C'est tout à fait normal, c'est même le moteur de l'économie
C'est quand même contestable. Beaucoup considèrent que les états ont un rôle de régulation de l'économie, mais de là à dire que la dette de l'État est moteur de l'économie, ça fait très Keynesien…
Je pense qu'il y a quand même à peu près consensus sur le fait que la charge de la dette ne peut pas augmenter plus vite que la croissance des ressources de l'État, parce que la faillite (ou un processus similaire) est toujours possible. C'est la même catastrophe si tu ne payes plus tes créanciers ou si tu dévalues ; l'argent que l'état redistribue dans l'économie doit être du vrai pognon (ni du pognon issu de la planche à billet, ni du pognon qu'on ne remboursera jamais), sinon, ça ne marche pas (ou du moins pas à long terme).
À un autre niveau, le problème de la dette ne doit pas être confondu avec le problème du déséquilibre du budget de l'état. Le fameux "trou de la sécu", par exemple, ou les déficits structuels de certaines activités ou administrations. On ne peut pas à la fois rechigner contre l'austérité et l'équilibre des comptes publics, et se plaindre de la recherche forcénée de la croissance économique avec tous les problèmes sociaux, économiques, et écologiques qu'elle amène. Comme mécaniquement la dette ne peut croître que si elle est compensée par de la croissance économique pour faire face aux remboursements croissants, on est bloqués. La promesse de future croissance, c'est la seule justification d'une dette qui augmente, c'est un système dynamique.
La croissance de la dette des ménages est à l'origine de la crise des subprimes, et la croissance de la dette des états est à l'origine de la crise de la dette dans l'UE. Tant que la croissance était là, les investisseurs prếtaient, et quand la croissance s'est arrêtée, bah les investisseurs ont eu peur de ne jamais revoir leur pognon, et couic le robinet à crédit. Macro ou micro-économique ne change pas grand chose à ce niveau.
On ne gère pas du tout un état comme une entreprise, parce que ce n'est pas du tout le même but, ni la même dimension.
Quelle est la différence majeure entre un service de gestion dans une boite privée et dans une administration, par exemple? Par beaucoup de points de vue, un certain nombre de services de l'état peuvent être gérés comme des services privés. L'état y gagnerait d'ailleurs beaucoup, si par exemple l'accueil en préfecture pouvait être organisé comme si les gens qui y allaient étaient des clients à satisfaire et pas des usagers…
Faire du profit est, pour une partie des citoyens, un moyen d'accéder au bonheur (ou du moins c'est ce qu'ils pensent).
D'une manière un peu plus générale, si on remplace "faire du profit" par "gagner en pouvoir d'achat" (ce qui est exactement la traduction de "faire du profit" à l'échelle de l'employé salarié), alors on est probablement dans un consensus majoritaire. Et si on ajoute "ne pas perdre de pouvoir d'achat", alors on est en majorité écrasante. Si on regarde par exemple les motifs de contestation actuels, les manifestants veulent gagner plus d'argent (manifs pour l'augmentation des fonctionnaires), ne pas gagner moins d'argent (cheminots et retraités). En troisième position vient "travailler moins", ou "faire en sorte que ma position sociale ne dépende pas de la qualité/quantité de mon travail par rapport à celui des autres". C'est peut-être ce qui rappelle le plus la quête du bonheur…
Mais bon, non, quelque part, le bonheur, ça ne semble pas vraiment être une préoccuppation politique directe importante pour la plupart de nos concitoyens. Ce qu'ils demandent éventuellement, c'est des choses qui, selon eux, pourraient permettre d'améliorer leur bonheur (du pognon, de préférence sans trop bosser). Paradoxalement, l'argent, ça sert à consommer plus de biens et de services, alors que les mêmes personnes se plaignent parfois du malheur que leur apporte la société de consommation. C'est un peu bizarre…
En fait, l'idée qu'assouvir les besoins personnels à travers la possibilité d'augmenter ses revenus peut être un bénéfice pour l'ensemble de la société est au fondement du libéralisme, et ça ne m'étonne pas beaucoup de voir une telle philosophie à la base de la politique actuelle.
D'une manière générale, il ne faut pas faire semblant de ne pas voir aussi l'hypocrisie derrière les revendications sociales. Quand les salariés demandent à partager les profits, ils souhaitent aussi, de leur point de vue, privatiser les profits et socialiser les dettes. Quand les fonctionnaires veulent maintenir leur pouvoir d'achat, ils n'ont pas en arrière pensée l'équilibre budgétaire. D'ailleurs, ils n'ont souvent aucune proposition de politique générale, ils veulent plus d'argent pour eux, plus de moyens, plus de postes dans leurs services ou leurs administrations, souvent pour de très bonnes raisons d'ailleurs. Mais bon, c'est super facile d'être vindicatif quand on choisit son camp. C'est le même processus pour les manifestations contre l'enfouissement des déchets nucléaires ou contre la construction d'éoliennes ; pour être assez motivé pour aller s'enchainer à des arbres ou à se faire gazer par des CRS, il faut forcément ne pas avoir la volonté de comprendre la complexité des problèmes… Je ne dis pas que la naïveté politique n'est pas efficace sur le plan de la communication et ne permet pas de faire avancer les choses, je dis juste qu'il faut quand même être conscient que quand on fait ça, on est finalement bien content de ne pas justement avoir le pouvoir de faire changer les choses comme on voudrait (et j'imagine qu'un certain Nicolas H., par exemple, en est un superbe exemple).
J'imagine que c'est possible, mais il y a aussi d'autres considérations, par exemple la responsabilité en cas de violation volontaire du code de la route. J'assumerais, je pense, la responsabilité d'un accident si j'ai un peu trop forcé à un rond-point, par exemple. Mais je ne sais pas si ça serait la même chose si c'était la voiture qui avait pris cette décision. Quelque part, il y a quand même des différences entre la machine et toi, sur l'intégrité physique, sur la responsabilité légale et morale en cas de blessure d'un tiers, etc.
Cas n°1: le passager de la voiture est une femme en train d'accoucher qui va à la maternité. Est-ce que tu veux que la voiture force les priorités? Est-ce que tu veux qu'elle grille les feux rouges?
Cas n°2: tu es en retard pour une réunion de boulot. Mêmes questions.
Cas n°3: tu es en retard pour un entretient d'embauche. Mêmes questions.
Cas n°4: la voiture n'a pas de passagers, elle rentre toute seule chez elle. Mêmes questions.
Cas n°5: la voiture n'a pas de passagers, mais elle va chercher ta fille de 13 ans qui est tout seule à l'extérieur de la boîte de nuit où elle a essayé d'entrer à 3h du mat. Mêmes questions.
Tu peux en faire défiler autant que tu veux. Sur le fond, oui, tu pourrais entrainer (en théorie) une IA à adopter le "bon" comportement (ou du moins, un comportement indiscernable de celui d'un être humain confronté aux mêmes situations, avec le problème de l'énorme variation entre les comportements d'êtres humains), mais est-ce que c'est réellement ce que tu veux, et est-ce réellement souhaitable du point de vue de la société? Est-ce que tu n'exigerais pas d'un véhicule autonome qu'il soit plus raisonnable, qu'il ne dépasse jamais les limites de vitesse, qu'il anticipe les comportements des mauvais conducteurs même si ça revient à laisser systématiquement passer les bagnoles qui forcent les priorités? Est-ce que rester bloqué à un stop pendant 10 minutes parce que la circulation ne permet pas de passer sans forcer n'est pas le comportement attendu d'un robot? Mimer le comportement humain est une chose (difficile, mais faisable), mais je ne sais même pas si c'est ce que doit faire une voiture autonome.
ton avis est un peu tranché :D et mériterai plus de nuances et moins d'idéologie.
Œil, poutre, toussa toussa, hein :-)
J'ai toujours eu des doutes sur l'argument basé sur le principe «les politiques traditionnels ont montré leurs limites, alors essayons quelque chose qui n'a jamais été fait», c'est un argument majeur du populisme de droite et de gauche et c'est basé sur un raisonnement fallacieux (on peut être d'accord pour dire que X est faible, mais c'est fallacieux d'en déduire que Y est meilleur).
Par contre, il est indéniable que le profile d'E. Macron est très différent du profil des politiques traditionnel. Il n'est pas attaché aux idéologies traditionnelles, et défend un modèle de gestion proche du monde de l'entreprise, avec des prises de risque, une évaluation basée presque exclusivement sur des critères financiers et budgétaires, et des décisions pragmatiques tournées vers un objectif d'efficacité. C'est «moderne», on va dire. On peut ne pas aimer, mais c'est différent.
Du coup, je trouve que l'argument du style «la vraie gauche/la vraie droite n'a jamais réellement eu le pouvoir et n'a jamais pu appliquer leur programme» est assez faible, puisqu'on s'aperçoit que le réel libéralisme n'a jamais non plus été appliqué (parce que non, le programme de la droite traditionnel est plus conservateur que libéral).
Après, les histoires de socialisation des pertes, de l'entreprise égoïste, de l'opposition citoyens/entreprises, il n'y a pas grand chose derrière. Je veux dire, c'est juste naïf et assez faux, c'est des slogans de campagne mais il n'y a pas de profondeur (et je dis ça alors que pendant longtemps je trouvais que ça avait de la gueule). Les modèles économiques sont évidemment faux, comme tous les modèles, mais ils sont formalisés, ils rendent possibles la simulation de politiques sociales et économiques, de prévoir leurs conséquences budgétaires et leur efficacité, de prévoir l'impact potentiel des politiques publiques. Oui, ils sont faux, mais en face, il n'y a que du vent : du «bon sens», de l'«indignation» (qui consiste à s'apitoyer sur les symptomes sans essayer de comprendre les causes), du mécontentement (super, "on n'est pas contents", c'est vachement utile comme information). Peut-être qu'avec le temps je deviens de plus en plus scientiste, mais quand j'ai en face de moi quelqu'un qui base ses déclarations sur des modèles, et quelqu'un d'autre qui prétend que «tout le monde sait que c'est faux» et que son petit doigt lui a dit qu'il suffisait de prendre l'argent aux riches (quand on est de la vraie gauche) ou aux pauvres qui ne sont pas comme nous (quand on est de la vraie droite) pour régler tous les problèmes du monde, bah je ne trouve pas ça compliqué de choisir mon camp.
Là, tu atteins réellement les limites de la conduite automatique, quelle que soit l'«intelligence» du système. En particulier, les conducteurs interprètent les règles de manière créative en cas de circonstances exceptionnelles (bouchons, accident, passage d'un véhicule d'urgence…); par ailleurs, on a des intuitions empathiques sur l'état d'esprit des autres conducteurs (celui-là roule comme un petit vieux, celui-là à l'air bourré, ouhlala l'Audi avec des vitres teintées a l'air de rouler comme un c…, par contre la Clio va me laisser passer). Je doute qu'un système automatique puisse anticiper que quelqu'un a des chances de céder la priorité ou savoir quand forcer pour passer à une intersection encombrée, puisque c'est toujours des situations où il faut prendre la décision de violer une règle du code de la route, ou prendre le risque d'un accrochage.
Un autre exemple, c'est quand les conducteurs empruntent la bande d'arrêt d'urgence pour ne pas encombrer une autoroute ou une voie rapide quand une sortie est bouchée. Ça arrive souvent en région Parisienne, et sans ce type de comportement, la fluidité du trafic serait vraiment compromise (sans compter que les différentiels de vitesse peuvent être assez importants, et c'est dangereux). Comment une Google car se comporterait? Je ne pense pas qu'elle puisse imaginer anticiper la sortie et se mettre à la queue derrière les voitures sur la BAU, elle irait jusqu'à la sortie normale, et s'arrêterait en plein milieu des voies. On atteint vraiment une limite du système, mais j'imagine que les gens s'habitueraient aussi à la présence de véhicules autonomes et apprendraient à anticiper leur comportement, quitte à en profiter parfois (le respect scrupuleux de la lettre du code de la route peut permettre aux autres d'abuser un peu…).
Le plus gros argument contre l'idée de l'omniprésence de l'obsolescence programme, c'est «pourquoi?». Tant que cette question n'a pas de réponse claire, voir de l'obsolescence programmée partout, c'est du ressort de la théorie du complot (les industriels complotent entre eux pour partager les parts de marché, etc).
Le coup du remplacement du tampon des imprimantes est un super exemple. Si l'imprimante émet une alerte "maintenance nécessaire, il faut remplacer le tampon", les gens crient à l'obsolescence programmée. Or, une récente discussion ici montraient que non seulement le remplacement du tampon était très facile, mais qu'en plus c'était une opération offerte gratuitement par certains constructeurs. Le pervers, dans l'histoire, ce n'est pas l'industriel, c'est le consommateur qui comprend "jetez l'imprimante" quand il y a marqué "maintenance nécessaire", ce qui est exactement le contraire! Sans remplacement du tampon, l'encre finirait par baver partout et l'ensemble deviendrait en effet inutilisable.
Il ne faut pas délirer non plus sur le coût de revient d'une cartouche. Sérieusement, 0.25€ de coût de fabrication pour 50€ de prix de vente? J'imagine que ça ne couvre même pas les matières premières, il faut être un minimum raisonnable. En général, les cartouches génériques sont vendues à peu près 50% du prix des grandes marques, et pour avoir testé, la qualité est très inférieure (ça m'a même flingué une imprimante). Même si la marge est de 30%, comme cette marge couvre l'imprimante vendue à perte, ça ne parait pas complètement loufoque. À moins d'imaginer encore une fois un complot entre tous les fabriquants, la concurrence existe quand même, et les gens regardent aussi le prix des cartouches vendues en magasin…
Les problemes ou il y a eu le plus de progres ce sont des problemes ou beaucoup de moyen ont ete mis pour comprendre les mecanismes sous jacent et donc permettre de codifie et donc de faire un algo de comment ces taches se realisent.
Euh, l'alternative, c'est quoi? De la R&D sans moyens? Ça me semble évident (quasiment tautologique) de dire que les domaines qui progressent sont les domaines où les investissements sont les plus gros.
processus de creation artistique par exemple
Non, mais là, c'est hors catégorie. Tu parles de trucs que seulement une infime minorité d'êtres humains sont capables de faire, et même où on ne sait pas vraiment si une «œuvre» a une valeur réelle en dehors de celle que lui donne l'observateur.
En gros, tu es en train de demander à ce qu'une IA comprenne pour nous un problème philosophique et/ou neurologique profond.
Et puis, en plus, ça n'est pas tout à fait vrai. En utilisant les résultats d'un apprentissage de type "deep learning" et en inversant le processus, il est possible de reconstruire des images à partir des réseaux de neurones (https://nerdist.com/why-are-googles-neural-networks-making-these-brain-melting-images/), images qui ont au moins un certain attrait et dénotent d'une créativité. Ce sont clairement des œuvres de l'esprit au sens de la propriété intellectuelle, par exemple.
et la ce sont des domaines ou il y a des moyens gigantesques qui sont mis dedans
Mouais, alors il faudrait comparer avec d'autres choses. Les progrès sur la thérapie du cancer par rapport aux moyens, bof bof, hein… La compréhension du fonctionnement des génomes, un peu pareil. L'ambition de développement d'une IA générique, c'est énorme par rapport aux plus gros programmes de recherche et développement ; s'il faut l'équivalent de plusieurs programmes Appolo, ça ne m'étonnerait pas. Je ne vois rien de disproportionné ; beaucoup d'argent est investi, mais il y a derrière des progrès réels.
Personne n'a dit que c'était facile, mais encore une fois, on arrive progressivement à passer des étapes qu'on pensait impossibles ou très difficiles, et qu'on caractérisait sans aucun doute comme des étapes importantes dans l'élaboration de programmes intelligents.
ils se concentrent sur quelques problèmes assez particuliers
J'ai plutôt l'impression du contraire : sur certains problèmes spécifiques, les "intelligences artificielles" calent, mais sur beaucoup, les avancées sont assez impressionnantes. Le truc, c'est que ça n'avance pas forcément de la manière qu'on imaginait ; par exemple, dans plusieurs domaines, les progrès sont plus liés à l'accès à des bases de données gigantesques qu'à des algorithmes qui "comprennent" réellement ce qu'ils font (traduction automatique, conduite automatique…). Mais, n'empêche, le but est atteint, et encore une fois, affirmer qu'un programme n'est pas intelligent parce qu'il applique "bêtement" un algorithme, c'est pareil que de dire qu'on n'est pas intelligents parce qu'on ne fait que réagir à des stimulations neuronales. En plus, chez nous, c'est pire, parce qu'une bonne partie de ce qu'on appelle notre "intelligence" se base sur du hardware spécialisé (reconnaissance des visages, motricité…).
Le contexte historique est important : il y a 50 ans, on pensait qu'un programme qui était fort aux échecs était un objectif concret vers l'intelligence artificielle. On ne peut pas dire aujourd'hui "ah oui mais gagner au Go n'est pas du tout un signe d'intelligence", parce qu'avant que ça soit concret, on pensait que ça en était un. La traduction automatique, on pensait que c'était de l'intelligence artificielle, on ne va pas changer du jour au lendemain notre fusil d'épaule parce qu'il existe des algorithmes capables de le faire de manière presque convaincante.
Et considerer le test de Turing comme le test ultime je pense que c'est aussi tres reducteurs mais bon chacun sa definition de l'intelligence.
Ce n'est pas une question de définition, c'est une question de mesure. Ton objectif, c'est de déterminer si un logiciel peut être qualifié d'"intelligent". Le consensus parmi les informaticiens et les logiciens, c'est qu'on ne peut pas examiner le fonctionnement d'un algorithme pour déterminer ça, pour la simple raison qu'un algorithme, aussi sophistiqué soit-il, reste un algorithme. Turing le premier, mais bien d'autres après lui, ont donc admis qu'on ne pouvait qualifier un programme d'intelligent que par sa capacité à donner l'illusion de l'intelligence, pour la simple et bonne raison que c'est exactement ce qu'on fait avec des organismes vivants.
Si tu penses que le test de Turing est imparfait (quoi que ça puisse vouloir dire), alors tu peux certainement définir d'autres tests d'intelligence. Quelque chose qu'un ordinateur doit "passer" pour pouvoir être qualifié d'intelligent à tes yeux.
Le coup de "ah oui mais non, il passe le test mais ça n'est pas du tout comme ça que j'aurais voulu qu'il le passe", ça ne peut pas être un vrai argument, parce que tu ne fais que de trouver des excuses. Et encore une fois, aujourd'hui, des programmes font correctement des choses qu'on pensait impossibles (ou seulement réservées à des intelligences humaines) auparavant, comme jouer aux échecs ou au go, conduire une voiture, donner l'illusion d'une conversation dans un chat pendant quelques échanges, traduire un texte dans une autre langue…
On n'aura pas, un jour, une étape franchie qui puisse signifier que ça y est, on dispose d'intelligences artificielles. C'est juste que progressivement, les algorithmes grignottent une frontière, et en sont déja à un niveau qui était qualifié d'intelligence artificielle il y a plusieurs années. Évidemment, toi, tu peux décider de reculer la limite au fur et à mesure, mais ça n'est pas du jeu, tu «triches» pour maintenir l'argument de la non-intelligence de ces programmes.
Pourtant, entre Alpha et différents exemples bluffants de reconnaissance d'image par des réseaux de neurones, je trouve qu'on peut raisonnablement commencer à admettre qu'on est face à des embryons d'intelligences artificielles. À partir d'une photo, dire "c'est un oiseau", c'est, étymologiquement parlant, de l'intelligence : le programme est capable de reconnaitre une structure générique et d'intégrer une matrice de pixels en information abstraite.
Tu te conduis comme un troll, tu argumentes comme un enfant, tu réponds à toute tentative de discussion par des pirouettes… Mais peut-être que sous cette apparence rustre tu caches un être riche et complexe, intelligent, cultivé, rationnel, ouvert, charismatique et humble? Ton humilité est telle que tu ne souhaites pas nous humilier sous la puissance de tes arguments, alors tu préfères te faire passer pour un boulet—chose que tu réussis en effet à merveille?
Exemples de métier où tu pourrais télétravailler :
Beaucoup de métiers dans ta liste sont en fait probablement la plupart du temps des micro-entreprises ou analogues. Du coup, c'est pas évident de faire la différence entre "travailler chez soi" et "être à son compte en utilisant son domicile comme bureau". Si tu vas par là, tu peux être médecin, vétérinaire, ou commerçant, et travailler dans des locaux attenants à ton domicile…
Sur le fond du problème, le télétravail nécessite une forme de confiance entre l'employeur et l'employé, et un suivi sérieux pour éviter toutes sortes de problèmes. Ça m'étonnerait qu'il soit aussi facile que ça d'envoyer des CV avec "PS: au fait, je vais bosser chez moi, hein".
le télétravail serait une voie intéressante pour des raisons que nous comprenons tous.
C'est loin d'être aussi évident que ça. Le télétravail comporte en effet beaucoup de risques, et nous n'en sommes qu'au début de la tendance, donc il n'est pas facile de prévoir comment ces risques (individuels, comme l'idolement, ou collectifs, comme l'individualisme) vont se réaliser en pratique.
Rester dans son ignorance et dans son outrance permet en effet de ne jamais remettre en cause les énormités qu'on trolle sur Internet. «Car quand on est convaincu qu'on a raison. On a plus besoin de se casser l'cul a réflechir.», Super D. «Le club des catholiques».
phrase dite par un peintre grec à un cordonnier qui s’apprêtait à critiquer sa toile.
Il était assez con, ton peintre polyglotte. J'ai le droit et la légitimité de critiquer la bouffe de la cantine même si je ne suis pas cuistot, j'ai le droit et la légitimité de dire que tel logiciel est plein de bugs même si je ne suis pas programmeur. C'est vraiment l'argument du professionnel incompétent, ton truc. Si le cordonnier est son client, il peut se plaindre de tout, et l'autre n'a qu'à refaire le taf.
C'est un point de vue, mais pour moi, l'abstention + ouvrage de tronche est le comportement typique du fumiste. Le mec qui ne dit rien pendant les réunions, mais qui fait toujours chier après, parce qu'il n'est jamais d'accord. Son objectif n'est pas de changer les choses, c'est simplement d'adopter une posture.
Sur le fond, il y a deux grandes catégories d'abstentionnistes. Ceux qui s'en foutent pendant et après l'élection, comportement que je n'apprécie pas particulièrement, mais qui ne me choque pas plus que ça, et ceux qui ne votent pas et qui passent leur temps à critiquer. Et ceux-là, au boulot c'est des nuisibles, et dans la société, c'est pareil. «Ouais, alors, quand je m'abstiens, je veux dire que…». Bah non. On s'en fout, tu avais un moment pour t'exprimer (y compris pour te présenter si tu trouves qu'aucun de la tripotée de branquignolles de toutes les couleurs possibles du spectre politique ne vaut le coup), tu as choisi de ne pas le faire (ou alors, tu avais piscine?), tu t'es mis volontairement hors-jeu du débat démocratique. J'aimerais bien savoir s'il existe dans l'histoire de l'humanité quelque chose de positif qui s'est passé parce que quelqu'un a choisi de ne pas faire l'effort de faire quelque chose (désobéir à un ordre, c'est un effort; faire grève, c'est un effort. Rester chez soi le jour des élections, non).
Ouais, ou ça veut aussi exprimer qu'on n'a pas envie de s'exprimer. C'est bien de fermer sa gu… quand on a rien à dire, c'est très bien. Sauf qu'il n'y a aucune raison que ça s'arrête aux élections, parce que si ça revient à ne pas s'exprimer un jour et emmerder le monde pendant les 5 ans qui suivent en allant raconter partout qu'on voulait dire quelque chose, je ne vois pas l'intérêt.
Si, c'est stupide parce que c'est faux. C'est simplement mathématiquement faux. Si quand tu t'abstenais c'était comme si tu votais pour les deux moitié-moitié, alors chaque abstention ramènerait le score général vers 50/50, ce qui n'est pas le cas. Donc non, c'est faux, et c'est profondément stupide.
Et Villani est bien trop intelligent pour tomber dans ce piège.
« S'abstenir, c'est donner la moitié de son vote à Marine Le Pen »
Sauf que c'est ce que le journaliste a compris. La citation réelle est bien plus subtile:
« Et pour ce qui est du score, s’abstenir est équivalent à répartir sa voix entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Dit autrement : retirer son vote à Emmanuel Macron, par représailles, c’est équivalent à consacrer la moitié de sa voix à soutenir Marine Le Pen. »
Et ça… c'est presque juste (ça n'est juste qu'asymptotiquement, je crois). Retirer sa voix quand il y a déja x votants pour le candidat A et y pour B, ça fait passer la fréquence de (x+1)/(x+y+1) à x/(x+y). Consacrer la moitié de sa voix à B (et donc, logiquement, l'autre moitié à A, ou à personne?), ça fait passer la fréquence de x/(x+y) à (x+0.5)/(x+y+1) (ou x/(x+y+0.5) en fonction de l'interprétation). Quand on fait les ratios avant/après, c'est numériquement très proche (beaucoup plus proche que les âneries habituelles), mais ça n'est exact que si on fait une approximation asymptotique (x et y grands).
Mais bon, la boulette reste beaucoup moins grosse que ce qu'avait compris le boulet de journaliste.
Maintenant que ce n’est plus le cas on considère que jouer au go est « simple » et ne nécessite pas d’intelligence ? C’est un peu trop simple à mon avis.
Ça n'est pas trop simple, c'est juste la preuve que l'IA progresse et que les gens qui prétendent le contraire sont obligés de recourir à l'argument "du trou incomblé", argument qui s'est par exemple avéré comme historiquement fallacieux pour l'existence de Dieu. Il n'y a pas de raison que ça ne soit pas la même chose pour l'IA ; l'argument consiste à dire que l'intelligence humaine est en substance supérieure à l'intelligence artificielle, la preuve en est du nombre de choses que nous savons faire et qu'un ordinateur ne sait pas. Or, la liste se réduit peu à peu, au fil des progrès de l'IA. Par exemple, un jalon majeur est le test de Turing. Vous imaginez quoi ; le jour où on fait passer le test de Turing avec succès à un ordinateur, vous pensez que les tenants de l'"IA n'est pas de l'intelligence" vont dire : "OK, on rend les armes, l'IA existe vraiment"? Non, ils vont continuer à prétendre que nos tests sont imparfaits et qu'il existe encore des domaines où l'Homme est supérieur ("un algorithme n'est qu'un programme, et c'est toujours un Homme qui a écrit le programme", qui va devenir "OK, un ordi sait écrire un programme plus efficacement qu'un humain, mais c'est toujours un Homme qui a écrit le programme qui sait écrire un programme mieux qu'un Homme", etc). Exactement de la même manière dont les croyants n'ont pas changé d'un pouce avec les progrès en physique ou en biologie, si on tient pour acquis que l'intelligence humaine ne peut pas être égalée, on va toujours trouver un "trou" à combler, en espérant gagner assez de temps pour être mort quand le dernier trou sera comblé, j'imagine.
Hypothèse 1: on entretient des armées de sociologues, philosophes, mathématiciens, théoriciens de l'information, etc. pour comprendre un concept trivial.
Hypothèse 2: un mec sur un forum balance des truismes péremptoires.
Mouais, sans savoir déja ce qu'il y a dans le binaire, ça semble un peu compliqué de dire que c'est de la faute du compilo, du développeur de l'outil, des bibliothèques externes, etc. On peut très bien imaginer des dépendances qui font des pyramides de dépendances, et ça ça n'est pas forcément facile à prédire.
Oui mais pour ça, il faudrait que les filières existent. En plus, il ne faut pas que la "recyclabilité" induise des processus couteux à la fabrication (sinon, c'est contre-productif).
Tu peux imaginer facilement un système où ça n'est pas trop compliqué d'ouvrir la machine, de mettre le disque d'un côté, la batterie de l'autre, les cartes électroniques, l'écran, la carcasse. Ça demande quand même du temps, il faut ouvrir le boitier, puis retirer les composants (à moins de les arracher). Et là, t'es pas vraiment plus avancé, parce que pour recycler un disque dur, bon courage…
C'est totalement pifométrique, mais d'idée que je me fais d'un recyclage des appareils électroniques dans le futur, c'est une énorme broyeuse qui te produit de très fines particules qui sont ensuite triées pour former un "minerais" enrichi dans tel ou tel composé. Ça me parait plus viable qu'un démontage manuel qui ne permet pas de résoudre le problème.
Un problème majeur de beaucoup de matériel vendu comme durable et réparable, c'est que ça n'est pas forcément rentable. À part les macs, beaucoup de portables "standard" sont, dans une certaine mesure, réparables ; on peut trouver les pièces détachées dans le commerce électronique. Le problème, c'est le coût. Récemment, la question s'est posée pour le remplacement d'une dalle tactile + dalle LCD ; il y en a pour plus de 150€ sans main d'œuvre (donc pas à la portée de Madame Michu non plus). Si on ramène à l'obsolescence de l'ensemble (batterie, disque, génération du processeur), ça n'est rentable que pour une machine de moins d'un an. C'est sûr que si on vend la bécane de départ 3000€, alors c'est rentable de remplacer des blocs à 300€. Mais ça ne veut pas dire que c'est une bonne affaire, parce que ça sera toujours plus intéressant d'acheter des appareils équivalents "jetables" deux à trois fois moins chers.
On vend souvent les concepts d'appareils jetables comme une conséquence du capitalisme et du consummérisme forcéné, au détriment du consommateur. Or, je ne suis pas du tout certain que ça soit si facile. Ça permet un investissement initial inférieur; ça permet un renouvellement minimum du parc, et donc une évolution souhaitable parfois (qui regrette les port séries sur les portables?), voire des économies d'énergie pour certains appareils. Et, pour les dispositifs légers, ça évite les catastrophes, parce que ça n'est pas la même chose de se faire piquer un ordinateur à 3000€ et un truc à 700€.
Sans compter qu'il y a un aspect majeur : le prix, c'est un fait concret immédiat, et la durabilité, c'est une promesse. Investir dans un appareil durable, ça comporte une importante part de risque.
D'ailleurs sur youtube, il me semble que c'est déjà le cas. Bref, on a la techno, on veut juste pas l'utiliser.
En même temps, c'est le job de Google de négocier des contrats publicitaires avec des annonceurs de tous les pays du monde. Comment une chaine de TV française pourrait le faire, surtout vu les volumes dont on parle? Combien de personnes vont regarder le Replay de Top Chef en Pologne? Comment couvrir les coûts de trouver des annonceurs polonais pour ça? Ça me semble assez infaisable. Un problème dont personne n'a parlé, c'est aussi celui des infrastructures. Est-ce que ça a un sens de streamer de la TV HD de l'autre bout du monde?
La seule solution envisageable serait ceraintement de passer par des diffuseurs internationaux, type Google, qui se servent au passage. Mais ça, ça ne peut fonctionner que pour les productions de la chaine. J'imagine mal un producteur de film français laisser à une chaine française les droits de diffusion internationale de son navet, à moins d'y mettre le prix, prix qui ne sera jamais rentabilisé vu la faiblesse des audiences des chaines françaises à l'étranger. De manière générale, j'imagine que les contrats de diffusion se négocient au cas par cas, pays par pays, diffuseur par diffuseur. Si tout est disponible sur Youtube, il n'y a plus besoin de diffuseur, et le système n'a aucun sens. Pourquoi TF1 irait négocier des droits de diffusion internationaux pour un film US pour coller du Replay sur Youtube, alors que toutes les chaines du monde le feraient? Ça n'a pas de sens, ça devrait être au producteur du film de le faire. Mais s'il le fait, l'intérêt des diffuseurs traditionnels d'acheter les droits de diffusion chuterait largement (pourquoi regarder la télé alors que tout est disponible en streaming sur Youtube.).
Honnêtement, je crois que le problème n'est pas du tout "ils n'ont pas envie de se faire chier". Le problème, c'est que le système est dans un état d'équilibre qui arrange la majorité des acteurs, qu'ils sont bien au courant que quand tu es à l'étranger, tu ne peux pas regarder la télé d'un autre pays, et ils assument parce que c'est voulu et que changer ça aurait des conséquences qui iraient bien au delà de la perte d'un "client" qui ne rapporte rien vu qu'il n'est pas la cible des annonceurs.
J'ai toujours eu du mal avec les langages qui sont censés être faits pour quelque chose et pas pour autre chose. Certains langages se sont avérés très utiles en dehors de la niche pour laquelle ils avaient été conçus ; c'est parfois rafraichissant (et parfois déroutant, voire décourageant). D'une manière générale, quand on code quelque chose, mais vaut le faire dans un langage qu'on maitrise et qu'une communauté suffisamment grande maitrise, plutôt que dans un langage de niche super adapté.
[^] # Re: ça fait chef d'entreprise et pas président de la république.
Posté par arnaudus . En réponse au journal Bookmark : Interview d'Emmanuel Macron sur l'IA dans Wired. Évalué à 4.
C'est quand même contestable. Beaucoup considèrent que les états ont un rôle de régulation de l'économie, mais de là à dire que la dette de l'État est moteur de l'économie, ça fait très Keynesien…
Je pense qu'il y a quand même à peu près consensus sur le fait que la charge de la dette ne peut pas augmenter plus vite que la croissance des ressources de l'État, parce que la faillite (ou un processus similaire) est toujours possible. C'est la même catastrophe si tu ne payes plus tes créanciers ou si tu dévalues ; l'argent que l'état redistribue dans l'économie doit être du vrai pognon (ni du pognon issu de la planche à billet, ni du pognon qu'on ne remboursera jamais), sinon, ça ne marche pas (ou du moins pas à long terme).
À un autre niveau, le problème de la dette ne doit pas être confondu avec le problème du déséquilibre du budget de l'état. Le fameux "trou de la sécu", par exemple, ou les déficits structuels de certaines activités ou administrations. On ne peut pas à la fois rechigner contre l'austérité et l'équilibre des comptes publics, et se plaindre de la recherche forcénée de la croissance économique avec tous les problèmes sociaux, économiques, et écologiques qu'elle amène. Comme mécaniquement la dette ne peut croître que si elle est compensée par de la croissance économique pour faire face aux remboursements croissants, on est bloqués. La promesse de future croissance, c'est la seule justification d'une dette qui augmente, c'est un système dynamique.
La croissance de la dette des ménages est à l'origine de la crise des subprimes, et la croissance de la dette des états est à l'origine de la crise de la dette dans l'UE. Tant que la croissance était là, les investisseurs prếtaient, et quand la croissance s'est arrêtée, bah les investisseurs ont eu peur de ne jamais revoir leur pognon, et couic le robinet à crédit. Macro ou micro-économique ne change pas grand chose à ce niveau.
Quelle est la différence majeure entre un service de gestion dans une boite privée et dans une administration, par exemple? Par beaucoup de points de vue, un certain nombre de services de l'état peuvent être gérés comme des services privés. L'état y gagnerait d'ailleurs beaucoup, si par exemple l'accueil en préfecture pouvait être organisé comme si les gens qui y allaient étaient des clients à satisfaire et pas des usagers…
[^] # Re: ça fait chef d'entreprise et pas président de la république.
Posté par arnaudus . En réponse au journal Bookmark : Interview d'Emmanuel Macron sur l'IA dans Wired. Évalué à 4.
Faire du profit est, pour une partie des citoyens, un moyen d'accéder au bonheur (ou du moins c'est ce qu'ils pensent).
D'une manière un peu plus générale, si on remplace "faire du profit" par "gagner en pouvoir d'achat" (ce qui est exactement la traduction de "faire du profit" à l'échelle de l'employé salarié), alors on est probablement dans un consensus majoritaire. Et si on ajoute "ne pas perdre de pouvoir d'achat", alors on est en majorité écrasante. Si on regarde par exemple les motifs de contestation actuels, les manifestants veulent gagner plus d'argent (manifs pour l'augmentation des fonctionnaires), ne pas gagner moins d'argent (cheminots et retraités). En troisième position vient "travailler moins", ou "faire en sorte que ma position sociale ne dépende pas de la qualité/quantité de mon travail par rapport à celui des autres". C'est peut-être ce qui rappelle le plus la quête du bonheur…
Mais bon, non, quelque part, le bonheur, ça ne semble pas vraiment être une préoccuppation politique directe importante pour la plupart de nos concitoyens. Ce qu'ils demandent éventuellement, c'est des choses qui, selon eux, pourraient permettre d'améliorer leur bonheur (du pognon, de préférence sans trop bosser). Paradoxalement, l'argent, ça sert à consommer plus de biens et de services, alors que les mêmes personnes se plaignent parfois du malheur que leur apporte la société de consommation. C'est un peu bizarre…
En fait, l'idée qu'assouvir les besoins personnels à travers la possibilité d'augmenter ses revenus peut être un bénéfice pour l'ensemble de la société est au fondement du libéralisme, et ça ne m'étonne pas beaucoup de voir une telle philosophie à la base de la politique actuelle.
D'une manière générale, il ne faut pas faire semblant de ne pas voir aussi l'hypocrisie derrière les revendications sociales. Quand les salariés demandent à partager les profits, ils souhaitent aussi, de leur point de vue, privatiser les profits et socialiser les dettes. Quand les fonctionnaires veulent maintenir leur pouvoir d'achat, ils n'ont pas en arrière pensée l'équilibre budgétaire. D'ailleurs, ils n'ont souvent aucune proposition de politique générale, ils veulent plus d'argent pour eux, plus de moyens, plus de postes dans leurs services ou leurs administrations, souvent pour de très bonnes raisons d'ailleurs. Mais bon, c'est super facile d'être vindicatif quand on choisit son camp. C'est le même processus pour les manifestations contre l'enfouissement des déchets nucléaires ou contre la construction d'éoliennes ; pour être assez motivé pour aller s'enchainer à des arbres ou à se faire gazer par des CRS, il faut forcément ne pas avoir la volonté de comprendre la complexité des problèmes… Je ne dis pas que la naïveté politique n'est pas efficace sur le plan de la communication et ne permet pas de faire avancer les choses, je dis juste qu'il faut quand même être conscient que quand on fait ça, on est finalement bien content de ne pas justement avoir le pouvoir de faire changer les choses comme on voudrait (et j'imagine qu'un certain Nicolas H., par exemple, en est un superbe exemple).
[^] # Re: Commentaire bookmark
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Intelligence artificielle", vraiment?. Évalué à 3.
J'imagine que c'est possible, mais il y a aussi d'autres considérations, par exemple la responsabilité en cas de violation volontaire du code de la route. J'assumerais, je pense, la responsabilité d'un accident si j'ai un peu trop forcé à un rond-point, par exemple. Mais je ne sais pas si ça serait la même chose si c'était la voiture qui avait pris cette décision. Quelque part, il y a quand même des différences entre la machine et toi, sur l'intégrité physique, sur la responsabilité légale et morale en cas de blessure d'un tiers, etc.
Cas n°1: le passager de la voiture est une femme en train d'accoucher qui va à la maternité. Est-ce que tu veux que la voiture force les priorités? Est-ce que tu veux qu'elle grille les feux rouges?
Cas n°2: tu es en retard pour une réunion de boulot. Mêmes questions.
Cas n°3: tu es en retard pour un entretient d'embauche. Mêmes questions.
Cas n°4: la voiture n'a pas de passagers, elle rentre toute seule chez elle. Mêmes questions.
Cas n°5: la voiture n'a pas de passagers, mais elle va chercher ta fille de 13 ans qui est tout seule à l'extérieur de la boîte de nuit où elle a essayé d'entrer à 3h du mat. Mêmes questions.
Tu peux en faire défiler autant que tu veux. Sur le fond, oui, tu pourrais entrainer (en théorie) une IA à adopter le "bon" comportement (ou du moins, un comportement indiscernable de celui d'un être humain confronté aux mêmes situations, avec le problème de l'énorme variation entre les comportements d'êtres humains), mais est-ce que c'est réellement ce que tu veux, et est-ce réellement souhaitable du point de vue de la société? Est-ce que tu n'exigerais pas d'un véhicule autonome qu'il soit plus raisonnable, qu'il ne dépasse jamais les limites de vitesse, qu'il anticipe les comportements des mauvais conducteurs même si ça revient à laisser systématiquement passer les bagnoles qui forcent les priorités? Est-ce que rester bloqué à un stop pendant 10 minutes parce que la circulation ne permet pas de passer sans forcer n'est pas le comportement attendu d'un robot? Mimer le comportement humain est une chose (difficile, mais faisable), mais je ne sais même pas si c'est ce que doit faire une voiture autonome.
[^] # Re: ça fait chef d'entreprise et pas président de la république.
Posté par arnaudus . En réponse au journal Bookmark : Interview d'Emmanuel Macron sur l'IA dans Wired. Évalué à 4.
Œil, poutre, toussa toussa, hein :-)
J'ai toujours eu des doutes sur l'argument basé sur le principe «les politiques traditionnels ont montré leurs limites, alors essayons quelque chose qui n'a jamais été fait», c'est un argument majeur du populisme de droite et de gauche et c'est basé sur un raisonnement fallacieux (on peut être d'accord pour dire que X est faible, mais c'est fallacieux d'en déduire que Y est meilleur).
Par contre, il est indéniable que le profile d'E. Macron est très différent du profil des politiques traditionnel. Il n'est pas attaché aux idéologies traditionnelles, et défend un modèle de gestion proche du monde de l'entreprise, avec des prises de risque, une évaluation basée presque exclusivement sur des critères financiers et budgétaires, et des décisions pragmatiques tournées vers un objectif d'efficacité. C'est «moderne», on va dire. On peut ne pas aimer, mais c'est différent.
Du coup, je trouve que l'argument du style «la vraie gauche/la vraie droite n'a jamais réellement eu le pouvoir et n'a jamais pu appliquer leur programme» est assez faible, puisqu'on s'aperçoit que le réel libéralisme n'a jamais non plus été appliqué (parce que non, le programme de la droite traditionnel est plus conservateur que libéral).
Après, les histoires de socialisation des pertes, de l'entreprise égoïste, de l'opposition citoyens/entreprises, il n'y a pas grand chose derrière. Je veux dire, c'est juste naïf et assez faux, c'est des slogans de campagne mais il n'y a pas de profondeur (et je dis ça alors que pendant longtemps je trouvais que ça avait de la gueule). Les modèles économiques sont évidemment faux, comme tous les modèles, mais ils sont formalisés, ils rendent possibles la simulation de politiques sociales et économiques, de prévoir leurs conséquences budgétaires et leur efficacité, de prévoir l'impact potentiel des politiques publiques. Oui, ils sont faux, mais en face, il n'y a que du vent : du «bon sens», de l'«indignation» (qui consiste à s'apitoyer sur les symptomes sans essayer de comprendre les causes), du mécontentement (super, "on n'est pas contents", c'est vachement utile comme information). Peut-être qu'avec le temps je deviens de plus en plus scientiste, mais quand j'ai en face de moi quelqu'un qui base ses déclarations sur des modèles, et quelqu'un d'autre qui prétend que «tout le monde sait que c'est faux» et que son petit doigt lui a dit qu'il suffisait de prendre l'argent aux riches (quand on est de la vraie gauche) ou aux pauvres qui ne sont pas comme nous (quand on est de la vraie droite) pour régler tous les problèmes du monde, bah je ne trouve pas ça compliqué de choisir mon camp.
[^] # Re: Commentaire bookmark
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Intelligence artificielle", vraiment?. Évalué à 2.
Là, tu atteins réellement les limites de la conduite automatique, quelle que soit l'«intelligence» du système. En particulier, les conducteurs interprètent les règles de manière créative en cas de circonstances exceptionnelles (bouchons, accident, passage d'un véhicule d'urgence…); par ailleurs, on a des intuitions empathiques sur l'état d'esprit des autres conducteurs (celui-là roule comme un petit vieux, celui-là à l'air bourré, ouhlala l'Audi avec des vitres teintées a l'air de rouler comme un c…, par contre la Clio va me laisser passer). Je doute qu'un système automatique puisse anticiper que quelqu'un a des chances de céder la priorité ou savoir quand forcer pour passer à une intersection encombrée, puisque c'est toujours des situations où il faut prendre la décision de violer une règle du code de la route, ou prendre le risque d'un accrochage.
Un autre exemple, c'est quand les conducteurs empruntent la bande d'arrêt d'urgence pour ne pas encombrer une autoroute ou une voie rapide quand une sortie est bouchée. Ça arrive souvent en région Parisienne, et sans ce type de comportement, la fluidité du trafic serait vraiment compromise (sans compter que les différentiels de vitesse peuvent être assez importants, et c'est dangereux). Comment une Google car se comporterait? Je ne pense pas qu'elle puisse imaginer anticiper la sortie et se mettre à la queue derrière les voitures sur la BAU, elle irait jusqu'à la sortie normale, et s'arrêterait en plein milieu des voies. On atteint vraiment une limite du système, mais j'imagine que les gens s'habitueraient aussi à la présence de véhicules autonomes et apprendraient à anticiper leur comportement, quitte à en profiter parfois (le respect scrupuleux de la lettre du code de la route peut permettre aux autres d'abuser un peu…).
[^] # Re: reportage sur France 2
Posté par arnaudus . En réponse au lien Halte à l'obsolescence programmée - le site. Évalué à 6.
Le plus gros argument contre l'idée de l'omniprésence de l'obsolescence programme, c'est «pourquoi?». Tant que cette question n'a pas de réponse claire, voir de l'obsolescence programmée partout, c'est du ressort de la théorie du complot (les industriels complotent entre eux pour partager les parts de marché, etc).
Le coup du remplacement du tampon des imprimantes est un super exemple. Si l'imprimante émet une alerte "maintenance nécessaire, il faut remplacer le tampon", les gens crient à l'obsolescence programmée. Or, une récente discussion ici montraient que non seulement le remplacement du tampon était très facile, mais qu'en plus c'était une opération offerte gratuitement par certains constructeurs. Le pervers, dans l'histoire, ce n'est pas l'industriel, c'est le consommateur qui comprend "jetez l'imprimante" quand il y a marqué "maintenance nécessaire", ce qui est exactement le contraire! Sans remplacement du tampon, l'encre finirait par baver partout et l'ensemble deviendrait en effet inutilisable.
Il ne faut pas délirer non plus sur le coût de revient d'une cartouche. Sérieusement, 0.25€ de coût de fabrication pour 50€ de prix de vente? J'imagine que ça ne couvre même pas les matières premières, il faut être un minimum raisonnable. En général, les cartouches génériques sont vendues à peu près 50% du prix des grandes marques, et pour avoir testé, la qualité est très inférieure (ça m'a même flingué une imprimante). Même si la marge est de 30%, comme cette marge couvre l'imprimante vendue à perte, ça ne parait pas complètement loufoque. À moins d'imaginer encore une fois un complot entre tous les fabriquants, la concurrence existe quand même, et les gens regardent aussi le prix des cartouches vendues en magasin…
[^] # Re: Bêtise naturelle
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Intelligence artificielle", vraiment?. Évalué à 4.
Euh, l'alternative, c'est quoi? De la R&D sans moyens? Ça me semble évident (quasiment tautologique) de dire que les domaines qui progressent sont les domaines où les investissements sont les plus gros.
Non, mais là, c'est hors catégorie. Tu parles de trucs que seulement une infime minorité d'êtres humains sont capables de faire, et même où on ne sait pas vraiment si une «œuvre» a une valeur réelle en dehors de celle que lui donne l'observateur.
En gros, tu es en train de demander à ce qu'une IA comprenne pour nous un problème philosophique et/ou neurologique profond.
Et puis, en plus, ça n'est pas tout à fait vrai. En utilisant les résultats d'un apprentissage de type "deep learning" et en inversant le processus, il est possible de reconstruire des images à partir des réseaux de neurones (https://nerdist.com/why-are-googles-neural-networks-making-these-brain-melting-images/), images qui ont au moins un certain attrait et dénotent d'une créativité. Ce sont clairement des œuvres de l'esprit au sens de la propriété intellectuelle, par exemple.
Mouais, alors il faudrait comparer avec d'autres choses. Les progrès sur la thérapie du cancer par rapport aux moyens, bof bof, hein… La compréhension du fonctionnement des génomes, un peu pareil. L'ambition de développement d'une IA générique, c'est énorme par rapport aux plus gros programmes de recherche et développement ; s'il faut l'équivalent de plusieurs programmes Appolo, ça ne m'étonnerait pas. Je ne vois rien de disproportionné ; beaucoup d'argent est investi, mais il y a derrière des progrès réels.
Personne n'a dit que c'était facile, mais encore une fois, on arrive progressivement à passer des étapes qu'on pensait impossibles ou très difficiles, et qu'on caractérisait sans aucun doute comme des étapes importantes dans l'élaboration de programmes intelligents.
[^] # Re: Bêtise naturelle
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Intelligence artificielle", vraiment?. Évalué à 3.
J'ai plutôt l'impression du contraire : sur certains problèmes spécifiques, les "intelligences artificielles" calent, mais sur beaucoup, les avancées sont assez impressionnantes. Le truc, c'est que ça n'avance pas forcément de la manière qu'on imaginait ; par exemple, dans plusieurs domaines, les progrès sont plus liés à l'accès à des bases de données gigantesques qu'à des algorithmes qui "comprennent" réellement ce qu'ils font (traduction automatique, conduite automatique…). Mais, n'empêche, le but est atteint, et encore une fois, affirmer qu'un programme n'est pas intelligent parce qu'il applique "bêtement" un algorithme, c'est pareil que de dire qu'on n'est pas intelligents parce qu'on ne fait que réagir à des stimulations neuronales. En plus, chez nous, c'est pire, parce qu'une bonne partie de ce qu'on appelle notre "intelligence" se base sur du hardware spécialisé (reconnaissance des visages, motricité…).
Le contexte historique est important : il y a 50 ans, on pensait qu'un programme qui était fort aux échecs était un objectif concret vers l'intelligence artificielle. On ne peut pas dire aujourd'hui "ah oui mais gagner au Go n'est pas du tout un signe d'intelligence", parce qu'avant que ça soit concret, on pensait que ça en était un. La traduction automatique, on pensait que c'était de l'intelligence artificielle, on ne va pas changer du jour au lendemain notre fusil d'épaule parce qu'il existe des algorithmes capables de le faire de manière presque convaincante.
[^] # Re: Bêtise naturelle
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Intelligence artificielle", vraiment?. Évalué à 3. Dernière modification le 27 mars 2018 à 17:55.
Ce n'est pas une question de définition, c'est une question de mesure. Ton objectif, c'est de déterminer si un logiciel peut être qualifié d'"intelligent". Le consensus parmi les informaticiens et les logiciens, c'est qu'on ne peut pas examiner le fonctionnement d'un algorithme pour déterminer ça, pour la simple raison qu'un algorithme, aussi sophistiqué soit-il, reste un algorithme. Turing le premier, mais bien d'autres après lui, ont donc admis qu'on ne pouvait qualifier un programme d'intelligent que par sa capacité à donner l'illusion de l'intelligence, pour la simple et bonne raison que c'est exactement ce qu'on fait avec des organismes vivants.
Si tu penses que le test de Turing est imparfait (quoi que ça puisse vouloir dire), alors tu peux certainement définir d'autres tests d'intelligence. Quelque chose qu'un ordinateur doit "passer" pour pouvoir être qualifié d'intelligent à tes yeux.
Le coup de "ah oui mais non, il passe le test mais ça n'est pas du tout comme ça que j'aurais voulu qu'il le passe", ça ne peut pas être un vrai argument, parce que tu ne fais que de trouver des excuses. Et encore une fois, aujourd'hui, des programmes font correctement des choses qu'on pensait impossibles (ou seulement réservées à des intelligences humaines) auparavant, comme jouer aux échecs ou au go, conduire une voiture, donner l'illusion d'une conversation dans un chat pendant quelques échanges, traduire un texte dans une autre langue…
On n'aura pas, un jour, une étape franchie qui puisse signifier que ça y est, on dispose d'intelligences artificielles. C'est juste que progressivement, les algorithmes grignottent une frontière, et en sont déja à un niveau qui était qualifié d'intelligence artificielle il y a plusieurs années. Évidemment, toi, tu peux décider de reculer la limite au fur et à mesure, mais ça n'est pas du jeu, tu «triches» pour maintenir l'argument de la non-intelligence de ces programmes.
Pourtant, entre Alpha et différents exemples bluffants de reconnaissance d'image par des réseaux de neurones, je trouve qu'on peut raisonnablement commencer à admettre qu'on est face à des embryons d'intelligences artificielles. À partir d'une photo, dire "c'est un oiseau", c'est, étymologiquement parlant, de l'intelligence : le programme est capable de reconnaitre une structure générique et d'intégrer une matrice de pixels en information abstraite.
[^] # Re: Villani et son domaine de compétence…
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Intelligence artificielle", vraiment?. Évalué à 7.
Tu te conduis comme un troll, tu argumentes comme un enfant, tu réponds à toute tentative de discussion par des pirouettes… Mais peut-être que sous cette apparence rustre tu caches un être riche et complexe, intelligent, cultivé, rationnel, ouvert, charismatique et humble? Ton humilité est telle que tu ne souhaites pas nous humilier sous la puissance de tes arguments, alors tu préfères te faire passer pour un boulet—chose que tu réussis en effet à merveille?
[^] # Re: vaste sujet
Posté par arnaudus . En réponse au message À la recherche de télétravail.. Évalué à 3.
Beaucoup de métiers dans ta liste sont en fait probablement la plupart du temps des micro-entreprises ou analogues. Du coup, c'est pas évident de faire la différence entre "travailler chez soi" et "être à son compte en utilisant son domicile comme bureau". Si tu vas par là, tu peux être médecin, vétérinaire, ou commerçant, et travailler dans des locaux attenants à ton domicile…
Sur le fond du problème, le télétravail nécessite une forme de confiance entre l'employeur et l'employé, et un suivi sérieux pour éviter toutes sortes de problèmes. Ça m'étonnerait qu'il soit aussi facile que ça d'envoyer des CV avec "PS: au fait, je vais bosser chez moi, hein".
# Déja, la base...
Posté par arnaudus . En réponse au message À la recherche de télétravail.. Évalué à 2.
C'est loin d'être aussi évident que ça. Le télétravail comporte en effet beaucoup de risques, et nous n'en sommes qu'au début de la tendance, donc il n'est pas facile de prévoir comment ces risques (individuels, comme l'idolement, ou collectifs, comme l'individualisme) vont se réaliser en pratique.
[^] # Re: Villani et son domaine de compétence…
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Intelligence artificielle", vraiment?. Évalué à 3.
Rester dans son ignorance et dans son outrance permet en effet de ne jamais remettre en cause les énormités qu'on trolle sur Internet. «Car quand on est convaincu qu'on a raison. On a plus besoin de se casser l'cul a réflechir.», Super D. «Le club des catholiques».
[^] # Re: Villani et son domaine de compétence…
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Intelligence artificielle", vraiment?. Évalué à 2.
Il était assez con, ton peintre polyglotte. J'ai le droit et la légitimité de critiquer la bouffe de la cantine même si je ne suis pas cuistot, j'ai le droit et la légitimité de dire que tel logiciel est plein de bugs même si je ne suis pas programmeur. C'est vraiment l'argument du professionnel incompétent, ton truc. Si le cordonnier est son client, il peut se plaindre de tout, et l'autre n'a qu'à refaire le taf.
[^] # Re: Villani et son domaine de compétence…
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Intelligence artificielle", vraiment?. Évalué à -1.
C'est un point de vue, mais pour moi, l'abstention + ouvrage de tronche est le comportement typique du fumiste. Le mec qui ne dit rien pendant les réunions, mais qui fait toujours chier après, parce qu'il n'est jamais d'accord. Son objectif n'est pas de changer les choses, c'est simplement d'adopter une posture.
Sur le fond, il y a deux grandes catégories d'abstentionnistes. Ceux qui s'en foutent pendant et après l'élection, comportement que je n'apprécie pas particulièrement, mais qui ne me choque pas plus que ça, et ceux qui ne votent pas et qui passent leur temps à critiquer. Et ceux-là, au boulot c'est des nuisibles, et dans la société, c'est pareil. «Ouais, alors, quand je m'abstiens, je veux dire que…». Bah non. On s'en fout, tu avais un moment pour t'exprimer (y compris pour te présenter si tu trouves qu'aucun de la tripotée de branquignolles de toutes les couleurs possibles du spectre politique ne vaut le coup), tu as choisi de ne pas le faire (ou alors, tu avais piscine?), tu t'es mis volontairement hors-jeu du débat démocratique. J'aimerais bien savoir s'il existe dans l'histoire de l'humanité quelque chose de positif qui s'est passé parce que quelqu'un a choisi de ne pas faire l'effort de faire quelque chose (désobéir à un ordre, c'est un effort; faire grève, c'est un effort. Rester chez soi le jour des élections, non).
[^] # Re: Villani et son domaine de compétence…
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Intelligence artificielle", vraiment?. Évalué à 1.
Ouais, ou ça veut aussi exprimer qu'on n'a pas envie de s'exprimer. C'est bien de fermer sa gu… quand on a rien à dire, c'est très bien. Sauf qu'il n'y a aucune raison que ça s'arrête aux élections, parce que si ça revient à ne pas s'exprimer un jour et emmerder le monde pendant les 5 ans qui suivent en allant raconter partout qu'on voulait dire quelque chose, je ne vois pas l'intérêt.
[^] # Re: Villani et son domaine de compétence…
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Intelligence artificielle", vraiment?. Évalué à 3.
Si, c'est stupide parce que c'est faux. C'est simplement mathématiquement faux. Si quand tu t'abstenais c'était comme si tu votais pour les deux moitié-moitié, alors chaque abstention ramènerait le score général vers 50/50, ce qui n'est pas le cas. Donc non, c'est faux, et c'est profondément stupide.
Et Villani est bien trop intelligent pour tomber dans ce piège.
[^] # Re: Villani et son domaine de compétence…
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Intelligence artificielle", vraiment?. Évalué à 6. Dernière modification le 26 mars 2018 à 17:45.
Sauf que c'est ce que le journaliste a compris. La citation réelle est bien plus subtile:
« Et pour ce qui est du score, s’abstenir est équivalent à répartir sa voix entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Dit autrement : retirer son vote à Emmanuel Macron, par représailles, c’est équivalent à consacrer la moitié de sa voix à soutenir Marine Le Pen. »
Et ça… c'est presque juste (ça n'est juste qu'asymptotiquement, je crois). Retirer sa voix quand il y a déja x votants pour le candidat A et y pour B, ça fait passer la fréquence de (x+1)/(x+y+1) à x/(x+y). Consacrer la moitié de sa voix à B (et donc, logiquement, l'autre moitié à A, ou à personne?), ça fait passer la fréquence de x/(x+y) à (x+0.5)/(x+y+1) (ou x/(x+y+0.5) en fonction de l'interprétation). Quand on fait les ratios avant/après, c'est numériquement très proche (beaucoup plus proche que les âneries habituelles), mais ça n'est exact que si on fait une approximation asymptotique (x et y grands).
Mais bon, la boulette reste beaucoup moins grosse que ce qu'avait compris le boulet de journaliste.
[^] # Re: Bêtise naturelle
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Intelligence artificielle", vraiment?. Évalué à 4.
Ça n'est pas trop simple, c'est juste la preuve que l'IA progresse et que les gens qui prétendent le contraire sont obligés de recourir à l'argument "du trou incomblé", argument qui s'est par exemple avéré comme historiquement fallacieux pour l'existence de Dieu. Il n'y a pas de raison que ça ne soit pas la même chose pour l'IA ; l'argument consiste à dire que l'intelligence humaine est en substance supérieure à l'intelligence artificielle, la preuve en est du nombre de choses que nous savons faire et qu'un ordinateur ne sait pas. Or, la liste se réduit peu à peu, au fil des progrès de l'IA. Par exemple, un jalon majeur est le test de Turing. Vous imaginez quoi ; le jour où on fait passer le test de Turing avec succès à un ordinateur, vous pensez que les tenants de l'"IA n'est pas de l'intelligence" vont dire : "OK, on rend les armes, l'IA existe vraiment"? Non, ils vont continuer à prétendre que nos tests sont imparfaits et qu'il existe encore des domaines où l'Homme est supérieur ("un algorithme n'est qu'un programme, et c'est toujours un Homme qui a écrit le programme", qui va devenir "OK, un ordi sait écrire un programme plus efficacement qu'un humain, mais c'est toujours un Homme qui a écrit le programme qui sait écrire un programme mieux qu'un Homme", etc). Exactement de la même manière dont les croyants n'ont pas changé d'un pouce avec les progrès en physique ou en biologie, si on tient pour acquis que l'intelligence humaine ne peut pas être égalée, on va toujours trouver un "trou" à combler, en espérant gagner assez de temps pour être mort quand le dernier trou sera comblé, j'imagine.
[^] # Re: L'ordinateur est rationnel, et alors ?
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Intelligence artificielle", vraiment?. Évalué à 6.
Hypothèse 1: on entretient des armées de sociologues, philosophes, mathématiciens, théoriciens de l'information, etc. pour comprendre un concept trivial.
Hypothèse 2: un mec sur un forum balance des truismes péremptoires.
Mhhh… Je ne sais pas, j'hésite un peu…
[^] # Re: langue
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Des alternatives à grep, ls et find. Évalué à 2.
Mouais, sans savoir déja ce qu'il y a dans le binaire, ça semble un peu compliqué de dire que c'est de la faute du compilo, du développeur de l'outil, des bibliothèques externes, etc. On peut très bien imaginer des dépendances qui font des pyramides de dépendances, et ça ça n'est pas forcément facile à prédire.
[^] # Re: Réparation, à quel coût?
Posté par arnaudus . En réponse au journal Présentation de l’Open Computer : un ordinateur portable Modulaire sous GNU/Linux. Évalué à 2.
Oui mais pour ça, il faudrait que les filières existent. En plus, il ne faut pas que la "recyclabilité" induise des processus couteux à la fabrication (sinon, c'est contre-productif).
Tu peux imaginer facilement un système où ça n'est pas trop compliqué d'ouvrir la machine, de mettre le disque d'un côté, la batterie de l'autre, les cartes électroniques, l'écran, la carcasse. Ça demande quand même du temps, il faut ouvrir le boitier, puis retirer les composants (à moins de les arracher). Et là, t'es pas vraiment plus avancé, parce que pour recycler un disque dur, bon courage…
C'est totalement pifométrique, mais d'idée que je me fais d'un recyclage des appareils électroniques dans le futur, c'est une énorme broyeuse qui te produit de très fines particules qui sont ensuite triées pour former un "minerais" enrichi dans tel ou tel composé. Ça me parait plus viable qu'un démontage manuel qui ne permet pas de résoudre le problème.
# Réparation, à quel coût?
Posté par arnaudus . En réponse au journal Présentation de l’Open Computer : un ordinateur portable Modulaire sous GNU/Linux. Évalué à 3.
Un problème majeur de beaucoup de matériel vendu comme durable et réparable, c'est que ça n'est pas forcément rentable. À part les macs, beaucoup de portables "standard" sont, dans une certaine mesure, réparables ; on peut trouver les pièces détachées dans le commerce électronique. Le problème, c'est le coût. Récemment, la question s'est posée pour le remplacement d'une dalle tactile + dalle LCD ; il y en a pour plus de 150€ sans main d'œuvre (donc pas à la portée de Madame Michu non plus). Si on ramène à l'obsolescence de l'ensemble (batterie, disque, génération du processeur), ça n'est rentable que pour une machine de moins d'un an. C'est sûr que si on vend la bécane de départ 3000€, alors c'est rentable de remplacer des blocs à 300€. Mais ça ne veut pas dire que c'est une bonne affaire, parce que ça sera toujours plus intéressant d'acheter des appareils équivalents "jetables" deux à trois fois moins chers.
On vend souvent les concepts d'appareils jetables comme une conséquence du capitalisme et du consummérisme forcéné, au détriment du consommateur. Or, je ne suis pas du tout certain que ça soit si facile. Ça permet un investissement initial inférieur; ça permet un renouvellement minimum du parc, et donc une évolution souhaitable parfois (qui regrette les port séries sur les portables?), voire des économies d'énergie pour certains appareils. Et, pour les dispositifs légers, ça évite les catastrophes, parce que ça n'est pas la même chose de se faire piquer un ordinateur à 3000€ et un truc à 700€.
Sans compter qu'il y a un aspect majeur : le prix, c'est un fait concret immédiat, et la durabilité, c'est une promesse. Investir dans un appareil durable, ça comporte une importante part de risque.
[^] # Re: Rien à faire
Posté par arnaudus . En réponse au journal Je ne demande qu’à payer !. Évalué à 2.
En même temps, c'est le job de Google de négocier des contrats publicitaires avec des annonceurs de tous les pays du monde. Comment une chaine de TV française pourrait le faire, surtout vu les volumes dont on parle? Combien de personnes vont regarder le Replay de Top Chef en Pologne? Comment couvrir les coûts de trouver des annonceurs polonais pour ça? Ça me semble assez infaisable. Un problème dont personne n'a parlé, c'est aussi celui des infrastructures. Est-ce que ça a un sens de streamer de la TV HD de l'autre bout du monde?
La seule solution envisageable serait ceraintement de passer par des diffuseurs internationaux, type Google, qui se servent au passage. Mais ça, ça ne peut fonctionner que pour les productions de la chaine. J'imagine mal un producteur de film français laisser à une chaine française les droits de diffusion internationale de son navet, à moins d'y mettre le prix, prix qui ne sera jamais rentabilisé vu la faiblesse des audiences des chaines françaises à l'étranger. De manière générale, j'imagine que les contrats de diffusion se négocient au cas par cas, pays par pays, diffuseur par diffuseur. Si tout est disponible sur Youtube, il n'y a plus besoin de diffuseur, et le système n'a aucun sens. Pourquoi TF1 irait négocier des droits de diffusion internationaux pour un film US pour coller du Replay sur Youtube, alors que toutes les chaines du monde le feraient? Ça n'a pas de sens, ça devrait être au producteur du film de le faire. Mais s'il le fait, l'intérêt des diffuseurs traditionnels d'acheter les droits de diffusion chuterait largement (pourquoi regarder la télé alors que tout est disponible en streaming sur Youtube.).
Honnêtement, je crois que le problème n'est pas du tout "ils n'ont pas envie de se faire chier". Le problème, c'est que le système est dans un état d'équilibre qui arrange la majorité des acteurs, qu'ils sont bien au courant que quand tu es à l'étranger, tu ne peux pas regarder la télé d'un autre pays, et ils assument parce que c'est voulu et que changer ça aurait des conséquences qui iraient bien au delà de la perte d'un "client" qui ne rapporte rien vu qu'il n'est pas la cible des annonceurs.
[^] # Re: langue
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Des alternatives à grep, ls et find. Évalué à 10.
J'ai toujours eu du mal avec les langages qui sont censés être faits pour quelque chose et pas pour autre chose. Certains langages se sont avérés très utiles en dehors de la niche pour laquelle ils avaient été conçus ; c'est parfois rafraichissant (et parfois déroutant, voire décourageant). D'une manière générale, quand on code quelque chose, mais vaut le faire dans un langage qu'on maitrise et qu'une communauté suffisamment grande maitrise, plutôt que dans un langage de niche super adapté.