LaurentClaessens a écrit 163 commentaires

  • [^] # Re: Et les ressources?

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche La monnaie libre pour une économie du Libre. Évalué à 10.

    l'évaluation de la quantité de ressources disponibles est directement dépendante du temps, et donc notamment des moyens scientifiques et technologiques

    Je me permets de mettre très fortement en garde contre ce genre d'optimisme technologique. En réalité, les ressources disponibes sont en fonction très décroissante de la technologie. Que ce soit en termes de nombres d'espèces pas encore disparues, en termes d'eau potable, ou de climat stable, le constat est sans appel : les technologies sont beaucoup plus souvent du côté du problème que du côté de la solution.

    Croire que les technologies accroissent les ressources, c'est comme croire que j'ai plus d'argent seulement parce que j'ai pu augmenter le plafond de retrait de ma carte banquaire. La technologie permet de prendre les ressources plus vite, pas de les augmenter.

    À la limite, certes, la technologie augmente les ressources disponibles. En insistant bien sur le dernier mot, la phrase est vraie, prise littéralement. Mais c'est très trompeur.

    Je conseille fortement de regarder une ou deux conférences de Jean-Marc Jancovici pour se faire une idée.

  • [^] # Re: Et les ressources?

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche La monnaie libre pour une économie du Libre. Évalué à 10.

    Je me permet d'en ajouter une couche. Je ne sais pas pour cette monaie-ci, mais le bitcoin est un désastre écologique. Le problème fondamental est la preuve de travail.
    Disons pour faire court qu'une transaction en bitcoin dépense 4000 fois plus d'énergie qu'une transaction par carte "normale". En gros si tous les échanges électroniques actuels étaient en bitcoin, rien que le minage coûterait 4 fois les USA en énergie.
    Or le bitcoin prévoit d'augmenter la difficulté avec l'augmentation de la capacité de calcul. Il y a donc une rétro-action prévue dans le protocole pour qu'il n'y ait pratiquement aucun espoir que l'efficacité énergétique de nos petits semi-conducteurs améliore le tableau.
    Bref, les monaies par preuve de travail sont juste exclues. Même pas ouverte à négotiations quels que soient leurs avantages par ailleurs.

    Ou alors le Ğ1 a eu une idée géniale qui lui permet de gagner un facteur 4000 contre le bitcoin en efficacité énergétique ?
    La page consacrée n'est pas du tout convainquante.
    Au mieux elle dit obtenir un facteur 3. Mais en réalité, si seul un tiers des noeuds tournent, on va juste multiplier par 3 le nombre de noeuds.
    Le fait que le minage soit moins énergivore pour Duniter que pour le bitcoin est uniquement dû au fait que l'un soit populaire et l'autre non.

    Quitte à être lourd, je répète : il faut un facteur 4000 contre le bitcoin si on vise le status quo, lequel status quo est climatiquement un suicide collectif.

    (le pétrole est un bon exemple : combien de fois nous a-t-on assuré qu'on était proche de l'épuisement de la ressource ?).

    En gros, le pétrole est épuisé depuis 1971 si on tient compte de l'«externalité» climatique. Ou n'importe quelle autre date au choix. Il n'y a plus aujourd'hui de pétrole qu'on peut se permettre de bruler.

  • [^] # Re: En français

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Le Frido : un livre, libre, de mathématiques pour l’agrégation. Évalué à 1.

    Y'a pas de mal. C'est juste que comme j'avais trouvé que "écorché les yeux et les oreilles" était un peu fort, j'ai répondu (un peu) ironiquement. Surtout la dernière référence à «Mathématique» avec une majuscule qui était une boutade contre un article de Maderios qui m'avais écorché les yeux à l'époque :)

    M'est avis qu'en réalité le principal grief sont les virgules autour de "libre" qui sont, effectivement, un peu bizares. Mais franchement, en me rinçant simplement les yeux à l'acétonne, ça passe.

    En ce qui concerne le pluriel, j'en fais pas une religion, mais c'est vrai que je préfère écrire «le Frido est un livre de mathématique».

    On me signale dans l'oreillette des problèmes avec le théorème de Lax-Milgram. J'y cours.

  • [^] # Re: En français

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Le Frido : un livre, libre, de mathématiques pour l’agrégation. Évalué à 2.

    Ah tiens, j'avais même pas remarqué.
    En fait en rédaction j'avais bien écrit "mathématique" au singulier. Une bonne âme avait mis un pluriel que j'ai remis au singulier en précisant que c'était un choix assumé.
    Après j'avais plus fait attention, et ce n'est que maintenant que je vois qu'on a remis un pluriel.

    Voyons les chose du bon côté; on aurait pu se retrouver avec "Mathématiques".

  • [^] # Re: compilation

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Le Frido : un livre, libre, de mathématiques pour l’agrégation. Évalué à 2.

    J'ai effectivement bien foiré raté l'upload le téléversement. Et comme derrière je n'ai pas checké vérifié … ben voila. Désolé.
    Je renvoie.

  • [^] # Re: compilation

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Le Frido : un livre, libre, de mathématiques pour l’agrégation. Évalué à 3.

    par contre il faut utiliser un peu pour se familiariser

    Si c'est ça le truc, alors c'est très équivalent au système actuel en termes de difficulté. Aujourd'hui, la contrainte est "simplement" de faire deux git clone, un là où $PYTHONPATH le verra et un là où $PATH le verra.

    Une fois que c'est fait, la compilation du Frido ou de n'importe quelle de ses variantes se fait en une seule ligne.

    commence par les anneaux mais ne définit pas avant ce qu'est un groupe abélien. C'est peut-être lié au programme je n'ai jamais passé l'agrégation.

    Ce n'est pas lié au programme : c'est une vraie faute contre la logique mathématique. C'est corrigé.

  • [^] # Re: compilation

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Le Frido : un livre, libre, de mathématiques pour l’agrégation. Évalué à 1.

    J'ai ouvert le sujet ici :
    https://github.com/LaurentClaessens/mazhe/issues/51

    Là je parle de bash et de python. Pour docker … là je suis dépassé. Il faudra m'expliquer avec des mots simples.

  • [^] # Re: compilation

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Le Frido : un livre, libre, de mathématiques pour l’agrégation. Évalué à 3.

    heu … ouais peut-être. Je n'ai aucune idée de comment fonctionne docker. Tout au plus j'en sais les plus vils stéréotypes; genre que je ne vais pas installer une VM de 10Gi qui va manger mon processeur juste pour compiler un truc bête en LaTeX.

    En fait pour simplifier la vie des autres, je pensais plutôt à écrire un install.sh qui fait un git pull de ce qu'il faut et ajoute de la poudre de perlinpinpin dans l'exécutable pytex affin qu'il cherche ses packages dans les répertoires fraîchement créés.

    Cela dit, c'est vraiment un sujet sur lequel il faut réfléchir.

  • [^] # Re: Licence

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Le Frido : un livre, libre, de mathématiques pour l’agrégation. Évalué à 9.

    La FDL est vraiment un choix. Elle contient un élément très important qui n'est pas réellement couvert par les CC, à savoir la notion de copie transparente

    La FDL exclu explicitement et nominativement le format PDF des formats acceptables dans la notion de "partage à l'identique" et mentionne nominativement les sources LaTeX non obfusquées comme correctes.

    Quelqu'un qui modifie le Frido doit fournir les sources LaTeX de sa modification et ne peut pas se contenter de publier un PDF.

    La FDL est simplement plus adaptée à un texte.

    De la même manière, si j'écrivais de la musique, j'éviterais également la CC, pour la même raison : on ne peut pas raisonnablement prétendre faire de la musique libre sans fournir les partition.

  • [^] # Re: pas dac.

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Le Frido : un livre, libre, de mathématiques pour l’agrégation. Évalué à 4.

    Non, ça n'aurait pas de sens.
    Pour moi, ça veut dire que tu n'as pas le droit de venir avec un objet qui n'est pas
    le même que celui qui est vendu dans le commerce.

    Je te rejoins : ma phrase commençait par "littéralement". Et effectivement, littéralement le règlement exclu l'éditeur du texte. C'était un peu ironique.

    Quoi qu'il en soit, tu as bien raison sur ce point : l'esprit du règlement est qu'il n'est pas admis qu'un candidat aie une source que n'importe quel autre candidat n'aurait pas raisonnablement pu se procurer.

    Cependant rien dans le règlement n'exclus formellement de télécharger les PDF tels que vendus (ils sont disponibles) et de les imprimer chez soi.

    Cela dit, perso je ne le ferais pas, et je comprendrais que ça mettrais les surveillants dans l'embarras : sur 1800 pages imprimées à la maison, il n'y a aucun moyen de vérifier l'intégrité du texte.

  • [^] # Re: Autorisé lors des oraux

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Le Frido : un livre, libre, de mathématiques pour l’agrégation. Évalué à 10.

    Réponse courte : oui , comme dit par Colin.

    Je vais tout de même donner une réponse longue parce que c'est important.

    Expérimentalement :

    1. Il y a sûrement des membres du jury (ou des proches) qui lisent ces lignes, et celles de la pépêche de 2016. Si le Frido n'était pas admis, ça se saurait très vite ici même.
    2. Le Frido 2016 a été vendu en 17 exemplaires (17 fois la trilogie). Bien que je n'aie pas eu de retour, ce serait dingue que ces 17 personnes l'ait acheté pour une autre raison qu'aller aux oraux.

    Au niveau du règlement :

    Le règlement sur les livres est ici et ici. Prenons point par point.

    • Ni annotations ni surlignages.
    • Les ouvrages doivent être publics (en pratique, livres munis d'un numéro d'enregistrement ISBN de plus de 6 mois). À bien des égards que le lecteur de linuxfr comprendra, le Frido est probablement même un des seuls ouvrages de math à évaluer ce critère à True.
    • Pour respecter l'égalité de traitement entre candidats, les livres papiers (même munis d'ISBN) non commercialisés ou non suffisamment diffusés doivent être soumis à l'approbation de la présidence du jury, au moins 2 mois avant le début du concours. La contraposée de cette phrase signifie que si l'ouvrage est commercialisé et suffisament diffusé, il n'y a pas d'autorisation à demander. Discuttons ces points.
    • Commercialisé : ok.
    • suffisamment diffusé C'est évidemment très interprétable. Le simple fait qu'à l'heure où j'écris ces lignes, il y ait déjà 530 clics sur la page de téléchargement montre qu'il y a déjà pas mal de monde qui est au courrant dans la communauté mathématique. Je tiens à jour une liste de pages parlant du Frido. Disons que pour plaider que le Frido n'est pas suffisament diffusé, il faut être courageux.
    • Les éditions personnelles ou polycopiés (électroniques ou imprimées) sont interdits (même munis d'ISBN). Littéralement, cela signifie qu'on a pas le droit d'apporter des ouvrages dont on est éditeur. Je suis éditeur du Frido, donc tous les candidats du monde peuvent l'utiliser sauf moi. Et ce, pour des raisons d'équité. Heureusement que je ne suis pas candidat, sinon je râlerais. Moins littéralement, il faut savoir que cet article est un copié-collé de ce que le jury m'avais répondu par mail en 2013. L'esprit de ce règlement, selon mon interprétation, est que vous n'avez pas le droit de profiter de la FDL pour ajouter un truc personnel au Frido, le vendre sur lulu.com en ne disant rien à personne, et vous l'acheter à vous-même. Disons que cet article du règlement est un peu une adaptation au monde électronique (sources LaTeX libres) de l'article "annotations interdites" du monde papier.

    Au niveau historique

    En 2013, j'ai obtenu l'autorisation du jury d'utiliser mon bouquin (non encore nommé "Frido" mais déjà en ligne depuis quelque temps).
    À ce moment seul un ISBN était requis, mais un ISBN c'est facile à obtenir

    En 2014, (au moins) un étudiant de Cachan a utilisé le Frido aux oraux. D'ailleurs Cachan avait une version imprimée «maison» dans leur bibliothèque avant qu'elle ne soit remplacée par la version 2016.

    En 2015, le règlement a changé pour ajouter la condition «commercialisée», excluant de fait le Frido.
    De facto le Frido a été interdit pour les oraux de 2015 et 2016. Mais le Frido publié en septembre 2016 pour les oraux de juin 2017 a pu être utilisé.

    Pourquoi le changement de règlement ?

    Pour ce que j'en sais de source solide (i.e. un mail du jury) durant la session 2014, beaucoup de candidats ont obtenus des ISBN sur leurs écrits quelconques et ça a été vu comme un abus. D'où l'ajout de «commercialisé» et de «suffisamment diffusé».

    Moralité :

    1. Le Frido respecte la lettre et l'esprit du règlement.
    2. L'interdiction des "éditions personnelles" deviendrait sérieuse au cas où je me présenterais à l'agrégation. Elle restreint fortement la possibilité qu'aurait un candidat de forker aujourd'hui le Frido pour ajouter des trucs dedans jusqu'en décembre (limite pour la règle des 6 moins) pour se vendre le résultat à lui-même via Lulu.
  • [^] # Re: Le choix n'est pas une faute

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Reportage sur LaTeleLibre.fr : « La Guerre des Civic Tech ». Évalué à 1.

    Je mets en rapports ces deux morceaux :

    Il est bien là le problème. Tu ne comprends pas que deux mille ans à confondre neutre et masculin ont une incidence.
    et
    […] sache que ta pensée est en contradiction avec la recherche linguistique.

    et que ma pensée est que l'écriture inclusive n'est ni le problème ni la solution (contrairement à virer Walt Disney et introduire le mot correct «neutre» dans l'éducation au lieu de «masculin»). Et manifestement, je suis dans l'erreur la plus absolue.

    Du coup, je profite d'avoir sous la main un érudit de la recherche en linguistique pour avoir une réponse une fois pour toute à une question qui a été soulevée plusieurs fois ici : pourquoi l'égalité homme-femme est à peu près au même niveau dans les pays qui utilisent depuis toujours une langue non genrée (au hasard : l'anglais) ?

    Ce fait empirique est en contradiction (au moins apparente) avec le croyance que l'écriture inclusive est d'une utilité quelconque.
    Pour moi, tant qu'il n'y a pas une résolution de ce paradoxe, le débat est clos.

  • [^] # Re: Faute de français

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Reportage sur LaTeleLibre.fr : « La Guerre des Civic Tech ». Évalué à 4.

    Ça n'est pas un hasard, parce qu'en Français, le genre neutre n'existant pas, c'est le masculin qui est utilisé. Comme tu l'écris plus bas:

    D'après l'académie française, c'est bien le masculin qui n'existe pas. Il est nommé "masculin" pour des raisons historiques, mais c'est bien un neutre.

    Excuse-moi mais tu es juste en train de me convaincre que tu t'es déclaré autorité pour juger de ce que veulent exprimer les autres quand ils écrivent pendant que toi "c'est pas pareil", et on doit tous interpréter ce qu'on lit suivant tes désirs.

    Quand qui que ce soit écrit, le "masculin" doit être inteprété comme un neutre, c'est la règle en français. Quand quelqu'un fait usage de l'écriture "inclusive", alors … alors on sait pas. Parce que d'une part l'écriture inclusive prétend interpréter un masculin comme un vrai masculin, mais d'autre part, il demande de quand même l'interpréter comme un neutre parce que quand un masculin est utilisé, il y a de bonnes chances que ce soit un oubli.

    Donc en écriture inclusive, on s'interdit de former un neutre simple et efficace proposé par le français, mais en échange, on ne gagne même pas une façon simple et efficace d'exprimer le masculin …

    Encore une fois, l'Anglais n'est pas genré, et je ne vois pas les pays anglophones tellement en avance sur les pays francophones en terme de sexisme.

    Je suis très d'accord avec cela. D'où mes propositions de vraie actions :

    • on arrête Walt Dysney
    • dans l'enseignement, on utilise la terminologie correcte "féminin" et "neutre".
    • surtout, surtout, on arrête d'énoncer la règle "la masculin l'emporte".
  • [^] # Re: Le choix n'est pas une faute

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Reportage sur LaTeleLibre.fr : « La Guerre des Civic Tech ». Évalué à 3.

    L'Académie Française peut louvoyer en essayant de sauver son héritage institutionnel, dans les faits c'est systématiquement le féminin qui est mis à l'écart en faveur du masculin. Le fait d'avoir viré la règle de proximité dans l'accord en genre est volontairement misogyne et ce sont ces érudits de la Renaissance qui ont réaffirmé fièrement que le masculin l'emportait sur le féminin.

    Quand je parlais de l'évolution, je parlais de 50 dernières années, pas de 2000 dernières.
    Quoi qu'il en soit, la règle actuelle me semble bien fonctioner : on peut former facilement le neutre et le féminin, et en contrepartie, le masculin est compliqué à exprimer. À l'inverse dans l'écriture "inclusive" il n'existe de construction simple que pour le féminin. Le masculin et le neutre doivent passre par des périphrases.

    Après, que la règle actuelle soit le résultat, entre autres, de décisions prises il y a 400 ans pour de mauvaises raisons, ça ne m'intéresse pas. (enfin oui, ça m'intéresse pour comprendre l'histoire, mais pas pour savoir si la règle actuelle est bonne pour la société actuelle)
    D'ailleurs, les érudis de la renaissance peuvent avoir dit ce qu'ils veulent; aujourd'hui la règle «le masculin l'emporte sur le féminin» n'existe plus, parce que le masculin n'existe plus.

    Au niveau des décisions à prendre, je persiste sur la liste que j'avais données :

    • On arrête de regarder du Walt Disney
    • Dans les magasins (surtout de vêtement), on ne dit pas à sa fille «tu ne peux pas prendre ça : c'est pour garçon»
    • Les profs de français devraient utiliser plus souvent (presque toujours) le mot «neutre» au lieu de «masculin»; c'est d'ailleurs à peu près ce que préconise l'académie française.
    • Surtout, surtout, ne JAMAIS énoncer la règle «le masculin l'emporte». Non. La règle est : «si on ne veut pas ou si on n'est pas capable de préciser le genre, on utilise un neutre ».

    Et en bonus, parce que j'ai pensé à vous hier soir, j'avoue faire ma petite réforme littéraire tous les soir, en lisant le Petit Nicolas à ma fille. J'effectue en direct les substitutions :

    • déjeuner -> dîner
    • dîner -> souper
    • tu es un homme maintenant, tu dois être courageux -> tu dois être courageux

    Les deux premières substitutions sont en réaction à une évolution franc-française de la langue survenue il y a maintenant deux siècles qui consistait essentiellement à dire que le centre du monde était à la convention. Il est grand temps de revenir à un usage correct des noms de repas, et d'arrêter d'utiliser le glissement imposé par les conventionaires (ici c'est un neutre).

  • [^] # Re: Le choix n'est pas une faute

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Reportage sur LaTeleLibre.fr : « La Guerre des Civic Tech ». Évalué à 6.

    On peut voir ça autrement : est-ce que ce n'est pas au masculin de s'inventer un genre propre à lui ? On dit bien "Il y a" ou "Ça le fait" et dans les emprunts >linguistiques venant de langues au genre indéfini comme l'anglais on utilise le déterminant "le", jamais la marque du féminin, c'est donc bien une preuve de sa >grande utilisation en tant que genre indéfini.

    C'est bien pour cela que le genre "masculin" n'existe pas. Il y a un genre "neutre", qui est (pour des raisons historiques), appelé "masculin".

    Je me permets de citer l'académie françaises que certains fustigent probablement sans en avoir lu l'opinion :

    Si, en effet, le français connaît deux genres, appelés masculin et féminin, il serait plus juste de les nommer genre marqué et genre non marqué. Seul le genre masculin, non marqué, peut représenter aussi bien les éléments masculins que féminins.

    http://www.academie-francaise.fr/questions-de-langue#38_strong-em-fminisation-des-noms-de-mtier-de-titres-etc-em-strong
    (la moitié de l'emphase est de moi)

    Pour former un masculin, le français demande d'utiliser le neutre et d'avoir un contexte qui le précise. De ce point de vue, c'est bien le masculin qui est discriminé par la langue : il n'existe pas de constructions simples pour indiquer d'un groupe de personnes qu'il n'est composé que d'hommes (ici encore, je cite l'académie—pas verbatim cependant).

    Les personnes qui prônent l'écriture inclusive se trompent parce que, contrairement à l'académie française qui fait évoluer la langue, les tenants de l'écriture inclusive se cantonnent dans le vieil usage de la langue qui donnait au masculin une valeur de genre marqué. Cela est passé d'usage depuis bien longtemps et l'académie s'en est rendu compte.

    Donc, comme je le disais ailleurs, si il y a une modification à faire quelque part, elle n'est certainement pas dans l'usage de la langue (lequel contient un féminin et un neutre), mais

    • éventuellement dans le nommage des concepts dans les manuels de grammaire : barrer partout "masculin" et remplacer par "neutre" s/masculin/neutre.
    • certainement dans l'enseignement : ne pas énoncer la règle "le masculin l'emporte", mais "si on ne peux pas ou on ne veut pas préciser le genre, on utilise un neutre".

    Mais faire dévoluer la langue en redonnant au masculin un genre marqué, et en inventant une construction lourde pour faire le neutre, c'est faire le contraire de faire évoluer la langue.

    Surtout si c'est pour retourner au masculin marqué au niveau de la règle, mais en même temps exiger du lecteur qu'il interprète les masculins comme des neutres en prétextant un oubli. Ben oui : presque aucun texte utilisant l'écriture inclusive y parvient sans faire de fautes. Le masculin devient ambigu.

  • [^] # Au niveau des solutions

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Reportage sur LaTeleLibre.fr : « La Guerre des Civic Tech ». Évalué à 7.

    Bon je crois que nous sommes tous bien d'accord pour dire que l'écriture inclusive n'est ni le problème ni la solution, et très probablement même pas une partie de la solution.

    Quelque pistes de vraies solutions (là je pense à moi : père de jeunes enfants)

    • On arrête de regarder du Walt Disney
    • Dans les magasins (surtout de vêtement), on ne dit pas à sa fille «tu ne peux pas prendre ça : c'est pour garçon»
    • Les profs de français devraient utiliser plus souvent (presque toujours) le mot «neutre» au lieu de «masculin»; c'est d'ailleurs à peu près ce que préconise l'académie française.
    • Surtout, surtout, ne JAMAIS énoncer la règle «le masculin l'emporte». Non. La règle est : «si on ne veut pas ou si on n'est pas capable de préciser le genre, on utilise un neutre ».
    • Le masculin se construit comme le neutre (et non l'inverse), mais il faut que le contexte le précise. Ex : «on cherche des figurants pour faire une foule» (clairement un neutre) mais «on cherche un acteur pour jouer Rodrigues» (clairement un masculin), «on cherche un développeur C++» (neutre).

    Quant aux noms de métiers et de fonctions, il faut faire attention à la nuance entre «c'est la personne qui parle» et «c'est la fonction qui parle».

    Quand Ségolène signait un truc pour son ministère, c'était bien LE ministre qui signait : le fait que la fonction de ministre à ce moment là était occupé par elle ou quelqu'un d'autre ne change pas la validité de la signature.
    Si par contre on veut exprimer que l'on n'aime pas son action, on peut dire «je n'aime pas LA ministre» parce que c'est bien de la personne qu'on parle, pas de la fonction.

    Au gars qui fait les cascades d'Arnold Swarzenegger, on dit «monsieur LA doublure».

  • [^] # Re: Le choix n'est pas une faute

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Reportage sur LaTeleLibre.fr : « La Guerre des Civic Tech ». Évalué à 4.

    La faute quand elle est consciente devient un choix.

    Tout à fait. J'adore cette façon de voir l'écriture inclusive comme forme d'écriture sous contrainte. Dans l'écriture inclusive, on s'interdit la formation du neutre facile proposée par le français.

    Et c'est là le reproche numéro 524 que je ferais aux auteurs inclusifs : quand on fait de l'écriture sous contrainte, on est prié de faire un effort d'innovation dans les tournures (c'est le but de la contrainte). Simplement doubler toutes les terminaisons c'est un peut la solution de facilité…

    C'est comme si je décidais d'écrire en vers, mais que je ne faisais pratiquement que des rimes en "é". Ça devient vite insupportable à lire.
    De ce point de vue, l'écriture inclusive est nettement plus une faute de goût qu'une faute de grammaire.

  • [^] # Re: Faute de français

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Reportage sur LaTeleLibre.fr : « La Guerre des Civic Tech ». Évalué à 2.

    L'emphase est de moi: les mots ont effectivement un sens, tout comme les guillemets autour de "oubli", lourdes de sous-entendu.
    Peut-être que l'auteur a simplement et naïvement supposé que le/la lecteur/trice (quand je dis que c'est lourd…) interprétera le masculin comme un neutre. En >tout cas ça me semble très mal barré pour démarrer une discussion ayant pour but de convaincre.
    D'ailleurs, pourquoi écris-tu "lecteur" et pas "lecteur/trice(s)"? Tu pense qu'il y a une différence dans la façon de lire entre les hommes et les femmes?

    Les mots ont un sens, et je maintiens les miens. L'écriture inclusive prétend se baser sur la modification suivante du français :

    • le masculin devient marqué
    • le féminin reste marqué
    • pour former un neutre, il faut donner du contexte.

    C'est pour la troisième règle que les auteurs "inclusifs" (les guillemets ont un sens) les plus paresseux se contentent de doubler toutes les terminaisons.
    Or si l'auteur oublie de doubler une terminaison, il ne va pas apprécier que le lecteur lise ce qui est strictement écrit. Typiquement, ici il était écrit (avant correction) que l'auteur se foutait de l'opinion des femmes.
    Donc en pratique, le lecteur doit interpréter le masculin comme un neutre parce que l'auteur va demander au lecteur d'interpréter un masculin comme un oubli.

    Pourquoi mes-je des guillemets sur "inclusif" ? Parce que le français permet de créer un neutre facilement : «les contributeurs on fait …» signifie que tous les contributeurs ont fait. Tous. Cette tournure fonctionne autant si il n'y a que des hommes que si il n'y a que des femmes ou un mélange. En écriture inclusive, le "neutre" obtenu par doublement de la terminaison est nettement moins neutre :

    • Il exclu la possibilité qu'il n'y ait que des hommes
    • Il exclu la possibilité qu'il n'y ait que des femmes
    • Il exclu les personnes qui ne se sentent ni l'un ni l'autre.

    Peut-être que l'auteur a simplement et naïvement supposé que le/la lecteur/trice (quand je dis que c'est lourd…) interprétera le masculin comme un neutre.

    J'espère bien que non, parce que la base de l'écriture inclusive est de rejeter le masculin comme formation du neutre. Il s'agit bien d'un oubli.

    Je mets des guillemets sur «oubli» parce que ces oublis sont souvent significatifs. Typiquement, ici c'est le féminin qui a été oublié. Comme par hasard, l'oubli n'a pas été dans le sens d'écrire

    Sa proposition d’inscrire le logiciel libre comme critère essentiel avait rencontré un franc soutien des contributrices.

    Cela est dû au fait que les auteurs inclusifs s'acharnent à placer le masculin d'abord lorsqu'ils doublent le mot, et la terminaisons féminine entre parenthèse quand ils doublent la terminaison; on pourrait écrire «les institutrices(teur)», mais les auteurs inclusifs écrivent toujours «les instituteurs(trice)». D'où le fait que les oublis aillent toujours dans le même sens, et que je les trouve très significatifs.

    Un autre type d'«oubli» très significatifs que j'avais lu dans les règles d'une instance mastodonte était d'insister sur l'utilisation de l'écriture inclusive pendant deux paragraphes, puis d'écrire à la ligne d'en-dessous : «les faschistes et nazis seront bannis sans pitié».

    D'ailleurs, pourquoi écris-tu "lecteur" et pas "lecteur/trice(s)"? Tu pense qu'il y a une différence dans la façon de lire entre les hommes et les femmes?

    Parce que j'écris en français. Le mot "lecteur", dans cette phrase, en l'absence de contexte, est un neutre. J'exige du lecteur qu'il interprète ma phrase selon les règles du français (moi aussi j'ai mes petits exigences :)).

  • [^] # Re: Faute de français

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Reportage sur LaTeleLibre.fr : « La Guerre des Civic Tech ». Évalué à 5.

    on peut lui laisser cette liberté et ne pas lui imposer ses préférences…

    oui et non …

    Comme je le disais plus haut, l'auteur va quand même exiger du lecteur d'interpréter les masculins comme des neutres.

    Paradoxalement, l'auteur inclusif va exiger du lecteur qu'l interprète les phrases selon la règle non-inclusive.

  • [^] # Re: Faute de français

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Reportage sur LaTeleLibre.fr : « La Guerre des Civic Tech ». Évalué à 0. Dernière modification le 23 juillet 2017 à 09:23.

    Ce qui n'est par contre pas une faute de français, c'est la phrase

    Sa proposition d’inscrire le logiciel libre comme critère essentiel avait rencontré un franc soutien des contributeurs.

    L'auteur ne semble pas s'intéresser du soutien des contributrices, et c'est dommage; j'aurais aimé savoir si il y avait une différence homme/femme sur la la façon de soutenir le logiciel libre.

    <mode pas ironique>
    Ironie mise à part, l'écriture inclusive ne permet pas non plus de former un masculin marqué parce que l'auteur va exiger du lecteur qu'il interprète le masculin comme un neutre en s'excusant d'un «oubli».

    Donc la règle de l'écriture inclusive n'est pas un grand chamboulement :

    • le féminin est marqué
    • le masculin est non marqué
    • le neutre peut être écrit en doublant les terminaisons.

    Cette troisième règle permet d'insister sur le neutre par un genre de pléonasme, un peu comme la tournure «moi je fais» qui double le "je" pour insister.

    Il ne faut évidemment pas abuser de cette possibilité parce que ça alourdi le texte et détourne le lecteur du message principal du texte en y associant un message secondaire le plus souvent sans rapport avec l'objet même du texte.
    </mode pas ironique>

    Est-ce que quelqu'un a un exemple de texte usant l'écriture inclusive et qui autrait commis un «oubli» de la forme «le soutien des contributrices» (oubli du masculin) ?

  • [^] # Re: Merci la quadrature

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Désolé, la Quadrature, mais tu fais fausse route. Évalué à 1. Dernière modification le 02 décembre 2016 à 14:49.

    EDIT : commentaire supprimé parce la réponse précédente (à laquelle je répondais) ne s'adressait pas à moi.
    Y'a moyen de supprimer un commentaire ?

  • [^] # Re: Merci la quadrature

    Posté par  (site web personnel) . En réponse au journal Désolé, la Quadrature, mais tu fais fausse route. Évalué à 10.

    La question est simple: si je dis "je trouve que l'IVG c'est pas bien" sur internet, est-ce que cette loi va m'inquiéter ?
    La réponse est non.

    Justement, c'est là que je trouve que les choses sont subtiles.
    Si je tiens un site qui dit "je trouve que l'IVG c'est pas bien", la question que je me pose n'est pas "est-ce que la loi va m'inquiéter ?" mais "est-ce que je suis sûr qu'elle ne va pas m'inquiéter ?" ainsi que "même si je le gagne, est-ce que j'ai envie d'un procès ?"

    Autrement dit, une telle loi va probablement fermer de nombreux sites raisonnables par auto-censure, en plus des sites réellement menteurs.

    Exemple complètement hors IVG. Les lois sur le droit d'auteur s'appliquent aux oeuvres soumises aux droits d'auteurs, et non à celles du domaine public. C'est évident. Vraiment ? En fait non.
    Je m'explique.
    J'ai sur mon ordinateur environ 35 heures de musique dans le domaine public : enregistrements anciens de musiques classique. Variations Goldberg par Gould, symphonies de Beethoven par Furtwangler, etc. Dans un monde parfaitement lisse, je mettrais tous les OGG en téléchargement libre sur mon site. Je ne le fais pas parce que je me doute que dans le tas, il y a bien une ou deux qui ne sont pas dans le domaine public (je pense entre autres au délai entre l'enregistrement et la publication, et aux droits d'auteurs éventuels sur les cadences dans les concerti).
    Et même si j'étais certain de la légalité du tout, je ne voudrais pas avoir un procès, même si c'est pour le gagner.

    Tout cela pour dire que lorsqu'on met une entrave à la liberté d'expression, il faut savoir qu'on a un effet de bord par auto-censure qui fait en sorte qu'on entrave en réalité plus que ce que la loi vise explicitement.

    La vraie question est : «comment mettre la bonne information chez les personnes qui en ont besoin ?» et non «comment faire taire ceux qui mettent des mauvaises informations ?».

  • [^] # Re: petite question

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Le Frido, un livre de mathématique libre pour l’agrégation. Évalué à 1.

    Je ne sais pas. Bonne question. Si tu trouves la réponse, n'hésite pas à la donner :)

  • [^] # Re: Réponses à quelques questions

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Le Frido, un livre de mathématique libre pour l’agrégation. Évalué à 1.

    Probas 1 : Oui, même si je n'aime pas trop cette présentation.

    Pour être sûr que j'ai bien compris ta présentation, la question peut être posée de la façon suivante :
    Nous savons qu'une famille a au moins un garçon.
    Quelle est la probabilité que ce soient deux garçons ?

    J'ai retravaillé le texte pour poser également la question en termes de réponses des parents, et j'ai écrit une simulation en python pour les trois cas.

  • [^] # Re: bravo

    Posté par  (site web personnel) . En réponse à la dépêche Le Frido, un livre de mathématique libre pour l’agrégation. Évalué à 3.

    Dans l'esprit tu as sans doute raison (je n'étais pas encore mathématiquement né à l'époque). C'est peut-être le fait que je râle qui me fait parler comme ça, mais si l'idée est d'accepter les livres sur le critère que l'intérêt dépasse l'agrégation, pourquoi ne pas le dire clairement ?
    En particulier, je peux comprendre la condition «assez diffusé» (encore que ce soit immensément interprétable), mais pourquoi exiger une commercialisation ? C'est très injuste contre les candidats libres qui n'ont pas facilement accès à une bibliothèque universitaire.
    C'est précisément une des (nombreuses) raisons qui m'ont poussé à écrire le Frido : je savais que je ne parviendrais pas à réunir assez de livres pour avoir un corpus correct. Du coup j'ai écrit un livre «tout en un», j'ai mis un ISBN et l'ai pris avec moi aux oraux (en 2013).