Journal Alors ? Vous êtes content de votre imprimante Bambu Lab ?!

7
22
jan.
2025

Cher journal,

Il y a quelques années, je suis tombé dans la marmite de l'impression 3D. Mon employeur nous donne accès à un « makerspace » d'entreprise, en tant qu'avantage en nature. Il y a, entre autres, quelques imprimantes 3D.

Au bout d'un moment, j'en avais marre de ne pouvoir imprimer qu'au boulot, donc j'ai passé le pas. Ch'suis pas dépensier, ch'suis pas fan de bagnoles, ni de foot, j'achète un nouvel ordi tous les 5-6 ans en moyenne, donc j'ai cassé la banque et me suis fait plaisir en m'achetant une imprimante 3D.

Je sais pas si tu sais, mais il y a plusieurs types d'imprimantes 3D. Le type le plus connu, c'est le type « FDM » ou « dépôt de fil fondu » dans la langue de Molière. La meilleure description, c'est « un pistolet à colle chaude sur une table traçante. » Aujourd'hui, c'est ce que la majorité des gens imagine quand on dit « imprimante 3D. » Il y a d'autres types d'imprimantes 3D, comme, par exemple, les imprimantes à résine, qui utilisent un écran LCD ultraviolet pour solidifier de la résine au fond d'un bac de résine liquide. Ces imprimantes 3D sont, en général, utilisées pour imprimer des détails plus fins, surtout pour les otakus qui impriment des figurines de Manga et Animés, entre autres. Dans ce journal, je ne parle que d'imprimantes dites « FDM », c'est-à-dire, « l'imprimante 3D normale, » comme dirait François Hollande.

Schéma d'une imprimante avec dépot de fil fondu

Je sais pas si tu sais, mais, en gros, y a cinq « marques » principales d'imprimantes 3D pour les « prosumer », comme disent les Américains qui ont la classe. (En françois on pourrait traduire ça par « utilisateur quasi-pro », j'ai aussi vu la traduction « prosommateur », mouais…)

Dans l'ordre de ce que j'estime la plus grosse part de marché à la petite:

  • Bambu Lab : un constructeur de Shenzhen, en Chine, j'en parle plus tard dans ce journal.
  • Creality : un autre constructeur de Shenzhen, avec les prix parmi les plus bas du marché, pour une qualité médiocre.
  • Prusa : un constructeur tchèque, j'en parle plus tard dans ce journal.
  • Anycubic : un troisième constructeur de Shenzhen, avec les prix et la qualité qui rivalisent avec Creality.
  • Voron : c'est pas vraiment une marque, mais plus une gamme d'imprimantes conçue par des ingénieurs sur leur temps libre. Ils collaborent et publient les plans sur Internet, le tout sous licence libre. Si tu veux une imprimante de cette marque, il faut commander les pièces individuellement sur Amazon, Alibaba & Cie. Ya aussi des entreprises qui vendent des kits à assembler, comme chez Ikea, si tu veux pas trop te faire chier. La qualité des kits est… variable, on va dire.

Si t'es comme moi, et que tu trainais dans les salons Linux et les conférences de logiciels libres ya 10-15 ans, je sais pas si tu te rappelles, y'avait toujours le geek du coin qui voulait se la péter. Le mec ramenait son imprimante 3D pour la montrer, comme d'autres montrent leur Porsche dans les salons auto. C'était toujours une imprimante avec un châssis en contreplaqué, découpé au laser, et avec « Ultimaker » ou « Makerbot » écrit dessus, brulé au laser. Tu t'souviens ? Eh bien, ces marques ont fusionné, maintenant, ils ne vendent que des imprimantes 3D professionnelles à plus de 5 000 €.

Photo d'une imprimante Ultimaker

Bref, pour en revenir à nos marques, je sais pas si t'as remarqué, mais la plupart sont de Shenzhen. C'est pas une coïncidence : Shenzhen, c'est La Mecque du composant électronique. Des servomoteurs ? Des circuits imprimés ? Tu trouves ça sur le marché local du coin pour faire du prototypage. Et, une fois que je veux fabriquer, ya 100 usines qui sont prêtes à mettre en production ton projet. Voilà pourquoi il est bien normal que ce soit plus facile pour un constructeur d'imprimante 3D de faire tourner une entreprise sur place, quand ses fournisseurs sont à 30 min de trajet.

En dehors de Voron, ya un constructeur qui sort du lot : Prusa. Alors, je suis partial, je suis fan de ce constructeur. Ils étaient parmi les premiers, après Ultimaker et Makerbot, à vendre des imprimantes 3D directement aux bidouilleurs en tout genre. Au début, c'était un mec dans son garage qui achetait des pièces détachées en gros, et les mettait en détail dans des kits qu'il revendait. C'était l'esprit RepRap. Depuis, ils ont grossi et utilisent leurs propres imprimantes pour imprimer les pièces en plastique des imprimantes qu'ils vendent. Beaucoup de leurs composants, surtout électroniques, viennent de Chine, mais ils disent qu'ils essaient de faire marcher au max des fabriquants européens.

Au fil des années 2010-2020, Prusa est devenu la référence de l'imprimante quasi-pro de qualité. Pendant cette période, Prusa a fait évoluer son imprimante petit à petit. Certaines pièces peuvent être imprimées avec l'imprimante pour que les utilisateurs puissent profiter des mêmes améliorations que les nouvelles imprimantes vendues. Une fois tous les 2 ou 3 ans, ils sortent une nouvelle version majeure de leur imprimante et vendent des kits à bas coût. Ça permet aux anciens clients de pouvoir moderniser leur imprimantes. C'est l'esprit bidouille et réparabilité.

Petit aparté : pour imprimer en 3D, il te faut un modèle 3D, ça va de soi. Mais, il te faut aussi un « slicer », en bon français, un « logiciel de découpage en tranches. » Ce logiciel convertit le modèle 3D en instructions physiques pour l'imprimante 3D: « va 2cm à droite, 5cm vers l'avant, etc. » On appelle ça du découpage en tranche, parce que ces instructions physiques permettent d'imprimer les couches successives de plastique.

J'en parle, parce que ce qui a contribué significativement à l'ascension de Prusa comme référence pour l'impression, c'est son slicer. Il ont très rapidement forké un logiciel libre sous AGPL : Slic3r. Il l'ont amélioré grandement pour que les utilisateurs puissent profiter de leur imprimante au mieux.

Très rapidement, Prusa Slicer est devenu la référence du logiciel de découpage en tranche, au côté de Ultimaker Cura.

Mais, soudain, en 2020, un nouveau constructeur apparaît ! Bambu Lab.

C'est le chamboulement ! Le nouveau constructeur vend une imprimante avec une qualité d'impression aussi bonne que Prusa, mais avec une vitesse supérieure incomparable, pour 900 € au lieu de 1 500 € chez Prusa. À ce prix-là, il y a aussi plus d'accessoires que Prusa. La Bambu Lab P1S vient avec un boitier et un filtre à air d'origine. (Le boitier chez Prusa est dans les 300 € de plus et le filtre à air un peu en dessous de 100 € chez Prusa)

C'est un carnage : le monde des « makers » se retourne contre Prusa et ne fait l'éloge que de Bambu Lab. Prusa est comparé à Blackberry et Nokia qui ont loupé le tournant du smartphone. Prusa est critiqué à chaque tournant.

Pendant ce temps-là, les libristes et les makers originaux se sentent mal. Bambu Lab est l'iPhone de l'imprimante 3D. L'imprimante est fabriquée en grosses séries, avec du plastique moulé par injection.

L'entreprise a forké Prusa Slicer, et a renommé le tout « Bambu Studio. » C'est dans leur droit, le logiciel est libre. Ils ont préservé la licence, et précisent bien dans leur README que c'est une reprise de Prusa Slicer. Jusque-là, tout va bien. Il n'y a pas réellement de fonctionnalité supplémentaire par rapport à Prusa Slicer, mais ils ont implémenté la compensation de la résonance. C'est compréhensible, c'est ça qui leur permet d'imprimer aussi vite, et à l'époque Prusa Slicer n'avait pas cette fonctionnalité.

Le problème, c'est la partie impression… Bambu Lab promeut « le cloud. » Pour imprimer, il faut envoyer le modèle 3D sur des serveurs avec logiciel proprio, en dehors de l'Europe. L'imprimante se connecte aux mêmes serveurs et reçoit les instructions pour l'impression. Les gens s'en foutent, ce qui importe, c'est que ça marche et que l'interface utilisateur soit facile et harmonieuse ! On peut même imprimer depuis son téléphone, dis-donc !

Tu dois te demander, pourquoi je te raconte tout ça ? Bein voilà… Il y a quelques jours, Bambu Lab a fait une mise à jour du logiciel interne de ses imprimantes. Ils prétendent que, pour des raisons de sécurité, ils ont dû verrouiller l'accès à l'impression. Maintenant, si tu veux imprimer avec ta Bambu Lab, de ce que j'ai compris, tu ne peux passer que par l'appli proprio « Bambu Connect » qui utilise des clés de chiffrement privées. Si j'étais dans les théories du complot, je dirais que ça sent la fermeture à distance d'un produit acheté.

C'est le fameux Bait-and-Switch, comme Gandi. Bientôt, je vais être connu sur DLFP comme la moule qui dénonce les tromperies sur marchandises.

Bref, j'ai acheté une Prusa, donc je m'en contrefiche. Mais, ya deux ans, les gens me prenaient pour un loser qui avait encore un BlackBerry en 2010. Maintenant, je biche.

Si t'es affecté, il y a des guides pour contourner les mesures techniques de « protection ».

Sinon, si t'as pas d'imprimante, mais après ce journal tu réfléchis à t'en acheter une, tu dois te demander : j'achète quoi ?

Avertissement : je suis un fanboy de Prusa, donc je suis pas impartial. Fais-toi ta propre idée. Je n'ai aucun lien financier direct ou indirect avec ces constructeurs, à part avoir été acheteur d'une Prusa MK4, qui a été modernisée en MK4S depuis.

  • Si t'es tu fais attention à tes dépenses et que tu veux pas trop acheter de la merde : regarde du côté de la Creality Ender-3. C'est principalement proprio, c'est pas la meilleure qualité, mais une bonne affaire pour le prix. Il y a une grosse communauté qui propose des améliorations avec les moyens du bord.
  • Si tu veux pas te faire chier, et que t'es prêt à mettre de l'argent, et que tu veux quelque chose à 80% ouvert et de bonne qualité : je conseillerai la Prusa MK4S pré-assemblée, avec l'option boitier, achète l'option filtre plus tard si besoin. Je sais que la Prusa Core One a été annoncée, mais personne l'a encore testée. Moi, j'attendrais le résultat des tests de consommateurs avant de juger.
  • Si t'es prêt à mettre plus d'argent, un ou deux weekends d'assemblage, que tu veux quelque chose presque totalement ouvert et de bonne qualité : il y a la Voron 2.4. Il va falloir que tu trouves un kit de qualité, si tu veux pas acheter les pièces individuellement. Si tu veux pas trop t'emmerder, regarde la Rat Rig V-Core 4, en kit, à assembler soi-même. C'est une boite portugaise, c'est pas une Voron 2.4, mais c'est similaire, et le kit arrive avec tout. (Contrairement à la plupart de kits de Voron te demandent d'imprimer les pièces en plastique toi-même)

En tout cas, si t'es libriste, j'espère que je t'ai empêché d'acheter une Bambu Lab.

J'ai mit aucun lien vers les constructeurs, pour éviter la pub, mais votre moteur de recherche vous mènera au bon site.

Note: même si je ne suis pas journaliste, et que le droit de réponse ne s'applique pas, Bambu Lab a communiqué sur l'affaire, je met un lien pour être fair-play.

  • # Possesseur d'une MK4 Prusa aussi...

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4 (+2/-0).

    Achetée en kit, c'est un régal à assembler. Ça imprimé bien de base sans rien y connaître c'est presque frustrant.

    Et Prusa est impliqué dans le logiciel libre.

    Je ne me qualifierais pas de fanboy Prusa - je suis plutôt un intermittent de l'impression 3D, mais disons que les valeurs de l'entreprise me parlent, que la qualité technique est au RDV, et que l'ouvertureet la fréquence des mises à jour logicielles me font penser que j'ai misé sur le bon cheval.

    #tracim pour la collaboration d'équipe __ #galae pour la messagerie email __ dirigeant @ algoo

  • # J'ai failli craqué, puis j'ai vu cette info...

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2 (+1/-0).

    Leur slicer qui prend en charge le format *.step à failli me faire craquer pour leur toute petite A1, je l'imaginais bien sur le coin de mon bureau.

    Heureusement j'ai pas craqué, je continuerais d'aller au fablab ou de squatter la anet a8 toute pourrie de mon paternel.

    À propos du format *.step, il y a d'autre slicer qui le prenne en charge ?

  • # Je dois passer a cote de quelque chose...

    Posté par  . Évalué à 1 (+0/-0).

    Je suis informaticien. J'utilise linux depuis très longtemps (kernel 0.99plxx). je bricole pas mal, du bois, du metal. Je demonte et tente de réparer tout ce qui me tombe sous la main. Je fais de la domotique, je programme des microcontroleurs, je fais un peu d'électronique…
    Bref
    Je n'arrive pas à voir ce que m'apporterai une imprimante 3D.
    Bien sur la capacité de produire des pièces même pas imaginables par d'autres procédés ( tournage, fraisage, moulage, soudure, …) est prometteur, mais vous, chez vous, vous en faites quoi de vraiment utile ?
    Qu'est-ce que je rate ?

    • [^] # Re: Je dois passer a cote de quelque chose...

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1 (+0/-0).

      Des pièces d'usures pour instrument de musique (sautereaux de vielle à roue pour être exacte).
      Un boitier pour un tableau de bord numérique composé d'un rpi et un écran tactile 7".
      Des engrenages entrainant un potentiometre branché à un arduino pour affiché l'angle barre sur le tableau de bord cité plus haut.
      Des objets jouet "magique" comme un "cone vortex impossible" je vous laisse chercher sur un moteur de recherche.

      Alors oui, tout ça est faisable à l'établi, surement, encore que le cône vortex faut s'accrocher ;)

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