C'est assez évident que l'"industrie musicale" ne produit plus grand chose de créatif depuis assez longtemps, et c'est typiquement le genre de pan de l'économie qui a le plus à craindre des systèmes automatiques "créatifs".
À mon avis, il y a une question importante dans cette histoire, c'est la notion d'appartenance d'une personnalité musicale. Il ne fait aucun doute qu'un enregistrement de Michael Jackson reflète la personnalité de Michael Jackson : il a composé la musique, a contribué aux paroles, a enregistré la chanson avec sa voix, etc. L'enregistrement final est le produit du travail de beaucoup de gens, et en particulier du travail créatif de Michael Jackson. Maintenant, si une IA produit une chanson dans le style de Michael Jackson avec la voix de Michael Jackson, et (imaginons pour l'exemple) que la qualité et la créativité soient équivalentes à ce que faisait Michael Jackson, dans quelle mesure est-ce que les ayant-droits de Michael Jackson sont en droit de prétendre à quelque chose sur ce titre? A priori, rien n'est évident. On est habitués à ce que tout se monnaye en terme de droits maintenant, mais après tout, Michael Jackson n'a jamais travaillé sur ce nouveau titre, il n'a jamais chanté, il n'a jamais donné son avis sur quoi que ce soit. Il n'est pas question ici de rémunération d'un quelconque travail, on serait plutôt dans le droit des marques ou des modèles ; comme par exemple quand une basket Chinoise est estampilée "Mike" avec une virgule dans le mauvais sens, ça peut tromper les consommateurs.
On a également le même problème de l'extension des droits d'auteurs aux oeuvres "inspirées". Actuellement, le droit d'auteur s'applique aux oeuvres dérivées (pour lesquelles on peut prouver la copie), mais les artistes restent libres de s'inspirer d'un style, d'une tendance, etc. La manière dont les IA fonctionnent ressemble beaucoup à l'inspiration; on met des millions d'exemples dans une base de données et on sait par définition que la production n'aurait pas pu avoir lieu sans cette base de données; par contre on est tout à fait incapable de dire quelles oeuvres de la base explicitement ont été utilisées, ce qui fait que le droit d'auteur est trop "dilué" pour pouvoir s'appliquer.
La question qui n'est pas intéressante à mon avis, c'est celle d'une protection exclusive des oeuvres créatives humaines—simplement parce qu'elle existe déja. En fait, en demandant ça, l'industrie admet explicitement que les oeuvres commerciales sur le marché ne sont déja plus des oeuvres de l'esprit, puisqu'elles sont aisément remplaçables par des productions automatiques. Le droit d'auteur ne peut pas s'appliquer aux productions d'une machine, ni aux oeuvres non-originales, qui relèvent de l'artisanat (comme une amphore faite par un potier, un boeuf bourgignon fait par un cuisinier, etc). Du coup, la "soupe pop" moderne manque peut-être tellement d'originalité qu'il n'est pas du tout évident que le droit d'auteur la couvre. C'est totalement paradoxal de dire à la fois "protégez le travail des humains parce que les machines modernes sont capables de produire mieux et moins cher" et "le travail humain a des caractéristiques uniques qui justifient une protection spécifique par la loi". Si le travail humain a des qualités intrinsèquement supérieures à celui des machines, alors pas besoin de loi qui interdise les machines—de la même manière qu'un vêtement fait main a une qualité supérieure à la production indstrielle.
Après, il faut quand même réaliser qu'on panique quand même un peu tous sur cette question, parce qu'on s'est quand même rapprochés d'un coup de la singularité technologique. Le progrès des IA repousse presque tous les jours la limite de ce qu'on considérait relever uniquement de la puissance de notre esprit. Au XIXe siècle, il était évident pour tout le monde que le calcul relevait uniquement de l'esprit humain, alors qu'au XXIe siècle, il est évident que la puissance de calcul des machines surpasse l'esprit humain, mais que ça ne pose pas de problème parce que le calcul est "bête". On pensait en l'an 2000 que des activités telles que composer une chanson ou écrire une lettre étaient des manifestations uniques de l'esprit humain, et en 2023 les progrès technologiques nous démontrent que ça n'est pas le cas (avec une nuance quand même, puisque les machines doivent apprendre à partir d'exemples issus de l'intelligence humaine—ça n'est pas si différent des calculatrices, qui doivent être conçues par des humains qui savent calculer).
Ça m'évoque quand même le manque d'humilité des humains en général face aux manifestations des intelligences non-humaines. Dans les commentaires sous les vidéos de grands singes s'adonnant à des activités typiquement humaines (comme conduire une voiturette, ou allumer un feu), la réaction majoritaire, c'est "oui, mais on ne peut pas en déduire que les chimpanzés sont si intelligents que ça, quelqu'un leur a donné un briquet et leur a appris à s'en servir". Genre, parce que le type qui a écrit le commentaire, c'est l'inventeur du briquet? Mon utlisation personnelle d'un briquet, c'est exactelement la même que celle d'un chimpanzé. On m'a donné un briquet tout fait, on m'a montré comment on s'en sert, j'ai pigé que ça servait à allumer un feu et je l'utilise à cet effet (y compris pour cramer des fourmis ou vérifier si les poils de mes jambes prennent feu—on est vraiment foutus pareil en fait). Et de la même manière, je pense que la manière dont j'écris une lettre à la sécu ressemble beaucoup à la méthode de chatGPT, on rebalance des trucs qu'on a lu à droite à gauche et qui semblent être adaptés à la situation. Je pense qu'il est absurde de prétendre qu'une lettre à la sécu est une manifestation de mon intelligence supérieure, et il faut juste accepter que faire un truc avec son cerveau, ça n'est pas nécessairement une manifestation de la créativité humaine. Comme beaucoup d'animaux ont des jambes, il semble évident à tous que de marcher du métro à la porte du boulot n'est pas une activité créative. Par contre, comme aucun animal n'a un cerveau équivalent au notre, c'est facile de penser que n'importe lequel de nos pets de neurones a une sorte de valeur magique qui doit être protégée par une foultitude de droits complexes, histoire qu'il soit bien impossible de nous voler notre jus de cerveau. Bah voila, on sait maintenant qu'écrire une chanson pop, ça n'a rien de magique. Jusqu'à preuve du contraire, chatGPT n'aurait jamais pu écrire le répertoire des Beatles avant les Beatles, les Beatles étaient créatifs. Par contre, chatGPT aurait probablement pu écrire le répertoire d'Oasis avant Oasis. Hum, voila, quoi.
Je me demande bien s'il existe un opérateur assez stupide pour permettre ça. Genre "tiens, j'ai justement sous la main une autre carte SIM chez un autre opérateur, au nom de Tartempion. Vous pouvez basculer mon compte dessus? / Bien sûr, on fait ça tous les jours d'échanger les comptes entre des SIMs d'opérateurs différents, d'ailleurs on se demande bien pourquoi on vous envoie une nouvelle SIM qu'il faut activer par une procédure bien casse-pied quand vous changez d'opérateur".
Un truc qui n'est pas non plus abordé dans cet article pourravissime, c'est quand même qu'il faut non-seulement hacker la SIM, mais aussi hacker le compte (et peut-être même l'email). Ça fait beaucoup d'efforts, et on peut se demander s'il ne serait pas plus simple de piquer le téléphone directement.
Et ça oublie aussi complètement que maintenant la plupart des sites utilisent les systèmes d'identification des banques pour valider une partie des achats (les gros, les premiers, etc), ce qui nécessite aussi de connaitre le PIN d'identification à l'application de la banque.
Donc voler un disque en vitesse est effectivement beaucoup plus crédible qu'emporter le serveur complet.
Mouais, il faut quand même rentrer dans le datacenter, trouver le ou les bons serveurs, piquer un disque sans connaitre la probabilité d'avoir des données exploitables dessus, ressortir du datacenter avec le disque dans la poche, et espérer que personne ne s'aperçoive de rien, qu'il ne va pas y avoir de plainte ni de visionnage des vidéos… tout ça pour peut-être avoir piqué le disque avec /bin et /etc dessus. Ça demande beaucoup, beaucoup d'organisation pour un résultat bien incertain…
Pour un ordinateur portable, la situation est différente. Ça parait un peu paradoxal de laisser des gens se ballader avec des fichiers sensibles sur des ordinateurs portables (puisqu'on peut partir du principe que se faire voler est un destin probable pour un portable qui bouge beaucoup), mais d'essayer de mitiger le truc par un chiffrage avec une clé sur un support physique. Si tu ne veux pas que le portable ait constamment la clé USB vissée dessus, il faut de toutes manières que tu ne chiffres que certains fichiers. Autrement, si tout le disque est chiffré, il faudra mettre la clé dès que tu veux lire tes emails à l'aéroport ou que tu veux montrer la dernière plaquette promotionnelle à un client; autrement dit, la clé sera soudée à l'ordinateur.
Ah OK, je n'avais pas compris ça. Évidemment, si un client parano paye, autant entrer dans son jeu. Tu lui factures l'option "vol de disque", et pour "vol de serveur" c'est plus cher. Le niveau suivant, c'est "vol de data center complet avec 18 hélicoptères".
Le pire, c'est que ce genre de protocole ne doit pas trop empêcher que les clés trainent sur un post-it dans le bureau des admin sys.
Des rapports avec des données entièrement bidonnées qui ont l'air crédibles, des protocoles sur le papier béton qui tromperaient un scientifique, qui passeraient n'importe quel peer review ?
C'est déja très facile de tromper le peer-review. Le peer review est basé sur une forme de confiance dans la bonne foi (les erreurs de bonne foi peuvent être détectées si les données sont fournies de manière transparente, mais les manipulations sont virtuellement indétectables).
Ceux qui se sont gauler à manipuler des données sont juste des mauvais; la plupart du temps c'est un excès de confiance qui leur vaut leur perte.
Par contre, ce qui peut changer, c'est le volume de données pipeaurées, et la production automatique d'articles scientifiques pipeau de A à Z. Avant, faire un faux prenait du temps, et cette productivité limitée des faussaires limitait nécessairement le nombre de faux en circulation. Si maintenant un faussaire peut produire 100 fois plus de faux documents dans le même temps, le système peut se retrouver paralysé et noyé sous la masse.
L'objectif est avant tout de se protéger d'un vol d'un disque par un technicien de l'opérateur qui nous héberge, ou d'un mauvais effaçage après recyclage du disque en cas d'incident.
Par curiosité, est-ce que le rapport coût/bénéfice est bien raisonnable? Quelle est la probabilité qu'un technicien random pique un disque au pif dans une baie, sans trop savoir ce qu'il y a dessus? Quelle est la probabilité que ce technicien arrive à identifier un ou des fichiers sensibles parmi des To de données inintéressantes, et que ce tech soit connecté aux réseaux du côté obscur de la Force qui serait à même de valoriser ces données sur un marché noir? Si en face il y a des gens assez motivés pour aller placer des agents dans les data centers qui vont aller voler des disques de manière ciblée, alors il semble assez envisageable pour de telles organisation d'aller rentre visite à un admin sys pour lui demander poliment la passphrase.
Parce qu'en face, il n'y a pas rien. Il y a le coût de la mise en place du chiffrage (mettre en place le protocole décrit ci-dessus pour chaque nouveau serveur) et de la maintenance (serrer les fesses à chaque mise à jour), et surtout le risque de perdre des données si quelque chose se passe mal. Je ne prétends pas qu'il n'existe pas de données qui méritent ce genre de traitement, mais elles doivent être assez rares, non?
Pour les droits d'auteur, il n'y a pas besoin de loi, il y a besoin d'une jurisprudence. Le respect des droits d'auteur, ça a toujours été individuel. Tu penses que tes droits d'auteur n'ont pas été respectés? Alors tu portes plainte pour contrefaçon. C'est comme ça que ça marche si quelqu'un diffuse un de tes logiciels sous GPL sans respecter la licence par exemple. Il n'y a pas besoin de loi, la loi existe déja. Du coup, si tu penses qu'un système automatique produit un travail dérivé à partir de ton travail, tu peux te plaindre. La loi te protège déja. Par contre ça va être un sacré boulot de prouver que le travail est dérivé.
Ce que je ne sais pas, à vrai dire, c'est la "propreté" de la base de données. Quand tu publies sur Facebook, tu donnes tes droits à Facebook selon les conditions d'utilisation du site. Quand Facebook les revend, il peut le faire parce que tu as donné tes droits. Si tout s'est fait "proprement", je ne vois pas trop comment tu peux te plaindre. Si par contre la base d'apprentissage de chatGPT n'est pas propre, alors tu peux faire valoir tes droits. Mais je ne vois pas à quoi ça sert d'attendre : les lois sont là.
si comme moi je pense qu'il est plus important de prendre le temps de comprendre les externalités négatives avant d'aller trop loin.
Je pense qu'on est d'accord sur notre désaccord, donc. 1) je ne pense pas que ça soit possible (c'est un peu comme si tu disais "la sécheresse c'est mal, et ça serait bien que la pluie tombe plus en été"), et 2) je ne pense pas que ça soit une bonne idée du tout (parce que des dizaines de milliards de parents ont toujours dit à leurs enfants "ne met pas tes doigts dans la prise", et que ça a toujours donné l'idée à des dizaines de milliards d'enfants de mettre les doigts dans la prise, c'est la nature humaine de mettre les doigts dans la prise, et le jour où on ne mettra plus les doigts dans les prises c'est que notre espèce aura disparu—peut-être d'ailleurs après avoir mis les doigts dans la mauvaise prise).
Des usages débiles et problématiques de ce genre de technologies, on commence à en avoir une certaines collection. Le réglementer n'est pas une ineptie contrairement à ce que tu t'obstine à affirmer.
Quel usage souhaiterais-tu réglementer, qui ne le soit pas déja? Il est déja illégal de diffuser un montage photographique diffamatoire, de produire un faux document, ou de tricher aux examens.
Tout à fait c'est comme si on disait que maintenant les utilisateurs avaient un droit de regard sur leur données
Ça n'a absolument aucun rapport. Là, tu veux juste interdire à des entreprises de mettre en place un service parce que… parce que quoi exactement? Parce que des grand-mères à moustaches pensent que c'est peut-être dangereux pour la société. Il n'y a aucun problème de données, de vie privée, de consentement, il y a juste une sorte de vague peur de l'inconnu.
À ma connaissance, il n'y a aucun projet de loi pour obliger qui que ce soit à utiliser ChatGPT. Je ne vois pas en quoi ceux qui ne souhaitent pas utiliser un tel outil seraient en droit d'empêcher ceux qui souhaitent l'utiliser de le faire.
Encore une fois, les sites qui proposeront (gratuitement ou non) de tels services vont exister. Ça ne fait aucun doute. Comment veux tu procéder? Tu crées un Firewall national pour empêcher les gens d'accéder à ces URLs? Tu crées un délit d'utilisation de chatbot?
genre interdiction de fournir un accès à un programme entraîné sur X péta-octets ?
Tu veux interdire les moteurs de recherche? Les analyses de données scientifiques?
Par exemple, ce qu'on peut encadrer, c'est d'interdire le recours à de tels outils sans que l'utilisateur final ne soit au courant. Par exemple, quand on tombe sur un standard téléphonique, il faudrait rendre obligatoire le fait d'expliquer très clairement qu'on discute avec une IA. On peut aussi faciliter la mise en place d'interdictions ponctuelles de l'utilisation d'un tel outil : dans des copies d'examen, par exemple. Ou même rendre obligatoire une mention du type "ce texte a été en partie rédigé à l'aide d'une technologie d'intelligence artificielle", ce qui éviterait (un peu) les cabinets de conseil d'y avoir recours démesurément.
Sur le fond, comme de nombreux sites proposant ce type de service moyennant finances ou moyennant cookies existeront, il faudrait complètement brider l'ensemble d'Internet pour empêcher les français d'utiliser un tel outil… Ça me semble toujours aussi délirant, comme idée, en fait. On ne peut pas revenir en arrière, ça existe, et ça existera de plus en plus. Il faut travailler à rendre nos sociétés vivables avec cet outil, plutôt que de rêver à vivre à une époque où il n'existait pas encore.
C'est pas du tout la même chose que d'arrêter de se gouverner. Il est tout à fait logique d'interdire ce qui est nuisible, dans une certaine mesure (dans les faits, tout est histoire de compromis et de contexte historique : la clope et l'alcool sont autorisés, la coke ne l'est pas, etc).
Là, on parle en gros d'interdire par défaut, et d'attendre l'avis de je ne sais pas trop qui, qui travailleraient sur on ne sait pas quelles données, pour autoriser une technologie. Un principe majeur de nos sociétés, c'est la liberté de faire ce qui n'est pas interdit par la loi.
Parce qu'avec ce raisonnement, qu'est-ce qui détermine quelle technologie mérite de passer par le principe de précaution? Est-ce que la GPL n'aurait pas du être interdite le temps d'évaluer ses impacts sur la société (et, du coup, peut-être interdite au vu des intérêts économiques en jeu?) Est-ce que Linux n'aurait pas dû être interdit? Et Internet, une porte ouverte à toutes les fenêtres, au pédo-terrorrisme etc? Et les barrages, qui empêchent les poissons de remonter les rivières? Et les éoliennes, qui tuent des oiseaux? Allez hop, on fait des études, des rapports, des milliers et des milliers de pages de rapports, des synthèses de rapports, des conférences, des méta-analyses, des synthèses de conférences qui donneront lieu à des rapports, rapports qui concluront évidemment que "ça dépend", qu'il y a des avantages et des inconvénients, que des gens vont perdre leur boulot alors que d'autres vont en gagner, que les entreprises vont perdre en compétitivité si on n'autorise pas, qu'il vaut peut-être mieux un accident nucléaire tous les 50 ans qu'un changement climatique mondial, mais peut-être pas, mais peut-être que si… Il faudra toujours des études de plus, quel est l'impact économique, l'impact écologique, l'impact social, quels sont les effets à long terme, les effets indirects, les effets sur les finances publiques…
Vous voulez vraiment vivre dans un monde où il faut remplir une demande d'autorisation pour aller pisser contre un arbre, avec l'autorisation du délégué aux études hydrologiques départementales qui va estimer le temps de passage dans la nappe phréatique, et une étude d'impact du bureau d'études botaniques qui va évaluer l'effet sur la croissance de l'arbre en fonction de si c'est un chêne ou un châtaigner? C'est de la folie. La technophobie ne peut pas remplacer les principes constitutionnels de base.
Sans compter qu'on peut constater tous les jours que tout le monde, au final, se branle copieusement du travail des scientifiques et des ingénieurs. Les études hydrologiques montrent que les "mégabassines" utilisées conformément au protocole augmenterait les niveaux des nappes phréatiques et les débits des cours d'eau pendant l'été? C'est pas grave, on crame tout quand même parce qu'on est contre quand même, et que peut-être si la sécheresse se généralise on ne pourra pas les remplir (et donc? du coup elles seront vides certaines années; c'est sûr que c'est un problème majeur). Aucune étude ne peut montrer un quelconque effet des ondes électromagnétiques des GSM? C'est pas grave, on délivre des certificats médicaux d'électrosensibilité. Tout le monde se contrefout des études, des rapports d'experts, des résultats scientifiques. Ce qui compte pour les technologies, c'est combien ça coûte, combien ça rapporte, combien de gens regarderaient mes vidéos si je suis caricaturellement pour ou contre, combien ça désavantagerait les entreprises françaises si on autorise ou qu'on interdise, à quel point ça embêterait les Russes, les Chinois, les Américains, les Allemands… Quel est le poids des rapports scientifiques dans l'établissement des quotas de pêche? Dans la régulation du trafic maritime? Du trafic aérien? Sur l'emplacement des autoroutes, des lignes de TGV, des aéroports, des parkings de supermarchés? Vous croyez que les cabinets ministériels écoutent les experts universitaires sur l'économie? Sur l'urbanisme? Sur les politiques publiques? Vous croyez que de brandir des rapports de 2000 pages va décourager les opposants à l'enfouissement des déchets nucléaires, aux mégabassines, aux OGM? C'est du flan. Le principe de précaution, c'est un buzzword pour technophobes. Quand on brandit le principe de précaution, on ne veut pas lire des rapports scientifiques, on voudrait juste qu'une technologie qui nous met mal à l'aise soit interdite, "parce que", sans raison (parce que justement, on n'en a aucune).
Il faut peut-être limiter la parano quand même. Microsoft est payé pour stocker des données, s'il s'avère qu'ils vont fouiller les données de leurs clients, c'est leur activité qui va s'effondrer (à moins bien sûr que ça soit prévu au contrat).
Après, les services secrets de différents pays, c'est une autre histoire…
Je ne comprends pas trop comment tu peux évaluer les impacts sociétaux sans diffuser la technologie. Mais de toutes manières, cette technologie n'a pas vocation à être centralisée. Les algos sont plus ou moins connus, et les ressources nécessaires à la faire tourner sont à la portée de n'importe quelle grosse structure; ce n'est pas comme une centrale nucléaire. Tu veux proposer un moratoire sur quoi, sur les algos utilisés dans l'AI?
Et puis, est-il même pertinent de ne pas diffuser une technologie du fait de ses impacts sur la société? Combien d'emplois l'électricité a-t-elle fait disparaitre? Et le téléphone? Il a fallu 150 ans pour réaliser les problèmes liés à la combstion des énergies fossiles. Et combien de temps a-t-il fallu pour écarter les effets des GSM sur la santé? Sans compter que c'est les études épidémio qui ont permis ça, ça aurait donc été totalement impossible sans diffuser massivement cette technologie.
Sans compter que dans notre monde, les législations sont nationales. Tu vas mettre un moratoire, mais comment tu interdis l'accès à cette technologie, disponible librement dans d'autres pays? Tu mets en place un grand firewall, comme les régimes autoritaires? Tu empêches les entreprises d'accéder à des gains de productivité majeurs, en espérant quoi, que les entreprises étrangères vont bien attendre gentiment que tu aies mis 20 ans à tergiverser? Ce mode de fonctionnement semble totalement incompatible avec le monde tel qu'il existe en 2023.
potentiellement pourquoi on pourrait perdre son boulot ?
Y'a pas à dire, c'est vachement épanouissant de faire à la main ce qu'une machine pourrait faire parce qu'une loi interdit le remplacement des hommes par des machines. Ça donne du sens à ce qu'on fait, c'est un beau projet de société.
(tout ceci n'exclut évidemment pas une réflexion sur le partage de la valeur ajoutée créee par les systèmes automatiques), et sur la redistribution des richesses de manière générale.
Je ne sais plus où retrouver le lien, mais il y a des années on avait discuté de ce problème sur Wikipédia, où la question de la licence des photos "empruntées" aux catalogues de musées s'était posée. Il s'avère que le code de la propriété intellectuel est assez clair, quand la photographie est une opération technique dont l'objectif est de recopier le mieux possible l'oeuvre originale dans le domaine public, il semble impossible qu'il y ait des droits d'auteurs dessus.
Cependant, de nombreux musées le font; ils partent du principe que les choix techniques du photographe (éclairage, matériel, réglages de l'appareil photo etc) peuvent créer un nouveau droit d'auteur pour le photographe, qui se superposerait à celui de l'auteur du tableau, et donc protègerait cette photographie pendant 70 ans après la mort du photographe. Dans l'ensemble, c'est assez absurde—le droit d'auteur ne protège pas les choses qui sont difficiles à faire, mais les choses originales; une bonne copie est difficile à faire mais par définition elle n'est pas originale. Mais l'existence d'une telle "pseudo faille" suffit pour que les musées proposent cette interprétation et tentent de limiter la diffusion d'œuvres du domaine public—puisque pour le coup, ils sont propriétaires du support physique et sont en droit d'interdire la photographie non-autorisée pour n'importe quel prétexte fallacieux. Et à notre grande surprise, nous nous étions aperçu qu'il existait quelques jugements de tribunaux français qui vont dans ce sens, basés sur le principe de l'équilibre des droits (le respect du code de la propriété intellectuel entrainerait un manque à gagner disproportionné pour les musées, ce qui nuirait globalement à la société bien plus que le blocage de la diffusion des œuvres). Aussi WTF que puisse donc paraitre la justification des musées, il n'est pas non plus impossible qu'avec des avocats un peu roublards et devant des tribunaux non-spécialisés, la situation soit plus compliquée que ce qu'il parait.
Reste évidemment la question des photos non-autorisées. Prendre une photo alors que c'est interdit viole le règlement intérieur du musée, et on risque potentiellement des poursuites si on se fait prendre (en pratique, j'ai du mal à imaginer qu'on risque plus que l'expulsion du musée, mais on ne sait jamais). Par contre, si on arrive à prendre une bonne photo (avec un bon appareil et de bonnes conditions d'éclairage, quand il n'y a pas trop de monde, ça semble largement possible, du moins pour une résolution non-professionnelle), alors il me semble qu'il est impossible pour le musée d'interdire la circulation de la photo. C'est vraiment ça qui est étrange sur cette affaire, le musée ne possède les droits que sur l'accès au support physique de l'œuvre, et ne peut limiter la diffusion virtuelle qu'en verrouillant l'accès physique.
Euh, ça veut juste dire que tu as d'autres limites que l'énergie, pas que l'énergie est en quantité illimitée :-)
Il n'y a aucune raison de considérer qu'une usine d'iPhones produise plus d'iPhones si l'électricité était plus abondante, par exemple. Par contre, s'il y a des coupures d'électricité tous les 3 jours, elle va produire moins.
Or les femmes ont cette « élégance de l’écoute », plus que les hommes qui « ont tendance malheureusement à rivaliser pour prendre la parole, au lieu d’écouter. ».
C'est quand même dommage d'associer le féminisme à cet espèce d'essentialisme naïf basé sur des préjugés. On n'est pas loin des débilités du style "Les hommes ont une meilleure orientation dans l'espace parce que les hommes préhistoriques chassaient pendant que les femmes s’occupaient des enfants."
Si c'était vrai que le groupe fonctionne mieux s'il y a plus de gens qui écoutent, alors la bonne catégorisation serait "à l'écoute" ou "prend la parole", pas "femme" et "homme".
Et maintenant, il y a même mieux entre ces deux modules : algébriquement, ces deux structures sont totalement isomorphes (comme pour Descartes et Bessel dans la fable de Reynolds). Autrement dit, elles sont complétement équivalentes pour l'utilisateur et, en tant qu'implémenteur, je peux passer de l'une à l'autre sans perturber aucunement le code client, à la condition de respecter le principe Code should not know about the internals of objects it’s working with. ;-)
C'était ma compréhension naïve de la POO, mais le contact avec la STL de C++ a mis mes certitudes à rude épreuve. Par exemple, conceptuellement, ça m'a beaucoup gêné de ne pas avoir accès à des fonctions inefficaces pour certains containers. Par exemple, vector::push_front(). C'est une opération inefficace sur un vecteur, certes, mais ça empêche l'abstraction (en particulier, ça rend le benchmarking très difficile, alors qu'il y a des algos pour lesquels les performances relatives de différents containers mériterait d'être testé empiriquement). En gros, avec les containers de la STL, tu es obligé de savoir comment ils sont implémentés, parce que tu n'as accès qu'à une liste restreinte de méthodes en fonction de l'efficacité algorithmique des opérations. Est-ce qu'il n'y a pas là des principes qui se contredisent, et que les concepteurs de la STL ont choisi de trancher dans un sens sans laisser l'utilisateur décider?
Vu que la Chine est première sur les points 23 à 30 consacrés à l'énergie (nuléaire, photovoltaïque, hydrogène, batteries…), est-ce que ce n'est justement pas une démonstration qu'ils font ce qu'il faut pour ne pas être limités par l'énergie?
Et dans quarante ans, avec des ressources rares leurs bidules technologiques ne fonctionneront plus, ne s’exporteront plus.
Ça, je pense que ça n'a aucune raison d'arriver. Du moment où tu as de l'énergie, tu peux remplacer n'importe quelle ressource rare par une autre solution technologique. C'est arrivé plein de fois au cours de l'histoire de l'humanité d'épuiser une ressource, et jamais on n'a abandonné la technologie. On trouve juste d'autres ressources pour remplacer. Ça sera peut-être plus cher, ou un peu moins efficace, mais je ne connais pas de technologie qui repose exclusivement sur un élément.
Et ils regretterons pour sûr les champs et l'air respirable.
Certainement, mais comme tu ne voudras pas vendre les tiens, ça te fait une belle jambe. Et au pire, comme tu n'auras plus un rond, ils pourront même venir avec des technologies militaires supérieures et te prendre tes champs.
Les plantes, c'est plutôt dans les biotechs j'imagine…
Pour le reste, style management du paysage, gestion de l'eau, etc., c'est quand même dur d'appeler ça des technologies innovantes. Je ne pense pas que le rapport suggère une seule seconde qu'on puisse se passer de technologies existantes (il n'y a pas "la roue" dans les transports par exemple), de mettre en place des pistes cyclables, de cultiver des plantes peu gourmandes en eau dans les périodes de sécheresse, d'investir dans la rénovation des cours d'eau… Mais ça, on sait faire, il n'y a pas besoin de recherche innovante pour planter des haies. Il peut bien sûr manquer d'études d'impact ou de recherche appliquée pour savoir quel type de haies planter ou comment encourager les gens à prendre le vélo, mais ça n'est pas ce genre de choses que le rapport mesure.
Alors oui, tout ça est très technophile. Mais c'est aussi réaliste. Pendant que tu plantes des haies, les autres vont développer des ordinateurs quantiques. Et dans 40 ans, ils viendront dépenser leur richesse dans ton beau pays pour les vacances. On aura des champs, des rivières, de l'air respirable, peut-être même de la nourriture de bonne qualité et petite quantité, mais on vivra du tourisme et on devra importer tous nos bidules technologiques. Et nos armes, aussi. Je ne sais pas si c'est réjouissant.
Est-ce que ça n'est pas non plus l'époque où la part des bénéfices reversée au capital a augmenté?
Je suis quand même un peu surpris que les salaires aient augmenté aussi peu sur la période 1970-2015 (+20%), alors que sur la même période le pouvoir d'achat du smic a fait +100%.
Je ne sais pas trop ce que tu appelles "en mode tablette". Le problème, c'est que l'interface des bureaux Linux n'est pas trop optimisée pour le mode tablette. Par exemple, avoir plusieurs fenêtres sur l'écran, c'est galère en mode tablette; les menus sont trop petits, les ascenseurs sont trop petits, les bordures de fenêtre sont trop petites (déja que c'est galère avec une souris), les boutons pour fermer les fenêtres sont trop petits, etc. Il faudrait donc changer totalement l'interface quand on passe "en mode tablette", par exemple avec un raccourci clavier ou un "geste" de la souris, qui va passer en mode plein écran, augmenter la taille des icônes, etc. Il y a aussi le problème de l'émulation du clic droit, du clic du milieu, du glisser-désposer (par exemple, comment faire comprendre à la machine que quand on enfonce le clic avec la souris, on veut faire un glisser déposer, alors qu'en mode tablette, on veut faire un glisser-déposer si on bouge, mais on veut émuler le clic droit si on ne bouge pas. Comment faire en sorte qu'un long clic à la souis ne doit pas ouvrir le menu du clic droit? Comment faire en sorte qu'un "glissé" avec le doigt émule l'ascen). Ça donne quand même l'impression que de passer d'un mode à l'autre change le fonctionnement de base de l'interface; est-ce c'est même possible de faire ça intuitivement?
En fait, selon mon expérience, ça à la fois fonctionne et ne fonctionne pas.
En gros, au niveau hardware, ça fonctionne. J'imagine que c'est détecté comme une souris, et ça fonctionne comme une souris.
Encore une fois, selon mon expérience, niveau software, ça ne sert pas à grand chose. Sous un bureau standard (défaut Ubuntu par exemple), il y a peu d'applications pour lesquelles ça peut être utile. Pour pouvoir attraper les ascenseurs, les bords de fenêtres, et autres icônes avec des grosses pattes de taille standard, il faudrait augmenter substantiellement la taille de tous ces éléments, ce qui rend le bureau grossier et diminue de beaucoup l'expérience de l'interface. Donc du coup, si on ne veut pas transformer son laptop en tablette pour locataire d'EHPAD, l'utilisation des doigts reste assez restreinte (lancer les logiciels localisés dans la barre?), donc ça n'est pas très utile.
J'ai vraiment un problème avec certains mots comme "indispensable" quand il s'agit de politique.
Je plaide coupable. Rien n'est "indispensable", disons que la question est légtime. En pratique, en gardant une caisse de retraite indépendante pour les fonctionnaires, il devient quasiment impossible de la financer par les cotisations des fonctionnaires actifs. En l'état actuel des choses, ça revient à faire porter les retraites actuelles par les ministères qui emploient encore des fonctionnaires; plus on réduit le nombre de fonctionnaires et plus chaque fonctionnaire actif coûte cher, et donc plus il est difficile d'en recruter; ça fait diminuer la qualité du service public à budget constant, et ça entretient un cercle vicieux (on embauche des CDD et des CDI, donc les fonctionnaires coûtent de plus en plus, etc). Si on ne fait rien, c'est quasiment un arrêt de mort pour le statut de fonctionnaire.
Globalement, la fonction publique n'a pas à gagner de l'argent, mais elle a un devoir d'efficacité et de rationnalité dans la dépense de son budget…
# Prévisible, non?
Posté par arnaudus . En réponse au lien L’IA sème la panique dans l’industrie musicale. Évalué à 10. Dernière modification le 20 avril 2023 à 10:53.
C'est assez évident que l'"industrie musicale" ne produit plus grand chose de créatif depuis assez longtemps, et c'est typiquement le genre de pan de l'économie qui a le plus à craindre des systèmes automatiques "créatifs".
À mon avis, il y a une question importante dans cette histoire, c'est la notion d'appartenance d'une personnalité musicale. Il ne fait aucun doute qu'un enregistrement de Michael Jackson reflète la personnalité de Michael Jackson : il a composé la musique, a contribué aux paroles, a enregistré la chanson avec sa voix, etc. L'enregistrement final est le produit du travail de beaucoup de gens, et en particulier du travail créatif de Michael Jackson. Maintenant, si une IA produit une chanson dans le style de Michael Jackson avec la voix de Michael Jackson, et (imaginons pour l'exemple) que la qualité et la créativité soient équivalentes à ce que faisait Michael Jackson, dans quelle mesure est-ce que les ayant-droits de Michael Jackson sont en droit de prétendre à quelque chose sur ce titre? A priori, rien n'est évident. On est habitués à ce que tout se monnaye en terme de droits maintenant, mais après tout, Michael Jackson n'a jamais travaillé sur ce nouveau titre, il n'a jamais chanté, il n'a jamais donné son avis sur quoi que ce soit. Il n'est pas question ici de rémunération d'un quelconque travail, on serait plutôt dans le droit des marques ou des modèles ; comme par exemple quand une basket Chinoise est estampilée "Mike" avec une virgule dans le mauvais sens, ça peut tromper les consommateurs.
On a également le même problème de l'extension des droits d'auteurs aux oeuvres "inspirées". Actuellement, le droit d'auteur s'applique aux oeuvres dérivées (pour lesquelles on peut prouver la copie), mais les artistes restent libres de s'inspirer d'un style, d'une tendance, etc. La manière dont les IA fonctionnent ressemble beaucoup à l'inspiration; on met des millions d'exemples dans une base de données et on sait par définition que la production n'aurait pas pu avoir lieu sans cette base de données; par contre on est tout à fait incapable de dire quelles oeuvres de la base explicitement ont été utilisées, ce qui fait que le droit d'auteur est trop "dilué" pour pouvoir s'appliquer.
La question qui n'est pas intéressante à mon avis, c'est celle d'une protection exclusive des oeuvres créatives humaines—simplement parce qu'elle existe déja. En fait, en demandant ça, l'industrie admet explicitement que les oeuvres commerciales sur le marché ne sont déja plus des oeuvres de l'esprit, puisqu'elles sont aisément remplaçables par des productions automatiques. Le droit d'auteur ne peut pas s'appliquer aux productions d'une machine, ni aux oeuvres non-originales, qui relèvent de l'artisanat (comme une amphore faite par un potier, un boeuf bourgignon fait par un cuisinier, etc). Du coup, la "soupe pop" moderne manque peut-être tellement d'originalité qu'il n'est pas du tout évident que le droit d'auteur la couvre. C'est totalement paradoxal de dire à la fois "protégez le travail des humains parce que les machines modernes sont capables de produire mieux et moins cher" et "le travail humain a des caractéristiques uniques qui justifient une protection spécifique par la loi". Si le travail humain a des qualités intrinsèquement supérieures à celui des machines, alors pas besoin de loi qui interdise les machines—de la même manière qu'un vêtement fait main a une qualité supérieure à la production indstrielle.
Après, il faut quand même réaliser qu'on panique quand même un peu tous sur cette question, parce qu'on s'est quand même rapprochés d'un coup de la singularité technologique. Le progrès des IA repousse presque tous les jours la limite de ce qu'on considérait relever uniquement de la puissance de notre esprit. Au XIXe siècle, il était évident pour tout le monde que le calcul relevait uniquement de l'esprit humain, alors qu'au XXIe siècle, il est évident que la puissance de calcul des machines surpasse l'esprit humain, mais que ça ne pose pas de problème parce que le calcul est "bête". On pensait en l'an 2000 que des activités telles que composer une chanson ou écrire une lettre étaient des manifestations uniques de l'esprit humain, et en 2023 les progrès technologiques nous démontrent que ça n'est pas le cas (avec une nuance quand même, puisque les machines doivent apprendre à partir d'exemples issus de l'intelligence humaine—ça n'est pas si différent des calculatrices, qui doivent être conçues par des humains qui savent calculer).
Ça m'évoque quand même le manque d'humilité des humains en général face aux manifestations des intelligences non-humaines. Dans les commentaires sous les vidéos de grands singes s'adonnant à des activités typiquement humaines (comme conduire une voiturette, ou allumer un feu), la réaction majoritaire, c'est "oui, mais on ne peut pas en déduire que les chimpanzés sont si intelligents que ça, quelqu'un leur a donné un briquet et leur a appris à s'en servir". Genre, parce que le type qui a écrit le commentaire, c'est l'inventeur du briquet? Mon utlisation personnelle d'un briquet, c'est exactelement la même que celle d'un chimpanzé. On m'a donné un briquet tout fait, on m'a montré comment on s'en sert, j'ai pigé que ça servait à allumer un feu et je l'utilise à cet effet (y compris pour cramer des fourmis ou vérifier si les poils de mes jambes prennent feu—on est vraiment foutus pareil en fait). Et de la même manière, je pense que la manière dont j'écris une lettre à la sécu ressemble beaucoup à la méthode de chatGPT, on rebalance des trucs qu'on a lu à droite à gauche et qui semblent être adaptés à la situation. Je pense qu'il est absurde de prétendre qu'une lettre à la sécu est une manifestation de mon intelligence supérieure, et il faut juste accepter que faire un truc avec son cerveau, ça n'est pas nécessairement une manifestation de la créativité humaine. Comme beaucoup d'animaux ont des jambes, il semble évident à tous que de marcher du métro à la porte du boulot n'est pas une activité créative. Par contre, comme aucun animal n'a un cerveau équivalent au notre, c'est facile de penser que n'importe lequel de nos pets de neurones a une sorte de valeur magique qui doit être protégée par une foultitude de droits complexes, histoire qu'il soit bien impossible de nous voler notre jus de cerveau. Bah voila, on sait maintenant qu'écrire une chanson pop, ça n'a rien de magique. Jusqu'à preuve du contraire, chatGPT n'aurait jamais pu écrire le répertoire des Beatles avant les Beatles, les Beatles étaient créatifs. Par contre, chatGPT aurait probablement pu écrire le répertoire d'Oasis avant Oasis. Hum, voila, quoi.
[^] # Re: ça existe (en France), des opérateurs téléphoniques qui font ça ?
Posté par arnaudus . En réponse au lien la double authentification par SMS deviendrait obsolete à cause du SIM-swapping ?. Évalué à 5.
Je me demande bien s'il existe un opérateur assez stupide pour permettre ça. Genre "tiens, j'ai justement sous la main une autre carte SIM chez un autre opérateur, au nom de Tartempion. Vous pouvez basculer mon compte dessus? / Bien sûr, on fait ça tous les jours d'échanger les comptes entre des SIMs d'opérateurs différents, d'ailleurs on se demande bien pourquoi on vous envoie une nouvelle SIM qu'il faut activer par une procédure bien casse-pied quand vous changez d'opérateur".
Un truc qui n'est pas non plus abordé dans cet article pourravissime, c'est quand même qu'il faut non-seulement hacker la SIM, mais aussi hacker le compte (et peut-être même l'email). Ça fait beaucoup d'efforts, et on peut se demander s'il ne serait pas plus simple de piquer le téléphone directement.
Et ça oublie aussi complètement que maintenant la plupart des sites utilisent les systèmes d'identification des banques pour valider une partie des achats (les gros, les premiers, etc), ce qui nécessite aussi de connaitre le PIN d'identification à l'application de la banque.
[^] # Re: Rapport coût/bénéfice
Posté par arnaudus . En réponse au journal LUKS, TPM et boulette. Évalué à 6.
Mouais, il faut quand même rentrer dans le datacenter, trouver le ou les bons serveurs, piquer un disque sans connaitre la probabilité d'avoir des données exploitables dessus, ressortir du datacenter avec le disque dans la poche, et espérer que personne ne s'aperçoive de rien, qu'il ne va pas y avoir de plainte ni de visionnage des vidéos… tout ça pour peut-être avoir piqué le disque avec /bin et /etc dessus. Ça demande beaucoup, beaucoup d'organisation pour un résultat bien incertain…
Pour un ordinateur portable, la situation est différente. Ça parait un peu paradoxal de laisser des gens se ballader avec des fichiers sensibles sur des ordinateurs portables (puisqu'on peut partir du principe que se faire voler est un destin probable pour un portable qui bouge beaucoup), mais d'essayer de mitiger le truc par un chiffrage avec une clé sur un support physique. Si tu ne veux pas que le portable ait constamment la clé USB vissée dessus, il faut de toutes manières que tu ne chiffres que certains fichiers. Autrement, si tout le disque est chiffré, il faudra mettre la clé dès que tu veux lire tes emails à l'aéroport ou que tu veux montrer la dernière plaquette promotionnelle à un client; autrement dit, la clé sera soudée à l'ordinateur.
[^] # Re: Rapport coût/bénéfice
Posté par arnaudus . En réponse au journal LUKS, TPM et boulette. Évalué à 8.
Ah OK, je n'avais pas compris ça. Évidemment, si un client parano paye, autant entrer dans son jeu. Tu lui factures l'option "vol de disque", et pour "vol de serveur" c'est plus cher. Le niveau suivant, c'est "vol de data center complet avec 18 hélicoptères".
Le pire, c'est que ce genre de protocole ne doit pas trop empêcher que les clés trainent sur un post-it dans le bureau des admin sys.
[^] # Re: Compétences en manipulation
Posté par arnaudus . En réponse au journal [Lien++] Générer des images réalistes par IA, et comment elles deviennent impossibles à détecter. Évalué à 7.
C'est déja très facile de tromper le peer-review. Le peer review est basé sur une forme de confiance dans la bonne foi (les erreurs de bonne foi peuvent être détectées si les données sont fournies de manière transparente, mais les manipulations sont virtuellement indétectables).
Ceux qui se sont gauler à manipuler des données sont juste des mauvais; la plupart du temps c'est un excès de confiance qui leur vaut leur perte.
Par contre, ce qui peut changer, c'est le volume de données pipeaurées, et la production automatique d'articles scientifiques pipeau de A à Z. Avant, faire un faux prenait du temps, et cette productivité limitée des faussaires limitait nécessairement le nombre de faux en circulation. Si maintenant un faussaire peut produire 100 fois plus de faux documents dans le même temps, le système peut se retrouver paralysé et noyé sous la masse.
# Rapport coût/bénéfice
Posté par arnaudus . En réponse au journal LUKS, TPM et boulette. Évalué à 6.
Par curiosité, est-ce que le rapport coût/bénéfice est bien raisonnable? Quelle est la probabilité qu'un technicien random pique un disque au pif dans une baie, sans trop savoir ce qu'il y a dessus? Quelle est la probabilité que ce technicien arrive à identifier un ou des fichiers sensibles parmi des To de données inintéressantes, et que ce tech soit connecté aux réseaux du côté obscur de la Force qui serait à même de valoriser ces données sur un marché noir? Si en face il y a des gens assez motivés pour aller placer des agents dans les data centers qui vont aller voler des disques de manière ciblée, alors il semble assez envisageable pour de telles organisation d'aller rentre visite à un admin sys pour lui demander poliment la passphrase.
Parce qu'en face, il n'y a pas rien. Il y a le coût de la mise en place du chiffrage (mettre en place le protocole décrit ci-dessus pour chaque nouveau serveur) et de la maintenance (serrer les fesses à chaque mise à jour), et surtout le risque de perdre des données si quelque chose se passe mal. Je ne prétends pas qu'il n'existe pas de données qui méritent ce genre de traitement, mais elles doivent être assez rares, non?
[^] # Re: Principe de précaution
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les experts sonnent l’alarme face aux progrès de l’Intelligence artificielle. Évalué à 3.
Pour les droits d'auteur, il n'y a pas besoin de loi, il y a besoin d'une jurisprudence. Le respect des droits d'auteur, ça a toujours été individuel. Tu penses que tes droits d'auteur n'ont pas été respectés? Alors tu portes plainte pour contrefaçon. C'est comme ça que ça marche si quelqu'un diffuse un de tes logiciels sous GPL sans respecter la licence par exemple. Il n'y a pas besoin de loi, la loi existe déja. Du coup, si tu penses qu'un système automatique produit un travail dérivé à partir de ton travail, tu peux te plaindre. La loi te protège déja. Par contre ça va être un sacré boulot de prouver que le travail est dérivé.
Ce que je ne sais pas, à vrai dire, c'est la "propreté" de la base de données. Quand tu publies sur Facebook, tu donnes tes droits à Facebook selon les conditions d'utilisation du site. Quand Facebook les revend, il peut le faire parce que tu as donné tes droits. Si tout s'est fait "proprement", je ne vois pas trop comment tu peux te plaindre. Si par contre la base d'apprentissage de chatGPT n'est pas propre, alors tu peux faire valoir tes droits. Mais je ne vois pas à quoi ça sert d'attendre : les lois sont là.
Je pense qu'on est d'accord sur notre désaccord, donc. 1) je ne pense pas que ça soit possible (c'est un peu comme si tu disais "la sécheresse c'est mal, et ça serait bien que la pluie tombe plus en été"), et 2) je ne pense pas que ça soit une bonne idée du tout (parce que des dizaines de milliards de parents ont toujours dit à leurs enfants "ne met pas tes doigts dans la prise", et que ça a toujours donné l'idée à des dizaines de milliards d'enfants de mettre les doigts dans la prise, c'est la nature humaine de mettre les doigts dans la prise, et le jour où on ne mettra plus les doigts dans les prises c'est que notre espèce aura disparu—peut-être d'ailleurs après avoir mis les doigts dans la mauvaise prise).
[^] # Re: Principe de précaution
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les experts sonnent l’alarme face aux progrès de l’Intelligence artificielle. Évalué à 3.
Quel usage souhaiterais-tu réglementer, qui ne le soit pas déja? Il est déja illégal de diffuser un montage photographique diffamatoire, de produire un faux document, ou de tricher aux examens.
[^] # Re: Principe de précaution
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les experts sonnent l’alarme face aux progrès de l’Intelligence artificielle. Évalué à 4.
Ça n'a absolument aucun rapport. Là, tu veux juste interdire à des entreprises de mettre en place un service parce que… parce que quoi exactement? Parce que des grand-mères à moustaches pensent que c'est peut-être dangereux pour la société. Il n'y a aucun problème de données, de vie privée, de consentement, il y a juste une sorte de vague peur de l'inconnu.
À ma connaissance, il n'y a aucun projet de loi pour obliger qui que ce soit à utiliser ChatGPT. Je ne vois pas en quoi ceux qui ne souhaitent pas utiliser un tel outil seraient en droit d'empêcher ceux qui souhaitent l'utiliser de le faire.
Encore une fois, les sites qui proposeront (gratuitement ou non) de tels services vont exister. Ça ne fait aucun doute. Comment veux tu procéder? Tu crées un Firewall national pour empêcher les gens d'accéder à ces URLs? Tu crées un délit d'utilisation de chatbot?
[^] # Re: Principe de précaution
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les experts sonnent l’alarme face aux progrès de l’Intelligence artificielle. Évalué à 4.
Tu veux interdire les moteurs de recherche? Les analyses de données scientifiques?
Par exemple, ce qu'on peut encadrer, c'est d'interdire le recours à de tels outils sans que l'utilisateur final ne soit au courant. Par exemple, quand on tombe sur un standard téléphonique, il faudrait rendre obligatoire le fait d'expliquer très clairement qu'on discute avec une IA. On peut aussi faciliter la mise en place d'interdictions ponctuelles de l'utilisation d'un tel outil : dans des copies d'examen, par exemple. Ou même rendre obligatoire une mention du type "ce texte a été en partie rédigé à l'aide d'une technologie d'intelligence artificielle", ce qui éviterait (un peu) les cabinets de conseil d'y avoir recours démesurément.
Sur le fond, comme de nombreux sites proposant ce type de service moyennant finances ou moyennant cookies existeront, il faudrait complètement brider l'ensemble d'Internet pour empêcher les français d'utiliser un tel outil… Ça me semble toujours aussi délirant, comme idée, en fait. On ne peut pas revenir en arrière, ça existe, et ça existera de plus en plus. Il faut travailler à rendre nos sociétés vivables avec cet outil, plutôt que de rêver à vivre à une époque où il n'existait pas encore.
[^] # Re: Principe de précaution
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les experts sonnent l’alarme face aux progrès de l’Intelligence artificielle. Évalué à 3. Dernière modification le 31 mars 2023 à 09:54.
C'est pas du tout la même chose que d'arrêter de se gouverner. Il est tout à fait logique d'interdire ce qui est nuisible, dans une certaine mesure (dans les faits, tout est histoire de compromis et de contexte historique : la clope et l'alcool sont autorisés, la coke ne l'est pas, etc).
Là, on parle en gros d'interdire par défaut, et d'attendre l'avis de je ne sais pas trop qui, qui travailleraient sur on ne sait pas quelles données, pour autoriser une technologie. Un principe majeur de nos sociétés, c'est la liberté de faire ce qui n'est pas interdit par la loi.
Parce qu'avec ce raisonnement, qu'est-ce qui détermine quelle technologie mérite de passer par le principe de précaution? Est-ce que la GPL n'aurait pas du être interdite le temps d'évaluer ses impacts sur la société (et, du coup, peut-être interdite au vu des intérêts économiques en jeu?) Est-ce que Linux n'aurait pas dû être interdit? Et Internet, une porte ouverte à toutes les fenêtres, au pédo-terrorrisme etc? Et les barrages, qui empêchent les poissons de remonter les rivières? Et les éoliennes, qui tuent des oiseaux? Allez hop, on fait des études, des rapports, des milliers et des milliers de pages de rapports, des synthèses de rapports, des conférences, des méta-analyses, des synthèses de conférences qui donneront lieu à des rapports, rapports qui concluront évidemment que "ça dépend", qu'il y a des avantages et des inconvénients, que des gens vont perdre leur boulot alors que d'autres vont en gagner, que les entreprises vont perdre en compétitivité si on n'autorise pas, qu'il vaut peut-être mieux un accident nucléaire tous les 50 ans qu'un changement climatique mondial, mais peut-être pas, mais peut-être que si… Il faudra toujours des études de plus, quel est l'impact économique, l'impact écologique, l'impact social, quels sont les effets à long terme, les effets indirects, les effets sur les finances publiques…
Vous voulez vraiment vivre dans un monde où il faut remplir une demande d'autorisation pour aller pisser contre un arbre, avec l'autorisation du délégué aux études hydrologiques départementales qui va estimer le temps de passage dans la nappe phréatique, et une étude d'impact du bureau d'études botaniques qui va évaluer l'effet sur la croissance de l'arbre en fonction de si c'est un chêne ou un châtaigner? C'est de la folie. La technophobie ne peut pas remplacer les principes constitutionnels de base.
Sans compter qu'on peut constater tous les jours que tout le monde, au final, se branle copieusement du travail des scientifiques et des ingénieurs. Les études hydrologiques montrent que les "mégabassines" utilisées conformément au protocole augmenterait les niveaux des nappes phréatiques et les débits des cours d'eau pendant l'été? C'est pas grave, on crame tout quand même parce qu'on est contre quand même, et que peut-être si la sécheresse se généralise on ne pourra pas les remplir (et donc? du coup elles seront vides certaines années; c'est sûr que c'est un problème majeur). Aucune étude ne peut montrer un quelconque effet des ondes électromagnétiques des GSM? C'est pas grave, on délivre des certificats médicaux d'électrosensibilité. Tout le monde se contrefout des études, des rapports d'experts, des résultats scientifiques. Ce qui compte pour les technologies, c'est combien ça coûte, combien ça rapporte, combien de gens regarderaient mes vidéos si je suis caricaturellement pour ou contre, combien ça désavantagerait les entreprises françaises si on autorise ou qu'on interdise, à quel point ça embêterait les Russes, les Chinois, les Américains, les Allemands… Quel est le poids des rapports scientifiques dans l'établissement des quotas de pêche? Dans la régulation du trafic maritime? Du trafic aérien? Sur l'emplacement des autoroutes, des lignes de TGV, des aéroports, des parkings de supermarchés? Vous croyez que les cabinets ministériels écoutent les experts universitaires sur l'économie? Sur l'urbanisme? Sur les politiques publiques? Vous croyez que de brandir des rapports de 2000 pages va décourager les opposants à l'enfouissement des déchets nucléaires, aux mégabassines, aux OGM? C'est du flan. Le principe de précaution, c'est un buzzword pour technophobes. Quand on brandit le principe de précaution, on ne veut pas lire des rapports scientifiques, on voudrait juste qu'une technologie qui nous met mal à l'aise soit interdite, "parce que", sans raison (parce que justement, on n'en a aucune).
[^] # Re: Le plus choquant
Posté par arnaudus . En réponse au lien Suisse : Les CFF veulent scruter les habitudes des voyageurs . Évalué à 2. Dernière modification le 30 mars 2023 à 23:17.
Il faut peut-être limiter la parano quand même. Microsoft est payé pour stocker des données, s'il s'avère qu'ils vont fouiller les données de leurs clients, c'est leur activité qui va s'effondrer (à moins bien sûr que ça soit prévu au contrat).
Après, les services secrets de différents pays, c'est une autre histoire…
[^] # Re: Principe de précaution
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les experts sonnent l’alarme face aux progrès de l’Intelligence artificielle. Évalué à 8.
Je ne comprends pas trop comment tu peux évaluer les impacts sociétaux sans diffuser la technologie. Mais de toutes manières, cette technologie n'a pas vocation à être centralisée. Les algos sont plus ou moins connus, et les ressources nécessaires à la faire tourner sont à la portée de n'importe quelle grosse structure; ce n'est pas comme une centrale nucléaire. Tu veux proposer un moratoire sur quoi, sur les algos utilisés dans l'AI?
Et puis, est-il même pertinent de ne pas diffuser une technologie du fait de ses impacts sur la société? Combien d'emplois l'électricité a-t-elle fait disparaitre? Et le téléphone? Il a fallu 150 ans pour réaliser les problèmes liés à la combstion des énergies fossiles. Et combien de temps a-t-il fallu pour écarter les effets des GSM sur la santé? Sans compter que c'est les études épidémio qui ont permis ça, ça aurait donc été totalement impossible sans diffuser massivement cette technologie.
Sans compter que dans notre monde, les législations sont nationales. Tu vas mettre un moratoire, mais comment tu interdis l'accès à cette technologie, disponible librement dans d'autres pays? Tu mets en place un grand firewall, comme les régimes autoritaires? Tu empêches les entreprises d'accéder à des gains de productivité majeurs, en espérant quoi, que les entreprises étrangères vont bien attendre gentiment que tu aies mis 20 ans à tergiverser? Ce mode de fonctionnement semble totalement incompatible avec le monde tel qu'il existe en 2023.
[^] # Re: euh...
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les experts sonnent l’alarme face aux progrès de l’Intelligence artificielle. Évalué à 7.
Y'a pas à dire, c'est vachement épanouissant de faire à la main ce qu'une machine pourrait faire parce qu'une loi interdit le remplacement des hommes par des machines. Ça donne du sens à ce qu'on fait, c'est un beau projet de société.
(tout ceci n'exclut évidemment pas une réflexion sur le partage de la valeur ajoutée créee par les systèmes automatiques), et sur la redistribution des richesses de manière générale.
# Jurisprudence fluctuante
Posté par arnaudus . En réponse au lien L’exposition Vermeer, les copyrights abusifs et le domaine public . Évalué à 5.
Je ne sais plus où retrouver le lien, mais il y a des années on avait discuté de ce problème sur Wikipédia, où la question de la licence des photos "empruntées" aux catalogues de musées s'était posée. Il s'avère que le code de la propriété intellectuel est assez clair, quand la photographie est une opération technique dont l'objectif est de recopier le mieux possible l'oeuvre originale dans le domaine public, il semble impossible qu'il y ait des droits d'auteurs dessus.
Cependant, de nombreux musées le font; ils partent du principe que les choix techniques du photographe (éclairage, matériel, réglages de l'appareil photo etc) peuvent créer un nouveau droit d'auteur pour le photographe, qui se superposerait à celui de l'auteur du tableau, et donc protègerait cette photographie pendant 70 ans après la mort du photographe. Dans l'ensemble, c'est assez absurde—le droit d'auteur ne protège pas les choses qui sont difficiles à faire, mais les choses originales; une bonne copie est difficile à faire mais par définition elle n'est pas originale. Mais l'existence d'une telle "pseudo faille" suffit pour que les musées proposent cette interprétation et tentent de limiter la diffusion d'œuvres du domaine public—puisque pour le coup, ils sont propriétaires du support physique et sont en droit d'interdire la photographie non-autorisée pour n'importe quel prétexte fallacieux. Et à notre grande surprise, nous nous étions aperçu qu'il existait quelques jugements de tribunaux français qui vont dans ce sens, basés sur le principe de l'équilibre des droits (le respect du code de la propriété intellectuel entrainerait un manque à gagner disproportionné pour les musées, ce qui nuirait globalement à la société bien plus que le blocage de la diffusion des œuvres). Aussi WTF que puisse donc paraitre la justification des musées, il n'est pas non plus impossible qu'avec des avocats un peu roublards et devant des tribunaux non-spécialisés, la situation soit plus compliquée que ce qu'il parait.
Reste évidemment la question des photos non-autorisées. Prendre une photo alors que c'est interdit viole le règlement intérieur du musée, et on risque potentiellement des poursuites si on se fait prendre (en pratique, j'ai du mal à imaginer qu'on risque plus que l'expulsion du musée, mais on ne sait jamais). Par contre, si on arrive à prendre une bonne photo (avec un bon appareil et de bonnes conditions d'éclairage, quand il n'y a pas trop de monde, ça semble largement possible, du moins pour une résolution non-professionnelle), alors il me semble qu'il est impossible pour le musée d'interdire la circulation de la photo. C'est vraiment ça qui est étrange sur cette affaire, le musée ne possède les droits que sur l'accès au support physique de l'œuvre, et ne peut limiter la diffusion virtuelle qu'en verrouillant l'accès physique.
[^] # Re: marchand de rêve
Posté par arnaudus . En réponse au journal Pays innovants : la Chine loin devant, les occidentaux largués. Évalué à 5.
Euh, ça veut juste dire que tu as d'autres limites que l'énergie, pas que l'énergie est en quantité illimitée :-)
Il n'y a aucune raison de considérer qu'une usine d'iPhones produise plus d'iPhones si l'électricité était plus abondante, par exemple. Par contre, s'il y a des coupures d'électricité tous les 3 jours, elle va produire moins.
[^] # Re: Quelques réflexions.
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche L’étrange tropisme des femmes de sciences pour les associations de femmes et autres réflexions. Évalué à 6.
C'est quand même dommage d'associer le féminisme à cet espèce d'essentialisme naïf basé sur des préjugés. On n'est pas loin des débilités du style "Les hommes ont une meilleure orientation dans l'espace parce que les hommes préhistoriques chassaient pendant que les femmes s’occupaient des enfants."
Si c'était vrai que le groupe fonctionne mieux s'il y a plus de gens qui écoutent, alors la bonne catégorisation serait "à l'écoute" ou "prend la parole", pas "femme" et "homme".
[^] # Re: l'héritage et les exemples pourris
Posté par arnaudus . En réponse au lien « Clean code » : performances lamentables. Évalué à 3.
C'était ma compréhension naïve de la POO, mais le contact avec la STL de C++ a mis mes certitudes à rude épreuve. Par exemple, conceptuellement, ça m'a beaucoup gêné de ne pas avoir accès à des fonctions inefficaces pour certains containers. Par exemple, vector::push_front(). C'est une opération inefficace sur un vecteur, certes, mais ça empêche l'abstraction (en particulier, ça rend le benchmarking très difficile, alors qu'il y a des algos pour lesquels les performances relatives de différents containers mériterait d'être testé empiriquement). En gros, avec les containers de la STL, tu es obligé de savoir comment ils sont implémentés, parce que tu n'as accès qu'à une liste restreinte de méthodes en fonction de l'efficacité algorithmique des opérations. Est-ce qu'il n'y a pas là des principes qui se contredisent, et que les concepteurs de la STL ont choisi de trancher dans un sens sans laisser l'utilisateur décider?
[^] # Re: marchand de rêve
Posté par arnaudus . En réponse au journal Pays innovants : la Chine loin devant, les occidentaux largués. Évalué à 4.
Vu que la Chine est première sur les points 23 à 30 consacrés à l'énergie (nuléaire, photovoltaïque, hydrogène, batteries…), est-ce que ce n'est justement pas une démonstration qu'ils font ce qu'il faut pour ne pas être limités par l'énergie?
[^] # Re: marchand de rêve
Posté par arnaudus . En réponse au journal Pays innovants : la Chine loin devant, les occidentaux largués. Évalué à 5.
Ça, je pense que ça n'a aucune raison d'arriver. Du moment où tu as de l'énergie, tu peux remplacer n'importe quelle ressource rare par une autre solution technologique. C'est arrivé plein de fois au cours de l'histoire de l'humanité d'épuiser une ressource, et jamais on n'a abandonné la technologie. On trouve juste d'autres ressources pour remplacer. Ça sera peut-être plus cher, ou un peu moins efficace, mais je ne connais pas de technologie qui repose exclusivement sur un élément.
Certainement, mais comme tu ne voudras pas vendre les tiens, ça te fait une belle jambe. Et au pire, comme tu n'auras plus un rond, ils pourront même venir avec des technologies militaires supérieures et te prendre tes champs.
[^] # Re: marchand de rêve
Posté par arnaudus . En réponse au journal Pays innovants : la Chine loin devant, les occidentaux largués. Évalué à 4.
Les plantes, c'est plutôt dans les biotechs j'imagine…
Pour le reste, style management du paysage, gestion de l'eau, etc., c'est quand même dur d'appeler ça des technologies innovantes. Je ne pense pas que le rapport suggère une seule seconde qu'on puisse se passer de technologies existantes (il n'y a pas "la roue" dans les transports par exemple), de mettre en place des pistes cyclables, de cultiver des plantes peu gourmandes en eau dans les périodes de sécheresse, d'investir dans la rénovation des cours d'eau… Mais ça, on sait faire, il n'y a pas besoin de recherche innovante pour planter des haies. Il peut bien sûr manquer d'études d'impact ou de recherche appliquée pour savoir quel type de haies planter ou comment encourager les gens à prendre le vélo, mais ça n'est pas ce genre de choses que le rapport mesure.
Alors oui, tout ça est très technophile. Mais c'est aussi réaliste. Pendant que tu plantes des haies, les autres vont développer des ordinateurs quantiques. Et dans 40 ans, ils viendront dépenser leur richesse dans ton beau pays pour les vacances. On aura des champs, des rivières, de l'air respirable, peut-être même de la nourriture de bonne qualité et petite quantité, mais on vivra du tourisme et on devra importer tous nos bidules technologiques. Et nos armes, aussi. Je ne sais pas si c'est réjouissant.
[^] # Re: Lapin compris
Posté par arnaudus . En réponse au lien Pétition contre la réforme des retraites. Évalué à 3.
Est-ce que ça n'est pas non plus l'époque où la part des bénéfices reversée au capital a augmenté?
Je suis quand même un peu surpris que les salaires aient augmenté aussi peu sur la période 1970-2015 (+20%), alors que sur la même période le pouvoir d'achat du smic a fait +100%.
[^] # Re: Réponse de Normand
Posté par arnaudus . En réponse au message Écran Tactile. Évalué à 3.
Je ne sais pas trop ce que tu appelles "en mode tablette". Le problème, c'est que l'interface des bureaux Linux n'est pas trop optimisée pour le mode tablette. Par exemple, avoir plusieurs fenêtres sur l'écran, c'est galère en mode tablette; les menus sont trop petits, les ascenseurs sont trop petits, les bordures de fenêtre sont trop petites (déja que c'est galère avec une souris), les boutons pour fermer les fenêtres sont trop petits, etc. Il faudrait donc changer totalement l'interface quand on passe "en mode tablette", par exemple avec un raccourci clavier ou un "geste" de la souris, qui va passer en mode plein écran, augmenter la taille des icônes, etc. Il y a aussi le problème de l'émulation du clic droit, du clic du milieu, du glisser-désposer (par exemple, comment faire comprendre à la machine que quand on enfonce le clic avec la souris, on veut faire un glisser déposer, alors qu'en mode tablette, on veut faire un glisser-déposer si on bouge, mais on veut émuler le clic droit si on ne bouge pas. Comment faire en sorte qu'un long clic à la souis ne doit pas ouvrir le menu du clic droit? Comment faire en sorte qu'un "glissé" avec le doigt émule l'ascen). Ça donne quand même l'impression que de passer d'un mode à l'autre change le fonctionnement de base de l'interface; est-ce c'est même possible de faire ça intuitivement?
# Réponse de Normand
Posté par arnaudus . En réponse au message Écran Tactile. Évalué à 4.
En fait, selon mon expérience, ça à la fois fonctionne et ne fonctionne pas.
En gros, au niveau hardware, ça fonctionne. J'imagine que c'est détecté comme une souris, et ça fonctionne comme une souris.
Encore une fois, selon mon expérience, niveau software, ça ne sert pas à grand chose. Sous un bureau standard (défaut Ubuntu par exemple), il y a peu d'applications pour lesquelles ça peut être utile. Pour pouvoir attraper les ascenseurs, les bords de fenêtres, et autres icônes avec des grosses pattes de taille standard, il faudrait augmenter substantiellement la taille de tous ces éléments, ce qui rend le bureau grossier et diminue de beaucoup l'expérience de l'interface. Donc du coup, si on ne veut pas transformer son laptop en tablette pour locataire d'EHPAD, l'utilisation des doigts reste assez restreinte (lancer les logiciels localisés dans la barre?), donc ça n'est pas très utile.
[^] # Re: clickbait?
Posté par arnaudus . En réponse au lien Pétition contre la réforme des retraites. Évalué à 4.
Je plaide coupable. Rien n'est "indispensable", disons que la question est légtime. En pratique, en gardant une caisse de retraite indépendante pour les fonctionnaires, il devient quasiment impossible de la financer par les cotisations des fonctionnaires actifs. En l'état actuel des choses, ça revient à faire porter les retraites actuelles par les ministères qui emploient encore des fonctionnaires; plus on réduit le nombre de fonctionnaires et plus chaque fonctionnaire actif coûte cher, et donc plus il est difficile d'en recruter; ça fait diminuer la qualité du service public à budget constant, et ça entretient un cercle vicieux (on embauche des CDD et des CDI, donc les fonctionnaires coûtent de plus en plus, etc). Si on ne fait rien, c'est quasiment un arrêt de mort pour le statut de fonctionnaire.
Globalement, la fonction publique n'a pas à gagner de l'argent, mais elle a un devoir d'efficacité et de rationnalité dans la dépense de son budget…