En plus, se pose la question de quoi faire, concrètement, du bouquin. Le ramener à une bibliothèque universitaire ? Elle va me répondre, avec raison, que c'est obsolète. L'offrir à un étudiant désargenté ? Si c'est pour qu'il traite des maladies graves avec des médicaments dépassés, c'est dangereux (le livre auquel je pense contenait notamment des traitements obsolètes pour le paludisme et l'hépatite C alors que des traitements efficaces ont été découverts récemment. On peut mourir de chacune de ces deux maladies). Le donner à une bibliothèque participative ? Même problème.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Ah non. Les livres, je les jette pas. Vraiment. Éventuellement j'en revends certain, mais à la poubelle, clairement pas. J'espère qu'ils vont vivre bien plus vieux qu'une liseuse.
Ben, ça dépend. Clairement. Moi, j'ai deux raisons de jeter un livre : celui qui n'a aucun intérêt et celui dont je souhaite activement qu'il ne soit lu par personne.
Dans la première catégorie, il y aurait par exemple les livres techniques obsolètes ou les très mauvais romans. J'ai ainsi jeté un livre vieux de 10-15 ans se proposant de m'enseigner la programmation avec Python 2. Un roman, c'est un peu différent : il va me coûter plus cher en temps de lecture (une dizaine d'heures) qu'en argent (je travaille à environ 250€ de l'heure). Si le livre est mauvais, il va imposer son coût à chaque futur lecteur. Autant le recycler et passer un meilleur roman au copain qui me l'empruntera.
Dans la deuxième catégorie, je mettrais certains livres techniques devenus dangereux : j'ai ainsi détruit des livres de médecine dépassés précisément pour éviter que leur contenu soit pris pour argent comptant par un lecteur peu soucieux de la date. Il y a aussi les romans avec un parti pris idéologique trop gênant (mais ce sont souvent en plus de très mauvais romans). L'épée de vérité est ainsi partie à la poubelle (après avoir été dûment rangée dans son fourreau, je ne tiens pas à blesser les agents de la collecte des ordures).
Tiens, tu as tout à fait raison. Je me suis laissé embarquer sur le délit de fuite, mais le vrai délit, si tant est qu'il soit constitué, c'est un refus d'obtempérer. Merci de la correction.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Le problème du délit de fuite, c'est que pour qu'il y ait délit de fuite, il faut qu'il y ait délit. Pour qu'il y ait délit, il faut un élément moral de l'infraction. Or, d'après deux témoignages concordants, l'élément moral ne semble pas constitué. Il est en effet plausible d'argumenter qu'un conducteur qui vient d'être sonné par 3 coups de crosse et présente un début de troubles de la conscience peut difficilement être tenu responsable de la remontée de la pédale de frein d'une voiture automatique sous le simple effet du ressort.
À la lumière de ces éléments, ton commentaire me semble soit très mal informé, soit très problématique, et très probablement les deux.
Concernant tes troubles gastriques, je t'invite à consulter ton médecin traitant, qui jugera de la pertinence d'une prescription de Primperan.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Sans contre-pouvoir — le seul face à l’armée, étant donné la nature sensible des missions potentielles étant le parlement dont on sait ce qu’il vaut en France — nul doute que l’armée aura une vision très extensive de sa mission.
L'armée n'est pas un pouvoir. Dans une démocratie bien ordonnée, ainsi que, d'ailleurs, dans pas mal de régimes dictatoriaux de type monarchique, l'armée est un instrument au service du pouvoir politique. Dans le bureau d'un général, tu trouveras les portraits de civils : le président et le ministre des Armées. C'est tout le sens de la citation de Clausewitz, qui énonce que la guerre n'est que la continuation de la politique par d'autres moyens.
Dans ces conditions, l'armée mettra en œuvre les moyens qu'elle estime nécessaire pour mener à bien la mission qui lui a été assignée. Si la mission est "butez-moi ces Rouges, peu importent les dégâts collatéraux", elle tentera de buter les Rouges et ne se souciera pas des conséquences1. Si la mission est "contrecarrez la propagande russe en Afrique sans compromettre notre politique étrangère ni contrevenir au caractère démocratique de notre pays", alors elle sera un tantinet plus subtile.
Il est classique, et facile, de critiquer l'armée. On a facilement tendance à oublier que l'armée exécute les ordres du politique et a interdiction de les contredire comme de se défendre. En dehors d'une junte, le donneur d'ordre, in fine, c'est un civil.
Et, bien souvent, il fait tout pour détourner les critiques.
Elle tentera, car il est évident que les Rouges, quant à eux, mettront en œuvre les moyens qu'ils estiment nécessaires pour ne pas se faire buter. ↩
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Les méthodes ont changé, mais le fait que des humains se coalisent pour tuer d'autres humains, ça, ça n'a pas changé. Clausewitz est toujours une référence dans le milieu militaire, il reste enseigné, par exemple dans ce MOOC (archivé, mais il se réouvre régulièrement).
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Effectivement, j'ai été un peu rapide, et effectivement, on ne peut pas passer sur ce dossier. On peut (et doit) néanmoins faire plusieurs remarques.
Sur la réponse pénale, en premier lieu. Absence de réponse pénale n'est pas absence de sanctions. Le simple fait qu'il y ait eu une investigation pénale est déjà une différence par rapport à la Russie.
Il est déjà rare de condamner des hommes pour viol, en France, sans preuves extrêmement fortes, alors qu'il s'agit d'un des domaines où elles sont les plus difficiles à produire. Il suffit de parcourir un blog ou un média même vaguement féministe pour s'en convaincre, et c'est déjà un problème en métropole… Alors prouver un viol à l'autre bout du monde, dans un pays en guerre, miné par la prostitution et des réseaux prêts à tendre des pièges sexuels pour ensuite crier au viol et miner l'image de la France, bon courage. Surtout qu'au pénal, l'accusé a droit à un avocat, qui se battra bec et ongles pour faire remarquer toutes les failles, et dans un dossier pareil, elles seront béantes. L'article Wikipedia consacré à ces affaires est d'ailleurs bien plus nuancé que les accusations à l'emporte-pièces.
Par contre, les militaires ne sont pas exposés qu'aux sanctions pénales, ils sont aussi exposés aux sanctions militaires. Elles sont moins lourdes, mais elles sont aussi bien plus faciles à prendre. Tu peux être certain qu'une plainte pour viol remonte directement jusqu'au général qui commande la zone, et que lui ne fera pas dans la dentelle. Il n'hésitera pas une seconde à se débarrasser de deux gugusses pour ne pas mettre en danger une opération qui en implique 2000 autres. Donc il va convoquer les types impliqués, leur signifier un retour maison disciplinaire avec signalement au procureur de la république, et dans l'avion. Or, pour un militaire, avoir un rapatriement disciplinaire, c'est la fin d'une carrière. Pour un militaire sous contrat, c'est la certitude d'un non-renouvellement de contrat, et pour un militaire de carrière, c'est l'impossibilité de monter en grade, et à chaque grade est associé une limite d'âge. Une fois la limite d'âge atteinte, soit tu montes en grade, soit tu dégages.
Entendons-nous bien : il n'est pas question de nier qu'il y a eu des viols en Centrafrique. Il y en a probablement eu : c'est une zone de guerre, après tout. Simplement, la grosse différence avec Wagner, c'est que la France n'organise pas les exactions au niveau hiérarchique et cherche même à les sanctionner, tandis qu'avec les Russes, iln'yaqu'àsepencherpourlesramasser.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Hors contexte, c'est un appel manifeste à l'exécution judiciaire.
En contexte, c'est une constatation de ce que la mort de Nahel Merzouk a tout d'une exécution extra-judiciaire et une critique de cet état de fait.
Du coup, si c'est celui-là le commentaire en question, je pense qu'un bouton "contexte de la discussion" (comme sur Reddit) serait infiniment plus approprié. La structure arborescente des commentaires de DLFP peut facilement faire perdre le fil d'une discussion, un bouton qui permette d'afficher un unique fil de discussion (soit tous les parents d'un nœud donné et uniquement ceux-là) serait top.
Bon après, comptez pas sur moi pour fournir la rustine de la friture, j'y connais rien en rubis ;)
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
C'est intéressant que tu postes ça maintenant, alors qu'il vient d'y avoir un coup d'état au Niger et qu'on voit des drapeaux russes dans les manifs. Pour rappel, il est impossible d'occuper un pays étranger sans avoir le soutien soit des élites, soit de la population (idéalement les deux). C'est la raison pour laquelle on est partis du Mali, de la Centrafrique, et demain du Niger.
Et pour rappel, quand on voit la conduite de Wagner (car c'est Wagner qui nous remplace systématiquement), ben ça fait pas envie. Vols, viols, travail forcé, pillage des ressources naturelles… Avant que tu te poses la question, non, on ne faisait pas ça. Tu ne trouveras aucune source sérieuse qui atteste d'un tel comportement de la part de soldats français, ou alors il a été sanctionné.
Donc, clairement, pour la population d'un pays, nous remplacer par Wagner, c'est perdre au change. On n'a pas besoin de mentir pour le soutenir : il suffit de documenter honnêtement le taf de Wagner et celui de l'armée française.
Du coup, on n'a pas besoin de fermes à trolls. C'est une différence de taille : la France ne diffuse que la stricte vérité. On n'a pas de fermes à trolls, on a un service de communication, et c'est pas de la sémantique : nous, on ne ment pas, parce qu'on n'en a pas besoin. On diffuse, par contre, systématiquement, les images qu'on peut choper de Wagner. Parce qu'on a déjà été confrontés au cas de figure de gus de Wagner qui arrivent dans un village, tirent dans le tas, se filment, et diffusent la séquence en disant "regardez ce que font les Français". C'est contre ça qu'on se bat.
Oui, c'est une lutte d'influence, et non, ce n'est pas une guerre, au sens où la guerre, telle que définie par Clausewitz, est l'action violente permettant à un regroupement d'individus (État ou organisation) d'imposer sa politique à un autre regroupement d'individus (la fameuse continuation de la politique par d'autre moyens). Dans le triptyque compétition, confrontation, guerre, on en est clairement à l'étape confrontation, mais tant qu'il n'y aura pas de morts via Twitter, on ne pourra pas parler de guerre.
Enfin, comme toute guerre est politique (toujours Clausewitz), il faut se demander ce que la Russie gagne, et ce que nous gagnerions, à cette influence. Principalement de l'influence et, du côté Russe, des ressources pour le conflit ukrainien (et un contournement de l'embargo occidental). La grande force de la Russie, c'est de réussir à détourner des valeurs démocratiques (liberté d'expression, responsabilité des dirigeants) contre les démocraties.
Et tu as sauté à pieds joints dans le panneau.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
D'ailleurs, le nombre maximal de restes possibles est nécessairement inférieur ou égal au dénominateur de la fraction (en forme réduite, c'est à dire avec a et b premiers entre eux). Ce qui implique que la longueur du cycle est nécessairement inférieure au dénominateur (0 edt un reste possible, et il ne permet pas de continuer le cycle). En pratique, peu de dénominateurs permettent d'atteindre un cycle maximal en base 10 (et j'ignore d'ailleurs si leur nombre est infini). On peut citer 7 avec la séquence 142857 qui a pour propriété amusante d'être répétée à un décalage près pour tous les multiples de 1/7.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Et tu peux transposer ce raisonnement au développement décimal de n'importe quel rationnel, c'est d'ailleurs la méthode standard pour obtenir l'écriture de la forme a/b à partir d'un développement décimal.
Et si tu pars de 0,99999…, tu trouves bien 1.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Posté par Liorel .
En réponse au journal L'autisme.
Évalué à 3.
Commencer comme une réfutation pour finalement juste reformuler :-)
Sa thèse est que le médecin n'a pas à intervenir dans l'adaptation de la société au malade. La mienne est que le médecin y a au contraire toute sa place. On est au-delà de la reformulation ;)
Ou alors tu sous-entends que traiter == curatif ? C'était vrai il y a 50 ans, ça reste vrai sur une grande partie de l'infectieux, mais de nos jours, 90% du temps médical est dédié à de la pathologie chronique où on se "contente" de limiter la casse (je mets des guillemets car on a obtenu des succès spectaculaires dans ce domaine. De nos jours, un VIH bien traité ne réduit plus l'espérance de vie).
La société semble pourtant bien s'adapter (et les applaudir et les réclamer) aux à tous ces Cantal, Polensky, Musk, Jobs, Gates, Macron, et j'en passe
Je n'ai pu trouver aucune source suggérant que Steve Jobs ou Bill Gates soient TSA. Pour Macron, je serais vraiment très surpris qu'il le soit. Pour les autres, je n'ai pas cherché parce qu'on s'en fout : ma thèse est justement qu'il y a toute une variété de TSA, que parfois, c'est à la société de les protéger, et que d'autres fois, ce n'est pas nécessaire voire délétère. Merci d'abonder dans ce sens.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Posté par Liorel .
En réponse au journal L'autisme.
Évalué à 10.
L'autisme n'est pas une chaude pisse.
Je n'ai jamais dit le contraire, et d'ailleurs je ne suis pas pour l'usage du terme autiste à tout bout de champ. Le mot a un sens, il est légitime dans ce sens, et on a créé un autre terme pour des troubles apparentés, ce qui crée une catégorie plus vaste.
Les personnes avec Autisme comme dit Josef Schovanec ont peut-être juste besoin qu'on leur fasse une place.
Sauf qu'elles ne sont pas les seules en difficulté. C'est intéressant que tu parles d'injonction à la normalité, parce que dans bien des cas, l'injonction à la normalité, c'est juste le droit de tous, y compris les non-TSA, d'avoir une vie relationnelle, familiale et professionnelle qui ne vole pas en éclats sans prévenir. J'ai parlé plus haut de mon ancien chef qui avait un TSA. Quand il m'a expliqué posément, en réunion, devant tout le service, y compris l'étudiant que j'encadrais, que je n'avais pas atteint l'objectif (inatteignable) qu'il m'avait fixé (malgré mes protestations) et qu'il était très déçu, tout en étant le seul à ne pas se rendre compte du malaise qu'il provoquait, est-ce qu'il avait besoin qu'on lui fasse une place ou qu'on le remette à ladite place ?
Entendons-nous bien : je ne suis pas pour refuser toute adaptation. Quand le Carrouf à côté de chez moi met en place des heures silencieuses, sans musique, sans pub et avec annonces au micro limitées au strict nécessaire, c'est incroyablement reposant même pour un non-TSA. Ublock Origin (ou son prédecesseur Adblock Plus) aurait tout à fait pu être codé par un TSA, ça n'empêche que c'est une bénédiction pour tous. De manière générale, si on peut rendre le monde un peu plus accessible aux TSA sans (trop) le dégrader pour les autres, il faut le faire. Mais ça ne règlera pas le symptôme principal de l'autisme, qui est la relation à autrui.
Et ça, la psychiatrie ne peut pas le traiter (et elle devrait refuser de le faire)
Bien sûr que si. Déjà, elle peut diagnostiquer, ce qui est nécessaire au déclenchement de la prise en charge par la société. Ensuite, et surtout, le médecin en général (et le psychiatre en particulier) a trois rôles : la prévention, le curatif et le palliatif. Il a aussi à sa disposition deux types d'outils : le médicament (et au sens élargi, les dispositifs médicaux) et le non-médicamenteux.
Pour la prévention et le curatif, c'est simple, il n'y a rien dans les TSA. On naît autiste et on le reste à vie. Reste le palliatif. Le psychiatre est un expert des aménagements de vie et des thérapeutiques, qu'elles soient médicamenteuses (traiter une agitation ou une angoisse excessive, au sens de bloquante pour le patient) ou non médicamenteuses (limiter les surstimulations, anticiper les situations à risque). On peut ajouter une troisième catégorie : poser des contre-indications. Le patient TSA, comme tous les autres patients, n'est pas que TSA. Il a aussi le droit d'avoir toutes les autres pathologies du monde, et il faudra bien le traiter. Le rôle du psychiatre est aussi de dire aux autres médecins les médicaments à éviter car susceptibles d'aggraver les symptômes.
J'ai l'impression que tu vois les autistes comme des incompris, la société comme coupable de son intolérance et les psychiatres comme des flics en blouse blanche. Sauf que l'autisme est une véritable maladie, que les autistes, les vrais, ils passent plus de temps à dodeliner de la tête en répétant une monosyllabe qu'à écrire des bouquins sur l'autisme où ils demandent à ne pas être vus comme autistes (tout en lisant leur bouquin sur l'autisme). Ce n'est pas pour rien qu'on parle de spectre autistique : il y a tout un éventail de troubles derrière. Et si la société a du mal avec les TSA, c'est bien souvent parce que, oui, il est compliqué de s'adapter à quelqu'un qui comprend un tiers des émotions qu'il cause chez autrui. Ça peut s'apprendre. Mais ça n'a rien de spontané.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Posté par Liorel .
En réponse au journal L'autisme.
Évalué à 5.
Du coup j'ai été voir tes liens Wikipedia sur Josef Schovanec et il faut bien avouer que son attitude est pour le moins paradoxale. Il ne veut pas être défini par son autisme, mais il a écrit 7 livres sur l'autisme, dans une bibliographie qui compte 7 livres. Ce serait attendu de la part d'un psychologue dont ce serait le thème de recherche, mais il n'est pas psychologue. Honnêtement, il me paraît difficile de le définir autrement que comme "l'autiste qui ne veut pas qu'on le définisse comme autiste". C'est précisément la persona qu'il s'est créée.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Posté par Liorel .
En réponse au journal L'autisme.
Évalué à 9.
J'ai plusieurs réponses à te proposer, et aucune n'est générale. Choisis celle qui colle le mieux à ton cas.
À l'échelle collective, je n'ai aucun problème à dire "les autistes" (ou les TSA). C'est indispensable pour décrire de quoi on parle et le problème de la stigmatisation n'a de sens qu'à l'échelle individuelle.
L'échelle individuelle, donc.
Déjà, quand une personne demande à ne pas être identifiée par son handicap, c'est que ledit handicap est suffisamment modéré pour ne pas être trop envahissant. Donc il n'y a pas forcément matière à proposer un accompagnement. Comme l'accès aux soins est l'enjeu, tu as un début de réponse.
Ensuite, se pose la question de l'entourage. Une particularité de la pathologie psychiatrique est qu'elle fait parfois plus souffrir l'entourage que le patient. Appeler un autiste un autiste peut être un vrai soulagement. J'ai eu un chef TSA. Ça posait un vrai problème, parce qu'il pouvait être extrêmement dur et ne pas s'apercevoir du niveau de pression qu'il imposait. Dans ce cas de figure, informer du diagnostic peut aider le subordonné à comprendre que le problème n'est pas que de son côté. Je ne suis pas sûr que ça ait un sens de systématiquement protéger l'autiste. Il est préférable de considérer chaque situation individuellement.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Posté par Liorel .
En réponse au journal L'autisme.
Évalué à 7.
les lépreux (…) tout cela n'existe plus (socialement en tout cas).
C'est amusant, je relisais justement, ce matin, un avis du haut conseil de la santé publique relatif à la conduite à tenir face à une déclaration de lèpre. Donc oui, la lèpre existe encore, et elle existe encore socialement, au sens où des instances étatiques définissent des politiques de lutte contre la transmission. Ça n'a rien d'une construction sociale, ou alors on traite les constructions sociales par antibiotiques ;)
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Posté par Liorel .
En réponse au journal L'autisme.
Évalué à 10.
Dernière modification le 14 juin 2023 à 15:15.
Ben non. Appeler un chat un chat, c'est la base d'une prise en charge adaptée, surtout quand le handicap impacte directement la vie sociale de l'individu. Il faut quand même rappeler que pour les personnes les plus autistes, celles pour lesquelles il n'y a pas besoin d'échelle tellement le diagnostic est évident, l'autisme est envahissant : il définit à lui seul la vie de la personne, indépendamment de toute stigmatisation. Quand on n'arrive qu'à grand-peine à apprendre à parler et qu'on est incapable de toute interaction sociale, l'avis des autres, c'est le dernier des problèmes.
Il est impossible de proposer une prise en charge à des personnes à qui on "refuse de coller une étiquette" et autres gentillesses mal à propos. Le rôle du médecin ou du psychologue, dans cette situation, est justement de poser un diagnostic, et le rôle de tout l'entourage, c'est de prendre connaissance de cette étiquette et d'en tenir compte.
Après, on doit s'interroger sur notre tendance, en tant que société, à transformer des termes médicaux en insultes. Crétin, débile, mongolien, trisomique ont tous été et sont encore des termes médicaux, utilisés dans un sens clinique, non péjoratif, et sont tous devenus des insultes. On a même dû changer le nom du mongolisme pour s'écarter du stigma associé à ce terme, sans que ça ne change rien : en quelques années, "triso" est à son tour devenu une insulte. Le problème n'est pas dans le nommage de la maladie : il est dans la tendance de la société à ériger le malade en contre-modèle.
Non, la vraie bonne raison de parler de trouble du spectre autistique, c'est que l'autisme ne déroge pas à la règle générale de la pathologie psychiatrique : personne n'est tout blanc ou tout noir, on a tous des traits caractéristiques de chaque pathologie à des degrés variés, c'est l'accumulation de ces traits qui définit la pathologie et la frontière est difficile à tracer.
En général, on va utiliser des échelles de mesure et fixer des cutoffs : en dessous, on est normal, au-dessus, on est $PSYCHIATRIC_DISEASE. Mais si le cutoff d'une échelle est à 50, alors on peut se retrouver avec des personnes étiquetées normales à 49 et d'autres étiquetées autistes à 51 alors qu'elles sont bien plus proches entre elles que d'une personne à 5 ou à 100, par exemple. C'est pourquoi, plutôt que de discrétiser, on choisit de parler de spectre autistique et de considérer le cas continu, bien plus précis.
Il se trouve que ça a pour effet de donner un nom à trois mots à un ensemble de pathologies qui s'en trouve élargi, et de rendre l'insulte plus difficile (car une injure doit pouvoir s'énoncer brièvement, sous le coup de la colère). Mais j'ai confiance en l'humanité : soit "TSA" deviendra à son tour une insulte, soit, ce qui est plus probable, "autiste" le restera, et de toute façon, le lien entre autisme et TSA est suffisamment évident pour que le stigma perdure.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Posté par Liorel .
En réponse au journal C'était en 2020.
Évalué à 10.
Dernière modification le 05 juin 2023 à 01:10.
lorsque je vois que quelqu'un à qui l'on a diagnostiqué un cancer doit attendre environ 2 mois pour passer différents tests (scanner, etc, je ne suis pas spécialiste). Lorsque je vois que les urgentistes alertent depuis 30 ans sur l'état de leurs services et qu'on peut le constater à chaque fois que l'on y va, très concrètement, là, j'y vois le péril de la médecine.
On est bien d'accord, et je l'écris :
l'ennemi numéro 1 de la médecine en France qui est, tout simplement, le manque de médecins.
Je ne vois pas très bien le rapport entre première année de médecine et qualité de la formation. Sérieusement, hein. Oui, la première année, c'est dur, c'est pas une nouveauté, c'est une grosse claque dans ta gueule de bachelier qui as, comparativement, tout réussi sans (trop) bosser jusqu'ici. Scoop : il y a 4 fois plus de gens qui en ressortent blasés et aigris que de gens qui réussissent. Sauf que les 20% qui réussissent, en fait, ils vont se manger au moins 8 années supplémentaires tout aussi exigeantes voire plus. Ta fac, ça va devenir ta seconde maison. La première année, c'est gentillet à côté du concours de l'internat.
Ne va pas croire que les profs de fac de médecine sont sympas, ils sont extrêmement exigeants, parce qu'ils savent qu'un jour, la vie de tes patients dépendra de tes connaissances. La seule et unique raison pour laquelle tu t'en sors, c'est que tu as acquis une culture générale médicale, et que tu as appris à bosser comme un taré.
Alors je laisse les journalistes parler de la seule et unique année de médecine qu'ils connaîtront jamais. Oui, la première année de médecine est toxique. Personne ne le nie. Mais c'est la moins toxique de toutes, et ça, ceux qui le savent ne sont pas journalistes. Ils sont médecins.
Accessoirement : non, je ne me suis pas reconnu. J'ai adoré ma première année de médecine. J'étudiais des trucs passionnants enseignés par des mecs passionnés. C'était un environnement extrêmement stimulant. C'était génial, et j'y ai acquis une culture générale scientifique, y compris en statistiques, physique et chimie, qui continue de me servir.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
Posté par Liorel .
En réponse au journal C'était en 2020.
Évalué à 10.
Dernière modification le 03 juin 2023 à 01:41.
C'est effectivement facile de taper sur Raoult, mais ça n'en est pas moins nécessaire, le fait qu'il parvienne encore à retourner le cerveau de malchanceux comme papap en est la preuve. Encore plus important, il y a la façon de le faire. Je n'arrête pas de dire que les médecins doivent descendre de leur piédestal (et je ne prétends pas être parfait dans le domaine).
Descendre de son piédestal, c'est se mettre au niveau de son interlocuteur sans sacrifier la rigueur. C'est (entre autres) refuser l'argument d'autorité, qui peut faire gagner du temps à court terme mais qui est un cadeau à l'antiscience sur le long terme. On peut tout à fait dézinguer Raoult avec des arguments simples et compréhensibles par tous, ainsi que je l'ai fait dans ce journal. Et quand un argument n'est pas compréhensible par tous, c'est qu'il est mal ou pas assez expliqué. Je pense que les zététiciens se plantent quand ils dressent toute une typologie des biais et des arguments fallacieux : ce faisant, ils s'enferment dans un jargon et vont contre leur propre objectif, alors qu'ils sont les alliés naturels de la médecine contre le charlatanisme.
J'en viens à l'ennemi numéro 2 de la médecine en France, à l'heure actuelle : les charlatans. Le Médiator leur a donné un coup de boost considérable. Oui, Servier a fait n'importe quoi. Non, les labos ne sont pas des enfants de cœur. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain : il y a des instances de régulation, et elles font leur taf. On voit régulièrement sortir un article qui crie au scandale sanitaire, et l'article en dit généralement plus sur son auteur que sur son sujet. C'est du pain béni pour toutes sortes de charlatans qui utilisent le doute (légitime et sain) pour faire passer leur propre message qui n'est lui-même pas dépourvu de conflits d'intérêts puisque les charlatans ont généralement des ouvrages, des stages, du matériel, voire carrément des médicaments à vendre. Noter que les charlatans ne sont pas que l'ennemi du porte-monnaie de leurs pigeons. Il existe un vrai effet de détournement de la médecine. Ça se voit de façon évidente dans l'antivaxisme. Après, il existe des charlatans tout à fait sincères : on les nomme ostéopathes, homéopathes, naturopathes… Ces mecs sont persuadés, à tort, de l'utilité de leur pratique. Ils sont cependant opposés à voir le médecin comme celui qui articule les différents professionnels de santé, tout simplement parce qu'aucun médecin sérieux ne leur adresse jamais de patient (et la plupart des médecins que j'ai eu l'occasion de rencontrer étaient assez sérieux).
Tout ceci est favorisé par l'ennemi numéro 1 de la médecine en France qui est, tout simplement, le manque de médecins. Le problème est loin d'être simple et ne se restreint absolument pas aux déserts médicaux. Il est aujourd'hui très compliqué, pour une personne déménageant, de trouver un médecin traitant, même en ville. Il est proposé d'imposer aux jeunes médecins d'exercer en désert médical sans voir que le système ne tient que parce que les villes regroupent surtout des jeunes qui n'ont pas de médecin traitant. L'augmentation du numerus clausus aboutit à saturer des facs de médecine déjà à saturation car le manque de médecins induit un manque d'enseignants. Surtout, les études durent au moins 10 ans et les carrières 30 à 40, donc l'ouverture du numerus clausus ne peut produire que des effets très retardés. L'import de médecins pose la question de la qualité de leur formation, d'autant que bien souvent, un mauvais médecin peut être pire que pas de médecin du tout.
Bien entendu, ces phénomènes se renforcent mutuellement. La rareté des médecins les encourage à se poser sur un piédestal qui renforce leur ego individuel au détriment de la profession dans son ensemble. Elle les pousse à faire du nombre de consultations plutôt que de la qualité, pas seulement par appât du gain mais aussi parce que sans ça, certains patients ne seront tout simplement pas soignés. La rareté et l'image de tour d'ivoire des médecins poussent les patients dans les bras de charlatans.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Libraire ou bien… ?
Posté par Liorel . En réponse au journal Un peu de science fiction. Évalué à 3.
En plus, se pose la question de quoi faire, concrètement, du bouquin. Le ramener à une bibliothèque universitaire ? Elle va me répondre, avec raison, que c'est obsolète. L'offrir à un étudiant désargenté ? Si c'est pour qu'il traite des maladies graves avec des médicaments dépassés, c'est dangereux (le livre auquel je pense contenait notamment des traitements obsolètes pour le paludisme et l'hépatite C alors que des traitements efficaces ont été découverts récemment. On peut mourir de chacune de ces deux maladies). Le donner à une bibliothèque participative ? Même problème.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Libraire ou bien… ?
Posté par Liorel . En réponse au journal Un peu de science fiction. Évalué à 3.
Ben, ça dépend. Clairement. Moi, j'ai deux raisons de jeter un livre : celui qui n'a aucun intérêt et celui dont je souhaite activement qu'il ne soit lu par personne.
Dans la première catégorie, il y aurait par exemple les livres techniques obsolètes ou les très mauvais romans. J'ai ainsi jeté un livre vieux de 10-15 ans se proposant de m'enseigner la programmation avec Python 2. Un roman, c'est un peu différent : il va me coûter plus cher en temps de lecture (une dizaine d'heures) qu'en argent (je travaille à environ 250€ de l'heure). Si le livre est mauvais, il va imposer son coût à chaque futur lecteur. Autant le recycler et passer un meilleur roman au copain qui me l'empruntera.
Dans la deuxième catégorie, je mettrais certains livres techniques devenus dangereux : j'ai ainsi détruit des livres de médecine dépassés précisément pour éviter que leur contenu soit pris pour argent comptant par un lecteur peu soucieux de la date. Il y a aussi les romans avec un parti pris idéologique trop gênant (mais ce sont souvent en plus de très mauvais romans). L'épée de vérité est ainsi partie à la poubelle (après avoir été dûment rangée dans son fourreau, je ne tiens pas à blesser les agents de la collecte des ordures).
Et apparemment, je ne suis pas seul.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: La vérité est ailleurs
Posté par Liorel . En réponse au journal Que nous cache-t-on ?. Évalué à 3.
J'aime beaucoup, je crois que je vais la ressortir.
Personnellement, c'est déjà fait !
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: à vent
Posté par Liorel . En réponse au journal Le web, c'était mieux avant. Évalué à 7.
Sauf qu'il va anticiper que tu vas trouver ça louche et t'afficher un popup pour t'informer qu'il ne collecte pas de données.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Pas spécifiquement
Posté par Liorel . En réponse au journal Les LBD devraient-ils être interdits ?. Évalué à 3.
Tiens, tu as tout à fait raison. Je me suis laissé embarquer sur le délit de fuite, mais le vrai délit, si tant est qu'il soit constitué, c'est un refus d'obtempérer. Merci de la correction.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: bon apparemment il parle de moi
Posté par Liorel . En réponse au journal À quand un bouton signaler sur Linuxfr ?. Évalué à 0.
Je me permets de citer un texte pas tout à fait récent : Pour en finir avec la présomption d'innocence.
Sincèrement, lis-le, c'est intéressant. Et puis, on ne sait jamais, ça pourrait t'éviter de réécrire un ramassis de conneries.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Pas spécifiquement
Posté par Liorel . En réponse au journal Les LBD devraient-ils être interdits ?. Évalué à 6.
Le problème du délit de fuite, c'est que pour qu'il y ait délit de fuite, il faut qu'il y ait délit. Pour qu'il y ait délit, il faut un élément moral de l'infraction. Or, d'après deux témoignages concordants, l'élément moral ne semble pas constitué. Il est en effet plausible d'argumenter qu'un conducteur qui vient d'être sonné par 3 coups de crosse et présente un début de troubles de la conscience peut difficilement être tenu responsable de la remontée de la pédale de frein d'une voiture automatique sous le simple effet du ressort.
À la lumière de ces éléments, ton commentaire me semble soit très mal informé, soit très problématique, et très probablement les deux.
Concernant tes troubles gastriques, je t'invite à consulter ton médecin traitant, qui jugera de la pertinence d'une prescription de Primperan.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Niger
Posté par Liorel . En réponse au journal Lutte Informatique d'Influence. Évalué à 3.
L'armée n'est pas un pouvoir. Dans une démocratie bien ordonnée, ainsi que, d'ailleurs, dans pas mal de régimes dictatoriaux de type monarchique, l'armée est un instrument au service du pouvoir politique. Dans le bureau d'un général, tu trouveras les portraits de civils : le président et le ministre des Armées. C'est tout le sens de la citation de Clausewitz, qui énonce que la guerre n'est que la continuation de la politique par d'autres moyens.
Dans ces conditions, l'armée mettra en œuvre les moyens qu'elle estime nécessaire pour mener à bien la mission qui lui a été assignée. Si la mission est "butez-moi ces Rouges, peu importent les dégâts collatéraux", elle tentera de buter les Rouges et ne se souciera pas des conséquences1. Si la mission est "contrecarrez la propagande russe en Afrique sans compromettre notre politique étrangère ni contrevenir au caractère démocratique de notre pays", alors elle sera un tantinet plus subtile.
Il est classique, et facile, de critiquer l'armée. On a facilement tendance à oublier que l'armée exécute les ordres du politique et a interdiction de les contredire comme de se défendre. En dehors d'une junte, le donneur d'ordre, in fine, c'est un civil.
Et, bien souvent, il fait tout pour détourner les critiques.
Elle tentera, car il est évident que les Rouges, quant à eux, mettront en œuvre les moyens qu'ils estiment nécessaires pour ne pas se faire buter. ↩
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Niger
Posté par Liorel . En réponse au journal Lutte Informatique d'Influence. Évalué à 1.
Les méthodes ont changé, mais le fait que des humains se coalisent pour tuer d'autres humains, ça, ça n'a pas changé. Clausewitz est toujours une référence dans le milieu militaire, il reste enseigné, par exemple dans ce MOOC (archivé, mais il se réouvre régulièrement).
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Niger
Posté par Liorel . En réponse au journal Lutte Informatique d'Influence. Évalué à 3.
Effectivement, j'ai été un peu rapide, et effectivement, on ne peut pas passer sur ce dossier. On peut (et doit) néanmoins faire plusieurs remarques.
Sur la réponse pénale, en premier lieu. Absence de réponse pénale n'est pas absence de sanctions. Le simple fait qu'il y ait eu une investigation pénale est déjà une différence par rapport à la Russie.
Il est déjà rare de condamner des hommes pour viol, en France, sans preuves extrêmement fortes, alors qu'il s'agit d'un des domaines où elles sont les plus difficiles à produire. Il suffit de parcourir un blog ou un média même vaguement féministe pour s'en convaincre, et c'est déjà un problème en métropole… Alors prouver un viol à l'autre bout du monde, dans un pays en guerre, miné par la prostitution et des réseaux prêts à tendre des pièges sexuels pour ensuite crier au viol et miner l'image de la France, bon courage. Surtout qu'au pénal, l'accusé a droit à un avocat, qui se battra bec et ongles pour faire remarquer toutes les failles, et dans un dossier pareil, elles seront béantes. L'article Wikipedia consacré à ces affaires est d'ailleurs bien plus nuancé que les accusations à l'emporte-pièces.
Par contre, les militaires ne sont pas exposés qu'aux sanctions pénales, ils sont aussi exposés aux sanctions militaires. Elles sont moins lourdes, mais elles sont aussi bien plus faciles à prendre. Tu peux être certain qu'une plainte pour viol remonte directement jusqu'au général qui commande la zone, et que lui ne fera pas dans la dentelle. Il n'hésitera pas une seconde à se débarrasser de deux gugusses pour ne pas mettre en danger une opération qui en implique 2000 autres. Donc il va convoquer les types impliqués, leur signifier un retour maison disciplinaire avec signalement au procureur de la république, et dans l'avion. Or, pour un militaire, avoir un rapatriement disciplinaire, c'est la fin d'une carrière. Pour un militaire sous contrat, c'est la certitude d'un non-renouvellement de contrat, et pour un militaire de carrière, c'est l'impossibilité de monter en grade, et à chaque grade est associé une limite d'âge. Une fois la limite d'âge atteinte, soit tu montes en grade, soit tu dégages.
Entendons-nous bien : il n'est pas question de nier qu'il y a eu des viols en Centrafrique. Il y en a probablement eu : c'est une zone de guerre, après tout. Simplement, la grosse différence avec Wagner, c'est que la France n'organise pas les exactions au niveau hiérarchique et cherche même à les sanctionner, tandis qu'avec les Russes, il n'y a qu'à se pencher pour les ramasser.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Compte fermé
Posté par Liorel . En réponse au journal À quand un bouton signaler sur Linuxfr ?. Évalué à 0.
Il est intéressant ce commentaire.
Hors contexte, c'est un appel manifeste à l'exécution judiciaire.
En contexte, c'est une constatation de ce que la mort de Nahel Merzouk a tout d'une exécution extra-judiciaire et une critique de cet état de fait.
Du coup, si c'est celui-là le commentaire en question, je pense qu'un bouton "contexte de la discussion" (comme sur Reddit) serait infiniment plus approprié. La structure arborescente des commentaires de DLFP peut facilement faire perdre le fil d'une discussion, un bouton qui permette d'afficher un unique fil de discussion (soit tous les parents d'un nœud donné et uniquement ceux-là) serait top.
Bon après, comptez pas sur moi pour fournir la rustine de la friture, j'y connais rien en rubis ;)
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
# Niger
Posté par Liorel . En réponse au journal Lutte Informatique d'Influence. Évalué à 10.
C'est intéressant que tu postes ça maintenant, alors qu'il vient d'y avoir un coup d'état au Niger et qu'on voit des drapeaux russes dans les manifs. Pour rappel, il est impossible d'occuper un pays étranger sans avoir le soutien soit des élites, soit de la population (idéalement les deux). C'est la raison pour laquelle on est partis du Mali, de la Centrafrique, et demain du Niger.
Et pour rappel, quand on voit la conduite de Wagner (car c'est Wagner qui nous remplace systématiquement), ben ça fait pas envie. Vols, viols, travail forcé, pillage des ressources naturelles… Avant que tu te poses la question, non, on ne faisait pas ça. Tu ne trouveras aucune source sérieuse qui atteste d'un tel comportement de la part de soldats français, ou alors il a été sanctionné.
Donc, clairement, pour la population d'un pays, nous remplacer par Wagner, c'est perdre au change. On n'a pas besoin de mentir pour le soutenir : il suffit de documenter honnêtement le taf de Wagner et celui de l'armée française.
Du coup, on n'a pas besoin de fermes à trolls. C'est une différence de taille : la France ne diffuse que la stricte vérité. On n'a pas de fermes à trolls, on a un service de communication, et c'est pas de la sémantique : nous, on ne ment pas, parce qu'on n'en a pas besoin. On diffuse, par contre, systématiquement, les images qu'on peut choper de Wagner. Parce qu'on a déjà été confrontés au cas de figure de gus de Wagner qui arrivent dans un village, tirent dans le tas, se filment, et diffusent la séquence en disant "regardez ce que font les Français". C'est contre ça qu'on se bat.
Oui, c'est une lutte d'influence, et non, ce n'est pas une guerre, au sens où la guerre, telle que définie par Clausewitz, est l'action violente permettant à un regroupement d'individus (État ou organisation) d'imposer sa politique à un autre regroupement d'individus (la fameuse continuation de la politique par d'autre moyens). Dans le triptyque compétition, confrontation, guerre, on en est clairement à l'étape confrontation, mais tant qu'il n'y aura pas de morts via Twitter, on ne pourra pas parler de guerre.
Enfin, comme toute guerre est politique (toujours Clausewitz), il faut se demander ce que la Russie gagne, et ce que nous gagnerions, à cette influence. Principalement de l'influence et, du côté Russe, des ressources pour le conflit ukrainien (et un contournement de l'embargo occidental). La grande force de la Russie, c'est de réussir à détourner des valeurs démocratiques (liberté d'expression, responsabilité des dirigeants) contre les démocraties.
Et tu as sauté à pieds joints dans le panneau.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
# 2,5
Posté par Liorel . En réponse au journal [HS] combien fait 0,12 à l'infini ?. Évalué à 5.
Ce nourjal me fait penser à une assez jolie énigme trouvée à l'époque sur fivethirtyeight :
Soit la totalité des réels vérifiant les deux propriétés suivantes :
On demande leur somme.
Le résultat n'a aucun intérêt, d'ailleurs, je l'ai déjà donné. Mais le cheminement, lui, est assez élégant.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Les devoirs sont 2x plus chers les jours fériés
Posté par Liorel . En réponse au journal [HS] combien fait 0,12 à l'infini ?. Évalué à 2.
D'ailleurs, le nombre maximal de restes possibles est nécessairement inférieur ou égal au dénominateur de la fraction (en forme réduite, c'est à dire avec a et b premiers entre eux). Ce qui implique que la longueur du cycle est nécessairement inférieure au dénominateur (0 edt un reste possible, et il ne permet pas de continuer le cycle). En pratique, peu de dénominateurs permettent d'atteindre un cycle maximal en base 10 (et j'ignore d'ailleurs si leur nombre est infini). On peut citer 7 avec la séquence 142857 qui a pour propriété amusante d'être répétée à un décalage près pour tous les multiples de 1/7.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Les devoirs sont 2x plus chers les jours fériés
Posté par Liorel . En réponse au journal [HS] combien fait 0,12 à l'infini ?. Évalué à 10. Dernière modification le 15 juillet 2023 à 00:38.
J'ajouterais juste une ligne à but didactique :
Et tu peux transposer ce raisonnement au développement décimal de n'importe quel rationnel, c'est d'ailleurs la méthode standard pour obtenir l'écriture de la forme a/b à partir d'un développement décimal.
Et si tu pars de 0,99999…, tu trouves bien 1.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Pourquoi chercher les tracés ?
Posté par Liorel . En réponse au journal Isochrones de transports en commun. Évalué à 2.
Ce qu'on obtient aussi avec le tracé des lignes en gris clair et les points d'arrêt en couleur.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Spectre autistique et "être" autiste
Posté par Liorel . En réponse au journal L'autisme. Évalué à 3.
Sa thèse est que le médecin n'a pas à intervenir dans l'adaptation de la société au malade. La mienne est que le médecin y a au contraire toute sa place. On est au-delà de la reformulation ;)
Ou alors tu sous-entends que traiter == curatif ? C'était vrai il y a 50 ans, ça reste vrai sur une grande partie de l'infectieux, mais de nos jours, 90% du temps médical est dédié à de la pathologie chronique où on se "contente" de limiter la casse (je mets des guillemets car on a obtenu des succès spectaculaires dans ce domaine. De nos jours, un VIH bien traité ne réduit plus l'espérance de vie).
Je n'ai pu trouver aucune source suggérant que Steve Jobs ou Bill Gates soient TSA. Pour Macron, je serais vraiment très surpris qu'il le soit. Pour les autres, je n'ai pas cherché parce qu'on s'en fout : ma thèse est justement qu'il y a toute une variété de TSA, que parfois, c'est à la société de les protéger, et que d'autres fois, ce n'est pas nécessaire voire délétère. Merci d'abonder dans ce sens.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Spectre autistique et "être" autiste
Posté par Liorel . En réponse au journal L'autisme. Évalué à 10.
Je n'ai jamais dit le contraire, et d'ailleurs je ne suis pas pour l'usage du terme autiste à tout bout de champ. Le mot a un sens, il est légitime dans ce sens, et on a créé un autre terme pour des troubles apparentés, ce qui crée une catégorie plus vaste.
Sauf qu'elles ne sont pas les seules en difficulté. C'est intéressant que tu parles d'injonction à la normalité, parce que dans bien des cas, l'injonction à la normalité, c'est juste le droit de tous, y compris les non-TSA, d'avoir une vie relationnelle, familiale et professionnelle qui ne vole pas en éclats sans prévenir. J'ai parlé plus haut de mon ancien chef qui avait un TSA. Quand il m'a expliqué posément, en réunion, devant tout le service, y compris l'étudiant que j'encadrais, que je n'avais pas atteint l'objectif (inatteignable) qu'il m'avait fixé (malgré mes protestations) et qu'il était très déçu, tout en étant le seul à ne pas se rendre compte du malaise qu'il provoquait, est-ce qu'il avait besoin qu'on lui fasse une place ou qu'on le remette à ladite place ?
Entendons-nous bien : je ne suis pas pour refuser toute adaptation. Quand le Carrouf à côté de chez moi met en place des heures silencieuses, sans musique, sans pub et avec annonces au micro limitées au strict nécessaire, c'est incroyablement reposant même pour un non-TSA. Ublock Origin (ou son prédecesseur Adblock Plus) aurait tout à fait pu être codé par un TSA, ça n'empêche que c'est une bénédiction pour tous. De manière générale, si on peut rendre le monde un peu plus accessible aux TSA sans (trop) le dégrader pour les autres, il faut le faire. Mais ça ne règlera pas le symptôme principal de l'autisme, qui est la relation à autrui.
Bien sûr que si. Déjà, elle peut diagnostiquer, ce qui est nécessaire au déclenchement de la prise en charge par la société. Ensuite, et surtout, le médecin en général (et le psychiatre en particulier) a trois rôles : la prévention, le curatif et le palliatif. Il a aussi à sa disposition deux types d'outils : le médicament (et au sens élargi, les dispositifs médicaux) et le non-médicamenteux.
Pour la prévention et le curatif, c'est simple, il n'y a rien dans les TSA. On naît autiste et on le reste à vie. Reste le palliatif. Le psychiatre est un expert des aménagements de vie et des thérapeutiques, qu'elles soient médicamenteuses (traiter une agitation ou une angoisse excessive, au sens de bloquante pour le patient) ou non médicamenteuses (limiter les surstimulations, anticiper les situations à risque). On peut ajouter une troisième catégorie : poser des contre-indications. Le patient TSA, comme tous les autres patients, n'est pas que TSA. Il a aussi le droit d'avoir toutes les autres pathologies du monde, et il faudra bien le traiter. Le rôle du psychiatre est aussi de dire aux autres médecins les médicaments à éviter car susceptibles d'aggraver les symptômes.
J'ai l'impression que tu vois les autistes comme des incompris, la société comme coupable de son intolérance et les psychiatres comme des flics en blouse blanche. Sauf que l'autisme est une véritable maladie, que les autistes, les vrais, ils passent plus de temps à dodeliner de la tête en répétant une monosyllabe qu'à écrire des bouquins sur l'autisme où ils demandent à ne pas être vus comme autistes (tout en lisant leur bouquin sur l'autisme). Ce n'est pas pour rien qu'on parle de spectre autistique : il y a tout un éventail de troubles derrière. Et si la société a du mal avec les TSA, c'est bien souvent parce que, oui, il est compliqué de s'adapter à quelqu'un qui comprend un tiers des émotions qu'il cause chez autrui. Ça peut s'apprendre. Mais ça n'a rien de spontané.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Spectre autistique et "être" autiste
Posté par Liorel . En réponse au journal L'autisme. Évalué à 5.
Du coup j'ai été voir tes liens Wikipedia sur Josef Schovanec et il faut bien avouer que son attitude est pour le moins paradoxale. Il ne veut pas être défini par son autisme, mais il a écrit 7 livres sur l'autisme, dans une bibliographie qui compte 7 livres. Ce serait attendu de la part d'un psychologue dont ce serait le thème de recherche, mais il n'est pas psychologue. Honnêtement, il me paraît difficile de le définir autrement que comme "l'autiste qui ne veut pas qu'on le définisse comme autiste". C'est précisément la persona qu'il s'est créée.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Spectre autistique et "être" autiste
Posté par Liorel . En réponse au journal L'autisme. Évalué à 9.
J'ai plusieurs réponses à te proposer, et aucune n'est générale. Choisis celle qui colle le mieux à ton cas.
À l'échelle collective, je n'ai aucun problème à dire "les autistes" (ou les TSA). C'est indispensable pour décrire de quoi on parle et le problème de la stigmatisation n'a de sens qu'à l'échelle individuelle.
L'échelle individuelle, donc.
Déjà, quand une personne demande à ne pas être identifiée par son handicap, c'est que ledit handicap est suffisamment modéré pour ne pas être trop envahissant. Donc il n'y a pas forcément matière à proposer un accompagnement. Comme l'accès aux soins est l'enjeu, tu as un début de réponse.
Ensuite, se pose la question de l'entourage. Une particularité de la pathologie psychiatrique est qu'elle fait parfois plus souffrir l'entourage que le patient. Appeler un autiste un autiste peut être un vrai soulagement. J'ai eu un chef TSA. Ça posait un vrai problème, parce qu'il pouvait être extrêmement dur et ne pas s'apercevoir du niveau de pression qu'il imposait. Dans ce cas de figure, informer du diagnostic peut aider le subordonné à comprendre que le problème n'est pas que de son côté. Je ne suis pas sûr que ça ait un sens de systématiquement protéger l'autiste. Il est préférable de considérer chaque situation individuellement.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Spectre autistique et "être" autiste
Posté par Liorel . En réponse au journal L'autisme. Évalué à 7.
C'est amusant, je relisais justement, ce matin, un avis du haut conseil de la santé publique relatif à la conduite à tenir face à une déclaration de lèpre. Donc oui, la lèpre existe encore, et elle existe encore socialement, au sens où des instances étatiques définissent des politiques de lutte contre la transmission. Ça n'a rien d'une construction sociale, ou alors on traite les constructions sociales par antibiotiques ;)
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Spectre autistique et "être" autiste
Posté par Liorel . En réponse au journal L'autisme. Évalué à 10. Dernière modification le 14 juin 2023 à 15:15.
Ben non. Appeler un chat un chat, c'est la base d'une prise en charge adaptée, surtout quand le handicap impacte directement la vie sociale de l'individu. Il faut quand même rappeler que pour les personnes les plus autistes, celles pour lesquelles il n'y a pas besoin d'échelle tellement le diagnostic est évident, l'autisme est envahissant : il définit à lui seul la vie de la personne, indépendamment de toute stigmatisation. Quand on n'arrive qu'à grand-peine à apprendre à parler et qu'on est incapable de toute interaction sociale, l'avis des autres, c'est le dernier des problèmes.
Il est impossible de proposer une prise en charge à des personnes à qui on "refuse de coller une étiquette" et autres gentillesses mal à propos. Le rôle du médecin ou du psychologue, dans cette situation, est justement de poser un diagnostic, et le rôle de tout l'entourage, c'est de prendre connaissance de cette étiquette et d'en tenir compte.
Après, on doit s'interroger sur notre tendance, en tant que société, à transformer des termes médicaux en insultes. Crétin, débile, mongolien, trisomique ont tous été et sont encore des termes médicaux, utilisés dans un sens clinique, non péjoratif, et sont tous devenus des insultes. On a même dû changer le nom du mongolisme pour s'écarter du stigma associé à ce terme, sans que ça ne change rien : en quelques années, "triso" est à son tour devenu une insulte. Le problème n'est pas dans le nommage de la maladie : il est dans la tendance de la société à ériger le malade en contre-modèle.
Non, la vraie bonne raison de parler de trouble du spectre autistique, c'est que l'autisme ne déroge pas à la règle générale de la pathologie psychiatrique : personne n'est tout blanc ou tout noir, on a tous des traits caractéristiques de chaque pathologie à des degrés variés, c'est l'accumulation de ces traits qui définit la pathologie et la frontière est difficile à tracer.
En général, on va utiliser des échelles de mesure et fixer des cutoffs : en dessous, on est normal, au-dessus, on est $PSYCHIATRIC_DISEASE. Mais si le cutoff d'une échelle est à 50, alors on peut se retrouver avec des personnes étiquetées normales à 49 et d'autres étiquetées autistes à 51 alors qu'elles sont bien plus proches entre elles que d'une personne à 5 ou à 100, par exemple. C'est pourquoi, plutôt que de discrétiser, on choisit de parler de spectre autistique et de considérer le cas continu, bien plus précis.
Il se trouve que ça a pour effet de donner un nom à trois mots à un ensemble de pathologies qui s'en trouve élargi, et de rendre l'insulte plus difficile (car une injure doit pouvoir s'énoncer brièvement, sous le coup de la colère). Mais j'ai confiance en l'humanité : soit "TSA" deviendra à son tour une insulte, soit, ce qui est plus probable, "autiste" le restera, et de toute façon, le lien entre autisme et TSA est suffisamment évident pour que le stigma perdure.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Toi qui est médecin...
Posté par Liorel . En réponse au journal C'était en 2020. Évalué à 10. Dernière modification le 05 juin 2023 à 01:10.
On est bien d'accord, et je l'écris :
Je ne vois pas très bien comment être plus clair.
Je ne vois pas très bien le rapport entre première année de médecine et qualité de la formation. Sérieusement, hein. Oui, la première année, c'est dur, c'est pas une nouveauté, c'est une grosse claque dans ta gueule de bachelier qui as, comparativement, tout réussi sans (trop) bosser jusqu'ici. Scoop : il y a 4 fois plus de gens qui en ressortent blasés et aigris que de gens qui réussissent. Sauf que les 20% qui réussissent, en fait, ils vont se manger au moins 8 années supplémentaires tout aussi exigeantes voire plus. Ta fac, ça va devenir ta seconde maison. La première année, c'est gentillet à côté du concours de l'internat.
Ne va pas croire que les profs de fac de médecine sont sympas, ils sont extrêmement exigeants, parce qu'ils savent qu'un jour, la vie de tes patients dépendra de tes connaissances. La seule et unique raison pour laquelle tu t'en sors, c'est que tu as acquis une culture générale médicale, et que tu as appris à bosser comme un taré.
Alors je laisse les journalistes parler de la seule et unique année de médecine qu'ils connaîtront jamais. Oui, la première année de médecine est toxique. Personne ne le nie. Mais c'est la moins toxique de toutes, et ça, ceux qui le savent ne sont pas journalistes. Ils sont médecins.
Accessoirement : non, je ne me suis pas reconnu. J'ai adoré ma première année de médecine. J'étudiais des trucs passionnants enseignés par des mecs passionnés. C'était un environnement extrêmement stimulant. C'était génial, et j'y ai acquis une culture générale scientifique, y compris en statistiques, physique et chimie, qui continue de me servir.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Toi qui est médecin...
Posté par Liorel . En réponse au journal C'était en 2020. Évalué à 10. Dernière modification le 03 juin 2023 à 01:41.
C'est effectivement facile de taper sur Raoult, mais ça n'en est pas moins nécessaire, le fait qu'il parvienne encore à retourner le cerveau de malchanceux comme papap en est la preuve. Encore plus important, il y a la façon de le faire. Je n'arrête pas de dire que les médecins doivent descendre de leur piédestal (et je ne prétends pas être parfait dans le domaine).
Descendre de son piédestal, c'est se mettre au niveau de son interlocuteur sans sacrifier la rigueur. C'est (entre autres) refuser l'argument d'autorité, qui peut faire gagner du temps à court terme mais qui est un cadeau à l'antiscience sur le long terme. On peut tout à fait dézinguer Raoult avec des arguments simples et compréhensibles par tous, ainsi que je l'ai fait dans ce journal. Et quand un argument n'est pas compréhensible par tous, c'est qu'il est mal ou pas assez expliqué. Je pense que les zététiciens se plantent quand ils dressent toute une typologie des biais et des arguments fallacieux : ce faisant, ils s'enferment dans un jargon et vont contre leur propre objectif, alors qu'ils sont les alliés naturels de la médecine contre le charlatanisme.
J'en viens à l'ennemi numéro 2 de la médecine en France, à l'heure actuelle : les charlatans. Le Médiator leur a donné un coup de boost considérable. Oui, Servier a fait n'importe quoi. Non, les labos ne sont pas des enfants de cœur. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain : il y a des instances de régulation, et elles font leur taf. On voit régulièrement sortir un article qui crie au scandale sanitaire, et l'article en dit généralement plus sur son auteur que sur son sujet. C'est du pain béni pour toutes sortes de charlatans qui utilisent le doute (légitime et sain) pour faire passer leur propre message qui n'est lui-même pas dépourvu de conflits d'intérêts puisque les charlatans ont généralement des ouvrages, des stages, du matériel, voire carrément des médicaments à vendre. Noter que les charlatans ne sont pas que l'ennemi du porte-monnaie de leurs pigeons. Il existe un vrai effet de détournement de la médecine. Ça se voit de façon évidente dans l'antivaxisme. Après, il existe des charlatans tout à fait sincères : on les nomme ostéopathes, homéopathes, naturopathes… Ces mecs sont persuadés, à tort, de l'utilité de leur pratique. Ils sont cependant opposés à voir le médecin comme celui qui articule les différents professionnels de santé, tout simplement parce qu'aucun médecin sérieux ne leur adresse jamais de patient (et la plupart des médecins que j'ai eu l'occasion de rencontrer étaient assez sérieux).
Tout ceci est favorisé par l'ennemi numéro 1 de la médecine en France qui est, tout simplement, le manque de médecins. Le problème est loin d'être simple et ne se restreint absolument pas aux déserts médicaux. Il est aujourd'hui très compliqué, pour une personne déménageant, de trouver un médecin traitant, même en ville. Il est proposé d'imposer aux jeunes médecins d'exercer en désert médical sans voir que le système ne tient que parce que les villes regroupent surtout des jeunes qui n'ont pas de médecin traitant. L'augmentation du numerus clausus aboutit à saturer des facs de médecine déjà à saturation car le manque de médecins induit un manque d'enseignants. Surtout, les études durent au moins 10 ans et les carrières 30 à 40, donc l'ouverture du numerus clausus ne peut produire que des effets très retardés. L'import de médecins pose la question de la qualité de leur formation, d'autant que bien souvent, un mauvais médecin peut être pire que pas de médecin du tout.
Bien entendu, ces phénomènes se renforcent mutuellement. La rareté des médecins les encourage à se poser sur un piédestal qui renforce leur ego individuel au détriment de la profession dans son ensemble. Elle les pousse à faire du nombre de consultations plutôt que de la qualité, pas seulement par appât du gain mais aussi parce que sans ça, certains patients ne seront tout simplement pas soignés. La rareté et l'image de tour d'ivoire des médecins poussent les patients dans les bras de charlatans.
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.
[^] # Re: Et ?
Posté par Liorel . En réponse au journal Vraiment toujours pas convaincu par l'Hydroxychloroquine ?. Évalué à 5.
Je tiens à tirer mon chapeau1 à papap. Réussir à énerver Renault, il fallait vraiment le faire.
Un fedora, bien entendu. ↩
Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.