arnaudus a écrit 5381 commentaires

  • # Rasoir d'Hanlon

    Posté par  . En réponse au journal Est-ce le téléchargement illégal ou internet qui est visé?. Évalué à 10.

    « Ne jamais attribuer à la malignité ce que la stupidité suffit à expliquer. »

    Je pense qu'il ne faut pas être trop parano non plus. La lutte contre les échanges illégaux en P2P a le mérite d'être possible et productive. À comparer, la fermeture d'unsite comme Megaupload est beaucoup plus couteuse et beaucoup plus compliquée. Je pense donc que c'est quelque chose de tout à fait pragmatique, le but n'est pas d'être efficace mais de communiquer autour d'une action symbolique.

  • [^] # Re: Mhhh, qui a écrit la FAQ?

    Posté par  . En réponse au journal 14 mars, jour de la mouche.. Évalué à 5.

    une évidence pour un connaisseur, mais un étonnement, de prime abord pour un lecteur…

    Euh, je suis biologiste, et je peux te confirmer que le concept d'une "larve adulte" de mouche est totalement stupide. Par définition, l'adulte est la forme finale et fertile d'un organisme. Un adulte est un reproducteur, une larve est une forme juvénile et stérile. Il ne peut donc pas exister de larves adultes.

  • [^] # Re: Aucun...

    Posté par  . En réponse au sondage Mon système de composition de documents préféré est :. Évalué à 2.

    Langage wiki ? BEURK. Pour un truc vite fait comme des commentaires su LinuxFR, c'est bon, mais pour des trucs plus long, c'est insupportable. Si l'outil permet dechoisir entre "mode wiki" et "mode Latex Natif", pourquoi pas (chacun fait ce qu'il veut et ce qu'il préfère), Par contre tout ce qui favorise le travail collaboratif est bienvenu. Tu écris un cahier des charges ? Ton idée m'intéresse … :D

    J'ai cette idée depuis longtemps, mais ni le temps ni les compétences pour les mettre en place.

    L'idée du langage wiki, c'est qu'on peut très facilement faire une correpondance avec les commandes Latex pour la plupart des cas : == Titre 1 == pour \section{Titre 1}, etc. On édite dans une interface web, on choisit un style de document, et on génère à la volée du HTML, du PDF, etc. On pourrait avoir les mêmes avantages que pour le wiki habituel : édition collaborative, gestion des conflits, édition par section. Un truc basé sur mediawiki pourrait même bénéficier du boulot de la Wikimedia fundation sur l'édition WYMIWYG.

    Ce qui serait idéal pour moi (édition d'articles scientifiques), ça serait un format indépendant du journal. On invite ses collaborateurs, qui se connectent avec un login/password, et qui ont accès à une série d'articles en cours de rédaction. Ils éditent l'article de manière concurrente (un peu à la manière de Google documents), mais avec des spécificités propres aux aritres scientifiques : des champs prédéfinis (auteurs, affiliations, remerciments, running title, …), un système de citations avec une recherche intuitive (peut-être simplement taper "Truc et al 2011" et obtenir une liste de références possibles, avec une base de données bibtex derrière). On uploade les figures en format vectoriel, on les insère dans les articles, etc. Et quand on a fini, on choisit le nom de la revue, et automatiquement, l'article est formatté comme il faut, biblio, texte, etc. On pourrait même choisir le format, soumission (interligne double, etc) ou publication (pour calculer le nombre de pages ou juste rêver d'avoir un papier dans Nature). On demande au logiciel de produire un article à soumettre, idéalement en Latex, mais pourquoi pas en rtf ou en doc pour les revues débiles qui n'acceptent pas le Latex. Dès qu'on est jeté, on peut reformatter automatiquement dans un autre style pour resoumettre.

  • [^] # Re: Ouch

    Posté par  . En réponse au message CJS - Offre d'emploi. Évalué à 3.

    Bah, je n'ai rien contre les accusations péremptoires, pour autant qu'elles soient justes :-)

  • # Mhhh, qui a écrit la FAQ?

    Posté par  . En réponse au journal 14 mars, jour de la mouche.. Évalué à 7.

    Sur le site en question, dans la FAQ:

    Si on permet aux larves adultes de migrer vers la peau saine autour d’une plaie…

    Tiens donc, des larves adultes? Elle a l'air sérieuse et bien relue, cette FAQ…

  • [^] # Re: Aucun...

    Posté par  . En réponse au sondage Mon système de composition de documents préféré est :. Évalué à 6.

    Certains journaux scientifiques acceptent Latex, d'autres non, ce qui requiert de jongler entre les formats. Mëme quand Latex est accepté, c'est plutôt un pseudo-Latex, avec des macro maisons (\begin{abstract_journal}, etc).

    Justement, c'est comme ça qu'il faut faire! Pour une fois que des gens (les éditeurs) font quelque chose comme il faut, on ne va pas se plaindre non? :)

    Alors là, je tombe de haut. J'ai justement l'impression que ce n'est absolument pas comme ça qu'il faut faire! La distinction forme/fond nécessite une syntaxe standardisée dans le document \begin{abstract} … \end{abstract}, et l'application d'un style qui spécifie comment l'abstract doit être présenté. Idéalement, on doit pouvoir changer la classe sans changer le document! Autrement, il n'y a aucun intérêt à séparer le fond de la forme.

    Comment vas-tu faire pour réaliser un truc un peu complexe? Avec un langage de marquage, tu l'as de toute façons dans le baba!

    Justement, dans un texte, je ne vois pas ce qu'on peut faire "d'un peu complexe" qui ne soit pas prévu dans la classe de document. Si tu es amené à balancer du tex dans ton document pour aligner un truc à droite ou à gauche avec des interlignes irréguliers, c'est qu'il te manque un environnement dans ta classe qui ferait ça pour toi.

    Au pire, il reste la solution mixte, qui consiste à accepter du Latex ou du HTML dans un langage wiki quand la fonction souhaitée n'existe dans dans le langage.

  • [^] # Re: Latex/Beamer

    Posté par  . En réponse au sondage Mon système de composition de documents préféré est :. Évalué à 7.

    Je pense même que c'est une bonne intro à LibreOffice, pour aller vers l'utilisation systématique des styles.

    À moins d'avoir du caca dans les yeux, il me semble malhonnête de comparer la qualité du rendu des documents produits avec Latex ou avec LibreOffice.

  • # Ouch

    Posté par  . En réponse au message CJS - Offre d'emploi. Évalué à 7.

    Participation à l’élaboration des scénarii de tests

    Aïe aïe aïe, "scénarii"? Alors, déja, d'après http://en.wiktionary.org/wiki/scenarii, le pluriel de scenario en italien, c'est scenari (parce que l'accent est sur le "na"). scenarii, c'est du vieil italien. Ensuite, si on met un accent, c'est qu'on a lexicalisé le mot en français, scénario. Il est absurde de combiner un mot francisé et un pluriel étranger, faux de surcroit.

    Faut faire gaffe avec l'hypercorrection, ça donne tout de suite une information sur la personnalité du recruteur : le mec croit tout savoir et veut que ça se sache, mais c'est superficiel, en fait il ne sait rien.

  • [^] # Re: Aucun...

    Posté par  . En réponse au sondage Mon système de composition de documents préféré est :. Évalué à 10.

    Bah, il a quand même des défauts le pépère Latex. Je trouve qu'il a le cul entre deux chaises, pas assez accessible pour un simple utilisateur, et truffé de Tex-eries dès qu'un truc un peu complexe doit être fait.

    Le passage par un dvi est franchement lourd (perso, j'utilise systématiquement pdflatex, qui a le mérite d'accepter beaucoup plus de formats graphiques). J'ai trop fait de pdf2epsi, convert, etc. pour me sentir à l'aise avec un logiciel monomaniaque de l'eps, qui nécessite de penser la chaine graphique du début pour ne pas finir avec des conversions hasardeuses, souvent via un bitmap.

    Et puis, c'est con parce que ça se règle facilement, mais les choix par défaut sont contestables ; c'est fou ce que ça compte pour les nouveaux utilisateurs. Des marges démentiellement trop larges, veuves et orphelines non évitées, préférence à dépasser dans la marge plutôt que de toucher au gris typographique, centrage impossible des figures plus larges que la zone de texte… Clairement, la philosophie sous-jacente se fait clairement sentir : Latex fait beaucoup de choses pour toi, mais pour le reste, tu te démerdes.

    J'utilise Latex très régulièrement, surtout professionnellement, et ce n'est souvent pas évident. Mes collaborateurs qui ne connaissent pas Latex doivent commenter sur le pdf, retaper les corrections dans le document inital reste une étape pénible et inutile. Certains journaux scientifiques acceptent Latex, d'autres non, ce qui requiert de jongler entre les formats. Mëme quand Latex est accepté, c'est plutôt un pseudo-Latex, avec des macro maisons (\begin{abstract_journal}, etc). Alors oui, on peut blâmer les éditeurs, mais on peut aussi penser qu'ils ne s'amuseraient pas à ça si Latex répondait à leurs besoins : comment gérer automatiquement un article quand il n'existe pas de classe spéciale pour les remerciements, ou pour les adresses des auteurs? Chacun applique une recette "maison", donc il faut rééditer l'article, avec la pseudo-doc sous le nez. On compile, et on ramasse plein d'erreurs de police, de bibliothèque machin qui n'est pas installée ou pas à la bonne version… C'est intrinsèque au fonctionnement de Latex, pour numéroter les lignes, on peut utiliser la bibliothèque truc, ou machin, ou bidule, mais Bidule ne numérote pas les légendes des figures alors que truc merde sur les interlignes doubles ; comment peut-on espérer séparer le fond et la forme dans de telles conditions, et surtout, comment peut-on espérer l'existence d'un Latex "standard"?

    J'ai l'impression que ça fait beaucoup trop longtemps que Latex n'a pas bougé, et j'ai un peu peur que Latex 3 arrive trop tard. Je pense que Latex a encore de l'avenir, mais en tant que sous-couche ; ce que j'aurais besoin au quotidien, c'est une sorte de langage wiki standardisé, acceptant quelques latexeries (comme les équations par exemple), et qui génèrerait du Latex en arrière-plan. En plus, ça permettrait de faciliter le travail collaboratif.

  • [^] # Re: LaTeX + Versionning

    Posté par  . En réponse au message Écriture à 4 ou 6 mains. Évalué à 2.

    c'est très bien mais ça demande de connaitre LaTeX.

    Ça demande surtout à connaitre subversion :-)

  • [^] # Re: ouah!

    Posté par  . En réponse au journal Google la croque-t-il ?. Évalué à 2.

    Ouuuh, le vilain post trollifère. Pour essayer de faire une réponse constructive et non-Godwinesque, je dirais que SOS racisme est plus dans une optique syndicale (défense des intérets des sympatisants) que purement idéologique pour philosophique. En conséquence de quoi, la composition sociale des adhérents impose les thèmes majeurs des actions de l'assoc.

    En plus, l'inconvénient d'utiliser des mots couverts empêche l'argumentation. Beaucoup de choses sont reprochées à SOS racisme, et je ne sais même pas à quoi tu fais allusion.

  • [^] # Re: ouah!

    Posté par  . En réponse au journal Google la croque-t-il ?. Évalué à 10.

    J'imagine le one-man-show, le comique fait des blagues, personne ne les comprend, résultat, bide total, le mec sort de scène, et son interprétation de la situation, c'est que le public est con.

    Tu peux aussi aller faire du second degré mysogyne sur un forum féministe, ou du second degré antisémite chez SOS racisme. Tu verras comme ils trouveront ça drôle!

  • # Oh le beau raisonnement fallacieux que voila!

    Posté par  . En réponse au journal Google la croque-t-il ?. Évalué à 10.

    J'attendais avec impatience la sortie du Galaxy S3, finalement je préfère me rabattre sur l'iPhone5 bien plus hype.

    J'avais l'habitude de manger dans un petit resto sympa, mais j'ai appris que leurs tomates n'étaient pas bio, je préfère me rabattre sur le McDo, bien plus hype.

  • [^] # Re: Est-ce bien nécessaire tout ça?

    Posté par  . En réponse à la dépêche Agrégation et logiciels libres. Évalué à 8.

    Pour les vraies maths, je ne sais pas, mais j'ai enseigné les statistiques en prépa médecine, et faire des statistiques avec un papier, un stylo, et un cerveau, c'est proprement ridicule. On fait des moyennes à la main, on trace des histogrammes au tableau, et on lit des p-values dans des tables—youhou, comme au XIXe siècle. À mon avis, tout ce qui requert du calcul est totalement inintéressant à faire à la main.

  • [^] # Re: Création de marché

    Posté par  . En réponse au journal Chronique d'un flop annoncé. Évalué à 7.

    Ouais, enfin Apple a inventé le marché. Si X fait pousser une patate, et Y achète sa patate, va sur un marché, et explique que ça se mange et que c'est bon, il me semble qu'on ne peut pas nier que c'est Y qui a inventé la patate en tant qu'objet commercial.

  • [^] # Re: Création de marché

    Posté par  . En réponse au journal Chronique d'un flop annoncé. Évalué à 2.

    Mouais, enfin Google arrive à faire tourner Android sur tous ces modèles, donc malgré les problèmes de compatibilité entre les puces ARM, il semble être possible de développer quelque chose d'à peu près portable. Android reste un logiciel libre, et a priori, rien n'empêche de réutiliser le boulot de Google dans de nouveaux systèmes d'exploitation.

    Le problème des drivers non-libres reste évidemment crucial, mais il faut admettre qu'on fait tourner du Linux sur la plupart des PC et portables malgré des drivers non-libres. Quand on va voir dans le détail, entre les drivers, les couches de compatibilité, les blobs binaires, et les instructions en ROM, le périmètre de ce qu'est un driver libre reste quand même assez compliqué à définir, et que dans la plupart des cas, il faut bien accepter un degré au delà duquel le machin est opaque.

    Pour le reste (l'incapacité de désinstaller le système, de le remplacer par un autre, ou de le mettre à jour), ce n'est qu'un problème logiciel découlant de la volonté des constructeurs d'enfermer l'utilisateur dans un monde propriétaire. À mon avis, cette volonté n'est pas forcément idéologique ; Microsoft ou Apple savent très bien ce qu'ils font et pourquoi ils le font, mais je ne vois pas pourquoi Google ou Samsung s'engageraient dans la même voie. Par contre, il faut bien avouer que le problème du service après-vente est assez crucial pour ce type d'appareil, et que la multiplication démente du nombre de modèles et leur rythme de sortie effrené ne plaide pas pour une approche modulaire entre le matériel et le logiciel—en fait, si, il pourrait, mais nécessiterait une approche assez révolutionnaire de la gestion d'un produit de grande consommation. Bref, entre ça et l'obsolescence programmée liée à l'absence de mises à jour, les constructeurs ont peu de bonnes raisons commerciales de faire autrement.

    Comme toujours, à mon avis, ce problème se devrait d'être réglé par la loi, en imposant à tout constructeur de fournir à ses clients la totalité des données techniques de l'appareil, quitte par exemple à indiquer ce qui est protégé par un brevet, et d'interdire l'utilisation de technologies visant à empêcher le détournement de la machine—bref, à redonner au client ce dont il a toujours eu droit; l'usus, le fructus, et l'abusus sur les objets dont il est propriétaire.

  • # Création de marché

    Posté par  . En réponse au journal Chronique d'un flop annoncé. Évalué à 9.

    Apple a quand même inventé cet appareil, qui s'est vendu à des millions d'exemplaires. Alors oui, on se demande tous à quoi ça peut bien servir, mais les gens qui en ont s'en servent, et semblent s'en servir de plus en plus : les utilisations apparaissent avec l'usage et les applications disponibles.

    Quelque part, je pense qu'Apple use ses dernières cartouches là-dessus, car la tablette n'est plus un produit de luxe. Les concurrents Android semblent se placer de mieux en mieux, et si le prix des tablettes passent sous les 100 - 200€, elles vont devenir des mini-ordinateurs très intéressants pour les intégrer à des appareils électroménagers, à des installations domotiques, à des voitures, etc.

    Par contre, j'ai un peu peur que le libre ait loupé ce tournant, et l'avenir m'angoisse un peu. Je suis content de voir autant de Linux tourner chez Mme Michu, mais comme on ne peut pas recompiler soi-même oiu changer de distribution, l'idée d'une liaison forte et incassable entre le matériel et le logiciel semble se profiler, et risque de mettre en l'air l'embryon de changement sur la vente liée.

  • [^] # Re: Caca de taureau

    Posté par  . En réponse au journal See the World in True Colors.. Évalué à 4.

    Ouais ok, si tu considères que

    `if (rand() > 0.5) print("toto") else print("titi")

    est une preuve qu'un ordinateur peut prendre une décision, alors j'avoue, un ordinateur peut prendre une décision. Mais ce n'est pas de ça que je parle. Quand tu dis "l'ordinateur aurait pu redémarrer sans demander", c'est encore une fois le programmeur qui prend une décision, pas l'ordinateur.

    Mais bon, tout ceci n'est qu'une histoire de propriétés émergentes. À la base, rien ne distingue le fonctionnement mécanique d'un neurone et le fonctionnement d'un transistor. Les deux obéissent à un certain nombre de règles, et aucun n'est plus "intelligent" que l'autre. La différence, c'est que dans un cerveau, l'organisation des neurones et leur capacité à modifier leurs connexions les uns aux autres fait émerger quelque chose qu'on appelle "intelligence". En comparaison, personne n'a jamais pu faire émerger quoi que ce soit de comparable d'une puce électronique. Ça ne veut pas dire que c'est impossible, mais c'est avant tout un problème logiciel, matériel, et conceptuel. Pour l'instant, on ne sait que programmer des machines qui font semblant d'être intelligentes, en les faisant réagir comme le programmeur l'aurait fait dans une situation similaire—typiquement, un système expert.

    Il faudrait un peu plus que des filtres bayesiens anti-spam pour me convaincre de la proximité d'une singularité technologique…

  • [^] # Re: Caca de taureau

    Posté par  . En réponse au journal See the World in True Colors.. Évalué à 2.

    Pourquoi regardes-tu l'ordinateur sans le programme qui va avec ? Peux-tu regarder une cellule vivante sans adn ?

    Tu veux dire, comme une hématie?

    Il pourra te sortir les règles qu'il a suivi si tu veux.

    Non, pas "si je veux". Seulement si le programmeur l'a voulu. Dès que je veux quelque chose, il faut que je demande au programmeur, pas à l'ordinateur. L'entité intelligente derrière l'interface utilisateur, ce n'est pas l'ordinateur, c'est le programmeur. Une télé peut dire des choses passionnantes (parfois, enfin pas souvent), mais si j'ai une question, c'est au gars qui parlait que je dois la poser, pas à la télé.

    On va prendre un exemple concret : j'ai fait une mise à jour, et Ubuntu me demande de redémarrer l'ordinateur. Je me demande "tiens donc, et pourquoi"? Je fais quoi, j'ouvre un terminal et je tape "pourquoi dois-je redémarrer"? Je vais chercher dans l'aide? Au mieux, je vais obtenir quelque chose comme "certaines mises à jour requierent de redémarrer l'ordinateur", ce qui m'avance peu. Je peux alors aller décortiquer le contenu des paquets, repérer que c'est le paquet "kernel-image" qui conseille un redémarrage… Mais ça ne me dit toujours pas pourquoi. Pour savoir pourquoi, il faut que j'aille demander sur un forum ou que j'envoie un mail au développeur, qui va me répondre pourquoi il a pris cette décision.

    Tout ceci n'a rien à voir avec la rationalité. Le programmeur peut très bien avoir pris des décisions irrationnelles, ou même non-intentionnelles, de la même manière qu'un être humain n'est pas toujours capable de justifier ses actes. Mais un humain est toujours capable de comprendre, d'interpréter, et d'agir en fonction de stimulus. Un ordinateur, dans tous les cas, n'est qu'une machine stupide et obéissante, qui ne sait rien faire sans qu'on lui explique de manière totalement exhaustive et non-ambigüe, c'est clairement une preuve de stupidité.

  • [^] # Re: Caca de taureau

    Posté par  . En réponse au journal See the World in True Colors.. Évalué à 3.

    Il pourrait tirer un nombre aléatoire. Choisir de voter systématiquement pour celui le plus à gauche. (Certains humains votent comme ça aussi)
    Ou il pourrait essayer d'optimiser une certaine fonction qui dépends du programme de chacun des candidats. (Ça me paraît une bien meilleure technique que de se baser sur des émotions.)

    Il pourrait faire ça si on lui dit de faire ça—rien d'étonnant. Mais il ne saura pas pourquoi il l'a fait (sauf si on le programme pour qu'il explique pourquoi il l'a fait). Encore une fois, on peut simuler la plupart des choses avec un ordinateur, mais le mieux qu'on puisse faire, c'est de simuler les choses tellement bien qu'il devient difficile de faire la différence avec le comportement d'un être humain… mais seulement dans le contexte restreint de l'exercice qu'on souhaite simuler. Ce n'est pas l'ordinateur qui est intelligent, c'est la personne qui l'a programmé.

    Simuler le fonctionnement des neurones pour essayer de simuler le fonctionnement d'un cerveau n'est qu'un moyen parmi beaucoup d'autres d'essayer d'améliorer les capacités cognitives des ordinateurs, mais dans l'état actuel des connaissances, on reste à la préhistoire d'une quelconque simulation d'intelligence réelle—l'arnaque, c'est de raconter des trucs sur la singularité technologique et de les relier à l'augmentation de la rapidité des machines à calculer.

    D'ailleurs, une belle preuve (s'il en faut), c'est le fait que les ordinateurs de bureau ne sont pas plus intelligents qu'il y a 10 ou 20 ans. Ils sortent encore et toujours des informations totalement stupides ("L'impression n'a pas fonctionné", "Impossible d'atteindre la page http://…", "Veuillez redémarrer l'ordinateur"), et sont totalement incapables de prendre une décision en fonction du contexte ("Vous avez fermé le logiciel sans enregistrer le fichier, sauvegarder, annuler, fermer?", "l'application ne répond plus, forcer la fermeture?"). Pourtant, ces machines ont une puissance de calcul incroyable, mais les seules améliorations "intelligentes" ne viennent que de l'astuce des programmeurs (filtres anti-spam, message "vous avez oublié de joindre une pièce à votre email"…) et pas du tout de l'amélioration des capacités de la machine.

  • [^] # Re: Caca de taureau

    Posté par  . En réponse au journal See the World in True Colors.. Évalué à 2.

    Est-ce que l'apparence de l'intelligence est de l'intelligence ? C'est amusant comme question, mais quel part on s'en fout, c'est les faits/le résultat qui compte : dans ton exemple, l'ordinateur produit des fugues.

    La question "est-ce que cette machine est intelligente" est toujours intéressante, et fondammentale. Le problème, c'est qu'on peut ne pas être capable d'y répondre, c'est le principe du test de Turing, etc. Mais dans l'absolu, quand on trouve une machine "intelligente", c'est la plupart du temps que la machine a été programmée par quelqu'un d'intelligent, pas qu'elle est intelligente elle-même. Ça pourrait changer, mais pour l'instant, je ne vois aucun exemple où j'ai trouvé une machine intelligente.

    Ceci dit, tu as raison, l'amélioration des capacités des machines a permis de faire la part des choses entre les tâches intensives et les tâches intelligentes. Au siècle dernier, on devait considérer que les bons joueurs d'échec étaient des gens extrêmement intelligents, alors que les ordinateurs les ont ramenés au rang de calculateurs biologiques imparfaits. Je pense que ce n'est pas un hasard si par exemple les grands patrons gagnent de plus en plus d'argent : ce sont des gens "intelligents" dont les compétences ne peuvent pas être simulées par une machine. Inversement, les gens dont le boulot n'est pas loin d'être remplacé par un robot ou un logiciel gagnent de moins en moins d'argent.

  • [^] # Re: Caca de taureau

    Posté par  . En réponse au journal See the World in True Colors.. Évalué à 3.

    On peut modéliser le système, ou le simuler, mais pas le reproduire. Avec un ordinateur, on peut simuler comment un avion vole, mais on ne peut pas faire voler l'ordinateur (ou alors, il faut le mettre dans un avion).

    Ceci dit, j'y pensais hier soir en rentrant, les ordinateurs ont prouvé qu'ils étaient largement capables de résoudre des problèmes complexes, et il n'est pas si évident que ça de mettre une limite sur ce qu'un ordinateur peut faire ou non. Il semble que la limite se situe à la définition du problème. On définit un problème, on en fixe les règles et les limites, un ou plusieurs programmeurs talentueux programment l'ordinateur, et les résultats peuvent être identiques, voire supérieurs, à ce qu'un humain peut faire. Par exemple, si on prend un problème extrêmement complexe qui nécessite à la fois de la rigueur et de l'imagination : composer une fugue. Il est tout à fait envisageable (je me demande même si ça n'a pas déja été fait) d'écrire un programme capable d'écrire une fugue à deux, trois, quatre voix, en respectant les règles extrêmement complexes du contrepoint, en ajoutant en plus des innovations (sur la base d'un générateur de nombres aléatoires par exemple), de manière à produire des fugues à la demande. Il est même possible que certaines d'entre elles présentent un intérêt musical, ou que certaines compositions outrepassent en complexité les compositions des génies du Baroque. On a là un ordinateur capable d'imiter un génie humain, et de faire des choses que les programmeurs sont incapables de faire (connaitre les règles ne signifie pas pour autant être capable de les respecter). Cependant, cet ordinateur ne sera jamais capable de pensée artistique, il ne fait que mimer ce qu'on lui a appris à faire. Il ne pourra pas s'affranchir des règles parce qu'il lui en a pris l'envie, il ne pourra pas classer ses compositions par ordre d'intérêt artistique, il ne pourra même jamais imaginer ce qu'est une fugue, en quoi c'est intéressant. Dans l'absolu, il ne serait pas impossible de créer un programme capable de noter des partitions en fonction de leur intérêt, mais il faudrait l'écrire : jamais spontanément un ordinateur ne sera capable de faire ça.

    C'est amusant de voir d'ailleurs qu'il existe des tâches qui nous semblent ridiculement triviales, et qui sont impossibles à réaliser pour un ordinateur. Le contexte aidant, par exemple, je ne vois pas comment un ordinateur pourrait décider pour qui voter pour la présidentielle. Il pourrait comparer les programmes, calculer des scores économiques et des indices de crédibilité, mais il ne pourrait jamais décider s'il est de gauche ou de droite. Pourtant, la plupart des glands avec qui j'ai l'honneur de partager mon morceau de Terre sont capables de faire un tel choix sans problème.

  • # Caca de taureau

    Posté par  . En réponse au journal See the World in True Colors.. Évalué à 10.

    Bon, alors mon avis de biologiste sur ce journal : oubliez-le. Il ne contient qu'une sorte de gloubiboulga Bogdanovesque un peu délirant, mais pas franchement informatif.

    On sait depuis longtemps que l'analogie entre le cerveau et une machine à calculer est spécieuse. On peut, avec un ordinateur, simuler grossièrement le fonctionnement d'un cerveau. De même, avec un cerveau, on peut simuler le fonctionnement d'un ordinateur. Mais comme il a déja été dit plus haut, le cerveau n'est pas une machine à calculer, il n'effectue pas d'"opérations", et, à ma connaissance, les propriétés émergentes de son organisation sont encore très mal comprises (il ne suffit pas de connecter des modèles de neurones pour obtenir les propriétés émergentes souhaitées).

    Il est donc très, très largement prématuré de prétendre que la singularité technologique est proche. La singularité technologique n'a pas grand chose à voir avec l'augmentation des capacités de calcul, c'est vraiment au niveau logiciel que ça bloque. Un smartphone est capable d'inverser une matrice 500x500, ce qu'aucun être humain ne peut faire, mais aucune machine ne peut innover face à une situation imprévue, ce que la plupart des vertébrés est capable de réaliser. À ma connaissance, il n'existe aucune indication qu'il soit possible de transformer nos calculettes géantes en machines analytiques au cours du prochain siècle.

  • [^] # Re: quelques fôtes qui ont passé ma relecture, désolé : un modérateur peut-il corriger ?

    Posté par  . En réponse au journal Plus intéressant qu'Apple : Mozilla sort Collusion. Évalué à 1.

    Dire que la réforme est un couac est peut-être à la mode, mais c'est assez faux. Quand on lit le texte de la réforme, il est dit extrêmement clairement qu'elle est modulaire ; elle inclut de nombreux changements déja acceptés en 1990, quelques un qui sont en cours de lexicalisation, et des propositions de changement acceptables. Elle n'est donc pas conçue pour être appliquée "en bloc", et de nombreuses propositions de cette réforme sont tellement entrées dans les mœurs qu'on ne les identifie même plus. Je pense en particulier à la lexicalisation des pluriels étrangers ; on dit et on écrit bien "des ferrys", "des talibans", "des scénarios", alors que ces graphies étaient controversées il y a 20 ans. D'autres changements acceptés portent sur les plusiels de certains mots composés, et sur des accents aberrants (comme événement -> évènement). Par contre, d'autres changements plus intrusifs attendront la nouvelle génération, qui aura appris la nouvelle orthographe à l'école.

  • [^] # Re: Wow !

    Posté par  . En réponse à la dépêche Version 1.0 de Julia. Évalué à 10.

    Ne panique pas, ils ne savent pas coder en R. Le code est plein de boucles, ce qui est une aberration en R.

    pisum = function() {
        t = 0.0
        for (j in 1:500) {
            t = 0.0
            for (k in 1:10000) {
                t = t + 1.0/(k*k)
            }
        }
        return(t)
    }
    
    pisum2 = function() {
        t = 0.0
        for (j in 1:500) {
            t = sum(1/((1:10000)^2))
        }
        return(t)
    }
    
    pisum3 <- function() {
         return(replicate(500, sum(1/((1:10000)^2)))[1])
    }
    
    pisum4 <- function() {
         require(compiler)
         f <- cmpfun(function() {sum(1/((1:10000)^2))})
         return(replicate(500, f)[1])
    }
    
    

    > system.time(pisum())
    user system elapsed
    7.180 0.000 7.197
    > system.time(pisum2())
    user system elapsed
    0.070 0.000 0.069
    > system.time(pisum3())
    user system elapsed
    0.070 0.000 0.069
    > system.time(pisum4())
    user system elapsed
    0.000 0.000 0.006

    Voila, quand on sait utiliser R, on diminue par 100 le temps d'exécution. Et en utilisant le bytecode, la fonction s'exécute trop rapidement pour la mesurer—et encore, je récupère les 500 sorties identiques dans un vecteur, donc il faudrait en plus retirer l'étape inutile d'allocation d'espace. Conclusion : comme d'hab, benchmark stupide.