La répartition inégale des genres dans les communautés logiciels libres / Open Source est connue depuis longtemps. Pour ne citer que quelques exemples : l’étude FLOSSpols Gender de Bernhard Krieger et James Leach en 2006 (évoquée en dépêche), les dépêches LinuxFr.org Et les femmes ? en 2007, 2% de femmes dans le développement de logiciel libre - 10 propositions pour y remédier en 2008 ou Les femmes et le logiciel libre : retours d’une conférence des RMLL en 2010, l’article Gender, Diversity, and Inclusion in Open Source Communities de M. Fossatti (2020, DOI 10.1145/3398454) ou les pages Wikipédia Diversité dans le mouvement open source et Diversity in open-source software (qui traitent de toutes les diversités et pas uniquement de la répartition par genre).
Certes l’inégalité est aussi présente dans d’autres domaines voisins ou plus larges : dépêche de 2014 sur les Les femmes dans l’informatique, journal Pourquoi les femmes ont déserté l’informatique dans les années 1980 en 2019, statistiques Eurostats 2020 sur le pourcentage de femmes ingénieures ou scientifiques (merci à @RestitutorOrie) ou UNESCO 2021 Women and the digital revolution par exemple. Si cela montre que ce n’est pas uniquement une spécificité des communautés FLOSS, il est cependant difficile de se flatter de ne pas faire mieux, voire de faire pire.
D’autant que ces déséquilibres viennent avec leur lot de conséquences négatives, par exemple Petite rétrospective diversité, sexisme, harcèlement et humour vaseux, Wikipedia fait la part belle aux réalisations d’hommes blancs occidentaux, Harcèlement dans le milieu macho informatique ? vivement que ça change, Sexisme ordinaire sur Linuxfr, #salepute - un reportage / documentaire sur le harcèlement des femmes en ligne, etc.
Venons-en à une toute nouvelle étude récente et centrée sur la contribution au code libre : Worldwide Gender Differences in Public Code Contributions: and how they have been affected by the COVID-19 pandemic (DOI : 10.1145/3510458.3513011). Davide Rossi et Stefano Zacchiroli ont étudié 160 millions de projets, 43 millions de personnes, 2,2 milliards de commits, sur 50 ans. Ce dernier l’a annoncée et résumée : la diversité en termes de genre dans les communautés FOSS est faible (moins de 10% de contributions féminines), avec une amélioration sur les 12 dernières années ; c’est vrai globalement indépendamment de la géographie (ça s’améliore moins vite en Asie cependant). Par contre 2020 et sa pandémie ont eu un effet très négatif.