L'an passé, on voyait plutôt le smartphone comme un coït entre PDA et téléphone mobile. Cette année, il est beaucoup plus clair qu'il s'agit de vrais ordinateurs personnels ultra-miniaturisés. Mais qu'est-ce-qui fait dire ça ? Voici une liste d'éléments de réponses :
- Machines : Les téléphones-PDA géraient un carnet d'adresses, un calendrier, des tâches, des notes et quelques applis, alors que les téléphones-ordinateurs peuvent surfer sur le web, faire du mail, de la messagerie instantanée, du multimédia et des jeux. Certains smartphones ne nécessitent même plus de logiciel de synchro sur ordi, mais font toutes les mises à jour et synchro directement sur internet (calendar, mail, contact, réseaux sociaux, etc.).
- Constructeurs : Les constructeurs d'ordi entrent dans la danse : Acer, Dell, Archos, Lenovo, Toshiba et Asus (et, bien sûr, Apple il y a trois ans, mais ça n'avait échappé à personne). Ce marché n'aura échappé à aucun gros constructeur.
- OS : Les OS spécifiques aux constructeurs de téléphone sont progressivement abandonnés, pour passer à un modèle proche de l'industrie de l'ordinateur personnel : le constructeur conçoit le matériel, le construit et/ou l'assemble (ou le fait assembler), puis un éditeur tiers fournit l'OS et le SDK, et on lui développe des pilotes spécifiques au matériel et on personnalise éventuellement son interface, ainsi que son offre logicielle pré-installée. Sauf qu'ici, on n'assiste pas à un monopole de Microsoft, mais à un vrai choix avec Android bien évidemment, mais également Windows Mobile, mais encore Symbian et LiMo. En effet, Apple et RIM ne fournissant pas à des tiers leurs OS respectifs, j'ai nommé iPhone OS et BlackBerry OS. On arrivait à saturation avec la foultitude des OS spécifiques des constructeurs de téléphones : il n'y avait pas ou trop peu de partage de code, même au sein d'un même constructeur, les équipes étant souvent mises en concurrence. Cette ère est désormais quasiment teminée, on utilise des OS tiers upstream ou adaptés.
- Apple : Apple était présent dans le monde des ordinateurs personnels, avec un matériel iMac ou MacBook et un OS Mac OS X spécifique, le tout intimement lié : la firme de Steve Jobs rejoue le même scénario avec cette fois-ci matériel iPhone et l'OS « iPhone OS », le tout intimement lié. Aucun constructeur n'a le droit à l'OS sur son propre matériel, aucun éditeur d'OS n'a le droit à s'installer sur le matériel d'Apple (à moins de bricolages). Les applemaniacs s'y retrouvent. Avec l'iPhone, seul matériel de la lignée malgré ses trois version (Edge, 3G et 3GS), on assiste à un business gigantesque autour des accessoires, comme avec les Mac. À noter que RIM fait la même chose avec sa ligne BlackBerry et son OS.
- Opérateurs et FAI : Les opérateurs telco vendent désormais des « data plan » ou « forfait internet 3G » et se transforment donc en fournisseurs d'accès à internet (FAI, ou ISP en anglais pour Internet Service Provider). Excepté ces grossières arnaques : les forfaits vendus comme « illimités » sont plafonnés à quelques centaines de méga-octets ou quelques giga-octets en volume mensuel ; la VoIP est interdite sur la 3G (pas sur le wifi), la VoIP entrant en collision directe avec le business-model séculaire consistant à vendre de la voix à la minute ; enfin, certains opérateurs bloquent allègrement de nombreux ports. Cette situation de « sous-internet » va probablement changer sous la pression des clients (que vous êtes tous), ne s'agissant que de dérapages spécifiques aux débuts des telco dans le monde de l'Internet. En revanche, l'indemnisation d'ordis par les FAI ne s'est toujours pas généralisée, comme c'est le cas des opérateurs avec les combinés mobiles.
- Wifi ouverts : Les FAI français poussent tous les wifi ouverts et partagés comme FON, FreeWifi, ou NeufBox de SFR. Bouygues de son côté pousse le quadruple-play avec une box et un forfait mobile. FON est également accessible dans de nombreux pays.
- Wifi dans les machines : Désormais, tous les smartphones ou presque savent parler le wifi. En effet, il est inadmissible de vendre un appareil surfant sur Internet sans wifi, vérifiez bien à l'achat. De l'autre côté, les laptop/netbooks commencent à intégrer la 3G, soit sous forme de clef USB munie d'un forfait 3G par un opérateur indemnisant le netbook, soit directement dans le matériel. Il devient donc courant en milieu urbain de bénéficier de la mobilité ultra-connectée (par exemple grâce aux outils Android de connexion automatique aux FreeWifi).
- Guerre des navigateurs : Enfin, un dernier fait marquant est la guerre des navigateurs qui a repris de plus belle sur ce nouveau champs de bataille. Bien que chaque OS inclue le sien par défaut (comme IE dans Windows, à ceci près qu'ils ne sont souvent pas « implantés ») : IE Mobile dans Windows Mobile, Safari Mobile dans iPhoneOS, Chrome Mobile dans Android, le navigateur mobile dans le webOS de Palm et le BlackBerry (qui vient de racheter Torch Mobile, éditeur de Iris, basé sur WebKit)... Opera tente de challenger Safari et Chrome avec Opera Mobile et Opera Mini (proxy de compression), mais Opera doit maintenir ces deux déclinaisons sur d'innombrables terminaux. Mozilla Fennec avance bien et est d'ores et déjà disponible en versions alpha et beta respectivement sur WM6 et Maemo. Encore peu de choses sur Symbian, et rien d'annoncé sur iPhone et Android. Il est clair que la fondation Mozilla se concentre sur les plateformes ayant des navigateur de moindre qualité, et pouvant être upgradé vers Fennec. Les atouts de ce dernier sont Weave qui permet la synchro (historique, bookmarks mots de passes) et les extensions (qui sont déjà au nombre de 30 pour le moment). On voit également une poignée d'autres acteurs mineurs, dont NetFront de Access, ou encore Skyfire, qui vont très probablement péricliter, victimes du combat des titans