Pierre Roc a écrit 426 commentaires

  • [^] # Re: Quel est le problème

    Posté par  . En réponse au journal [HS]Le monde de la pub s'attaque aux comiques français. Évalué à 4. Dernière modification le 23 juin 2014 à 22:11.

    C’est ce qu’on appelle les biens substituables (ou tout simplement substituts). Deux biens sont substituables lorsque les variations de prix de l’un impactent la demande sur un autre.

    En règle général les substituts sont de nature similaire, mais ce n’est pas systématique.

  • [^] # Re: En effet

    Posté par  . En réponse au journal Les libertariens : rien de libertaire, tout de fasciste . Évalué à 5. Dernière modification le 23 juin 2014 à 21:30.

    Put*** encore un petit tour de manège sur la liberté économique ?

    Bon, histoire de changer, pour ceux que ça intéresse. Par contre le consommateur et le travailleur c’est pas les mêmes, tout dépend des métiers dont on parle…

  • [^] # Re: Un débutant en photo

    Posté par  . En réponse au message Un appareil photo ?. Évalué à 2. Dernière modification le 22 juin 2014 à 21:28.

    Darktable utilise Gphoto2, comme beaucoup d’autres logiciels. Il y a la liste des appareils et des fonctionnalités de contrôle par ordinateur disponible ici. Darktable propose une procédure rapide pour vérifier le fonctionnement des appareils (attention à juste vérifier dans les menus de l’appareil que l’option de connectique USB est la bonne, c’est-à-dire pas celle d’un bête espace de stockage mais le PTP/MTP/autre nom barbare), disponible ici (en ayant le binaire gphoto2 installé, binaire qui propose la capture par intervalle par ailleurs…).

    Perso. j’ai jamais utilisé.

  • # Un débutant en photo

    Posté par  . En réponse au message Un appareil photo ?. Évalué à 3. Dernière modification le 22 juin 2014 à 00:15.

    Perso. j’ai fait le choix d’un compact dit expert (c’est un poil pompeux pour ce que c’est…). La génération la plus récente est lancée autour de 500 €, mais en prenant la génération qui précède on peut en trouver à moins de 300 €. Ceci dit, n’oublie pas que pour un compact, l’autonomie est assez faible (2-300 photos grand max au pif-o-métrique, mais avec mon usage je descend à 100 voir 50, c’est catastrophique), il faut donc ajouter dans le budget, en fonction de l’usage prévu, quelques batteries sans marque supplémentaires et une carte mémoire de bonne qualité (pour avoir un bon débit d’écriture).

    Avec les compacts experts, le RAW est disponible si je ne m’abuse, par contre j’ai pas souvenir que les grands publics en disposent.

    Pour ce qui est de la lecture du RAW, les formats courants sont supportés sous Linux (à vérifier tout de même mais ça prend 30 secondes en allant sur les sites web des logiciels. Y’a juste une techno un peu spéciale mais le budget n’est pas le même donc tu ne devrais pas y être confronté). À priori le soucis n’est pas là. Par contre j’ai eu la mauvaise surprise de constater que la correction de la distorsion était absente sous Digikam. En passant à Darktable, problème résolu. Je trouve que c’est la distorsion qui est la plus emmerdante parmi les défauts optiques, quand on fait de l’archi. tout particulièrement. D’autant que les fabricants d’optique semblent se laisser aller parce que ça se corrige bien par l’informatique (et la correction de la distorsion typique d’un grand angle permet même de gagner un peu en définition au centre ;). Je te conseille de vérifier ce genre de détail en utilisant directement le logiciel (pas besoin de l’appareil photo pour cela, sous Darktable par exemple j’ai un menu déroulant qui liste toutes les marques et tous les appareils).

    L’avantage du compact expert, ce sont les fonctionnalités supplémentaires : bien souvent mode PASM (faut voir si ça vout le coup, en fonction du couple capteur/optique) avec la correction d’exposition et une ergonomie plus facile (quoique, je trouve les appareils modernes pas très bons sur ce point, même sur du très haut de gamme j’ai été surpris de constater que la bague d’ouverture avait sauté, certes pour des raisons techniques justifiée, mais ça le fait pas, enfin… passons).

    Pour ce qui est de l’objectif, il n’y a pas de miracle : les gros zoom ne donneront pas d’aussi belles photos (surtout à grand zoom, ou tu auras au mieux un bloc-note visuel). Et l’optique, c’est vraiment le facteur limitant maintenant que la techno. des capteurs électronique est mature (tous les appareils ont suffisamment de pixels, par contre pense à regarder la montée en ISO aussi, car avec un grand zoom, ton optique ne sera pas très lumineuse).

    Sur ce point j’ai comme un doute, avec le RAW et tout, je suis pas sûr qu’il existe des appareils conformes à tes exigences (tout dépend de ce que tu entends par de “belles images” - il ne fait pas de mal d’ailleurs de prévoir un budget bouquin pour un Freeman ou un Jacquart histoire de savoir au moins composer).

    Voilà. Je ne connais pas les modèles, donc désolé de ne pas donner d’indications précises. Linuxfr n’est pas non plus l’endroit le plus adapté pour ça…

  • [^] # Re: Droit de réponse

    Posté par  . En réponse au journal Les libertariens : rien de libertaire, tout de fasciste . Évalué à 10.

    Tout ceci tient plus de la branlette intellectuelle que d’autre chose.

    Le capitaliste, c’est le branleur d’à côté qui dit : « ces terres que tu as cultivé sont à moi, donc ce que tu y as fait pousser est à moi ». C’tout. C’est la définition du capitalisme.

    Évidemment, un contrat de travail en régime capitaliste est un contrat de subordination. L’anarchie, par définition s’oppose à tout pouvoir, donc au pouvoir du possesseur de capital. Partant de là l’anarcho-capitalisme est au mieux une imposture.

  • # Mauvaise date

    Posté par  . En réponse au journal Fête de la musique . Évalué à 1.

    C’était pas hier soir ? Pourtant y’avait une vraie participation musicale populaire…

  • [^] # Re: Correction

    Posté par  . En réponse à la dépêche Mise aux poings sur systemd. Évalué à 2. Dernière modification le 19 juin 2014 à 15:33.

    Une langue complexe permet d’exprimer une pensée complexe. Je trouve assez ridicule cette focalisation sur l’orthographe là où le style, l’expression écrite et la capacité à assimiler ce qu’un autre écrit, sont des compétences bien plus importantes pour la maîtrise de la langue communication.

  • [^] # Re: Correction

    Posté par  . En réponse à la dépêche Mise aux poings sur systemd. Évalué à 4.

    On ferait mieux d’enseigner les probabilités et les statistiques. C’est sûrement sur ce point que l’enseignement français a des lacunes. Ce d’autant que c’est ultra-utilisé, y compris et surtout par le citoyen.

    Oh et puis une remarque aussi sur la “baisse de niveau”. La marche entre le lycée et la prépa, en math et pas en physique, est très dure à franchir. Mon prof de prépa math sup’ attribuait cela à la baisse de niveau en lycée qui n’a pas été répercutée en prépa. Au final on a démocratisé le bac, mais ça n’a pas réduit les inégalités d’accès. En effet, quelques élèves de ma prépa étaient allé dans des lycées spécifiques qui permettaient de préparer l’élève aux prépas (et pas seulement au BAC). D’ailleurs c’est un fait tellement bien admis que j’ai reçu mon admission avant de passer mon BAC, et que le lycée d’origine est pris en compte dans le choix des élèves.

    Je peux vous dire que j’en ai chié en première année, heureusement que j’adorais ce qu’on y faisait. Il faut tenir compte de ce genre d’effet pervers dans une politique de réduction des inégalités sociales. Évidemment la prépa est un système élitiste, certes, mais supposé fonctionner au mérite… en théorie.

  • [^] # Re: heu..

    Posté par  . En réponse au journal Le traité de Lisbonne dans toute sa splendeur . Évalué à 9.

    Au diable la diplomatie ! :)

    Quant à Zenitram, je lui en réserve bien une… mais bon elle est violent celle-là… allez… j’ose :

    Il est traumatisé (ou obsédé, allez savoir!) par sa crémière. Il a une incroyable propension à ramener tout argument, tout problème systématiquement à une question de beurre et de cul. Il me fait furieusement penser à cette citation :

    « Certes, les juges avaient raison lorsqu’ils finirent par dire à l’accusé que tout qu’il avait dit était du « bavardage creux » — si ce n’est qu’ils pensaient que ce « creux » était feint et que l’accusé voulait dissimuler d’autres pensées qui, bien que hideuses, n’étaient pas creuses. Une telle supposition ne tient pas si l’on considère la remarquable constance avec laquelle Eichmann, malgré sa mauvaise mémoire, répétait mot pour mot les mêmes expressions toutes faites, et les mêmes clichés de son invention ( lorsqu’il parvenait à construire une phrase lui-même, il la répétait jusqu’à ce qu’elle devînt un cliché) chaque fois qu’il faisait allusion à un incident ou à un événement important pour lui. Qu’il écrivît ses mémoires en Argentine ou à Jérusalem, qu’il s’adressât à l’officier de police qui l’interrogeait ou au tribunal, il disait toujours la même chose, avec les mêmes mots. Plus on l’écoutait, plus on se rendait à l’évidence que son incapacité à parler était étroitement liée à son incapacité à penser — à penser notamment du point de vue de quelqu’un d’autre. Il était impossible de communiquer avec lui, non parce qu’il mentait, mais parce qu’il s’entourait du plus efficace des mécanismes de défense contre les mots et la présence des autres et, partant, contre la réalité en tant que telle. » Hannah Arendt

    Il y a aussi son incapacité, à concevoir le conflit entre les êtres humains, donc le conflit politique, sans pour autant le caricaturer, sans pour autant tout de suite vouloir y mettre absolument un gentil et un méchant. Cette incapacité là partagée par plusieurs était déjà très marquée lorsqu’il a été question de féminisme. S’ensuit une volonté de censure impitoyable dès qu’une telle trace de conflit est détectée. D’où mon désir un peu sadique d’en remettre une couche, surtout quand les inombrables donneurs de leçon se sont chargés de m’expliquer le droit chemin, du haut de leur pitoyable discours préfabriqués dans les officines de com’.

    Le mieux est de citer la définition de la démocratie qu’on prête à Paul
    Ricoeur :

    « Est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêt, et qui se fixe comme modalité, d’associer à parts égales, chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions, en vue d’arriver à un arbitrage. »

    C’est pas avec les huluberlus qui m’ont occupé depuis 24h qu’on va y arriver.

    Mais c’est en économie qu’ils sont le plus rigolo. Les pauv’ croient que j’ai les chevilles qui enflent, mais ils n’ont pas compris que c’est surtout leur ridicule prétention à connaître quelque chose que je moque, je fait le malin juste pour jouer avec eux. En réalité je ne me fait pas trop d’illusion sur l’état de mes connaissances, mais c’est toujours rigolo de voir plus petit que soi se prendre pour César.

    Je ne m’en tiendrai qu’à quelques exemples, histoire d’appuyer mon propos.

    Ils n’ont que le mot “entreprise” à la bouche. Or c’est un terme qui appartient à la micro-économie. L’autre grand domaine étant la macro- où une première approche considère trois grands marchés : capital (produit de l’investissement), travail (des salariés), consommation (par les ménages). On apprend en première année d’économie les équilibres macro-. Il n’y a point d’entreprises ici, qui ne sont qu’un intermédiaire, un détail, vu que ce qui compte, au final, c’est le niveau de consommation et d’investissement pour le taux d’emploi (au passage c’est l’argument très Mélenchonien du « carnet de commande rempli qui permet d’embaucher », vulgarisation de cette idée). C’est en première approximation, car en seconde approximation on introduit l’influence de la monnaie sur l’équilibre macro (la facilité d’accès au crédit va inciter l’investissement par exemple). En politique, la macro- devrait être un sujet de discussion plus naturel, pour des raisons évidentes (même si la micro- y a sa place). Seulement voilà, ce discours, qui tourne à l’obsession faut vous faire soigner sérieux les gars, qui est incapable de ne pas prononcer le mot entreprise au moins une fois par phrase, fait allumer tout mes voyants rouges de détecteur à bullshit. Passer de phénomène micro- à leur conséquences au niveau macro- demande tout de même un minimum de rigueur (et un certain tour d’esprit) qui est absent ici comme ailleurs. J’ai l’occasion de temps à autre d’essayer d’expliquer les choses, mais à un moment donné je me contente de mépriser royalement mon interlocuteur, faut se prendre en main les gens!

    Concernant la culture historique, puisque certains croient que je suis historien. Alors là, attention : grande révélation. Roulement de tambour. Trompette. Je lis des romans. La grande littérature française, celle du XIXè, celle du grand siècle révolutionnaire, les Hugo & consorts. Alors ouai je peux bien me moquer du manque de culture et jouer les arrogants, surtout face à des gens qui tentent, vaguement et vainement, de se poser en donneurs de leçon sans avoir les moyens de leur prétentions.

    Par exemple le salariat est pire que l’esclavage. Et je défie quiconque de me démontrer que mon argument est faux : l’esclave en tant qu’être humain a une valeur marchande associé à son existence même, pas le salarié. Le maître prendra soin de son esclave pour qu’il soit dans une forme minimale le lendemain ou pour le revendre. Le capitaliste, lui, tentera toujours de payer au jour le jour le salarié, et peut lui chaut que le travailleur du jour soit différent du travailleur de la veille, mort faute d’avoir pu se nourrir correctement. Y’aura toujours des petits bisounours pour croire que le capitaliste ne veut pas ça, qu’il veut notre bien. Non, il défend juste son beefsteack. Et c’est là que je renvoie à la littérature. De plus, il suffit d’écouter Zenitram expliquer qu’il veut employer une personne à moins que le SMIC, sans guère se soucier de savoir s’il est possible de tenir un budget domestique avec ça. Ce qui nous différencie, nous et notre précaire confort en régime capitaliste des travailleurs du XIXè, ou ceux du XXè en Orient, parce qu’il ne faut pas croire que les oiseaux chantent, et je renvoie aux drames récents qui ne sont que la partie émergée de l’iceberg, ce qui nous différencie donc, c’est les droits, un code du travail. Constamment attaqué, détriquoté, réduit en poussière (retraites, syndicats, “rigidité du marché du travail”, etc. etc.). Alors ouai, je me fous de la gueule des imbéciles heureux qui adhèrent à toute forme de discours/idéologie qui légitiment ou servent à légitimer la mise en place de telles politiques.

    Aussi une spéciale dédicace Zenitram : la petite bourgeoisie, le petit patronnat était voués à disparaître. L’histoire du XXè est l’histoire de « ses déclassés qui sont allés rejoindre les rangs du prolétariat ». Citation de Marx. Ce que Marx a loupé, faute de don de divination, c’est que loin de devenir révolutionnaire, ces déclassés, sombrant dans le ressentiment le plus total vivant mal cette perte de statut et de revenus, ont servis de fervent soutiens au fascisme&co. Soral et Dieudo. sont de tels déclassés. L’antisémitisme trouve son origine pour une bonne part sur le conflit qui opposait le petit patronnat en prise aux banques (assimilées au Juifs). Le petit retraité allemand, qui a cru en tout le bullshit sur la retraite par capitalisation, s’est fait plumé à l’occasion de la crise. Ça donne que du beau tout ça…

    La défense de « l’entrepreneur » tient du bullshit généralisé. Économiquement c’est pas viable, précisément parce que la petite entreprise est incapable de réellement de lutter contre les mastodontes ou d’avoir les reins suffisament solides pour la prochaine crise. Ça tout le monde le sait, même dans le bullshit on expliquera qu’il faut s’agrandir pour survivre. Alors si ça vous amuse de jouer les entrepreneurs, de vous mettre dans un état précaire, de jouer les soumis, tant mieux pour vous. Mais ne venez pas vous plaindre après que les autres ne veulent pas. Ça me rappelle les années 2000, la bulle NT/télécoms…

    Sans compter que c’est manquer les évolutions du capitalisme contemporain, qui cherche à externaliser un maximum ses activités en utilisant des sous-traitants. Poussée à l’extrême cette stratégie consiste à juste être propriétaire d’une marque et d’une collection de brevets. Ces fameux sous-traitants vont être pressés au maximum, ces fameux sous-traitants dont on se tape les patrons qui plutôt que de se remettre en cause, eux et leur place, vont répercuter la pression sur les prix (à fortiori fixés par les grands comptes parce qu’en situation de marché concentré) c’est-à-dire les salaires. Et ensuite le grand capital, notamment français (comme c’est un gros mot, pour les mal-comprenants lire ici CAC40), met en avant ces braves petits entrepreneurs, idiots utiles de leurs bourreaux. Je suis curieux de savoir si ce que je décris là concerne Zenitram et à quel point. On sortirait du discours idéologique pour entre dans le concret, parce qu’on va supposer que s’il veut payer un salarié rien que des clopinettes c’est pas juste par machiavélisme (ne tombons pas dans ses propres travers de raisonnement…). De même tout le bullshit sur le discours de l’innovation : les grosses boîtes ne veulent plus assumer les coûts de R&D, ni aucune prise de risque. Il est plus simple et surtout plus rentable de se payer les médias et l’État pour encourager les gens à monter leur propre boîte et si, et seulement si, l’innovation technologique/commerciale fonctionne, de racheter le tout. Youtube, Instagram et consorts sont de parfaites illustrations de ce que j’avance dans le domaine informatique (cette stratégie a ces limites, il y a des activité où la R&D est trop lourde pour être portée par un particulier et/ou une petite équipe). Tant mieux pour leurs créateurs. Mais faut pas rêver au loto, c’est exceptionnel et les autres sont condamnés à végéter/couler (encore une fois : vive les dotcoms!).

    Sans compter que soit on a un projet économique, et si on le pense viable faut foncer c’est clair, soit on n’en a pas. Et là ben on va pas monter une entreprise juste pour le plaisir de monter une entreprise. C’est couillon ce que je dis, mais on en est arrivé là, qu’il faut rappeler à certains un peu de bon sens, d’indépendance d’esprit et de pragmatisme. Franchement tenir un tel discours idéologique, en pronant au gens « le risque », c.-à-d. de risquer vie, famille, santé juste en tenant un discours idéologique, c’est grave, extrêmement grave — une telle incapacité de distance critique vis à vis de la production d’un discours idéologique est typique des systèmes totalitaires), surtout si c’est pour me retrouver à la rue si ça plante. Le but du jeu à la base c’est quand même d’avoir un projet économique viable (genre si je veux devenir un nouveau fabricant de bagnoles je peux raccrocher, ou suffit de voir les difficultés de free à développer une nouvelle activité, alors qu’il a autrement plus de moyens). Je peux t’assurer que si j’avais l’idée d’un projet un poil crédible j’y réfléchirai à deux fois.

    Pour la petite anecdote, au cours de ma recherche d’emploi, quelqu’un m’a contacté, « une entrepreneuse » qui se vivait comme telle. Elle a sorti une ou deux fois l’amorce d’un discours du style il faut prendre des risques, les français n’innovent pas. Enfin, le touintouin habituel quoi (c’est que je fuis tellement ce genre de discours que ça a tendance à entrer par l’une pour ressortir direct par l’autre, un de ces jours faudrait que je note précisément toute la novlangue sur l’entreprenariat sans faire sauter mes fusibles de protection internes). Ben elle était pas toute jeune, et manifestement pas de situation stable, des revenus très limités. Puis pas les pieds sur terre du tout, ça faisait du mal à voir. Et, disons… dans les contacts sociaux, c’était pas le bonheur, elle était spéciale, et très difficile : il fallait vraiment y aller avec des pincettes. Pour finir la concurrence exacerbée du capitalisme avait achevé de la rendre limite paranoïaque : elle avait peur de se faire piquer son idée de projet, si bien qu’elle était incapable de fournir suffisamment d’éléments pour permettre le début d’un travail là-dessus. J’ai finis par me barrer parce que ça sentait bien le roussi. La première fois de ma vie que je me suis mis en colère (je veux dire… dans la vraie vie, pas sur Internet). J’ai cru comprendre qu’elle avait monté d’autres projets par le passé… mais elle en disait pas grand chose…

    Que dire d’autre… Ah oui. Spécial libéraux maintenant. Le libéralisme c’est un truc qui date du XVIè siècle si je ne me trompe pas (Smith c’est bien pour dater sa date de naissance, non?), et qui a eu son heure de gloire au XIXè. Ça renvoie à tout ce que j’ai dit sur la concentration du capital et la disparition de la classe petite-bourgeoise (petit commerçant, petit producteur, etc.). Le libéralisme n’existe plus et ne peut plus exister (à moins de prendre ses rêves pour des réalités). Il a un siècle. Vous vivez dans le passé. L’exemple le plus récent, et très impressionnant, est l’émergence de la grande distribution, qui remplace très formellement la place de marché du village. Un marché, c’est plein de petits producteurs/vendeurs qui font face à plein de clients. C’est sur cette base qu’on construit la loi de l’offre et de la demande. Sauf à faire un déni complet des réalités les conditions de marché ne sont pas du tout remplies dans le cas de la grande distribution. Et de fait, la grande distribution c’est aussi une très grande rationalisation de la gestion et de la commercialisation des biens de consommation. Des pratiques spécifiques (voir wikipedia), associées aux spécificités de ce mode de commerce permet de broyer littéralement une concurrence de petits commerces (liés à un régime libéral eux). C’est ce qui la rend extrêmement rentable et compétitive face à un petit producteur qui a terme n’a d’autres choix que de fermer boutique. La vente par Internet pousse la logique encore plus loin puisque là Amazon domine de manière écrasante le marché, si bien que la marque commence à devenir un synonyme de la vente par correspondance sur Internet.

    Pour finir d’enfoncer le clou, je ferai remarque que les débats politico-économiques du laisser-faire (« virez-nous cet État qui nous veut du mal »), du libre-échange mondialisé, tout ça, ont plus de deux siècles. Ce sont les mêmes guignoleries encore et toujours ressasées. Ça on s’en rend compte en jetant un oeil un peu à l’Histoire. Fin XIXè début XXè il y a déjà eu des gens pour vanter tout ça, et le mettre en place. Ça a déjà donné ce qu’on sait, et on sait parfaitement comment et pourquoi. On retrouve les mêmes acteurs et les mêmes forces à l’oeuvres, les mêmes discours, les mêmes politiques, les mêmes réactions. « La première fois, c’est une tragédie, la seconde une farce. » Perso. je trouve ça juste carrément flippant, de lire des analyses qui datent d’un siècle ou d’une moitié et d’y lire un simple constat du monde contemporains. Ce qui est encore plus flippant, c’est qu’à l’époque il y avait encore une liberté qui permettait à des vrais (pas usurpateurs) intellectuels de pondre de véritables analyses sans tabous et sans idéologie, alors qu’à l’heure actuelle c’est le néant total (les penseurs de gauches médiatiques, c’est juste une vaste blague, faut en prendre un pour taper l’autre, pas un pour faire un peu d’économique… ah si Lordon rattrape un peu le niveau…). Entre le néolibéralisme copie conforme du système Manchestérien ; les Rroms ou ce qui se passe en Ukraine qui a pour origine le même problème fondamental que celui qui a envoyé 6 millions de Juifs à la mort, et que le vide du débat et de la pensée politique conduira à reproduire (fondamentalement Léonarda, c’est juste un embryon de rafle et les Juifs d’Europe de l’Est ne posent plus problème, puisqu’ils ne sont plus là… — ironie et humour noir inside je précise) ; les européistes, qui fondent leur conviction politique sur une lecture superficielle du XXè et incapables de comprendre qu’ils sont une part du problème qu’ils entendent résoudre et qui ont remplacé tout réflexion politique de fond sur le nationalisme par une religion absurde en reproduisant les tares ; on a vanté l’échange commercial entre les peuples comme moyen de paix dans les années 90s comme on l’a vanté il y a plus d’un siècle ; les conflits permanents naissant de la lutte pour les ressources économiques ; des masses entières mises au ban de la société (spécial dédicace à ce fil de commentaire, où on me fait bien comprendre que si je ne trouve pas de travail, c’est que je suis un vaut rien) ; la « soudaine dégradation de la morale dans le monde occidental semble moins due au développement autonome de certaines “idées” qu’à une série d’événements politiques nouveaux et à de nouveau problèmes socio-politiques qui venaient s’abattre sur une humanité décontenancée, en pleine confusion » ; « les intellectuels libéraux frustrés » ; la bureaucratie toujours un gouvernement d’experts, d’une “minorité avertie” qui doit résister tant qu’elle peut à la pression constante de la “majorité non avertie” ; l’atomisation de la société. Tout ça c’est pas nouveau, on se le traîne depuis un siècle, on a gentiment mis ça sous le tapis en priant pour pour que par miracle ça se résolve tout seul.

    Quant à ceux qui se revendiquent du libéralisme comme d’un humanisme, je vais gentiment me foutre de leur gueule, il serait temps, là encore, de se remettre à la page : la pensée philosophique & politique a encore évolué depuis. En plus de ça, la plupart du temps, ceux qui s’en revendique se revendique d’une conception de la liberté très naïve et très superficielle qui marque le manque de réflexion approfondie sur le sujet (suffit de voir cette manière d’idôlatrer la liberté d’entreprendre, et les réactions qui suivent quand on rappelle qu’il y a d’autres libertés, d’autres droits, etc.).

  • [^] # Re: heu..

    Posté par  . En réponse au journal Le traité de Lisbonne dans toute sa splendeur . Évalué à 0.

    En même temps, si Zenitram est dans la vie comme il est sur Internet, pas étonnant qu’il ait peur que ses employés se barrent à la première occaze (oui, c’est petit, je me mets à son niveau…)

  • [^] # Re: heu..

    Posté par  . En réponse au journal Le traité de Lisbonne dans toute sa splendeur . Évalué à 2. Dernière modification le 13 juin 2014 à 22:30.

    Au moins vous illustrez assez bien l’arbitraire du mode de recrutement : j’espère au moins qu’il n’y a pas d’historien qui recherche réellement un boulot dans l’informatique , le pauv’ va être refusé sans comprendre pourquoi… si jamais il tombe sur des gens qui lisent linuxfr (bon ça va pas chercher loin non plus…)

    C’est bien, vous me donnez raison par l’exemple.

    Vous ne savez absolument rien de moi, de ce que je demande. Mais vous avez décidé à ma place qui j’étais et ce que je voulais.

    Quand on n’a plus aucun argument le meilleur moyen d’avoir raison c’est encore de caricaturer son opposant. Ça évite d’avoir à trop se remettre en question… et de rester con, certes. Je vois que beaucoup s’en sont donné à coeur joie aujourd’hui.

    Au fait, pour mes supposées compétences, les tests techniques ne m’ont pas été systématiquement proposés, et quand ils le sont, c’est très bidon. Il se trouve que mes recruteurs ont les mêmes préjugés sur l’université que vous, du coup ils sous-estiment systématiquement, du coup je me retrouve avec des trucs à la con. J’ai essayé de revaloriser, mais à un moment donné je vais finir par franchement mentir.

    Mis à part ça, vive la vie et mort aux cons ! Hasta la vista.

  • [^] # Re: heu..

    Posté par  . En réponse au journal Le traité de Lisbonne dans toute sa splendeur . Évalué à 6.

    Non, j’omet de le préciser pour pas donner d’indices concernant mon identité, pas envie de me faire griller.

    Mais vous ne me connaissez pas dans la vrai vie. Je suis plutôt quelqu’un de conciliant. Là j’en ai juste ras la casquette d’entendre/lire des discours totalement ineptes et qui font un tel déni des réalités économiques.

    Je suis désolé, mais en situation de chômage de masse, de crise économique et tout, y’a des choses qui ne passent plus. En dehors de ma petite personne, être incapable de considérer les effets systémiques/structurels pour s’en prendre aux individus uniquement (je fais de la politique, pas de la police des mœurs), c’est juste un comportement de connards, en plus d’être la marque d’un vide intellectuel et politique assez remarquable et assez typique de la société contemporaine.

  • [^] # Re: heu..

    Posté par  . En réponse au journal Le traité de Lisbonne dans toute sa splendeur . Évalué à 0.

    Quel syndrôme de la tourette ? Non non, j’insiste : j’assume parfaitement mes propos (contrairement à vous). Je suis insultant parce que vous l’êtes. Quand vous dites par ex. entre autres bullshit que « les fumeuses théories du complots du grand patronnat  seraient à la mode » parce que çi ou ça. C’est juste insultant. Vous diriez que je suis un grand demeuré qui se fait berner par le premier venu, qu’il y aurait juste l’hypocrisie en moins.

    Alors ouai je vous emmerde, parce que rien qu’à lire votre commentaire, je sais que j’ai mille fois plus de culture politique que vous, qui ignorez absolument du marxisme même le plus basique. Et je précise que je ne demande pas à y adhérer, mais à avoir une culture politique minimale, histoire d’éviter de dire des conneries. En l’occurrence, vous ne savez pas ce que c’est qu’une classe sociale, une intérêt de classe, et les contradictions entre classe qui en découle, les concepts de classe en soi et pour soi, etc. Je note au passage que je suis venu au marxisme par la démocratie, qui pose pour base précisément le conflit social.

    Tout ces concepts qui sont justement à l’opposé total d’un quelconque complotisme : d’ailleurs votre ignorance de ces concepts vous amène à faire une interprétation complotiste de mes écrits. Et au passage vous insinuez que je suis antisémite. Je rappelle que l’antisémitisme est un délit. Par conséquent m’accuser d’un délit, sans absolument aucune argument, c’est de la diffamation. C’est un délit aussi. Alors on va gentiment se calmer mon mignon, et réserver ça au fascistes qui traînent sur ce site (ce qui n’est guère étonnant quand on fait, comme vous le faites une tel commentaire confusionniste).

  • [^] # Re: heu..

    Posté par  . En réponse au journal Le traité de Lisbonne dans toute sa splendeur . Évalué à 6.

    Juste pour info. et parce qu’au moins on s’écartera pas de trop du sujet du journal pour changer :

    Vous confondez chômage de masse et chômage frictionnel (ou naturel). Faire une telle erreur relève plus de l’aveuglement idéologique et de l’inculture crasse de l’économie que d’autre chose, alors passons.

    Du droit au travail, droit fondamental je le rappelle (je crois qu’il est inscrit sur la DUDH des Nations Unies), découle tout le reste.

    Or il se trouve que l’Europe, votre si belle Europe le combat activement. Le chômage de masse est un phénomène économique qui est parfaitement et consciencieusement organisé par les statuts même de la BCE. En effet on sait depuis belle lurette que la lutte contre l’inflation et la lutte contre le chômage sont antagonistes. Entre les deux il faut choisir. Beaucoup de banques centrales ont dans leur statut ce double objectif, et elles doivent arbitrer de manière plus ou moins explicite entre les deux, à travers un compromis. Mais les tarés (et je pèse mes mots) qui ont construit l’Europe, ont décidé que seule l’inflation comptait, allant contre les notions même les plus élémentaires d’économie. Officiellement la BCE doit lutter contre l’inflation, même si on sait pertinemment que cela laissera se développer un chômage de masse

  • [^] # Re: heu..

    Posté par  . En réponse au journal Le traité de Lisbonne dans toute sa splendeur . Évalué à -1.

    Mon bon couillon, dans une économie moderne, la production est extrêmement stable, aux dernières nouvelles i l n’y a pas de risques de famines, les travailleurs sont extrêmement productifs.

    Alors ouai, j’arrive à un âge de ma vie où j’attends d’avoir un revenu stable, histoire de faire des projets personnels, d’avoir moins de soucis professionnels, etc.

    Est-ce trop demander que de pouvoir profiter un peu de l’extrême richesse produite dans une économie moderne ? Manifestement vous pensez que je devrais me contenter des miettes que les puissants veulent bien me laisser, et leur en être reconnaissant en plus. Vous savez quoi ? Allez vous faire foutre !

    Surtout qu’avec 8 millions de chômeurs derrière moi, ça va être dur de défendre l’idée qu’on serai tous des paresseux qui veulent rien foutre, etc. etc.

  • [^] # Re: heu..

    Posté par  . En réponse au journal Le traité de Lisbonne dans toute sa splendeur . Évalué à -6.

    Vu le commentaire de pauv' type que tu viens de pondre, sache que pour toi ce sera un traitement spécial, pauv' connard.

    On n’a pas élevé les cochons ensemble, alors tu ne sais rien de mes capacités. Mais tu préfères insulter le type qui est en face de toi plutôt que de remettre en question tes idées.

    Et l’autre couillon qui est en train de m’expliquer que je dois vivre dans un état précaire (traduction en novlangue : « prendre des risques »).

  • [^] # Re: heu..

    Posté par  . En réponse au journal Le traité de Lisbonne dans toute sa splendeur . Évalué à -1. Dernière modification le 13 juin 2014 à 01:11.

    Juste pour info. pour expliquer ma réaction, je suis au chômage et très diplomé.

    Alors par exemple quand un imbécile heureux me prend pour un crétin en m’expliquant qu’un BTS pourra jamais faire le travail d’un chercheur, je l’emmerde et le lui fait savoir, surtout quand on sait que la surqualification est plus la règle que le contraire à l’heure actuelle, et que ça me travaille beaucoup.

    Et encore je me retiens, parce que votre message est d’une imbécillité rare.

  • [^] # Re: heu..

    Posté par  . En réponse au journal Le traité de Lisbonne dans toute sa splendeur . Évalué à 7.

    Aller, spéciale dédicace moinseurs :

    La concentration du capital

    Le capitalisme est passé par plusieurs phases successives durant la seconde moitié du XIXe et le début du XXe. Lénine se sert du résultat de Marx décrit dans Le Capital, qui stipule que le capital a tendance à se concentrer avec le temps (la concurrence entre les entreprises les incite à croître [1]) ; l’activité économique est décidée par un nombre d’agents de plus en plus faible. D’abord le capitalisme se déploie en régime libéral : les entreprises sont nombreuses & petites ; le capital est peu concentré. Dans ces conditions, la concurrence s’applique et la “loi du marché” domine ; les prix sont essentiellement fixés par l’équilibre entre l’offre et la demande. Ensuite, durant sa phase transitoire, le capitalisme va former des oligopoles, typiquement à l’occasion d’un crise où les entreprises les plus fragiles disparaissent. Dans ces conditions les prix sont fixés par les agents économiques. Dans le cas où l’oligopole ne forme pas d’entente, la théorie des jeux, initiée par John F. Nash (postérieur à Lénine), offre un cadre d’analyse du comportement des agents économiques ; mais l’entente — partage de marchés, accords sur les prix, suppression de nouveaux concurrents, etc. — peut être explicite et plus ou moins légale.

    Pour quantifier la concentration, la statistique présentée est la comparaison entre le pourcentage de moyennes ou grandes entreprises, seulement ~1 % début XXe, et le nombre d’employés qu’elles emploient, ~40 %, ou encore la valeur ajoutée de ces entreprises. Ainsi, on réalise que la détention d’un grand pouvoir économique revient à une minorité de personnes. Sur des données contemporaines, nous retrouvons une concentration supérieure : dans l’énergie les dix premiers groupes¹ affichent 94 % de la valeur ajoutée et emploient 92 % des effectifs salariés, l’industrie de l’automobile est aussi très concentrée, et d’une manière générale les dix premiers groupes des autres secteurs présentent toujours un poids non négligeable [2]. Autre exemple : les 229 grandes entreprises² françaises emploient 31 % des effectifs salariés, si l’on exclut les activités financières les 200 grandes entreprises réalisent 36 % du chiffre d’affaire total [3].

    Les entreprises profitent de leur taille pour créer des combinaisons. L’objectif est de contrôler l’ensemble d’une filière, de l’extraction des matières premières à la distribution des produits à haute valeur ajoutée au consommateur. La combinaison permet de réduire les coûts, et surtout de rendre l’entreprise moins sensibles aux différences de variations de prix lors d’une crise (les prix des matières premières évoluent moins vite que ceux des produits destinés à la consommation). Total par exemple est une entreprise dont les activités vont de la découverte de stocks d’hydrocarbures jusqu’à la distribution en station-service, en passant par la pétro-chimie [4].

    Les mécanismes de concentration, qui rendent les oligopoles stables et peu inquiets de nouveau concurrents, sont connus. Les investissements importants fournissent une barrière d’entrée à tout nouvel agent voulant s’installer sur un marché. La rentabilité, par effet d’économies d’échelle, est bien meilleure dans de grands groupes, ce qui les rend extrêmement compétitifs face à de petites entreprises. Lors d’une dépression de l’économie, comme il y a eu en 1870—1880 (1873 est l’année d’une grande crise et de scandales financiers), les grandes entreprises résistent mieux. Ainsi, la concentration s’accélère dans les compagnies de transport aérien, comme conséquence de la crise de 2008 [5]. De plus les oligopoles & monopoles peuvent développer des stratégies efficaces pour conserver leur statut : réduction des prix pour faire couler le concurrent, occupation sur des marchés peu rentables pour éviter le développement des concurrents, rachat de brevets non exploités, etc. Ces stratégies sont assez bien formalisées dans le cadre de la théorie des jeux ; elles obéissent alors à des règles qui ne sont pas celles de la concurrence parfaite et qui désavantagent donc les clients du marché [6]. De manière moins formelle, les oligopoles favorisent la corruption, l’emploi de moyens illégaux ou du moins de moyens immoraux. Dans le cas de Total, toujours, l’entreprise est impliquée dans bon nombre d’affaires [7].

    Il faut noter que les mécanismes de concentration se sont produit aussi bien en économie fermée, c’est-à-dire dans des pays avec une politique protectionniste, qu’en économie ouverte, avec libre-échange. C’est en 1900—1903 (crise) que l’économie devient toute entière basée sur les cartels d’entreprises, et donc essentiellement constituée de monopoles, ou de petits oligopoles. La concentration de l’économie permet de faire un inventaire détaillé des ressources disponibles, à l’échelle mondiale, et d’accaparer ces ressources au profit d’une minorité d’entreprises. De fait, la production est “socialisée”, bien que le monopole privé perpétue l’accaparement des profits.

    Les banques et leur nouveau rôle

    La fonction originelle des banques est de lier les épargnants privés, en collectant leurs dépôts, à l’investissement en capital. À ce propos, il est utile de rappeler quelques définitions de base. L’épargne est un capital financier ; lorsqu’un épargnant dépose de l’argent, il signifie à sa banque qu’il accepte de remettre sa consommation à plus tard. En lieu et place de consommation, un investisseur pourra demander un prêt à la banque, et ainsi décider la production, littéralement, de capitaux actifs : c’est-à-dire construire une usine, acheter des outils, etc. La banque sert donc d’intermédiaire entre l’épargnant et l’investisseur. D’un point de vue non financier, tout se passe comme si un individu accepte de libérer des travailleurs de la production courante de biens & services, et leur permet de produire plutôt des outils plus performants, pour une production future. La banque a pour rôle, par le jeu complexe de l’épargne, du crédit et des taux d’intérêts, de lier le marché des épargnants à celui des investisseurs, et de faire retomber les bénéfices de l’investissement sur l’ensemble, en principe.³ [8]

    Cependant, tout comme les industries, les banques n’échappent pas à la règle de la concentration sur un marché à l’origine concurrentiel. Pour rendre compte de cette concentration, la statistique utilisée est le pourcentage des dépôts dans les plus grandes banques. Par exemple, au début du XXe siècle on constate que les 9 plus grandes banques berlinoises concentrent près de 50 % des dépôts. On peut aussi suivre l’historique des fusions–acquisitions des groupes bancaires.

    En 2006, « en France, le groupe Caisse d’épargne a conclu […] un accord avec le groupe Banque populaire pour l’apport de ses activités de banque de financement et d’investissement à […] Natixis. La nouvelle configuration, autorisée par les autorités de tutelle, laisse les deux réseaux de banque de détail en concurrence » [9]. Et 2009 voit « la constitution d’un nouvel acteur de premier plan, le groupe BPCE, réunissant les groupes Caisse d’épargne et Banque populaire autour d’un organe central unique », « afin de […] faire face aux conséquences de la crise financière, notamment chez leur filiale commune Natixis. […] L’objectif était de donner naissance au deuxième groupe bancaire français, avec de 20 % à 25 % de part de marché sur les principaux marchés français, par la création d’un groupe bancaire unique » [10]. Il y a aussi les acquisitions d’activités à l’étranger, par exemple BNP Paribas — elle-même née d’une fusion [11] — récupère le groupe Fortis, en Belgique & Luxembourg, en difficulté financière (l’État belge avait acquis 100 % de la partie belge du groupe) [10]. C’est une des formes d’exportation des capitaux (par fusion–acquisition) sur laquelle on reviendra. « De grands mouvements de concentration bancaire dans certains marchés domestiques » sont relevés aussi en Italie et aux États-Unis [9]. D’une manière générale, les rapports 2007, 2008 et 2009, de l’autorité chargée de délivrer les agréments bancaires, font état de regroupements, au sein de réseaux mutualistes, de restructurations internes par absorption de filiales, etc., en établissant un lien avec la crise, ainsi que de la diminution du nombre d’agréments, perte de 16, 13 et 11  sur quelques centaines d’établissements habilités à traiter toutes les opérations de banque en 2007, 2008 et 2009 respectivement [10,12,13]. La restructuration des 15 premiers groupes bancaires français en 1996 les a concentrés jusqu’à 2008 à 6 groupes français, 3 étrangers et 1 franco-belge. Ainsi, fin 2008, « les sept premiers groupes bancaires collectaient environ 90 % des dépôts et octroyaient près de 84 % des crédits » [13].

    En fait, la solution naïve, qui consistait à laisser couler les banques en faillite suite à la crise financière, aurait certainement accéléré le processus de concentration. Par contre la nationalisation, telle qu’elle a été initiée par exemple par l’État belge avec Fortis s’il n’avait pas reculé ensuite, était un bon moyen de rendre compte de cette “socialisation” de la finance, sans compter le pouvoir économique exorbitant qui revient, de fait, à un nombre réduit d’individus à la direction des sept groupes bancaires. En attendant, « le débat sur la taille des banques fait rage aux Etats-Unis, en Suisse, en Grande-Bretagne, le sujet n'a même pas été abordé en France » [14].

    Au début du XXe siècle, la Bourse perd de son influence, très largement remplacée par les banques (il semble en être autrement en ce début de millénaire). Il se crée une “interpénétration” du capital financier avec le capital actif ; les directeurs de banques se spécialisent afin de bien connaître les domaines industriels auxquels ils accordent des crédits et symétriquement les industriels sont de plus en plus dépendants des oligopoles bancaires auprès desquels ils trouvent leurs financements. On retrouve aussi une porosité entre le domaine bancaire et l’État ou encore les médias.

    « L’excessive concentration de la richesse dans un petit nombre d’institutions et pour finir dans un petit nombre de mains privées donne à une petite oligarchie un pouvoir social disproportionné. Les penseurs de la démocratie le savent depuis le XIXe siècle, sans parler des Romains ni des Grecs. Nous le redécouvrons à notre tour. La haute fonction publique est gangrénée. Regardez ces inspecteurs des finances qui multiplient sans que quiconque trouve à y redire les allers retours entre les banques et l’administration du Trésor censée les contrôler. Le président de la Société générale, Frédéric Oudéa, est un inspecteur des finances passé par le cabinet de Sarkozy. Le président de la BNP, Baudoin Prot, est un inspecteur des finances passé par le ministère de l’industrie. Le président de Banque Populaire Caisse d’Epargne, François Pérol, est un inspecteur des finances ancien secrétaire général adjoint de la présidence sous Nicolas Sarkozy [15,16]. Ils font les lois au point que c’est Oudéa qui a révélé aux députés l’étendue de la séparation soumise à leur vote (moins de 1 % de ses activités !), qui leur était cachée par Moscovici au nom du “secret des affaires” et que le gouverneur de la banque de France ne connaissait même pas. » [17]

    La situation est identique dans les médias, nécessaires relais du pouvoir dans les régimes démocratiques. Depuis la crise des subprimes, outre-atlantique, l’American Economic Association, et une bonne partie de la profession, dénonce les conflits d’intérêts pour mieux informer le public des liens entre certains économistes ayant voix au chapitre et la finance. En France, on pourra nommer MM. Pastré, qui entend “expliquer aux Français les plus fragiles et les plus soumis à la désinformation quels sont les risques d’un abandon de l’euro” (sic !) mais aussi président de la banque tunisienne IMBank, membre des conseils d’administration du Crédit municipal de Paris, de l’Association des directeurs de banque et de l’Institut Europlace finance, coproducteur et intervenant de “l’Économie en questions” sur France Culture ; Lorenzi, président du Cercle des économistes, conseiller du candidat François Hollande à la présidentielle, qui écrit dans Les Echos, intervient sur Europe 1 ou encore RTL, et siège aux conseils d’administration de PagesJaunes, d’Associés en finance, de l’Association française des opérateurs mobiles, de BNP Paribas Assurance, censeur d’Euler Hermes, membre des conseils de surveillance de la Compagnie financière Saint-Honoré, de BVA, du Groupe Ginger et conseiller du directoire de la Compagnie financière Edmond de Rothschild Banque ; Saint-Étienne, qui intervient sur France 24 ou dans Le Point, par ailleurs conseiller scientifique d’un cabinet de conseil en gestion de patrimoine, le Conseil stratégique européen ; Elie Cohen, qu’on entend sur France Inter ou lit dans le Figaro, conseiller de Hollande, membre du conseil d’administration de PagesJaunes et EDF Energies nouvelles ; Mistral, intervenant dans le Monde et sur France Culture, administrateur de BNP Paribas Assurance ; Daniel Cohen, qui conseille Mme Aubry, senior adviser de la banque Lazard. [18]

    [1] Article de Phil Gasper, Le Capital Volume I.
    [2] Statistiques INSEE, Concentration des entreprises.
    [3] Statistiques INSEE, Principales caractéristiques des entreprises par catégorie en 2010.
    [4] Page Internet de Total.
    [5] Comment EADS glisse des mains de la France, Martine Orange, *Mediapart, 16 décembre 2012.
    [6] Principes d’économie moderne, Stiglitz, Chapitre 14 Les comportements stratégiques.
    [7] La page Wikipedia de Total contient une section entièrement consacrée aux accusations et procès contre Total.
    [8] Principes d’économie moderne, Stiglitz, Chapitre 24 Le modèle de plein emploi.
    [9] Les résultats des grandes banques internationales depuis le début de 2006, bulletin de 2007 en provenance de la banque de France, en particulier l’annexe 1, Les opérations de rapprochement bancaire depuis le début de 2006.
    [10] Rapport annuel 2009 du Comité des établissements de crédit et des entreprises d’investissement.
    [11] Description Wikipedia de BNP Paribas, avec l’histoire du groupe.
    [12] Rapport annuel 2007 du Comité des établissements de crédit et des entreprises d’investissement.
    [13] Rapport annuel 2008 du Comité des établissements de crédit et des entreprises d’investissement. En particulier la partie 3, section 4.5, Un secteur marqué par d’intenses restructurations et en concentration croissante.
    [14] BNP Paribas est-il trop grand ?, Martine Orange, Mediapart.
    [15] L’article de Wikipedia (dernier § de l’historique) en fait part.
    [16] Affaire BPCE : un proche de Sarkozy perquisitionné, Laurent Mauduit, Mediapart, 24 mars 2013.
    [17] Article politique de François Delapierre.
    [18] Les économistes à gages sur la sellette, Renaud Lambert, Le Monde diplomatique, mars 2012.

  • [^] # Re: heu..

    Posté par  . En réponse au journal Le traité de Lisbonne dans toute sa splendeur . Évalué à -7. Dernière modification le 13 juin 2014 à 00:33.

    Lol, quel gignol.

    Rectification :

    Lol. quels guignols.

  • [^] # Re: heu..

    Posté par  . En réponse au journal Le traité de Lisbonne dans toute sa splendeur . Évalué à -3. Dernière modification le 12 juin 2014 à 23:17.

    90 % des actifs sont des travailleurs, en France.

    Chez moi la liberté, c’est la liberté du travailleur :
    — droit au travail (bien rémunéré faut-il le préciser?) ;
    — liberté de choisir son activité économique (histoire d’avoir un travail intéressant) ;
    — pouvoir vivre correctement de son travail évidemment, donc un bon salaire, parce que bon, faire esclave comme métier ça m’intéresse pas trop ;
    — pouvoir choisir la région où on s’installe, bien souvent contrainte par des impératifs économiques, malheureusement ;
    — liberté dans les horaires ;
    — liberté dans les outils ;
    — plus généralement liberté accordée dans l’arrangement de ses conditions de travail ;
    — liberté d’organisation de son activité professionnelle ;
    — liberté d’accepter/refuser certaines missions.

    On pourrait de même citer les libertés du consommateur (qui entre en contradictions avec celles du travailleur, bien évidemment).

    Alors la liberté d’entreprendre je m’en torche le cul… c’est bien le discours dominant du patronnat ça… docilement répété par des guignols, qui viennent parler liberté sans rien y connaître :es propriétaires d’esclaves aussi défendaient la liberté qu’ils avait sur leurs biens.

  • [^] # Re: heu..

    Posté par  . En réponse au journal Le traité de Lisbonne dans toute sa splendeur . Évalué à 4.

    Les monopoles n’ont pas été mis en place par l’État.

    Le monopole est l’état naturel du capitalisme, et le résultat final du libéralisme.

    Les mécanismes de destruction de la concurrence, même sur un marché purement privé et libre, sont bien connus, et les exemples de monopoles ou oligopoles en informatiques sont tellement nombreux que chacun pourra faire sa propre liste sans me contester sérieusement ce point. Exemple d’actualité, la crise est l’occasion de fusions/acquisitions qui sont un des facteurs de concentration capitalistique.

    Cf. L'impérialisme, stade suprême du capitalisme, de Lénine.

  • [^] # Re: [HS] Presse papier

    Posté par  . En réponse au journal le canard, l'armée et les chinois. Évalué à -1.

    « subventionné à fond »

    Il est vrai que la main invisible du marché, c’est tellement mieux pour financer la presse…

  • # Paradoxe

    Posté par  . En réponse au journal le canard, l'armée et les chinois. Évalué à 9.

    « Lenovo est connu pour installer des logiciels espions indétectables »

    J’aime ce genre de phrases…

    Mis à part ça, y’avait qui d’autre, intéressé(s) (par le marché|à répandre de sales rumeurs sur le(s) concurrent(s)) ?

  • [^] # Re: Si j'avais été dans le jury

    Posté par  . En réponse au journal Turing est battu. Évalué à 3. Dernière modification le 10 juin 2014 à 13:07.

    Mouai, sauf qu’un gamin de 13 ans continuera à évoluer. C’est peut-être ce qui fait de lui un être humain : changer en fonction de tout ce qui lui arrive dans la vie.

    Je trouve assez rigolo que la démarche en IA se focalise autant sur le cerveau, en oubliant que le système nerveux, qui n’en est que l’extension, constitue toute nos capacités sensorielles et qu’une grande partie du cerveau est dévolue à cela : c’est-à-dire le traitement et l’assimilation des stimulis provenant de notre environnement.

    Question : est-ce que le robot est au moins capable de comprendre les références qui portent sur une conversation passée ? Est-il capable d’en synthétiser le propos ? Ou encore dire ce qui l’a marqué ? et pas sur la base de connaissances intégrées par le programmeur, mais véritablement la conversation qu’il vient de tenir.

  • [^] # Re: critiques…

    Posté par  . En réponse au journal Est-ce que RMS raconte "des idioties basées sur des prémisses qui n'ont plus cours" ?. Évalué à 1. Dernière modification le 06 juin 2014 à 14:33.

    2012 ou 1916 ?