Je suis d'accord sur le fond : on a parfois l'impression que quoi que fasse Canonical, ça sera mal perçu.
Tel que j'ai compris l'objectif de Canonical, c'est de fournir une distrib libre et bien finalisée. C'est clair que leur objectif est éloigné de celui de Debian par exemple, qui vise au moins autant l'amélioration du logiciel libre en général.
Du coup, Canonical développe les trucs dont elle a besoin, et se fout pas mal de ce que Gnome ou Linux peut en penser. Ce n'est pas du développement collaboratif, et la plupart des projets de Canonical n'intéressent probablement pas uptream. Du coup, certains patches sont probablement là pour que Canonical puisse faire ses petits trucs, et ceux-là n'intéressent pas non plus. On peut donc imaginer que les devs de Canonical ont autre chose à faire qu'essayer de faire passer des patches qui ne passeront pas, et se concentrent en interne sur leurs projets.
C'est aussi ça le libre. On peut faire du libre sans faire du collaboratif, et on peut distribuer Gnome sans le soutient du projet. Ceci dit, je pense que les tensions sont réelles, et que les devs de Gnomes interprètent comme des critiques les projets qui forkent leur interface pour faire "mieux" (ou au moins, pout faire différent).
Ce qui est important, c'est que Canonical mette son code à disposition, au cas où certains patches soient intéressants pour l'ensemble du projet. Mais pour le reste, je trouve ça complètement acceptable de se concentrer sur un objectif propre, plutôt que de participer collectivement au logiciel libre. Heureusement que tout le monde ne fait pas ça, mais toutes ces pratiques ont leur place.
Certes, mais il ne semble pas complètement incongru que Canonical ne supporte pas financièrement les distributions alternatives -- ils ont le droit de se concentrer sur leur produit principal.
Ceci dit, je me suis toujours demandé ce que ces devs payés à 100% sur un projet pouvaient bien faire de leur temps. Souvent, les rapports de bugs ne sont pas triés ni commentés (donc le dev s'implique peu dans le fonctionnement de la communauté), Canonical est connu pour ne pas trop envoyer de patches uptream, donc ce dev, il fait quoi exactement? Est-ce que ça risque de changer quelque chose à Kubuntu?
Normalement, les distances de sécurité s'appliquent également pour les véhicules à l'arrêt (je ne sais plus exactement, dans les 3m de mémoire). Tu es à un feu rouge, tu te fais percuter par l'arrière, normalement tu ne devrais pas taper devant (à moins qu'il ne s'agisse d'un semi-remorque lancé à 120 km/h, mais dans ce cas le pare-choc de la voiture de devant ne devrait pas être ton principal soucis).
Ceci dit, j'ai toujours entendu que dans un tel cas, il fallait indiquer sur le constat que tu avais été projeté sur le véhicule A par le véhicule C. Je pense qu'un expert n'aura aucune difficulté à vérifier si tu as percuté devant debout sur les freins (pare-choc à ras du sol) ou projeté par l'arrière (pare choc vers le haut).
Le problème évident de l'interfile est celui de la priorité. La conception des véhicules à quatre roues fait qu'il est difficile, et parfois impossible, de voir un véhicule qui double par la droite. D'ailleurs, au cas où, il est peut-être bon de rappeler que le rétroviseur de droite n'est pas obligatoire.
À mon avis, l'interfile n'est tolérable que si les motards doivent céder la priorité aux véhicules qui changent de file (au moins ceux qui changent de la file de gauche vers la file de droite). L'alternative serait d'autoriser l'interfile pour les voiture lors d'un changeemnt de file (on se place d'abord entre les files en cédant la place aux motos, puis sur la file de droite en cédant la place aux voitures). Viser un changement de file en une fois en cédant la priorité à la fois aux motos et aux voitures revient à viser en marchant une cible mouvante à travers un cerceau tenu par un parkinsonien.
Le plus sain serait quand même que les motards militent pour la création d'une bande spécifique sur la gauche de la chaussée, qui ne poserait pas de problème de sécurité. Ce n'est pas la légalisation d'une pratique stupide et dangereuse qui la rendra moins stupide et moins dangereuse ; les voitures continueront à changer de file (parce qu'il n'est pas possible de faire autrement) en éclatant les motards qui foncent entre elles (parce qu'ils sont quasiment indétectables).
Donc prétendre qu'il est partisan de la mauvaise loi qu'est hadopi, c'est vraiment malhonnête. Ah, ben voila, c'est comme ça que ça s'appelle.
Je ne suis vraiment pas d'accord. Le monsieur dit :
1) Je suis favorable à Hadopi parce que cette loi a des défauts mais tente de protéger les artistes
2) Je suis favorable à la licence globale car elle permet de protéger et de rémunérer les artistes
Le fait d'être d'accord ou pas avec 2) ne change pas que 1) est complètement con.
On dirait le discours des témoins de Jéovah : on répète encore et encore des arguments sans valeur qu'on a appris par cœur. Au moins, les méchants pirates qui prônent l'accès gratuit à la culture ont réfléchi un minimum sur leur place dans la société, sur l'importance de la culture, et sur l'évolution de l'économie numérique.
En fait, je pense qu'on pourrait utiliser cette interview comme un exercice sur le raisonnement fallacieux.
Vous l'avez vécue la vie d'artiste ? Vous savez ce que c'est que d'être scénariste, compositeur, ou auteur de chansons et de voir son travail – c'est un travail avant tout – piraté et offert à tous du jour au lendemain ?
Donc seuls les artistes ont un avis pertinent sur la question (Argumentum ad verecundiam? Probablement un autre que je ne trouve pas dans la page de Wikipédia)
Et soi-même galérer pour payer ses factures et nourrir ses gamins ?
Hadopi n'est pas une loi parfaite mais elle a le mérite de tenter de protéger les artistes
Je ne suis même pas sûr qu'il s'agisse d'un sophisme : mieux vaut une mauvaise loi qui tente quelque chose sans le faire que pas de loi?
Si vous n'aimez pas les capitalistes, les exploiteurs, il est tout de même très étrange que vous tressiez des couronnes au tristement célèbre Kim Dotcom
Oui, bon, j'aurais dû formuler autrement en disant que l'entreprise se retrouve toute seule sur un marché porteur pour une raison ou pour une autre -- ça peut être du fait d'une propriété intellectuelle très forte (brevets...), par exemple.
Sous couvert des lois qui régissent l'abus de position dominante, l'équivalent des lois anti-trust aux US. En gros, il n'est pas illicite d'avoir une position dominante, mais l'innovation est très difficile sans abuser de cette position dominante.
En général, une entreprise acquiert une position dominante par plusieurs moyens: 1) elle a innové assez vite pour prendre tout le marché avant les concurrents potentiels (Microsoft), 2) elle offre des services de rapport qualité/prix incomparables avec la concurrence (Google). La loi traite les deux cas de la même manière, alors qu'à mon avis, seul le premier est vraiment nuisible (être le premier à faire quelque chose ne peut pas donner droit à un contrôle éternel du marché). Quand un marché déja concurrentiel a été concquis à la régulière, je trouve immoral de pénaliser l'entreprise qui a réussi (on pourrait avoir le cas avec Free dans les télécoms dans les prochaines années).
Que je sache Microsoft a été condamné pour son navigateur/lecteur sur son OS.
Non, je pense que le vrai problème était l'entente "forcée" entre Microsoft et les assembleurs. Quand tu as une chaîne de distribution, tu veux que le vendeur soit libre de vendre ce qu'il veut. Le fait que MS soit en position dominante lui a permis d'imposer les produits tiers vendus avec l'OS (un peu comme si tout le monde avait une Renault et que toutes les Renault étaient livrées avec des Michelin et une assurance MAIF).
Pour Google, je trouve que la situation est fondamentalement différente. 1) Les utilisateurs de Google ne sont pas ses clients. 2) Les utilisateurs de Google ne sont pas captifs (je dirais même, au contraire, Google offre par exemple des facilités exemplaires pour consulter ses mails sans passer par eux ou changer de fournisseur mail). 3) Changer de moteur de recherche est trivial pour l'utilisateur (ça prend 1 seconde de taper une autre URL et c'est à la portée de tout le monde). 4) La recherche sur Internet et la recherche sur une carte géographique sont deux services très proches (rien à voir avec un OS et l'assemblage d'un PC).
Bref, j'ai un peu réfléchi à cette histoire depuis hier soir, et la seule explication que je trouve (le seul cas où Google utilise sa position dominante), c'est l'affichage d'une carte de locatisation dans Google search quand on tape une adresse physique. C'est clair que Google oriente alors l'utilisateur vers son service de cartographie, c'est à dire que les deux services sont intégrés.
On peut toujours reprocher à Google de mal distinguer les résultats du moteur de recherche (neutre, etc), et les résultats des sites liés à Google (youtube, knol quand ça existait, google map, etc). C'est encore pire depuis quelques temps, où on trouve ses propres photos Picasa quand on fait une requête, c'est à dire que Google balance dans les résultats du moteur des documents privés, un peu comme si une reccherche dans Google mélageait des éléments du web et des fichiers présents sur son propre disque dur. À mon avis, c'est contre-productif et assez inutile comme fonction, je préfèrerais largement avoir deux cadres, un cadre bien identifié "produits Google", avec mes photos et mes emails qui correspondent à la requête, et une rubrique "web", qui serait la même pour tout le monde.
Mais de là à voir un "abus de position dominante",il y a un pas que je ne saurais franchir. Tant que la loi n'empêche pas une entreprise de conquérir plusieurs secteurs, il semble totalement idiot d'empêcher une boite d'orienter ses clients préférentiellement vers ses propres services. Bien sûr, il serait beaucoup plus rationnel de cloisonner l'économie, et d'empêcher ma banque de gérer mon compte en banque, d'assurer ma maison, de proposer des abonnements de téléphone portable, et de distribuer le courrier. Mais même si ces activités étaient séparées, il n'y a aucun moyen non plus d'empêcher des entreprises de coopérer pour se renvoyer leurs clients quand elles ne sont pas sur le même secteur. Légiférer sur ce genre de choses est assez stupide, le "libéralisme soft" requiert une réactivité et un arsenal législatif qu'aucune démocratie n'est en mesure de produire.
Et dans tous les cas, ça ne peut pas justifier une utilisation "Jackpot" de la justice, une entreprise qui coule ne peut pas utiliser la justice pour racketter une autre entreprise, ça n'a pas de sens. Si l'État pense qu'un marché n'est pas assez concurrentiel, il peut demander à la grosse boite de verser à un pot commun qui est justement redistribué parmi les petits concurrents, mais la technique de "plus je me plains et plus je me ruine en avocats et plus j'ai du pognon" me semble désastreuse économiquement, en plus d'être profondément immorale.
Ah OK, c'est intéressant. Si je comprends bien, l'appel se tiendra devant une vraie cour d'appel, et pas devant le tribunal de commerce. Ça sera instructif.
En gros, le tribunal rejette l'idée du modèle de Google. On pourrait prendre une analogie : par exemple, Carrefour invente un modèle où les produits deviennent gratuits : les usagers du supermarché ne sont plus des clients, ils deviennent la "marchandise" vendue, et en échange, ils se servent à l'œil. Eh bien la décision du tribunal consiste à interdire un tel modèle, et à estimer que les concurrents méritent d'être dédommagés.
Je pense que la raison est simplement le conservatisme ambiant, ainsi qu'un ensemble législatif archaïque. On ajoute là-dessus un bon coup de nationalisme, un chantage à l'emploi, et l'idée que de toutes manières Google a plein de thunes. On est à la limite de l'État de droit.
Le plus inquiétant à mon avis, c'est que l'innovation est pénalisée au profit du conservatisme, et la boîte qui crée des richesses est parasitée par des entreprises moribondes mais scélérates (un peu comme SCO).
J'ai lu, et je trouve l'argumentaire sans aucun intérêt. En gros, ça dit "ouhlala, toute entreprise avec une position dominante est un danger, donc il faut éclater la gueule de Google, peu importe la raison". Moi dans l'histoire je vois que Google se fait en... à sec avec du verre pilé par une boîte à la SCO dont l'activité principale consiste à soutirer du fric aux entreprises qui créent de la richesse. Le fait qu'un tribunal français soit utilisé à ces fins me fait plutôt honte.
Boostez le R.O.I de vos campagnes de MD avec des plans personnalisés one to one.
Je n'ai pas d'affinités particulières pour les grosses boites comme Google, mais se faire soutirer un demi million d'euros par des trous de balle de cette nature, ça me scie. Le tribunal de commerce de Paris va se taper une honte internationale avec des décisions hallucinantes comme ça -- on s'est longtemps moqué de la justice américaine, avec ses condamnations débiles, mais visiblement les décisions de justice françaises peuvent rivaliser.
Sauf que ce n'est pas un combat à armes égales. Sony veut faire du pognon, la SFC veut faire respecter la loi pour des raisons éthiques. Bon, du coup, pour faire respecter la loi, elle emploie des techniques juridiques pas propres, et prend des décisions pour des tiers qui n'ont rien demandé. Du coup, elle se décrédibilise sur le plan éthique, et il ne lui reste plus rien.
Demander de respecter la loi si on veut bénéficier d'une licence c'est "malsain" comme démarche ?
Dans la mesure où ça ne te regarde pas, oui(1). C'est d'ailleurs pour ça que la loi ne t'autorise pas à porter plainte si tu n'es pas victime. X vend à Y un logiciel sous GPL écrit par Z sans lui filer les sources, X peut se plaindre, Z peut se plaindre, mais toi tu n'as rien à dire, ce n'est pas ton problème, ça ne te regarde pas. En tout cas, même si tu penses que c'est une escroquerie, tu peux avertir la presse, communiquer dessus, mais en aucun cas t'immiscer dans les relations entre auteurs, clients, et vendeur.
Et donc ne pas respecter la loi c'est "sain" ?
Le beau raisonnement fallacieux que voila.
Qu'elle soit le fruit d'une astuce juridique non voulue, ça ne le rend pas malsain pour autant.
Ouais, la fin justifie les moyens? C'est ça ton raisonnement? La GPL n'est pas seulement un texte juridique, c'est aussi une philosophie. Ne pas respecter la GPL, c'est mal. Mais faire semblant de ne pas comprendre la GPL pour soutirer au vendeur plus ce que tu avais le droit de lui demander, c'est du racket juridique. Tu penses que c'est sain que les tribunaux soient devenus des rings pour avocats cupides enculeurs de mouches? On ne peut pas cautionner ce genre de méthodes mafieuses quand c'est une assoc de soutien du LL qui les utilise, et les condamner quand c'est Microsoft. Ce sont des techniques de caniveau dans tous les cas.
Si les gens du noyau Linux ou d'autres softs distribués voulaient défendre leurs droits, ils peuvent adhérer à l'assoc qu'ils veulent, ou prendre une assistance juridique. S'ils ne le font pas, c'est qu'ils s'en foutent ou n'en voient pas l'intérêt, et je ne vois pas de quel droit on peut penser qu'il est légitime de les "défendre" contre leur volonté.
(1) et qu'il ne s'agit pas d'un crime, évidemment.
OK, alors j'ai lu rapidement les liens, et voici ce que je comprends : en gros, les gentils ne sont pas forcément ceux que l'on pourrait croire...
Le truc est que la SFC semble vouloir utiliser une faille dans la GPL v2. La GPL v2 dit que le contrat de licence se termine si la GPL est violée, mais ne dit pas que la licence est de nouveau valide si les clauses sont respectées de nouveau. Du coup, la SFC ne réautorise la redistribution de BusyBox seulement si la boîte qui redistribue publie le code de BusyBox (OK, puisque la SFC a le droit de défendre les auteurs de la BusyBox), mais aussi des autres logiciels (pour lesquels la SFC n'a pas de droits particuliers). La raison de cette demande est simplmeent que puisque les droits ont été violés, la licence s'est terminée, et que pour la revalider, la SFC peut demander n'importe quoi -- y compris de respecter des clauses qui n'étaient pas dans la GPL.
Je ne veux pas dire que Sony sont des gentils, loin de là. Mais je ne crois pas que la SFC sont des gentils non plus. Ils outrepassent largement leur rôle (défendre les droits des auteurs de BusyBox) pour faire respecter le droit des autres auteurs de soft sous GPL dont la licence a été violée. Ça pose une vraie question, quand on code un soft sous GPL, on veut évidemment que la licence soit respectée, mais si on garde les droits en tant que simple auteur, on souhaite également faire valoir ses droits en personne. Que quelqu'un ou quelque chose décide de faire valoir vos droits à votre place sans que vous ne lui ayez rien demandé est quand même quelque chose d'assez étrange...
À noter également que la GPL v3 a éclaicit cette clause pour donner au distributeur le temps de respecter la licence, ce qui la rend valide automatiquement -- autrement dit, la "faille" n'a jamais été désirée. Ce qui me conforte dans l'idée que la démarche de la SFC est malsaine sur le fond comme sur la forme.
le papier n’est plus adapté à l’information jetable à l’heure d’Internet, par contre pour de l’analyse et de la reflexion il y a encore de quoi faire tourner les rotatives !
Donc les journaux qui coulent n'apportent pas assez de réflexion et d'analyse par rapport aux sources gratuites. CQFD.
Mouais, je ne vois pas pourquoi ne pas reprocher exactement la même chose aux journaux papiers qu'aux maisons de disque et aux producteurs de cinéma : le monde tourne, et si vous ne tournez pas avec, vous êtes morts, et c'est normal.
J'ai l'impression qu'il existe encore de la place pour les journaux papiers, mais pour vendre un journal, il faut offrir une plus-value importante. Les résultats financiers du Canard Enchaîné sont impressionnants, et ils démontrent que ceux qui pensent que la presse papier est finie sont des clowns.
Je suis très curieux de revoir fleurir trrès régulièrement l'idée que la presse est le poumon de la démocratie et que c'est triste de voir les journaux mourir. J'ai parfois l'impression qie ceux qui disent ça ne les lisent pas. Prenons par exemple le dernier truc du Monde sur Wikipédia : c'est bourré d'erreurs, certaines infos datent de plusieurs années, des choses sont mêmes présentes dans la FAQ "journalistes" de Wikipédia, qui n'a visiblement pas été lue. Il s'agit pourtant d'un grand journal à la réputation sérieuse, mais le boulot n'est que vaguement superficiel. Évidemment, pour réaliser une vraie enquête sur Wikipédia, il faudrait des semaines de boulot, mais c'est peut-être ça qu'on attend d'un journal. La démocratisation d'Internet a aussi permis de mettre à jour la superficialité du travail des journalistes, qui produisent un papier léger tous les jours, et dont la source d'info principale est l'AFP et Twitter. D'ailleurs, ouvrez n'importe quel journal, et regardez la place faite à Twitter : il y a eu plus de reportages sur Twitter que sur Google, Megaupload, et Wikipédia réunis! Pourtant, personne n'utilise vraiment twitter, c'est un média superficiel sans intéret réel... sauf pour les journalistes, qui ont vraiment été à l'origine de l'engouement pour ce truc.
Bref, nous vivons dans un monde qui nous abreuve d'infos ; on se réveille sur France Info, regandons BFM TV pendant le petit dej, on est connectés aux fils d'info toute la journée, on a même les dépèches AFP sur Android. Évidemment, dans un tel contexte, personne ne veut payer pour un quotidien qui ne fait que répéter tout ça : le modèle du quotidien papier a vécu. Pour survivre, il faut simplement évoluer.
Citer un article « fermé » c'est compromettre le travail du relecteur.
Parce que ne pas citer les travaux antérieurs, c'est faciliter son travail? C'est n'importe quoi. Une fois publiés, tous les articles ont le même statut et le même droit à être cités. Un article scientifique, ce n'est pas une dépèche AFP reprise par 50 journaux avec des formulations et des images différentes. La plupart des articles scientifiques sont des travaux uniques et irremplaçables, on ne peut pas choisir ceux qu'on veut citer ou pas.
L'accessibilité des grandes revues est un problème pour certains établissements de recherche, mais les reviewers ne sont pas là pour être gentils. Quand un auteur loupe sa biblio et démontre son inculture du sujet en ne citant que partiellement l'historique du problème, l'article est rejeté ou le reviewer balance (s'il est gentil) une liste de références à lire et à citer (moi j'ai plutôt tendance à virer avec un commentaire du style "the authors failed to replace their work into the relevant literature" et basta). Si ton employeur ne met pas à ta disposition l'accès aux journaux dont tu as besoin, c'est votre problème à tous les deux, pas celui de l'éditeur ou des reviewers.
La recherche ce 'nest pas non plus bisounoursland ou tout le monde fait ce qu'il veut. Tu publies où tu peux, et tu cites ce que tu dois. Si tu veux boycotter Total ou Danone, tu le fais chez toi, avec ta femme et tes gosses. Au boulot, tu peux discuter de ça avec tes collègues et les encourager à privilégier les journaux OpenAccess. Mais franchement, écrire des articles merdiques qui ne citent que la moitié de la biblio parce que les autres articles sont dans des revues que tu n'aimes pas, c'est une faute professionnelle et ça n'est pas acceptable. Publier tes trucs dans "Jounal of ethical science" parce que Nature ça ne te plait pas, ça te concerne toi et ton avancement de carrière si tu vis tout seul dans ton monde de bisounours, mais si tu as des collaborateurs et un labo qui doit rendre des comptes c'est une autre histoire, et tu ne vas pas garder longtemps tes collaborateurs.
Un problème insidieux par exemple, mais très concret, c'est le transfert de budget. L'accès aux grandes revues au format électronique est souvent négocié par ton institut, c'est de l'argent qui ne passe jamais par le labo. Au contraire, les frais de publication en OpenAccess c'est en général le pognon pour la recherche. À 2000€ l'article (voire plus), tu ne peux pas publier plus d'un ou deux articles par an en OpenAccess avec un financement de base, et il ne faut pas devoir acheter 2 ordinateurs par an. Donc tu fais comme tout le monde en période de vaches maigres, tu gardes ton fric pour les choses qui sont vraiment importantes. C'est malheureux mais c'est comme ça, on vit dans un monde réel où ton employeur attend de toi que tu ne te comportes pas comme un gamin et où certains choix professionnels peuvent écorner tes sentiments politiques.
Arnaudus, on pourrait résumer tes messages à "Résignez-vous !!"
C'est que tu as mal lu, ou que je n'ai pas été clair. Le système de revue par les pairs n'est pas idéal, il me fait penser à ce qu'on dit de la démocratie : pour l'instant, c'est le moins pire. Mais quoi qu'il en soit, ce système ne repose pas nécessairement sur des éditeurs privés qui font de grosses marges.
Il faut aussi comprendre un peu le contexte. Il y a 30 ou 40 ans, la publication scientifique était assurée par des presses universitaires. Avec la rationalisation des moyens donnés aux université (restrictions budgétaires et externalisation des services), la plupart des titres scientifiques ont été revendus à quelques acteurs majeurs de l'édition. La privatisation de la littérature scientifique est donc issue de choix politiques, d'ailleurs pas forcément irrationnels : en règle générale, une entreprise privée rationalise mieux ses couts et maitrise mieux sa communication, et il est tout à fait possible de dépenser moins en externalisant un tel service qu'on gérant tout en interne. Par ailleurs, un organisme privé offre une garantie d'indépendance ; il est a priori plus difficile de publier dans Nature que dans les presses universitaires du Nord-pas-de-Calais.
Mais bon, de toutes manières, le paysage n'est pas si noir. Le monde de la publication offre maintenant de très nombreux titres qui fonctionnent selon le principe de l'OpenAccess payant à la publication et gratuit à la consultation, souvent sous licence CC. Parmi les éditeurs OpenAccess, on trouve de tout ; pas mal de "parasites" qui ont tendance à être assez agressifs sur la pub, le spam, et assez permissifs sur la qualité (puisqu'on paye seulement les articles acceptés, mieux vaut accepter beaucoup), mais il y a également pas mal d'éditeurs académiques ou sans but lucratif, je connais au moins les PLoS (http://en.wikipedia.org/wiki/Public_Library_of_Science), et les Frontiers (http://en.wikipedia.org/wiki/Frontiers_Research_Foundation). L'avantage des fondations non-profit c'est que même si on paye, ça ne va pas dans les poches des fondateurs, c'est dépensé (peut-être bien ou mal, mais ça n'est pas la question). On a aussi des éditeurs OpenAccess qui font des profits, comme la série des BioMedCentral, mais à ma connaissance ils sont sérieux. La plupart de ces éditeurs ont des titres prestigieux avec un facteur d'impact très haut, tout à fait reconnus dans le monde académique. Ils constituent donc des alternatives tout à fait crédibles à Elsevier et al (parce que je ne comprends pas pourquoi désigner particulièrement Elsevier, Springer ou Blackwell sont au moins aussi pourris). Cette alternative me semble beaucoup plus crédible qu'un improbable mix entre Arxiv et Facebook ; moi je suis biologiste et le modèle Arxiv n'a jamais percé dans mon domaine.
comme on ne peut pas tout lire et tout citer, on lit d'abord ceux qui sont le plus facilement accessibles.
C'est clair, c'est surtout vrai pour les revues, les articles de perspectives, ou les trucs qu'on cite comme exemple ("Il est aussi possible de faire ça avec la méthode X, comme Machin et Truc 2004"), mais il faut bien l'avouer, citer des articles remplaçables comme ça n'est pas forcément la meilleure manière d'écrire un article scientifique (c'est un peu "je n'ai pas eu le temps de faire la biblio, voici deux ou trois trucs et creusez plus loin si ça vous intéresse").
Il est évident que dans ce genre de cas, on a tendance à citer les articles qui sont sur notre bureau, mais ce ne sont pas nécessairement des articles OpenAccess : ça peut être l'article d'un collègue, un article que l'on a reviewé peu de temps auparavant, les articles d'un journal que l'on suit régulièrement ou dont on a récupéré un numéro gratos à une conférence, etc. Mais par facilité, on risque par exemple d'exclure des articles un peu anciens qui n'ont pas été numérisés (alors que les vieux articles sont souvent plus pertinents et ont beaucoup plus d'intérêt historique), les articles un peu techniques et un peu longs, etc; bref, c'est clair que le choix va être biaisé et qu'on n'a pas à être exhaustifs sur le sujet, mais il n'empêche que la démarche de choisir consciemment le journal ou le type de journal reste un comportement assez malsain.
La bibliométrie étant devenue un index d'évaluation pour la qualité de la recherche, on n'est pas prêt de changer le système.
Pour info, beaucoup d'éditeurs scientifiques (openaccess principalement) ont mis en place sur le site la possibilité de commenter les articles. Ça ne marche absolument pas, les gens ont d'autre chose à faire que d'aller reviewer sans aucune raison des articles aléatoires sur Internet. Le peer-review marche sur la base du bénévolat, mais les gens ne le font que parce qu'on leur demande personnellement, ces demandes sont des signes de reconnaissance, et en général, ce signe suffit à la motivation. L'autre motivation c'est le rôle de filtre, c'est important de ne pas laisser passer les mauvais papiers. Si l'article est déja publié, lui mettre une mauvaise notre ou un commentaire négatif n'a pas du tout le même impact. Bref, la review "a posteriori" n'a aucun avenir.
Ce qui fonctionne un peu mieux, c'est les "revues de presse" a posteriori, des sélections d'articles intéressants après leur publication. C'est sur ce principe que fonctionne la "Faculty of 1000", qui propose des listes d'articles choisis par des scientifiques éminents... et payés pour ce service. Donc l'accès aux listes est payant, ce sont les institutions qui payent, et ça ne résoud pas du tout le problème.
Le principal obstacle à mon avis à l'évaluation ouverte est l'effet de réseau, le même qui génèrent 90% de "j'aime" aux vidéos de Dédé en vacances sur les réseaux sociaux. Il va se mettre en place très rapidement des communautés d'amis qui ont des affinités scientifiques ou méthodologiques et qui vont s'autocongratuler en boucle. Par contre, les gens qui vont vraiment prendre leur rôle au sérieux et fournir des critiques plus argumentées vont se retrouver rapidement exclues des réseaux et leur boulot ne sera jamais reconnu. En plus de ça, il existe simplement des facteurs humains qui gênent l'honnêteté du processus : il est socialement inadéquat de descendre gratuitement le travail de quelqu'un qu'on ne connait pas quand on ne nous a rien demandé.
Bref, les réseaux Facebook, dans le monde de la recherche, je ne vois pas comment ça peut fonctionner. Il y a quelques principes auxquels le remplaçant du système actuel ne pourra pas déroger : (i) l'utilisation et la reconnaissance institutionnelle de facteurs quantitatifs comme proxys de la qualité et de l'intérêt d'un travail scientifique, (ii) l'aspect gratifiant du travail "gratuit" et son efficacité (par exemple son influence sur le devenir d'un article), et (iii) la possibilité de bloquer (ou de reléguer dans une seconde zone, comme "Arxiv") les travaux sans intérêt, de manière à contenir le nombre de publications significatives dans un domaine.
J'aimerais bien savoir dans quel domaine tu bosses. Tous les articles (accessibles ou non accessibles) sont référencés dans les bases de données et les moteurs de recherche ; quand tu fais ta biblio, tu tombes sur une série d'articles sur ton sujet de recherche, et tu sais que tu dois lire ces articles. Tu vas à la bibliothèque, tu envoies un mail à leur auteur, tu payes un service de repro pour récupérer une copie des articles rares et vieux, mais tu as le devoir de faire ta biblio correctement : comment peux-tu penser que ton approche est originale si tu ne connais pas le travail de tes collègues? Comment peux-tu écrire une introduction si tu ne connais pas bien l'historique de ton domaine de recherche? C'est juste impossible.
Une fois que tu as lu les papiers, tu dois décider lesquels sont pertinents et lesquels le sont moins. À part dans le cas des articles remplaçables (revues...), la plupart du temps, cette décision est basée sur le contenu de l'article, et pas sur le journal dans lequel il est publié. Pire, les articles à gros facteur d'impact sont en général ceux que tu n'as pas le droit d'oublier de citer.
Bref, trier les articles à lire et à citer en fonction du journal, c'est au choix
* l'idée de quelqu'un qui ne fait pas de recherche et qui croit que citer un article scientifique c'est comme citer un papier de Libération ou du Figaro, au contenu quasiment identique et interchangeable
* la pratique de quelqu'un qui fait sa bibliographie comme un porc
* la partique de quelqu'un qui n'a aucune conscience professionnelle et qui dégrade volontairement la qualité de ses publications par militantisme
Bref, c'est simplement inapplicable. Quand on écrit un papier, on cite les articles pertinents auxquels on a eu accès. En général, dans les instituts de recherche, on a accès à tous les gros journaux de notre domaine (il y a des exceptions), et au pire, on peut toujours trouver ces articles dans Google ou en écrivant aux auteurs. Il est juste éthiquement et pratiquement impossible de choisir les journaux des articles que l'on cite, c'est une pratique que je ne trouve pas admissible (et à ma connaissance, elle n'est pas admise).
Non, je pense que ça arrive un peu dans tous les domaines. Il me semble que PNAS prend dans les 200$ la page, et d'autres journaux le font. Ils ont mis ça en place avec l'avènement des lois américaines sur la publication ouverte des résultats financés par la recherche publique ; les articles sont mis à la disposition de tous un an après leur publication originale, mais en contrepartie il y a des frais de publication.
Il faut aussi condamner le double racket des journaux qui proposent l'openaccess optionnel. On paye dans les 2000$ pour avoir l'article en openaccess ; il devient disponible pour tout le monde, mais de toutes manières les gens ont déja payé pour avoir l'accès à la revue.
[^] # Re: Dommage
Posté par arnaudus . En réponse au journal Kubuntu will die, vive Kubuntu!. Évalué à 6.
Je suis d'accord sur le fond : on a parfois l'impression que quoi que fasse Canonical, ça sera mal perçu.
Tel que j'ai compris l'objectif de Canonical, c'est de fournir une distrib libre et bien finalisée. C'est clair que leur objectif est éloigné de celui de Debian par exemple, qui vise au moins autant l'amélioration du logiciel libre en général.
Du coup, Canonical développe les trucs dont elle a besoin, et se fout pas mal de ce que Gnome ou Linux peut en penser. Ce n'est pas du développement collaboratif, et la plupart des projets de Canonical n'intéressent probablement pas uptream. Du coup, certains patches sont probablement là pour que Canonical puisse faire ses petits trucs, et ceux-là n'intéressent pas non plus. On peut donc imaginer que les devs de Canonical ont autre chose à faire qu'essayer de faire passer des patches qui ne passeront pas, et se concentrent en interne sur leurs projets.
C'est aussi ça le libre. On peut faire du libre sans faire du collaboratif, et on peut distribuer Gnome sans le soutient du projet. Ceci dit, je pense que les tensions sont réelles, et que les devs de Gnomes interprètent comme des critiques les projets qui forkent leur interface pour faire "mieux" (ou au moins, pout faire différent).
Ce qui est important, c'est que Canonical mette son code à disposition, au cas où certains patches soient intéressants pour l'ensemble du projet. Mais pour le reste, je trouve ça complètement acceptable de se concentrer sur un objectif propre, plutôt que de participer collectivement au logiciel libre. Heureusement que tout le monde ne fait pas ça, mais toutes ces pratiques ont leur place.
[^] # Re: Dommage
Posté par arnaudus . En réponse au journal Kubuntu will die, vive Kubuntu!. Évalué à 5.
Certes, mais il ne semble pas complètement incongru que Canonical ne supporte pas financièrement les distributions alternatives -- ils ont le droit de se concentrer sur leur produit principal.
Ceci dit, je me suis toujours demandé ce que ces devs payés à 100% sur un projet pouvaient bien faire de leur temps. Souvent, les rapports de bugs ne sont pas triés ni commentés (donc le dev s'implique peu dans le fonctionnement de la communauté), Canonical est connu pour ne pas trop envoyer de patches uptream, donc ce dev, il fait quoi exactement? Est-ce que ça risque de changer quelque chose à Kubuntu?
[^] # Re: motard
Posté par arnaudus . En réponse au journal La légalisation de l'interfile : démagogie maximum. Évalué à 5. Dernière modification le 03 février 2012 à 16:38.
Normalement, les distances de sécurité s'appliquent également pour les véhicules à l'arrêt (je ne sais plus exactement, dans les 3m de mémoire). Tu es à un feu rouge, tu te fais percuter par l'arrière, normalement tu ne devrais pas taper devant (à moins qu'il ne s'agisse d'un semi-remorque lancé à 120 km/h, mais dans ce cas le pare-choc de la voiture de devant ne devrait pas être ton principal soucis).
Ceci dit, j'ai toujours entendu que dans un tel cas, il fallait indiquer sur le constat que tu avais été projeté sur le véhicule A par le véhicule C. Je pense qu'un expert n'aura aucune difficulté à vérifier si tu as percuté devant debout sur les freins (pare-choc à ras du sol) ou projeté par l'arrière (pare choc vers le haut).
[^] # Re: Pas tout à fait
Posté par arnaudus . En réponse au journal La légalisation de l'interfile : démagogie maximum. Évalué à 7.
Le problème évident de l'interfile est celui de la priorité. La conception des véhicules à quatre roues fait qu'il est difficile, et parfois impossible, de voir un véhicule qui double par la droite. D'ailleurs, au cas où, il est peut-être bon de rappeler que le rétroviseur de droite n'est pas obligatoire.
À mon avis, l'interfile n'est tolérable que si les motards doivent céder la priorité aux véhicules qui changent de file (au moins ceux qui changent de la file de gauche vers la file de droite). L'alternative serait d'autoriser l'interfile pour les voiture lors d'un changeemnt de file (on se place d'abord entre les files en cédant la place aux motos, puis sur la file de droite en cédant la place aux voitures). Viser un changement de file en une fois en cédant la priorité à la fois aux motos et aux voitures revient à viser en marchant une cible mouvante à travers un cerceau tenu par un parkinsonien.
Le plus sain serait quand même que les motards militent pour la création d'une bande spécifique sur la gauche de la chaussée, qui ne poserait pas de problème de sécurité. Ce n'est pas la légalisation d'une pratique stupide et dangereuse qui la rendra moins stupide et moins dangereuse ; les voitures continueront à changer de file (parce qu'il n'est pas possible de faire autrement) en éclatant les motards qui foncent entre elles (parce qu'ils sont quasiment indétectables).
[^] # Re: Du grand art!
Posté par arnaudus . En réponse au journal Mégaupload fermé, tant mieux ! Je suis comédien, mes films ne sont pas gratuits. Évalué à 2.
Je ne suis vraiment pas d'accord. Le monsieur dit :
1) Je suis favorable à Hadopi parce que cette loi a des défauts mais tente de protéger les artistes
2) Je suis favorable à la licence globale car elle permet de protéger et de rémunérer les artistes
Le fait d'être d'accord ou pas avec 2) ne change pas que 1) est complètement con.
# Du grand art!
Posté par arnaudus . En réponse au journal Mégaupload fermé, tant mieux ! Je suis comédien, mes films ne sont pas gratuits. Évalué à 10.
On dirait le discours des témoins de Jéovah : on répète encore et encore des arguments sans valeur qu'on a appris par cœur. Au moins, les méchants pirates qui prônent l'accès gratuit à la culture ont réfléchi un minimum sur leur place dans la société, sur l'importance de la culture, et sur l'évolution de l'économie numérique.
En fait, je pense qu'on pourrait utiliser cette interview comme un exercice sur le raisonnement fallacieux.
Donc seuls les artistes ont un avis pertinent sur la question (Argumentum ad verecundiam? Probablement un autre que je ne trouve pas dans la page de Wikipédia)
Facile, Argumentum ad misericordiam
Facile aussi, Argumentum ad odium.
Je ne suis même pas sûr qu'il s'agisse d'un sophisme : mieux vaut une mauvaise loi qui tente quelque chose sans le faire que pas de loi?
Trop facile! Épouvantail (rhétorique)!
En fait il y en a tellement qu'il faudrait des heures pour tout lister. C'est fou, on dirait un exercice!
[^] # Re: Jugement à côté de la plaque
Posté par arnaudus . En réponse au journal Google condamné pour son service Gmaps à cause de sa gratuité. Évalué à 2.
Oui, bon, j'aurais dû formuler autrement en disant que l'entreprise se retrouve toute seule sur un marché porteur pour une raison ou pour une autre -- ça peut être du fait d'une propriété intellectuelle très forte (brevets...), par exemple.
[^] # Re: Jugement à côté de la plaque
Posté par arnaudus . En réponse au journal Google condamné pour son service Gmaps à cause de sa gratuité. Évalué à 3.
Sous couvert des lois qui régissent l'abus de position dominante, l'équivalent des lois anti-trust aux US. En gros, il n'est pas illicite d'avoir une position dominante, mais l'innovation est très difficile sans abuser de cette position dominante.
En général, une entreprise acquiert une position dominante par plusieurs moyens: 1) elle a innové assez vite pour prendre tout le marché avant les concurrents potentiels (Microsoft), 2) elle offre des services de rapport qualité/prix incomparables avec la concurrence (Google). La loi traite les deux cas de la même manière, alors qu'à mon avis, seul le premier est vraiment nuisible (être le premier à faire quelque chose ne peut pas donner droit à un contrôle éternel du marché). Quand un marché déja concurrentiel a été concquis à la régulière, je trouve immoral de pénaliser l'entreprise qui a réussi (on pourrait avoir le cas avec Free dans les télécoms dans les prochaines années).
[^] # Re: Jugement à côté de la plaque
Posté par arnaudus . En réponse au journal Google condamné pour son service Gmaps à cause de sa gratuité. Évalué à 7.
Non, je pense que le vrai problème était l'entente "forcée" entre Microsoft et les assembleurs. Quand tu as une chaîne de distribution, tu veux que le vendeur soit libre de vendre ce qu'il veut. Le fait que MS soit en position dominante lui a permis d'imposer les produits tiers vendus avec l'OS (un peu comme si tout le monde avait une Renault et que toutes les Renault étaient livrées avec des Michelin et une assurance MAIF).
Pour Google, je trouve que la situation est fondamentalement différente. 1) Les utilisateurs de Google ne sont pas ses clients. 2) Les utilisateurs de Google ne sont pas captifs (je dirais même, au contraire, Google offre par exemple des facilités exemplaires pour consulter ses mails sans passer par eux ou changer de fournisseur mail). 3) Changer de moteur de recherche est trivial pour l'utilisateur (ça prend 1 seconde de taper une autre URL et c'est à la portée de tout le monde). 4) La recherche sur Internet et la recherche sur une carte géographique sont deux services très proches (rien à voir avec un OS et l'assemblage d'un PC).
Bref, j'ai un peu réfléchi à cette histoire depuis hier soir, et la seule explication que je trouve (le seul cas où Google utilise sa position dominante), c'est l'affichage d'une carte de locatisation dans Google search quand on tape une adresse physique. C'est clair que Google oriente alors l'utilisateur vers son service de cartographie, c'est à dire que les deux services sont intégrés.
On peut toujours reprocher à Google de mal distinguer les résultats du moteur de recherche (neutre, etc), et les résultats des sites liés à Google (youtube, knol quand ça existait, google map, etc). C'est encore pire depuis quelques temps, où on trouve ses propres photos Picasa quand on fait une requête, c'est à dire que Google balance dans les résultats du moteur des documents privés, un peu comme si une reccherche dans Google mélageait des éléments du web et des fichiers présents sur son propre disque dur. À mon avis, c'est contre-productif et assez inutile comme fonction, je préfèrerais largement avoir deux cadres, un cadre bien identifié "produits Google", avec mes photos et mes emails qui correspondent à la requête, et une rubrique "web", qui serait la même pour tout le monde.
Mais de là à voir un "abus de position dominante",il y a un pas que je ne saurais franchir. Tant que la loi n'empêche pas une entreprise de conquérir plusieurs secteurs, il semble totalement idiot d'empêcher une boite d'orienter ses clients préférentiellement vers ses propres services. Bien sûr, il serait beaucoup plus rationnel de cloisonner l'économie, et d'empêcher ma banque de gérer mon compte en banque, d'assurer ma maison, de proposer des abonnements de téléphone portable, et de distribuer le courrier. Mais même si ces activités étaient séparées, il n'y a aucun moyen non plus d'empêcher des entreprises de coopérer pour se renvoyer leurs clients quand elles ne sont pas sur le même secteur. Légiférer sur ce genre de choses est assez stupide, le "libéralisme soft" requiert une réactivité et un arsenal législatif qu'aucune démocratie n'est en mesure de produire.
Et dans tous les cas, ça ne peut pas justifier une utilisation "Jackpot" de la justice, une entreprise qui coule ne peut pas utiliser la justice pour racketter une autre entreprise, ça n'a pas de sens. Si l'État pense qu'un marché n'est pas assez concurrentiel, il peut demander à la grosse boite de verser à un pot commun qui est justement redistribué parmi les petits concurrents, mais la technique de "plus je me plains et plus je me ruine en avocats et plus j'ai du pognon" me semble désastreuse économiquement, en plus d'être profondément immorale.
[^] # Re: La tronche de la pub...
Posté par arnaudus . En réponse au journal Google condamné pour son service Gmaps à cause de sa gratuité. Évalué à 6.
Ah OK, c'est intéressant. Si je comprends bien, l'appel se tiendra devant une vraie cour d'appel, et pas devant le tribunal de commerce. Ça sera instructif.
[^] # Re: Jugement à côté de la plaque
Posté par arnaudus . En réponse au journal Google condamné pour son service Gmaps à cause de sa gratuité. Évalué à 5.
En gros, le tribunal rejette l'idée du modèle de Google. On pourrait prendre une analogie : par exemple, Carrefour invente un modèle où les produits deviennent gratuits : les usagers du supermarché ne sont plus des clients, ils deviennent la "marchandise" vendue, et en échange, ils se servent à l'œil. Eh bien la décision du tribunal consiste à interdire un tel modèle, et à estimer que les concurrents méritent d'être dédommagés.
Je pense que la raison est simplement le conservatisme ambiant, ainsi qu'un ensemble législatif archaïque. On ajoute là-dessus un bon coup de nationalisme, un chantage à l'emploi, et l'idée que de toutes manières Google a plein de thunes. On est à la limite de l'État de droit.
Le plus inquiétant à mon avis, c'est que l'innovation est pénalisée au profit du conservatisme, et la boîte qui crée des richesses est parasitée par des entreprises moribondes mais scélérates (un peu comme SCO).
[^] # Re: À lire aussi
Posté par arnaudus . En réponse au journal Google condamné pour son service Gmaps à cause de sa gratuité. Évalué à 5.
J'ai lu, et je trouve l'argumentaire sans aucun intérêt. En gros, ça dit "ouhlala, toute entreprise avec une position dominante est un danger, donc il faut éclater la gueule de Google, peu importe la raison". Moi dans l'histoire je vois que Google se fait en... à sec avec du verre pilé par une boîte à la SCO dont l'activité principale consiste à soutirer du fric aux entreprises qui créent de la richesse. Le fait qu'un tribunal français soit utilisé à ces fins me fait plutôt honte.
# La tronche de la pub...
Posté par arnaudus . En réponse au journal Google condamné pour son service Gmaps à cause de sa gratuité. Évalué à 8.
... sur le site de Bottin-machin:
Je n'ai pas d'affinités particulières pour les grosses boites comme Google, mais se faire soutirer un demi million d'euros par des trous de balle de cette nature, ça me scie. Le tribunal de commerce de Paris va se taper une honte internationale avec des décisions hallucinantes comme ça -- on s'est longtemps moqué de la justice américaine, avec ses condamnations débiles, mais visiblement les décisions de justice françaises peuvent rivaliser.
[^] # Re: Mmm... de quel côté sont les gentils?
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Sony : Ma propriété intellectuelle vaut plus que la vôtre. Évalué à 3.
Sauf que ce n'est pas un combat à armes égales. Sony veut faire du pognon, la SFC veut faire respecter la loi pour des raisons éthiques. Bon, du coup, pour faire respecter la loi, elle emploie des techniques juridiques pas propres, et prend des décisions pour des tiers qui n'ont rien demandé. Du coup, elle se décrédibilise sur le plan éthique, et il ne lui reste plus rien.
[^] # Re: Mmm... de quel côté sont les gentils?
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Sony : Ma propriété intellectuelle vaut plus que la vôtre. Évalué à 5.
Nan mais de toutes manières, il est obligatoire de dénoncer les crimes. C'est bien de délits dont on parle.
[^] # Re: Mmm... de quel côté sont les gentils?
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Sony : Ma propriété intellectuelle vaut plus que la vôtre. Évalué à 10.
Dans la mesure où ça ne te regarde pas, oui(1). C'est d'ailleurs pour ça que la loi ne t'autorise pas à porter plainte si tu n'es pas victime. X vend à Y un logiciel sous GPL écrit par Z sans lui filer les sources, X peut se plaindre, Z peut se plaindre, mais toi tu n'as rien à dire, ce n'est pas ton problème, ça ne te regarde pas. En tout cas, même si tu penses que c'est une escroquerie, tu peux avertir la presse, communiquer dessus, mais en aucun cas t'immiscer dans les relations entre auteurs, clients, et vendeur.
Le beau raisonnement fallacieux que voila.
Ouais, la fin justifie les moyens? C'est ça ton raisonnement? La GPL n'est pas seulement un texte juridique, c'est aussi une philosophie. Ne pas respecter la GPL, c'est mal. Mais faire semblant de ne pas comprendre la GPL pour soutirer au vendeur plus ce que tu avais le droit de lui demander, c'est du racket juridique. Tu penses que c'est sain que les tribunaux soient devenus des rings pour avocats cupides enculeurs de mouches? On ne peut pas cautionner ce genre de méthodes mafieuses quand c'est une assoc de soutien du LL qui les utilise, et les condamner quand c'est Microsoft. Ce sont des techniques de caniveau dans tous les cas.
Si les gens du noyau Linux ou d'autres softs distribués voulaient défendre leurs droits, ils peuvent adhérer à l'assoc qu'ils veulent, ou prendre une assistance juridique. S'ils ne le font pas, c'est qu'ils s'en foutent ou n'en voient pas l'intérêt, et je ne vois pas de quel droit on peut penser qu'il est légitime de les "défendre" contre leur volonté.
(1) et qu'il ne s'agit pas d'un crime, évidemment.
# Mmm... de quel côté sont les gentils?
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Sony : Ma propriété intellectuelle vaut plus que la vôtre. Évalué à 6.
OK, alors j'ai lu rapidement les liens, et voici ce que je comprends : en gros, les gentils ne sont pas forcément ceux que l'on pourrait croire...
Le truc est que la SFC semble vouloir utiliser une faille dans la GPL v2. La GPL v2 dit que le contrat de licence se termine si la GPL est violée, mais ne dit pas que la licence est de nouveau valide si les clauses sont respectées de nouveau. Du coup, la SFC ne réautorise la redistribution de BusyBox seulement si la boîte qui redistribue publie le code de BusyBox (OK, puisque la SFC a le droit de défendre les auteurs de la BusyBox), mais aussi des autres logiciels (pour lesquels la SFC n'a pas de droits particuliers). La raison de cette demande est simplmeent que puisque les droits ont été violés, la licence s'est terminée, et que pour la revalider, la SFC peut demander n'importe quoi -- y compris de respecter des clauses qui n'étaient pas dans la GPL.
Je ne veux pas dire que Sony sont des gentils, loin de là. Mais je ne crois pas que la SFC sont des gentils non plus. Ils outrepassent largement leur rôle (défendre les droits des auteurs de BusyBox) pour faire respecter le droit des autres auteurs de soft sous GPL dont la licence a été violée. Ça pose une vraie question, quand on code un soft sous GPL, on veut évidemment que la licence soit respectée, mais si on garde les droits en tant que simple auteur, on souhaite également faire valoir ses droits en personne. Que quelqu'un ou quelque chose décide de faire valoir vos droits à votre place sans que vous ne lui ayez rien demandé est quand même quelque chose d'assez étrange...
À noter également que la GPL v3 a éclaicit cette clause pour donner au distributeur le temps de respecter la licence, ce qui la rend valide automatiquement -- autrement dit, la "faille" n'a jamais été désirée. Ce qui me conforte dans l'idée que la démarche de la SFC est malsaine sur le fond comme sur la forme.
[^] # Re: Journaux
Posté par arnaudus . En réponse au journal Fermeture de la tribune. Évalué à 2.
Donc les journaux qui coulent n'apportent pas assez de réflexion et d'analyse par rapport aux sources gratuites. CQFD.
[^] # Re: Journaux
Posté par arnaudus . En réponse au journal Fermeture de la tribune. Évalué à 10.
Mouais, je ne vois pas pourquoi ne pas reprocher exactement la même chose aux journaux papiers qu'aux maisons de disque et aux producteurs de cinéma : le monde tourne, et si vous ne tournez pas avec, vous êtes morts, et c'est normal.
J'ai l'impression qu'il existe encore de la place pour les journaux papiers, mais pour vendre un journal, il faut offrir une plus-value importante. Les résultats financiers du Canard Enchaîné sont impressionnants, et ils démontrent que ceux qui pensent que la presse papier est finie sont des clowns.
Je suis très curieux de revoir fleurir trrès régulièrement l'idée que la presse est le poumon de la démocratie et que c'est triste de voir les journaux mourir. J'ai parfois l'impression qie ceux qui disent ça ne les lisent pas. Prenons par exemple le dernier truc du Monde sur Wikipédia : c'est bourré d'erreurs, certaines infos datent de plusieurs années, des choses sont mêmes présentes dans la FAQ "journalistes" de Wikipédia, qui n'a visiblement pas été lue. Il s'agit pourtant d'un grand journal à la réputation sérieuse, mais le boulot n'est que vaguement superficiel. Évidemment, pour réaliser une vraie enquête sur Wikipédia, il faudrait des semaines de boulot, mais c'est peut-être ça qu'on attend d'un journal. La démocratisation d'Internet a aussi permis de mettre à jour la superficialité du travail des journalistes, qui produisent un papier léger tous les jours, et dont la source d'info principale est l'AFP et Twitter. D'ailleurs, ouvrez n'importe quel journal, et regardez la place faite à Twitter : il y a eu plus de reportages sur Twitter que sur Google, Megaupload, et Wikipédia réunis! Pourtant, personne n'utilise vraiment twitter, c'est un média superficiel sans intéret réel... sauf pour les journalistes, qui ont vraiment été à l'origine de l'engouement pour ce truc.
Bref, nous vivons dans un monde qui nous abreuve d'infos ; on se réveille sur France Info, regandons BFM TV pendant le petit dej, on est connectés aux fils d'info toute la journée, on a même les dépèches AFP sur Android. Évidemment, dans un tel contexte, personne ne veut payer pour un quotidien qui ne fait que répéter tout ça : le modèle du quotidien papier a vécu. Pour survivre, il faut simplement évoluer.
[^] # Re: boycotter … jusqu'où ?
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Le libre accès et l'appel au boycott contre Elsevier. Évalué à 2.
Parce que ne pas citer les travaux antérieurs, c'est faciliter son travail? C'est n'importe quoi. Une fois publiés, tous les articles ont le même statut et le même droit à être cités. Un article scientifique, ce n'est pas une dépèche AFP reprise par 50 journaux avec des formulations et des images différentes. La plupart des articles scientifiques sont des travaux uniques et irremplaçables, on ne peut pas choisir ceux qu'on veut citer ou pas.
L'accessibilité des grandes revues est un problème pour certains établissements de recherche, mais les reviewers ne sont pas là pour être gentils. Quand un auteur loupe sa biblio et démontre son inculture du sujet en ne citant que partiellement l'historique du problème, l'article est rejeté ou le reviewer balance (s'il est gentil) une liste de références à lire et à citer (moi j'ai plutôt tendance à virer avec un commentaire du style "the authors failed to replace their work into the relevant literature" et basta). Si ton employeur ne met pas à ta disposition l'accès aux journaux dont tu as besoin, c'est votre problème à tous les deux, pas celui de l'éditeur ou des reviewers.
La recherche ce 'nest pas non plus bisounoursland ou tout le monde fait ce qu'il veut. Tu publies où tu peux, et tu cites ce que tu dois. Si tu veux boycotter Total ou Danone, tu le fais chez toi, avec ta femme et tes gosses. Au boulot, tu peux discuter de ça avec tes collègues et les encourager à privilégier les journaux OpenAccess. Mais franchement, écrire des articles merdiques qui ne citent que la moitié de la biblio parce que les autres articles sont dans des revues que tu n'aimes pas, c'est une faute professionnelle et ça n'est pas acceptable. Publier tes trucs dans "Jounal of ethical science" parce que Nature ça ne te plait pas, ça te concerne toi et ton avancement de carrière si tu vis tout seul dans ton monde de bisounours, mais si tu as des collaborateurs et un labo qui doit rendre des comptes c'est une autre histoire, et tu ne vas pas garder longtemps tes collaborateurs.
Un problème insidieux par exemple, mais très concret, c'est le transfert de budget. L'accès aux grandes revues au format électronique est souvent négocié par ton institut, c'est de l'argent qui ne passe jamais par le labo. Au contraire, les frais de publication en OpenAccess c'est en général le pognon pour la recherche. À 2000€ l'article (voire plus), tu ne peux pas publier plus d'un ou deux articles par an en OpenAccess avec un financement de base, et il ne faut pas devoir acheter 2 ordinateurs par an. Donc tu fais comme tout le monde en période de vaches maigres, tu gardes ton fric pour les choses qui sont vraiment importantes. C'est malheureux mais c'est comme ça, on vit dans un monde réel où ton employeur attend de toi que tu ne te comportes pas comme un gamin et où certains choix professionnels peuvent écorner tes sentiments politiques.
[^] # Re: Réseau social
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Le libre accès et l'appel au boycott contre Elsevier. Évalué à 5.
C'est que tu as mal lu, ou que je n'ai pas été clair. Le système de revue par les pairs n'est pas idéal, il me fait penser à ce qu'on dit de la démocratie : pour l'instant, c'est le moins pire. Mais quoi qu'il en soit, ce système ne repose pas nécessairement sur des éditeurs privés qui font de grosses marges.
Il faut aussi comprendre un peu le contexte. Il y a 30 ou 40 ans, la publication scientifique était assurée par des presses universitaires. Avec la rationalisation des moyens donnés aux université (restrictions budgétaires et externalisation des services), la plupart des titres scientifiques ont été revendus à quelques acteurs majeurs de l'édition. La privatisation de la littérature scientifique est donc issue de choix politiques, d'ailleurs pas forcément irrationnels : en règle générale, une entreprise privée rationalise mieux ses couts et maitrise mieux sa communication, et il est tout à fait possible de dépenser moins en externalisant un tel service qu'on gérant tout en interne. Par ailleurs, un organisme privé offre une garantie d'indépendance ; il est a priori plus difficile de publier dans Nature que dans les presses universitaires du Nord-pas-de-Calais.
Mais bon, de toutes manières, le paysage n'est pas si noir. Le monde de la publication offre maintenant de très nombreux titres qui fonctionnent selon le principe de l'OpenAccess payant à la publication et gratuit à la consultation, souvent sous licence CC. Parmi les éditeurs OpenAccess, on trouve de tout ; pas mal de "parasites" qui ont tendance à être assez agressifs sur la pub, le spam, et assez permissifs sur la qualité (puisqu'on paye seulement les articles acceptés, mieux vaut accepter beaucoup), mais il y a également pas mal d'éditeurs académiques ou sans but lucratif, je connais au moins les PLoS (http://en.wikipedia.org/wiki/Public_Library_of_Science), et les Frontiers (http://en.wikipedia.org/wiki/Frontiers_Research_Foundation). L'avantage des fondations non-profit c'est que même si on paye, ça ne va pas dans les poches des fondateurs, c'est dépensé (peut-être bien ou mal, mais ça n'est pas la question). On a aussi des éditeurs OpenAccess qui font des profits, comme la série des BioMedCentral, mais à ma connaissance ils sont sérieux. La plupart de ces éditeurs ont des titres prestigieux avec un facteur d'impact très haut, tout à fait reconnus dans le monde académique. Ils constituent donc des alternatives tout à fait crédibles à Elsevier et al (parce que je ne comprends pas pourquoi désigner particulièrement Elsevier, Springer ou Blackwell sont au moins aussi pourris). Cette alternative me semble beaucoup plus crédible qu'un improbable mix entre Arxiv et Facebook ; moi je suis biologiste et le modèle Arxiv n'a jamais percé dans mon domaine.
[^] # Re: boycotter … jusqu'où ?
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Le libre accès et l'appel au boycott contre Elsevier. Évalué à 2.
C'est clair, c'est surtout vrai pour les revues, les articles de perspectives, ou les trucs qu'on cite comme exemple ("Il est aussi possible de faire ça avec la méthode X, comme Machin et Truc 2004"), mais il faut bien l'avouer, citer des articles remplaçables comme ça n'est pas forcément la meilleure manière d'écrire un article scientifique (c'est un peu "je n'ai pas eu le temps de faire la biblio, voici deux ou trois trucs et creusez plus loin si ça vous intéresse").
Il est évident que dans ce genre de cas, on a tendance à citer les articles qui sont sur notre bureau, mais ce ne sont pas nécessairement des articles OpenAccess : ça peut être l'article d'un collègue, un article que l'on a reviewé peu de temps auparavant, les articles d'un journal que l'on suit régulièrement ou dont on a récupéré un numéro gratos à une conférence, etc. Mais par facilité, on risque par exemple d'exclure des articles un peu anciens qui n'ont pas été numérisés (alors que les vieux articles sont souvent plus pertinents et ont beaucoup plus d'intérêt historique), les articles un peu techniques et un peu longs, etc; bref, c'est clair que le choix va être biaisé et qu'on n'a pas à être exhaustifs sur le sujet, mais il n'empêche que la démarche de choisir consciemment le journal ou le type de journal reste un comportement assez malsain.
[^] # Re: Réseau social
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Le libre accès et l'appel au boycott contre Elsevier. Évalué à 9.
La bibliométrie étant devenue un index d'évaluation pour la qualité de la recherche, on n'est pas prêt de changer le système.
Pour info, beaucoup d'éditeurs scientifiques (openaccess principalement) ont mis en place sur le site la possibilité de commenter les articles. Ça ne marche absolument pas, les gens ont d'autre chose à faire que d'aller reviewer sans aucune raison des articles aléatoires sur Internet. Le peer-review marche sur la base du bénévolat, mais les gens ne le font que parce qu'on leur demande personnellement, ces demandes sont des signes de reconnaissance, et en général, ce signe suffit à la motivation. L'autre motivation c'est le rôle de filtre, c'est important de ne pas laisser passer les mauvais papiers. Si l'article est déja publié, lui mettre une mauvaise notre ou un commentaire négatif n'a pas du tout le même impact. Bref, la review "a posteriori" n'a aucun avenir.
Ce qui fonctionne un peu mieux, c'est les "revues de presse" a posteriori, des sélections d'articles intéressants après leur publication. C'est sur ce principe que fonctionne la "Faculty of 1000", qui propose des listes d'articles choisis par des scientifiques éminents... et payés pour ce service. Donc l'accès aux listes est payant, ce sont les institutions qui payent, et ça ne résoud pas du tout le problème.
Le principal obstacle à mon avis à l'évaluation ouverte est l'effet de réseau, le même qui génèrent 90% de "j'aime" aux vidéos de Dédé en vacances sur les réseaux sociaux. Il va se mettre en place très rapidement des communautés d'amis qui ont des affinités scientifiques ou méthodologiques et qui vont s'autocongratuler en boucle. Par contre, les gens qui vont vraiment prendre leur rôle au sérieux et fournir des critiques plus argumentées vont se retrouver rapidement exclues des réseaux et leur boulot ne sera jamais reconnu. En plus de ça, il existe simplement des facteurs humains qui gênent l'honnêteté du processus : il est socialement inadéquat de descendre gratuitement le travail de quelqu'un qu'on ne connait pas quand on ne nous a rien demandé.
Bref, les réseaux Facebook, dans le monde de la recherche, je ne vois pas comment ça peut fonctionner. Il y a quelques principes auxquels le remplaçant du système actuel ne pourra pas déroger : (i) l'utilisation et la reconnaissance institutionnelle de facteurs quantitatifs comme proxys de la qualité et de l'intérêt d'un travail scientifique, (ii) l'aspect gratifiant du travail "gratuit" et son efficacité (par exemple son influence sur le devenir d'un article), et (iii) la possibilité de bloquer (ou de reléguer dans une seconde zone, comme "Arxiv") les travaux sans intérêt, de manière à contenir le nombre de publications significatives dans un domaine.
[^] # Re: boycotter … jusqu'où ?
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Le libre accès et l'appel au boycott contre Elsevier. Évalué à 10.
J'aimerais bien savoir dans quel domaine tu bosses. Tous les articles (accessibles ou non accessibles) sont référencés dans les bases de données et les moteurs de recherche ; quand tu fais ta biblio, tu tombes sur une série d'articles sur ton sujet de recherche, et tu sais que tu dois lire ces articles. Tu vas à la bibliothèque, tu envoies un mail à leur auteur, tu payes un service de repro pour récupérer une copie des articles rares et vieux, mais tu as le devoir de faire ta biblio correctement : comment peux-tu penser que ton approche est originale si tu ne connais pas le travail de tes collègues? Comment peux-tu écrire une introduction si tu ne connais pas bien l'historique de ton domaine de recherche? C'est juste impossible.
Une fois que tu as lu les papiers, tu dois décider lesquels sont pertinents et lesquels le sont moins. À part dans le cas des articles remplaçables (revues...), la plupart du temps, cette décision est basée sur le contenu de l'article, et pas sur le journal dans lequel il est publié. Pire, les articles à gros facteur d'impact sont en général ceux que tu n'as pas le droit d'oublier de citer.
Bref, trier les articles à lire et à citer en fonction du journal, c'est au choix
* l'idée de quelqu'un qui ne fait pas de recherche et qui croit que citer un article scientifique c'est comme citer un papier de Libération ou du Figaro, au contenu quasiment identique et interchangeable
* la pratique de quelqu'un qui fait sa bibliographie comme un porc
* la partique de quelqu'un qui n'a aucune conscience professionnelle et qui dégrade volontairement la qualité de ses publications par militantisme
Bref, c'est simplement inapplicable. Quand on écrit un papier, on cite les articles pertinents auxquels on a eu accès. En général, dans les instituts de recherche, on a accès à tous les gros journaux de notre domaine (il y a des exceptions), et au pire, on peut toujours trouver ces articles dans Google ou en écrivant aux auteurs. Il est juste éthiquement et pratiquement impossible de choisir les journaux des articles que l'on cite, c'est une pratique que je ne trouve pas admissible (et à ma connaissance, elle n'est pas admise).
[^] # Re: pourquoi pas les autres ?
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Le libre accès et l'appel au boycott contre Elsevier. Évalué à 2.
Non, je pense que ça arrive un peu dans tous les domaines. Il me semble que PNAS prend dans les 200$ la page, et d'autres journaux le font. Ils ont mis ça en place avec l'avènement des lois américaines sur la publication ouverte des résultats financés par la recherche publique ; les articles sont mis à la disposition de tous un an après leur publication originale, mais en contrepartie il y a des frais de publication.
Il faut aussi condamner le double racket des journaux qui proposent l'openaccess optionnel. On paye dans les 2000$ pour avoir l'article en openaccess ; il devient disponible pour tout le monde, mais de toutes manières les gens ont déja payé pour avoir l'accès à la revue.