Laurent Pointecouteau a écrit 1019 commentaires

Je suis d'accord avec tout ce que dit cette page (on parlait déjà du POSSE l'autre jour), sauf ceci :

It’s easy as fuck. You can clone this repository on Github (…)

"Easy as fuck" et "clone this repository" dans la même phrase ? Qui a écrit ça, un linuxien ?

(blague à part, j'ai une petite passion pour les interfaces de CMS et de générateurs de site en ce moment, j'ai même installé un Windows XP dans une VM pour faire mumuse avec FrontPage 2002. Je me demande si je ne vais pas faire quelque chose de stupide et maquetter une appli GNOME pour aider la famille Michu à faire sa page perso/son blog tout en sortant du code propre qu'on peut relooker en CSS derrière. Genre avec des blocs comme dans Notion pour faire les <p> ? ça pourrait être fun non ?)

Je ne vois pas de quoi tu parles.

J'ai pas la ref non plus mais je me rappelle qu'un pote ne voulait pas migrer sur Matrix après avoir lu que le protocole avait été inventé en Israël. Je n'ai jamais su quoi lui dire pour dissiper ses doutes (et de toute façon l'UX d'Element est un point olus préoccupant à mes yeux).

Ce n'est effectivement pas clair et j'aurai dû y réfléchir davantage avant de poster, désolé. Je voulais dire qu'Element (ou plutôt cette personne s'exprimant au nom d'Element) remet en question le modèle opensource dont ils se revendiquent, en menaçant de passer à du "open core" à la place. En lisant le passage ci-dessous, j'ai eu l'impression que le message était "si ça continue on arrête le libre" :

Therefore either we need to persuade those folks to support the Foundation to keep core dev going - or Element ends up forced into an increasingly open core model in order to keep the lights on, which is hardly in the spirit of open source or Matrix. :(

Du reste, vous avez sans doute remarqué dans mes précédents posts la récurrence du thème "ça va mal avec le financement des communs", mais si j'en parle autant c'est surtout pour avoir l'opportunité de discuter des solutions. J'ai envie de voir Matrix marcher (à en lire les réactions sur les réseaux, j'ai l'impression que Matrix ne marche toujours pas si bien que ça) et supplanter les messageries centralisées guidées par des intérêts discutables, et en lisant ce genre de nouvelles je redoute qu'Element ne se retrouve à trahir sa mission.

Et puisqu'on parle de DuckDuckGo, je cherchais hier un truc que je me rappelais vaguement avoir vu ici, à propos de l'empreinte écologique de la vidéo en streaming, et en tapant "netflix" dans le champ en haut à droite, DDG n'a trouvé aucun résultat, alors que le tag "netflix" existe et que l'autre moteur de recherche trouve bien des résultats, lui. J'imagine que c'est le fonctionnement de DDG qui veut ça ?

Tu vis dans les années 90 ?

J'ai dû installer la Mint chez mes parents en 2018, de mémoire. Heureusement ils étaient disposés à racheter une imprimante neuve.

Et j'ai parlé d'imprimantes mais on pourrait aussi évoquer les puces Nvidia : n'allons pas prétendre que tout est devenu nickel en la matière.

C'est un cran au-dessus avec Android, c'est vrai. Néanmoins, une imprimante non reconnue ou une batterie de laptop qui se vide deux fois plus vite, c'est pas non plus facile à vivre pour un Michu (et là aussi j'en sais quelque chose, j'ai mis Linux Mint sur le PC de mes parents).

Mais là où je voulais en venir, c'est qu'il ne faut pas espérer d'une boîte qui n'a pas un engagement assumé avec le libre qu'elle investisse des brouettes dans la construction d'un écosystème Android "souverain" ou "dégooglisé". Le jour où Crosscall aura les moyens d'embaucher des devs Android suffisamment calés pour manœuvrer dans le mille-feuilles qui constitue la plateforme, il y a fort à partir qu'ils feront une énième surcouche plus ou moins dépendante de Google, comme Samsung et Xiaomi, plutôt qu'une "distro" opensource comme /e/.

Question de goût. C'est pas parce que tu aime pas qu'il faut en dégoûter les autres.

Je ne cherche pas à dégoûter qui que ce soit, je veux simplement dire qu'un smartphone sur lequel tu ne peux pas installer de réseau social ni d'appli bancaire, où tu dois paramétrer ton propre cloud pour synchroniser tes données, ça ne sert pas à grand-chose à la clientèle cible de Crosscall. Un smartphone sans Google, c'est comme un ordi sous Linux : tu peux en faire ton daily driver, mais ça exige des sacrifices que peu de gens sont disposés à faire. Pas assez pour rentabiliser des smartphones fabriqués en France qui coûteront deux fois plus chers que leurs concurrents à performances égales.

Les plateformes comme /e/ qui s'efforcent de rajouter à LineageOS ce qui manque ont déjà plus de potentiel à mes yeux. Mais la pente à grimper est raide, et j'ai personnellement des doutes sur la pérennité du développement "sans Google" sur un OS in fine contrôlé par Google, et qui doit être patché à toutes les étapes de la conception d'un smartphone pour fonctionner au niveau espéré par le consommateur lambda.

On peut mettre du Android sans Google. Ça demande un peu de travail mais moins que de créer un OS from scratch et ça permet une certaine compatibilité.

Mais c'est surtout une expérience utilisateur misérable, même avec une compatibilité parfaite (j'ai pu le tester moi-même avec une ROM LineageOS GSI et un Crosscall Core-X5). Ce n'est pas un hasard si des "distros" (peut-on les appeler ainsi ?) comme /e/ ou Simple Phone existent : elles sont là pour arrondir les angles laissés par l'absence d'applis Google, et pallier le fait qu'AOSP est trop étriqué pour un usage grand public. Même avec un Android qui garde ses applis Google, il faut une rimbambelle de patchs (fournis par Qualcomm entre autres) afin d'avoir quelque chose digne de ce que fait la concurrence.

À mon humble avis, le chemin de l'émancipation passe hors d'Android. FirefoxOS est malheureusement mort (son cousin éloigné KaiOS est d'ailleurs présent sur les Crosscall Core-S4), mais il existe MuditaOS et bien sûr Linux, avec notamment les progrès remarquables effectués par GNOME récemment et des solutions comme Waydroid pour pouvoir continuer à utiliser son appli bancaire. Mais pour que ça se concrétise, il faut du support hardware. Je ne pense pas qu'une seule boîte en Europe ait la capacité de lancer un chantier pareil.

Ce billet (chouette au demeurant) me rappelle celui d'un autre personnage familier avec les enjeux de frugalité numérique (je vous renvoie à sa série "Post-Collapse Computing" pour vous en convaincre), mais qui contribue à un écosystème totalement différent : Tobias Bernard, de GNOME. Lui considère que faire un blog généré statiquement (ce que fait plus ou moins Ploum avec son script Python) ne "scale" pas, et qu'il vaut mieux privilégier les "things that scale" :

It’s nice that people with a lot of time and technical skills can fix their own problems, but the benefits from that don’t automatically trickle down to everybody else. If we want ethical technology to become accessible to more people, we need to invest our (very limited) time and energy in solutions that scale. This means good defaults instead of endless customization, apps instead of scripts, “it just works” instead of “read the fucking manual”.

Et pour citer une de ses réponses en commentaires :

If the problem you’re solving is “I want to have a website to post my articles on”, then I think the solution should probably not involve git, local builds from the terminal, or CNAME configs to get a custom domain.

(avant que vous ne me posiez la question : non, je n'ai pas eu de nouvelles de ColdCMS depuis, et la dernière activité sur leur GitLab remonte à mai dernier.)

Un raccourci vers SCOL était intégré dans le Packard Bell Aloh@ 4732c, notre premier ordinateur familial, sous Windows Me avec sa tour en forme de PlayStation 2. Les performances étaient misérables mais les graphismes low-tech me fascinaient ! J'ai rarement vu plus cyberpunk depuis lors dans mon usage de l'informatique.

Il semblerait que oui :

Je n'ai pas calculé l'empreinte écologique de cette ardoise par rapport au papier. Ce n'est probablement pas un très bon plan.

mais bon, difficile à un utilisateur lambda de réfléchir un minimum aux gestes qu'il fait sur un ordi, il est conditionné au clic simple

Tu ne crois pas si bien dire.
Voir aussi cette conversation Mastodon sur le même sujet, mais aussi celle-là spécifiquement sur les musicothèques.

(et j'en cherche une autre sur la résurgence des navigateurs de fichiers dans iOS et Android, il me semble que c'était quelque chose du genre "le modèle des fichiers est en réalité supérieur", et peut-être même que c'était une allusion à Amberol et son UX délibérément rétrograde ; mais je n'arrive pas à remettre la main dessus)

Ceux qui ne sont pas exlusifs Spotify, oui.

Et pour les jeux vidéo, tu as d'un côté les plateformes d'achat très attrayantes (Steam et ses promos, Xbox et son Game Pass), et d'un autre des vieux torrents de warez pas à jour qui n'inspirent confiance à personne, et dont pas mal de jeux manquent car on ne prend plus la peine d'aller les craquer comme dans le temps. Et je ne parle ici que de jeux hors-ligne. En comparaison, si tu veux regarder le dernier Rick et Morty sans payer, ça ne prend que quelques minutes.

Mais GNOME OS n'est pas une solution pour éviter les intermédiaires, si ? C'est probablement un rêve que caressent certains, mais en l'état, c'est une distro expérimentale pour tester les applis en bleeding-edge, et ça ne sera jamais autre chose sans le triple de ressources humaines que ce dont dispose GNOME actuellement. Dans ma compréhension, les supporters des "plateformes Linux" comme Tobias Bernard préféreraient voir Fedora ou elementary endosser cette responsabilité.

Ceci étant dit, quand je vois les services que Flathub rend aux utilisateurs de Steam Deck, je me dis qu'une partie de la mission (centralisatrice ?) a été accomplie. Reste à voir ce qui va se passer lorsque Flathub introduira les paiements.

Si tu as GNOME Logiciels, il suffit d'ouvrir le fichier *.flatpak avec (ça devrait être associé par défaut). Si c'est un *.flatpakref, il ajoutera son dépôt en prime et se mettra à jour tout seul avec les autres logiciels. Je peux te confirmer que ça marche sur mon Arch.

One common complaint about decentralized systems is that they work badly. That is not true for the Android app ecosystem, and software distribution in general. Software repositories are usually not monolithic, the big mobile app stores are really the exception. Windows allows many sources. GNOME Software has one seamless experience based on apt, dnf, Flatpak, Snapcraft, etc. as software sources.

En ce qui concerne ce dernier, plus maintenant. Le logiciel notoirement buggué qui était censé permettre cela, PackageKit, est considéré comme obsolète par son propre mainteneur ainsi que par Tobias Bernard de GNOME, qui suggère que pour bâtir une véritable "plateforme Linux", il vaut mieux un magasin centralisé :

GNOME Software and PackageKit’s “abstract across distros” strategy has clearly failed, and we need a new approach here. For applications there is a relatively easy solution: Distributions stop packaging apps, and work together on a common repository of developer-submitted Flatpaks (e.g. something like Flathub).

(rappelons cependant qu'il est parfaitement possible d'installer un flatpak qui n'est pas sur Flathub, tout comme il est possible d'installer un APK qui n'est pas sur le Play Store ou sur les dépôts officiels de F-Droid)

j'ai un Minitel, branché entre mon fixe et mon routeur via un adaptateur prise en T/RJ11. Je peux ainsi me connecter à des serveurs RTC sans surcoût, car j'ai les appels vers les fixes illimités dans mon forfait Internet. Qu'est-ce que ce Minimit (fort joli au demeurant) propose exactement ? Est-ce une passerelle qui appelle d'autres serveurs RTC en VoIP sans passer par ma ligne téléphonique ? Ou bien des émulateurs qui ne sont pas réellement des serveurs à proprement parler ?

Exact, et c'est une terre d'accueil pour les cybercriminels, les sites nazis et pro-russes, notamment celui de république populaire de Donetsk (mais aussi des sites ukrainiens anti-russes, parce que pourquoi pas).

Et tout ceci est expliqué avec brio ici : https://twobithistory.org/2019/11/06/doom-bsp.html (en anglais)

Vous avez peut-être déjà entendu parler du concept de distro "immutable" (doit-on dire "immutable" ou "immuable" ?) : ce sont des Linux un peu différents de ce qu'on connaît habituellement. Renault en parle beaucoup mieux que moi dans sa dépêche sur Silverblue, mais en gros, c'est comme ça que fonctionne Android. Et d'après Jorge Castro (ex-Canonical), c'est l'avenir du bureau Linux :

[Silverblue et MicroOS] are made by long-standing teams with proven track records of shipping good stuff, and both of them will be more reliable and performant than most of the popular distros people are using today. That's not a flex, that's just the sad state of reliability the Linux desktop suffers from today, but the past year has seen some great improvements!

Je ne connaissais pas MicroOS avant de lire son billet, et je reconnais que la proposition m'intéresse beaucoup. Rappelons qu'aux dernières nouvelles, Silverblue devrait à terme remplacer la version "classique" de Fedora et devenir la nouvelle configuration par défaut de la distro. Mais ce n'est pas pour tout de suite.

Allez j'en profite pour poser la question ici : quelqu'un est-il affecté par ce problème ?

En gros : je fais des vidéos avec mon Sony RX100III en AVCHD, mais quand je les glisse dans Pitivi, ce dernièr génère des fichiers de proxy pixelisés et 10 fois plus lourds ; et je n'arrive pas à lui faire générer des fichiers plus petits. J'ai remonté le souci en juin 2021, et apparemment deux solutions sont envisagées : passer au format ProRes pour les fichiers de proxy, et prévenir l'utilisateur que ces derniers risquent de lui bouffer toute la place. Aucune n'a encore été implémentée (et je le comprends, j'ai l'impression qu'un seul dev fait quasiment tout tout seul sur ce projet).

Alors ça vaut ce que ça vaut mais j'en ai tiré la leçon suivante :

• à chaque fois qu'on essayait de faire parler plusieurs serveurs différents, quelque chose déconnait (du coup on a tous crée un compte sur un même serveur)
• à chaque fois qu'on essaye de faire parler plusieurs clients, quelque chose déconne (du coup on s'est restreints à Conversations et Gajim, et même ainsi il n'est pas rare que je voie des messages disparaître derrière des erreurs OMEMO cryptiques)

Peut-être que parler de "scalability" ici est impropre ? Quoi qu'il en soit, à chaque fois que j'essaie de faire marcher XMPP de façon fédérée, je serre les dents. Bizarrement, quand tout le monde est sur le même client et le même serveur, là ça marche. À ce moment-là, pourquoi ne dis-je pas simplement à mes contacts de passer sur Signal ?

Ensuite, ça peut marcher avec une fédération entre noeuds en invite-only, mais ç'est un impensable pour l'orthodoxie des chantres de la décentralisation.

Ça consiste en quoi au juste ? Y'a des réseaux de messagerie qui emploient un tel système ?

XMPP est aussi un exemple de décentralisation qui fonctionne, s'il y a bien une question que je ne me suis jamais posé avec Jabber c'est bien de savoir si j'allais pouvoir ou non communiquer avec un autre utilisateur en fonction de son serveur hôte !
Et ça « scale » sans soucis.

T'en as bien de la veine : dans notre conversation de potes, on en a perdu un qui est sous iOS et à qui on a fait tester deux serveurs et trois clients différents pour qu'il puisse discuter convenablement avec nous, en vain. Un coup c'était les messages qui ne se déchiffraient pas, un coup c'est les notifs qui n'arrivaient jamais, et à une occasion on était tous bloqués hors de notre conversation suite à un ajout de nouveau contact foireux. Je ne parle même pas des échanges de fichier ou des appels audio/vidéo, on n'en est même pas là.

Sur la base de cette expérience au long cours (ça fait bien plus d'un an qu'on a mis cette conversation en place), je n'irai jamais dire que XMPP "scale" sans soucis. Je ne sais même pas si on peut dire que Matrix réussira là où XMPP a échoué.

Je n'ai pas vu cette question de la sensibilité dans le billet de blog. Si c'est le cas, il pourrait y avoir une action préventive quand on poste pour que ce soit moins visible, pour empêcher ou décourager le repartage etc

Je me suis mal exprimé : par "infos sensibles" je pensais à des choses qui ne devraient justement pas être sensibles mais qui peuvent t'attirer des ennuis si on les montre à n'importe qui. Comme parler de sa transidentité par exemple.

La ligue du LOL c'était effectivement un groupe Facebook mais privé. Je ne me rappelle pas de toutes leurs frasques (je me rappelle aussi de gens comme Jean-Marc Manach qui avançait qu'on les avait exagérées), mais je me rappelle de leur pouvoir de nuisance sur Twitter justement : tu es en train d'échanger avec tes potes, ou ton "audience", et ces gens-là qui s'avéraient bosser dans le même secteur d'activité que toi voire pour les mêmes entités venaient régulièrement se payer ta tête. Oui, ils ont pu faire ça sur d'autres plateformes, mais Twitter me paraît être un catalyseur plus performant que les autres.

Mais pour le reste, je suis d'accord avec toi. Mastodon est trop hétérogène pour espérer y être bien accueilli de tous (et pour le coup, le coup de gueule malpoli de Bortzmeyer, c'est hélas un grand classique du prosélytisme libriste). J'ai néanmoins tendance à penser que cette hétérogénéité, rendue possible par sa décentralisation, sera aussi ce qui, à terme, rendra la plateforme plus résillente et plus humaniste. En tout cas, je garde un œil sur son évolution.