^] # Re: Quelques citations

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Tesla trial: did Musk’s tweet affect the firm’s stock price? Experts weigh in. Évalué à 10.

    Je suis pas un expert en bourse du tout donc je vais peut-être dire quelques conneries, et j'ai pas lu l'article dans son entièreté (juste la première partie puis j'ai lu en diagonale), mais ce que je comprends, c'est que Musk a tweeté:

    Am considering taking Tesla private at $420. Financing secured

    Alors, rendre une compagnie "publique", ça veut dire la rentrer en bourse. Autrement dit, ici je suppose que ça veut dire que Musk annonce sur Tweeter vouloir sortir Tesla de bourse. Donc ça signifierait qu'il veut racheter l'ensemble des actions de Tesla (ou peut-être au moins celles de tous les petits porteurs?), et avoir déjà rassemblé l'argent ("Financing secured"). Enfin… si je comprends bien le jargon boursier (comme j'ai dit, je suis pas expert, je fais pas de bourse moi-même).

    La conséquence immédiate (visible dans la minute après le tweet, puis le prix a apparemment continué à monter dans l'après-midi jusqu'à 6% de hausse!), c'est que le prix de l'action de Tesla a grimpé en flèche. J'imagine que ça veut dire que les gens se sont empressés d'acheter des actions Tesla (ce qui a boosté l'action au début), puisqu'ils ont supposé (sur la base du Tweet) que comme Musk prévoyait de tout racheter bientôt à un super bon prix, ils allaient faire une affaire en or.

    Or Musk n'a en fait rien racheté, donc les prix ont chuté dur (sous le prix d'origine, j'imagine mais l'article dit pas), quelques semaines plus tard. Je suppose que c'est parce que tout le monde s'est rendu compte s'être fait avoir — Musk n'ayant pas racheté la compagnie — donc ils ont revendu en masse, ce qui a fait perdre beaucoup de valeur à l'action… et donc beaucoup d'argent potentiel à tous les actionnaires d'origine.

    Et c'est là où on en arrive au fond de l'article: maintenant les autres gros actionnaires poursuivent Musk en justice pour leur avoir fait perdre des fortunes à cause de ses tweets.
    Dans le cadre de ce procès, des emails privés sont rendus publics où on apprend donc que ça faisait des semaines que les investisseurs s'inquiétaient et communiquaient en privé avec Musk, lui disant de se calmer sur son envie de tweeter.

    Notamment donc les extraits d'email cités par Misc:

    If something really upsets you, go for a walk around the factory

    qu'on peut traduire par:

    Si quelque chose t'énerve vraiment, va faire le tour de l'usine

    Puis:

    Get an ice cream cone. Just don’t use Twitter.

    Que je traduirais par:

    Prends toi une glace. N'utilise pas Twitter.

    Et ainsi de suite. En gros, ils lui disent de se retenir de ses envies de tweeter tout ce qui lui passe par la tête (une version de "tourne 7 fois ta langue dans ta bouche") parce que ça fait du mal à la société, et ça faisait déjà des semaines (mois?) qu'ils le lui disaient en privé jusqu'à en avoir marre et l'attaquer en justice.

    Notamment certaines citations disent que le problème est son approche juvénile de la communication d'entreprise alors qu'il a des responsabilités sérieuses envers les investisseurs.

    L'article parle aussi de "securities fraud", ce qu'une recherche web m'indique être lorsqu'on essaie de manipuler le marché pour s'enrichir. Sur le coup, je ne suis pas sûr que ce soit le cas, sauf si peut-être, justement au lieu d'acheter (ce qu'il annonçait), il avait vendu ses actions (ou celles de proches ou de compagnies écran pour éviter qu'on remonte à lui trop facilement) pour se faire de l'argent pendant la courte période où les prix ont monté. Dans un tel cas, ce ne serait donc plus juste une erreur de gamin immature, mais un coup bien préparé pour arnaquer massivement des actionnaires.

    J'ai perso l'impression que le gars est juste un idiot qui tweete tout ce qui lui passe par la tête. D'ailleurs une des citations fait aussi le parallèle avec Trump, ce qui est assez représentatif du niveau.

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  • [^] # Re: le petit bout de la lorgnette

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au journal si on ne fait rien, Xonotic va disparaitre de wikipedia FR. Évalué à 10.

    On parle d'une encyclopédie quand même. Il fut un temps où un chanteur que personne ne connaît et qui utilise le pseudonyme "Jehan" avait préempté les pages homonymes sur les Wikipedia francophone et anglophone. Je peux dire que pour m'appeler réellement ainsi, ça m'avait pas plu. À l'époque, j'avais donc demandé à au moins déplacer sa page vers un titre moins générique (et comme j'ai eu aucune réponse, j'ai fini par déplacer moi-même puis j'ai redirigé "Jehan" sur la page "Jean", puisque "Jehan" est le prénom originaire, en l'absence de page dédiée à l'époque).

    Pour moi, c'était de la claire auto-promotion d'un petit chanteur local, inconnu au bataillon, qui s'est fait sa page Wikipédia (y a-t-il quiconque qui connaisse ce chanteur ici par exemple?). J'ai été quand même super gentil encore, à ne pas proposer la suppression de page (elle existe d'ailleurs encore), mais ça me dérangerait pas plus que ça.

    Et au moins, maintenant quand on va sur la page Jehan, on a une page bien plus intéressante et touffue, qui donne l'origine du prénom et une liste longue comme le bras de vrais "Jehan" qui ont existé dans notre histoire (et en très connu, en féminin, on a notamment Jehanne d'Arc que les gens s'évertuent à écrire incorrectement!). C'est quand même d'un autre niveau et vachement plus intéressant, non?

    Perso ça me dérange donc. Je vais pas sur Wikipédia pour lire des trucs sur Kevin Tartempion. 😛

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  • [^] # Re: Suggestions

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Faut-il réformer les retraites : ce qu'en dit le Conseil d’Orientation des Retraites (PDF). Évalué à 5.

    P.S.: quand je parle de changer de règles, j'entends bien sûr qu'explorer potentiellement des idées comme évoquées plus haut sur le financement des retraites ne me paraît pas aberrant (au lieu de rester bloqué sur une idéologie théorique qui a des dizaines d'années — à savoir une origine unique de financement de retraites apparemment —, sauf que depuis on l'a testée en réel à l'échelle d'un pays et notre expérience peut nous permettre de revoir certains points et d'améliorer là où ça coince).
    C'était le sujet du fil de discussion.

    Je ne parle évidemment pas de la réforme en cours.

    (oui j'aime bien préciser! C'est le traumatisme d'avoir trop souvent des gens qui comprennent l'inverse de ce que je dis, je crois! 😅)

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  • [^] # Re: Suggestions

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Faut-il réformer les retraites : ce qu'en dit le Conseil d’Orientation des Retraites (PDF). Évalué à 6.

    En fait ce qui est amusant c'est que de mémoire la retraite utilise les cotisations et non l'impôt car les syndicats avaient peur que l'État utilise la retraite comme variable d'ajustement budgétaire en mode on a un soucis de financement ? On réduit le budget pension et tant pis pour les futurs retraités.

    C'est comme toujours, beaucoup de trucs partent de "logiques" qui semblaient bonnes/appropriées socialement, de prime abord, puis on se rend juste compte qu'il y a des failles béantes dans la logique (lesquelles soit sont utilisées par certains pour en détourner complètement l'intention de base, voire la retourner pour que ça serve l'inverse; soit ça se met simplement à bloquer des cas basiques, parce que mal pensé à la base).

    C'est comme la discussion qu'on a régulièrement que pour les dépenses publiques, il faut des appels d'offre pour un choix juste et transparent. Même si cela part d'une bonne intention et même j'adhère entièrement à la logique de transparence, etc. dans les faits, ça fait au contraire que seuls toujours les mêmes grosses entreprises sont capables de répondre et d'obtenir ces projets. Ces entreprises se spécialisent dans la rédaction d'appels d'offre et au final vont sous-traiter le travail réel. C'est même tellement classique et connu que c'en est écœurant quand les gens continuent à nous parler de la logique (qui paraît totalement juste si expliquée théoriquement mais cette image de justice théorique se heurte clairement à la réalité des résultats de cette règle) du pourquoi des appels d'offre. En plus on sait que cela n'arrête en rien les fraudes institutionnelles, genre on fait un appel d'offre qu'on donne de manière "totalement juste" à la proposition de l'entreprise (qui vient tout juste d'être créée pour l'occasion) du mari de la cousine du maire ("aucun lien, fils unique", comme dirait l'autre!).

    Et d'ailleurs magiquement ces organismes publics savent tout à fait se passer d'appel d'offre quand ils le décident (par exemple les affaires d'"Open Bar Microsoft" qu'on a régulièrement dans divers organismes depuis des années, qui se répètent d'une façon ou d'une autre). À chaque fois, des associations se plaignent, parfois des députés ou autre parlementaires montent au créneau mais bon… rien ne change. C'est comme si on parlait dans le vent.

    Une autre logique à laquelle j'ai été confronté personnellement (qui quand on l'explique paraît saine sur le papier), c'est la nécessité d'avoir un emploi (un minimum d'heures par an) pour pouvoir donner quelques conférences universitaires. On m'avait proposé de donner des conférences à une époque. Je travaillais un peu mais pas assez (parce que je crois que c'était le tout début de notre projet, donc le projet avait vraiment trop peu d'argent et dans les faits, je travaillais beaucoup mais principalement bénévolement). Ce ne fut donc pas possible. La logique (c'est une règle qui s'applique à toutes les universités, sûrement édictée par décrets), qu'on m'a expliquée, est que ce serait une règle pour lutter contre la précarité: ces emplois ne doivent pas devenir des emplois principaux (par définition ce sont des emplois secondaires) car ce n'est pas assez pour vivre. Or dans les faits, ça précarise d'autant les personnes qui justement pourrait aussi se servir de ces métiers d'enseignants conférenciers ou vacataires comme tremplin pour aller plus loin (ça fait un peu de revenu pour être beaucoup moins dans la détresse donc on prend le temps de chercher un meilleur emploi; peut-être à terme voudrait-on justement se diriger vers l'enseignement à temps plein d'ailleurs, etc.). Pas une seule fois, il n'y a une notion de compétence par exemple (pas de problème de ce côté là, d'ailleurs c'était même eux qui étaient venus me chercher) ou même d'expérience professionnelle passée (par exemple, si on voulait être sûr d'engager quelqu'un avec de l'expérience dans le domaine, on peut regarder cela; avoir des trous dans une carrière très remplie, c'est pas rare du tout), c'est essentiellement une logique "ah tu travailles pas ou pas assez là maintenant? Je te donne pas de travail". Je dirais même que c'est une logique illogique.
    Personnellement je m'en fichais un peu. Même avec peu de salaire, je ne me suis jamais senti dans la détresse et je n'ai jamais eu l'intention de me reconvertir dans l'enseignement. Par contre donner quelques cours à côté ne serait pas pour me déplaire. Je sais que je peux faire un enseignant tout à fait convenable (pour les quelques fois où j'ai eu l'occasion de le faire) et ça me plaît de passer mon savoir dans de bonnes conditions. En tous cas, je me suis vraiment demandé comment cette règle protégeait vraiment de la précarité et si au contraire, elle n'enfonçait pas davantage les précaires dans leur précarité.

    Et c'est là où j'ai eu l'occasion de rencontrer à nouveau un exemple de cette même règle, il y a quelques années. Comme on le sait, Aryeom, réalisatrice de ZeMarmot donne déjà des cours en université en tant que vacataire pour du graphisme numérique avec GIMP. Un jour elle a été en contact avec une autre université parisienne mais comme elle déménageait, ils n'étaient pas chaud pour des cours à distance (contrairement à la première université pour laquelle elle continue). On a alors mis cette université en contact avec une amie à nous, qui fait du graphisme avec Krita et on l'a chaudement recommandée (parce qu'elle le mérite!). Ils ont tout de suite aimé ce qu'elle faisait sauf que s'est immédiatement posé le même problème qui m'était arrivé des années plus tôt: elle ne travaillait pas assez dans une année! Il se trouvait qu'elle faisait parfois du mi-temps dans une boulangerie (enfin je crois, ou bien une autre activité, dans tous les cas sans rapport avec du graphisme), donc elle les a contactés et ils lui ont augmenté son mi-temps, ce qui lui a permis d'avoir exactement le nombre de jours de travail suffisant. Au final elle a donc dû avoir un contrat dans un mi-temps d'un truc qui n'a absolument aucun rapport (boulangerie ⇔ graphisme ???) pour avoir le poste. Et tout ça juste pour prouver qu'elle n'est pas précaire, dans le but explicite de ne pas la rendre précaire en la payant pour un emploi réel! 🤔 Je crois que ce genre de règle marche sur la tête. 🙃

    Enfin bon, que l'origine de la logique de financement des retraites ait l'air d'avoir du sens, je n'en doute pas. Et comme beaucoup d'autres règles, je pense honnêtement que les gens qui les ont faites originellement y croyaient vraiment. Mais clairement, quand il devient évident qu'une règle n'aboutit finalement pas à son objectif premier, il faut simplement la changer. Pas s'entêter avec des logiques de "mais c'était pour une bonne cause, on y croyait quand on a écrit la règle!". Je dis pas que c'est ta position (tu dis clairement le contraire). Je précise au cas où. 😜
    C'est juste moi qui radote et surenchéris, parce que tous ces exemples de trucs qui tournent pas rond m'exaspèrent au plus haut point. Parfois j'ai l'impression qu'on est tous coincé dans une sorte de boucle d'illogisme et qu'on arrive pas à en sortir. Vraiment on est dans l'absurde. Et ce pour tellement de sujets…

    "L'enfer est pavé de bonnes intentions", comme on dit.

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

  • [^] # Re: La machine à compter

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . En réponse au lien Pourquoi le code source des machines à voter doit être public (c'est valable pour tous les camps). Évalué à 10.

    En quoi le vote par correspondance ne respecte pas la sincérité ?

    T'as un flingue sur la tempe quand tu remplis ton bulletin et que tu le mets dans l'enveloppe (ou que tu cliques sur des boutons sur l'ordi familial pour un vote logiciel).

    En moins radical, mais vraiment très probable: le conjoint brutal qui frappe l'autre conjoint et le force à voter le même candidat. À l'heure actuelle, ça s'arrête au bureau de vote et comme on est forcé de prendre plusieurs bulletins (et qu'on peut en préparer d'avance et en jeter sur place), le conjoint brutal ne peut pas être sûr ce qui a été vraiment voté. Par correspondance, encore une fois, on voit ce que fait l'autre.

    Il y a aussi l'achat de vote qui a été maintes fois cité. Puisqu'il est très dur de savoir ce qui a été voté, cela rend cette possibilité beaucoup moins intéressante. En fait, un parti peut toujours essayer d'acheter des votes, mais on ne saura jamais vraiment si on n'a pas acheté du vent (on prend l'argent et on vote autre chose). Alors qu'encore une fois, par correspondance, ce business illégal devient tout à fait efficace (on ne donne l'argent qu'après avoir vu la personne mettre le bulletin qu'on veut et l'envoyer; voire on le fait soi-même en son nom, c'est plus simple).

    Pour un vote par correspondance physique, le vote peut aussi être intercepté et modifié.

    Avec l'informatique, c'est encore pire, parce que là il n'y a même plus besoin de payer les citoyens (ce qui se verrait si fait à grande échelle). Le logiciel peut aisément changer les votes qu'il veut. C'est le coup de l'interception, sauf qu'on est capable de le faire à beaucoup plus grande échelle.

    Je conseillerais de lire un peu la littérature sur les pré-requis d'un vote démocratique. Cela a été énormément étudié, recherché, tu trouves des milliers d'articles sur le sujet. Et tous les exemples cités ne sont aucunement théoriques. Ce sont des choses qui se sont produits dans l'histoire humaine (notamment lorsque les systèmes de vote n'assuraient pas le respect de tous les prérequis nécessaire; on vote en tant qu'humain dans énormément de nos activités: associations, entreprises, activités locales, et bien sûr pour nos pays…)

    on pourrait le faire monter en fréquence et se rapprocher d'une démocratie idéale. Ce qui éviterait de deleguer trop de pouvoir a un type lors d'une élection, dédramatiserait l'enjeu de l’élection…

    Ensuite je suis entièrement pour plus de votes pour tout et n'importe quoi et plus de participation des citoyens (ce que tu suggères dans un autre commentaire). J'adorerais qu'on ait constamment des votes pour participer à plein de décisions et oui je trouve ridicule qu'on ait des gens qui aient tant de pouvoir. Déjà on le voit à la façon dont on les nomme "dirigeants", des "leaders", etc. Ce sont normalement des représentants des citoyens de nos pays, pas nos boss.

    Mais en quoi avoir un système totalement grugeable où on ne peut plus avoir confiance en aucun vote pourrait aider à cela? Perso je vois l'inverse.

    Certains notent qu'organiser un vote coûte cher, mais c'est parce que ce sont des évènements uniques, une fois tous les X années, avec énorme campagnes de sensibilisation, d'appel aux votes et chaque parti qui fait sa communication pendant des mois, on récupère des locaux partout, on déplace du matériel.

    Par contre, si on systématisait les votes, il n'y aurait plus tout cela. Il y aurait la communication normale des politiques mais ils ne feraient plus une campagne particulièrement intense comme maintenant. On pourrait tout à fait trouver une alternative à l'impression des papiers par millions. Par exemple on pourrait avoir des papiers génériques A, B, C, D… qui correspondent chacun à un choix. Les correspondances d'une lettre (ou numéro) à un choix serait rappelé avec un papier affiché dans l'isoloir et présentant les diverses réponses. Mieux, on pourrait avoir un unique papier à choix multiple et on est obligé de le prendre vierge en rentrant puis on coche une case dans l'isoloir avant de mettre dans l'enveloppe. Aucun papier jeté inutilement et on réutiliserait les papiers non-utilisés pour les votes suivants.
    Quant aux lieux de vote, ils deviendraient dédiés et on les laisse en place.
    Si le concept du vote devient un processus habituel, il devient bien moins cher (et surtout beaucoup beaucoup moins cher qu'un processus informatisé, qui ne sera d'ailleurs jamais sûr).

    Enfin certains semblent penser que l'informatique rendrait la participation démocratique (donc le vote) soudainement intéressant à tous et qu'on aurait magiquement une participation accrue. Honnêtement je sais pas dans quel monde vous vivez, et je me demande vraiment si c'est ma bulle qui est vraiment inhabituelle ou la votre. Parce que dans ma petite bulle à moi, une majorité des gens autour de moi se noient dans l'informatique et veulent en entendre parler le moins possible, comprennent à peine comment envoyer des emails et sont perdus au moindre problème, etc. Quand je vais à la poste, les gens s'agglutinent tous aux guichets, laissant les machines tranquille (c'est bien, je perds moins de temps et vais direct aux machines) parce qu'ils ne comprennent pas et ne veulent pas les utiliser (je voyais cela aussi bien lorsque j'habitais à Paris qu'en habitant dans une petite ville; la très grande ville, c'est pas si différent de ce point de vue là). Quant à toutes les démarches où on est de plus en plus obligé de les faire par internet, je vois constamment des gens perdus autour de moi. Ils vont à des assos de quartier, demandent aux voisins d'aider, et se sentent de plus en plus perdus au fur et à mesure. Et ainsi de suite. Je ne parle même pas juste des personnes âgés. Je connais pas mal de jeunes qui n'y pigent que dalle et s'en foutent. C'est vraiment une bulle très particulière de certaines personnes à fond dans l'informatique de croire que tous les gens de leur âge sont à l'aise avec.
    Donc faire monter la participation grâce à l'informatique? Ha! Laissez moi rire. C'est un mirage que ceux qui croient que tout sera réglé par plus de technologie aiment à promouvoir. Mais ça n'en reste pas moins un mirage.

    Dernier point: si on a des votes très fréquents, on n'aurait pas forcément plus de vote mais ce serait beaucoup moins grave. Les gens pourraient simplement cibler les votes sur les sujets qui les intéressent vraiment et sur lesquels ils ont un avis. Le problème du vote unique pour des "dirigeants", c'est vraiment qu'on vote pour une personne (ou un groupe de personnes) pour tout. De ce point de vue là, la raison de l'abstention est que les gens ont effectivement perdu confiance en ce système parce qu'ils se rendent compte que quelque soit les gens au pouvoir, ça ne change pas grand chose au final.
    Si on votait pour des points concrets, très régulièrement, on ciblerait les quelques trucs qui nous importent le plus et qu'on comprend vraiment (on peut pas tout savoir) pour faire valoir notre voix, qui soudain veut dire quelque chose. On ne dit plus "je veux ce gars qui va faire plein de trucs (mais on sait pas trop quoi en détail, ni s'il va vraiment tenir ses promesses, qui de toutes façons tiennent sur quelques pages à peine) pour 5 ans" mais vraiment "sur ce point précis, je veux cette solution précisément". De ce point de vue et dans ce contexte hypothétique de votes super réguliers, l'abstention est beaucoup moins grave.
    On voit cela comme un problème uniquement parce que ça l'est effectivement dans le système de vote actuel. Et les politiques aiment en faire peser la responsabilité sur nous, comme si rien n'est de leur fait. Mais en fait, ce serait bien moins un problème avec un système de vote plus participatif tel que tu le suggères. Et je serais entièrement pour.

    Et quoi qu'il en soit, une telle organisation de vote régulier peut tout à fait exister avec du vote papier, coûtera toujours moins cher, sera plus sécurisée… Croire que l'informatique résout le moindre des problèmes cités est risible.

    En fait je pense qu'on est tout à fait d'accord sur le besoin de plus de votes et sur donner moins de pouvoir à quelques gus qui se croient nos boss à la "tête" du pays. C'est uniquement sur le moyen que je suis totalement en désaccord. Il m'est évident que tu te leurres toi-même complètement sur l'informatique et ses promesses. Encore une fois, je te conseillerais de lire la littérature, scientifique notamment, sur les trop nombreux problèmes du vote électronique (et à distance aussi, même pour le vote physique). C'est assez simple, c'est un sujet avec consensus plutôt large. Ceux qui promeuvent cela, ce sont des entreprises et ingénieurs qui veulent vendre des systèmes, se faire plein de blé et se foutent de la démocratie. Mais tous ceux qui étudient cela de manière neutre sont assez unanimes sur l'importance de ne surtout pas faire cela. S'il y a bien quelques rares sujets scientifiques avec peu de désaccord parmi les gens qui y réfléchissent sérieusement, ce sujet en fait partie.

    Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]