arnaudus a écrit 5317 commentaires

  • [^] # Re: Les messages sonores dans le Tram

    Posté par  . En réponse au journal Des concepteurs qui ont éteint trop tôt leur cerveau. Évalué à 10.

    Dans le même style, dans le RER B parisien, la voix annonce les stations auxquelles le RER ne s'arrête pas. Sisi, je vous jure. "Ce train ne s'arrêtera pas à Parc de Sceaux". Évidemment, c'est là que les touristes étrangers regardent leur papier et disent "Pawk di Sooo… Yes, it's OK". Bah oui, ils sont bêtes aussi les touristes, ils partent du principe que le train annonce là où il va…

    Ce que je ne comprends pas trop, c'est que le RER B ne s'arrête pas non plus à Marseille Saint Charles, mais qu'ils ne l'annoncent pas.

  • [^] # Re: Ciao

    Posté par  . En réponse au journal Merci Linuxfr, aujourd'hui je fais mes valises. Évalué à 5.

    avant on était tous altruistes, doux et compatissants.

    C'est pour ça que j'ai écrit "révélé".

    les médias plantent consciencieusement des épouvantails

    Donc, ton hypothèse, c'est que Bolloré a créé et lancé Zemmour dans la présidentielle dans le but de faire élire Macron? Vu le profil du bonhomme (catholique traditionnaliste) et le fait qu'il s'est barré furax du dernier dîner auquel il a été invité à l'Elysée, ça me semble hautement improbable. C'est plutôt un argument ad hoc impliquant "des riches" et "des médias", et pas besoin de faire les liens logiques entre tout ça.

    Je ne sais pas qui sont les épouvantails de gauche créés par les médias auxquels tu fais référence, mais en tout cas, le seul candidat qui a été créé par les médias, c'est Zemmour, et il a été créé dans le but que Macron ne soit pas réélu (je doute que ça fonctionne, mais je pensais pareil pour Trump).

  • [^] # Re: Ciao

    Posté par  . En réponse au journal Merci Linuxfr, aujourd'hui je fais mes valises. Évalué à 3.

    En tout cas, si cette épidémie a révélé quelque chose, c'est probablement ce qu'il y a de pire en nous : l'égoïsme, l'agressivité, l'absence totale de bienveillance (vis à vis des opinions des autres, vis à vis des politiques, vis à vis des gens en mauvaise santé…). On ne peut pas dire qu'on s'est retrouvés sur des valeurs communes, et ça va durer vu ce qui se profile pour les prochaines élections présidentielles en France (s'il y a des francophones non-français parmi vous, vous avez aussi des candidats Pétainistes à 20% des intentions de vote chez vous ou c'est juste un truc isolé?).

  • [^] # Re: Je rejoins les déçus

    Posté par  . En réponse au journal Merci Linuxfr, aujourd'hui je fais mes valises. Évalué à 5.

    Je trouve dommageable, et ce depuis le premier confinement, que l'on ne mette pas plus en avant la responsabilité de chacun plutôt que la responsabilité des politiques.

    Ah mais ça, c'est profondément politique. Tu peux avoir une lecture collective et étatique de la gestion d'une épidémie (l'État prend les choses en main : on change les règles, on met en place des confinements, des obligations, des passe sanitaires, ou des obligations vaccinales), ou une lecture libérale (on met en place des centres de vaccination, on communique et on incite, mais la vie continue, chacun est responsable vis-à-vis des autres et de la collectivité).

    De manière peut-être un peu surprenante, le gouvernement en France a plutôt suivi la ligne non-libérale (la liberté des individus compte moins que le bien commun), ce qui est classiquement "de gauche". Les anglais et les US sont beaucoup plus sur une ligne libérale.

    Et non, ce n'est pas la fin du monde quand les mesures de contrôle de l'épidémie sont levées, mais il y a plus de morts quand même. Et c'est aussi beaucoup parce qu'on ne comprend rien à ce virus, on ne comprend pas ce qui provoque les vagues et surtout ce qui les arrête (la 4e vague s'est arrêtée en Angleterre pile quand certaines mesures ont été levées, c'est quand même assez surprenant). Lever les mesures de restriction, ça revient quand même à foncer dans le noir les yeux fermés, ça peut passer, ça peut être catastrophique; c'est compliqué de prendre ce risque pour tout un pays.

    Si on en revient aux chiffres, on a > 2100 morts/million en UK, et < 1800 en France. Donc, en assumant que la structure en classe d'âge etc. est comparable, on est à environ 25000 morts évités en France. C'est 5 ans de mortalité routière, c'est pas rien du tout.

    Et au final, ce qui différencie vraiment le fond des choses, c'est la valeur qu'on donne à la protection des faibles. Je pense que tout politique qui est bien conseillé sait que la crise économique due aux confinements génèrera probablement plus de morts et de souffrances que les morts du coronavirus, mais est-il possible d'être rationnel et utilitariste à ce point? Quand on aura à commenter les images de gens qui meurent sur les parkings des hopitaux, il faut quand même oser assumer que c'est un mal pour un bien.

  • [^] # Re: Je rejoins les déçus

    Posté par  . En réponse au journal Merci Linuxfr, aujourd'hui je fais mes valises. Évalué à 10.

    Mouais, alors entre les sociologues, les physiciens et les mathématiciens, ça n'est pas du tout la même démarche scientifique, donc c'est difficile de comparer.

    La formation scientifique de manière générale apporte des outils de réflexion et de compréhension, et ça, c'est partagé entre les ingénieurs et les chercheurs. Par exemple, un ingénieur devrait piger immédiatement pourquoi la communication à base de "x% des hospilatlisés sont non-vaccinés" va irrémédiablement se retourner contre le gouvernement, puisqu'au delà d'un certain taux de vaccinés ça va s'inverser. D'une manière générale, cette formation permet de maitriser l'abstraction mathématique, la modélisation, et la pensée quantitative ("si les vaccinés ont peur des non-vaccinés, à quoi sert le vaccin?" -> à apprendre à réfléchir quantitativement).

    Là où je te rejoins, c'est qu'une formation en électronique ne permet pas de donner son avis sur des travaux d'épidémiologie. Mais un chercheur en physique non plus ne devrait pas se permettre de donner son avis sur un modèle d'épidémiologie. L'ultracrépidarianisme n'est pas l'apanage des ingénieurs…

  • [^] # Re: Je rejoins les déçus

    Posté par  . En réponse au journal Merci Linuxfr, aujourd'hui je fais mes valises. Évalué à 10. Dernière modification le 29 novembre 2021 à 16:54.

    C'est toujours un peu triste quand quelqu'un doit partir parce qu'il ou elle ne trouve pas sa place dans une communauté. Mais linuxfr, c'est quand même à la base un site d'informatique, avec pas mal d'ingénieurs et gens qui ont une formation scientifique. Si on écarte les discours politiques outranciers (qui affirment, en gros, qu'on vit dans une dictature et que ceux qui refusent de le voir sont des collabos), il reste pas mal de cherry-picking dans la littérature scientifique, et ça n'est pas très intéressant, voire complètement trompeur.

    Du coup, c'est le genre de discours qu'on retrouve sans problème sur la quasi-totalité des réseaux sociaux. On peut aussi estimer qu'il est possible d'avoir des îlots sur Internet où on a le droit de lire des trucs sans toujours retomber toujours sur les mêmes discours incohérents. Il ne faut pas oublier que la liberté d'expression, ça n'a jamais impliqué le droit de publier n'importe quoi n'importe où. Personnellement, quand je clique "inutile" sur l'un de ces commentaires, c'est parce que je pense que c'est inutile sur ce site, comme seraient inutiles des discours religieux, platistes, complotistes, etc.: pas envie de lire ça ici.

    Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais je trouve d'ailleurs qu'on n'a jamais aussi entendu les gens qui prétendent qu'on vit en dictature et qu'on n'a plus le droit de ne rien dire.

    J'ai du mal à voir dans ce "départ" autre chose que la colère et la frustration du militant qui ne peut pas concevoir que d'autres ne sont pas d'accord avec lui. Je veux dire que sa colère et son agenda politique sont très probablement sincères, mais que la colère n'a jamais donné raison. Beaucoup de militants sont enragés à l'idée que la majorité de la société ne partage pas leurs combats, d'où les noms d'oiseaux (bourgeois, collabos…). Donc OK, ils sont frustrés, mais est-ce que ça leur donne raison? Peut-être qu'en effet, la société est conservatrice, et qu'elle aime bien rester dans une situation confortable pour elle malgré la détresse des autres (c'est probablement ce qui permet d'expliquer que la pauvreté ou la mort des migrants n'intéresse pas grand monde, ou pire, que le réchauffement climatique ne semble pas encore justifier des changements profonds de mode de vie). Mais l'histoire est remplie de militants bien intentionnés qui défendaient l'indéfendable, à commencer par les mouvements fascistes, et plus tard la fidélité des partis communistes européens au bloc de l'Est, malgré la certitude du tournant autoritaire des régimes communistes. Ou plus récemment, la fixation de certains militants écologistes sur des combats idéologiques (le nucléaire, les OGM…) deconnectés des problèmes réels de l'environnement. Bref, ce n'est pas parce qu'on est révolté qu'on a raison, et ce n'est pas parce qu'on se fait "jeter" que les autres sont intolérants. C'est peut-être aussi parce qu'on a dépassé le quota de c***ries tolérable.

    "en tous les cas, je n'aimerais pas être à la place de Macron en ce moment",

    Il n'y a pas qu'en ce moment, en fait. Le plus surprenant, c'est probablement l'amateurisme en terme de communication (ce qui s'explique probablement par le manque crasse de culture scientifique au sein du gouvernement; quand on ne sait pas douter, on raconte n'importe quoi avec certitude et on se prend la réalité en face). Mais sur le fond, la plupart des pays européens sont sur la même ligne : réagir très en retard, ne rien maitriser, mais assurer que la situation est sous contrôle; mettre en place des mesures de "bon sens" (masques, vaccins), et quand ça ne marche pas prétendre que c'est parce que les mesures ne sont pas assez suivies (alors qu'elles ne sont simplement pas assez efficaces à elles seules). Et surtout ne pas avouer qu'on ne sait pas du tout ce qui se passera la semaine prochaine, parce que ça serait considéré comme un aveu de faiblesse.

  • [^] # Re: S'attaquer à la source du problème

    Posté par  . En réponse au journal À la recherche des pièces détachées. Comment mieux (p)réparer notre futur, en réparant nos appareils. Évalué à 2. Dernière modification le 26 novembre 2021 à 16:34.

    Il faut augmenter la durée de la garantie légale. 2 ans, c'est trop peu.

    Après deux ans, tu vas avoir des problèmes de vétusté qui vont venir mettre le bordel sur certains appareils qui ne sont pas destinés à durer des années. D'une manière générale, le principe de la garantie, c'est d'assurer au client que l'article qu'il achète fonctionne. La garantie légale ne couvre pas le vieillissement, l'obsolescence, ou l'entretien.

    Il faut aussi rappeler que la garantie légale ne couvre normalement pas la main d'œuvre, ni le transport. Du coup, ça va faire une belle jambe à Mamie Machin d'avoir le droit de recevoir un moteur de machine à laver par un colissimo à 35€… Donc du coup, c'est une garantie commerciale (payante) et/ou des contrats de leasing qui encourageraient la longévité des appareils.

    Il faut exiger un démontage des appareils avec un outillage standard.

    Définir "outil standard". Est-ce qu'un arrache-moyeu ou une pince à circlips sont des outils standards? Comment fais-tu pour les tout petits machins qui nécessitent un micro-manipulateur ou qui sont montés par un robot? Comment fais-tu pour les trucs en plastique qui sont scellés? Les pièces collées, ou soudées? Tu voudrais interdire la soudure?

    Il faut exiger un support logiciel sur une durée encore plus longue que la garantie matériel.

    Le support logiciel, c'est le gars qui parle à peine français et qui te demande 12 fois si tu as redémarré l'appareil? Tu voudrais que la loi impose à toute entreprise de mettre à disposition un support dans la langue de ton choix, avec des devs compétents, des mises à jour, et un moyen de mettre à jour?

    Tes bidules electroniques sont déja garantis, s'il y a un bug qui empêche son utilisation, tu peux faire jouer la garantie. Le bug ne va pas apparaitre au bout de 3 ans, soit il est là, soit il ne l'est pas.

    Pour les logiciels, en général tu achètes la version courante, avec ses bugs. En fonction du business model de la boîte qui te le vend, les mises à jour peuvent être payantes (du coup, j'imagine que ça n'est pas à ça que tu faisais référence).

    Il faut exiger la publication de la documentation technique des composants d'un objet.

    J'imagine que c'est un des seuls trucs faisables dans ta liste, mais pas mal de constructeurs font déja ça. Ils publient des plans, des éclatés, avec les références des pièces détachées. Évidemment, s'il y a 1273 composants soudés sur une carte mère, tu ne vas pas avoir toutes les références, mais en général elles sont inscrites dessus.

  • [^] # Re: La logistique est un métier complexe

    Posté par  . En réponse au journal À la recherche des pièces détachées. Comment mieux (p)réparer notre futur, en réparant nos appareils. Évalué à 3.

    pourquoi est-ce que la pompe à eau de ta moto utilise un joint si spécifique, et pas une taille standard que tu pourrais acheter à BricoCasto du coin ?

    Il faut voir qu'il n'est pas interdit de mettre un joint de robinet sur une pompe à eau, si tu trouves la bonne taille. Mais bon, dans un moteur, il y a des contraintes de pression, température, et résistance chimique au liquide de refroidissement qui font que ce n'est pas le même type de joint.

    Et j'imagine que dans l'histoire, il y a de la propriété intellectuelle qui se ballade, et qui fait que ça n'est peut-être pas évident qu'il soit possible de monter une pièce d'une marque sur telle autre marque, au moins en neuf. En occasion, les casses savent très bien quelles pièces sont compatibles d'une marque à l'autre.

    Sur des pièces moteur ou impliquées dans la sécurité, j'imagine qu'il y a aussi une question d'assurance. Même si Solex et Motobilette utilisent exactement la même pièce (comment ça, c'est pas des marques de moto?), si tu montes un joint "Solex" sur ta Motobilette et que la pompe à eau casse, personne ne va aller assumer le problème. Le vendeur et le constructeur te diront que ça n'était pas la bonne pièce, et le fabriquant de la pièce te dira que ça n'était pas la bonne moto. Franchement, à la place du fabriquant de la pièce, tu prendrait le risque d'assurer la compatibilité pour 12 marques différentes, y compris quand tu sais que les constructeurs vendent leurs propres pièces officiellement compatibles? C'est terriblement compliqué.

    Du coup, je pense qu'il existe plein de pièces compatibles, mais que personne ne veut assumer le risque de t'assurer officiellement de la compatibilité. Les fabriquants qui estampillent les pièces, ça les arrange de te les vendre plus cher en tant que pièces constructeur, les constructeurs et les intermédiaires se font plus de marge (ils peuvent facturer le coût du stockage plus complexe, etc). Les fabricants low-cost, qui pourraient profiter d'un marché plus large, risquent d'être empétrés dans des problèmes de propriété intellectuelle et d'assurance; du coup, ils ne peuvent pas toujours assumer la compatibilité et les problèmes éventuels (retours, casse…).

    Mais ça n'est pas une généralité. Il y a peu de temps j'ai dû limer un bras de lavage pour lave-vaisselle, donné compatible pour mon modèle, mais qui dépassait d'un bon demi-centimètre en tapant dans les parois. Mais un bras de lave-vaisselle, c'est pas un joint de moteur de moto, les conséquences d'une compatibilité imparfaite ne sont pas les mêmes…

  • [^] # Re: Site spécialisé dans la pièce détachée

    Posté par  . En réponse au journal J'essaie de commander des pièces détachées pour du petit électroménager. Évalué à 4.

    C'est bien les ressourceries, mais ça ne peut pas être viable sans subventions ou bénévolat. Il faut des heures de travail pour remettre en état une machine à laver, ou bien la désosser et référencer et ranger toutes les pièces, et jamais tu ne pourras faire payer le coût de la main d'œuvre au client. Et encore, je pars du principe qu'on fait la réparation soi-même, ce qui est loin d'être évident. On vit dans un monde étrange où c'est bien moins cher d'acheter une machine neuve produite en Chine que de trouver une pièce détachée d'occasion à quelques kilomètres de chez nous, mais je ne sais pas du tout comment changer ça (à moins de taxer à mort l'importation, le transport, ou l'utilisation de matières premières).

  • [^] # Re: Site spécialisé dans la pièce détachée

    Posté par  . En réponse au journal J'essaie de commander des pièces détachées pour du petit électroménager. Évalué à 3.

    Les pièces de rechanges valent vraiment si chère

    La pièce en question ne va pas valoir si cher, mais il faut l'emballer individuellement, la stocker potentiellement des années, l'expédier individuellement, et faire payer le client pour toutes les pièces détachées produites, stockées, et jamais utilisées—ainsi que le coût de la trésorerie mobilisée pour acheter ces pièces des années avant leur vente.

    Le maintient des catalogues de correspondance entre toutes les pièces détachées et les millions de modèles de tous appareils de tous types est aussi probablement assez substantiel.

    Et j'imagine que les recours client sont aussi bien plus fréquents. J'ai déja renvoyé des articles au site dont il est question ici pour cause de mauvaise référence (ou plus exactement d'une erreur de photo, qui ne correspondait pas à la bonne pièce); ils ont géré la chose correctement, mais il y a forcément un traitement individuel de chaque litige. Il m'est aussi arrivé de demander à renvoyer un article pour cause d'erreur de référence (typiquement, quand il y a deux pièces qui s'appellent "joint torique pour lave-vaisselle XNNN23232"), et dans ce cas on m'a fait "cadeau" du mauvais article (j'imagine que les frais de traitement pour un envoi d'un joint à 2€ ne valent pas le coup).

  • [^] # Re: Durée de vie des disques durs

    Posté par  . En réponse au lien Stockage de données : la révolution sur ADN. Évalué à 2.

    L'ensemble du dispositif constitue donc un système extrêmement efficace puisque le taux d'erreur chute à environ une mutation pour 10 milliards de bases répliquées. (bon on a connu pire en informatique finalement…)

    … par réplication, mais comme il faut plusieurs dizaines (chez les femelles) ou plusieurs centaines (chez les mâles) de réplications par génération chez des gros machins comme nous, les taux d'erreur à notre échelle ne sont pas négligeables.

    Mais de toutes manières c'est un compromis. La fidélité de la réplication a un coût, et on se place au meilleur compromis coût/bénéfice. En gros, on se permet un taux d'erreur tel que la sélection naturelle peut éliminer les variants délétères (ça revient en gros à dire qu'il faut moins de quelques mutations problématiques en moyenne par génération, puisqu'il faut être sûr d'avoir une partie des descendants aussi viables que les parents pour ne pas perdre la population).

    Les enzymes bricolées pour la réplication de l'ADN en labo peuvent être bien plus fiables que la réplication naturelle. Mais pour le stockage de toutes manières, pas besoin de répliquer l'ADN : il faut le synthétiser et le lire. C'est donc plutôt les erreurs de synthèse et de lecture qu'il faut éviter.

  • [^] # Re: Durée de vie des disques durs

    Posté par  . En réponse au lien Stockage de données : la révolution sur ADN. Évalué à 10. Dernière modification le 24 novembre 2021 à 09:45.

    (Je ne suis absolument pas spécialiste du sujet alors je raconte peut-être n'importe quoi)

    Je suis spécialiste du sujet et je confirme (que c'est n'importe quoi ;-) ).

    L'ADN est un polymère de 4 "briques" de base (les nucléotides), dont l'enchainement peut contenir une information biologique. En réutilisant ce principe, on peut encoder deux bits par nucléotide.

    N'importe quel polymère pourrait faire l'affaire, mais l'ADN, c'est pratique : on a toute une technologie pour lire/écrire de l'ADN, et on peut réutiliser des enzymes issues de la nature pour faire tout un tas de trucs avec (par exemple, le répliquer).

    Les "erreurs" dans l'ADN ont des causes multiples, mais pour simplifier, deux causes majeures dans la nature : 1) la dégradation de la molécule (avec le temps, à cause d'attaques chimiques ou biologiques, etc), et 2) les erreurs de copie.

    La dégradation, c'est inévitable. Même si c'est une molécule très stable, l'ADN peut se casser et s'abimer. Certaines radiations (rayons X, UV…), certaines molécules (les "radicaux libres"), peuvent casser la molécule ou l'altérer d'une manière à ce qu'elle ne puisse pas être lue. C'est pour ça que même extrait des cellules et en solution, il faut conserver l'ADN dans de bonnes conditions. C'est aussi pour ça qu'il semble très peu probable de pouvoir séquencer un jour de l'ADN de dinosaure : même dans de très bonnes conditions, l'ADN finit par se dégrader irréversiblement (on arrive à remonter à quelques centaines de milliers d'années en arrière avec l'ADN fossile, ce qui est encore extraordinaire, et l'ADN est très dégradé, il faut reconstituer la séquence à l'aide de lourds traitements informatiques).

    Les erreurs de copie arrivent à chaque fois que l'ADN est répliqué dans les cellules (à chaque division cellulaire, en gros). Ça arrive partout dans notre corps au cours de notre développement et de notre vie (en gros, chaque cellule n'a pas exactement la même information), et ça participe au processus de vieillissement (après un certain temps, de plus en plus de cellules deviennent incapables de remplir leur rôle correctement). Ça arrive également dans les lignées cellulaires qui vont donner les gamètes (ovules et spermatozoïdes), qui contiennent le précieux ADN qu'on va léguer à notre descendance. Dans ces lignées germinales, il y a beaucoup de mécanismes pour limiter la quantité de mutations, mais rien n'est parfait, et chaque copie contient quelques erreurs. C'est assez mécanique en fait, les nucléotides se ressemblent pas mal chimiquement et il arrive que la machinerie de réplication mette le mauvais. Il existe des mécanismes de "proof-reading" capables de détecter la plupart des erreurs, mais il y en a toujours qui passent à travers. Il y a aussi des boulettes de grande taille (duplications, délétions, ou inversions de segments), et l'ADN peut aussi subir des "agressions" (de nombreux virus aiment bien s'y coller).

    Je pense que le commentaire précédent faisait référence à la recombinaison (échange entre chromosomes au cours de la formation des gamètes). La recombinaison peut aussi entrainer des erreurs (de type insertions / inversion), mais c'est secondaire (dans la mesure où les organismes sans recombinaison subissent des mutations comme les autres).

    Au final, chez l'Homme, le taux de mutation est de l'ordre de 10-8 / nucléotide / génération, ce qui fait en gros ~ 30 erreurs / gamète / génération (donc 60 erreurs par individu). Mais rassurez-vous, comme une toute petite partie du génome est fonctionnelle (~ 5%), que beaucoup de gènes ne sont pas essentiels à la vie, et que quand un gène essentiel est touché on ne nait simplement pas(*), les espèces peuvent perdurer. (La sélection naturelle joue aussi un rôle en limitant la fréquence des variants les plus graves).

    Pour revenir au stockage d'information, si l'ADN n'est pas répliqué et est conservé dans de bonnes conditions, a priori, c'est très stable. Par contre, c'est vraiment pour de l'archivage, parce que la lecture est destructive (au moins sur un sous-échantillon).

    (*) : vous êtes-vous déja demandé pourquoi la très grande majorité des trisomies sont des trisomies du chromosome 21, un tout petit chromosome avec relativement peu de gènes? Ce n'est pas du tout parce que les autres chromosomes ne peuvent pas subir le même sort (mauvaise disjonction au moment de la formation des gamètes), c'est simplement parce que que presque toutes les autres trisomies sont complètement létales (il me semble qu'on peut survivre avec une trisomie 22 partielle). Pour chaque trisomie 21, il y a donc probablement > 20 trisomies qu'on n'a jamais détectées parce qu'elles n'ont pas pu mener à un développement de l'embryon. Et paf pour ceux qui imaginent qu'il n'y a plus de sélection naturelle chez l'Homme :-)

  • [^] # Re: Comme ça me rappel des galère

    Posté par  . En réponse au journal J'essaie de commander des pièces détachées pour du petit électroménager. Évalué à 4.

    Le marché de l'électro ménager est totalement fou, essayer d'acheter une machine à laver, par exemple, il y a un nombre totalement hallucinant de référence, même au sein d'un même constructeur. C'est à n'y rien comprendre. Quelle est la différence entre un machine X de marche S et une machine Y de marque S ?

    Je trouve justement que les sites de vente de pièces détachées font plutôt un bon boulot pour trouver la référence qui va bien quand on a le numéro de modèle complet. Il y a ensuite un lien vers les trillions de modèles de toutes marques qui utilisent la pièce.

    Il faut quand même faire attention, à plusieurs reprises j'ai dû limer ou faire de trous dans une pièce détachée neuve, parce qu'il y a une différence entre "compatible" et "pièce d'origine". Il peut arriver qu'en effet, l'interface est compatible (tuyau du bon diamètre, etc), mais que la pièce est fichue différemment et qu'un morceau dépasse du côté où il ne faut pas et qu'en fait, ça ne rentre pas parce que ça touche la pièce d'à côté.

    C'est un peu pareil sur les voitures. Quand on a une vieille voiture et qu'on commence à faire les casses, on s'aperçoit que le bouchon du réservoir d'huile d'une Citroën est le même que celle d'une Volvo essence, mais seulement produite entre 2003 et 2007.

    Pour les modèles de machine à laver, j'ai l'impression que le numéro de modèle change à chaque nouveau lancement de chaine de montage; peut-être parce que d'un mois à l'autre, il est impossible de trouver exactement les mêmes pièces et qu'on n'arrive jamais à refaire à l'identique le modèle précédent. Ou que le numéro change par principe toutes les semaines, même si les modèles sont rigoureusement identique. J'imagine que la plupart des usines produisent pour plusieurs marques, en rotation; du coup, les mêmes lots de pièces sont utilisées pour des marques différentes.

  • [^] # Re: Le plastique c'est pas fantastique

    Posté par  . En réponse au journal J'essaie de commander des pièces détachées pour du petit électroménager. Évalué à 3.

    Ma mère a toujours son Thermomix orange des années 1970 :-) Du coup, question recul, c'est quand même pas mal.

    Pas sûr que les pièces détachées soient disponibles ceci dit. Le problème principal est que le plastique orange des années 1970, ça cristallise avec le temps et ça devient cassant.

  • [^] # Re: Peut être un peu de colle forte

    Posté par  . En réponse au journal J'essaie de commander des pièces détachées pour du petit électroménager. Évalué à 7.

    Mouais, sauf que ce n'est pas quand même tout à fait la même colle, hein… Les colles chirurgicales ont une composition spécifique pour être mieux tolérée par l'organisme.

    La super glue sur les plaies, c'est de la médecine de guerre peut-être.

  • [^] # Re: Peut être un peu de colle forte

    Posté par  . En réponse au journal J'essaie de commander des pièces détachées pour du petit électroménager. Évalué à 10. Dernière modification le 21 novembre 2021 à 00:24.

    Bon, je 'auto-rectifie d'après l'INRS, c'est surtout toxique par inhalation. Pour faire crever les rats, il faut leur en faire ingérer plus d'un g par kilo, et c'est la polymérisation dans l'estomac qui semble problématique. Pour un adulte en bonne santé, ça ferait quand même une dose de 70g, soit 23 petits tubes de 3g. Pas d'effets cancérigères ou reprotoxiques à long terme.

    Voila que je me demande si quelqu'un dans le monde s'est déja enfilé 23 tubes de super-glue. Peut-être que ça n'est pas proportionnel par rapport au rat? Peut-être que 10 tubes suffisent? Ou peut-être qu'on peut en prendre 100 et que tout va bien?

    Bref, ne pas en prendre tous les matins au petit dej, mais pour réparer un bol de mixer, c'est un risque qu'on peut prendre.

    Par contre, c'est comme la compote, faut pas la respirer, ça fait tousser. C'est un problème réel (maladies chroniques) pour les gens qui en utilisent dans leur boulot.

  • [^] # Re: Peut être un peu de colle forte

    Posté par  . En réponse au journal J'essaie de commander des pièces détachées pour du petit électroménager. Évalué à 9.

    Euh… C'est toxique, la colle cyanoacrylate. Là, il y a quand même un contact alimentaire… Il existe des colles certifiées pour les contacts alimentaires, mais à mon avis ça va dépasser le budget réparation.

    Alors oui, il n'y a pas beaucoup de colle, et le machin va passer 15 fois au lave-vaisselles et la quantité qui va réellement passer aux aliments est très faible. Et puis c'est modérément toxique. Mais bon, c'est juste une bonne idée de ne pas manger n'importe quoi non plus. Si un industriel vendait des contenants alimentaires collés à la super-glue, tout le monde hurlerait.

  • [^] # Re: Si je me souviens bien ...

    Posté par  . En réponse au journal la monnaie libre présentée par son créateur. Évalué à 0.

    L'autre membre du couple à pu démissionner pour suivre…

    Tout ça c'est quand même lié à la fluidité du marché du travail. Devoir déménager quand on change de boîte c'est bien parce que tu n'as pas trouvé un boulot convenable dans ton bassin d'emploi.

    Le fait que l'investisseur veuille une rentabilité a 20% n'a aucun sens,

    Ça a du sens pour l'investisseur, non? Il veut maximimser son profit. En règle générale, les investisseurs veulent à la fois optimiser la rentabilité immédiate et la rentabilité à long terme, puisque le long terme conditionne aussi ce qu'il pourra éventuellement retirer de ses actions quand il les vendra.

    tout ça car la doctrine dit qu'il faut une masse salariale minimum.

    La mauvaise gestion n'a pas attendu les investisseurs gourmands, c'est partout pareil, y compris dans la fonction publique qui n'a pas d'actionnaires à satisfaire.

    les conseils de directions s'assoient sur des notions simple comme l'éthique ou l'écologie,

    L'éthique et l'écologie sont, à ton avis, des notions simples?

    D'une manière générale, tu es en train de prétendre qu'une entreprise devrait maximiser tout un tas de critères qui ne sont pas liés à son profit. On sait comment essayer d'aligner les intérêt des entreprises avec les intérêts de la société : par la loi (rendre illégal des choses qui sont contraires à l'intérêt commun) et par l'incitation (avantages fiscaux quand on fait quelque chose que la société considère comme positif).

    Après, il n'est pas impossible en effet que les entreprises aient des objetifs qui ne sont pas liés à leur profit. La plupart en ont, de tels objectifs, que tu pourrais étiqueter, selon tes critères, positifs ou négatifs. Les dirigeants et les cadres des entreprises sont des êtres humains qui ont tous des convictions, et qui peuvent (ou non) les faire coïncider avec leur boulot. Mais je n'arrive juste pas à comprendre comment tu voudrais imposer ça de l'extérieur des entreprises. Tu voudrais qu'un marchant d'armes agisse éthiquement? Genre, arrêter de vendre des armes? En pratique, ça se passerait comment?

    On peut aussi ajouter les constructeurs automobiles qui vont truquer les tests anti-pollutions au détriment de la santé globale

    Ça c'est de la fraude, c'est déja interdit. Tu voudrais que ça soit encore plus interdit?

    Déjà si on imposaient qu'une boite devait verser des primes aux salariés (répartie en fonction du nombre d'heure travaillées, et non du salaire) d'un montant au moins équivalent aux dividendes,

    Beaucoup d'entreprises le font déja, soit par des primes d'intéressement aux résultats, soit par la distribution d'actions. Mais ça fait partie du salaire (un employé qui quitte la boîte perd ces bénéfices), tout comme les divers avantages (tickets restaurants, voiture de fonction…).

    Si tu l'imposes, les boîtes arrêteraient peut-être de verser des dividendes et rachèteraient leurs actions par exemple, et tu retournerais au point de départ. Et la boîte peut dégager beaucoup d'argent mais tout réinvestir par exemple, dans ce cas tu ne verses pas de primes? De toutes manières, toute législation contraignante sur le coût du travail va entrainer une migration vers l'externalisation. Avec ton système par heure de travail, tu voudrais récompenser les bas salaires, mais le résultat va être que les gusses qui vident les poubelles vont, s'ils ne le sont pas déja, être remplacés par des intérimaires embauchés par un prestataire, et pfiout, fini la prime.

    Il y a une logique derrière le fonctionnement de l'économie; c'est une logique que tu n'aimes peut-être pas, mais tu ne peux pas affirmer que ça n'a aucun sens. Le capital est rémunéré par ce qu'il rapporte à son propriétaire, le travail est rémunéré comme un service. Comment voudrais-tu rémunérer le travail par ce qu'il rapporte? Dans une entreprise de 1000 salariés, comment savoir qui rapporte quoi? Certains services ne rapportent rien (par exemple la compta), les salariés ne devraient pas être rémunérés? Les fonctionnaires ne devraient pas être payés?

    Un des seuls avantages de vivre dans une société libérale, c'est que toi aussi tu peux monter une entreprise et décider d'être éthique, écologique, de rémunérer tes employés autant que tes actionnaires; tout ça ,tu es libre de le faire avec ton argent. Évidemment, ce que tu proposes, en fait, tu ne veux pas le faire avec ton argent, mais tu veux le faire avec l'argent des autres. Rassure-toi, j'ai aussi beaucoup d'idées de trucs à faire avec l'argent des autres! On en est tous là. Ça n'est pas une histoire de classe sociale d'ailleurs; les ouvriers ont plein d'idées sur ce que les actionnaires devraient faire avec leur argent, et les bourgeois ont plein d'idées sur ce que les ouvriers devraient faire (ou surtout ne pas faire) avec leur argent. Même au sein d'une classe sociale c'est très répandu ("tu ne devrais pas acheter chez Amazon")… Et les politiques (pourtant même supposément libéraux) ont la même attitude : il faudrait acheter Made in France, les Polonais devraient acheter des avions Français… C'est une maladie universelle. Je ne trouve pas l'économie libérale attirante éthiquement : elle est simplement amorale. En économie, il n'y a pas de bien ni de mal, il y a juste des acteurs qui font ce qui leur chante (dans les limites de la loi, qui préserve les libertés des acteurs). Je ne pense pas qu'on puisse moraliser quelque chose qui est fondamentalement amoral. S'il n'y a pas de raison de payer plus les gens, alors toute contrainte sera facilement contournée. Tu tapes trop fort sur les grosses boîtes? Tu vas Uberiser la société. Tu bureaucratises l'entreprise pour empêcher les "petits" de contourner les règles sociales? Tu vas favoriser les multinationales. Pour réformer quelque chose, il faut y aller de manière très, très précise, c'est très difficile de ne pas tout péter, et si ça déséquilibre trop le système, ça va être contourné.

  • [^] # Re: Si je me souviens bien ...

    Posté par  . En réponse au journal la monnaie libre présentée par son créateur. Évalué à 2. Dernière modification le 17 novembre 2021 à 13:47.

    Mais moins rentable que la bourse.

    Bah, c'est sûr que si l'économie réelle est moins rentable et plus hasardeuse que la spéculation, alors c'est quand même assez logique que les épargnants (sans même évoquer les gros capitalistes) aillent voir vers la spéculation…

    Quand on dit "la bourse", c'est seulement la spéculation boursière. Parce que l'achat d'actions, la participation aux conseils d'administration, les dividendes etc., ça fait partie de l'économie réelle.

    A partir du moment où la spéculation devient plus rentable que le travail

    La spéculation revient à essayer de jouer mieux que les autres spéculateurs, donc il y a des gagnants et des perdants. Ou alors, les gagnants n'ont pas vraiment gagné. Par exemple, prenons le Bt : beaucoup de spéculateurs investissent, et la valeur monte. Mais les spéculateurs n'ont pour l'instant rien gagné, il faut qu'ils revendent leurs Bt pour gagner de l'argent. Or, s'ils les vendent, le Bt va baisser. Donc quand on dit que la spéculation est rentable, c'est compliqué. Soit on parle d'un sous-ensemble des spéculateurs, soit les calculs de rentabilité sont virtuels, soit on parle d'une grande moyenne qui est due à l'augmentation du nombre d'acteurs dans le système, mais dans ce cas ça ne monte pas tant que ça.

    Ce que je ne comprends pas dans ton argument, c'est que le travail lui-même n'est pas rentable, il permet éventuellement de rendre un capital rentable en l'exploitant. Mais c'est la faute de qui si le travail ne permet pas de rentabiliser un capital?

    Dans la compréhension "moderne" de l'économie, le travailleur ne paye jamais. Il loue sa force de travail, il touche un revenu "fixe" qui correspond à cette location. Si le travail est rentable, le capitaliste gagne de l'argent, s'il ne l'est pas, le capitaliste perd de l'argent. C'est donc le capitaliste qui prend le risque, et c'est ça qui justifie que c'est lui qui encaisse les bénéfices éventuels. Le travailleur, lui, a tout intérêt à louer sa force de travail au plus offrant. S'il ne trouve pas, ou si les conditions ne sont pas suffisantes, il est libre de ne pas travailler. Évidemment, cet équilibre fonctionnerait si les gens n'avaient pas besoin de manger et de se loger, et j'imagine que c'est cette "approximation" dans le modèle qui est considérée comme scandaleuse. C'est d'ailleurs pour ça que les socio-libéraux défendent les minima sociaux ou le revenu universel, c'est pour rétablir un fonctionnement correct de l'offre et de la demande dans le monde du travail. Mais au final, ce que le travailleur perd dans l'histoire, c'est l'opportunité de travailler tout court parce que le chômage structurel est trop élevé pour que le marché du travail soit fluide. Dans un marché du travail fluide, le travailleur n'est pas plus perdant que les investisseurs.

    spéculer ne crée pas de richesses

    Certes, mais il n'en détruit pas (ou peu) non plus. Il détourne une partie du capital (mais est-ce qu'on manque de capital actuellement? Les banques centrales sont ouvertes à fond, les taux sont bas, n'importe quel acteur du monde de la finance peut emprunter ou obtenir autant d'argent qu'il le souhaite, c'est plutôt les opportunités d'investissement qui manquent). Je trouve qu'il existe de vrais arguments déontologiques contre la spéculation (de l'ordre de "c'est pas bien"), mais à part dans des cas particuliers (la spéculation sur les matières premières, qui font monter les prix et impactent l'économie réelle, ou bien les conséquences écologiques d'une activité principalement spéculative, comme le minage de Bitcoins), la spéculation n'est pas la cause des problèmes de la société. Certes, il va y avoir des gens qui vont devenir très riches sans avoir rien fait d'utile, c'est injuste et déprimant, et c'est une cible facile, mais ça n'est pas ça qui explique pourquoi les autres sont pauvres. On pourrait collectivement décider qu'il doivent rendre leur pognon à la société pour des raisons éthiques, ou alors par simple jalousie, mais il y a trop de pauvres : on peut rendre les riches moins riches, mais ça ne rendra pas les pauvres moins pauvres si on ne fait que transférer l'argent.

  • [^] # Re: Si je me souviens bien ...

    Posté par  . En réponse au journal la monnaie libre présentée par son créateur. Évalué à 3.

    Ça me fait penser que je ne connais toujours pas le nom de ce genre de systèmes spéculatifs : le jeu est de rentrer le plus tôt possible et de sortir avant que tout ne s'effondre; à un moment donné on ne sait jamais si ça va s'effondrer le lendemain (et donc, il ne faudrait pas rentrer), ou si ça va tenir encore assez pour que d'autres rentrent après nous (et donc, il faut rentrer, au moins si on est un vil spéculateur cupide). Il y a des similarités avec les systèmes de Ponzi, mais ça n'est pas ça exactement.

  • [^] # Re: Si je me souviens bien ...

    Posté par  . En réponse au journal la monnaie libre présentée par son créateur. Évalué à 3.

    Le truc c’est qu’en cas de décroissance faudrait aussi détruire de la monnaie pour que le raisonnement tienne. Ça doit pouvoir se faire techniquement.

    Je pense d'ailleurs que ça se fait automatiquement. En cas de décroissance, il y aura une baisse des investissements, donc une baisse des emprunts bancaires. Le remboursement des emprunts existants va donc détruire de la monnaie. Je ne sais pas si le processus est équilibré ou non et si ça peut être transitoirement catastrophique (style, manque de monnaie?).

    Je ne suis pas macro-économiste, mais j'ai quand même l'impression qu'il existe maintenant une sorte de consensus sur la déconnexion entre la masse monétaire et les prix. Pendant longtemps on a pensé qu'injecter de la monnaie (par exemple, par la planche à billets) faisait augmenter les prix (d'où inflation (étymologiquement, augmentation de la quantité d'argent en circulation) <=> augmentation des prix), mais depuis 20 ans la masse monétaire augmente démesurément en Europe et aux US, alors que l'augmentation des prix est très limitée. J'ai cru comprendre que c'était parce que la nouvelle monnaie allait directement dans des bulles spéculatives (l'économie réelle n'étant pas vraiment rentable) et ne rentrait pas vraiment dans le circuit.

    La mauvaise rentabilité de l'économie réelle semble être la cause des dérives délirantes de la finance, quand on a des sous à placer quelque part, mieux vaut investir dans des trucs débiles (produits spéculatifs, monnaies virtuelles, bulles immobilières…) que dans une entreprise. Paradoxalement, il y a une (juste) demande des citoyens à taxer les bénéfices des entreprises…. mais ça ne va que favoriser la spéculation, puisque ça va encore plus faire baisser la rentabilité de l'économie réelle.

  • [^] # Re: Si je me souviens bien ...

    Posté par  . En réponse au journal la monnaie libre présentée par son créateur. Évalué à 10.

    N'empêche, ceux qui ont cru en l'arnaque des crypto monnaies sont aujourd'hui riches de chez riches.

    Il n'a pas dit "arnaque", il a dit "attrappe-nigaud". Mais c'est nettement plus complexe que ça. Il s'agit de produits virtuels presque intégralement spéculatifs, leur seul lien avec l'économie réelle étant le coût du matériel et de l'énergie permettant de les "miner". Je ne pense pas qu'il existe de produit plus spéculatif, une sorte d'essence de ce que la finance fait de "pire".

    Pour l'instant, les monnaies virtuelles n'ont pas d'impact sur l'économie réelle : elles ne représentent que trop peu de la masse monétaire. Elles ont par contre un impact sur le climat et nos dépenses énergétiques, ce qui justifierait totalement leur interdiction, mais c'est un autre débat.

    Comme tout produit très spéculatif, le risque ne concerne que les gogos qui se lancent là-dedans. On peut gagner très gros, on peut perdre très gros, et plus on y va en mode "yolo", plus on a des chances de perdre (puisque ce monde est rempli de gens plus malins et plus riches qui n'y vont justement pas les mains dans les poches). Une sorte de casino géant, en gros. Évidemment, les grands gagnants sont les fondateurs du système; à mon avis, le Bt par exemple a des propriétés tellement mauvaises pour une monnaie (hyper-inflationniste et transactions non-instantanées) qu'il semble impossible qu'il ait été conçu autrement que comme un instrument spéculatif (et vendu ensuite comme une monnaie).

    Donc c'est difficile de parler formellement d'arnaque ou d'escroquerie, mais je n'arrive pas à comprendre ceux qui présentent les crypto-monnaies comme des monnaies réelles. La seule raison d'utiliser les crypto-monnaies, c'est de faire bouger de grosses sommes à l'international sans pouvoir être tracé, donc, en gros, pour des activités illégales. Comme les transactions sont payantes (rémunération des mineurs et taux de change quand on retransforme en "vrais" brouzoufs), on perd de l'argent à chaque échange, donc il faut une bonne raison pour utiliser des Bt. Peut-être qu'il y a quelques paranos ou idéalistes dans le tas, qui "payent" pour ne pas passer par le système bancaire traditionnel (qui fait aussi payer les transactions, d'ailleurs), mais j'imagine qu'en volume, ça ne doit pas représenter grand chose.

    Du coup, je n'ai pas grand chose à dire contre ceux qui essayent de jouer aux grands spéculateurs et tripatouillent des monnaies virtuelles, c'est une occupation comme une autre et ça vaut bien les jeux à gratter. Ceux qui fondent des monnaies par idéologie, on peut toujours discuter; je pense être en désaccord profond avec eux (je ne pense pas que les problèmes des systèmes économiques soient liés à la monnaie, je pense que les transactions financières doivent être traçables et réversibles, et je ne suis pas assez libéral pour penser que l'utilisation d'une monnaie non-officielle doive être légale), mais je pense qu'ils sont plus victimes (de désinformation, et parfois de la manipulation idéologique par ceux qui se servent d'eux pour faire la publicité d'outils de spéculation) que coupables. Les vrais arnaqueurs, c'est 1) les fondateurs de ces systèmes, et 2) les gros utilisateurs qui se servent de ces systèmes pour des activités criminelles ou délictuelles; les nuisibles à combattre sont aussi les intermédiaires (typiquement, ceux qui proposent de changer du vrai argent contre du faux argent) et les profiteurs (spéculateurs et mineurs).

  • [^] # Re: Millions, milliards...

    Posté par  . En réponse au lien Trop de millions fait lâcher la rampe.. Évalué à 3.

    Sur Terre ça a du sens, sur Mars beaucoup moins. Petit rappel : sur Mars il y a de la poussière partout comme sur la Lune (donc les panneaux solaires sont sales et couvertes rapidement), le Soleil envoie moins d'énergie sur Mars à cause de la distance.

    Dans le cas d'une mission habitée, ça n'est pas très difficile de nettoyer les panneaux solaires, et il n'y a pas de nuages. L'irradiance est d'environ 1360W.m-2 pour la terre, et 590W.m-2 pour mars, mais avec une atmosphère plus fine et dépourvue d'humidité, au niveau du sol, la différence n'est pas gigantesque.

    Tu as des sources sur la poussière sur les panneaux solaires sur la Lune? Sans atmosphère, je ne vois pas comment le régolithe se retrouverait sur les panneaux solaires, à moins que l'activité des astronautes à proximité suffise. Sur un rover, je comprends que les roues soulèvent de la poussière, mais pour une ferme de panneaux solaires fixes à distance d'une station habitée, le risque me semble faible.

    Par contre, pour la lune, la durée de la nuit (15 jours) me semble vraiment problématique. Il faut d'énormes batteries pour stocker l'énergie, et les batteries c'est très lourd; le choix du pôle sud pour une station éventuelle doit probablement beaucoup tenir à ça.

    C'est d'ailleurs sans doute le principal manque scientifique du film Seul sur Mars,

    Ça n'est pas le seul, mais c'est vraiment dommage de commencer par ça (sans compter un décollage dans de telles conditions).

    Une belle vidéo

    déja vue :-) Un poil pessimiste à mon avis (parce que c'est la ligne éditoriale de la vidéo). Par exemple, les conditions de voyage ressembleraient à ce que connaissent les militaires dans les sous-marins nucléaires (et eux n'ont même pas de hublots), et ils ne deviennent pas fous en quelques semaines.

  • [^] # Re: Millions, milliards...

    Posté par  . En réponse au lien Trop de millions fait lâcher la rampe.. Évalué à 3.

    Une livraison de vivres perdues/piratées/endommagées et c'est la survie de toute la colonie qui est en danger.

    Alors 1) c'est à peu près pareil pour l'ISS (il faut des mois pour préparer un cargo, on ne peut pas lancer une fusée le lendemain s'il y en a une qui merdoie), et 2) j'imagine que les planificateurs des missions ne seraient pas débiles au point de ne pas se prévoir assez de vivre pour tenir au cas où quelques cargos se perdraient. Pour une colonie Martienne, on ne peut pas envoyer des cargos régulièrement, la fenêtre c'est tous les 2 ans et demi. Il faudra donc lancer plein de cargos tous les deux ans et demi, avec assez de redondance pour se permettre d'en perdre quelques uns.

    Et s'il y a une maintenance critique à faire qui nécessite des pièces indisponibles immédiatement dans la station, on fait prier les résidents spatiaux pour leur survie ?

    La seule possibilité sur l'ISS c'est de rentrer. Autrement, en cas de panne urgente, il est strictement impossible de préparer un cargo en quelques jours.

    ça me paraît tout à fait cohérent qu'il soit nécessaire de dépenser plus d'énergie pour maintenir l'autonomie spatiale que l'autonomie terrestre

    La question, c'était qu'une colonie martienne de quelques personnes ou même de quelques dizaines de personnes ait besoin de plus d'énergie que la terre entière, et c'est assez absurde. Évidemment que vivre sur Mars nécessite de chauffer plus, probablement de dépenser de l'énergie pour créer des molécules dont on a besoin (oxygène, par exemple), etc. Mais tout ça semble assez faisable avec les moyens du bord, panneaux solaires, éoliennes, etc. Rien ne nécessite des mégawatts, je ne sais pas d'où peut venir cette idée.

    Mais encore une fois, l'autonomie ça semble totalement impossible avec les technologies actuelles. C'est sûr que si tu veux construire une usine martienne de production de puces électroniques, ça va être compliqué, mais c'est juste que c'est complètement absurde. Les martiens se feront livrer les CPU comme nous, en fait, parce qu'à moins que les choses aient changé dernièrement, les CPU de mon ordinateur ont voyagé plus loin que moi…

  • [^] # Re: Millions, milliards...

    Posté par  . En réponse au lien Trop de millions fait lâcher la rampe.. Évalué à 4.

    C'est exactement ça. La technologie pour installer une station sur Mars, sur le modèle de l'ISS mais beaucoup plus loin, est une technologie du XXIe siècle. On n'a pas besoin d'innovations de rupture, on sait envoyer des tonnes de matériel sur Mars, on sait faire vivre des astronautes en autarcie pendant des mois, etc. Bon, OK, on n'est pas sûrs par contre de savoir les faire revenir :-) Mais pour y aller et survivre là-bas pendant un temps plus ou moins long, ça devrait aller.

    Installer une colonie autonome sur Mars, c'est totalement hors de portée. Ça n'est pas en disant "il faudra installer des usines" qu'on règle le problème : une usine a besoin de matières premières complexes pour fonctionner. On pourra facilement installer les imprimantes 3D par exemple, mais faire le plastique sur place? Tout ça parait très, très complexe. Il faudrait revoir la totalité de la chaine industrielle qui produit les équipements spatiaux pour faire en sorte que toutes les technologies puissent être produites intégralement localement. Et évidemment, l'autre problème, c'est la nourriture. Il sera peut-être possible de faire pousser des patates comme dans le film, mais je ne suis pas sûr que beaucoup de gens accepteraient d'aller sur Mars s'il fallait manger des patates matin midi et soir toute sa vie. Comment produit-on de la viande sur Mars? Peut-on mettre en place un cycle de l'azote? Peut-on fixer le CO2 atmosphérique, la seule source locale de carbone?

    En fait, j'ai l'impression que plus que des usines de production de biens, il faudra une industrie chimique, capable de prélever dans l'environnement de quoi assurer les besoins de la colonie : carbone, azote, phosphore, eau, métaux, etc., et de resynthétiser toutes les molécules de base non-biologiques (polymères, alliages, etc). À l'échelle d'une petite colonie, les objets peuvent être fabriqués artisanalement, mais comment faire un ordinateur, par exemple?